Troubles (Épisode 4)

La dernière fois que nous nous sommes aimés cet été-là ce magnifique été, après avoir fait l'amour chaque jour, plusieurs fois par jour, nous avions retrouvé la maladresse de nos premiers jours. Avant même que l'on s'embrasse la première fois. Nous savions qu'en dépit de nos promesses, plus jamais nos corps ne se toucheraient, plus jamais nous ne ferons l'amour. C'était une fin. Une vraie fin. J'ai cherché ses lèvres. Elle s'est détournée au dernier moment. C'était triste. Comme un été qui finit. Comme une page qui se tourne.
Elle s'allonge, repue de plaisir. Ses doigts fins glissent distraitement sur moi, jouent avec mes poils pubiens, s'amusent de mon sexe mou. Elle me parle. De sa vie, des parents, son frère, ses amies, ses études, ses rêves. Je l'écoute sans l'écouter. Je suis le mouvement de ses lèvres. Le mouvement de sa langue. Je veux sa langue. Ses lèvres. Je la laisse parler. Je voudrais la bâillonner de la bouche. De mon sexe. J'ai soudain envie qu'elle me prenne dans sa bouche. Ses doigts continuent de glisser sans but sur mon torse, dans mes poils sur mon sexe qui recommence à grossir. S'en apercevant elle se tait. Me regarde. Le désir brille dans ses yeux. Sans pudeur je lui dis ce dont j'ai envie. Elle n'hésite pas. Elle se redresse. Descends vers ma bitte dressée et pour l'avaler sans autre forme de procès. Elle me suce en me regardant droit dans les yeux. Jusqu'à ce que j'inonde sa bouche de mon foutre. Ses yeux verts plongés dans les miens elle avale mon sperme puis vient m'embrasser à pleine bouche. Sa langue s'enroule sur la mienne. Nous partageons ma semence. Elle me dit qu'elle m'aime. Je n'y crois pas. Mais nous faisons l'amour encore.
Le diner est arrosé. Éric a sorti de sa cave quelques bonnes bouteilles. Le feu crépite. L'ambiance est détendue. Nous rions de bon cœur aux histoires de familles que nous connaissons tous, mais que nous racontons pour le plaisir et l'édification de Juliette. Il faut qu'elle sache dans quelle famille elle est tombée.

Si en plus elle savait que j'écris des textes érotiques sur elle et que je me branle en pensant à elle.
Le jeune couple part se coucher un peu avant minuit. Un peu éméché. Juste ce qu'il faut pour éveiller des désirs. Pour émoustiller les sens. Les vieux restent dans le salon, avec une bouteille à finir. Éric sait choisir ses vins. Je sais les boire. Nous formons un bon duo. En dépit de notre différence d'âge, nous avons toujours été complices. C'est lui qui m'a fait sortir en boite Ave ses potes quand j'avais 16 ans. C'est donc à lui que je dois mon premier baiser avec la langue. Une grande blonde avec des seins énormes. Trois ans de plus que moi. Bien bourrée. Elle s'est jetée sur moi. Je n'ai pas opposer grande résistance quand j'ai senti ses lèvres contre les miennes. Quand j'ai senti sa langue rentrer dans ma bouche. Ce baiser n'avait rien de romantique. J'ai même vomi juste après. À cause des relents d'alcool de son haleine. Mais j'ai pu dire le lundi au lycée que j'avais roulé une galoche à une fille de 19 ans.
Éric et Isabelle me laissent seul avec le feu de cheminée et le fond de la bouteille. Il s'est remis à pleuvoir. Je finis mon verre. Prend la bouteille avec moi et vais dans ma chambre. J'ouvre mon ordinateur et reprends mes écrits. Je passe une bonne partie de la nuit à décrire le corps de Juliette, tel que je l'imagine. Je passe une bonne partie de la nuit à décrire nos ébats sexuels fantasmé. Comment nos corps se mêleraient sur un lit, sur le sol devant la cheminée, sur la table de la cuisine, sous la douche, dans toutes les positions, dans tous les excès. Je m'endors la tête pleine de ces images érotiques. Légèrement saoul. Je tombe de sommeil et dors d'une traite, sans faire le moindre rêve.
Dimanche matin, comme la veille je me lève dans une maison vide. La pluie tombe dru. Je me fais couler un café fort. Je prends mon courage à deux mains et un grand parapluie pour aller jusqu'à la boulangerie acheter pain et croissants. Je rentre trempé et frigorifié.
Personne n'est levé. Je pose le fruit de mon escapade sur la table et décide d'aller me réchauffer sous une bonne douche brulante. Je pousse la porte de la salle de bain et tombe Juliette nue. Je mets un peu trop de temps à sortir. Elle met un peu trop de temps à réagir et à se couvrir d'une serviette. J'ai le temps de la détailler dans sa nudité. Ce que je vois n'est pas bien différent de ce que j'avais fantasmé. Une peau pâle constellée de taches de rousseur. De petits seins d'aspect ferme. Des fesses rebondies. Un ventre plat. Une discrète toison rousse, juste quelques poils en buisson, au dessus de son sexe respirant la jeunesse. De longues jambes. Des chevilles fines. Je referme la porte. Je n'ai pas pris le temps de m'excuser.
Je m'enferme dans ma chambre pour cacher mon embarras. Et mon érection. Je tourne en rond en attendant de me calmer. J'attends qu'elle sorte de la salle de bains. Que Éric, Isabelle, Frederic se lèvent. Que d'autres personnes viennent faire tampon entre nous. Viennent apaiser cette gêne qui ne manquera pas de s'installer entre nous.
J'ouvre mon ordinateur pour effacer ce que j'ai écrit sur elle la veille. Je ne peux plus le garder. Je ne peux plus y penser. Je relis quelques lignes. Des perles de sueurs tombaient sur moi alors qu'elle dansait sur moi, ma bite bien logée au fond d'elle. C'est une pluie salée qui dégouline sur mes lèvres. Quand elle jouit, je ne sais pas si ce sont des larmes ou de la sueur. Je n'arrive pas à me résoudre à tout jeter. Je ne sais pas ce que j'en ferrais. Qui d'autre que moi lira ces mots, mais je ne peux pas me ressoudre a tout faire disparaitre. Trois petits coups sur la porte me tirent de ma lecture. Juliette. Elle reste sur le pas de la porte. Je m'excuse de mon intrusion. Elle s'excuse de ne pas avoir verrouillé la porte. Nous sommes tous les deux désolés. Nous évitons d'en dire plus. Nous restons un instant face à face en silence. Je ne peux lui dire tout ce qu'elle a réveillé en moi. Tout ce qu'elle m'a fait écrire.
Je ne peux pas lui dire tout. Je ne peux pas rien lui dire. Elle me demande si j'ai pris mon petit déjeuner. Elle m'invite à la suivre dans la cuisine pour le faire. Devant un croissant au beurre et une tasse de café. Je lui parle d'Émilie. Sans préambule. Je lui dis notre été. Notre amour de deux mois. Tous les souvenirs que je garde de ces jours, sans doute les plus beaux de ma vie. Enfin, je lui dis qu'elle est presque son portrait.
Elle n'a pas le temps de répondre, Frederic nous rejoint. Ils s'embrassent. Pour la première fois, je ne suis pas jaloux. Je les trouve beaux tous les deux. Je le leur dis avant de les laisser pour aller prendre ma douche. Enfin.
Elle quitte mon lit. Ramasse les vêtements qui jonchent le sol depuis deux jours. Je la suis dans la salle de bains. La regarde prendre sa douche. L'eau chaude court le long de son corps, sur sa peau blanche, entre ses petits seins, entre ses fesses, sur ses jambes. Je lui dis qu'elle est belle. Elle me tire la langue. Nous rions. J'ai vingt ans à nouveau... Elle se rhabille. Je reste nu, assis au bord du lit. Je bande encore. Je banderais toujours en pensant à toi lui dis-je. Elle m'embrasse. Embrasse mon gland. Je frémis. Je sais qu'il est trop tard pour une dernière fois. Trop tard pour une dernière étreinte. Elle s'en va. Nous avons eu deux jours. Nous n'en aurons pas plus. Je ferme les yeux. Je fixe dans ma mémoire son visage, ses courbes, son odeur, le goût de sa peau. Elle quitte ma chambre. Elle quitte ma vie.
Avant que tout le monde s'en aille, que je me retrouve de nouveau seul dans cette grande maison, j'imprime tout ce que j'ai écrit pendant le week-end, le glisse dans une enveloppe. J'arrive à voir Juliette seul à seul, lui donne l'enveloppe. Tu m'as inspiré ces mots lui dis-je, ne le prends pas mal quand tu les liras. Elle me promet de ne pas me juger.
Devant la cheminée je bois un dernier verre avant d'aller me coucher. La pluie tombe dehors. Je suis seul. Dans ma chambre je laisse mon ordinateur tranquille.
Je m'endors. Je rêve d'une belle rousse qui court nue sur une plage déserte. Juliette ou Émilie ?

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