Matinée Québécoise
Matinée québécoise
Un autre récit hivernal, celui-là - de ma soumission envers ma Maîtresse Niva. En signe de respect, tous les pronoms du texte se rapportant à Elle porteront une majuscule.
- As-tu préparé mon gruau ?
Je sursaute, interrompu dans la douce torpeur qui nous fait passer, ma Maîtresse et moi, chaque matin du sommeil au réveil. Tendrement lovés lun contre lautre, nous jasons longuement dans le lit ; dehors, un redoux humide a tout figé sous une couche de glace. Les arbres scintillent mais le sol va glisser comme jamais. Aucune raison de se hâter, si ce nest que la faim commence à nous gagner, doù la question de ma Maîtresse concernant son petit-déjeuner.
Même si je suis lamant quElle accueille chaque nuit dans Sa couche, je nen demeure pas moins en même temps Son soumis, voué à Son exclusif service. Pour qui en douterait, la vision des chaînes cadenassées qui entourent mes poignets et mes chevilles, celle de mon collier dacier qui ne me quitte pas dès mon arrivée auprès de ma Maîtresse, rappellent cette évidence : je suis, je veux être Son esclave.
En attendant, la réalisation de ce bel idéal commence bien mal aujourdhui : jai effectivement oublié de préparer la veille lassiette de gruau biologique mouillé de lait qui accompagne systématiquement les petits-déjeuners de ma Maîtresse. Je devais le faire, jai appris à le faire exactement à son goût et je suis donc objectivement en faute : je vais donc inaugurer ma matinée par une punition.
Je me lève et je questionne ma Maîtresse sur Ses desiderata du jour. Elle aime varier les tenues qui me transforment en créature mi-putain, mi-soubrette.
- Ce matin, tu portes ta minijupe de cuir, ton gilet assorti et tu chausses tes escarpins.
Ils sont rouge pétant, rehaussés de talons aiguilles de 10 cm. Avec mes cuissardes encore plus perchées, ce sont de plus en plus fréquemment mes chaussures dintérieur. Lhiver québécois enneigé et verglacé nous conduit provisoirement, car cet été, il en ira autrement à réserver pour lappartement le port des talons hauts.
- Tes chaînes de pieds, tu les relies par un cadenas, jusquà nouvel ordre. Quant à la punition, tu te mets les pinces-croco aux tétons avec les gros poids. Allez, hop, cascade ! (expression familière québécoise pour signifier « on y va ! »)
La sentence est tombée Ma Maîtresse la énoncée avec une ferme douceur, sans élever le moins du monde la voix. Jai fauté, Elle me punit, nous sommes dans lordre des choses de lunivers que nous avons lun et lautre souhaité.
Court vêtu(e), je men vais à la cuisine. La contrainte imposée par Maîtresse Niva moblige à marcher à petits pas entravés et sur la pointe des pieds pour ne pas claquer des talons. Or, la cuisine attenante à la salle à manger est vaste, rien à voir avec ma cuisine francilienne minuscule, où je peux tout faire avec un minimum de pas. Quant aux pinces, jy suis a priori habitué ; je connais la morsure vive des premières minutes de pose, puis lapaisement relatif de la douleur, jusquau moment où elle resurgit, fulgurante, lorsquon ôte les pinces. Mais ce matin, ce sont deux fois 300 grammes de métal qui étirent mes tétons et si la douleur satténue lorsque je ne bouge pas, ce nest pas le cas quand je trotte du placard à la dépense (resserre qui sert de garde-manger), ou de la cuisinière à la table du petit-déjeuner. Les poids sagitent au rythme de ma démarche et le simple geste détirer un bras pour attr une assiette rangée en haut dune étagère vient renforcer la douleur des pinces.
Au bout de trois quarts dheure, le petit-déjeuner est terminé ma Maîtresse interrompt lépreuve punitive. Je serai pourtant presque à désirer voir reculer le moment de louverture des pinces, tant la douleur est vive au moment où le sang recommence à circuler.
Timidement, je me risque à demander :
- La punition pour le gruau oublié est-elle terminée, Maîtresse ?
- Je ne sais pas, je verrai, tu sais, jaime suivre mon inspiration. En attendant, dès que tu as terminé de desservir, tu me rejoins au salon pour la séance de fouet.
Cest notre rite ; il ne sagit pas dune punition. Chaque journée quil nous est donné de passer ensemble, débute invariablement par une séance de flagellation. Le nombre de coups purement indicatif est de 200 et il ne préjuge en rien dautres séances que ma Maîtresse peut fixer à tout moment, particulièrement quand Elle entend Sa « maudite » propriétaire partir, ce qui donne libre cours à lusage des instruments les plus bruyants, comme le ceinturon ou le paddle.
Après mêtre acquitté de mes tâches ménagères, je trotte jusquà un certain coffre et demande à ma Maîtresse quels instruments Elle désire utiliser ce matin.
- Fouet, canne et baguette, mon soumis. Je tattends.
Le fouet est court, fait dune lanière de cuir, et ma Maîtresse laffectionne particulièrement. Dabord, parce que cest un présent de soumission que je lui ai fait, puis parce quElle la particulièrement bien en main, ce qui lui permet de minfliger des coups précis et cuisants, sans grand effort, à la différence du martinet. La canne est récente dans notre panoplie, cest un stick de cuir tressé plus rigide ; la baguette, elle, est une simple tige de bambou, acquise dans une jardinerie. Chaque instrument a ainsi son histoire originale, liée à sa provenance et cest tout le sens de cette collection quabrite ce superbe et ancien coffre en bois dans la chambre de ma Maîtresse.
Je me mets en position : je suis nu, agenouillé à lenvers sur un fauteuil, devant le canapé où siège ma Maîtresse. Plus tard, Elle mordonnera de me placer à quatre pattes, les fesses à la bonne distance de Sa main agissante et armée.
Doù je suis, je ne vois pas quel instrument Elle a choisi en premier mais ma peau va me renseigner dès le premier coup. Le fouet court frappe mes fesses, limpact est localisé mais la douleur mesurée. Ma Maîtresse sait doser les coups et monter en puissance. Idéalement, Elle me chaufferait dabord la peau au martinet avant de passer au fouet, mais ce matin, il lui faut utiliser demblée le fouet court qui résonne moins dans le calme matinal de la maison.
Je compte les coups après chaque impact. Fesses, dos, épaules, cuisses
. Mais aucun ordre ne préside à cette succession et à la répartition des coups. Ma Maîtresse sait de longue date que japprécie mieux la flagellation de mon dos que celle de mes fesses ; mais aussi que lincertitude favorise mon abandon dans la soumission. Ma Maîtresse entend rester toujours aux commandes, ce qui ne lempêche pas de « vouloir un soumis heureux » et donc dêtre parfois à lécoute de mes préférences.
Mais ce matin, cest mon cul qui est à la fête ; lequel était déjà sensible, car durant le petit-déjeuner, jétais assis sur mon petit tapis vert de chaise, un rectangle taillé dans un paillasson : oh, rien de bien sérieux, il est en plastique hérissé de picots souples, mais son usage prolongé sensibilise efficacement les fesses
Je compte donc les coups mais instinctivement je fais le tri : Maîtresse Niva frappe fréquemment trois fois légèrement un endroit précis pour ajuster un quatrième coup plus fort et cuisant, lequel sera le seul à être décompté.
Tiens, Elle a changé dinstrument : je reconnais la lourdeur de la canne, sa semi-rigidité. Limpact est différent de celui du fouet, à la souplesse serpentine. Le fouet frappe, la canne cogne ou pourrait cogner, si ma Maîtresse ne mesurait pas la force de Son bras.
- Tu sais comment fonctionnent les urgences ici, faisant allusion à la lenteur proverbiale du système hospitalier public québécois, non, je ne técorcherai pas vif la peau du dos
- Bien, Maîtresse, merci
Faites comme Vous lentendez, comme toujours.
Je suis passé au vouvoiement. Il ny a pas de règle (jusquà nouvel ordre) entre nous sur ce point. Nous nous tutoyons habituellement mais dans le feu des séances, le « Vous » me vient spontanément aux lèvres.
Pas écorché vif, certes ; mais ce matin, je remarque une sacrée vigueur de ma Maîtresse chérie dans le maniement de Ses instruments. Je me rappelle nos premières séances de flagellation, quand Elle sessayait à ce nouveau fouet, avec ce mélange de désir et de timidité. Mais là, les coups tombent avec force et parfois cest dune voix étranglée que jannonce le décompte. Cest particulièrement net, lorsque Elle se plait à frapper plusieurs fois de suite exactement au même endroit. Du coup, la baguette en bambou, cinglante mais légère, paraît presque reposante. Maîtresse Niva le devine à ma voix, à mes mouvements du corps et Elle reprend aussitôt le fouet court qui vient ponc la séance. Nous en sommes à 245 coups mais je ne proteste en rien car je sais que le nombre de 200 coups est une base de départ minimale et que seule la volonté de ma Maîtresse fixe le nombre définitif.
Je me relève et viens la remercier à genoux en Lui baisant les deux mains, qui ont encore signifié ce matin, que je suis Sa propriété, lieu de tous Ses désirs, quels quils soient.
- Quel bon matin, mon soumis ! Je te sens particulièrement à ma main
et je vais en profiter.
- Oui, ma Maîtresse ? dis-je dun ton interrogatif. Je devine que tout en me fouettant, Elle a déjà imaginé un programme pour la journée.
- Oui, file prendre ta douche mais ne remets pas ta cage. Aujourdhui, tu as droit à la séance de plaques à punaises. Tu tes reposé, hier, te rappelles-tu ? Et si nous ne le faisons pas maintenant, nous risquons de manquer de temps.
- Oui, ma Maîtresse.
Explication. Cela fait presque deux ans que je porte une cage de chasteté de façon quasi permanente, après un long et patient apprentissage. La cage en France mest devenue comme une seconde peau, objet de tous mes soins et de diverses péripéties que je pourrais raconter à loccasion. Mais quand je suis au Québec, ma Maîtresse me libère à Sa guise, ce qui sest produit précisément cette dernière nuit. Normalement, je devrais replacer la cage et lui remettre la clé mais Elle en a décidé autrement, pour quelque chose dinfiniment plus intense.
En effet, quand, pour des raisons impératives dûment répertoriées, jai droit à une exemption de cage en France, jai lobligation dobserver une chasteté rigoureuse et de minterdire tout plaisir masturbatoire. Il mest arrivé de faillir à cette loi, ce qui ma vaut dans ce cas une punition exemplaire hors norme : les plaques à punaises.
Jen ai trouvé lidée dans une vidéo de lexcellent site http://coco84.unblog.fr/ animé par une dominatrice méridionale aussi inventive que sévère Maîtresse Cocochanel et son soumis du moment Corto. Je lai exposée à ma Maîtresse qui la adoptée et men a confié la réalisation au cours de lété dernier.
Il sagit de deux plaques carrées en plexiglas dune trentaine de centimètres. Lune est percée en son milieu dune ouverture suffisante pour laisser passer mon sexe, testicules comprises. Mais les deux plaques sont hérissées de punaises, collées patiemment une par une. Des tiges filetées relient les deux plaques, maintenant ainsi sur un double lit piquant mes bijoux de famille et des écrous papillons permettent de resserrer les deux plaques jusquà ce que leurs bords se rejoignent.
La vidéo du site, fort bien tournée, mavait montré que ce genre de sévices ne tournait pas à la boucherie sanglante. Cependant, lessai en août avait demblée érigé lépreuve au rang des défis majeurs, réalisée avec une détermination aussi prudente que passionnée par ma Maîtresse.
Primitivement, il était question de me faire subir trois fois ce supplice, pour autant de manquements à ma chasteté mais diverses circonstances ne nous avaient pas permis de mener à bien la troisième séance, remise donc à plus tard mais nullement oubliée par ma Maîtresse.
Cest donc le moment. Rude matinée, décidément. Mais ma Maîtresse a raison : jai bénéficié dun temps de repos la veille, après un incident fâcheux qui est venu interrompre une épreuve en cours. Je devais être enfermé dans une cage à chien, juste assez grande pour my tenir assis. Je lavais étrennée lété dernier, jusquà dix-huit heures daffilée. Mais nous avions convenu de rendre lépreuve plus sévère, afin de compenser un temps plus compté. Jétais donc sévèrement cagoulé dans la cage, les quatre membres enchaînés aux parois et assis sur un tapis piquant. De quoi mimmobiliser totalement et mobliger à accomplir ce que jai le plus de mal à faire : précisément ne rien faire, si ce nest méditer sur ma soumission à ma Maîtresse. Le problème a été un malaise qui ma saisi et qui a conduit ma vigilante Maîtresse à me libérer et à me mettre au repos. Nous avions pour une fois surestimé ma résistance : ce sont des choses qui arrivent et je sais pouvoir compter sur ma Maîtresse, qui sait garder raison dans notre folie partagée.
Mais ce matin, je me sens parfaitement reposé et prêt à toutes les épreuves. Ma Maîtresse me passe les menottes et les accroche à un anneau fixé au linteau dune des portes : jai donc les bras en lair et suis totalement offert à Ses appétits. Elle saisit mon sexe et le passe à travers le trou de la première plaque, puis cest au tour des testicules. La plaque se maintient seule, à la verticale ; mon anatomie intime fait connaissance avec les pointes des punaises mais faute de pression, la sensation nest que modérément douloureuse. Cest alors au tour de la deuxième plaque de venir sajuster : quatre trous accueillent quatre vis et ma Maîtresse y enfile des écrous : lappareil est en place. Première rotation des écrous, les plaques se rapprochent et le double quadrillage de punaises pèse légèrement sur mon sexe. Ma Maîtresse tourne doucement les écrous tour à tour.
Je La sens concentrée comme jamais. Certes, ce nest pas la première fois quElle utilise ce jouet cruel ; mais lexpérience nous a montré que les réactions du corps sont parfois imprévisibles et ce qui sest passé la première fois ne préjuge pas des autres tentatives. Cest avec des gestes doiseleur quElle resserre peu à peu les plaques.
Je regarde les plaques, distinguant parfaitement les punaises qui senfoncent dans la chair du sexe et des testicules comprimés : on ne dira jamais assez lélasticité des parties génitales
Puis, je ferme les yeux, Maîtresse Niva faisant tourner les quatre écrous. La douleur resurgit, intense pendant une poignée de secondes. Elle ne sapaise pas vraiment mais je dirai quelle ségalise et se laisse maîtriser
jusquau resserrement suivant.
Accroché nu, les bras étirés, je mesure ma totale vulnérabilité. Elle est dabord signe de confiance absolue envers ma Maîtresse : Elle pourrait
tourner rapidement les écrous, frapper les plaques à coups redoublés, les serrer entre Ses mains et mécraser les parties. Elle pourrait mais je sais quElle ne le fera pas. Confiance folle irrationnelle et dangereuse, me dira-t-on ? Peut-être, mais cest ma folie à moi, de celles qui donnent de la sève à lexistence.
Mon sexe. Il est banalement un des pivots de mon identité dhomme, ce que lon protège dinstinct par des gestes réflexes, là où on redoute toujours davoir mal. Autrement dit, ce nest vraiment pas la même chose que de recevoir une volée de coups de ceinturon sur le dos et les fesses « même pas mal
» et sentir des dizaines de pointes peser inexorablement sur le pénis et les testicules. Souvent, jéprouve la douleur de nos jeux sm dans une zone de plaisir qui maide grandement à la supporter et, jose le dire, me la fait rechercher de plus en plus intense. Mais cest au prix dune approche de la frontière qui marque la fin de la douleur-plaisir et le début dune autre douleur, que je ne peux supporter quavec le renfort renouvelé du sentiment de soumission. Jai mal, très mal, mais cest ainsi que je témoigne à ma Maîtresse de ce que je suis pour Elle. Cette frontière est mouvante, imprévisible, mais essentielle : je ne veux pas être seulement celui qui utiliserait les pulsions sadiques de sa Maîtresse pour sa jouissance masochiste personnelle, je veux mabandonner à Elle.
Jouvre les yeux. Les écrous sont vissés à fond, les quatre coins des plaques se touchent ; mon sexe aplati est constellé de punaises dorées.
- Encore trois minutes, mon soumis. Tu tiens parfaitement le coup
Me faudra-t-il la prochaine fois te coucher et poser des dictionnaires sur les plaques ?
Je lui souris ; Elle plaisante
quoique
En attendant, Ses yeux brillent de fierté. Elle est allée jusquau bout de lépreuve, Elle est la Maîtresse quElle désire être et je suis Son soumis, plus quhier mais moins que demain.
Cétait une matinée québécoise, dehors le soleil hivernal fait briller tous les rameaux des arbres gainés de glace.
Le soumis de Niva
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