En Famille D'Accueil - 2
Je nai même pas le temps de répondre quil est déjà parti. Pourtant, jai beau tenter de chasser de mon esprit cette intrusion, jen suis incapable. Malgré leur ressemblance frappante, je suis intrigué par la différence de charisme entre le père et le fils : lun est une force de la nature, alors que lautre est tout en souplesse et vivacité.
Jéteins leau le temps de me savonner, je me baisse pour choper le savon dune main habile et je commence à le faire glisser sur ma peau. Je suis loin de ressembler aux corps dApollon de ces deux mâles en puissance, le mien est certes tout aussi en longueur grâce à mes 1 mètre 80, mais je reste plus petit dune tête par rapport au fils et je ne parle même pas du père. Le souci est que je pèse un poids ridicule face à leur tas de muscles ; jai beau manger comme un ogre, je reste coincé à 60 kg, et même la pratique dun sport intensif ne me permet pas de métoffer. Je ne me plains pas dêtre mince, mais difficile den imposer avec sa prestance quand on ressemble à une liane noueuse. Ma virilité sexprime uniquement à travers ma pilosité. Depuis quelques années, le léger duvet tend à se transformer sur mon corps en une fourrure dun noir corbeau, qui reste circonscrite à des zones très localisées.
En fait, on ne peut pas dire que je porte le nom de Mowgli pour rien, surtout avec la masse indomptable de ma chevelure. Jai toujours refusé davoir les cheveux courts, car jaime à les sentir me frotter le haut des épaules ou semmêler lorsque le vent vient de son souffle les ébouriffer. Je pense également quils sont le symbole de ma personnalité, un signe distinctif exprimant ma sauvagerie primitive. Surtout quils forment un contraste déroutant avec le reste de mon visage. Autant mes cheveux sont noirs, autant jai la blancheur dun pot de crème fraîche. Ajoutez-y le bleu lagon de mes yeux et le rouge cramoisi de mes lèvres pour avoir un aperçu du choc des couleurs. Dailleurs, jai longtemps détesté ce visage au regard alangui de chat et à la bouche voluptueuse de rose, mais il faut bien se contenter de ce quon a malgré le regard des autres et leurs moqueries.
Perdu dans mes pensées comparatives, je continue de me laver le corps, en frottant avec vigueur ma peau avant davoir un moment darrêt. Sans trop comprendre pourquoi je bande, car mon sexe se dresse fièrement dans une attitude qui me semble fière et arrogante. Sil est dune taille raisonnable avec ces 16 cm, je dois préciser quil est muni dune différence pas piquée des hannetons devant les canons classiques de lentrejambe masculin. Dame Nature sest prise de fantaisie en moctroyant le pénis dun phimosis, ce qui empêche mon gland de voir la lumière du jour. Rien de grave en soi, surtout que je pourrais me faire opérer, mais je nen ai jamais ressenti lenvie (peut-être à cause dune peur paralysante des hôpitaux.) Quoiquil en soit, mon choix présente des aspects radicaux, comme le fait dêtre incapable de pénétrer qui ou quoi que ce soit.
Est-ce que ça mempêche davoir une sexualité ? Oui, parce que jai décidé de garder le secret, quitte à ne pas avoir de relations avec autrui. En même temps, les filles me sont inaccessibles, ce qui nest pas pour me déplaire et les garçons restent des garçons
Bref, pas sensiblement mon délire. Est-ce que ça mempêche de mamuser ? Non ! Dailleurs, je profite de ce moment pour me soulager un peu avec lidée de marquer mon territoire dans ce nouveau foyer. Habituellement, je ne pense à rien, occupé uniquement par mon plaisir. Je suis tellement misanthrope que mon désir est tourné sur ma seule personne. On peut le dire, je suis un monstre dégoïsme, mais pourquoi avoir besoin dautrui alors que je me suffis à moi-même ?
Cependant, jai la sensation que quelque chose a changé dans son processus, que de linhabituel sest immiscé dans ma masturbation. Mes mains senvolent toujours dun point à un autre de mon corps, pour en presser, caresser ou claquer chacune de ses parties. Mes doigts continuent de danser sur ma peau, la faisant frémir avec délice, pendant que mes sens répondent aux différents stimuli usuels.
Je peine à reprendre mes esprits, pour comprendre le sens de ces paroles qui sont sorties avec inattention de ma bouche. En même temps, je reste embrumé par le soulagement dune bonne éjaculation, jusquà ce quun bruit me fasse lever la tête. Avec horreur, je constate que la porte de la salle de bain nest pas fermée. En quittant la pièce, Bastien la laissé entrouverte. Au-dehors, je ne vois quune ligne dobscurité dont je tente de percer le mystère, ce qui fait danser lillusion dune ombre se déplaçant parmi les ombres. Jaurais pu avoir rêvé cette apparition fantomatique, si un souffle ne se faisait entendre à travers la porte, venant confirmer mes pires soupçons. Tétanisé par lidée de mêtre laissé aller sous des regards indiscrets, je reste figé dans une stature deffroi, avant allumer leau de la douche pour me sortir de cette léthargie. Mes choix sont limités, soit jappelle le voyeur à se démasquer, soit je fais comme si de rien nétait. Et ma sauvagerie a sélectionné la deuxième option comme ligne de conduite
la prochaine fois, je naurais quà faire plus attention.
Sur le coup, je ne sais pas ce que je dois penser de cette aventure. Faire comme si de rien nétait ne me semble pas bien compliqué, puisque ma nature sauvage mhabitue à limiter au maximum les contacts avec autrui.
Afin de reprendre mon sang froid, jarrive à me convaincre que mes paroles nont pas pu atteindre ses oreilles, même si un léger doute persiste. Je retourne dans ma chambre et entreprend de ranger mes affaires lorsque mon regard se pose sur des fruits et légumes. Saisis la veille au soir pour combler le vide de mon estomac, javais été incapable de les avaler par pur dégoût des concombres, carottes et bananes. A mon sens, impossible de faire pire ! Il me faut les descendre dans la cuisine avant quils ne dégagent une odeur de pourriture. En les saisissant, je suis pris dun léger vertige qui me ramène à ma branlette sous ma douche. Je constate que la forme de ses aliments se rapproche étrangement de celle dune bite bandée, ce qui me déclenche un début dérection. « Sérieux mec, quest-ce qui te prend ? », me dis-je. Je chasse dun mouvement de main cette image, pour me jeter dans les escaliers et partir ranger ces « phallus » fantasmés.
En me dirigeant vers la cuisine, je me rends compte que de leau coule dans la salle de bains du rez-de-chaussée. Or, Bastien ne peut y prendre sa douche, puisque je le vois à travers les baies vitrées en plein crawl dans la piscine. Immédiatement, lidée que Marcus soit derrière la porte de mon exhibition inopinée me vient en tête. Est-ce quil serait monté à létage pour prendre sa douche, puis il aurait rebroussé chemin après avoir aperçu ma branlette ? Sous leffet de lémotion, mon corps se teinte dun rouge sauce tomate, accompagné dun coup de chaleur qui me donne limpression dimploser de honte comme une cocotte sous pression.
Hey ! Encore en train de manger, tu dois avoir un sacré appétit surtout après le petit-déjeuner que tu tes enfilé. Enfin, jimagine que tu as besoin dénergie, tu dois te dépenser beaucoup à cause de lexaltation de tes hormones.
Je sursaute avec violence en sentant la présence de Marcus, dont les paroles sonnent à mes oreilles comme une accusation. Il est si près de moi que je peux reconnaître larôme sucré de son gel douche. Comment jai fait pour me faire surprendre ? Je constate quil porte une attention particulière à ses fringues, pour mettre en valeur sa musculature de barbare. Un baggy mi-mollet qui laisse imaginer la puissance de ses cuisses et un marcel ultra échancré qui met à jour lopulence de ses pectoraux. Je baragouine un simple : « Non ! Je vais les ranger dans le frigo. »
Ha ! Tu nas pas réussi à manger hier soir après têtre enfui comme un voleur. Jimagine que tu dois réapprendre à vivre avec tous ces changements. Beaucoup en si peu de temps. Ne tinquiète pas ! Je comprends que tu veuilles jouer la carte de la méfiance, mais tu verras avec le temps que je suis de ton côté, toujours prêt à te venir en aide pour quoi que ce soit, me dit-il en posant une main ferme sur mon épaule. Nous sommes dans la même équipe.
Est-ce un double discours sur mes méprises des dernières 24 heures ? Je le remercie avant de tenter une échappatoire vers la cuisine, sauf que Bastien nous fait de grands gestes de la piscine.
Tiens, mon fils tappelle. Tu sais, il a toujours voulu avoir un petit frère à prendre sous son aile, surtout depuis que mes aînés ont quitté le domicile familial. Tu peux lui faire confiance pour soccuper de toi du mieux quil pourra, cest un bon garçon.
Sur ces mots, Marcus me quitte. Malgré lenvie irrépressible de me terrer dans ma chambre, je fais signe à son fils que je le rejoins dans quelques instants. Le temps pour moi daller ranger la bouffe en cuisine et de retrouver un calme apparent grâce à quelques profondes inspirations. Sur le pas de la porte-fenêtre, je projette ma main devant les yeux afin de me protéger dun soleil éclatant. Cette année, lété fut plutôt gris, mais la canicule semble sêtre éveillée avec retard en cette fin août. Bastien continue ses allers-retours, avant de prendre conscience de ma présence. A la force de ses bras, il soulève son corps contre le rebord de la piscine, profitant de notre conversation pour faire une série de tractions.
Alors, je tattends ! Quest-ce que tu fais ?
Rien ! Je pensais juste que je devrais peut-être déballer mes affaires, histoire de minstaller dans la chambre.
Allez, tu auras tout le temps plus tard. Viens profiter de ton temps libre avec moi, je te rappelle que nous sommes déjà à la fin des vacances.
Comment lui dire que je nai aucune envie daller barboter à ses côtés ? Sans sa présence, je me serais fait un plaisir de venir piquer une tête dans leau, dautant plus quà lextérieur la chaleur se fait étouffante. Déjà des perles de sueur prennent forme le long de mon dos et sur mes tempes. A cause de la chaleur ou de lémotion ? Je suis agacé quil insiste à ce point pour que je le rejoigne. Ses muscles roulent sous sa peau lorsquil se propulse au milieu de leau comme un être aquatique, avant de disparaître de la surface. Avec un peu despoir, il doit sêtre décidé à laisser tomber. Je suis prêt à tourner les talons, quand je vois un geyser deau foncer sur moi. Pas le temps desquiver le jet que je suis trempé de la tête aux pieds. Un éclat de rire se fait enttendre, celui de Bastien qui tente de remettre sous leau le tuyau responsable de mon inondation.
Tu ne peux pas être plus mouillé. Maintenant, tu nas plus dexcuses. A moins que tu ais peur de leau, mais je saurais prendre soin de toi.
Je suis sur le point de faire exploser ma rage. Je ne sais pas si cest de mavoir trempé ou si cest parce quil me prend pour un gamin. Mon orgueil réclame vengeance, mon corps veut lui donner le coup de grâce, ma conscience est imprimée du mot « noyade ». Je me dirige avec peine jusquà un cabanon prêt de la piscine, où est entreposé le matériel nécessaire à son entretien. Avant de fermer la porte, jentends Bastien me dire : « Pas la peine de te cacher pour te changer, on est entre mecs. Tu devrais oublier ta pudeur
» Quil aille se faire mettre ! Les vêtements me collent à la peau, même mon boxer est en nage. Jai la haine !
Etrangement, je suis content davoir eu la présence desprit de garder le maillot de bain dans ma poche. Jenfile le boxer avec appréhension, mais il est pile à ma taille. Je jette un il avant de sortir du box, pour me jeter dans la piscine quand Bastien a le regard détourné. Quelque chose en moi se refuse à le laisser me voir dénudé ! Une gêne me serre les entrailles quand je suis habillé et une honte me submerge quand je suis nu. Délire complexé de ladolescent ? Pas que, car jai dessiné un jeu de cicatrices sur la peau des bras, des épaules et des hanches. Un entrelacs de lignes comme des griffures dont les marques se signalent par une couleur entre le violet et le rose. Je ne parle même pas de la comparaison entre nos deux corps, le sien se transforme en sculpture dAdonis alors que le mien stagne au gabarit du gringalet.
Avec un sourire désarmant, Bastien avance vers moi comme un prédateur marin avancerait vers sa prochaine victime. Ses lèvres se soulèvent sur des dents carnassières, qui semblent vouloir se repaître de ma personne. Jai du mal à suivre lampleur de ses mouvements face à ma maigre expérience aquatique et encore plus de mes cheveux qui ne cessent de retomber devant mes yeux.
On nest pas mieux dans leau ? Tu ne peux pas savoir combien je suis content de ne plus être seul, je vais pouvoir me soutenir à quelquun maintenant. Je vois que le maillot de bain te va à la perfection, je lai retrouvé dans mes affaires. Je devais avoir 10 ou 12 ans la dernière fois que je lai porté.
Quoi ? Est-ce quil essaye de se moquer de moi ? Je refoule mes émotions plus contradictoires les unes que les autres, entre la révolte et lécoeurement. Bastien a le don pour se lancer dans des discours larmoyants, avant de plonger dans lironie la plus pointue. « Fais-lui boire la tasse ! », mordonne mon diable dâme.
Tu nes pas très causant comme mec. Enfin, je saurai te faire sortir les mots de la bouche
Et sans crier gare, il se jette sur moi. Je sens son corps se plaquer contre le mien avec violence, sa peau se frotter contre la mienne. Il appuie avec force sur mes épaules, ce qui me fait plonger la tête sous leau mais il ne tarde pas à my rejoindre. Accroché à mon corps, je vois ses muscles se tortiller pour mempêcher de méchapper. Son regard est vrillé au mien allumé dune étincelle de défi, même sil affiche déjà le sourire du vainqueur. Latmosphère est étrangement calme sous la surface, tout y est plus clair comme en arrêt sur la marche du temps. Avec le manque doxygène, mes yeux se ferment seule. A chaque clignement pour les garder ouvert, jai la sensation de voir Bastien approcher son visage plus près du mien. Il me noie, mes yeux sont clos. A jamais ? Mes lèvres sentrechoquent contre quelque chose de doux et de moelleux, avant de souvrir à lair libre pour redonner vie à mes poumons. Bastien me lâche avec une mine satisfaite
Nhésitez pas à menvoyer un message. Je me sens dhumeur à assurer le service après lecture.
A plus les mecs, pour le prochain épisode.
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