Réveil
Ce qui me manquait ?
Je ne savais pas, je ne savais plus quoi attendre. Vraiment ! Je ny pensais même pas. La vie mallait bien, je nattendais rien.
Peut-être
jaurais préféré que Simon soit plus attentionné, plus surprenant
mais ça, cest maintenant que jy pense comme à un manque.
Il me manquait lenvie de frisson !
Sinon
sinon rien ne serait arrivé !
Je nai vraiment su ce qui me manquait quen le trouvant, sans lavoir cherché.
Il avait
quel âge avait-il ? Je ne me suis pas posée la question ! Ni avant ni après. Quelle importance ?
Moi ?
Jai 38 ans. Mariée. Une fille, 16 ans. Une maison, un chien. Un travail.
Juste avant, ces quelques mots résumaient ma vie, ma vie toute entière était là. Posée. Plutôt bien, sans heurt
sans
Les frissons, la passion, laventure ?
Pas pour moi, sans les regretter. Enfin
pas trop
quelques rêves parfois au détour dun film, dun roman, et puis les pieds dans le quotidien ; un sourire, un haussement dépaule, une caresse au chien, un chambre à ranger, des volets à repeindre, un caddy à remplir, et Simon
depuis 18 ans Simon.
Des questions ?
Non. Je ne men posais pas. Cétait ma faute et la sienne. Et le mot « faute » ne convient pas.
Mais j ai changé tout ça.
Ce qui ma fait changer ?
Je vais vous raconter, bien sûr, patientez ! Je vous dirais tout, vous savez.
« Changer » nest pas le mot juste
Réveillée ! Voilà. Je me suis réveillée !
Dans ma tête. Dans mon corps. Retour à la vie, à une vie autrement, au désir.
Un été très chaud. Vraiment chaud. En vacances dans lancienne maison du père de Simon, Simon qui travaillait et nous rejoignait les week-end ; nous, parce que Patou, ma fille, était avec moi, avec moi mais très peu, elle faisait un stage de voile pas très loin qui loccupait toute la journée, et mes journées à moi se passaient au club de tennis et sa piscine privée.
Tout. Je me souviens de tout, dans le moindre détail, jusquà la robe que je portais, jusquà mes dessous, jusquà lodeur de goudron fondant sur la route, ce chaud de lair qui pique les yeux comme une poussière et fait trembler le lointain dun mirage
un mirage où je plongeais en riant de moi et de la vie, de mes envies de déraison.
Regardez-moi
mon chapeau de paille retenu dune main, lautre sur le guidon du mini-vélo que Simon avait réparé pour moi, mon sac à lépaule, je peinais dans la dernière côte avant darriver au club, mi-amusée mi-inquiète, vous auriez souri comme vous souriez déjà à voir ma robe voler bousculée par les rafales de vent chaud en découvrant bien haut mes cuisses. Elles étaient, sont toujours, plutôt bien, mes cuisses, vous auriez aimé me voir passer, vous mauriez suivie des yeux, parce que les cuisses ce nest pas tout, nest-ce pas, le reste aussi vaut le détour, javais cet air daller bien, cet air quon a quand le cur bat bien fort.
Il battait dattente et despoir, de souvenirs de la nuit.
Parce quil y avait Vincent ! A 38 ans je redevenais ado ! Javais flirté la veille avec un ado ! Sans en éprouver de gêne ? Un peu
Un peu honte ? Non, pas de honte ! Cétait si bon de me regarder dans les yeux dun jeune-homme, ses beaux yeux bleus et ses longs cils de fille ! Il était
beau ! et si timide aussi. Au tout début il me mangeait des yeux et rougissait. Après ? Après aussi
et cest lui qui me donnait lair que javais, qui vous aurait fait vous retourner, pour regarder ma robe senrouler autour de ma taille dans lair chaud de lété.
Il mattendait. Pas de rendez-vous. Il était là. Un sourire discret et les yeux vite baissés. Il attendait seul à une table sur la grande terrasse carrelée de tomettes rouges qui longe le clubhouse où deux couples déjeunaient sous des parasols verts et blancs.
Je me souviens de tout ...
Javais ma robe bleue à bretelles qui sévasait sous les seins et volait si bien sur mes cuisses, un soutien-gorge blanc et une culotte assortie avec un petit nud de satin sur le ventre, les cheveux attachés dans le cou par un chouchou bleu marine.
En passant devant lui je lui ai dit « Je pose mon sac, tu mattends ? », tout doucement, chuchoté, en jetant un coup dil appuyé vers la piscine derrière la haute haie.
Il doutait ? Sans doute : parce que son visage sest éclairé dun coup.
Son regard me brûlait le dos quand je suis entrée dans le clubhouse. Javais oublié. Javais oublié comme un regard pouvait autant peser et déclencher de telles sensations. Ne vous moquez pas ! Me sentir humide et tendue, dun seul regard ! A mon âge ! Javais oublié
Et moi, javais douté ?
Un peu
la veille au soir, Patou racontait sa journée, mais je nécoutais quà moitié, envie de misoler, dêtre seule, la tête et le corps pleins de sensations délicieuses.
Mes mains dans la nuit ont retrouvé des chemins délaissés trop longtemps.
Vous souriez ? Vous savez
ces choses qui viennent au secret et dont on ne parle pas
je sentais encore le tremblement de ses mains, leur moiteur, la douceur de sa joue sous mes lèvres.
Je savais. Je savais en me couchant que jallais me caresser. Je ne le fais pas si souvent. Mais ce soir-là cétait trop fort. Je savais à lavance
Jétais tellement mouillée ! Nouvrez pas ces grands yeux ! Je dis tout, vous savez
Jai joui très vite. Et jai recommencé. En rajoutant des images aux images. En fermant les yeux. Imaginant ses mains et ses yeux. Et mes mains savaient. Et jai recommencé encore. Et le matin aussi.
Javais les yeux cernés le lendemain matin quand je suis descendue préparer le déjeuner pour Patou. Elle na rien deviné, tout occupée delle comme je létais de moi, ne sest inquiétée que dun mot dune mauvaise nuit
« La chaleur. Il faisait trop chaud pour bien dormir ».
La chaleur, cest dans mon ventre quelle sétait logée
une fois encore au réveil, et puis sous la douche, et dans la nuit ? Combien de fois dans la nuit ? Pas assez pour mapaiser !
Etonnée ? Oh oui ! Des projets ? Des questions ? Rien ! Ni lun ni lautre !
Avant ? Jamais comme ça ! Au début, avant Simon ? Peut-être
et jai vite chassée de mon esprit lidée qui me venait.
Je me souviens que jattendais le départ de Patou pour partir à mon tour. Mon sac déjà prêt sur mon lit, mes affaires de tennis et mon maillot de bain, le jaune, celui que javais mis dans ma valise bien que je le trouve trop petit et un peu détendu, qui glissait sur mes fesses, et juste à côté mes dessous blancs et ma robe bleue à enfiler après une dernière douche, pour être prête, nette, propre
Mais je suis trop pressée, je raconte tout à lenvers ! Il faut que je vous dise du début, que je vous dise la veille, pourquoi jétais si légère et pourquoi ma nuit
En fait, presque rien, les débuts sont toujours faits de riens vous savez
les débuts cétait la veille, le premier jour de ce bel été
Mon sac déposé dans le vestiaire des dames, un sandwich acheté au comptoir, le roman du moment, un banc sous la tonnelle couverte de vigne-vierge et sur un court un jeune-homme seul qui sentraînait seul au service
ses regards vite détournés aux changements de côté ou quand il venait chercher une balle restée dans le filet
jai compris
ma jupe en lin noire bien courte
je me cachais à labri de mes lunettes noires, un peu gênée au début, pas fâchée, et puis amusée
le teint bien rouge de son visage qui tenait peut-être autant à ce quil voyait de moi quà la chaleur du soleil et aux efforts quil faisait
le jeu
tournée à demi pour poser un bras sur le dossier du banc, jai légèrement ouvert les jambes, pour lui, pour moi
je ne sais plus pour qui.
Je ne suis pas coutumière de ce genre de jeu, mais imaginer que peut-être il apercevrait sous ma jupe le triangle blanc de ma culotte me piquait les joues et étirait mes lèvres dun sourire.
Pourquoi ? Pourquoi cette provocation ? Je vous assure que je ne fais pas ça dhabitude ! Parce quil était si jeune ? Non ! Parce quil était beau
quil détournait les yeux
un jour dété.
Ses balles rangées, le court arrosé avant de le quitter, il me regardait en passant devant le banc où je lisais
torse maigre, brillant de transpiration, un t-shirt jeté sur une épaule, une serviette de toilette sur lautre
le retenir un peu
« vous navez pas de partenaire ? » « je mentraîne »
de grands yeux bleus, de longs cils de fille
Il était touchant de timidité, une voix douce, des hésitations « Vous savez, ces bancs
ça laisse des marques
sur les cuisses
cest les trous dans le métal qui font ça
»,
il rougissait adorablement quand je me suis levée pour frotter de la main larrière de mes jambes sous ma jupe
le retenir encore
la serviette prise sur son épaule pour effacer sur son visage les grosses gouttes de transpiration qui coulaient de son front sur ses joues, dans son cou
il était si jeune
cétait lété
aguicher ce garçon inconnu en montrant mes jambes, mes jambes et un peu plus
il me dévisageait de ses biens jolis yeux avant de les baisser très vite, de belles mains
qui tremblaient ? qui tremblaient en se serrant et se desserrant sur le manche de sa raquette ?
Son trouble évident, visible
et le mien, caché.
Pour minstaller ailleurs, un coin dombre ailleurs que sur ce banc qui dessinait des ronds rouges sur mes cuisses, il ma guidé le long des courts. Je connaissais cet endroit tranquille mais je me suis bien gardée de le lui dire. Jétais ravie quil maccompagne.
Il sest agenouillé pour galamment étaler sa serviette dans lherbe à lombre dun saule pour que je puisse masseoir sans me tâcher.
ma main sur son épaule pour enlever une feuille collée sur sa peau
son sursaut
sa main posée pour se retenir, qui touche ma cuisse « Pardon ! »
son air perdu
ma main sur sa joue parce quil rougissait si bien, un désir brusque, un baiser sur sa joue, sa joue brûlante sous mes lèvres, ses yeux écarquillés et son sourire tremblant, mon genou contre sa cuisse et ma main sur son épaule nue, un autre baiser sur sa joue où mes lèvres sattardaient, ses yeux clos et ses lèvres entrouvertes qui tremblaient.
Que cétait bon ! Comme cétait doux ! Et frais !
Je riais en caressant son épaule. Et encore cette bosse, là, sous son short
« tu restes un peu ? je peux r ? », je me suis allongée, la tête sur ses cuisses, mon cou roulait sur sa cuisse, que jeffleurais dun doigt en arrangeant mes cheveux
si javais tourné le visage, juste un peu
et lui dont les yeux se perdaient parce que ma jupe était remontée quand je métais allongée.
Javais fait exprès. Cest pas bien ? Cétait tellement bon
Jabusais ? Oui, un peu, je sais. Je voulais tellement quil reste avec moi, égoïste, pour me voir dans ses yeux.
Après ? Après rien
Une heure
quelques mots échangés qui ne comptaient pas. Des frôlements et ses yeux qui me réchauffaient.
Bon, peut-être, quand il ma aidée à me relever, une bise, juste une bise
tout près de ses lèvres
assez pour ma nuit, je vous ai dit pour ma nuit, en pensant à lui, à lui qui peut-être aussi, pensait à moi dans sa nuit.
Les garçons sont comme ça, non ? et javais surpris un geste, il étirait son short dune main. Et jai ri. Je riais de plaisir. Il plissait les lèvres, croyant peut-être que je me moquais, et ses joues étaient cramoisies. Prêt à fuir. Vexé de mon rire. Un main sur son bras pour le retenir. Une bise sur sa joue, tout près, tout près de ses lèvres, et mes seins qui effleuraient son torse. Combien de temps ? Immobiles ? Juste assez
assez pour que jaie 16 ans, juste assez pour ma nuit.
Sans un mot on a pris le chemin du retour vers le club en longeant les courts, côte à côte, ma main sur son dos qui a glissé au creux de sa taille un instant. Mon rire oublié il se tenait très droit, un sourire aux lèvres et le regard fier fixé loin devant lui.
Des amis étaient arrivés, lappelaient pour quil se joigne à eux, il hésitait, sexcusait des yeux en partant les rejoindre.
Tout laprès-midi à la piscine, je croisais son regard chaque fois que je levais les yeux de mon livre, je sentais son regard sur moi quand jallais me baigner.
Si peu. Si peu et tant dimages folles qui mavaient longtemps tenue éveillée dans la nuit. Et lui ? Ses pensées-là aussi avaient accompagnées mon plaisir, quand je limaginais dans son lit, corps arqué. Des images
Le lendemain il nétait pas encore midi quand je suis arrivée. Je vous ai déjà dit ma petite robe bleue qui volait en chemin. Il était là. Un sourire inquiet. Il attendait seul à une table sur la grande terrasse carrelée.
Javais vu sur la table ronde devant lui un drap de bain et son bermuda rouge posé dessus. « Je pose mon sac, tu mattends ? » et son regard qui me réchauffait le dos et les reins
Il avait disparu quand je suis revenue mes affaires de piscine sous le bras.
Il mattendait à labri des regards au coin de la piscine, marchait deux pas devant moi jusquà lentrée des vestiaires où il sest arrêté devant la porte des femmes, un haussement dépaules et son regard gêné , celle des hommes était cadenassée «
y a des travaux
», il avait lair gêné, et surpris que jéclate de rire et le pousse devant moi dans le vestiaire des dames.
Il a pris une cabine, moi une autre. Me changer dans lespace commun ? Jy ai pensé, figurez-vous ! Je me suis contentée de ne pas fermer complètement ma porte pour me changer
Mais non, il ne la pas poussée. Il mattendait son drap de bain serré contre lui quand jen suis sortie, ne la pas lâché un instant, bras croisés, quand je me suis approchée pour poser très vite un baiser sur ses lèvres, avant de lentraîner vers la piscine un bras glissé sous le sien.
Pourquoi ce baiser ?
ce que je savais de ma nuit, ce que javais imaginé de la sienne était là, si présent à mon esprit que le baiser sur ses lèvres était comme une évidence dintimité déjà partagée.
Ses lèvres tremblaient sous les miennes, et quel sourire il avait après !
Il y avait deux draps de bains étalés sur lherbe au bord du bassin, abandonnés là, sans doute par ceux qui mangeaient sur la terrasse. Nous étions seuls au soleil de midi.
Je me suis assise sur la margelle les pieds dans leau et lui a plongé, sest redressé en secouant ses cheveux. Je lui tendais les mains.
Il a suffit de ce geste. Je savais ? Oui. Non. Je ne pensais quaux frissons qui me tenaient. Quà mon hésitation dans le vestiaire. Quà lenvie de le serrer dans mes bras. Quau plaisir de lattente et au désir de lécourter.
Il tenait mes mains, si loin, du bout de ses doigts, indécis. Je lai attiré vers moi, jai écarté une mèche de son front en me penchant vers lui. Premier baiser. Ses lèvres au goût de chlore. Et quel frisson quand il a posé ses mains toutes légères sur mes hanches. Il était maladroit. Cétait si bon. Et comme il tremblait contre moi quand jai guidé sa main de la mienne sur un sein ! les yeux clos sous ses longs cils de fille et ses cheveux soyeux où mes doigts se crispaient.
Je vous avais bien dit, javais 16 ans ! Age de déraison. Un bel âge.
Beaucoup trop vite, des cris, des appels, ses copains qui arrivaient. Peu de temps après je me suis esquivée, « Rejoins-moi » en le croisant au bord du bassin. Il nétait pas le seul à me regarder quand je suis partie vers le vestiaire, et je nai pas fait le moindre effort pour remettre en place mon petit maillot jaune aux élastiques fatigués qui se glissait entre mes fesses.
De la provoc ? Croyez ce que vous voulez ! Cétait pour lui, Cétait pour moi. Je me sentais belle et javais leur âge.
Il avait lair inquiet mais il riait en voyant voler ma robe sur mon mini-vélo en roulant à côté de moi.
Il ne riait plus et avait toujours lair inquiet en me suivant dans la maison.
Il navait plus lair inquiet et riait en regardant ma petite robe bleue voler au-dessus de ma tête, et ne riait plus et ouvrait grand ses yeux bleus quand je me suis approchée de lui dans mes petits dessous blancs pour déboutonner lentement sa chemisette.
Il a bataillé longtemps dans mon dos avec les agrafes de mon soutien-gorge et nosait pas baisser les yeux sur mes seins quand je me suis retournée vers lui.
Il ne bougeait pas. Même ses longs cils de file ne battaient plus. « Toi dabord », ses sourcils levés, « ton short
», il a reculé dun pas pour lenlever, « encore
», il rougissait, hésitait à se séparer du slip qui avait du mal à cacher son érection. Moi je retenais mon rire, il aurait été vexé, alors que cétait une rire de joie. Il avait honte de son érection ? Mais moi je la voulais ! Moi jétais fière quil bande pour moi ! Je ne bougeais pas, je mordais mon rire les yeux baissés sur son slip et la bosse qui le déformait. Et lui restait bras ballants devant moi les joues aussi rouges que la veille où il sentraînait au soleil sur un court.
Une main dans son cou, un baiser sur ses lèvres, mon front contre le sien, nos regards baissés ensemble sur la main qui descendait lentement sur son torse et sa taille, se fermait sur son sexe à travers le coton bleu clair de son slip. Juste mes doigts serrés sur lui et un drôle de petit hoquet et ses genoux qui pliaient et tremblaient, son mouvement de recul. Heureusement je le retenais, dune main dans son cou, de lautre cramponnée à sa verge que je sentais battre et pulser sous le coton. Il se serait enfui cet idiot, alors que jétais émue de cette humidité sous ma main. Je ne lai pas lâché, je lai embrassé en le poussant vers le lit. A genoux devant lui assis au bord du lit où il sappuyait des deux mains je lui ai enlevé son slip, men servant pour essuyer son ventre et sa verge que je tenais dune main, toujours dressée et fière.
Sest-il rendu compte que javais un énorme sourire bien idiot en contemplant son sexe si raide alors quil venait déjaculer ? Je ne crois pas. Quand je relevais le visage pour croiser son regard, je voyais ses grands yeux déçus et son front plissé. Mais bien vite je baissais les yeux sur son sexe, étonnée de le voir si
homme.
Cest idiot, je sais bien, mais vous savez, je nai pas connu tant dhommes, même assez peu, et jétais en train de comparer. Jétais surprise. Dabord parce quil navait quun court duvet blond un peu piquant au-dessus de la verge sur le ventre, quil sétait visiblement rasé les testicules plus récemment encore, et que son sexe était beau. Mais oui. Beau. Et plus long et plus épais que celui de mon mari.
Je ny avais pas pensé avant, mais à sa soudaine réaction au seul contact de ma main sur lui, pour la première fois jai pensé que peut-être je serais la première pour lui, et je me souviens quà cause de ça je me suis dit « tas intérêt à être bien, ma fille ! ». Ce quon peut être bête, parfois ! Jétais fière dêtre sa première !
Je vous ai dit que javais une vie calme ? Je crois vous lavoir dit. 18 ans de mariage, sans accroc, sans heurt
Bien sûr, Simon et moi
mais pas si souvent. Pas tout à fait le rituel du samedi, mais presque
et il nous arrive de sauter des semaines
Je pensais de temps en temps que jaimerais un peu de fantaisie, mais après 18 ans les choses sont plus calmes
et je sais bien que jétais tout aussi responsable de cette routine que lui
un petit mot échangé ou un geste sous les draps, quelques caresses avant de faire lamour, un baiser
et à la semaine prochaine, si on y pense
Et là aujourdhui devant moi en pleine lumière de laprès-midi le sexe dressé dun jeune-homme, qui attend, qui attend rougissant, jai pensé en retenant un nouveau rire quil fallait « que je prenne les choses en main » alors que cétait bien ce que je faisais, étonnée et ravie que mes doigts aient du mal à en faire le tour, et comme je pensais aux « choses » à prendre en main, jai les ai prises dans mon autre main, toutes douces et fraîchement rasée
pourquoi se rasait-il ? je lui demanderais?
plus tard
bien dessinées, qui roulent doucement sous mes doigts
Le croyez-vous ? Je me souviens bien quà ce moment-là, je comparais encore en regardant ses testicules toutes chaudes dans ma main, quasiment de la même grosseur, alors que Simon en a une nettement plus grosse que lautre, et je me suis mise à rire
Un coup dil à Vincent, le front plissé à mon rire, alors vite, pour me faire pardonner, je lai pris dans ma bouche.
Ses jambes tremblaient contre mes bras, il avait le goût de son plaisir récent, il sétait redressé, une main crispée dans mes cheveux, lautre main serrée sur la mienne qui tenait ses testicules
je lui faisais mal ? mais non
au contraire, il serrait sa main sur la mienne, me voulait plus ferme
de moi-même je naurais pas osé et pour la deuxième fois en peu temps, il a joui dun jet chaud sur ma langue en basculant en arrière sur le lit et son sexe que je mapprêtais à abandonner est venu butter plus profond encore contre mon palais. Il gémissait, les doigts serrés sur ses cuisses de chaque côté de ma tête. Je lai gardé dans ma bouche.
Javais imaginé que je serais peut-être la première pour lui
cétait lui qui était le premier pour moi !
Toujours quand il allait jouir, Simon me prévenait et se retirait de lui-même. Il avait tort depuis le début
je le sais maintenant. Jai aimé, comme on aime offrir, et le goût de sperme dans ma bouche ne ma pas gêné comme je lavais toujours craint.
On nessaie pas assez
croyez-en une femme qui navait pas essayé grand-chose jusque-là !
Il fermait les yeux quand je me suis allongée près de lui en travers du lit. Il reprenait son souffle les bras en croix pendant quappuyée sur un coude je caressais sa joue en embrassant doucement ses lèvres closes et sèches. Il est resté longtemps ainsi, et naurait sans doute pas bougé si je navais pas attiré une main sur mes seins mes doigts noués aux siens.
Je nétais pas déçue quil nose pas un geste vers moi, pas déçue non plus quil ait déjà joui à deux reprises et quil ne mait pas fait lamour. Bien sûr jétais excitée et je me savais aussi mouillée que possible mais jétais bien comme ça, une jambe passée sur les siennes dans la chaleur de laprès-midi. Javais abandonné sa main sur mon sein quil caressait tout doucement, du bout des doigts, évitant toujours le téton «
tu me chatouilles
cest pas fragile tu sais
enfin pas trop ! »
Il a retiré sa main pour prendre la mienne, la reposé sur mon sein, le sienne par-dessus la mienne, invite muette de ses yeux, dun soupir contre mes lèvres.
Ses doigts enveloppaient les miens qui étirait un téton, couvrait ma main qui pressait un sein, suivait ma main qui descendait sur mon ventre et glissait sous ma culotte, la mienne dessous, la sienne laccompagnant au-dessus du coton blanc
« enlève-la »
il sest assis sur le lit pour baisser la culotte sur mes cuisses en me la laissant aux genoux et est resté assis, me tournant le dos, reprenant ma main sous la sienne pour la guider entre mes jambes.
Avec Simon aussi, pendant quil me fait lamour, je me caresse, pas toujours, pas souvent, mais jamais comme ce jour-là pour ses yeux et sa main doucement posée sur la mienne.
Je me souviens
après un moment où josais à peine, davoir gigoté pour me débarrasser de la culotte quil avait laissé à mes genoux pour ouvrir grand les jambes. Je me savais, je me voulais, impudique à mouvrir à ma main à ses yeux.
Cétait bien ? Devinez
et rajoutez quelques superlatifs et des points dexclamation !
Une main sur son épaule
je le voulais tout contre moi, quil me prenne dans ses bras, un baiser
son regard si sérieux sous ses longs cils de fille
un coup dil, un sourire énorme qui me venait. Il bandait à nouveau ! « viens sur moi, viens
»
un flash : préservatif ! mais je le guidais déjà en moi, mes talons sur ses cuisses, lattirant à pleins bras pour quil sallonge sur moi. Je voulais son poids, son torse appuyé sur mes seins et son souffle dans mon cou.
Jai joui avant lui à le sentir tout au fond de moi.
Il se rhabillait, enfouissait son slip tâché dans la poche de son short « laisse-le, je le laverai, donne !
je te le rendrai demain
quand tu veux
11 heures ? ».
Patou. Je lécoutais raconter sa journée, ses copains. Simon le soir au téléphone. Une pointe de culpabilité, vite passée, très vite. Je chantonnai sur la balancelle le soir sous le regard surpris de Patou, je chantonnai le matin quand elle est partie.
A 10 heures jétais prête, fraîche et nette, lavée et parfumée, encore hésitante cependant, je men souviens
comment ? Jai fini par décider t-shirt court bleu à fines bretelles et seins nus dessous, petit slip blanc taille basse qui mord sur mes fesses.
Ce jour-là, et le lendemain aussi, il attendait de moi le premier geste, et tous les jours je métonnais de ce sexe raide tout le temps, de mon désir tout le temps.
Ce nest que le vendredi quon a parlé un peu, et quels mots !
Pas les mots exacts, mais pas loin. Ecoutez !
Tu sais que normalement, il faudrait mettre des préservatifs.
Oui, je sais.
Avec moi, tu ne risques rien, mais avec dautres
Dis-moi
jétais la première
avec toi
non ?
oui
javais jamais
avec une fille
Parce quil parlait de moi comme dune fille et pas comme dune femme et que ça me faisait rire ? Parce que javais envie de le taquiner ? On était allongés nus en travers de mon lit. Sa main était posée sur mon sexe et jouait avec ma toison, je le caressais de mon index glissé entre son prépuce étiré et son gland encore rougi et humide de nos jeux
il venait de me caresser, plutôt bien, il avait fait de gros progrès en trois jours, il était doux et attentionné, je riais :
Et avec un garçon ?
cest pas pareil
jai plus lhabitude
javais un peu peur avec toi
Peur de quoi ?
De pas y arriver
de pas savoir
Attends. Tas dit « plus lhabitude »
tu
tu as fait avec un garçon ?
Ben
oui
Je me suis redressée brusquement : Sida en grosses lettres rouges clignotait derrière mon front. Je ne riais plus du tout. Et aussi, un colère, un pincement, jétais pas la première ! Cest idiot, nest-ce pas ? cette vraie peur, légitime, et cette colère, comme celle dune gamine à qui on a cassé son jouet ! Quelle bêtise ! Mais les deux me tenaient :
Mais
mais ça va pas ! Taurais dû me dire !
Il sest levé et agenouillé au pied du lit devant moi, a pris mes mains dans les siennes :
Je sais à quoi tu penses
ten fais pas
on est clean
on a fait un test
et depuis, jai rien fait avec lui
je te jure
aucun risque
tes fâchée ?
Il a posé sa joue sur mes cuisses en passant ses bras autour de ma taille :
Josais pas te dire
des fois les filles aiment pas
quand elles savent
Je ne me souviens plus combien de temps a passé. Longtemps. Il ne bougeait pas, se serrait contre moi le visage osé sur mes jambes serrées. Jétais plus une ado. La légèreté avait brutalement disparue, métreignant de mes bras serrés sur ma taille tellement je tremblais. Fini lado. Cest la femme en colère qui parlait, sèche, envie de frapper ou de mordre :
Cette histoire de test
Cest vrai
tout va bien
et puis jai jamais été quavec un, et lui aussi
Ça, ten sais rien !
Mais si
je peux te montrer si tu veux
Rassurée ? Pas vraiment
jai basculée en arrière sur le lit, un bras sur les yeux. Les images et les idées se bousculaient dans ma tête. De toutes sortes. Des flashes sans queue ni tête, je me sentais flouée, trompée, envie de pleurer.
Me montrer
il parlait du test, bien sûr ! Et dans la suite de cette semaine folle, je pensais à ce quil pourrait me montrer dautre
lui avec son
copain ? Comment ils sy prenaient ?
Ses cheveux qui bougeaient et me chatouillaient, son souffle sur mes jambes, son souffle au creux de mon ventre, les images dans ma tête
je lai laissé faire, jai obéi à la pression de ses mains sur mes jambes
jai ouvert les cuisses à sa bouche. Cétait la première fois quil me caressait de sa bouche, et les mains plongées dans ses cheveux je lai plaqué très fort contre moi à l, comme en rage.
Raconte-moi !
Quoi ?
Ce que vous faites ! comment !
Il était allongé sur le lit, moi assise en tailleur. Je navais pas voulu dun baiser quand il sétait redressé ; il avait un air malheureux.
Jétais en colère, jétais vexée. Fâchée, après moi, de mêtre comportée avec autant de légèreté. Mais vexée aussi. De ne pas avoir été la première ? Je me sentais trahie. Et en même temps déjà ce jour-là je me savais injuste. Cest moi qui avait flirté avec lui, moi qui lavais attiré dans mon lit. Moi qui avais été si flattée et fière de plaire à un jeune-homme comme lui. Moi et ma petite vie que javais mise entre parenthèse !
Alors ?
Il détournait le visage, ses beaux yeux bleus pleins de larmes qui alourdissaient ses longs cils de filles
Tu le caresses ?
Il hochait la tête. Je me suis approchée pour balayer une mèche sur son front, relever son visage dun doigt sous le menton :
Lui aussi ? avec sa bouche ? Il te suce ?
moi
Pas lui ?
non
Il jouit dans ta bouche ?
Cest très bizarre dy repenser. Je men voulais sur le moment, et ça me fait honte aujourdhui de lavoir traité ainsi. Disons que je nétais pas vraiment moi-même. Je men suis excusée auprès de lui, plus tard. Sur le moment, il pleurait. Et sur le moment, moi, jétais excitée
de ça aussi jai honte. Cest ainsi.
Il haussait les épaules, et jai compris que cétait oui. Avant ? Après ? Je ne sais pas exactement à quel moment javais pris son sexe dans la main pour le branler durement, et je serrais son scrotum de lautre, il ny avait rien de tendre dans mes gestes.
Et après ? Vous vous arrêtez pas là, quand même ? lequel de vous deux
encule lautre ? Tous les deux ?
lui.
Pas toi ? Ah bon ! Et pourquoi ? Toi taimes ça et pas lui ? Taimes ça ?
Il a joui et son sperme giclait à longs traits sur son torse.
On sest quittés sans un mot de plus. Lui malheureux, moi fâchée après moi, après lui, sachant que mon attitude était injuste, mais incapable de faire un pas vers lui.
Simon a passé week-end avec nous. Rien à dire. Un week-end. Lui écoutait distraitement Patou lui raconter son stage entre deux coups de téléphone, moi je ne me sentais pas très bien.
Plus du tout à cause de ma crainte de maladie qui mavait pourtant fichue une sacrée frousse. Je me sentais mal à cause de Vincent, de la manière dont je lavais traité. Il aurait pu me parler ? Me prévenir ? A aucun moment je ne lui en avais laissé lopportunité ! Comment aurait-il pu ? Du début à la fin je métais comportée comme une égoïste, uniquement préoccupée de mon propre plaisir.
Le lundi, je suis restée à la maison. A réfléchir ? Plutôt à me cacher
Mardi. Je suis arrivée au club tôt le matin, sans idée précise sur ce que je souhaitais, prête aussi à ce que Vincent me tourne le dos.
Il était déjà là, à travailler sur les courts. De la terrasse je lai regardé ajouter quelques pelletées de terre battue, arroser et passer le filet pour égaliser, balayer les lignes.
Je lai rejoint sur le court tout au fond à labri des regards :
Je voudrais te présenter mes excuses
je ne sais pas ce qui ma pris. Cétait pas bien. Pardon.
Un petit sourire, très bref, un haussement dépaules :
Cest ma faute
jaurais dû te dire
avant.
Un baiser au coin de ses lèvres, une main sur sa joue. Je suis partie.
En début daprès-midi mercredi je prenais le soleil dans le jardin quand jai entendu une petite toux derrière moi. Vincent. Il me tendait une marguerite cueillie dans lallée.
Je me suis levée de ma chaise longue et je lai pris par la main pour le conduire dans la chambre : mon envie de lui était différente, mais toujours aussi forte et déraisonnable.
Tête basse mais avec le sourire, il a sorti un préservatif de sa poche pour me le tendre.
On ne sen est pas servi. Et de tout façon, un seul, cétait bien trop peu !
Immorale ? Peut-être. Peut-être pas. Jugez-moi ou pas, peu importe.
Un jeudi de fin juillet, je suis allée rejoindre Simon : pour le voir, et parce que javais besoin de quelques affaires pour Patou, un prétexte.
Le soir, nous avons fait lamour. Ou plutôt, « je » lui ai fait lamour. Cétait vraiment bien. Il était surpris. Agréablement.
Le lendemain au petit-déjeuner, je lui ai tout raconté de mon début dété. Vraiment tout.
Je lai raccompagné à son bureau.
Tu as remarqué que ta stagiaire est bien jolie ?
Quest-ce que dis ?
Je te dis que ta stagiaire est jolie. Et je peux ajouter quelle te regarde avec des yeux gourmands. Je comprends ça. Tes plutôt pas mal
Simon riait en secouant la tête. Il navait pas dit un mot quand javais fini de lui raconter mon début dété. Juste un baiser en quittant la table et son bras autour de ma taille sur le chemin du bureau. Juste ça
et cest beaucoup, non ?
Tu devrais la regarder de plus près
donne-lui sa chance, Simon.
Qui te dit que ça me plairait ?
A elle de choisir, non ?
Simon, quoi quil se passe je taime et je vais un peu changer notre vie
cétait bien, hier soir, non ? On se laissait aller
On en reparlera ce soir, sauve-toi !
Je navais pas lintention de traîner. Vincent mattendait à midi. Et je navais pas pris que les affaires de Patou à la maison : javais aussi glissé, dans mon sac à main, après avoir vérifié létat des piles, lobjet dont je lui avais parlé. Un peu gros ? Il ne sest pas plaint.
Voilà ! Mon histoire était longue, et mon histoire est finie.
Cétait lan dernier. Je vais bien, Simon va bien, nous allons très bien ensemble, réveillés à notre vie de couple.
Pourquoi je vous ai raconté cette histoire ? Allons mademoiselle, vous avez bien une petite idée, non ? Cétait pour vous dire que vous nêtes pas la première à qui je montre ma culotte
et que jaime la vie, et ses plaisirs ! Et vous ?
Misa 10/2013
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