Petite Caille (Texte Revisité Par L'Auteur)
Elle était comme Peter Pan : cétait une fille qui ne voulait pas grandir.
Cest à cause de son premier amour. On le dit toujours, un premier amour ne soublie jamais, jamais, on le cherche toujours, dans dautres amours, toute sa vie on court après
Son premier amour à elle sétait mal terminé : le garçon, un jeune gars de quinze ans, sétait tué dans un accident stupide de mobylette ; ils avaient eu juste le temps de saimer. Tant et si bien que, pendant quelques semaines, elle avait vécu à la fois lhorrible drame et, simultanément, la crainte et lespoir dêtre enceinte. Balance entre deux avenirs, porter la vie le fruit de cet amour limmortalité et le poids inouï dune vie fermée verrouillée par un à venir, à aimer, à élever.
Le destin lavait libérée : la main de Dieu na pas voulu quelle portât une aussi lourde charge.
Mais elle avait été marquée au plus profond : elle ne voulait plus grandir.
Elle navait cependant pas de réticence à flirter, à faire la fête, à faire la folle ; elle riait avec les copines, elles sortait avec les garçons, elle buvait, elle dansait, elle aimait même sans retenue. Mais elle semblait bloquée dans sa tête à cet âge où sa vie avait éclose dans les bras de son amoureux. Dans sa tête et dans son corps.
Dans son corps de fille saine de dix-huit ans à peine.
Elle avait gardé sa coiffure de gamine au carré avec frange. Elle ne se maquillait pas, pas même de vernis transparent ni de mascara sur les cils. Elle restait nature.
La Nature
avait compris, elle la Nature, ce quétait cette fille : ses seins étaient ébauches, zests, pas même tétés, juste des devenirs peut être, des brouillons, des seins comme les filles en ont à treize-quatorze ans. Elle avait ces petits seins à peine formés qui ne remplissent même pas la main mais déjà sont durs à lintérieur et promettent avec leurs tétons pointés une vie pleine, une vie de nibars sensibles, chaleureux et affectueux.
Pareil pour sa taille et ses hanches : son thorax et son abdomen restaient droits, non marqués, non découplés, exactement comme ceux dune .
Elle nétait pas ta, non, le contraire même. Une ta, cest une vraie femme avec un corps de femme. Une ta cest une gamine précoce. Là on était exactement dans le contraire, une femme qui était restée gamine par un accident dans sa tête qui avait trouvé résonance dans son corps.
Tout ça pour expliquer quelle était comme Peter Pan : cétait une fille qui ne voulait pas grandir.
Nous, on la connaissait comme ça mais pas plus. A la fac les filles un peu strange sont pléthore. Celle-là nétait guère plus bizarre que les filles des Cévennes, parpaillottes coincées qui découvrent à vingt ans le monde, la vie, leur corps et les gachettes qui les font vibrer. Pareil pour qui a connu une Camarguaise, fille de marécages, de bioux noirs et de chevaux blancs, velue, noiraude, sauvage, inaccessible Margoton des roubines.
Nous, on la acceptée comme elle était, sans se poser de questions sur ce qui lavait faite ainsi. Ici dans le Languedoc, variété et fantaisie sont Loi Commune de notre vouloir vivre ensemble.
Elle avait une piaule dans un grenier chez des Bourgeois locaux qui avaient construit leur pension de retraite sur lhébergement détudiantes montpelliéraines. Un grenier gelé lhiver malgré son poêle carré à grosse bouteille butane et fournaise lété quand on rentrait dune après-midi de révisions, avec les copains, du coté de lEspiguette.
Cette fille était simple et bonne. Elle préparait des tapas dont on se régalait après lui avoir fait lamour, histoire de se requinquer. Elle poursuivait sans grande conviction des études de médecine et lon voyait bien quelle serait un toubib empathique dont le diagnostic vaudrait plus par sympathie avec le patient que par compétence, connaissance, maîtrise clinique
Il nempêche que tous on avait compris quelle avait un problème quelque part dans sa tête.
Sa façon de shabiller déjà annonçait la couleur : ses chaussettes blanches quand toutes les filles portaient des bas ou des collants, sa jupe courte plissée bleu marine de collégienne, son chemisier blanc sage opaque sans rien dedans, sans rien dessous pour emballer ses petits seins de gamine, sa veste noire à boutons dorés de pensionnaire en sortie du jeudi
On pensait, nous, que cétait une aubaine cette fille un peu chavirée qui restait volontiers avec les garçons et tombait facilement la culotte Petit Bateau en coton cottelé sans poser de question, toujours contente, ravie même, de ce qui allait lui arriver.
Moi javais eu plusieurs fois opportunité et jy avais trouvé mon compte. Elle navait pas de ces réticences des petites connes de la bourgeoisie du Clapas. Elle se blottissait dans mes bras avec tendresse et javais immédiatement compris que, si je nétais pas le premier, du moins étais-je un garçon pour lequel elle avait du sentiment. Quand elle a, la première fois, dégagé ma bite du futal et du slip, jai là encore compris que je navais pas affaire à une débutante. Son odeur de femelle le criait. Comment aurait-on pu penser comme ça, à sec, que cette gamine exhalait à ce point le sexe la luxure le sperme ?
Moi je nosais même pas passer ma main sous ses jupes, tant jétais ému
Mais je me suis fait violence. Sa culotte était dun autre siècle, dune autre époque, large, emboîtante, serrée en haut des cuisses. Mais elle était aussi parfaitement contemporaine à cette fin du vingtième siècle, toujours trempée du gousset comme celle dune jeune mariée.
Ma main a empaumé le mouillé. La fille a gémi, elle a chanté. Cétait vrai miracle de sentir sous mes doigts cette gamine inexpérimentée vibrer sous larchet comme une épouse de vingt ans ou plus son ainée.
Mais très vite cest moi qui ai déchanté car, après mavoir longuement et superbement sucé, elle a refusé mon offrande, a refusé que jenfile ce que javais à proposer.
Jai dis en confidence aux copains ma mésaventure. Et jai su alors que je navais pas été le seul
La fille navait aucune retenue, question cul, sauf quelle ne baisait pas
enfin pas vraiment
Finalement, ai-je pensé, cest conforme à ce look quelle traine, de gamine coincée. Jaurais du me méfier, jaurais du prévoir
Mais nous, on la vite su. Et on a su aussi comment y faire : prendre ce quelle avait à donner et ne pas se faire mouron pour ce quelle navait pas envie de partager. De ce quelle ne donnait pas, nous, on a pris habitude, on a su se passer.
Le temps étudiant a coulé et la vie active nous a, finalement, happés. Elle a décroché son diplôme, moi le mien et chacun, de notre coté, avons vissé nos plaques. Elle, à la ville, moi à Uzès, gros bourg de Toscane gardoise.
Montpellier est ville ouverte à toutes excentricités. Mais ce trouble là, les Montpelliérains ne le connaissaient pas
Pensez, un toubib de seize ans à tout casser, fraiche comme jamais une étudiante en première année de médecine aurait pu le rester, sapée comme une gamine de communale Nintendo, super Mario, bizounours, avec une voix de marelle, de un-deux-trois-soleil, amours sucrées
Rien ne fonctionnait. Les hommes nosaient même pas avouer les symptômes qui les avaient amenés dans son cabinet. Les femmes refusaient de se confier à ce spectre de leur adolescence lointaine passée.
Comment espérer, dans de telles conditions, remplir cette noble fonction dHypocrate ? Très vite lévidence sest faite et elle a compris que le moment était venu de renoncer à son éternelle enfance.Elle avait été comme Peter Pan, une fille qui ne voulait pas grandir.
Mais ce nest pas si facile de changer, de devenir ce que, pendant si longtemps, vous avez refusé dêtre.
Et bien entendu personne pour comprendre
Bien entendu des hommes, tous beaux, tous amoureux, aimables, respectables, des hommes quon prendrait chacun volontiers pour partenaire de vie de famille de société toute une vie, et pas un à qui oser raconter cet accident de mob qui a bloqué ses neurones en court-circuit de méninges et couches externes, lieu des émois dordre sexuel selon la faculté
Elle na rien voulu changer de ses comportements sociaux, de sa façon de shabiller, de ce look quelle arborait de gamine prépubère en contradiction totale de son odeur de femelle en rut quaucun parfum ne venait couvrir, camoufler, de sa voix rauque de femme sexy qui disait des propositions troubles et ambiguës là où lon croyait entendre des babillages de tendre bébé.
Sa vie est devenue étrange.
Ses qualités de médecin étaient évidentes et sa patientèle a crû, confiante. Son cul, exacerbé par cette attitude, est devenu un must dont tous rêvaient sans oser tendre la main, tant il était inaccessible à leur petit entendement. Hommes comme femmes. Elle en était désespérée.
Imaginez un instant cette femme, trente ans, brune châtain une couleur qui nexiste plus tant dautres teintes en mèches ou pire lont reléguée, tyrannie de lindustrie chimique du siècle, imaginez un instant cette femme, propre sur elle sans tous ces artifices de salon desthétique, sans ce rouge de clown sur les lèvres sur les ongles, imaginez cette femme en vêture de collégienne alors quelle se prétend Docteur en Médecine
Les femmes en mouillaient leur fond de collant en pensant des histoires de lycée, dintimité avec copine aimée, des confidences secrètes.
Les hommes, plus prosaïquement, en bandaient haut et dur en mémoire dune voisine, dune copine décole depuis longtemps oubliée mais dont le rond du sein avait troublé vingt ans dinsomnies adolescentes.
Cette femme tombait les coeurs sans conscience de son effet, de son pouvoir. Cette femme aurait voulu pouvoir le faire, elle le faisait mais ne savait pas comment la chose se faisait.
Peter Pan, refuser de grandir, est-ce là la baguette magique, la martingale fabuleuse, leffet Harry Poter ?
Pourtant combien de fois avait elle virevolté en habit de collégienne dans un cocktail huppé, sa culotte de coton fraiche ouverte à toutes propositions, et était restée sur la touche, sur sa faim, ignorée des hommes
Comme si les hommes navaient, passé trente ans, plus aucune ambition sauf celle de leur vie professionnelle.
Curieusement cétait les seniors qui gravitaient autour delle. Plus encore les femmes que les hommes. Comme si cette dichotomie adulte- qui troublait tout le monde nétait pas une barrière aux gens plus âgés, aux femmes en particulier.
Les femmes seraient-elles enclines à la pédophilie ? Homophile en plus ?
Elle jouait de ses habits et provoquait le malaise en jupe courte Cyrillius et petits hauts Princesse Tamtam sans parler de ses dessous Petit Bateau ou Teenform. Comment penser que cette petite minette tout juste échappée du collège pouvait consulter quatre jours par semaine, non conventionnée, en ville et le mercredi en sus chef de service au CHU ?
Un jour Peter Pan a voulu renoncer à son éternelle enfance. Elle ma téléphoné. Elle a dit, au nom de notre amitié il te faut maider.
Moi, je nai pas compris tout de suite. Moi je laimais tant et pas que damitié. Moi jétais resté loin, dans ce gros bourg dUzès, toubib de famille, presque suspect aux yeux des indigènes dêtre encore, à trente ans, célibataire. Mais mon coeur était pris et son appel ma transporté.
Trois jours durant jai rêvé delle, et jai repassé les films de nos nuits amoureuses dinternes, de ces nuits de préliminaires enchaînés sans fin et de ces aubes sans aboutissement, sans lapaisement. Jai pensé, voilà tant de temps que jai quitté Montpellier et nai jamais voulu y retourner. Je lui ai dit, va laisse la ville, la métropole et viens ten me retrouver ici.
Elle est venue ce samedi de la fin mai. LUzège est une Toscane, merveille déquilibre de nature, dhumanité, de culture.
Sa silhouette svelte un peu gourde de gamine ma immédiatement ému quand elle est sortie de la TT. Elle portait, comme au bon vieux temps, un collant clair sous un teeshirt multicolore long, ouvert par coté aux hanches, qui couvrait ses fesses et son devant en arrondi. Manifestement elle navait rien dautre. Ses pointus déchiraient le devant effrontément et quand elle est descendue de voiture jai aperçu lentrejambe moulant impudiquement sa vulve. On lui donnait quinze ans. Et moi je bandais en repensant à tous ces trucs quelle savait faire et quelle mavait fait et que jamais on aurait pu croire ça delle à la voir comme ça dans son Audi, avec son air à conduire déjà sans avoir encore le permis.
Jai cru intelligent de lui faire visiter la vieille ville. Et nous avons, mon bras à sa taille, serrés lun contre lautre comme frère et soeur de sexe et de tendresse, parcouru les ruelles et trainé dans les échoppes des artisans dart locaux.
Mais cétait oublier ma clientèle
Celle-ci a su me rappeler les convenances : Docteur bonsoir
votre fille ? Docteur bonjour
votre nièce ? Docteur, il me faut venir vous voir
une stagiaire ? Docteur, jai mal là, voyez
une Ukrainienne peut être ?
Même les copains du golf me charriaient : Salut toubib
et bien tu les prends au berceau en ce début dété. Tu nous lamènes au prochain scramble
ta petite protégée ?
Et moi, curieusement jen bandais de leurs remarques et je serrai encore plus fort contre moi ce corps souple et charnu dont je connaissais par coeur chaque villosité mais que je navais jamais comblé, désespoir de destin de jeunesse manqué.
Elle riait de tous ces gens, mes amis, mes voisins, mes patients qui, au hasard des rencontres nous interpelaient. Uzès est un gros village et le toubib une sorte de people qui fraie avec la population
Moi je me voyais déjà taxé de pédophilie, on me découvrait amateur de chair fraiche lutinant les gamines à peine nubiles, on disait déjà, attention le Docteur, vaut mieux pas lappeler si la petite chope une angine
serait capable de lui faire un toucher rectal pour affiner son diagnostic.
Bon, je riais moi aussi car les rumeurs ne prennent que si le terrain est favorable et moi je ne craignais rien. Jétais toubib de confiance de tous ces Uzétiens et aucun navait dinquiétude quand je palpais les seins de leur femme façon mammographe.
Nempêche que ce petit tour de ville au bras de mon aimée, manifestement de quinze ans ma cadette, mavait sacrément émoustillé. Jétais comme un âne, javais du mal à marcher et je profitais de chaque recoin pour marranger et remettre en place le service trois pièces qui cherchait à séchapper. Elle était complice et respirait le bonheur et moi je laimais.
On est arrivés chez moi et avant de la mener à létoilé où javais réservé une table, je lui ai fait les honneurs de ma maison.
Jétais tellement dans lidée de laimer que je ne lui ai ni montré le jardin, la piscine, le coin barbecue, ni le salon, mon bureau, la bibliothèque, non, je lai menée direct à ma chambre.
Le soleil se couchait et inondait le grand lit Thulé. Je lai, en deux mouvements parfaitement synchronisés, dévêtue. Son teeshirt par dessus la tête a valsé sur un fauteuil bois blond cuir noir scandinave son collant est lui resté, retourné comme un doigt de gant, dans mes mains, alors quelle roulait en arrière sur le lit bas, les cuisses hautes et le rire tonitruant.
Ma libido a failli exploser quand jai eu sous les yeux son intimité glabre, son abricot de gamine attardée. Jai pensé, tu las sucée, tu las caressée, tu las bue, tu y as vécu des nuits entières le nez dedans plein des sucs, des arômes, des goûts. Maintenant, aujourdhui, voici laboutissement, tu vas y planter ton toi et y déposer, enfin, ton offrande.
Mon idée était claire
La sienne aussi
Nous avons été sans délai lun dans lautre et, comme nous avions attendu longtemps, les choses nont pas tardé : je me suis senti éclater en feu dartifice inouï karchérisant sans fin le fond de son coeur et elle ma accueilli en générosité recueillant en longues aspirations gluantes au fond delle chacune de mes giclées, même les dernières, les ultimes, les celles des derniers spermatos tous frais fabriqués de la veille, du matin même.
Au resto, elle portait une robe dété et je savais que dedans sa robe elle était nue. Je savais que des millions de petits moi coulaient sur ses cuisses et seraient, tout à lheure, séchés, rugueux sous mes doigts inquisiteurs. Des doigts qui encore et encore chercheraient son antre visqueux et ses replis pour visiter, pour toucher, tâter, connaître, aimer.
Au resto on nous avait accueillis chaleureusement, placés à la table ronde des amoureux, devant la fenêtre, sous le lustre de cristal, en parade pour toute lassemblée rassemblée ce soir de fin de printemps en Uzège, premier Duché de France donc du monde
Elle était belle, si belle et moi je savais quelle avait tourné la page quelle avait en quelque sorte, viré casaque. Moi je savais que ce nétait pas un enterrement de vie de jeune fille mais que ça y ressemblait.
Jétais lartisan de cette transformation et croyez moi, rien que penser cela, me rendait fier. Et tout Uzès était à mes cotés pour accueillir cette très jeune fille que javais choisie et que je leur présentais pour la prendre et pour la garder.
Peter Pan a viré sa cuti et moi je ne suis pas mécontent.
Rien nest meilleur quun truc quon a attendu longtemps, vrai
jpj, Uzès octobre 2013
Comments:
No comments!
Please sign up or log in to post a comment!