La Maison Des Bois
Le village et des pâtures clôturées, un bois de peupliers, un champ de maïs après, à lentrée de la forêt deux piliers en pierre meulière et une barrière de bois peinte en blanc, la maison de brique rouge au bout de lallée
mais des pâtures et des champs, des bois, le village en était cerné
Les rues du village étaient vides en cette fin de soirée. Au café tabac épicerie deux vieux en pantalons de velours et vestes bleues de travail, une casquette vissée sur la tête pour lun, pour lautre un chapeau noir à large bord encore humide de la pluie du dehors se sont retournés. Celui à la casquette a tourné le dos sur haussement dépaule et a pris son verre de rouge, le second riait, les joues couperosées relevées en deux grosses boules bien rondes.
De quelques mots hachés et de grands gestes, il a expliqué, sinterrompant souvent pour une gorgée de bière et détailler les escarpins noirs et les bas gris fumée, la courte jupe en daim beige et le blouson de cuir noir, les lunettes de soleil plantées dans les cheveux châtains. Il a soulevé dun doigt son chapeau à la fin et la regardée sortir, «
parisienne
clients pour la baronne
», il riait.
La voiture noire a longé les maïs, pris le chemin de gravier entre les piliers de meulière, sest garée devant le petit manoir de brique rouge flanqué dune tourelle dangle.
« Cest une vraie baronne, tu crois ? ». Une dame en tailleur gris et chemisier blanc au col relevé sous le rouleau impeccable de cheveux gris argent attendait en haut des quatre marches du perron mains croisés devant elle. Elle a penché le buste en leur souhaitant la bienvenue et les a guidés dans le hall dentrée où ils ont abandonné leurs sac et valise à son invitation. Ses hauts talons claquant sur le carrelage à damier elle les a guidés vers un salon éclairé de petites lampes aux abat-jours jaunes disséminées sur des meubles bas qui donnaient à la grande pièce une ambiance douce et chaleureuse.
Elle les a installés dans un canapé de cuir face à la grande cheminée où crépitait un feu de bois. De gestes sûrs et précis elle a débouché la bouteille de Champagne rosé qui attendait leur arrivée dans un seau de glace et leur a remis une coupe à chacun.
Pas un instant elle ne sest départie de son sourire et se tenait légèrement en retrait proche de la cheminée.
« Lendroit est assez retiré, jespère que vous avez fait bon voyage et que vous navez pas eu trop de mal à trouver votre chemin. Vous êtes mes seuls hôtes ce soir. Je vous conduirai à votre chambre et si cela vous convient, vous dînerez dans une demi-heure. »
Elle est restée immobile les mains croisées sur la jupe de son tailleur à attendre quils terminent leur coupe dans le silence du salon souligné du seul claquement des bûches dans lâtre.
Tu te changes ?
Mmm
cest plus « classe » que je nimaginais
autant être au diapason de notre baronne ! Jai pris mon tailleur noir. Et toi ?
Cest vrai quelle a de la classe ! Baronne je ne sais pas, mais cest une belle femme ! Elle a quoi ? 45 ans ?
Peut-être plus
ces cheveux gris, cest trompeur !
Je garde mon costume. Il nest pas trop froissé ?
Non, ça va !
Elle sest déshabillée avant de défaire sa valise. Un peu étonné, il la regardait déambuler en petits dessous de larmoire au lit, du lit à la salle de bains, tendait la main pour effleurer la peau nue entre le bas et ses petits dessous noirs, riait quand elle séchappait.
Dans la salle de bains, elle a soigné son maquillage, posé quelques gouttes de parfum entre ses seins, sur sa nuque et dans son cou, en haut de ses cuisses avant denfiler sa jupe puis la veste à même la peau.
Ils ont entendu les hauts talons de leur hôtesse claquer sur le carrelage quand ils se sont présentés à lentrée de la salle à manger où ils apercevaient une table ronde préparée pour deux et où trônait un chandelier, les cinq bougies comme seul éclairage de la pièce.
Mon cadeau te plaît ?
Cest parfait, parfait !
Ils se sont retournés en même temps vers leur hôtesse.
Elle avait eu lidée de lui offrir ce week-end pour fêter la fin de longues semaines à travailler darrache-pied pour finir sa thèse. Elle avait choisi la maison dhôte sur internet, parce que les photos du lieu étaient belles, les commentaires des clients élogieux sur la qualité de laccueil et le calme, pour le « charme et discrétion, intimité protégée ». Elle avait hésité entre « Service standard, Service +, Service spécial », coché Service + au hasard, un peu effarée malgré tout par le coût pour leurs faibles moyens.
Etudiants tous les deux, plutôt réservés, ils vivaient ensemble depuis deux ans, fréquentaient peu damis et ne sortaient presque pas, autant par goût que faute de moyens. Cette escapade était une première pour tous les deux.
Elle a cherché sa main à tâtons et la serrée très fort de ses doigts.
A aucun moment il na imaginé quelle nait pas su. Pendant le repas, en la voyant baisser les yeux et fuir son regard, il a cru quelle était gênée par peur de lui avoir déplu. Il pensait aux longues nuits de travail de ces derniers mois où il lavait délaissée, à leur discussion pendant le trajet. Elle voulait quils « se retrouvent », disait « on na pas lâge dêtre sages », parlait « dun nouveau départ ». Il pensait que ce week-end était un signe quelle lui envoyait, quelle souhaitait à la fois renouer des liens charnels distendus et lui montrer delle un nouveau visage jusqualors insoupçonné.
Leur hôtesse les invitait du geste à la suivre. Elle accompagnait leur chaise quand ils prenaient place en souriant puis leur a annoncé le menu du soir.
Ils la suivaient des yeux quand elle est partie vers loffice.
Leur hôtesse portait pour les servir de hauts talons et des bas noirs à couture maintenus par quatre jarretelles barrant ses cuisses et ses fesses, une guêpière noire serrée dans le dos de lacets lui étranglant la taille au-dessus des hanches dont deux pointes devant souvraient pour dégager le nombril percé dun simple anneau dargent dont pendait une chaînette tendue sur larrondi ventre et le triangle de poils pubiens argentés comme ses cheveux.
Lirréalité de la scène les tenait muets. De tout le repas ils néchangeaient que quelques rapides coups dil et de rares commentaires embarrassés sur la qualité du dîner.
Mélanie se sentait perdue. Jamais elle naurait voulu ! Quallait penser Eric, dont elle nosait pas croiser le regard ! Elle repassait dans son esprit les termes de lannonce sur le site de réservation et les commentaires élogieux des clients quelle navait pas su décoder pour ce quils étaient. Le prix ? Le prix du séjour sans doute aurait dû lalerter.
Elle se sentait honteuse ; elle oscillait entre le rire et les larmes, quun mot, un regard dEric, auraient pu déclencher ; honteuse aussi des regards quelle ne pouvait sempêcher de poser sur le corps de leur hôtesse et son incroyable indécence à sexposer.
Plus tôt dans leur chambre en défaisant leurs bagages elle avait fait exprès de rester en petite tenue pour éveiller son désir, avait regretté quils aient trop peu de temps avant le dîner. Ces occasions dintimité étaient si rares depuis quelques mois, lui qui travaillait tard, elle qui nosait pas, trop pudique, trop timide. Quallait-il penser ? Elle sappliquait à sourire, sappliquait à cacher le tremblement de ses mains sur les couverts, baissait les yeux en détaillant de brefs coups dil lintimité de celle qui remplissait le verre quelle vidait souvent, se rendant compte que jamais Eric ne lavait vu comme ça, aussi nue, chacun depuis toujours veillant à respecter lintimité de lautre. En deux ans, elle ne sétait jamais montrée nue à lui en pleine lumière, et elle taisait le plus souvent ses désirs, attendant la nuit dans leur lit pour dun baiser ou dune caresse sur son bras ou sa joue lui montrer quelle lattendait.
Eric, que pensait-il ? Quil connaissait bien mal sa compagne ! Que depuis trop longtemps il lavait délaissée, et que sans doute elle avait voulu ce week-end comme un électrochoc, le bousculer, que leur sexualité avait plus dimportance pour elle quil ne le croyait jusque là ; un message clair et brutal !
Il se savait maladroit.
Sils avaient parlé ? Eric aurait compris que Mélanie ignorait tout de ce quétait cette « maison », navait eu dautres intentions quun week-end au calme loin de leur quotidien. Ils auraient ri de cet incroyable situation, aurait quitté sans doute la « Maison des bois » et retrouvé leur quotidien. Peut-être ce souvenir aurait-il rendu entre eux certaines choses plus naturelles ? Mais il y auraient perdu beaucoup
Ils nont rien dit, chacun se trompant sur ce que lautre avait à lesprit ce soir-là.
A la fin du repas, leur hôtesse les a conduits au salon, accompagnant Mélanie dune main dans son dos. Elle faisait seule la conversation en leur servant un alcool dans des verres ballon qui brillaient des éclats orange et rouges des flammes dans la grande cheminée quelle tisonnait les reins offerts aux regards de ses hôtes. Elle a éteint les lampes dambiance et rejoint Mélanie qui avait posé son verre sur le manteau de la cheminée et regardait les flammes.
Vous avez chaud.
Elle essuyait dun doigt le front de Mélanie et arrangeait une mèche.
Voulez-vous ?
Les deux mains à plats sur les épaules de la jeune-femme elle lui souriait en la fixant dans les yeux, baissait lentement les mains jusquau premier bouton de la veste du tailleur, quelle défaisait lentement, passant au second puis au dernier. Elle a écarté les pans de sa veste et posé ses mains sur la peau nue en-dessous, remonté les mains en coupe sous les seins en balayant les dentelles noires de ses pouces.
Mélanie était incapable du moindre geste ou de la moindre parole, lesprit un peu grisé du vin du repas et de lalcool fort bu trop vite. Elle sentait le regard dEric peser sur elle dans son dos et la tension de ses seins presque douloureuse bien avant que leur hôtesse ny porte les mains qui venaient comme en soulagement les presser. Elle voulait bouger, séchapper, et a fermé les yeux, humidifiant ses lèvres sèches, tremblante aux mains qui se serraient sur ses seins et les pétrissaient plus durement avant de les abandonner pour faire glisser sa veste de ses épaules, qui caressaient sa peau nue parcourue dun frisson, descendaient à la taille pour y défaire lagrafe puis la fermeture éclair de sa jupe dans son dos.
Toute volonté de fuir avait abandonné Mélanie. Elle se sentait prisonnière, marionnette figée deffroi, comme ayant franchi un point de non-retour en sentant sa jupe glisser sur ses jambes et la chaleur du feu sur ses cuisses, en sentant les lèvres chaudes et la douceur de la langue sur ses lèvres closes. Elle a laissé lhôtesse attirer ses bras ballants vers elle et guider ses mains de sa taille à ses hanches, les conduire dans le dos sur ses fesses les doigts noués aux siens. Mélanie ne bougeait pas, mains à plats sur ces fesses de femme dont elle sentait la tension des muscles quand elle sécartait, abandonnant ses mains pour caresser ses bras, ses épaules, enfermer ses joues brûlantes, les doigts glissés dans ses cheveux jusquà la nuque pour pencher sa tête et prolonger le baiser.
Eric nosait pas bouger, figé par le spectacle de cette femme qui déshabillait sa compagne et lembrassait à la lumière dansante des flammes. Il voyait Mélanie trembler de frissons et lui trouvait un incroyable courage à soffrir ainsi, pour lui. Elles étaient belles, sensuelles, excitantes. Il était conscient depuis le tout début de la soirée, depuis lapparition de leur hôtesse pour les guider à leur table, de la tension continue de son sexe quil avait tenté de cacher dun pan de la veste de son costume en passant au salon, geste que leur hôtesse avait remarqué et noté dun sourire avant de baisser les yeux vers lévidence de son excitation et de lui sourire à nouveau.
Lui aussi avait bu très vite le verre dalcool aux teintes chaudes, et gardait dans ses mains le verre vide entre ses jambes croisées. Il regardait Mélanie immobile sur ses hauts talons, sa jupe en corolle autour de ses chevilles, les mains de leur hôtesse noyées dans ses épais cheveux châtains sur sa nuque pendant quelle lembrassait, puis la repoussait pour passer un bras entre leur deux corps, sattardait sans doute, il ne pouvait le voir, sur ses seins et descendait vers le ventre. Au tressaillement de Mélanie, à létirement du nylon de sa culotte qui mordait plus fort la taille, il savait la main sous les dentelles.
Il a vu Mélanie creuser les reins et entendu une plainte soufflée, a cru quelle voulait échapper à cette main sur elle, et puis il a vu un pied se soulever pour se libérer de la jupe, se poser plus loin et les muscles des mollets se tendre quand elle se dressait sur la pointe des pieds dans ses escarpins où dansait le reflet des flammes. Eric ne quittait pas des yeux le lent mouvement détirement et de retrait du petit pli de la culotte noire sur les fesses de sa compagne qui sappuyait du front et dune main à lépaule de la femme dont il croisait le regard au-dessus de lépaule de Mélanie avant de revenir à létirement rythmé hypnotisant de la culotte noire.
Jamais il navait vu ainsi trembler les jambes de sa compagne et ses genoux plier, ni entendu son souffle brusquement relâché en un cri rauque. Leur hôtesse la soutenait dun bras autour de sa taille et lembrassait dans le cou.
Mélanie sentait ses joues brûler. Le souffle court elle se cramponnait aux épaules de lhôtesse, se sentait toute molle dans les bras qui la retenait. A aucun moment elle navait oublié la présence dEric derrière elle, présence qui augmentait la tension ressentie. Lorgasme était fort, plus fort que les rares fois où elle sétait caressée seule, différent des rares orgasmes en faisant lamour avec Eric. Elle aurait voulu retenir son cri, se cacher, disparaître, « cétait pour toi, cest pour toi Eric, je ne suis pas comme ça, quest-ce quil se passe ? cest un cauchemar
cest pas moi, je rêve
».
Elle a croisé son regard quand la femme la retournée face à lui, la tenant de ses bras noués autour de sa taille. Il lui souriait. Elle avait, elle savait et essayait den changer, un sourire crispé et tremblant. Mais il souriait et ses yeux brillaient. Elle aurait voulu, na pas bougé cependant, échapper au bras qui le tenait contre elle quand dune main lhôtesse faisait glisser sa culotte, sur une hanche puis lautre, plus bas, passer sa main entre ses jambes derrière elle pour labaisser sur ses cuisses, sarrêtant au-dessus des genoux, lui écarter largement les jambes dun pied, encore plus en serrant sa taille dun bras ferme, à étirer ses dentelles qui marquaient la chair de ses cuisses à la limite de la rupture. De ses ongles elle griffait ses cuisses, ébouriffait sa toison et tirait sur les poils pubiens à la limite de la douleur, ouvrait son sexe à deux mains et plantait profond deux doigts dans son vagin, la pénétrait de va-et-vient rapides qui produisait un petit bruit humide. La brûlure à ses joues lui venait du regard dEric qui allait des ses yeux, brièvement, à son ventre, des mouvements de sa glotte qui agitaient son cou, et léclair rose de sa langue qui mouillait ses lèvres, du bref mouvement de sa main qui étirait son pantalon entre ses jambes. Elle ne fermait pas les yeux, pleinement et honteusement consciente de la totale indécence des caresses et du spectacle quelle offrait, elle qui jamais ne sétait montrée nue à lui. Elle sentait une incroyable vague de chaleur lenvahir, des doigts qui la fouillaient un peu, du regard dEric sur elle, un peu plus, de son exposition à lui, de son abandon, de sa nudité, encore plus, et lui venait à lesprit des mots jamais imaginés avant « regarde, regarde-moi, je vais jouir, je vais jouir pour toi ». Le plaisir a tout emporté, tout effacé, la honte à être manipulée, la honte à crier aux contractions de lorgasme qui la secouait.
Guidée par lhôtesse jusquau canapé de cuir, elle sest assise, essoufflée, à côté dEric qui a posé une main sur la sienne quelle tenait sur son ventre. Il sest penché vers elle pour déposer un baiser sur ses lèvres « tu es belle, comme tu es belle ! ».
Mélanie a pris des mains de la femme le verre dalcool quelle lui tendait, a regardé la femme tendre la main à Eric pour le redresser et le faire se lever. Elle a craint un bref instant sa réaction, un refus, la même espéré une seconde, avant que lenvie de
elle ignorait ce qui pourrait se passer mais elle le voulait, quà son tour, lui
Un instant il a retiré sa main à celle de la femme et sest penché vers Mélanie pour un baiser. Elle a vu dans ses yeux et sur ses traits la crainte et la volonté de ne pas se dérober. Elle aurait pu le retenir. Ils auraient pu regagner leur chambre et arrêter là cette soirée que ni lun ni lautre navaient voulue. Elle aurait pu. Mais elle nen a rien fait, lui a pressé doucement les doigts avant quil ne se redresse et se tourne vers la femme.
Ils se tenaient face-à-face, debout devant Mélanie qui pour masquer sa nervosité prenait de petites gorgées de lalcool fort qui brûlait sa gorge.
Leur hôtesse lui a enlevé la veste de son costume et la embrassé sur la bouche en déboutonnant sa chemise, sest agenouillée devant lui pour dégrafer sa ceinture, défaire le bouton à sa taille et baisser la fermeture éclair de la braguette. Elle a soulevé ses pieds lun après lautre pour lui enlever son pantalon quelle a jeté sur le dos du canapé avec sa chemise et sa veste.
Les yeux levés vers lui dabord, vers Mélanie ensuite, elle caressait dune main par-dessus le boxer la verge couchée à demi-dressée sous le coton déformé. Elle lui a tendu la main pour quil laide à se redresser, et la gardant dans la sienne, la attirée sur son sexe. Elle guidait les doigts dEric sur le clitoris gonflé tiré vers le haut et saillant des lèvres par lanneau qui le perçait soulevé par la chaînette dargent. Elle a posé un pied sur le cuir du canapé à côté de Mélanie, et sa main sur celle dEric la menée entre ses cuisses ouvertes. Elle se caressait de la main dEric en grattant des ongles la verge qui se tendait et battait de petites contractions sous le coton.
Elle a tourné les yeux vers Mélanie :
Aidez-moi, voulez-vous ?
Mélanie a posé son verre au pied du canapé sur le tapis de laine écrue couvrant le damier de carreaux entre le canapé et la cheminée. Avancée au bord de lassise, pour la première fois en deux ans de vie commune, elle a dénudé son compagnon et a vu son sexe dressé en pleine lumière parce quune inconnue le lui demandait.
Bien sûr elle lavait déjà touché, pas si souvent, au noir de leurs nuits, pour le guider en elle. Souvent elle avait imaginé autrement, pensées érotiques auxquelles elle navait jamais donné suite, sen voulant de renoncer, en voulant à Eric aussi de ne rien lui demander de leurs premiers gestes maladroits, avant quils ne décident de vivre ensemble, gestes disparus depuis. Elle savait pourtant, de discussions avec des amies, y croyait ? oui et non, cétait comme des histoires doutrances, les femmes bien ne font pas ça, si ?
Elle sest aperçue brusquement que lhôtesse la dévisageait, sourcils levés, un petit sourire aux lèvres. Depuis quelques secondes, plus ? après avoir enlevé son boxer à Eric, elle avait croisé ses mains sur ses genoux et regardait fixement le sexe dressé, agité de petites secousses, en se mordant la lèvre inférieure.
Lhôtesse lui a tendu la main, la accompagnée sur le sexe et a fermé ses doigts dessus de ses deux mains, lui a adressé un signe de tête. Elle la caressé, comme les toutes premières fois son pantalon à peine ouvert dans le noir de sa chambre détudiante. Et elle regardait, se regardait faire, regardait les doigts de lhôtesse pincer la peau en-dessous et la faire gonfler en repoussant les testicules de deux doigts sur son ventre de part et dautre de la verge, quelle faisait rouler et griffait de ses ongles vernis. Mélanie en oubliait presque ses caresses en suivant le jeu des doigts de la femme et reprenait brusquement de gestes saccadés.
Lhôtesse sest redressée sur ses genoux et a posé la main sur le poignet de Mélanie, a refermé les doigts sur les siens et penché le sexe pour le prendre entre ses lèvres, lavaler lentement en creusant les joues, le sucer de lents va-et-vient. Elle sinterrompait parfois en serrant plus fort ses doigts sur les doigts de Mélanie, le visage levé vers Eric, puis reprenait lentement. Elle a tendu une main pour attirer Mélanie à côté delle sur le tapis de laine et sest écartée en linvitant du regard à poursuivre à sa place.
Une caresse de sa bouche
jamais ! Jamais elle ne lavait fait avant. Toujours elle avait pensé que ce genre de dépravation était réservé aux dévergondées et parce que cette femme linvitait à le faire, parce quelle avait trouvé très beau cette bouche sur le sexe, que lalcool la désinhibait sans doute, elle a avancé sa bouche et a pris le gland gonflé sur sa langue, la goûté doucement au début puis a plongé plus profond, gémissant quand lhôtesse a refermé une main sur son sein et que lautre sest glissée sous ses fesses pour prendre son sexe à pleins doigts.
Elle a été surprise par les jets chauds contre son palais, ne sachant quoi faire, se retirer et labandonner ou le garder dans sa bouche. Elle na pas pensé à Eric, elle a pensé à la femme qui se pressait contre elle dans son dos et pétrissait ses seins « jai lair idiote
comme si
», comme si cétait la première fois ? Mais justement, cétait la première fois ! et elle sen souviendrait après, elle lavait gardé dans sa bouche et avait avalé à la fin le sperme chaud et fade parce quelle ne savait pas quoi en faire et aussi pour la plus stupide des raisons qui soit «
ne pas tâcher le tapis de laine !
» .
Mélanie a refusé le nouvel alcool que proposait lhôtesse et quEric acceptait. Empruntés, gênés, chacun de son côté se demandait comment mettre fin à la soirée, hésitait à se rhabiller en cherchant des yeux leurs vêtements éparpillés sur le canapé et le tapis de laine. Lhôtesse en a décidé pour eux en les ramassant à pleins bras :
Ils seront rafraîchis et repassés pour demain matin, ne vous en souciez pas ! oh ! joubliais, pardon !
Elle a ôté à Mélanie le soutien-gorge quelle portait encore pour le joindre aux habits quelle emportait.
A son retour, Eric était assis sur le canapé, très gêné de sa nudité et de lérection persistante quil ne pouvait dissimuler. Mélanie sétait assise devant les flammes sur le tapis, les jambes repliées sous elles et ses bras serrés en protection sur ses seins.
Avez-vous froid ? Je vais rajouter une bûche.
Lhôtesse sest agenouillée derrière Mélanie. Elle caressait ses épaules du bout de ses doigts et faisait naître des frissons quelle effaçait de sa main à plat sur la peau en riant.
Elle sest tournée vers Eric pour linviter à les rejoindre :
Venez vous allonger près de nous !
Elle la repoussé dune main pour quil sallonge quand il voulait sasseoir. Elle parcourait dun doigt son torse et agaçait ses tétons, contournait le nombril et évitait la verge en érection pour jouer du doigt dans la toison noire et frisé tout autour. Le menton sur son épaule, les yeux cachés sous une mèche de cheveux, Mélanie la gorge sèche suivait le doigt du regard. Elle simaginait reproduire lorsquils seraient seuls les mêmes gestes, se demandant si elle oserait jamais autant dimpudeur, ce quen pensait Eric. Elle regardait les doigts aux ongles peints de rouge sombre se refermer autour de lextrémité de la verge et faire coulisser la peau brune jusquà blanchir dessous le mince fil qui se tendait de la traction des doigts serrés en anneaux. Elle sétonnait en ne ressentant pas la moindre pointe de jalousie à voir une autre quelle caresser ainsi Eric. Le spectacle la fascinait et elle ressentait tous ces gestes dans son propre corps, de ses seins lourds quelle serrait sous ses bras pour en apaiser la tension, à son ventre crispé et chaud dune humidité qui rosissait ses joues.
Elle a obéi à linvite muette de lhôtesse qui lentraînait vers Eric. Agenouillée et assise sur ses talons, la tête dEric reposant sur ses genoux, elle a regardé «
japprends
joserais ?
il me demandera ? ou
» lhôtesse le caresser de ses deux mains, tantôt brusques et tantôt légère, suspendant totalement ses caresses parfois en levant les mains et en souriant sourcils levés à Mélanie pendant que le sexe se dressait seul décollé du ventre et battait de saccades quelle calmait dune main posée immobile dessus.
Elle a enjambé Eric, un genou de part et dautre de lui et sest approchée de Mélanie pour un baiser. Elle la attirée vers elle et la redressée sur ses genoux appuyés aux épaules dEric qui a reposé sa tête sur le tapis.
Ce qui était vrai pour Mélanie létait aussi pour lui. Jamais encore il navait eu ainsi sous les yeux lintimité de sa compagne, non plus que celle daucune autre dailleurs. Lui aussi bien sûr connaissait les baisers intimes que se donnaient les amants
il aurait pu lever la tête et lui offrir ce baiser, mais il hésitait.
Mélanie était consciente à lextrême de son intimité béante au dessus du visage dEric, et en tremblait, les joues brûlantes, résistant à lenvie de se cacher de sa main. Lhôtesse comme en début de soirée piquait ses lèvres de petits baisers, et Mélanie cette fois, les lui rendait, a fermé les yeux en accueillant sa langue qui cherchait la sienne.
Pour la première fois de la soirée, et elle en était la première surprise, Mélanie se sentait bien, en complicité avec cette femme étonnante aux doux baisers qui lui souriait en caressant ses joues. Elle la vue se pencher et prendre entre ses seins sous la guêpière un sachet doré quelle a déchiré de ses dents en rampant en arrière sur ses genoux. Elle la observé dérouler le préservatif sur la verge toujours tendue quelle a redressée vers son ventre et qui a disparu entre les lèvres de son sexe quelle ouvrait à deux doigts jusquà sasseoir complètement sur Eric.
Viens sur sa bouche
En hésitant un peu, Mélanie a écarté plus largement ses genoux et a pris appui des mains devant elle. Avant quelle nose appuyer vraiment son sexe sur le visage dEric, elle a senti ses mains sur ses hanches lattirer vers lui et le contact chaud et mouillé de sa langue. Elle tremblait du contact tellement doux et chaud quelle provoquait en se penchant pour soffrir davantage encore. Le plaisir quelle éprouvait de la caresse était décuplé par ce baiser intime quelle considérait quelques minutes plus tôt à peine comme une impudeur impensable, inconcevable
Sous ses yeux, elle voyait leur hôtesse onduler du bassin sur le sexe dEric et les doigts de la femme caresser doucement le petit bouton de chair soulevé par la larme brillante qui le perçait.
Lhôtesse sest redressée et a retiré du sexe dEric le préservatif rendu opaque de sperme quelle a jeté derrière elle dans la cheminée.
Elle a attendu de croiser le regard de Mélanie qui souvent fermait les yeux, concentrée sur les sensations que lui procurait son compagnon pour la première fois. Elle était assise jambes ouvertes sur les cuisses dEric sappuyant dune main derrière elle et se caressant de lautre :
Moffrirez-vous ce baiser, vous aussi ?
Mélanie na hésité quun bref instant, sallongeant plus sur le torse dEric pour poser ses lèvres sur le sexe de lhôtesse. Elle savait comment lui donner du plaisir, elle savait où et comment faire parce quelle savait comment et où elle aurait voulu quEric joue de sa langue aux replis de son sexe. Il était maladroit, un peu brutal, délaissait son clito trop longtemps ou sy montrait trop présent, et pourtant elle sentait lorgasme tout proche. Il est venu brusquement quand elle a senti que leur hôtesse jouissait de sa langue, et parce quelle voulait échapper à la langue trop insistante dEric, elle sest avancée, ses lèvres immobiles aux contractions du sexe comme elle aurait souhaité celles dEric. Elle a senti la langue dEric effleurer lanneau brun qui pulsait des contractions de lorgasme entre ses fesses, qui sy attardait. Cétait tellement mieux et plus fort que ce quelle ait jamais ressenti quelle en a oublié toutes les préventions et pudeurs qui lauraient privées du plaisir à éprouver de telles sensations en sappuyant plus fort sur la bouche dEric.
Il était deux heures passées dans la nuit quand Mélanie et Eric ont regagné leur chambre enveloppé dans les peignoirs de coton blanc que leur avait remis leur hôtesse.
Je crois que je vais prendre une douche avant de me coucher
Oui, moi aussi.
Elle souriait quand il la rejointe sous le jet brûlant et lui a pris des mains le flacon de gel-douche pour lui savonner le dos. Elle la senti sinterrompre un instant puis lembrasser dans le cou, savonner ses seins des bras passés autour delle et descendre vers son ventre. Elle riait du contact quelle sentait contre ses fesses «
une nuit dont je me souviendrai ! ».
Pour la première fois ils ont dormi nus dans les bras lun de lautre, sans avoir dit le moindre mot de cette soirée.
Après avoir frappé à la porte de leur chambre, cest leur hôtesse, vêtue dun tailleur bleu marine très strict, qui a déposé le plateau du petit déjeuner sur leur lit, puis a ouvert les rideaux de velours sur le brillant soleil du matin.
Elle a sorti de larmoire de lentrée deux nouveaux peignoirs de coton quelle a posé au pied du lit.
Le service de la maison inclut un massage. Je viendrai vous chercher dans 30 minutes.
Lun et lautre ont enfilé des sous-vêtements avant de revêtir leur peignoir et étaient prêts quand leur hôtesse est venue les chercher, tous deux un peu angoissés de lheure à venir au souvenir de la soirée de la veille.
Lhôtesse les a conduits à létage et a poussé une porte invitant Eric à entrer, retenant Mélanie dun geste et dun sourire, avant de refermer la porte et de la guider vers une autre porte plus éloignée. Mélanie était décontenancée davoir été séparée dEric et sentait son ventre noué, à peine rassurée que lhôtesse soit restée avec elle et la suive dans une pièce surchauffée dont les fenêtres donnaient sur le parc arboré à larrière de la maison comme leur chambre, uniquement meublée dune table de massage couverte dune grande serviette. Elle a détaché la ceinture du peignoir de Mélanie et la faite glisser de ses épaules, puis sans un mot a défait son soutien-gorge dans son dos avant de linviter à sallonger à plat ventre sur la table. Cest seulement quand Mélanie a été allongée quelle a abaissé le petit slip sur ses fesses en linvitant dune petite tape sur une cuisse à soulever le bassin de la table pour le lui ôter.
Je vous présente Jérémy !
Lhôtesse a bien sûr remarqué le regard affolé de Mélanie en entendant ces mots et a posé une main sur son épaule :
Peut-être
souhaitez-vous que je reste auprès de vous ?
sil vous plaît
Mélanie nétait quà demi rassurée par la présence de leur hôtesse, et se demandait aussi avec qui se trouvait Eric.
La seule chose quil en ait dite sur le chemin du retour est quelle était blonde, et plus jamais ils nen ont reparlé.
Leur soirée pour le moins agitée, leur courte nuit, la chaleur de la pièce et les mains douces et fortes dans son dos, Mélanie somnolait, très proche du sommeil, quand le masseur a abandonné son dos pour ses cuisses et ses fesses. Elle ne se souvient pas à quel moment lhôtesse avait quitté la pièce. Elle se souvient navoir pas protesté quand le jeune-homme a commencé à la caresser, se souvient de lincroyable orgasme et dun doigt glissé entre ses fesses, de navoir éprouvé aucune gêne quand il lui a demandé de sallonger sur le dos, quil lui a ouvert les jambes et glissé un épais coussin sous les reins. Il sétait déjà passé trop dévènements extraordinaires et inattendus depuis la veille pour quelle sétonne de quoi que soit, et elle était encore toute alanguie de lorgasme pour vouloir protester.
Dabord ses seins, son ventre ensuite, son sexe bien sûr, il la caressée encore et elle fermait les yeux, pas suffisamment naïve pour ignorer que la pression sur sa main au bord de la table navait rien daccidentelle. Elle savait très bien quelle partie de lanatomie du jeune-homme se frottait contre ses doigts à travers le mince pantalon de toile blanche.
Elle na pu sempêcher den sourire, et na pas un instant envisagé de retirer sa main du bord de la table. Elle nosait pas malgré tout aller au-delà. Elle sentait un nouvel orgasme venir et a caché son visage de son bras quand les mains lont frustrée dabandon :
Madame, souhaitez-vous ?
Elle a soulevé son bras de son visage et légèrement relevé la tête, se mordant les lèvres de regret « jétais tout près
si près
». Elle regardait le jeune-homme au pied de la table. Il avait enlevé sa tunique blanche et tenait entre deux doigts le cordon qui fermai à la taille son pantalon. Elle ne se souvient pas avoir répondu, ni acquiescé
ni refusé non plus. Elle se souvient seulement de sêtre remise à plat ventre, davoir soulevé les hanches quand le jeune-homme a glissé un second coussin sous son ventre qui lui tenait les fesses très hautes.
De cela non plus, elle nen a jamais parlé à Eric, et lui-même na rien dit du déroulement de sa séance de massage.
Ils se sont promenés dans le parc et la forêt dans laprès-midi et ont repris la route vers Paris à la nuit tombée.
Lhôtesse les a accompagné jusquà leur voiture :
Jespère que le séjour vous a été agréable. Peut-être reviendrez-vous nous voir. Nous proposons aussi un « Service spécial », en voici la brochure. A bientôt jespère, faites bonne route.
Ils ont roulé en silence un très long moment. Souvent elle posait la main sur sa jambe et lui sa main sur la sienne.
Ils étaient sur lautoroute à lentrée de Paris quand il lui a demandé ce que disait la brochure de ce « Service spécial ».
Est-ce que te faire fouetter te tente, chéri ?
Ils ont éclaté de rire tous les deux.
De ce week-end, ils nen ont jamais reparlé. Mélanie na jamais dit à Eric quil sagissait dune erreur, que jamais, si elle avait su quelles prestations proposait la Maison des bois, elle naurait réservé pour eux ce « Service + ».
Pourtant lun et lautre se félicitaient souvent de lavoir vécu. Leur vie en a été changé.
Misa 02/2014
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