Troublant(E) (Épisode 4)

Assise dans le fauteuil qu'elle a placé face au lit, Juliette attend que Vincent se réveille. Elle a entrouvert les rideaux. Le ciel est laiteux. Elle est restée un moment nue devant la fenêtre à regarder le jardin sur lequel donne leur chambre. Les oiseaux. Les fleurs. Les arbres couverts de bourgeons.

Elle regarde Vincent bouger sous les draps. Elle observe le moindre de ses mouvements. Elle veut qu'il la cherche dans le lit. Qu'il passe sa main et ne trouve rien de son côté du lit. Que dans son demi-sommeil il se demande où elle est passée. Qu'il s'inquiète. Juste le temps d'ouvrir les yeux. De la voir assise dans ce fauteuil face au lit. Nue. Passant ses doigts sur son sexe ouvert. Se caressant le clitoris. Introduisant un doigt en elle. Cherchant son plaisir devant lui. Comme dans ce texte qu'il a écrit pour elle. À cause d'elle. En pensant à elle. Elle veut lui offrir ce spectacle qu'il a fantasmé. Elle veut que la première chose qu'il voit au matin après leur première longue nuit de sexe soit cette image. Elle veut qu'en la voyant il se branle lui aussi. Qu'il prenne son sexe en main et en fasse jaillir encore un torrent de sperme. Qu'il coule entre ses doigts, sur son ventre pendant qu'elle criera de plaisir sur le fauteuil en face du lit.

Vincent se réveille, se redresse, découvre Juliette un doigt dans la chatte, se branlant, comme il l'avait imaginer. Comme il l'avait écrit. Il sourit. Il commence à se masturber en la regardant. Comme elle vient de le lui demander. Branle-toi, lui a t'elle dit. Il a aimé la crudité du langage dans sa bouche. Il jouit avant elle. Il regarde son foutre couler le long de ses doigts. Juliette vient peu après. Il l'observe. Veut imprimer dans son esprit l'image de son visage au moment de l'orgasme.

Juliette vient rejoindre Vincent. Ils s'offrent un câlin dans les draps froissés. Un moment de tendresse.

Pendant que Juliette se douche, Vincent commande le petit déjeuner.

Elle sort de la salle de bain au moment où le garçon d'étage l'apporte. En le dégustant, elle se met à rire.

— Si on avait été dans un porno, au lieu de manger des croissants, en ce moment on baiserait comme des malades avec le garçon d'étage, dit-elle entre deux gloussements de rire.

Vincent lui propose alors de le faire revenir et de jouer la scène. Elle fait l'offusqué. Et pose sa tasse pour venir l'embrasser.

- je n'ai besoin de personne d'autre pour me faire jouir, dit-elle en venant s'asseoir sur ses genoux et en lui agrippant la bite.

Elle le branle, puis une fois qu'il bande elle s'empaler sur lui. Elle lui fait l'amour devant les reliefs de leur petit déjeuner. Elle n'en revient pas elle-même d'arriver encore à baiser. Après leur nuit. Après s'être masturbée quelques minutes avant. Ils jouissent à l'unisson sur la chaise peu confortable.

Vincent est épuisé. Il apprécie d'autant plus la douche, l'eau brulante qui coule sur son corps fatigué et qui n'a jamais été aussi comblée. Il reste longtemps sous le jet d'eau. Fermant les yeux il repense à tout ce qu'il a écrit. À ses moments qu'il a imaginés, couché sur le papier, et qu'il vit depuis la veille. Avec cette jeune femme superbe, troublante, qui lui donne tant de plaisir. Mais qui dans 24 heures partira. Quittera sa vie. Comme ils l'ont convenu. Un week-end. Un seul. D'amour. De sexe. De tendresse. Il préfère ne pas y penser. Pas encore. Il se focalise sur le temps qu'il leur reste. Cette journée. Tout ce qu'il a prévu avec elle. Se promener dans les rues de cette petite ville, jusqu'à la plage. Il veut marcher avec elle main dans la main. Sa main il veut aussi la tenir au dessus de la table du restaurant dans lequel il veut l'inviter. Et puis de tous les moments où encore il sentira son corps contre le sien. Sa peau. Ses lèvres. Son sexe.