Charlotte (Xx)

L'heure est maintenant au choix : continuer ma vie de débauche avec Charlotte ou me ranger et mener une existence plus ordinaire avec Julie, si tant est que cette dernière veuille bien de moi. Les deux, je n'y songe pas.

Suis-je vraiment un dingue de sexe, un obsédé, voire un pervers, ou cette passe n'est que passagère ? Est-ce l'été ? Je n'ai jamais autant baisé et pensé qu'à ça depuis un mois. Même quand je ne la vois pas, qu'on ne se monte pas des plans cul en repoussant chaque fois leurs limites, je me branle deux à trois fois par jour, parfois même quatre, me réveillant la nuit pour remettre ça. Non pas que j'en ai honte mais Julie me plaît terriblement et je n'ai pas ment envie de la même chose avec elle.

Des sentiments.

Au boulot, elle est un peu plus distante, nous n'avons encore jamais reparlé de ce week-end touchant au graveleux. Sa beauté m'est encore plus éclatante, d'autant plus qu'elle me paraît à présent moins accessible. Un soir, je finis par lui demander si elle veut que nous dinions ensemble.

– tu n'es plus avec Charlotte ?
– nous avons rompu dimanche dernier, comme je te l'avais dit."

Elle accepte.

Ce fut une soirée calme, "normale" et sans dérapages. Je lui ai fait la cour gentiment, sans finir dans son lit le soir-même.

Nous avons recommencé plusieurs fois pour apprendre à mieux nous connaître. De fil en aiguille, nous nous retrouvions parfois le week-end, en presque amoureux. Même si je pensais bien sûr à aller plus loin, que je connaissais déjà son corps dont j'avais une énorme envie, ses fesses adorables, son sexe lisse et ses seins pommelés, je gardais pour moi mes pulsions, mon désir, il fallait laisser du temps au temps.

Elle aussi m'avait déjà vu entièrement nu, elle m'avait même déjà sucé, m'avait vu sucer un mec, me masturber jusqu'à éjaculer sous ses yeux. Et pourtant, nous avions comme fait marche arrière, recommencé au départ en feignant d'oublier ce fameux week-end.



Ça ne m'empêchait pas de me branler le soir chez moi, c'est un besoin que j'ai toujours eu et une pratique qui pour moi est saine, normale. Et très agréable. Mes cassettes de X ont repris du service, j'en ai même acheté des nouvelles. C'était ça, ma vie sexuelle, avant d'en recommencer une avec Julie.

Au bout d'un mois, nous avons fini par faire l'amour, la première fois chez elle. Son lit n'était pas grand, perché en haut d'une minuscule mezzanine. C'était merveilleux, très tendre. Peu à peu, nous avons redécouvert nos corps, pas à pas, comme des amants ordinaires. Si les pratiques étaient presque les mêmes, nous les mettions en oeuvre d'une façon plus douce.

L'apothéose a été quand elle a joui telle une fontaine devant moi. Cette fois, c'était intime. Elle me suçait maintenant avec assurance et beaucoup de talent, je tâchais d'en mettre autant en lui rendant la pareille. Il a fallu plus de temps pour qu'elle apprécie la sodomie, je n'ai surtout pas voulu la forcer, mais elle s'y est mise jusqu'à en raffoler. Tout se faisait dans des caresses et accompagné de baisers.

L'aspect animal et orgiaque du sexe ne me manquait pas. Finalement le point d'arrivée était le même, seul le chemin pour y parvenir différait. Sans pour autant renier mes plaisirs solitaires fatalement égoïstes, j'ai vécu avec Julie une histoire qui ne s'effacera pas de ma mémoire. Elle aussi avait ses plaisirs solitaires et n'en avait pas honte, nous en parlions même quelquefois mais jamais de façon vulgaire.

Presque du jour au lendemain, je n'ai plus revu Charlotte. Un an plus tard, nous sommes tombés l'un sur l'autre par hasard, en ville :

– tiens ! mon cochon.
– tiens, ma cochonne !
– tu vas bien ?
– très bien. Et toi ?"

Nous sommes allés prendre un verre. Elle continuait, d'après ses dires, à s'envoyer en l'air le plus souvent possible. Physiquement, elle était restée la même, même coiffure, même parfum.


– tu es toujours avec Julie ?
– ben oui.
– elle suce aussi bien que moi ?
– c'est pas pareil.
– elle avale ?
– t'as vraiment pas changé.
– et qui s'occupe de ton petit cul ?
– personne.
– ça te manque pas trop ?
– je me débrouille.
– tu te godes ? Rrroooh, t'as pas honte ?
– tu peux parler ! Et toi, qui est-ce qui te bourre le cul aujourd'hui ?
– des mecs."

C'était comme si on s'était quittés la veille, les mêmes mots et la même façon de les dire en rigolant. Si quelqu'un d'étranger nous écoutait, il aurait été horrifié. Pour nous, c'était normal et sans prêter à conséquence.

Cette fois, et jusqu'à ce jour, c'était notre dernière rencontre. Je ne sais pas ce qu'elle est devenue depuis.

Le soir, j'ai retrouvé Julie sans lui dire que j'avais vu Charlotte.

Nous avons continué à nous voir et à nous aimer pendant deux ans, puis la vie a fait que nous nous sommes séparés. Peut-être qu'un jour l'envie me prendra de raconter cette histoire comme j'ai raconté celle de Charlotte.

– Fin –


* * *


Je tiens à remercier celles et ceux qui m'ont lu et m'ont parfois adressé des compliments. Cette expérience que je ne pensais pas faire un jour a été très enrichissante. En rédigeant ces lignes, j'ai été traversé par des moments d'excitation mais pas seulement, certains passages m'ont aussi fait m'introspecter, d'autres n'ont pas été sans difficulté. J'ai eu des moments de découragement et d'autres d'hésitation : "raconter ça ?"

Car même si je me suis livré sous le couvert de l'anonymat internet, je me suis quand même livré. Il y a des détails dans ces lignes que je n'ai jamais révélé à personne.

Le sexe est une chose merveilleuse qui nous procure du plaisir et nous aide à vivre. Nous sommes tous doués pour donner et recevoir du plaisir, chacun à sa manière. Je vous souhaite beaucoup d'orgasmes, seul(e), à deux ou à plusieurs.


Merci encore,
Kaminu.

Comments:

No comments!

Please sign up or log in to post a comment!