Ce Mot Là Compte Triple
Elle était fine et menue.
Depuis un moment je la reluquais. Enfin voilà plusieurs semaines que je la voyais à la cantine et qu'elle me plaisait.
J'étais dans cette entreprise depuis peu de temps et déjà j'en pinçais pour une secrétaire des bureaux, mince comme brindille avec des cheveux courts sur le crâne, à la garçonne et des petits seins pointus qui crevaient son devant, effrontés, saillants.
On m'avait dit à l'embauche, interdit de tirer les filles de l'usine. Je crois même que c'était clause du contrat. Mais bon, on dit tant de choses. Et puis il ne faut pas croire tout ce qu'on dit. Les gens disent tant de bêtises
qui ne riment à rien. Surtout question cul. Et puis ce DRH me donnait le sentiment daimer les filles et de vouloir rien que se garder sa chasse perso de filles dusine.
Moi, je ne crois que les choses qui sont bonnes à croire... C'est comme qui dirait le bon sens près de chez nous, non ?
Bon, la fille avec sa jolie frimousse de gamine, son buste large et ses petits tétés devant, sa robe courte en coton liberty sous laquelle j'imaginais la culotte haute crochée aux hanches, la fille dansait là-bas devant le buffet et moi, comme un con, je n'avais d'yeux que pour elle...
C'était l'arbre de Noël et nous avions, en ce samedi après midi, une sorte de quartier libre d'entreprise, petits fours sangria et punch, quatuor guitares, saxo et chanteuse, les ouvrières avec leurs maris, les techniciens et leurs copines, le directeur, ses adjoints et leurs dames. C'était sympa et se voulait motivation, empathie et autres balivernes de management social.
Mes copains du bureau d'étude tchachaient foot et montée en division en sifflant les jaunes au mètre. Moi, je matais les fesses de l'autre petite caille, moulées par le coton léger aux impressions futiles. Et elles dansaient, dansaient.
Verre de Blanquette en main je tournicotais les yeux braqués sur ce petit cul agité. Petit cul vrappé par l'étoffe qui ne cachait rien des rondeurs musclées.
Je n'osais pas approcher. Elle avait ses copines, des filles de bureaux. Elles restaient ensemble et ne se mêlaient pas. Elles formaient groupe et l'on comprenait que ce groupe n'était pas ouvert aux autres gens dusine.
Une sorte de hiérarchie, les ouvriers dun coté, les techniciens de lautre et elles au milieu.
Non pas qu'elles aient été bégueules, non, juste que c'étaient des filles qui restaient entre filles administratives.
Moi, quand même je tournais. Je remplissais mon verre de PVC blanc à leur fontaine de rosé du Languedoc et je me nourrissais exclusivement des olives vertes et noires de leur grand saladier. Même que je déposais mes noyaux dans leur poubelle de table, crachés dans ma paume et délicatement déposés ensuite, avec les leurs, en compagnie des leurs. Enfin, pour vous dire, je faisais copain...
Mon approche sournoise a fait que j'ai été entrepris par une grande blondasse. Une fille qu'on connaissait bien vu que c'était la préposée à la photocopieuse. Une chaudasse aux mains baladeuses dont il fallait se garer qui n'avait pas de retenue même dans les couloirs ou à la machine à café.
Je lui ai dit, discrétos, je te retrouve dans le monte-charge quand le dirlo fera son discours et elle m'a lâché les basquets. A lusine faut savoir ruser
Je ne minquiétais pas pour cette blonde, elle saurait trouver autre opportunité ; la photocopieuse, est fonction essentielle dans cette usine.
J'ai pu alors approcher celle que je cherchais.
J'étais devant le buffet. On était, cette fille fine et moi côte à côte debout devant le buffet. Ma hanche touchait sa taille. Je poussais doucement. Elle poussait aussi, aussi fort que moi. On était complices de poussage réciproque. Cuisses collées par coté.
On ne se parlait pas, on ne se regardait pas. On regardait devant nous le buffet, rien que le buffet.
On était là bêtement à se pousser latéralement et à rien faire d'autre pendant un long moment.
Ne me demandez pas ce quil y avait au buffet, honnêtement je nen nai aucune mémoire
Alors j'ai dit, viens. J'ai pris sa main et nous sommes partis. Si vite que personne nen na rien vu. Ma veste, son manteau nous étions déjà dans mon auto. Pas un geste, pas un mot et en quelques minutes de conduite calme et silencieuse nous arrivions à mon chez-moi, à mon appart.
A la soirée Noël de lusine, nous avions mangé, nous avions bu, nous étions repus.
Dans mon salon, il faisait chaud ; elle a pendu son manteau derrière la porte. Elle a vu le jeu de Scrabble sur la table basse. Elle a dit, à ça je suis champion. Elle s'est assise en tailleur sur la moquette et a distribué les lettres. Elle a enlevé, lune après lautre, délicatement, ses chaussures et les a rangées sous la table, alignées, soeurs jumelles. Elle était chez elle. et avait déjà marqué ses rangements.
Ses yeux étaient velours. Je pensais je ne sais rien d'elle et on va jouer au Srabble. Va-t-elle gagner ?
Jai vu à ses pieds quelle portait des bas, des bas clairs avec un ren au niveau des orteils.
Et l'idée de baiser avec elle ne m'était pas encore venue, ou presque pas encore
du moins pour linstant.
Assis à croupeton en face d'elle je la matais qui réfléchissait concentrée. Elle était à mon goût, elle me plaisait. J'aime les filles qui réfléchissent en oubliant les pointus de leurs seins qui déchirent leur devant et qui font avec leurs lèvres des mimiques de pensées profondes perturbées.
Elle a levé vers moi les yeux, de beaux yeux noirs triomphants, elle avait trouvé un mot complet de sept lettres et me narguait de suffisance, en silence.
Il m'a fallu moi-aussi penser aux lettres plutôt que penser à son cul : je ne voulais pas la laisser gagner. Enfin je voulais moi-aussi être champion. Le seul, lunique champion.
Entre-nous, j'étais à mon affaire de lettres et d'arrangements mais mon esprit s'était totalement échappé dédoublé et un gros paquet de neurones avait les yeux braqués à travers la glace de la table basse sur le sombre entre ses cuisses sur ma moquette.
La robe était troussée et je voyais tout. Enfin je devinais tout car, on ne voyait rien.
Sur la barrette de bois je faisais circuler les lettres en cherchant le mot qui tue, qui compte double, qui exploite la lettre chère, et surtout qui fera 7 lettres pour avoir le bonus cinquante.
Je savais maintenant que ce nétaient pas des bas mais des collants. Des collants clairs de cuisses mais sombres en haut. Ses chevilles se croisaient, ses genoux écartés haut balisaient la table basse, la robe coincée sous ses fesses ne couvrait plus grand chose mais elle nen navait cure, toute à sa réflexion de lettres et de combinaisons.
Le mot est venu tout seul devant mes yeux. Je lai posé, fier comme bar-tabac davoir scoré plus de cent en un seul coup. Je pensais, vois petite ton nouveau copain a de la ressource et il va bientôt te le montrer. Et mes yeux sont revindus à ce gousset sombre que jimaginais derrière les reflets de la glace de la table basse.
Je voyais dans ma tête sa fente, verticale, profonde avec lèvres charnues de part et dautre. Je voyais presque le léger renflé du bouton. Sur le haut du collant, je ne rêvais pas, un peu de sombre, de frisé, sa touffe brune, de lexacte couleur de ses cheveux, jétais capable de le comprendre de le croire de le vivre.
Elle avait noté mes points sur le papier qui faisait marque. Son regard sur moi en relevant le porte-mine Bic HB en disait long
jétais déjà lauréat
de son cul
Je pensai, cest le moment de baiser, de porter estocade
Elle mouillait, cest sûr. Mais lidée était dans ma tête, dans ma tête seulement et je nai même pas songé à regarder son entrejambe pour voir la tachoune confirmer mes espoirs.
Le Scrabble jaime tant ça que je ne pensais même pas à la baiser
cest con, non ?
Elle avait tiré ses lettres depuis longtemps et réfléchissait. Moi je tirai les miennes. Dont un X et un W. Sacrée déveine. Au Scrabble ces deux lettres se traînent souvent jusquà la fin et te gâchent tout le plaisir de la partie.
Elle me dit, quelle référence as-tu, le Robert ?
Oui, il est là. Le Petit Robert blanc-sale posé sur létagère lui tendait les bras. Elle voulait confirmer un mot avant de le poser. Jai dis, non. Tu poses dabord, on regarde après. Si tu as faux, tas perdu et tu passes ton tour.
Elle me dit, priapisme, tu lécris comment ? Avec un Y ou pas ?
Je lui dis, tu te fous de moi, il y a 9 lettres à priapisme, où crois-tu le poser ?
Elle a ri et sa frimousse sest brusquement éclairée comme un bonheur de nuit dété.
Elle a dit, cest daccord, jai perdu, viens on va baiser.
On était fatigués, on na pas cherché à finasser, on est allés tout droit à la chambre main dans la main.
Son collant, sa robe sur la chaise de droite, mes petites affaires sur celle de gauche, les lampes de chevet éteintes en simultané, mes bras autour delle et moi dans les siens, nous nous sommes endormis sans plus penser à rien.
Au matin, je me suis levé pour ouvrir les volets.
Le dimanche, toujours, le soleil inonde mon lit.
En sortant de la douche jétais triomphant
Mais elle ny avait aucun mérite, le matin en sortant de la douche je suis toujours triomphant.
Elle dormait profondément. Cependant son oeil du dessus nétant pas tout à fait fermé, jai vu un sourire sur sa bouche engourdie de sommeil.
Jai fait le tour du lit et, encore un peu humide, me suis glissé sous les draps. Elle était chaude et je me suis serré contre elle, prenant, par le dos, son corps serré entre mes bras. Elle était toute coulante et je suis entré en elle comme par hasard, sans le vouloir, sans du tout lavoir du tout voulu.
Je ne la voyais pas. Comme on dit, elle me tournait le dos.
Nous avions dormi, elle et moi, paisibles, toute une nuit.
Ma bite était en elle, ses fesses collées à mon ventre. Ses fesses étaient musclées, je le ressentais.
Je pensais au Scrabble et les lettres tournaient dans ma tête. Je voyais parfaitement cette case bleu pale marquée lettre-compte-triple et je navais quune idée, y poser le X ou même le W. Les mots virevoltaient. Essayer aussi, en plus de faire, sur le rose, mot compte double
Autour de moi elle a entamé une farandole. Elle me pressait. Je sentais bien quelle cherchait à assurer sa prise. Elle partait de bas, de ma racine, du pubis. Son serrage remontait ma tige. Je pensais, bientôt elle en sera au gland. Vais-je résister ?
Le gland, quand il est au fond est bien. Enfin, dirai-je, est à son affaire. Le fond nest pas zone active. Au fond il y a la fameuse porte étroite. Dure, visqueuse, accueillante
la porte de vie, le grand col.
Moi, jaime au fond, glisser mon méat entre les lèvres solides de lutérus; je sais bien, je sens bien que cest là et pas ailleurs quil faut gicler les bons spermatos porteurs de vie.
Ces filles du service administratif de lusine sont des princesses, de vraies princesses.
Jpj, février 2014
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