La Veuve Lubrique.
Debout prés de la fenêtre de sa chambre située dans laile nord du château, Lucrèce brosse ses longs cheveux blonds avec lenteur, dun air pensif. Elle contemple en même temps le paysage sec et aride, sans relief, avec des vignes qui sétendent à perte de vue, bordées ici et là par de petits murets de pierre délimitant les plantations.
Soudain, son regard se fige lorsque la sensation revient.
Cela recommence
Limpression dune autre présence, dêtre épiée, surveillée
Comme si des yeux intenses traversaient les murs et se fixaient sur elle. Elle frissonne, serre instinctivement les pans de sa robe sous laquelle elle est entièrement nue. Tout à lheure, sous la douche, elle a ressenti cette même sensation étrange, et une douce chaleur lui a noué le ventre, un frisson voluptueux qui lui a donné la chair de poule.
Ce quil y a de plus incroyable dans cette impression de ne pas être seule, cest quelle ne ressent aucune peur, aucune crainte, mais un trouble indéfinissable.
Comme si lair était chargé délectricité, une atmosphère sensuelle qui vous prend et vous enveloppe dans un voile de mystère et dérotisme latent. Évidemment, elle ne croit pas aux fantômes ou autres événements surnaturels, mais il faut dire que le décor sy prête : un domaine viticole immense et isolé, un château cathare perdu au milieu des vignes, une impression de luxe et dopulence qui transpire dans la décoration intérieure, à la fois gothique, feutrée et intime.
Et il ny a pas que cela.
Ici, le personnel est exclusivement féminin, et comme trié sur le volet : toutes sont jeunes, jolies, et terriblement sexy. Ce qui nest pas pour lui déplaire
Tout cela complète une atmosphère de sensualité, de liberté et daudace. L'endroit idéal pour se reposer, recharger les batteries. Et explorer de nouvelles expériences...
Pour changer des hommes, sa principale source de revenus aprés plusieurs amants riches et influents qui l'entretenaient grassement.
Et, en attendant de trouver un autre pigeon à plumer, un futur mariage aussi fructueux que rentable, elle a besoin de se changer les idées et profiter d'un pactole bien mérité.
Elle en est là de ces pensées étrangement agréables lorsque quelquun frappe à la porte.
- Entrez.
Elle se retourne en même temps, suivant des yeux la servante qui entre avec un plateau quelle dépose aussitôt sur une table basse en chêne massif, prés du lit. La servante se redresse et lobserve à son tour.
- Cest bien ce que vous aviez demandé, Madame. Un verre de jus dorange, café, croissant sans beurre et fruits secs
A vrai dire, Lucrèce na pas jeté un regard sur le plateau, bien trop occupée à déshabiller la jolie domestique du regard. Elle sappelle Florence, une adorable jeune femme aux cheveux coupés courts, aux yeux noisette qui arbore toujours un sourire chaleureux et coquin, presque ironique, comme si la vie lui réservait toujours des surprises. Elle est belle, une beauté fraîche et piquante, avec un doux visage ovale qui rayonne de gaieté, et un corps splendide, tout en courbes harmonieuses, fines et graciles, des formes dadolescente presque
C'est la fille des gérants de l'hôtel, un emploi partiel qu'elle occupe en-dehors de ses études. La plus jolie des employées... Lucrèce sent ses seins se durcir et tendre le tissu de sa robe. Cest dune voix rauque quelle répond :
- Très bien, cest parfait.
Elle sapproche delle, en prenant lair le plus naturel du monde. Florence la laisse venir à elle sans réagir, un petit sourire amusé sur les lèvres. Tout de fois, lorsque la femme tend le bras pour lui toucher la joue, elle a un petit mouvement de recul.
- Naie pas peur, je veux juste tarranger les cheveux.
En effet, Lucrèce lui remet en arrière des mèches rebelles qui ne cessent de retomber sur son joli front. Florence continue de se laisser faire lorsque, maintenant, la femme continue de passer les mains dans ses cheveux, comme cherchant à la recoiffer, ce genre de petit geste innocent et affectueux quune femme peut avoir pour une autre femme.
- Comme tu es belle
sextasie Lucrèce.
Le genre de phrase quune femme adore entendre. Et cette douceur, cette sensualité
Tout cela lenvoûte, lélectrise. Elle entrouvre ses lèvres lorsque Lucrèce y introduit un doigt, allant et venant dans sa bouche avec une obscénité mêlée de volupté. Dinstinct, elle bouge la langue et suce le doigt avec une gourmandise quelle ne sétait jamais connue. Lucrèce gémit, tremble lorsque Florence sursaute à son tour.
Le désir quelle perçoit dans les fascinants yeux gris lui donne le vertige. Florence voit sentrouvrir ses belles lèvres pulpeuses et respire ce mélange dodeurs qui monte de cette splendide femme , gel douche, shampooing et parfum épicé qui la grisent davantage. Elle ferme les yeux lorsque la bouche humide se presse contre la sienne, et se sent mollir lorsque la langue se joint au doigt pour parcourir lintérieur de sa bouche avec une agilité déconcertante. Une langue vorace, souple et agile, qui glisse sur ses lèvres...
Jamais personne ne lui avait produit un tel effet si vite
Son petit ami ne lui faisait jamais ce genre de gestes... Florence se demande avec extase si la suite va se révéler aussi éblouissante, mais ce qui se passe ensuite ne lui donne aucune envie de réfléchir. Lucrèce vient de la jeter sur le lit, se collant aussitôt à elle. Elle reprend possession de sa bouche, ne lui laissant aucun répit, comme par peur quelle retrouve ses esprits.
Justement, Florence retrouve un instant sa lucidité. Elle vient de se rappeler qu'elle a un petit ami, qu'elle est hétérosexuelle, avec des projets d'avenir et des rêves de fonder une famille... Mais là, avec cette femme, cest mal parti
Cette veuve est le diable incarné, la tentation dans toute sa splendeur.
De toute façon, cest trop tard. Avec une surprenante dextérité, Lucrèce la déshabillée en un tour de main, et cest nue elle aussi quelle se frotte maintenant contre elle en ahanant.
Florence lui renvoie ses bonds, noue ses jambes autour des fesses féminines, la pressant davantage contre elle pour que leur sexe soit en contact étroit. Déjà, son vagin est trempé, lubrifié comme jamais il ne la été, alors que Lucrèce ne la pas encore caressée. Cest fou, elle nen peut plus, cette femme a le don denflammer ses sens et déveiller des pulsions sauvages avec un art inné quelle na jamais rencontré chez aucune autre personne.
Leurs mains se touchent et se croisent, partant à découverte de leur corps impatients. Leur excitation mutuelle les fait râler et trembler, leurs bouches continuent de haleter lune contre lautre alors que les langues se nouent et se dénouent avec une fièvre croissante.
Lucrèce est la première à glisser sa main entre les cuisses de son amante. Florence les écarte, son extase monte alors que deux doigts la pénètrent facilement, glissant et senfonçant dans son vagin tandis que le pouce sinsinue dans sa vallée intime, glissant tout le long, accentuant son excitation avant de masser son clitoris qui devient dur comme un bouton de rose. Cen est trop. Lorgasme est si rapide et violent quelle crie de surprise et de bonheur. Elle se casse en deux, jouit aussitôt une deuxième fois avec une intensité plus forte que la première, tout simplement parce que Lucrèce a introduit en elle un troisième doigt qui a décuplé ses sensations.
Eblouie, elle se laisse retomber sur le lit avec un soupir daise.
Haletante, le feu aux joues, Lucrèce la contemple avec un sourire satisfait. Elle brûle d'un désir inassouvi, divinement belle, farouche, sauvage, avant de se jeter dans les bras de Florence. Celle-ci laccueille avec un soupir dabandon.
- Ta bouche, je veux ta bouche ! ordonne t-elle dune voix méconnaissable.
Florence, avec un petit soupir in, entrouvre ses lèvres.
La bouche exigeante de Lucrèce en prend aussitôt possession. Elles ne sa lassent pas de rester longuement ainsi, nues et haletantes, emportées par une frénésie si intense quelles transpirent vite, luisantes et glissantes comme des anguilles.
Lucrèce la bascule sur elle, sétend bras et jambes écartée avec une fébrilité impudique. Ses attentes sont légitimes. Elle a donné du plaisir. Maintenant elle veut en recevoir. Ses yeux fous, ses cheveux en bataille, son magnifique corps luisant de transpiration, tout indique une excitation incontrôlable qui quémande un apaisement urgent.
Florence, tout en ayant envie de satisfaire ses désirs, hésite un instant. Jusque là, elle a transgressé certains interdits mais pourrait éviter lirréparable en arrêtant tout maintenant. Il nest pas trop tard pour faire marche arrière.
Son regard sattarde sur le long corps élancé de Lucrèce, ses mouvements sinueux, la houle qui lagite, son ventre qui monte et descend, sa main qui glisse entre les jambes, frôlant le sexe mouillé et ouvert. Non, ce serait inhumain de la laisser dans un tel état. Et elle en meure d'envie aussi, des nouvelles pulsions bien trop intenses pour y résister. La curiosité et le fruit défendu sont les plus irrésistibles aphrodisiaques...
Cest avec autant dimpatience quelle se penche donc vers son amie, sagenouillant entre ses cuisses. Elle lui dévore les seins, des seins quelle pourrait lécher des heures tant ils sont beaux, gros et fermes. Elle ne sen lasse pas, les picorant avidement, tandis que sa main droite glisse sur le ventre et sinsinue entre les cuisses. Dabord, elle pose sa main à plat sur le triangle secret, jouant avec les poils pubiens. Geignant de frustration, les bras posés sur son dos, Lucrèce est incapable de contenir les spasmes qui partent de son bas-ventre pour lébranler impitoyablement, au bord de lorgasme mais ne pouvant se libérer car la caresse nest pas assez précise. En proie au délire, elle se frotte violemment contre les doigts sur lesquels elle a tant envie de se laisser fondre. Florence a pitié delle, et satisfait à sa demande. Ses doigts parcourent enfin la fente humide, brûlante comme de la braise, avant de se laisser aspirer par ses intimes moiteurs. Lucrèce pousse des petits cris extasiés, agitant convulsivement les reins et écartant davantage les cuisses avec une souplesse étonnante, pour mieux souvrir au va-et-vient de la main active. Le ventre en feu, elle soffre toute entière en se tordant comme une limace prise de folie, alors quelle sent un orgasme incroyable monter en elle, grossir et samplifier avec une densité extraordinaire. Lorsque Florence mêle la bouche à ses petits jeux lubriques, Lucrèce ne peut plus se retenir.
Elle est anéantie par une jouissance jamais atteinte,
en proie à un tel délire qu'elle n'a même pas conscience, dans le feu de l'action, de se positionner tête-bêche avec sa partenaire, se jetant entre ses cuisses pour un 69 endiablé.
Malgré son inexpérience, Florence répond à ses attentes. Elle y met une incroyable fougue, une volonté qui force le respect, plaquant son pubis sur le visage de Lucrèce et cherchant le sien en tordant le cou.
Lucrèce pousse un cri quand la pointe de la langue se faufile en elle.
De nouveau, elle se sent fondre, et satisfait à la demande de son amie en lui dévorant à son tour ses parties intimes. Contre toute attente, cest Lucrèce qui hurle dabord sa jouissance, ce quelle pensait impossible après tant dorgasmes.
A ses cris, les transports de Florence redoublent.
Il semble quun feu intérieur la tourmente et la pousse à la rage, la faisant ressembler à un animal sauvage qui se laisse aller à ses pulsions les plus primitives.
Maintenant, alors que tout semble opposer ces deux femmes issues dun milieu si différent, elles sont unies par le même désir, les mêmes envies. La chair et le sexe ont le pouvoir extraordinaire de réconcilier les êtres, leur prouver quils sont identiques.
Surtout pour deux personnes du même sexe, si indissociables et complémentaires, une logique qui paraît à Lucrèce incontestable alors que sa partenaire abandonne toute retenue, ballottée par un tourbillon de sensualité effrénée.
Elles continuent de faire lamour avec cette même ardeur presque animale, deux personnes qui se découvrent mutuellement dans une nouvelle sexualité et se consument dans la même frénésie.
Un mélange de tendresse et de débauche qui finit par les laisser épuisées, endormies lune contre lautre. Quelques minutes sécoulent avant que la magie ne sestompe peu à peu.
La sensation de se sentir observée réveille Florence. Lucrèce est penchée sur elle et lobserve attentivement. Elle sourit, ses yeux noirs brillent dans la pénombre, les rendant encore plus énigmatiques. Florence se blottit tendrement dans ses bras.
- Lucrèce, tu sais, cest la première fois que je fais lamour avec une telle fougue
Tu mas fait faire des folies ! Et il fallait que ce soit avec une femme !
- Tu ne le regrettes pas ?
- Jamais je ne le regretterai. Je me suis sentie si vivante, si heureuse
Je ne pensais pas que de telles émotions pouvaient exister, cétait merveilleux.
Flattée, Lucrèce a un sourire éblouissant, mais cest malgré tout avec une certaine gravité quelle répond :
- Je l'ignorais aussi. Il y'a longtemps que j'avais envie de réaliser ce fantasme, coucher avec une autre femme, mais je ne pensais pas m'orienter sur un chemin aussi agréable et dangereux.
Florence tourne vers elle un visage ému.
- Agréable et dangereux ? Je peux prendre cela pour un compliment ?
- Si on veut... Mais cela n'était pas prévu dans mes plans. Et j'ai d'autres projets...
Tout en allumant une cigarette, ses traits se figent dans un masque soucieux. Elle nose pas la regarder dans les yeux en ajoutant cruellement :
- Des projets où tu n'as pas ta place...
Florence la fixe droit dans les yeux, avec colère et tristesse. Elle lui prend brutalement la cigarette des mains et en tire une bouffée énervée. Sa voix est chargée damertume lorsquelle lui répond :
- Alors je n'étais qu'une parenthèse enchantée que l'on referme aussitôt ? Un simple passe-temps ?
- Non, je ne regrette rien, et si cétait à refaire je le referais sans la moindre hésitation car cest pour moi quelque chose de nouveau et de très fort
Cest beaucoup plus quune pulsion passagère ou un caprice du moment. Cest pour ça que jaimerais bien que l'on reste ensemble, pour linstant
Le temps de mes vacances. Ne men demande pas plus, vivre au jour le jour sans se poser de questions, voilà ce que j'attends de toi.
Le visage de Florence s'illumine d'une joie puérile :
- Alors rien n'est fini ? On pourra se revoir ?
- Exact. Cest pour ça que jaimerais bien que l'on reste ensemble, pour linstant
Et sans se prendre la tête. Ne men demande pas plus...
- J'ai un espoir alors ?
Et un fait incroyable, imprévisible, se produit alors, prenant Lucrèce au dépourvu. Florence ferme les yeux et des larmes se mettent à ruisseler sur ses joues. Puis, aussi brusquement, elle se retourne et enfouit son visage dans loreiller pour sangloter bruyamment. Emue, Lucrèce a dinstinct un geste pour caresser les cheveux qui forment une lumineuse cascade sur loreiller blanc. Florence se ressaisit lentement, douloureusement. Les yeux secs, lèvres serrées, elle sexcuse dune voix tendue :
- Pardon, Lucrèce, je ne sais pas trop où jen suis
Tu m'as envoûtée... Je viens de réaliser que jaime faire lamour avec toi, une femme, que je suis sans doute amoureuse de toi, alors tu comprendras que ça fait beaucoup. Tout ça nest pas facile à gérer, tout se bouscule dans ma tête !
Pour ne plus lui montrer ses larmes qui ruissellent, Florence se blottit de nouveau contre elle, la serrant contre elle de toutes ses forces, tremblante démotion, avec lenvie de ne plus jamais la lâcher.
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