Se Découvrir (2)
Jai donc fait mes emplettes au supermarché à une encablure de métro pour le week-end. Je revenais dans mon autre magasin, y entrais et tentais cette fois-ci de trouver ce qui pourrait satisfaire mon envie solitaire.
Jhésitais longuement entre un uf vibrant et un rabbit, présenté comme lultime machine à plaisir, lorsque je me suis remémoré ma matinée. Javais dépassé la simple caresse de mon clitoris connue en OPEX, javais aimé mes doigts au plus profond de moi.
Jai choisi le rabbit pour satisfaire mon envie de pénétration.
Au moment de régler mon achat, linconnue qui mavait contrainte à quitter les lieux est subitement apparue à côté de la caisse. « Jespère que ce nest pas votre premier achat » dit-elle. Je me suis sentie à nouveau perdue, pas à ma place et bien sûr, rouge pivoine.
Moi qui ne connaissais pas le trouble dans mon métier, là javais limpression dêtre une gamine prise en faute. Prise au dépourvu, je lui ai répondu « si » et je me suis dirigée vers la sortie dun pas rapide.
Fait incroyable, elle ma suivie ! Et ma rattrapée à la porte en me disant que jallais découvrir un plaisir complet et quelle avait juste oublié un « plug » en début daprès-midi.
Jétais plus que gênée, je ne savais pas ce quétait un « plug » et ne voulait pas le savoir. Je nattendais quune chose, rentrer chez moi avec mes courses pour peut-être essayer mon jouet et surtout préparer mon diner.
Cette conversation, si tant est que lon puisse qualifier de conversation les quelques mots échangés, mincitaient plus à penser à mon diner quà une quelconque séance de sexe solitaire. Elle mavait totalement gelée et je pensais que le jouet resterait bien longtemps dans son emballage.
Visiblement, mes plans allaient être bouleversés car cette femme continuait à me parler devant le magasin. Elle évoquait les vertus et défauts des jouets quelle avait acheté sans que je sois capable de comprendre de quoi elle parlait.
Au bout de quelques minutes, elle ma regardé sest tue et a éclaté de rire. Cest presque miséricordieux que ces yeux se sont posés sur moi et quelle ma dit «mes propos vous gênent ? »
« Oui, ce nest pas dans mes habitudes, pas plus que de fréquenter ce type de lieux» ai-je répondu.
« Mais vous sortez dun supermarché à plaisir, que pensiez-vous y trouver ? »
Evidemment, je suis gourde, jaurai du faire tout ça par internet. Effectivement, que mattendais-je à trouver ? Jen étais quitte pour la honte. Vraiment, je navais plus les codes de la société civile, jaurai du me contenter de mes week-end travaux en attendant de me réhabi.
Et cette femme qui semblait se moquer ouvertement de moi alors que javais largement lâge de raison, que je servais mon pays et quune seule fois javais laissé mon corps prendre le contrôle sur mon cerveau. Je nen voulais quà moi.
In petto, jétais furieuse contre moi et cest sans état dâme que jai tourné le dos à ce magasin pour aller vers la bouche de métro.
Las, cétait sans compter sur la cliente du magasin. Elle a attrapé mon bras juste au-dessus du coude. « Arrêtez, il ny a pas de honte à avoir. Je vois votre alliance, cest normal de pimenter sa vie sexuelle avec son mari ».
Tout est remonté dun seul coup, je me suis effondrée sur le trottoir, en proie à des larmes quil mavait semblé avoir épuisées.
Et puis il y a la nature humaine. Elle mavait vu au bord du ridicule, sétait esclaffée de ma naïveté et là, étonnamment, me dit « je mappelle Claire, je vais appeler les secours ».
« Non, pas la peine, ça va aller, il faut juste que je rejoigne le métro » lui répondis-je entre deux sanglots. Jétais pliée en deux avec mes sacs de courses, hoquetant pour trouver de lair, les larmes qui coulaient le long de mes joues. Pitoyable !
Loin de sen laisser compter, Claire, puisque cétait son prénom, ma relevée, a pris mon sac de courses et a hélé un taxi.
A sa question « où », jai répondu « place Etienne Pernet »
Mon immeuble donne presque sur la place, près de léglise. Le taxi nous a déposé et, presque remise, jai sorti mes clés tendant la main à celle qui mavait été secourable aujourdhui.
Visiblement, Claire ne concevait pas les choses ainsi : elle a pris mes clés, a demandé mon étage et ma fait monter dans lascenseur avec mon bardas.
Javoue avoir lâcher prise. Dans les rares périodes où nous étions réunis, cétait mon mari qui prenait les choses en main au quotidien aussi simplement que quoi préparer pour les repas, quels diners accepter chez nos amis ou encore où aller se balader.
De sentir quelquun dautre prendre le relais ma encore plus déconcertée. Il fallait que je reprenne linitiative. Ce que jai fait une fois la porte de lappartement ouverte. Jai dit à Claire de partir, elle ma lancé un sourire en coin, ma laissé passer et est sortie.
Je me suis écroulée sur le canapé, en larmes, tentant de me remémorer limage de mon mari, son odeur, son corps. Au bout de plusieurs minutes, jai rangé les provisions dans le réfrigérateur, sauf le jouet qui était oublié sur une étagère de la cuisine, toute émotion évacuée. Il était 17 heures.
Un bain salutaire me semblait la meilleure option. Je me suis déshabillée pendant que leau coulait. Cétait une des raisons pour lesquelles javais choisi cet appartement : certes ce nétait quun deux pièces mais il avait une baignoire.
Leau coulait, jattendais avec impatience que la baignoire soit pleine, jétais nue, vêtue de mon seul peignoir et les souvenirs de ce matin commençaient à affleurer.
Quest-ce qui marrivait ? Est-ce que dès que je manquais doccupations je serai assaillie denvies sexuelles ? Ce nétait pas envisageable, au moins de mon point de vue. Me caresser, je ladmettais mais être prise de ce genre de désir, mon éducation se révoltait.
Il était néanmoins évident que je ne pouvais ignorer lhumidité qui flattait mon entre-jambe et le bain ny était pour rien. Je me suis procuré un petite plaisir rapide, insatisfaisant.
Je me suis résolue à me faire une salade et aller me coucher avec le livre que javais commencé. Le sommeil ma emporté et, si jai rêvé, je nen ai pas souvenir.
Le soleil dominical pointait ses rayons quand je me suis rendue compte que jétais reposée. Une petite marche serait la bienvenue et mes pas mont conduit vers la rue de Brancion, direction le boulevard Levebvre.
A langle de la rue des Morillons, je croise la femme du magasin dhier. Je rougis même si elle ne me voit pas, occupée par son chemin. Elle tourne la tête un instant et maperçoit. Jai envie de disparaitre, elle habite le même quartier que moi et sait que jai acheté un jouet sexuel.
Je veux fuir. Elle se détourne et se dirige vers moi.
« Bonjour, vous vous souvenez de moi, je suis Claire et je vous ai raccompagnée chez vous hier »
« oui, merci encore, je suis désolée de vous avoir inquiétée »
« Ce nest rien, lessentiel est que vous soyez en forme, vous avez pu lessayer » me glisse-t-elle sur le ton de la confidence.
« Quoi donc ? »
« Ben le rabbit »
Re-pivoine « non, je navais pas la tête à ça »
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