Luxure Et Libertinage.
La villa est si grande que Muriel en perd son sens de lorientation. Elle saffole, un peu décontenancée par tout ce quelle y voit. Partout où elle va, ce n'est que débauche et luxure. La soirée a vite dégénéré en joyeuse pagaille orgiaque et échangisme débridé. Une femme de cinquante ans, serrée dans un pantalon et un boléro de satin jaune électrique, vient de faire tomber le slip de son jeune amant de vingt ans son cadet - lui saisissant le sexe et le secouant avec une vigueur incroyable, comme cherchant à létirer davantage alors que ses proportions sont plus que considérables. Muriel en a mal pour lui. Plus loin, un superbe noir oscille sur place, les yeux révulsés, avec un mépris total du rythme, tandis que sa compagne, adossée au mur, le contemple avidement, emprisonnant de ses doigts le tissu de son pantalon, et serrant avec une insistance sans nuance la bosse qui s'y dessine. Juste à côté d'eux, un jeune couple se caresse mutuellement, à un stade plus avancé. Cest la femme qui a pris les initiatives en emprisonnant dans sa main lénorme pénis de son compagnon, se penchant pour le prendre dans sa bouche avec un appétit vorace. Muriel les dépasse vivement, prenant garde de se montrer la plus discrète. Etrangement, il règne dans toute cette débauche un respect total, où toute sollicitation est bannie, évitant ainsi les malaises et les conflits. Aucune proposition indécente ne lui a été imposée. Juste des regards insistants, dans lattente de son approbation. Tous ces regards chargés de désir flattent son ego, elle se sent malgré elle la femme la plus belle et la plus désirable. Décidément, jamais elle naurait pensé un jour finir dans ce genre dendroits, suite à étrange concours de circonstance aussi improbable quinattendu. Comment avait-elle pu se laisser embrigader là-dedans, entraînant son mari aussi dans une soirée échangiste ? Tout cela pour lépater, sortir de lordinaire, briser cette routine qui engluait leur couple dans une triste vérité.
- Mon copain est trop nul, un vrai dégonflé ! Alors si vous voulez vous éclater à notre place, ne vous gênez pas ! avait-elle balancé avant de claquer la porte.
Ainsi, avec linvitation en main, Muriel avait rejoint sa table, un petit air effronté sur le visage. Ce genre de situation ne lui arrivait pas souvent et elle se sentait toute excitée comme à son premier rendez-vous galant.
- Tiens, jai déjà une soirée prévue pour très bientôt, avait-elle dit en lui donnant linvitation dans une mimique théâtrale.
Les sourcils de son mari sétaient arqués dans une expression aussi interrogative que négative. Il naimait pas les imprévus.
- Je ne crois pas que cela soit une bonne idée, avait-il évidemment répondu en lui refilant prestement le bristol comme si celui-ci lui brûlait les doigts.
Muriel avait ri de bonne humeur.
- Allez, cela peut être marrant. Et cette invitation est pleine de mystère
Samedi soir à 22 heures, soirée Gourmandise à lAlibi dO !
- Cela fait très club échangiste ! Cest plutôt inquiétant
- Ou simplement grande gastronomie ! La gourmandise dune excellente cuisine par exemple
- Quest-ce que tu peux être naïve ! Je te le dis, moi
Cest un truc échangiste ou, pire, une secte étrange et inconnue comme il en existe tant !
- Et alors ? Justement, un peu de folie ne nous fera pas de mal
- Et tu ne vois là rien de bizarre ? Et sil yavait du danger ? Surtout que, sur le carton dinvitation, il est précisé que cest une soirée VIP et il est inscrit le nom des invités : Mr et Mm Delpuech.
- Oh non, arrête dêtre rabat-joie !
- Evidemment, tu ne vois le mal nulle part ! Avec toi, tout le monde il est beau il est gentil ! Et cette femme, elle était comment ?
- Belle, assez sexy
Rien dune tueuse en série !
- Très drôle !
- Une femme dune beauté ordinaire mais qui sait se mettre en valeur pour attirer les regards, avec bon goût. Elle était très en colère, traitant son compagnon de « gros con » qui ne comprenait rien et qui allait la perdre sil continuait à se la jouer vieux-jeu et râleur
Tiens, dailleurs, cela me rappelle quelquun ?
- Encore très drôle !
- Elle était si énervée quelle ma donné son invitation sans réfléchir. En fait, pour dire la vérité, elle allait dabord le jeter puis, au dernier moment, elle ma vue, puis me la remis avant de sortir des WC en claquant la porte.
- Comme ça ? Sans rien dire ?
- Si, elle a dit un truc bizarre
Du genre : « Tenez, vous ne le regretterez pas ! » Cest tout
- Voilà qui est bien mystérieux
- Et terriblement excitant !
- On pourrait avant rentrer à la maison et jeter un coup dil sur internet. De nos jours, il vaut mieux être prudent
- Et où est limprévu et la spontanéité espèce de trouillard ! Non, soyons fous, si on y va cest sans savoir où on met les pieds, de laventure et du danger bon sang !
Elle avait ri de bon cur, un rire frais et communicatif qui la fait sourire malgré lui. Rien ne pourrait calmer lexcitation de sa femme. Muriel était enthousiaste de nature. Elle faisait partie de ces êtres rares qui se réjouissaient dun rien, à la fois espiègle et rieuse, gardant son âme d naïve et spontanée. Comme il hésitait, elle lobservait avec insistance, un petit air coquin sur les lèvres.
- Quest-ce quil y a encore ?
- Tu te rends-compte ? Un Mas ? Jai toujours rêvée de faire lamour dans un grand et somptueux Mas ! Un fantasme que je pourrai enfin réaliser avec toi, le seul homme de ma vie !
Il en avala son poisson de travers. Puis, se reprenant, lair faussement sérieux :
- Cest quelle date déjà ? Oh, cest cette nuit, quel hasard ! Je crois que nous navons rien de prévu après le repas, nest-ce pas ?
Malgré lui, il sesclaffa avec elle. Il ne pouvait pas lui résister. Sa joie de vivre rayonnait dun éclat qui emportait tout. Son optimisme était une force, une tempête, un raz de marée. Et que dire de sa beauté encore plus lumineuse. Un mètre soixante cinq admirablement proportionné, bouche rieuse délicatement dessinée, yeux verts et cheveux dor en cascade, Muriel avait un visage de poupée qui auréolait dinnocence. Avec un corps à provoquer larrêt cardiaque : une taille de guêpe, des jambes fuselées, des seins menus mais insolents, des fesses hautes et dures comme du granit
Dans nimporte quel vêtement, moulant ou pas, elle était inconsciente que chaque courbe gracieuse était une réelle incitation à la débauche.
Et, étrangement, cette nuit, dans cette ambiance chaude et électrique où tous les plaisirs semblaient possibles dans ce mas lAlibi dO qui était bien un club libertin, elle prenait réellement conscience de son pouvoir de séduction, de lattrait et la fascination que sa beauté déclenchait tout autour delle. Tous ceux ou celles qui la dévoraient du regard rendaient hommage à sa beauté, un désir lancinant, brûlant de fièvre, qui la rendait fiévreuse, à nerf de peau
Et, encore plus étrange, aucun geste déplacé, aucune avance lourde ou vulgaire, mais du respect, une attente, comme si cétait elle qui pouvait décider du moment et du partenaire. Un sentiment de puissance qui la grisait un peu
Elle slalome entre tous les couples enlacés qui, debout, assis ou allongés, sadonnent avec délices aux plaisirs de la chair.
A son tout sollicitée par un homme assez séduisant, ils sétaient ensuite perdus de vue, et elle était partie à sa recherche, peu inquiète en vérité, et tellement distraite par tout ce qui se passait autour delle
La culpabilité ne cesse de la r, mais un autre sentiment indéfinissable sy mêle, qui ressemble à une poussée dadrénaline, à une excitation malsaine alors quelle ne cesse dobserver son mari avec cette autre femme. Pour des raisons obscures, elle se sent submergée par une violente bouffée de chaleur quand son mari plonge la tête sur la nuque de sa compagne, la léchant goulûment comme un animal affamé le ferait. Tenant solidement les hanches de sa partenaire, il accélère son va-et-vient, mêlant ses râles aux gémissements éperdus de celle qui se fait si délicieusement prendre par derrière. Muriel détourne vite les yeux, horriblement mal à laise de se sentir si excitée, mais une envie irrépressible la pousse à regarder de nouveau, et elle n'arrive plus à détacher son regard. La scène lui paraît violemment érotique, elle tremble nerveusement quand linconnue pousse un cri libérateur, gémissant ensuite sans discontinuer alors que lorgasme la prend pour ne plus la lâcher. Muriel vibre à lunisson, comme possédée à son tour. Cest comme si cette femme la prenait avec la même intensité. La rapidité avec laquelle cette femme enfouit après sa tête entre les cuisses de son mari est effrayante, comme si une faim tenace lui donnait envie de goûter à la source même du plaisir masculin, ce sexe encore dur et frémissant qui venait de la pénétrer. Jamais elle ne sétait permis de lui faire une fellation après la pénétration. Dailleurs, elle ne se permettait pas grand chose
Au lit, elle était passionnée, fougueuse, démonstrative, démarrant assez vite dans une extase à la fois brève et intense, mais elle devait reconnaître que limagination et la perversité nétaient pas son fort
Or, justement, cette inconnue lui donnait tout ce qui lui faisait défaut, et une jalousie insidieuse commence à monter en elle. Brusquement, elle sent une présence tous prés, derrière elle, un souffle sur sa nuque, un regard intense qui ne la lâche plus. Une personne lui susurre dune voix douce :
- Ton mari semble vraiment apprécier les faveurs de Margaux
Cest une gourmande, elle sait y faire, et tu as raison de partager son expérience
Rien de tempêche ensuite de lui refaire la même chose, toute leçon est bonne à prendre
Confuse, Muriel regarde ailleurs. Elle se sent coupable dêtre partagée entre les remords et une excitation sans nom. Elle en a assez vu. Le temps des explications viendra plus tard. Elle veut avancer mais, avec aplomb, celle qui vient de lui parler lui barre le passage.
- Jolie inconnue, il ne tient quà toi de partager le même bonheur avec moi.
Je peux te donner du plaisir comme aucun homme ne ten a donné, de mille façons différentes. Jamais tu ne le regretteras.
Le désir de cette femme est si fort que cela en est contagieux, comme une fièvre qui la gagne à son tour. Grande, une beauté altière et sophistiquée, un visage carré au menton volontaire, cest une femme qui inspire force et confiance. Sa voix est grave, caverneuse. Un amour passionné vibre dans cette voix, comme une délicieuse promesse qui lui donne la chair de poule. Désorientée, Muriel articule faiblement :
- Jamais je naurais dû venir ici. Ce nest pas un endroit pour moi. Je regrette
- Je sais
Cela fait un moment que je tobserve, et je vois bien que tu nes pas habituée à fréquenter notre monde. Alors, agréablement surprise ?
Troublée, Muriel prend du temps pour observer cette femme. Vraiment, elle ne manque pas daudace, même si son physique joue en sa faveur
Sans un mot, elle se détourne de linconnue et séloigne. Elle croise un couple qui, à moitié nu, se déplace en vacillant, îvre de désir. Puis, aussitôt après, un homme corpulent, tenant à peine sur ses jambes, perd léquilibre et la percute de plein fouet, lenvoyant promener sans ménagement sur un fauteuil. Aussitôt, linconnue qui semblait la suivre se précipite à son secours, après avoir envoyé une insulte bien sentie à lhomme maladroit.
- Oh, ça va ? Pas trop mal ?
Muriel grimace, se tenant lépaule.
- Jai mal à lépaule gauche, cest assez douloureux. Ici.
- Fais voir.
Elle se positionne derrière elle, lui massant légèrement la zone endolorie dun geste expert. Muriel ne peut sempêcher de pousser un petit soupir de bien-être.
- Hmm, ça fait du bien
Vous êtes très douée !
- Et tu nas pas tout vu !
Linconnue lui prend la main dun geste autoritaire, lentraînant vers lextérieur. Elles émergent dans la nuit moite, auréolée des néons et ampoules qui éclairent le patio festif. En découvrant plusieurs personnes qui discutent ou flirtent un peu partout, elle résiste un peu, inquiète. La femme éclate de rire.
- Naie pas peur, je ne vais pas te violer. Juste discuter avec toi
Comment une jolie fille comme toi, non libertine, a atterri ici ? Cela mintrigue et jaimerai bien connaitre ton histoire
Au fait, je me prénomme Coralie.
- Muriel.
- Enchantée, Muriel. Allez, viens, lair frais va te faire du bien...
Coralie exhale un gros soupir, fronce son joli petit front dun air pensif, puis finit par secouer énergiquement la tête en déclarant dun air convaincu :
- Non, je maintiens ce que jai dit. Beaucoup de couples viennent à léchangisme pour chercher de nouvelles sources dexcitation et fuir ainsi la routine. Il ny a pas de pire ennemie que la monotonie. Avec le temps on finit par se persuader que lamour de lautre nous est acquis de façon définitive, et cest ainsi que lon ne fait plus defforts pour plaire, on ne fait plus attention, on néglige son apparence et on en oublie limportance de la séduction. Boulot-dodo, le stress, les s qui accaparent toute lénergie, les problèmes quotidiens de la vie, tout cela fait que les couples délaissent sans le vouloir leur intimité. Alors, moins de désirs sexuels, moins damour, et voilà pourquoi autant de couples divorcent. Or le libertinage est la solution idéale pour ne pas tomber dans le piège de la monotonie. Du coup, les couples pimentent leur vie sexuelle, transgressent ensemble des interdits, et surtout font beaucoup plus defforts pour se plaire mutuellement et pour plaire aussi à leurs futurs partenaires.
- Tu exagères. Des couples qui séclatent ensemble au lit peuvent très bien en venir au libertinage pour dautres raisons. Simplement pour assouvir une libido au-dessus de la moyenne, aller toujours plus loin dans la réalisation de leurs désirs.
Muriel finit son verre dun trait, assez vite pour que lon ne remarque pas sa main qui tremble.
Elle en a appris beaucoup sur certaines pratiques de tous ces couples libertins qui, autour delles, semblent amoureux et complices, soudés par un lien indéfectible. Mais il lui en faut beaucoup plus pour être convaincue du bien-fondé de cette sexualité non-conformiste
Après avoir vue son mari séclater comme un fou avec une libertine, il est vrai aussi quelle manque dobjectivité, encore sous leffet de la colère.
La polémique entre lhomme et Coralie dure depuis une bonne demi-heure, où chacun reste farouchement campé sur ses positions, et ne fait pas avancer le débat dun pouce. Coralie a trouvé un interlocuteur aussi tenace et obtus, un bourgeois branché, pseudo- intellectuel aux idées bien arrêtées. Demblée, Muriel ne la pas aimé, et les minutes qui ont suivi nont fait que confirmer cette première impression. Elle laisse son regard se fixer sur le chèvrefeuille qui grimpe sur la pergola, suit distraitement les branches qui se croisent et sentrecroisent au-dessus de leur tête. Elle se laisse griser par ce parfum délicieux, prenant sans le savoir une expression heureuse. Tout est bon pour se changer les idées, ne plus penser à son mari et à ce quil est en train de faire avec sa jolie libertine. Alors elle se concentre sur tout ce qui lentoure.
Les invités, pour la plupart, sont charmants, originaux, font preuves desprit, sans le moindre complexe. Deux femmes, jeunes et superbes, rayonnent dune beauté provoquante, un peu vulgaire, et apparemment côtoient souvent Coralie dans le contexte libertin. Cest ainsi quelle avait appris peu avant le métier de lune dentre elles Palombra, une volcanique brune italo-américaine - fière dêtre call-girl et strip-teaseuse, et cela lavait choquée un peu, mais à discuter avec des gens qui sortaient de lordinaire elle sétait sentie elle aussi un peu marginale, vivante, et surtout audacieuse.
Cette sensation est exaltante, comme une joyeuse ivresse, ce qui met sa sensibilité à fleur de peau. Tout cela est confus, cette attirance quelle veut refouler, ce genre de conflit intérieur quelle na jamais eu à affronter parce que son existence avait été jusquici un modèle de conformité et de droiture. Désorientée, elle sent la panique remonter à la surface, avec ces images crues et troublantes de son mari et cette belle inconnue.
Coralie sent son malaise et tente de la détendre, se penchant vers elle sur un ton de confidence :
- Ne sois pas si nerveuse, tu ne coures aucun risque
Dans le milieu échangiste, cest toujours la femme qui est seule maîtresse à bord. Tout est permis mais rien nest obligé. Cest à elle seule à décider, elle est un peu comme une reine qui a plein pouvoir, qui contrôle tout. Tu ne risques donc absolument rien. Sauf si tu en décides autrement
Cette dernière réflexion assez lourde de sous-entendu nest pas pour la rassurer. Encore une fois, elle maudit son insouciance. Elle se demande vraiment ce qui lui a pris de se rendre dans un endroit pareil. Libertinage et mondanité qui sont à mille lieux de son univers.
Coralie tente de la distraire.
- Alors, qui a décidé de venir à notre petite fête ?
- Personne. Le hasard, cest tout. Un malheureux concours de circonstance dont je me serai bien passé
- Oui, continue, lencourage Coralie, amusée de son air désabusé.
- Rien. Me voilà juste cocue et impuissante, ce qui nest pas pour me ravir.
- Il fallait auparavant établir des règles ?
- Quelles règles ?
- Qui fait quoi avec qui, ensemble ou séparément, petits câlins ou relations complètes, avec ou sans pénétration
. Tout ce genre de petits détails qui peuvent être établis pour que chacun fasse ce qui lui plaît, dans la sérénité et le respect.
Elle ne cesse de lobserver dun regard fixe et insistant. Rachel sen trouve paralysée, le cur battant soudainement plus vite. Bon sang, comment une telle femme pouvait exercer une telle fascination ? Et comment un si beau visage pouvait dégager dun coup une telle perversité ? Ses grands yeux en amande sont en parfaite harmonie avec le doux ovale de son visage, ses traits sont sensuels, pimentés par une bouche chaude et généreuse. Ses cheveux noirs comme du jais rebondissent sur ses épaules, luisants, comme animés d'une vie propre, avec la même vitalité qui semble émaner de tous les atomes de son corps. Rachel a du mal à garder la tête froide et elle naime pas se sentir décontenancer. Elle en bafouille :
- Je
non, cest en tout bien tout honneur que je me retrouve ici, je ne savais pas, je viens de te le dire
Et je suis une femme sérieuse !
Sa réponse lui paraît stupide. Elle se retient pour ne pas se mordre les lèvres. Quelle idiote !
- Je nen doute pas, je te taquinais, cest tout
Et que penses-tu de tout ça ?
- Cest
cest étonnant.
- Et rien ne te tente ? Ici, toutes les combinaisons sont possibles. Avec un homme. Deux hommes. Une femme ou plusieurs
- Jai mon mari, cela me suffit.
- Tu as raison. Un mari qui lui ne se gêne pas pour samuser de son côté ! Alors profites et fais-en autant. Mais ne le fais pas avec un autre homme, tu ny gagnerais rien au change
Au lit, ce sont tous les mêmes, aucune imagination
Mais, par contre, si tu recherches du renouveau et du grand frisson, essaies avec une femme
Là, tu seras très agréablement surprise.
- Désolée, les femmes ne mattirent pas.
- Je nai donc aucune chance ? Dommage
Muriel tente de dissimuler son malaise. Latmosphère lourde et oppressante, chargée délectricité et imprégnée dun érotisme raffiné, la submerge encore dune trop agréable façon. Elle se retrouve encore en pleine confusion, ressemblant à une petite fille perdue en plein sex-shop alors que des couples commencent à flirter sérieusement tout autour. Il faut dire que sa vie sexuelle est tout ce quil y a de plus traditionnelle, ne connaissant les baisers et les caresses que dun seul homme depuis lâge de seize ans. Mais, malgré cette expérience unique et exclusive, Muriel sest toujours persuadée que lon peut vivre pleinement une sexualité épanouie avec lamour de sa vie, et que cela était certainement mieux quaccumuler de nombreuses expériences ratées
Une façon comme une autre de se rassurer sans jamais aller chercher ailleurs, et sans oser imaginer quil pouvait y avoir beaucoup mieux ailleurs. Lignorance est la meilleure protection, et elle se retrouve brutalement confronter à des gens qui prennent un plaisir fou à céder à toutes les tentations sans le moindre tabou, dans la diversité la plus inimaginable. De plus, la présence de Coralie lui donne limpression dêtre sur des charbons ardents, jouant avec le feu avec la plus irrésistible des tentatrices. Coralie dégage une telle aura de sensualité dans ses gestes, ses postures, quelle semble rayonner dune force sulfureuse, ce qui la rend encore plus envoûtante. Et elle dune beauté à couper le souffle dans sa robe moulante en soie qui, largement décolletée, laisse ses seins découverts. La ceinture qui l'enserre met admirablement en valeur sa taille souple et évasée.
Encore plus troublée, la gorge sèche, Muriel narrive plus à parler, de peur darticuler un croassement autant inaudible que ridicule. Avec la souplesse dun serpent, Coralie se lève et lui tend la main.
- Viens.
Sa voix douce est comme une caresse.
Muriel se crispe sur sa chaise.
- Pour quoi faire ?
- Rien. Juste regarder. Tu me dis que les femmes ne tattirent pas, mais je suis certaine que tu nas jamais vu deux femmes ensemble. Alors comment peux-tu être si catégorique ? Viens juger par toi-même. Allez, naie pas peur
Tu ne risques rien, je te le promets.
Cest dans un état second quelle se laisse attr par la main et se laisse guider à lintérieur de la bâtisse.
Elle croise plein de monde sans les voir, comme aveugle, comme si cétait quelquun dautre qui se laissait entraîner. Un univers de corps nus et de chairs entremêlées scintillent dans la pénombre, un foisonnement de couples et de positions variées qui lui donnent le vertige. Cest à peine si elle réalise que Coralie sadresse au passage à une superbe blonde qui croise à cet instant leur chemin.
- Fabienne, viens
Docile, la jeune femme les suit. Toutes trois pénètrent dans une vaste chambre. Les bougies et la lumière tamisée de la pièce laissent de la pénombre vacillante dans les angles, éclairant surtout le grand lit à baldaquin dun rouge vif posé en plein milieu de la chambre. Un il circulaire dans la pièce la fait stopper net. Deux femmes à moitié nues flirtent outrageusement, se dévorant de la bouche comme des affamées. Muriel ne réussit qu'à émettre un son inarticulé, paralysée par la stupéfaction. Il est vrai que se retrouver seule avec des lesbiennes décadentes qui vous dévorent du regard a de quoi surprendre.
Lune des deux femmes, une brune magnifique, interrompt létreinte et pousse une exclamation ravie. Cest Palombra, une splendide créature exotique, mate de peau et aux formes voluptueuses. Sa compagne, une rousse flamboyante, arbore une moue satisfaite, enveloppant d'un long regard brûlant la silhouette élancée de la nouvelle venue. Il est évident que toutes les deux la trouvent à leur goût. Il serait difficile de réagir autrement. Muriel est splendide avec ses longs cheveux dor qui roulent en crinière soyeuse sur ses épaules. Elle est vêtue avec élégance et sobriété, tout en noire, d'une longue robe en résille, avec un décolleté brodé et pailleté qui enserre sa petite poitrine. Les fines bretelles croisées dans son dos dévoilent ses épaules délicates, rehaussant la grâce de sa gorge et son cou graciles. Paniquée, elle veut faire demi-tour, mais Coralie la lâche en douceur au milieu de la chambre.
Muriel se fige dans un silence suffocant. Fabienne referme derrière elles la porte à clefs. Elle a dans les yeux une expression de joie sexuelle si effrayante que Muriel en a le souffle coupé. Elle se sent prise au piège, avec la sensation que la pièce se rétrécit brusquement, létouffant dune appréhension irraisonnée, dans une chaleur moite et suffocante. Elle reste plantée là, tremblante et interdite, tandis que Coralie vient de sinstaller sur le rebord du lit, une jambe pliée et l'autre se balançant doucement dans le vide, arborant une expression suave et contemplative. Elle s'étire comme une chatte amoureuse, cessant dobserver Muriel pour reporter son attention sur Fabienne. Muriel, dinstinct, se réfugie dans un coin dombre. La respiration sifflante, elle se contente dobserver les deux femmes qui se contemplent langoureusement.
- Fabienne, montre à cette hétéro coincée ce que deux femmes peuvent faire ensemble
Fabienne, avec une souplesse toute féline, s'approche de Coralie d'un pas lent et calculé. Comme conquise d'avance, cette dernière la regarde approcher avec impatience, déjà frémissante
Fabienne sassoit à côté delle, lenlace étroitement, son visage s'approche du sien, puis elle sort d'entre ses lèvres épaisses une langue frétillante qui agace les lèvres closes de sa compagne. Celle-ci entrouvre aussitôt sa bouche, répondant au baiser avec fougue. D'un geste doux, sans cesser de lembrasser, Coralie s'empare de ses seins opulents et en caresse habilement les pointes dardées, par-dessus sa robe. Fabienne émet un long soupir extasié. Elle se colle davantage contre elle, lui caressant aussi les seins et en concentrant ses attouchements sur les mamelons. Un instant, elles cessent de séchauffer pour tourner ensemble la tête vers Muriel :
- Viens avec nous
Cest une voix onctueuse, pleine de promesse. Elles linvitent dun geste à venir les rejoindre.
Muriel vacille, les jambes tremblantes. Jamais un spectacle ne lui a paru aussi beau, aussi esthétique, dun érotisme intense. Mais de juste regarder à passer à lacte, il y a un fossé quelle ne veut pas franchir. Cest éperdue quelle secoue négativement la tête. Les deux femmes haussent les épaules avec incompréhension, et lignorent en commençant à se dévêtir. Elles le font lentement, chacun de leur geste étant fait pour attiser le désir.
Puis elles arrêtent leur geste, juste en soutien-gorge, splendides dans leur impudeur et leur fierté, comme jouant avec leur désir quelles veulent entretenir le plus longtemps possible. Elles toisent leur future proie avec défi, en attendant la suite
Muriel ne bouge toujours pas. Alors les deux femmes se jettent lune sur lautre avec une faim brûlante, senlaçant et sembrassant comme si leur vie en dépendait. Fabienne est celle qui séchauffe le plus sérieusement, démarrant au quart de tour, alors que Coralie semble mieux maîtriser la situation.
L'urgence de passer à l'étape supérieure se brise net lorsque celle-ci, avec un petit sourire sadique, labandonne soudainement. Fabienne, frustrée, résiste à la tentation de se jeter sur cette femme joueuse qui la nargue impitoyablement. Son état est communicatif. Muriel est aussi brûlante de fièvre, si faible que la tête lui tourne et, pour échapper à un début de vertige, elle se laisse choir mollement sur un large fauteuil, contemplant la scène dans un état presque hypnotique. Dun geste dédaigneux, Coralie ordonne à Fabienne de séloigner, allant retrouver la brune et la rousse qui, nerveuses, se lassaient difficilement de ce simple rôle de voyeuse. D'un pas lent, Coralie s'approche maintenant de Rachel. Avec douceur, elle lui prend les mains et les porte jusqu'à ses seins. Muriel pousse un petit cri étranglé, puis son visage s'empourpre encore plus violemment.
- Mais elle rougit ! Halète Fabienne de lautre côté de la chambre.
Muriel veut retirer ses mains, mais l'autre la force à les garder sur sa poitrine. A travers le tissu du soutien-gorge, elle sent quand même les pointes se durcir au creux de ses mains, la piquant dune délicieuse brûlure. Le désir la submerge à son tour, comme une vague immense. Figée sur place, elle porte un regard écarquillé sur cette lourde poitrine quelle touche malgré elle, puis détourne pudiquement les yeux tandis que le sang ne cesse de lui monter au visage.
- Mais elle a l'air daimer ça ! s'écrie la sculpturale Palombra, de lautre côté de la pièce.
Coralie ne répond pas. Elle saisit les deux mains de Muriel et loblige à se lever. La plus petite résistance lui aurait interdit dinsister, mais Muriel, telle une poupée de chiffon toute molle, sans volonté, se dresse sur ses jambes tremblantes et se laisse guider jusquau lit. Coralie appuie sur ses épaules pour la faire asseoir. Cest tremblante de tout son corps que Muriel se retrouve assise sur le rebord du lit, si confuse et éperdue quelle jette un regard apeuré autour delle avant de baisser timidement la tête.
Elle ne voit pas Coralie qui sécarte, se tournant en même temps vers Palombra pour linviter dun geste à approcher. Celle-ci ne se fait pas prier. Coralie prend plus de recul, cédant la place à la volcanique italo-américaine qui sassoit doucement à côté de Muriel, se collant étroitement à elle. La chaleur de son corps et ses formes affriolantes provoquent instantanément une réaction nouvelle quelle ne peut maîtriser. Ni répulsion ou indifférence, mais une étrange bouffée de chaleur qui prend possession de tout son corps et lui noue lestomac et le bas-ventre dune excitation sans nom. Un dernier sursaut de conscience la fait réagir.
- Attendez
Il ne faut pas
Palombra tend la main et lui frôle lavant-bras dans un geste dapaisement. Muriel sursaute, relève lentement la tête.
- Je suis mariée et fidèle et
Palombra na quà tendre le cou pour la faire taire.
Ses lèvres humides et chaudes ont une infinie douceur, et Muriel gémit de surprise devant les délicieuses sollicitations de la langue qui sest déjà habilement faufilée entre ses dents.
A SUIVRE...
Nico Garner
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