Colère
Je rentrais chez nous et allais me servir un verre deau dans la cuisine avant daller me coucher. Jespérais trouver Nina ou Émilie dans mon lit pour bien finir cette soirée. La porte claqua et Émilie déboula dans lappartement comme une furie.
Cest un con, cest mon père, mais cest le roi des cons, dit-elle en débarquant dans la cuisine.
Elle tira une chaise, sassit, se releva, attrapa un verre et la bouteille de jus de pomme, se versa une rasade et le but dun trait avant. Nina arriva à moitié endormie. Elle ne portait quune petite culotte ce qui en temps normal aurait du rendre Émilie folle. Elle ne remarqua même pas la tenue de notre amante.
Cest un connard, le roi des connards, reprit Émilie toujours très en colère.
Nina me demanda ce quil se passait. Je lui répondis que je nen savais rien, jattendais quÉmilie se calme et quelle nous explique la raison de son courroux.
Il nous invite tous les deux, chez lui, chez nous, je pensais que cétait pour sexcuser, pour dire à Erwann quil sen foutait de lavoir trouvé au lit avec un mec, enfin un truc dans le genre, mais non, le dîner se passe, ambiance froide, mais bon je suis habituée cest toujours comme ça avec mon père, on discute sur des sujets banals, mes études, mon appart, ma vie, je me garde bien de lui dire que je vis avec un mec et une nana. Il ne parle presque par à Erwann, mais ça a toujours été comme ça. A la fin du repas, il se tourne enfin vers Erwann, et lui dit quil ne veut plus le voir, quil ne supporte pas lidée quil soit homo, quil a mis toutes ses affaires dans des cartons et quil veut quil sen aille.
La voix dÉmilie qui tremblait se casse, elle fond en larmes. Elle réussit à nous dire quelle avait engueulé son père qui était resté impassible, et quavec Erwann ils étaient partis, chargés de carton, vers sa chambre de bonne.
Il faut quil vienne vivre avec nous, reussit-elle à dire avant de seffondrer.
Nina sapprocha delle et lembrassa. Un baiser absolu. Le plus beau baiser que ces deux femmes, que jaimais, mavaient donné à voir. Le corps nu de Nina pressé sur celui dÉmilie. Leurs bouches collées, les larmes dÉmilie coulant sur les joues de Nina. Ce nétait pas un baiser passionnel, brulant, mais un baiser réconfortant, Nina en embrassant Émilie prenait pour elle sa peine, sa souffrance, absorbait la colère, la rage de son amante.
Nina me tendit la main, et tous les trois, enlacés dans la cuisine au milieu de la nuit, partagions ce moment douloureux. Jaurais aimé que nous puissions nous embrasser à trois, fusionner nos trois bouches dans un long baiser. Je sentais les larmes dÉmilie couler, je les recueillais sur mes lèvres avant de lembrasser à mon tour. Nina, Émilie et moi si prompts à nous jeter dans le sexe en temps normal nous contentions de ce moment de tendresse, sans quaucun de nous ne pense à autre chose quau chagrin dÉmilie.
Nous nous couchâmes ensemble. Émilie entre nous. Elle avait repris des forces et nous raconta la suite de sa soirée.
Erwann navait rien dit, pas un mot, pas une parole contre notre père, il sétait contenté de prendre ses affaires et de saluer en sortant. Il navait pas envie de sénerver, cétait de lénergie perdue disait-il. Jétais hors de moi, il tentait de me calmer sans succès. Dans le bus, presque vide à cette heure je me calmais enfin, mais quand jai vu où il vivait ma colère est remontée dun coup. Félix était là, allongé nu sur le lit, il sest levé en souriant, mais en voyant mon visage rouge, il a vite changé dattitude, a enfilé un slip, et sest assis. Jai jeté les cartons, et jai dit à Erwann quil était hors de question quil vive un jour de plus dans cet endroit. Il a refusé de mécouter, me disant quil était bien, que ça lui suffisait.
Plus il tentait de me raisonner plus jenrageais. « Quand tu es en colère comme ça, jaimerais tarracher tes vêtements, te jeter sur le lit, et te baiser à mort ».
Je suis rentrée à pied, en pesant quil baisait avec Félix, tranquillement, alors que notre père venait de le renier et de le foutre à la porte. Étrangement au milieu de ma colère noire, ces images mexcitèrent. Jai honte de le dire, mais je me suis arrêtée en chemin, dans un bar, et je me suis branlée dans les toilettes en pensant à eux, à Félix, sa belle et grosse bite qui mavait fait jouir, à Erwann la suçant, se faisant prendre par elle. Jai joui très vite et je suis rentrée vous retrouver.
Même sil a lair heureux, je ne supporte pas lidée quil vive dans cette minuscule chambre alors quil pourrait être avec nous. On peut lui faire de la place, le bureau est assez grand pour lui aménager une chambre.
Nous étions daccord, mais il restait à convaincre Erwann, et puis, malgré tout, je ne pouvais mempêcher de penser à ce qui sétait passé pendant lété entre le frère et la sur, à la tension qui existait encore, et à notre mode de vie qui risquait à tout moment de faire dér la situation.
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