Qui Est Là ?
Il y a quelquun ? Non
pourtant
On se retourne, on fronce les sourcils, cette drôle dimpression quon a, dune présence, juste là, derrière dans le noir, ce picotement sur la nuque
Jamais personne. Et pourtant
cette sensation
et ce bruit, cétait quoi ? comme un frôlement, un froissement de tissu
et là, on rêve pas là ! il a bougé, le rideau ! non ?
Sous un lit, au fond du couloir, dans un creux dombre, derrière un arbre la nuit quand on rentre tard, ou au fond du garage derrière le tas de bois, dans un coin sombre dans la cave, et ce placard, ces habits
ils ont bougé ? On sort de la douche et comme un courant dair, une porte qui grince ? vite ! un peignoir enfilé sur la peau encore mouillée, et les bras quon serre autour de soi
Qui est là ?
Mireille a dit à Babeth, sa copine : « javais limpression dêtre suivie ».
Ces quelques mots suffisaient. Elle a toujours une explication pour tout, Babeth, et beaucoup de choses à apprendre à Mireille. Cest fait pour ça les copines !
Mireille ? Elle est
comment dire
fragile ? nature ? ou
dune nature fragile ? Vous verrez bien !
Journal de Mireille :
« « Maintenant je sais. Cest Babeth qui ma dit !
Babeth cest ma copine depuis quon était ensemble au Lycée. Elle travaille dans un labo, maintenant, elle fait le ménage et moi jaide mon père à lépicerie. On se voit le soir. On discute. Elle sait des choses, Babeth.
Mon père dit que je suis pas dégourdie mais Babeth, elle mexplique plein de trucs, et faut pas croire, je suis pas si bête que ça, quand on mexplique, je comprends.
On était dans sa chambre, un soir, on avait juste allumé des bougies.
Elle ma dit
» »
Ecoutons Babeth
« «
ils mont embauchée après le BEP, pour moccuper des singes et faire le ménage. Les singes, je nettoie leurs cages, je leur donne à bouffer.
Bizarres ces singes. Au début ils étaient agités, ils criaient souvent, ils se balançaient aux barreaux de leurs cages, des fois même ils se tripotaient, taurais vu ça ! cétait marrant ! Début mars, les uns après les autres, ils sont devenus tout calmes, ils criaient plus, ils me suivaient des yeux tout le temps, tu vois, comme attentifs, on aurait dit les fayots au bahut, ceux qui sassoient toujours devant, tu te rappelles ? Je me souviens plus son nom, celui quavait plein de boutons, on lui avait piqué son froc au gymnase ! même sur le cul il avait des boutons ! Eh, ben pareil
tout sages les singes à la fin !
Irina et Ludovic, cest mes patrons, ils ont changé eux aussi. Toujours à courir partout au début, surexcités, et maintenant
plus pareils. Changés. Bizarres.
Marc, mon troisième patron, les premiers jours, il pensait quà une chose, me coincer dans la resserre ou me surprendre dans le vestiaire, me mettre la main aux fesses dans les couloirs, me peloter les seins quand javais les mains occupées. Je râlais, normal ! mais cétait pour la forme ! dans le fond, ça me plaisait bien ! Pour le vestiaire, je faisais exprès : je savais bien quil matait depuis la grille daération qui donne dans le sas dentrée, alors je lui faisais des strip-tease dans les règles. Il en a jamais profité, ce con ! Faut tout leur dire à certains ! Dailleurs jallais le faire, et puis
lui aussi. Différent.
Cest pas que je sois curieuse
mais jaime bien savoir ce qui se passe. Je fouine un peu, quoi ! Pas pour en causer, enfin
sauf à toi, mais tes une copine, ça compte pas, ni faire des histoires, juste pour savoir
bon si tu veux !
je suis « un peu » curieuse !
Ils étaient plus pareils, je te dis. Et puis javais des impressions bizarres
je me suis planquée et je suis restée un soir
En montant sur un bidon dans le placard où on range les produits de ménage, on voit ce qui se passe dans le labo à travers les bouches daération.
Tiens, dailleurs, cest de là que javais vu Irina et Ludovic baiser un midi.
Lui, il baisse juste son froc, cest con, on voit rien, alors quelle, elle se fout à poil pour baiser. Mais elle je men foutais, je lavais déjà vue dans le vestiaire un jour, elle a un gros cul et des seins rikiki, moi cest lui que je voulais voir à poil. Marc je lai vu une fois. Ouais, elle baise avec lui aussi, mais pas en même temps, pas toujours. Là elle le suçait, je voyais tout. Si seulement il mavait demandé
je suis sûre que je suce mieux quelle ! Elle y allait du bout de ses lèvres en cul de poule, comme si elle suçait une prune au lieu de lui bouffer la banane ! Tu peux pas savoir, tas jamais fait toi
Tiens, dailleurs, tu connais Momo ? le gars qui est toujours dans lentrée, tas dû le croiser en montant ici, je te le présente, si tu veux ! Lui il sen fout que tu sois
il se fout de tout, lui ! Tas juste à me dire et je tarrange le coup
Ouais, je te disais, un soir, je surveillais
Quoi, jespionne ? Je me renseigne, cest tout ! Normal, non ? Après tout, je bosse là-bas ! I
Ils étaient en train de ranger leur matériel dans leur labo
le matin, quand je viens passer un coup de serpillère, y a rien qui traîne, tout est rangé
ils rangeaient des petites fioles, comme des ampoules, pleines dun truc vert, dans leur coffre-fort. Jentendais rien parce quils parlaient doucement
quand ils baisent jentends un peu, Irina elle crie, cest marrant, elle couine comme un cochon
là, jentendais rien, mais ils avaient lair super contents, même quaprès ils ont bu du Champagne !
Dhabitude, leurs trucs dexpérience, ils les rangent dans les armoires, mais là, cétait dans le coffre, comme les choses vachement importantes !
Moi aussi les trucs importants je les planque, mais jai pas de coffre
ben non, je vais pas te dire où, tu viendrais pas fouiller ma piaule, mais quand même
tu caches rien, toi ? chez toi ?
Hein ? ton journal ! pff ! ta mère elle sen fout de ton journal ! et puis técrirais quoi comme secret dans ton journal ?
Ah ! Ouais.
Tu le mets où, dabord, ton journal ? Bah ! A moi, tu peux ! Sous ton matelas ? Ou non, attends, je parie quil est planqué dans ton armoire sous tes habits ! Eh ! tas rougi, cest ça ! Je men fous, tu sais, et puis je sais déjà ce que tas écrit dedans
tas raconté quand Fabien tas roulé une pelle, je parie, non ? Il ta mis la main ? Il fait toujours ça
Moi la première fois cétait
quoi ? tu savais pas ? Arrête ! Fabien, il a fourré la moitié des meufs du quartier !
Fais pas cette tête, cétait bien avant ! ça compte pas
tiens ! lui, tu devrais le sucer. Putain ! lui il aime ça ! et au moins, pendant ce temps, il peut pas te tripoter. Moi un jour, il ma fait vachement mal, il rentrait trop les doigts
je tassure, tu ferais mieux de lui faire une gâterie, la prochaine fois
mais non cest pas dégueu ! Atterris ! Toutes les nanas le font, tu sais ! Ben ouais, même ta mère ! Quest-ce que tu crois ! Tes vieux, ils sont comme tout le monde, ils baisent !
De quoi ? où ça il a mis les doigts? Tu te fiches de moi ? Dans la chatte, pardi ! où tu veux quil les mette ? Il a pas essayé ? Si ? Tu vois bien !
Non, tauras mal que la première fois, ou quand tauras baisé. Après cest cool
Et maintenant, mes patrons, ils sont bizarres eux aussi, comme les singes, pareil. Et puis les singes, les anciens, ils sont partis, plus là, mais ils en ont fait venir dautres, heureusement, sinon jaurais perdu mon boulot. Tu me vois bosser chez Franprix ? Non, je suis vachement mieux au labo
Les nouveaux singes ils changent aussi
et je sais pourquoi
jai vu ! Je savais pas ce que cétait leurs recherches, mais maintenant je sais, je sais ce quils ont trouvé, enfin, cest pas eux qui ont trouvé, je te dirai après
jy croyais pas au début, et puis cest arrivé plusieurs fois
un truc dingue !
Mais il faut que tu jures que tu répèteras jamais, à personne ! On serait dans la merde grave, toutes les deux ! Jure !
Je savais quils faisaient un truc aux singes, mais je savais pas quoi, pourtant je guettais, mais rien.
Je fais que normal, moi
y a
quoi ? 2 ans ? Cétait avec un mec de la cité, mais javais déjà pété lhymen toute seule
Lhymen ? cest le truc qui serre, dedans, quand tu baises, le mec il te le déchire avec sa queue, cest là que ça fait mal, mais quune fois, cest un truc qui repousse pas. Quand cest pété, cest pété pour toujours
ben tu dois bien le savoir quand même, quand tu mets tes doigts, tu sens bien
tu déconnes ! que je regarde ? jai jamais maté une fille, moi
Tu te souviens de Mag, au bahut ? Celle qui se bécotait avec la rousse dans les couloirs, eh ben elles se sont trouées la chatte ensemble ! Tas quà lui demander à elle !
Un soir, je les ai vus faire des piqûres aux singes, avec des seringues remplies du truc vert que je tai dit quils planquaient dans le coffre, et le lendemain, pschitt, plus de singe !
Il revenait que deux, des fois trois jours après. Et je les ai jamais vus les faire sortir ! Pourtant je partais après eux pour pas quils me voient quand je planquais, et le matin jarrivais en même temps queux
je savais pas ce quelles devenaient, ces bestioles
jai su quaprès, le mois dernier
Comme dhab, jétais restée un soir, cachée dans le placard. Ils étaient restés tous les trois.
Moi je croyais quils allaient faire leurs cochonneries tous ensemble comme une fois avant
Si ! on peut, à plusieurs ! tes conne ! au début elle en suçait un pendant que lautre la baisait et après ils la baisaient tous les deux ensembles. Cest une grosse cochonne, je te dis, Irina !
Des fois ça me fait des choses de les regarder
Jai failli me casser la gueule du bidon, une fois. Javais baissé mon futal pour
pour le faire, quoi, mastiquer, et puis jai glissé quand cest venu et cétait moins une que je me casse la gueule. Timagine ? sils mavaient trouvée le cul à lair dans le placard à les mater ? Remarque, ptêt quils mauraient baisée aussi ! Tu fais souvent toi ?
Ah ouais, quand même ! Faut vraiment que tu te trouves un mec !
Ouais, ça fait un peu mal, mais pas tant que ça, ça brûle et puis tu saignes, et cest bon pour après
Pourquoi il se foutrait de toi ? Y en a qui aime ça, au contraire, ça les rend fiers, ces cons-là
Le soir où ils sont tous restés, ils ont pas baisé. Tu sais quoi ?
ils ont fait un piqûre à Ludovic avec le truc vert, dans les fesses, et puis ils sont restés là, ils attendaient je sais pas quoi, ils parlaient plus
deux heures sur mon bidon à attendre, je te dis pas lenvie de pisser que javais ! Ouais, vas-y, deuxième porte
quest-ce que tu fais, tas un coup de chaleur ?
non, je men fous, tu peux aussi virer ta culotte, ça me gêne pas ! dailleurs tas pissé dedans, on dirait
eh, je disais ça comme ça
tu pouvais la garder ! Waouh ! tes vachement poilue, toi !
moi, moins quand même
Attends, je vais pisser dabord moi aussi
si Mag nous voyait, ça la ferait marrer, on se moquait delle, on lappelait la goudou, tu te rappelles ? Cest pas Momo que je vais tamener voir, cest elle !
je suis restée deux heures sur mon bidon ! je te dis pas comme cest long ! A un moment, je suis descendue et jai pissé dans un seau, jen pouvais plus ! et quand je suis remontée
oh ! tu te tripotes, là, je rêve pas
plus de Ludovic ! Les deux autres avaient pas bougé, ils étaient toujours assis sur leur chaise. Ils attendaient, je savais pas trop quoi, ils discutaient mais jentendais pas ce quils disaient, ils rigolaient de temps en temps, cest tout. Au début ils faisaient la gueule, comme sils avaient les chocottes, mais là, ils avaient lair contents.
Pendant deux jours, pas de Ludovic, mais cétait bizarre, ils parlaient tout seuls
et ils arrêtaient quand ils me voyaient
et ils recommençaient quand ils croyaient que jétais partie.
Cest là que jai commencé à voir des trucs chelou
des trucs qui tombaient, des portes qui souvraient toutes seules, cétait super flippant
tu mécoutes ou tu te tripotes ?
jai limpression de parler dans le vide
cest normal, deux doigts ça doit serrer, non ?
moi, cest parce que le mec voulait me sauter, et puis je lui avais dit que javais déjà fait avec un autre
jai fait avec le spray de déodorant, javais mis du produit à douche
Ici ? tes chiée, quand même
ouais, on est copines, mais bon ! Allez, finis, et puis je continue à te raconter après. Non, moi, là, jai pas envie.
ça y est, cest bon ? Essuie-toi avec ta culotte, ça va tâcher le couvre-lit, sinon ! tu mouilles vachement, toi
bon, je continue ? técoutes ?
des fois aussi, on aurait dit quil y avait quelquun derrière moi, qui me suivait partout. Deux jours après la piqûre quils lui avaient faite, le soir, ils étaient dans le labo, moi je matais depuis le placard.
Ecoute bien, je te jure que cest vrai !
Marc était assis à la table et il rigolait, Irina elle était à poil penchée sur la table et elle se secouait comme si elle se faisait baiser et elle gueulait comme si elle prenait son pied, je te jure, toute seule, sans se toucher, sans rien, et puis tout dun coup, jai pas compris tout de suite, y avait Ludovic derrière elle, à poil, en train de la fourrer ! Y avait personne juste avant, et tout dun coup il était là ! Super flippant !
encore ? tarrêtes jamais toi !
ouais, si tu veux, je te le prête, men fous
ici ? pourquoi ? tes chiée, tu pourrais faire chez toi
texpliquer quoi ? tu te le colles à la foufoune et tu lenfonces, cest tout !
bon, ok, mais pas sur mon lit, tu vas tout salir
je vais te le chercher, mais tes sûre ? tu veux pas le faire chez toi, plutôt ?
bon, mets-toi sur la moquette, je reviens
arrhh ! mais tes vraiment conne ! pas du côté du bouchon ! à lenvers ! laisse, je le tiens, écarte-toi bien la chatte
allez, appuie-toi dessus
oh ! eh ! je tavais dit que ça faisait mal !
waouh ! sors-le, maintenant, ça va ?
essuie avec ta culotte, tauras quà dire à ta mère que tavais tes machins
mais non ! arrête ! le cul, cest pas pareil !
oh putain ! tes un peu barge ! va le nettoyer, maintenant ! tes zarbi, toi, quand même !
doù il sortait ? tas pas compris, hein ? Réfléchis un peu. Dabord il était pas là, Irina qui prenait son pied, et tout dun coup il est là
la piqûre
ça y est ? tu piges ? et les singes qui disparaissent ? cest clair, pourtant ! Leur truc vert quils planquent dans le coffre
ÇA REND INVISIBLE !!
Et tu veux savoir le pire ? cest que les singes qui disparaissaient, eh ben ils sont dans la nature à se balader partout ! et puis encore pire, leur truc vert, je croyais au début que cest eux qui lavaient inventé, eh ben non ! un jour ils étaient occupés et y a un livreur qui est venu avec des cartons
jen ai ouvert un, et il y avait plein dampoules vertes dedans ! Tu comprends ? Dautres mecs connaissent le truc ! Alors ça veut dire que sûrement, y a des mecs, des nanas, même, invisibles aussi, qui se baladent partout !
Ça te la jamais fait à toi, davoir limpression quil y a quelquun qui se planque dans un coin de ta chambre ? ou qui te suit dans la rue ? Cest eux ! ceux qui se piquent avec ce truc vert, ou des singes, ou dautres bestioles, jen sais rien
des mecs qui te guettent et qui te matent quand tu crois que tes toute seule
Sil faut, y en a un là, sous le lit ou dans le placard, qui tas vu te mettre le spray dans la chatte et dans le cul, ça fout les jetons
Moi, des fois, jentendais des bruits dans la maison qui me réveillaient en sursaut, et quand je rentre tard, javais limpression dêtre suivie, comme toi quand tes venue. Maintenant je sais ! Cest les invisibles ! Cest sûr ! Faut faire gaffe à ce quon fait !
Avant je descendais dans la cave, en bas, mais plus maintenant ! Fini, enfin
si
mais plus toute seule, à nombreux comme on est, ça va. Et toi aussi tu devrais faire gaffe, maintenant que tu sais.
jen ai piqué, de leurs ampoules
et puis jai pris une seringue aussi. Ils ont rien vu !
mais, avec moi, ça marche pas. Ça doit pas le faire avec tout le monde, jen sais rien, je suis pas toubib, cest sans doute un truc de cellules, ce quon étudiait en SVT, jen sais rien
moi, après la piqûre, les gens, ils me voyaient encore. Cest con ! ça maurait fait kiffer de me balader partout sans quon me voit
timagines ? tu peux aller où tu veux, faire ce que tu veux
et personne sait que tes là !
quest-ce que tu ferais, toi, si tétais invisible ? mater ton voisin ? ouais, pourquoi pas
tu penses quau cul, toi !
daccord, cest marrant
mais aussi, ça me fout les jetons de savoir quil y des mecs qui se baladent et que je peux pas les voir
tas pas peur, toi, maintenant que tu sais ?
il men reste une, oui
à toi ? oula ! tu vois pas que ça marche ? pendant deux jours personne peut te voir
tes vieux vont croire que tas disparue
ils vont aller chez les flics, et tout,
ça se prépare, un truc pareil ! et puis lampoule, je lai planquée, elle est pas ici
faut réfléchir avant de se lancer dans un truc pareil ! » »
Journal de Mireille :
« « Voilà. Elle voulait pas, mais jai écrit quand même. Cest ce que Babeth ma raconté. Maintenant, parce que vous avez lu mon journal, vous savez aussi.
Et si vous lavez trouvé, cest quil mest arrivé quelque chose de grave. Cest les « invisibles » sûrement.
Ça membêterait que vous lisiez tout le reste, mais jai pas voulu arracher les pages, tant pis. Vous savez pour Momo et Fabien et leurs copains, ce quon fait dans les caves. Puisque je suis plus là, tant pis, ça mest égal. » »
Au deuxième étage de la rue Salengro, bâtiment 8, entrée 2, madame
x
lève les yeux vers le petit cadre doré posé sur la commode dans la chambre de sa fille, la photo de Mireille, qui sourit à lobjectif en se tenant bien droite, comme au garde-à-vous ; elle essuie une larme avec le mouchoir quelle avait glissé dans la manche de son gilet et se lève, prend sur le lit les draps quelle était venue chercher dans larmoire.
Elle avait hésité. Le journal intime de Mirelle, caché sous la pile de draps
cest mal
cest mal, mais
Elle a attendu. Pour calmer la colère, calmer les larmes. Ne rien dire à son mari. Pas un mot. Elle est descendue ; deux étages ; les mains crispées en poings serrés dans les poches de son gilet ; elle est descendue encore ; 16 marches ; les caves de limmeuble ; elle sest laissée guider par les rires et les cris.
Elle a frappé, trois coups secs sur la porte de fer.
- Qui est-là ?
Le garçon qui traînait tout le temps dans le hall a ouvert, Momo
ils étaient nombreux à lintérieur, visages gris à la lumière dune mauvaise ampoule
sest retourné :
- Mireille ! cest ta mère !
NDLA :
Vous pensez sans doute « Impossible ! tout nétait pas écrit dans le journal de Mireille, pas tous ces détails, elle invente ! elle en rajoute ! et comment elle la eu, ce journal ? »
Vous avez raison. Tout nétait pas dans le journal. Rappelez-vous : jai écrit « Ecoutons Babeth
». Et pour lécouter
ça y est ? vous comprenez ?
Mais oui
ces petites ampoules vertes
si vous croyez voir une ombre dans un coin sombre, si vous sentez des picotements sur la peau, ces cheveux si fins qui se dressent sur la nuque, si vous avez la sensation dêtre épiés
très bien, ces petites ampoules
Misa 11/2013
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