Réveil

Ce qui me manquait ?
Je ne savais pas, je ne savais plus quoi attendre. Vraiment ! Je n’y pensais même pas. La vie m’allait bien, je n’attendais rien.
Peut-être … j’aurais préféré que Simon soit plus attentionné, plus surprenant … mais ça, c’est maintenant que j’y pense comme à un manque.
Il me manquait l’envie de frisson !
Sinon … sinon rien ne serait arrivé !
Je n’ai vraiment su ce qui me manquait qu’en le trouvant, sans l’avoir cherché.
Il avait … quel âge avait-il ? Je ne me suis pas posée la question ! Ni avant ni après. Quelle importance ?

Moi ?
J’ai 38 ans. Mariée. Une fille, 16 ans. Une maison, un chien. Un travail.
Juste avant, ces quelques mots résumaient ma vie, ma vie toute entière était là. Posée. Plutôt bien, sans heurt … sans …
Les frissons, la passion, l’aventure ?
Pas pour moi, sans les regretter. Enfin … pas trop … quelques rêves parfois au détour d’un film, d’un roman, et puis les pieds dans le quotidien ; un sourire, un haussement d’épaule, une caresse au chien, un chambre à ranger, des volets à repeindre, un caddy à remplir, et Simon … depuis 18 ans Simon.
Des questions ?
Non. Je ne m’en posais pas. C’était ma faute et la sienne. Et le mot « faute » ne convient pas.
Mais j’ ai changé tout ça.

Ce qui m’a fait changer ?
Je vais vous raconter, bien sûr, patientez ! Je vous dirais tout, vous savez.
« Changer » n’est pas le mot juste … Réveillée ! Voilà. Je me suis réveillée !
Dans ma tête. Dans mon corps. Retour à la vie, à une vie autrement, au désir.

Un été très chaud. Vraiment chaud. En vacances dans l’ancienne maison du père de Simon, Simon qui travaillait et nous rejoignait les week-end ; nous, parce que Patou, ma fille, était avec moi, avec moi mais très peu, elle faisait un stage de voile pas très loin qui l’occupait toute la journée, et mes journées à moi se passaient au club de tennis et sa piscine privée.

.
Tout. Je me souviens de tout, dans le moindre détail, jusqu’à la robe que je portais, jusqu’à mes dessous, jusqu’à l’odeur de goudron fondant sur la route, ce chaud de l’air qui pique les yeux comme une poussière et fait trembler le lointain d’un mirage … un mirage où je plongeais en riant de moi et de la vie, de mes envies de déraison.

Regardez-moi …
… mon chapeau de paille retenu d’une main, l’autre sur le guidon du mini-vélo que Simon avait réparé pour moi, mon sac à l’épaule, je peinais dans la dernière côte avant d’arriver au club, mi-amusée mi-inquiète, vous auriez souri comme vous souriez déjà à voir ma robe voler bousculée par les rafales de vent chaud en découvrant bien haut mes cuisses. Elles étaient, sont toujours, plutôt bien, mes cuisses, vous auriez aimé me voir passer, vous m’auriez suivie des yeux, parce que les cuisses ce n’est pas tout, n’est-ce pas, le reste aussi vaut le détour, j’avais cet air d’aller bien, cet air qu’on a quand le cœur bat bien fort.

Il battait d’attente et d’espoir, de souvenirs de la nuit.
Parce qu’il y avait Vincent ! A 38 ans je redevenais ado ! J’avais flirté la veille avec un ado ! Sans en éprouver de gêne ? Un peu … Un peu honte ? Non, pas de honte ! C’était si bon de me regarder dans les yeux d’un jeune-homme, ses beaux yeux bleus et ses longs cils de fille ! Il était … beau ! et si timide aussi. Au tout début il me mangeait des yeux et rougissait. Après ? Après aussi … et c’est lui qui me donnait l’air que j’avais, qui vous aurait fait vous retourner, pour regarder ma robe s’enrouler autour de ma taille dans l’air chaud de l’été.

Il m’attendait. Pas de rendez-vous. Il était là. Un sourire discret et les yeux vite baissés. Il attendait seul à une table sur la grande terrasse carrelée de tomettes rouges qui longe le clubhouse où deux couples déjeunaient sous des parasols verts et blancs.
Je me souviens de tout ...
J’avais ma robe bleue à bretelles qui s’évasait sous les seins et volait si bien sur mes cuisses, un soutien-gorge blanc et une culotte assortie avec un petit nœud de satin sur le ventre, les cheveux attachés dans le cou par un chouchou bleu marine.

En passant devant lui je lui ai dit « Je pose mon sac, tu m’attends ? », tout doucement, chuchoté, en jetant un coup d’œil appuyé vers la piscine derrière la haute haie.

Il doutait ? Sans doute : parce que son visage s’est éclairé d’un coup.
Son regard me brûlait le dos quand je suis entrée dans le clubhouse. J’avais oublié. J’avais oublié comme un regard pouvait autant peser et déclencher de telles sensations. Ne vous moquez pas ! Me sentir humide et tendue, d’un seul regard ! A mon âge ! J’avais oublié …

Et moi, j’avais douté ?
Un peu … la veille au soir, Patou racontait sa journée, mais je n’écoutais qu’à moitié, envie de m’isoler, d’être seule, la tête et le corps pleins de sensations délicieuses.
Mes mains dans la nuit ont retrouvé des chemins délaissés trop longtemps.
Vous souriez ? Vous savez … ces choses qui viennent au secret et dont on ne parle pas …
… je sentais encore le tremblement de ses mains, leur moiteur, la douceur de sa joue sous mes lèvres.
Je savais. Je savais en me couchant que j’allais me caresser. Je ne le fais pas si souvent. Mais ce soir-là c’était trop fort. Je savais à l’avance …
J’étais tellement mouillée ! N’ouvrez pas ces grands yeux ! Je dis tout, vous savez … J’ai joui très vite. Et j’ai recommencé. En rajoutant des images aux images. En fermant les yeux. Imaginant ses mains et ses yeux. Et mes mains savaient. Et j’ai recommencé encore. Et le matin aussi.
J’avais les yeux cernés le lendemain matin quand je suis descendue préparer le déjeuner pour Patou. Elle n’a rien deviné, tout occupée d’elle comme je l’étais de moi, ne s’est inquiétée que d’un mot d’une mauvaise nuit … « La chaleur. Il faisait trop chaud pour bien dormir ».
La chaleur, c’est dans mon ventre qu’elle s’était logée … une fois encore au réveil, et puis sous la douche, et dans la nuit ? Combien de fois dans la nuit ? Pas assez pour m’apaiser !
Etonnée ? Oh oui ! Des projets ? Des questions ? Rien ! Ni l’un ni l’autre !
Avant ? Jamais comme ça ! Au début, avant Simon ? Peut-être … et j’ai vite chassée de mon esprit l’idée qui me venait.
Avant … à l’âge qu’a ma fille aujourd’hui ! Patou ! Elle … Ne pas y penser !

Je me souviens que j’attendais le départ de Patou pour partir à mon tour. Mon sac déjà prêt sur mon lit, mes affaires de tennis et mon maillot de bain, le jaune, celui que j’avais mis dans ma valise bien que je le trouve trop petit et un peu détendu, qui glissait sur mes fesses, et juste à côté mes dessous blancs et ma robe bleue à enfiler après une dernière douche, pour être prête, nette, propre …

Mais je suis trop pressée, je raconte tout à l’envers ! Il faut que je vous dise du début, que je vous dise la veille, pourquoi j’étais si légère et pourquoi ma nuit …
En fait, presque rien, les débuts sont toujours faits de riens vous savez … les débuts c’était la veille, le premier jour de ce bel été …

Mon sac déposé dans le vestiaire des dames, un sandwich acheté au comptoir, le roman du moment, un banc sous la tonnelle couverte de vigne-vierge et sur un court un jeune-homme seul qui s’entraînait seul au service … ses regards vite détournés aux changements de côté ou quand il venait chercher une balle restée dans le filet … j’ai compris … ma jupe en lin noire bien courte … je me cachais à l’abri de mes lunettes noires, un peu gênée au début, pas fâchée, et puis amusée … le teint bien rouge de son visage qui tenait peut-être autant à ce qu’il voyait de moi qu’à la chaleur du soleil et aux efforts qu’il faisait … le jeu … tournée à demi pour poser un bras sur le dossier du banc, j’ai légèrement ouvert les jambes, pour lui, pour moi … je ne sais plus pour qui.

Je ne suis pas coutumière de ce genre de jeu, mais imaginer que peut-être il apercevrait sous ma jupe le triangle blanc de ma culotte me piquait les joues et étirait mes lèvres d’un sourire.
Pourquoi ? Pourquoi cette provocation ? Je vous assure que je ne fais pas ça d’habitude ! Parce qu’il était si jeune ? Non ! Parce qu’il était beau … qu’il détournait les yeux … un jour d’été.


Ses balles rangées, le court arrosé avant de le quitter, il me regardait en passant devant le banc où je lisais … torse maigre, brillant de transpiration, un t-shirt jeté sur une épaule, une serviette de toilette sur l’autre … le retenir un peu … « vous n’avez pas de partenaire ? » « je m’entraîne » … de grands yeux bleus, de longs cils de fille … … Il était touchant de timidité, une voix douce, des hésitations « Vous savez, ces bancs … ça laisse des marques … sur les cuisses … c’est les trous dans le métal qui font ça … »,
il rougissait adorablement quand je me suis levée pour frotter de la main l’arrière de mes jambes sous ma jupe … le retenir encore … la serviette prise sur son épaule pour effacer sur son visage les grosses gouttes de transpiration qui coulaient de son front sur ses joues, dans son cou … il était si jeune …c’était l’été … aguicher ce garçon inconnu en montrant mes jambes, mes jambes et un peu plus… il me dévisageait de ses biens jolis yeux avant de les baisser très vite, de belles mains … qui tremblaient ? qui tremblaient en se serrant et se desserrant sur le manche de sa raquette ?
Son trouble évident, visible … et le mien, caché.

Pour m’installer ailleurs, un coin d’ombre ailleurs que sur ce banc qui dessinait des ronds rouges sur mes cuisses, il m’a guidé le long des courts. Je connaissais cet endroit tranquille mais je me suis bien gardée de le lui dire. J’étais ravie qu’il m’accompagne.
Il s’est agenouillé pour galamment étaler sa serviette dans l’herbe à l’ombre d’un saule pour que je puisse m’asseoir sans me tâcher.
… ma main sur son épaule pour enlever une feuille collée sur sa peau … son sursaut … sa main posée pour se retenir, qui touche ma cuisse « Pardon ! » … son air perdu … ma main sur sa joue parce qu’il rougissait si bien, un désir brusque, un baiser sur sa joue, sa joue brûlante sous mes lèvres, ses yeux écarquillés et son sourire tremblant, mon genou contre sa cuisse et ma main sur son épaule nue, un autre baiser sur sa joue où mes lèvres s’attardaient, ses yeux clos et ses lèvres entrouvertes qui tremblaient.
Que c’était bon ! Comme c’était doux ! Et frais !
Je riais en caressant son épaule. Et encore cette bosse, là, sous son short … « tu restes un peu ? je peux r ? », je me suis allongée, la tête sur ses cuisses, mon cou roulait sur sa cuisse, que j’effleurais d’un doigt en arrangeant mes cheveux … si j’avais tourné le visage, juste un peu … et lui dont les yeux se perdaient parce que ma jupe était remontée quand je m’étais allongée.
J’avais fait exprès. C’est pas bien ? C’était tellement bon …
J’abusais ? Oui, un peu, je sais. Je voulais tellement qu’il reste avec moi, égoïste, pour me voir dans ses yeux.

Après ? Après rien … Une heure … quelques mots échangés qui ne comptaient pas. Des frôlements et ses yeux qui me réchauffaient.
Bon, peut-être, quand il m’a aidée à me relever, une bise, juste une bise … tout près de ses lèvres … assez pour ma nuit, je vous ai dit pour ma nuit, en pensant à lui, à lui qui peut-être aussi, pensait à moi dans sa nuit.
Les garçons sont comme ça, non ? et j’avais surpris un geste, il étirait son short d’une main. Et j’ai ri. Je riais de plaisir. Il plissait les lèvres, croyant peut-être que je me moquais, et ses joues étaient cramoisies. Prêt à fuir. Vexé de mon rire. Un main sur son bras pour le retenir. Une bise sur sa joue, tout près, tout près de ses lèvres, et mes seins qui effleuraient son torse. Combien de temps ? Immobiles ? Juste assez … assez pour que j’aie 16 ans, juste assez pour ma nuit.
Sans un mot on a pris le chemin du retour vers le club en longeant les courts, côte à côte, ma main sur son dos qui a glissé au creux de sa taille un instant. Mon rire oublié il se tenait très droit, un sourire aux lèvres et le regard fier fixé loin devant lui.
Des amis étaient arrivés, l’appelaient pour qu’il se joigne à eux, il hésitait, s’excusait des yeux en partant les rejoindre.
Tout l’après-midi à la piscine, je croisais son regard chaque fois que je levais les yeux de mon livre, je sentais son regard sur moi quand j’allais me baigner.

Si peu. Si peu et tant d’images folles qui m’avaient longtemps tenue éveillée dans la nuit. Et lui ? Ses pensées-là aussi avaient accompagnées mon plaisir, quand je l’imaginais dans son lit, corps arqué. Des images …


Le lendemain il n’était pas encore midi quand je suis arrivée. Je vous ai déjà dit ma petite robe bleue qui volait en chemin. Il était là. Un sourire inquiet. Il attendait seul à une table sur la grande terrasse carrelée.
J’avais vu sur la table ronde devant lui un drap de bain et son bermuda rouge posé dessus. « Je pose mon sac, tu m’attends ? » et son regard qui me réchauffait le dos et les reins …
Il avait disparu quand je suis revenue mes affaires de piscine sous le bras.
Il m’attendait à l’abri des regards au coin de la piscine, marchait deux pas devant moi jusqu’à l’entrée des vestiaires où il s’est arrêté devant la porte des femmes, un haussement d’épaules et son regard gêné , celle des hommes était cadenassée « … y a des travaux … », il avait l’air gêné, et surpris que j’éclate de rire et le pousse devant moi dans le vestiaire des dames.
Il a pris une cabine, moi une autre. Me changer dans l’espace commun ? J’y ai pensé, figurez-vous ! Je me suis contentée de ne pas fermer complètement ma porte pour me changer … Mais non, il ne l’a pas poussée. Il m’attendait son drap de bain serré contre lui quand j’en suis sortie, ne l’a pas lâché un instant, bras croisés, quand je me suis approchée pour poser très vite un baiser sur ses lèvres, avant de l’entraîner vers la piscine un bras glissé sous le sien.
Pourquoi ce baiser ? … ce que je savais de ma nuit, ce que j’avais imaginé de la sienne était là, si présent à mon esprit que le baiser sur ses lèvres était comme une évidence d’intimité déjà partagée.
Ses lèvres tremblaient sous les miennes, et quel sourire il avait après !
Il y avait deux draps de bains étalés sur l’herbe au bord du bassin, abandonnés là, sans doute par ceux qui mangeaient sur la terrasse. Nous étions seuls au soleil de midi.
Je me suis assise sur la margelle les pieds dans l’eau et lui a plongé, s’est redressé en secouant ses cheveux. Je lui tendais les mains.
Il a suffit de ce geste. Je savais ? Oui. Non. Je ne pensais qu’aux frissons qui me tenaient. Qu’à mon hésitation dans le vestiaire. Qu’à l’envie de le serrer dans mes bras. Qu’au plaisir de l’attente et au désir de l’écourter.
Il tenait mes mains, si loin, du bout de ses doigts, indécis. Je l’ai attiré vers moi, j’ai écarté une mèche de son front en me penchant vers lui. Premier baiser. Ses lèvres au goût de chlore. Et quel frisson quand il a posé ses mains toutes légères sur mes hanches. Il était maladroit. C’était si bon. Et comme il tremblait contre moi quand j’ai guidé sa main de la mienne sur un sein ! les yeux clos sous ses longs cils de fille et ses cheveux soyeux où mes doigts se crispaient.
Je vous avais bien dit, j’avais 16 ans ! Age de déraison. Un bel âge.

Beaucoup trop vite, des cris, des appels, ses copains qui arrivaient. Peu de temps après je me suis esquivée, « Rejoins-moi » en le croisant au bord du bassin. Il n’était pas le seul à me regarder quand je suis partie vers le vestiaire, et je n’ai pas fait le moindre effort pour remettre en place mon petit maillot jaune aux élastiques fatigués qui se glissait entre mes fesses.
De la provoc ? Croyez ce que vous voulez ! C’était pour lui, C’était pour moi. Je me sentais belle et j’avais leur âge.

Il avait l’air inquiet mais il riait en voyant voler ma robe sur mon mini-vélo en roulant à côté de moi.
Il ne riait plus et avait toujours l’air inquiet en me suivant dans la maison.
Il n’avait plus l’air inquiet et riait en regardant ma petite robe bleue voler au-dessus de ma tête, et ne riait plus et ouvrait grand ses yeux bleus quand je me suis approchée de lui dans mes petits dessous blancs pour déboutonner lentement sa chemisette.
Il a bataillé longtemps dans mon dos avec les agrafes de mon soutien-gorge et n’osait pas baisser les yeux sur mes seins quand je me suis retournée vers lui.
Il ne bougeait pas. Même ses longs cils de file ne battaient plus. « Toi d’abord », ses sourcils levés, « ton short… », il a reculé d’un pas pour l’enlever, « encore … », il rougissait, hésitait à se séparer du slip qui avait du mal à cacher son érection. Moi je retenais mon rire, il aurait été vexé, alors que c’était une rire de joie. Il avait honte de son érection ? Mais moi je la voulais ! Moi j’étais fière qu’il bande pour moi ! Je ne bougeais pas, je mordais mon rire les yeux baissés sur son slip et la bosse qui le déformait. Et lui restait bras ballants devant moi les joues aussi rouges que la veille où il s’entraînait au soleil sur un court.
Une main dans son cou, un baiser sur ses lèvres, mon front contre le sien, nos regards baissés ensemble sur la main qui descendait lentement sur son torse et sa taille, se fermait sur son sexe à travers le coton bleu clair de son slip. Juste mes doigts serrés sur lui et un drôle de petit hoquet et ses genoux qui pliaient et tremblaient, son mouvement de recul. Heureusement je le retenais, d’une main dans son cou, de l’autre cramponnée à sa verge que je sentais battre et pulser sous le coton. Il se serait enfui cet idiot, alors que j’étais émue de cette humidité sous ma main. Je ne l’ai pas lâché, je l’ai embrassé en le poussant vers le lit. A genoux devant lui assis au bord du lit où il s’appuyait des deux mains je lui ai enlevé son slip, m’en servant pour essuyer son ventre et sa verge que je tenais d’une main, toujours dressée et fière.
S’est-il rendu compte que j’avais un énorme sourire bien idiot en contemplant son sexe si raide alors qu’il venait d’éjaculer ? Je ne crois pas. Quand je relevais le visage pour croiser son regard, je voyais ses grands yeux déçus et son front plissé. Mais bien vite je baissais les yeux sur son sexe, étonnée de le voir si … homme.

C’est idiot, je sais bien, mais vous savez, je n’ai pas connu tant d’hommes, même assez peu, et j’étais en train de comparer. J’étais surprise. D’abord parce qu’il n’avait qu’un court duvet blond un peu piquant au-dessus de la verge sur le ventre, qu’il s’était visiblement rasé les testicules plus récemment encore, et que son sexe était beau. Mais oui. Beau. Et plus long et plus épais que celui de mon mari.

Je n’y avais pas pensé avant, mais à sa soudaine réaction au seul contact de ma main sur lui, pour la première fois j’ai pensé que peut-être je serais la première pour lui, et je me souviens qu’à cause de ça je me suis dit « t’as intérêt à être bien, ma fille ! ». Ce qu’on peut être bête, parfois ! J’étais fière d’être sa première !

Je vous ai dit que j’avais une vie calme ? Je crois vous l’avoir dit. 18 ans de mariage, sans accroc, sans heurt … Bien sûr, Simon et moi … mais pas si souvent. Pas tout à fait le rituel du samedi, mais presque … et il nous arrive de sauter des semaines … Je pensais de temps en temps que j’aimerais un peu de fantaisie, mais après 18 ans les choses sont plus calmes … et je sais bien que j’étais tout aussi responsable de cette routine que lui … un petit mot échangé ou un geste sous les draps, quelques caresses avant de faire l’amour, un baiser … et à la semaine prochaine, si on y pense …

Et là aujourd’hui devant moi en pleine lumière de l’après-midi le sexe dressé d’un jeune-homme, qui attend, qui attend rougissant, j’ai pensé en retenant un nouveau rire qu’il fallait « que je prenne les choses en main » alors que c’était bien ce que je faisais, étonnée et ravie que mes doigts aient du mal à en faire le tour, et comme je pensais aux « choses » à prendre en main, j’ai les ai prises dans mon autre main, toutes douces et fraîchement rasée … pourquoi se rasait-il ? je lui demanderais? … plus tard … bien dessinées, qui roulent doucement sous mes doigts …

Le croyez-vous ? Je me souviens bien qu’à ce moment-là, je comparais encore en regardant ses testicules toutes chaudes dans ma main, quasiment de la même grosseur, alors que Simon en a une nettement plus grosse que l’autre, et je me suis mise à rire …
Un coup d’œil à Vincent, le front plissé à mon rire, alors vite, pour me faire pardonner, je l’ai pris dans ma bouche.
Ses jambes tremblaient contre mes bras, il avait le goût de son plaisir récent, il s’était redressé, une main crispée dans mes cheveux, l’autre main serrée sur la mienne qui tenait ses testicules … je lui faisais mal ? mais non … au contraire, il serrait sa main sur la mienne, me voulait plus ferme … de moi-même je n’aurais pas osé et pour la deuxième fois en peu temps, il a joui d’un jet chaud sur ma langue en basculant en arrière sur le lit et son sexe que je m’apprêtais à abandonner est venu butter plus profond encore contre mon palais. Il gémissait, les doigts serrés sur ses cuisses de chaque côté de ma tête. Je l’ai gardé dans ma bouche.

J’avais imaginé que je serais peut-être la première pour lui … c’était lui qui était le premier pour moi !
Toujours quand il allait jouir, Simon me prévenait et se retirait de lui-même. Il avait tort depuis le début … je le sais maintenant. J’ai aimé, comme on aime offrir, et le goût de sperme dans ma bouche ne m’a pas gêné comme je l’avais toujours craint.
On n’essaie pas assez … croyez-en une femme qui n’avait pas essayé grand-chose jusque-là !

Il fermait les yeux quand je me suis allongée près de lui en travers du lit. Il reprenait son souffle les bras en croix pendant qu’appuyée sur un coude je caressais sa joue en embrassant doucement ses lèvres closes et sèches. Il est resté longtemps ainsi, et n’aurait sans doute pas bougé si je n’avais pas attiré une main sur mes seins mes doigts noués aux siens.
Je n’étais pas déçue qu’il n’ose pas un geste vers moi, pas déçue non plus qu’il ait déjà joui à deux reprises et qu’il ne m’ait pas fait l’amour. Bien sûr j’étais excitée et je me savais aussi mouillée que possible mais j’étais bien comme ça, une jambe passée sur les siennes dans la chaleur de l’après-midi. J’avais abandonné sa main sur mon sein qu’il caressait tout doucement, du bout des doigts, évitant toujours le téton « … tu me chatouilles … c’est pas fragile tu sais … enfin pas trop ! »
Il a retiré sa main pour prendre la mienne, l’a reposé sur mon sein, le sienne par-dessus la mienne, invite muette de ses yeux, d’un soupir contre mes lèvres.
Ses doigts enveloppaient les miens qui étirait un téton, couvrait ma main qui pressait un sein, suivait ma main qui descendait sur mon ventre et glissait sous ma culotte, la mienne dessous, la sienne l’accompagnant au-dessus du coton blanc … « enlève-la » … il s’est assis sur le lit pour baisser la culotte sur mes cuisses en me la laissant aux genoux et est resté assis, me tournant le dos, reprenant ma main sous la sienne pour la guider entre mes jambes.

Avec Simon aussi, pendant qu’il me fait l’amour, je me caresse, pas toujours, pas souvent, mais jamais comme ce jour-là pour ses yeux et sa main doucement posée sur la mienne.
Je me souviens … après un moment où j’osais à peine, d’avoir gigoté pour me débarrasser de la culotte qu’il avait laissé à mes genoux pour ouvrir grand les jambes. Je me savais, je me voulais, impudique à m’ouvrir à ma main à ses yeux.

C’était bien ? Devinez … et rajoutez quelques superlatifs et des points d’exclamation !

Une main sur son épaule … je le voulais tout contre moi, qu’il me prenne dans ses bras, un baiser … son regard si sérieux sous ses longs cils de fille … un coup d’œil, un sourire énorme qui me venait. Il bandait à nouveau ! « viens sur moi, viens … » … un flash : préservatif ! mais je le guidais déjà en moi, mes talons sur ses cuisses, l’attirant à pleins bras pour qu’il s’allonge sur moi. Je voulais son poids, son torse appuyé sur mes seins et son souffle dans mon cou.
J’ai joui avant lui à le sentir tout au fond de moi.

Il se rhabillait, enfouissait son slip tâché dans la poche de son short « laisse-le, je le laverai, donne ! … je te le rendrai demain … quand tu veux … 11 heures ? ».

Patou. Je l’écoutais raconter sa journée, ses copains. Simon le soir au téléphone. Une pointe de culpabilité, vite passée, très vite. Je chantonnai sur la balancelle le soir sous le regard surpris de Patou, je chantonnai le matin quand elle est partie.
A 10 heures j’étais prête, fraîche et nette, lavée et parfumée, encore hésitante cependant, je m’en souviens … comment ? J’ai fini par décider t-shirt court bleu à fines bretelles et seins nus dessous, petit slip blanc taille basse qui mord sur mes fesses.

Ce jour-là, et le lendemain aussi, il attendait de moi le premier geste, et tous les jours je m’étonnais de ce sexe raide tout le temps, de mon désir tout le temps.

Ce n’est que le vendredi qu’on a parlé un peu, et quels mots !
Pas les mots exacts, mais pas loin. Ecoutez !

— Tu sais que normalement, il faudrait mettre des préservatifs.
— Oui, je sais.
— Avec moi, tu ne risques rien, mais avec d’autres … Dis-moi … j’étais la première … avec toi … non ?
— … oui … j’avais jamais … avec une fille …
Parce qu’il parlait de moi comme d’une fille et pas comme d’une femme et que ça me faisait rire ? Parce que j’avais envie de le taquiner ? On était allongés nus en travers de mon lit. Sa main était posée sur mon sexe et jouait avec ma toison, je le caressais de mon index glissé entre son prépuce étiré et son gland encore rougi et humide de nos jeux … il venait de me caresser, plutôt bien, il avait fait de gros progrès en trois jours, il était doux et attentionné, je riais :
— Et avec un garçon ?
— … c’est pas pareil … j’ai plus l’habitude … j’avais un peu peur avec toi …
— Peur de quoi ?
— De pas y arriver … de pas savoir …
— Attends. T’as dit « plus l’habitude » … tu … tu as fait avec un garçon ?
— Ben … oui …
Je me suis redressée brusquement : Sida en grosses lettres rouges clignotait derrière mon front. Je ne riais plus du tout. Et aussi, un colère, un pincement, j’étais pas la première ! C’est idiot, n’est-ce pas ? cette vraie peur, légitime, et cette colère, comme celle d’une gamine à qui on a cassé son jouet ! Quelle bêtise ! Mais les deux me tenaient :
— Mais … mais ça va pas ! T’aurais dû me dire !
Il s’est levé et agenouillé au pied du lit devant moi, a pris mes mains dans les siennes :
— Je sais à quoi tu penses … t’en fais pas … on est clean … on a fait un test … et depuis, j’ai rien fait avec lui … je te jure … aucun risque … t’es fâchée ?
Il a posé sa joue sur mes cuisses en passant ses bras autour de ma taille :
— J’osais pas te dire … des fois les filles aiment pas … quand elles savent …

Je ne me souviens plus combien de temps a passé. Longtemps. Il ne bougeait pas, se serrait contre moi le visage osé sur mes jambes serrées. J’étais plus une ado. La légèreté avait brutalement disparue, m’étreignant de mes bras serrés sur ma taille tellement je tremblais. Fini l’ado. C’est la femme en colère qui parlait, sèche, envie de frapper ou de mordre :
— Cette histoire de test …
— C’est vrai … tout va bien … et puis j’ai jamais été qu’avec un, et lui aussi …
— Ça, t’en sais rien !
— Mais si … je peux te montrer si tu veux …
Rassurée ? Pas vraiment … j’ai basculée en arrière sur le lit, un bras sur les yeux. Les images et les idées se bousculaient dans ma tête. De toutes sortes. Des flashes sans queue ni tête, je me sentais flouée, trompée, envie de pleurer.
Me montrer … il parlait du test, bien sûr ! Et dans la suite de cette semaine folle, je pensais à ce qu’il pourrait me montrer d’autre … lui avec son … copain ? Comment ils s’y prenaient ?
Ses cheveux qui bougeaient et me chatouillaient, son souffle sur mes jambes, son souffle au creux de mon ventre, les images dans ma tête … je l’ai laissé faire, j’ai obéi à la pression de ses mains sur mes jambes … j’ai ouvert les cuisses à sa bouche. C’était la première fois qu’il me caressait de sa bouche, et les mains plongées dans ses cheveux je l’ai plaqué très fort contre moi à l’, comme en rage.

— Raconte-moi !
— Quoi ?
— Ce que vous faites ! comment !
Il était allongé sur le lit, moi assise en tailleur. Je n’avais pas voulu d’un baiser quand il s’était redressé ; il avait un air malheureux.

J’étais en colère, j’étais vexée. Fâchée, après moi, de m’être comportée avec autant de légèreté. Mais vexée aussi. De ne pas avoir été la première ? Je me sentais trahie. Et en même temps déjà ce jour-là je me savais injuste. C’est moi qui avait flirté avec lui, moi qui l’avais attiré dans mon lit. Moi qui avais été si flattée et fière de plaire à un jeune-homme comme lui. Moi et ma petite vie que j’avais mise entre parenthèse !

— Alors ?
Il détournait le visage, ses beaux yeux bleus pleins de larmes qui alourdissaient ses longs cils de filles …
— Tu le caresses ?
Il hochait la tête. Je me suis approchée pour balayer une mèche sur son front, relever son visage d’un doigt sous le menton :
— Lui aussi ? avec sa bouche ? Il te suce ?
— … moi …
— Pas lui ?
— … non …
— Il jouit dans ta bouche ?

C’est très bizarre d’y repenser. Je m’en voulais sur le moment, et ça me fait honte aujourd’hui de l’avoir traité ainsi. Disons que je n’étais pas vraiment moi-même. Je m’en suis excusée auprès de lui, plus tard. Sur le moment, il pleurait. Et sur le moment, moi, j’étais excitée … de ça aussi j’ai honte. C’est ainsi.

Il haussait les épaules, et j’ai compris que c’était oui. Avant ? Après ? Je ne sais pas exactement à quel moment j’avais pris son sexe dans la main pour le branler durement, et je serrais son scrotum de l’autre, il n’y avait rien de tendre dans mes gestes.

— Et après ? Vous vous arrêtez pas là, quand même ? lequel de vous deux … encule l’autre ? Tous les deux ?
— …lui.
— Pas toi ? Ah bon ! Et pourquoi ? Toi t’aimes ça et pas lui ? T’aimes ça ?

Il a joui et son sperme giclait à longs traits sur son torse.

On s’est quittés sans un mot de plus. Lui malheureux, moi fâchée après moi, après lui, sachant que mon attitude était injuste, mais incapable de faire un pas vers lui.

Simon a passé week-end avec nous. Rien à dire. Un week-end. Lui écoutait distraitement Patou lui raconter son stage entre deux coups de téléphone, moi je ne me sentais pas très bien.
Plus du tout à cause de ma crainte de maladie qui m’avait pourtant fichue une sacrée frousse. Je me sentais mal à cause de Vincent, de la manière dont je l’avais traité. Il aurait pu me parler ? Me prévenir ? A aucun moment je ne lui en avais laissé l’opportunité ! Comment aurait-il pu ? Du début à la fin je m’étais comportée comme une égoïste, uniquement préoccupée de mon propre plaisir.

Le lundi, je suis restée à la maison. A réfléchir ? Plutôt à me cacher …

Mardi. Je suis arrivée au club tôt le matin, sans idée précise sur ce que je souhaitais, prête aussi à ce que Vincent me tourne le dos.
Il était déjà là, à travailler sur les courts. De la terrasse je l’ai regardé ajouter quelques pelletées de terre battue, arroser et passer le filet pour égaliser, balayer les lignes.
Je l’ai rejoint sur le court tout au fond à l’abri des regards :
— Je voudrais te présenter mes excuses … je ne sais pas ce qui m’a pris. C’était pas bien. Pardon.
Un petit sourire, très bref, un haussement d’épaules :
— C’est ma faute … j’aurais dû te dire … avant.
Un baiser au coin de ses lèvres, une main sur sa joue. Je suis partie.

En début d’après-midi mercredi je prenais le soleil dans le jardin quand j’ai entendu une petite toux derrière moi. Vincent. Il me tendait une marguerite cueillie dans l’allée.

Je me suis levée de ma chaise longue et je l’ai pris par la main pour le conduire dans la chambre : mon envie de lui était différente, mais toujours aussi forte et déraisonnable.
Tête basse mais avec le sourire, il a sorti un préservatif de sa poche pour me le tendre.
On ne s’en est pas servi. Et de tout façon, un seul, c’était bien trop peu !


Immorale ? Peut-être. Peut-être pas. Jugez-moi ou pas, peu importe.

Un jeudi de fin juillet, je suis allée rejoindre Simon : pour le voir, et parce que j’avais besoin de quelques affaires pour Patou, un prétexte.
Le soir, nous avons fait l’amour. Ou plutôt, « je » lui ai fait l’amour. C’était vraiment bien. Il était surpris. Agréablement.
Le lendemain au petit-déjeuner, je lui ai tout raconté de mon début d’été. Vraiment tout.
Je l’ai raccompagné à son bureau.
— Tu as remarqué que ta stagiaire est bien jolie ?
— Qu’est-ce que dis ?
— Je te dis que ta stagiaire est jolie. Et je peux ajouter qu’elle te regarde avec des yeux gourmands. Je comprends ça. T’es plutôt pas mal …
Simon riait en secouant la tête. Il n’avait pas dit un mot quand j’avais fini de lui raconter mon début d’été. Juste un baiser en quittant la table et son bras autour de ma taille sur le chemin du bureau. Juste ça … et c’est beaucoup, non ?
— Tu devrais la regarder de plus près … donne-lui sa chance, Simon.
— Qui te dit que ça me plairait ?
— A elle de choisir, non ? … Simon, quoi qu’il se passe je t’aime et je vais un peu changer notre vie … c’était bien, hier soir, non ? On se laissait aller …
— On en reparlera ce soir, sauve-toi !

Je n’avais pas l’intention de traîner. Vincent m’attendait à midi. Et je n’avais pas pris que les affaires de Patou à la maison : j’avais aussi glissé, dans mon sac à main, après avoir vérifié l’état des piles, l’objet dont je lui avais parlé. Un peu gros ? Il ne s’est pas plaint.

Voilà ! Mon histoire était longue, et mon histoire est finie.
C’était l’an dernier. Je vais bien, Simon va bien, nous allons très bien ensemble, réveillés à notre vie de couple.

— Pourquoi je vous ai raconté cette histoire ? Allons mademoiselle, vous avez bien une petite idée, non ? C’était pour vous dire que vous n’êtes pas la première à qui je montre ma culotte … et que j’aime la vie, et ses plaisirs ! Et vous ?

Misa – 10/2013

Comments:

No comments!

Please sign up or log in to post a comment!