Rio Grande 2/3 Dans La Place
Jétais décontenancée. Ils ont fouillé dans ma vie. Déterré dun claquement de doigt ce que je tenais secret depuis que javais intégré la police. Oui, je suis lesbienne. Oui, je le cache. Difficile pour une flic dafficher ses goûts pour le sexe féminin. Cest un milieu sexiste et macho, voire homophobe. Les femmes sont déjà à peine tolérées, alors une lesbienne ! Je navais pas de petite amie attitrée, ni de relation suivie depuis plusieurs mois, mais lorsque lenvie men prenait, je passais la nuit avec une fille. Ashley, la jolie barmaid, était ma dernière conquête en date. Comment avaient-ils remonté jusquà elle ? Et aussi vite ? Peu importe
De là, à coucher avec une suspecte pour une enquête, il y a un pas
Après je trouve Brooks séduisante, même si le genre cougar quarantenaire, ce nest pas ma tasse de thé. Je préfère généralement les filles de mon âge et de mon style. Le genre bimbo blonde à gros seins, ce nest pas mon genre. Ashley, par exemple, correspond plus à mes critères, une petite rousse à petite poitrine.
Bon après, quest-ce que je risque à lui faire un peu de gringue à Brooks ? Sans coucher avec elle, juste tenter de la séduire un peu. Pour voir
Et puis, quelle chance je peux avoir, moi, prétendue petite secrétaire nouvellement arrivée. Brooks a sûrement loccasion de séduire des filles bien plus appétissantes que moi. De toute façon, elle évolue dans un autre univers que le mien. Après, le tag « secrétaires », associé à « lesbiennes », qui revenait dans son historique de recherche sur les sites de cul, mouvre certains horizons. A priori, je suis son genre finalement, daprès ses préférences sur internet.
Bon, qui ne tente rien
Dès demain, je vais essayer de me montrer sous mon meilleur jour auprès de Brooks. On verra bien !
Le lendemain, je mis une jupe serrée, plus courte que dhabitude, un chemisier blanc légèrement transparent, sans que cela soit choquant.
En arrivant au bureau, je me suis mise à mes activités habituelles, lorsque j'ai aperçu Katherine qui me faisait des grands signes. Elle était sur deux téléphones en même temps. Tout en continuant sa conversation avec son interlocuteur, elle mimait le fait quun parapheur de documents était à signer par la boss.
- Cest hyper-urgent, elle lattend, vas-y, me dit-elle, en me montrant la porte du bureau de Brooks.
Je me suis présentée dans le bureau de Karla Brooks le parapheur sous le bras.
Elle était également au téléphone. Elle m'a indiqué dun signe de la main de poser le parapheur devant elle.
Je fis donc le tour de son bureau. En me penchant pour me placer derrière elle, jeu une vue plongeante sur son décolleté et sur son soutien-gorge à balconnet apparemment.
- La voilà loccasion de la chauffer un peu, me dis-je aussitôt, tout en profitant moi-même de la perspective.
Je me suis penchée en avant afin de tourner les pages, pour quelle puisse signer. A chaque mouvement de mon bras, je marrangeais pour que ma poitrine frôle son épaule. Dès le premier contact, je lai aussitôt sentie se raidir et me jeter un coup dil en coin.
Pour aiguiser tous ses sens, je métais mis quelques gouttes dans le cou, de ce parfum français, acheté au frais de la police dAustin. Celui que Marylin Monroe a confié porter pour dormir (et rien dautre).
Jai fait comme si je ne métais aperçu de rien. Au document suivant, jai encore accentué la pression sur son épaule.
- Ça, je ne peux pas le signer comme ça ! Il faut que je le lise avant, me dit-elle en posant sa paume sur le combiné.
Elle ajouta en mindiquant un des fauteuils devant son bureau :
- Laissez-moi le temps den prendre connaissance June, mais ne restez pas debout, asseyez-vous en attendant. Si cest bon, il faut que ça parte aussitôt après, par contre.
Jai fait à nouveau le tour du bureau. Comme si javais des yeux dans le dos, jétais bien consciente du regard de Brooks sur mes fesses.
Les fauteuils en cuir étaient profonds. Je me suis arrangée, en menfonçant dedans, de croiser les jambes le plus haut possible. Ainsi, jai pu faire monter ma jupe et dévoiler plus de la moitié de ma cuisse droite, voilée de noir.
Jai tout de même eu ce geste pudique de baisser ma jupe pour cacher mes jambes. Il sagissait bien sûr de fausse pudeur. Les séductrices savent user et r de ce genre de subterfuges. Même si ce nest pas mon univers, et mes tenues habituelles, séduire, je savais faire.
Une évidence, javais accroché son regard depuis le début. Elle navait lâché mon postérieur que quand jai eu terminé de faire le tour du bureau et que je lui ai fait face pour m'asseoir, jai surpris son regard. Entre deux lignes de lecture, elle matait mes cuisses, cétait évident.
Je tentais un décroisement, puis un nouveau croisement de jambes, passant cette fois la cuisse gauche par-dessus la droite.
Seut leffet escompté. Cette fois ce nétait plus des regards discrets mais bien appuyés. Le deuxième effet de mon jeu de jambes, involontaire, fut de remonter encore un peu plus ma jupe, de manière à ce quun demi-millimètre de la dentelle du haut de mon bas apparaisse.
Jen rajoutais en jouant linsouciance. Je laissais vagabonder mon regard sur les murs, mattardant sur les tableaux accrochés aux murs, les regardant même avec attention.
Je suis complètement hermétique à cette frange de lart contemporain, où les prétendus artistes peignent des traits et des tâches au hasard sur une toile en prétendant à qui veut lentendre que cest leur représentation de la déliquescence du monde. Viens avec moi dans la rue, mon gars, je vais te montrer ce quest vraiment la déliquescence du monde :
- Intéressante cette toile, fis-je au bout dun moment.
- Vous aimez lart moderne June ?
- Oui, jaime beaucoup, répondis-je la bouche en cur, cette toile particulièrement. Lartiste a su donner un vrai mouvement à lensemble. Cette scène vit !!
- Ici, je nai que ces quelques tableaux. Pas mes préférés. Je suis collectionneuse et chez moi, jai des uvres bien plus intéressantes. Si vous appréciez lart, je peux vous les faire découvrir.
- Jaimerais beaucoup, mais je ne veux surtout pas vous déranger Madame Brooks.
- Appelez-moi Karla, et puis, ça ne me dérange pas déchanger avec de vrais amateurs dart.
Passez donc
disons
ce soir ! Je viens de trouver une sculpture composée de mobiles, réalisée par un jeune artiste californien qui a beaucoup davenir à mon sens. Elle a une place de choix sur ma terrasse.
- Avec plaisir Karla ! Fis-je en récupérant le parapheur.
- On dit 21 heures June ?
- Parfait Karla
Je suis sortie du bureau en accentuant légèrement le mouvement de mes fesses, juste ce quil faut pour aimanter le regard de Brooks, mais ne pas trop en faire. Il fallait que ça paraisse naturel. « Légèrement allumeuse, mais point trop nen faut », me dis-je
Jouer à la vamp ultra sexy, mais ingénue qui n'en a pas conscience, mamusait finalement beaucoup. Je ne suis pas du tout comme ça dans ma vie, mais tenir ce rôle était plus que marrant. Je ne savais pas où cela allait mamener, mais ce soir, je serai dans la place. On verra bien.
A 21 heures tapantes, je me suis pointée devant la grille du parc de la résidence de Karla.
« Bonsoir Karla, cest June, ai-je dit à travers linterphone
- Vous êtes ponctuelle June, jaime ça. Je vous ouvre.
Le portail sest ouvert. Jai engagé ma Chevrolet dans lallée.
Malgré le climat dAustin, chaud et humide, la variété des arbres, arbustes et plantes qui ornent le jardin est très variée. On passe du subtropical, au tropical, sans oublier le méditerranéen.
Après une courbe à droite, puis une courbe à gauche, jai découvert la villa de Karla. Cest une maison contemporaine toit plat à la façade composée dun peu de bois, de métal et surtout de parois vitrées. A vue de nez, cest gigantesque.
Jai aperçu la silhouette de Karla qui m'attendait derrière une baie vitrée immense.
Elle ma montré ses collections, jai fait semblant dêtre ébahie. La plupart de ces « uvres » nont éveillé en moi quun vague amusement. Quelques pièces méritaient vaguement le détour. Il ny a pas que de la daube, fort heureusement dans lart contemporain. Jai apprécié notamment une série de lithographies dun illustrateur assez connu, Mel Ramos, mélangeant les imageries Pin-Up et Pop Art. Ces lithographies, a priori originales, signées de la main de l'auteur, avaient une valeur certaine. Trop cher pour moi, avec mon salaire dinspectrice, mais jaurais bien orné les murs de mon appartement avec.
Ensuite ? Eh oui, comme je le supposais, linvitation de Brooks était bien un prétexte pour me mettre dans son lit après men avoir mis plein la vue.
Elle ma vite coincée contre un pilier entre deux « uvres » plus quabstraites pour essayer de membrasser tout en me triturant la poitrine.
- Quest-ce que vous faites Karla ? dis-je avec ma voix dingénue.
Je nallais pas céder si facilement.
Puisque cest animal, allons-y
- Tu aimes employer des mots grossiers pendant le sexe ? Ma-t-elle demandé en lâchant enfin ma bouche et en glissant sa main sous ma jupe à la recherche de ma petite culotte.
- Euh
- Tu sais, le dirty-talking ?
Ayant déjà eu quelques expériences dans le genre, notamment une petite amie qui ne prenait son pied quavec ça, on apprend assez vite à sinitier et à être efficace dans le domaine du dirty-talking : lemploi dun diminutif est toujours préférable. Par contre, il faut bien le choisir. Par exemple, « petite salope » passera toujours mieux que « grosse pute ». Ça rend tout de suite la chose plus mignonne, plus intime. Cest de la pure logique. Il sagit juste de trouver la bonne mesure. Je manque dexpérience avec les mecs, mais je suppose quil est préférable de leur dire quon aime leur « grosse queue », plutôt de dire quon adore leur « petite bite ».
Lobjectif est bien, quelque soit la situation, de jouer et de satisfaire les fantasmes de lautre, ainsi que dessayer de lui apporter le plus de plaisir possible. Alors pourquoi pas le dirty-talking.
Bon, pour Karla, il faut placer la barre très haute pour trouver la bonne mesure.
- Fais-moi ça salement, ma par exemple dit Karla demblée, alors quelle me déshabillait sans trop de ménagement.
Ça peut refroidir. Après, vu ce qua déployé Karla par la suite, le dirty-talking, cétait juste un amuse-gueule.
Ce fut hard, dans les paroles donc, mais aussi dans les actes. Je ne suis pas une vierge effarouchée, ça a parfois été chaud avec certaines de mes partenaires, mais là, cette joute sexuelle fut pour moi loccasion de repousser certaines limites.
Les pratiques de Karla dépassent largement tout ce que jai fait auparavant. Jai été étonnée notamment par le nombre, les formes et la taille des sextoys que nous avons utilisés.
Tout ce que lon a fait la été dans le respect de mes limites. Par contre, du côté de Karla, cétait un peu no-limits
Après des ébats sexuels, en général, je mendors assez rapidement, mais jaime profiter de ce moment après lamour, ces instants hors du temps de quiétude, de zénitude même et de profonde satisfaction, avant que le sommeil me prenne. Là, je me suis écroulée dans la foulée. Karla mavait épuisée.
Je dors peu. Je ne suis pas insomniaque, jai juste besoin de quelques heures de sommeil seulement pour récupérer.
Karla, par contre, dormait à poings fermés de lautre côté du lit, allongée sur le ventre. Sa bouche laissait échapper un léger ronflement. De la manière dont elle sétait donnée, jimagine quelle avait besoin de récupérer.
Loccasion rêvée de fouiner un peu.
Sur la table de salon en marbre de Carrare (de la dimension dune table de pingpong à peu près, le genre de truc qui nentrait même pas dans mon salon), se trouvaient les téléphones portables de Karla. Elles les avaient laissés là, la veille, au début de nos ébats, avant de sécrouler sur son lit pour dormir.
Je me suis intéressée au fameux troisième, celui que javais repéré dans son bureau. Elle avait reçu un message pendant la nuit, dun certain Pablo. Intéressant ! Je ne voyais que le début du message sur lécran daccueil.
La partie visible du message pourrait intéresser mes supérieurs, cest évident.
« Prochain transfert lundi 24 mai via circuit numéro 3. Laredo Bank of Investment. Sur compte habituel.
Treize unités. Puis acheminement classique circuit numéro 3
Retour vers origine -10% contractuels, au plus tard le 31 mai.
Vous devrez
»
Je ne voyais pas la suite, il aurait fallu pour ça que je puisse ouvrir le téléphone. Je navais pas le code de déblocage.
Je me suis empressée de photographier ce message avec mon propre portable, et de lenvoyer à la Cheffe aussitôt. Je tenais quelque chose, enfin.
Bien joué June, les guignols du FBI travaillent là-dessus depuis des lustres et toi, en une nuit, tu mets le doigt sur un truc.
Ils avaient fouillé ce téléphone à distance après que jen ai découvert lexistence, mais si Karla supprimait aussitôt les messages, ils ne verraient pas celui-là. La preuve, ils navaient trouvé que son passage sur des sites de cul dans son historique.
Jai entendu Karla arriver dans le couloir. Je me suis empressée de reposer son portable et de ranger le mien.
Karla est entrée dans la cuisine complètement nue. Quest- ce quelle est bien foutue ! Un peu bimbo quarantenaire, certes, les seins refaits, certes. Une Desperate Housewife en puissance, pas ment mon genre, certes, mais jen ai bien profité, et ça a été loin dêtre désagréable, même si ça a été surprenant au début.
- Un café ? me demande Karla devant la machine à expresso.
- Oui, pourquoi pas
- Un mélange colombien, me dit-elle en me tendant une tasse. Je dois passer quelques appels, je reviens
- A cette heure ?
- Il nest pas si tôt que ça à lautre bout du monde. Il est même très tard.
Jai dégusté mon café, cest vrai que son mélange est très bon, un mélange damertume et de douceur.
La nuit a été agitée, certes, mais jai du mal à me réveiller. Moi qui suis en forme dès que jai posé le pied par terre, jai du mal à me traîner vers la chambre, pour récupérer mes affaires.
Jai la tête qui tourne en me rendant ensuite vers la salle de bain attenante, je sens mes jambes se dérober sous moi, je mappuie au chambranle de la porte.
- Elle ne ma pas drog
Ce furent les dernières pensées qui me vinrent avant que je ne me sente perdre léquilibre en essayant de retourner vers le lit.
Jai aussi senti lépais tapis devant le lit amortir ma chute. Puis le trou noir
Jai repris connaissance, enfin, jai commencé à retourner mes esprits dans une pièce plongée dans la pénombre. Manifestement javais les bras tendus vers le plafond et les poignets attachés à quelque chose. Mes bras justement, je ne les sentais plus, tendus vers le plafond, le sang les avait quittés.
Jai essayé de bouger. Un cliquetis métallique ma indiqué que mes poignets étaient entravés par une chaîne. Mes chevilles aussi étaient immobilisées. Apparemment elles étaient enchainées à une barre métallique juste au-dessus du niveau du sol.
Jai entendu le cliquetis dune clé dans une serrure, puis une lumière aveuglante a inondé la pièce :
- Alors réveillée la salope ? A annoncé la voix de Karla
FIN DE LA DEUXIÈME PARTIE.
A SUIVRE
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