Visite

Émilie attendait devant la chambre de bonne d’Erwann. Les autres avaient déjà rendu visite à son frère pour le convaincre de venir vivre à l’appartement, mais sans succès. Émilie avait donc décidé d’y aller elle même.

Ce fut Félix qui arriva le premier. Il ne fut pas surpris de voir Émilie assise par terre devant la porte de la chambre de bonne de son amant. Émilie se releva, embrassa Félix, et le suivi à l’intérieur. Une nouvelle fois elle fut choquée par l’endroit. Ce n’était pas un taudis, mais sous les toits, la pièce ne permettait pas de rester debout, le lit en occupait la moitié de la surface, et on y sentait des courants d’air froid.

— Je sais ce que tu viens faire, dit Félix, les autres sont déjà venus, et Erwann a déjà dit qu’il ne voulait pas venir vivre chez vous.

Émilie voulut protester, et défendre sa cause. Félix la fit taire et poursuivit.

— Erwann est bien ici, c’est petit, froid, mal commode, mais c’est chez lui. C’est lui qui paie le loyer, et il y fait ce qu’il veut. S’il veut ramener son amant, une copine, ou rester seul pour se reposer c’est son choix, personne n’a quoi que ce soit à lui dire.
— Il pourrait en faire autant chez nous, protesta Émilie.
— Je sais que vous vivez librement, mais c’est tout de même l’appartement de ton père, et s’il découvrait que sa fille est bi, qu’elle vit avec son amant et sa maitresse, qu’elle y reçoit des amis et qu’ils y font des partouzes, il te mettrait sans doute aussi à la porte sans hésiter. En plus Erwann ne veut pas te mettre dans une position délicate vis-à-vis de votre père. Il lui a coupé les vivres, s’il découvrait que tu l’héberges dans cet appartement ça se finirait mal.

Émilie ne trouvait rien à dire à cela. Elle savait que si son père était au courant de son style de vie, et de ce qui se passait chez elle, elle subirait aussi sa colère. Mais elle ne supportait pas pour autant que son frère soit réduit à vivre dans cet endroit.

Elle insista, dit que jamais son père ne serait au courant, qu’elle garderait le secret.

— Tu crois que ton frère est heureux de la situation ? Certes il est libre, il vit sa vie sans avoir de compte à rendre, on baise ici sans se soucier du jugement de votre père, mais il voit bien dans quelles conditions tu vis toi, le luxe qu’il t’offre. Cela dit, vu ce qui s’est passé entre vous, et les sentiments qu’il nourrit à ton égard, je ne suis pas certain que de vivre en permanence à tes côtés, t’entendre baiser chaque soir à quelques mètres de lui arrange la situation.

Émilie fut choquée d’apprendre que Félix était au courant. Elle pensait que c’était un secret, du moins un secret peu partagé. Erwann avait tout raconté à Félix après le réveillon, quand ce dernier avait dit combien il avait aimé baiser Émilie. Erwann avait rougi, et avait dit qu’il le comprenait, qu’il partageait son avis. Il avait raconté ce qui s’était passé pendant leurs vacances, et combien depuis il avait envie de recommencer.

— C’est une pour lui. Il sait que ce que vous avez fait est mal, mais il ne peut s’empêcher de penser que c’était bon, et qu’il aimerait recommencer. Lors du réveillon chez toi, il était à deux doigts de succomber. Alors tu te vois vivre avec lui, te ballader à poil dans l’appartement, et ne pas risquer reproduire votre « accident ».

Émilie resta sans voix. Félix avait raison, elle le savait, mais une petite voix lui disait que justement c’était le moyen de revivre ce qui s’était passé dans cette chambre d’hôtel. Car elle aussi avait envie de retrouver son frère. Elle aussi devait se raisonner pour ne pas fantasmer sur le corps, la bite, la bouche d’Erwann. Elle aussi rêvait parfois de ce moment de folie, cette erreur, cet « accident ». Elle n’osait en parler à personne, mais certain soir, seule dans son lit, alors que ses amants baisaient dans l’autre chambre, elle se masturbait en pensant à son frère, elle se revoyait entrer dans sa chambre d’hôtel, et perdre tout contrôle devant son sexe en érection.
Elle voulait sentir sa bite en elle, la faire jouir, l’emplir. Elle voulait le sucer, le prendre entre ses lèvres et le sentir se vider dans sa bouche, avaler son sperme. Elle voulait s’abandonner entièrement à lui, lui offrir son corps, pour qu’il en jouisse. Elle ne pensait plus à lui comme un frère, mais comme un homme, un amant, un objet de désir.

Elle sentit une larme couler sur sa joue. Félix l’essuya du revers de la main. Elle savait que l’amant de son frère avait raison, que si elle voulait vivre avec Erwann ce n’était pas simplement pour l’arracher à sa vie de misère, mais aussi pour l’avoir près d’elle, et provoquer ce moment interdit qu’elle attendait depuis des mois.

Elle se pencha vers Félix, l’embrassa, et le serra dans ses bras.

— Je suis désolé, dit-elle, je suis égoïste, mauvaise, perverse. Tu veux être gentil, mais là, maintenant, alors que je suis contre toi, je ne pense qu’à une chose, te baiser, prendre ta grosse queue dans ma bouche, te sucer jusqu’a te rendre fou, et que tu m’encules, que tu me déchires, que tu le fasses hurler de plaisir.

Félix la repoussa tendrement. Il la regarda droit dans les yeux.

— Tu veux que je t’avoue un truc, dit-il, depuis le réveillon alors que je suis homo, que je n’ai jamais été attiré par les femmes, je rêve de baiser avec toi de nouveau. Ce que tu viens de me proposer c’est exactement ce dont je rêve. Mais pas maintenant, pas ici. Erwann va arriver, et il faut que tu partes.

Émilie se jeta sur Felix pour l’embrasser à pleine bouche. Il lui rendit son baiser avec fougue et la raccompagna sur le palier. Il la regarda partir, et en rentrant dans la minuscule chambre de bonne, s’allongea sur le lit et se branla en pensant à elle.

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