Lia, Princesse D'Icloud

Jpj, Athènes, mai 2014

Lia aimait à faire musette.
Savez-vous seulement quelles félicités l'on peut trouver à faire musette ? Longuement langoureusement sur son sofa par lourde canicule en récitant dans sa tête quelques vers de l'Enéïde ? Au son du doux clapot de Méditerranée, là bas en bas, derrière la terrasse, au bout du jardin suspendu...

O, Venus, certe quis, illa tremens (Virgile)

Lia était princesse, vraie princesse, fille et petite fille de Roi.
Pas de ces princesses pacotille d'aujourd'hui, Tam Tam ou pire encore Sofia...
Qui sévissent en Gala
Non, elle était vraie atride et fière de l'être.

Elle, était brune à cheveux longs brillants tenus rassemblés par un peigne d'écaille sur le dessus de la tête. Son front bombé dégagé avait arrogance aristocratique à façon de noms de fleur, Valérie-Anne, Anne-Aymone, et encore.

Moi, celle qu'il me plairait de butiner, ce n'est ni Dalia, ni Mélissa ni même Jasmine, la fille-fleur que je voudrais en mon jardin, c'est Muguette, fille d'avril ou bien de mai, tout début mai, fée clochette, fine et fraîche.

Mais celle dont je vous parle ici, c'est Lia, Princesse Lia, la belle Princesse.

A Santorin, île de Mer Egée, époque Tíra, son père était Maître, dictait la Loi, rendait justice sous l'olivier. Et tenait haut le rang de la famille parmi sujets et esclaves, en foultitude. Nul n'eût osé lever les yeux sur Lia, sur cul d'icelle.
Alors, conséquemment, Lia aimait à faire musette royalement divinement, désespérément solitaire sur son sofa.

Son doigt, son long doigt, allait en cyclades autour du bouton des sirènes et faisait sourdre d'étranges mélopées qui troublaient l'aile gauche du palais toute entière. Aile réservée à l'infante, peuplée de seulement quelques eunuques et des nombreuses esclaves nubiennes peau d'ébène brillante des onguents minéraux magiques rapportés de leurs lointaines contrées.

Onguents qui leur faisaient face sombre lumineuse dans la clarté nocturne des lampes à huile. Riantes, leurs faces noires de négresses du désert.
Jeunes, fraîches, désirables, riantes disais-je.

Lia avait compris des choses qu'elle jugeait importantes. Lia voyait, depuis les hauteurs de Tíra, les côtes des îles voisines souvent floues dans les chaleurs marines lointaines. Elle pensait, voilà qui donne eau à la bouche, mouille au ventre, attise curiosité que d'entr'apercevoir rivage à proximité hors d'atteinte sans outil adéquat, sans bateau, sans canot, sans barcasse.
Elle pensait que, de son peuple sortiraient bientôt quelques Ulysse de banlieue à même de traverser la Mer, couilles durement contractées dans leur scrotum serré, pour chercher aventure de l'autre côté. Aiguillon puissant de la curiosité.

Elle savait qu'elle pouvait être essence d'aiguillon, et avait résolu de l'être. À défaut d'être acteur, elle se voulait catalyseur. Elle pensait, de tous ces jeunes gars sortira un meilleur, il reviendra riche de nouveauté, je l'accueillerai et il élargira ma dynastie de son sang neuf.
A l'époque on ignorait tout de ces affaires de gènes mais on savait très bien comment procéder pour enrichir sa race.

Alors musette elle a promu au rang d'art d'attente. Elle a promis qu'elle serait à celui qui reviendrait et des cents jeunes gens de l'île elle a fait cent prétendants rêvant revenir à Tíra vainqueur pour lui prendre la main, l'enfiler et être roi.
Filer quenouille, point, elle laissait ça à Pénélope...

Musette était son hobby, et elle aimait cela, modestement en attendant.
Sa robe était ce que plus tard à Rome, on nommera toge.
C'était une pièce d'étoffe double. Un côté devant, un côté derrière, assemblés aux épaules par deux fibules.
Un lien, sous les seins, assemblait par côté
Un autre, à la taille, prétendait cacher la touffe en limitant l'effet des virevoltes.

Faut dire que les Santorines, qu'elles soient issues de plèbe ou d'aristocratie, sont sujettes à extrème luxuriance de toison, toison noire frisée brillante.
Et la souveraine n'échappait pas à la dura lex de l'ethnie locale.

Lia était ce que l'on nomme aujourd'hui une femme velue.
Beaucoup vous diront que les Dieux, Éros en premier, ont ainsi voulu que l'antre sacré d'Aphrodite soit ainsi caché au vulgum pecus.
Mais savent-ils, ceux là qu'aujourd'hui encore, s'il n'y avait ces outils que sont rasoir et crème dépilante, les femmes seraient comme leurs sœurs lointaines d'antiquité hellène Cromagnon Néandertal, lourdement poilues d'entre les cuisses.

Lia n'était pas femme des cavernes et savait de beaumes et de peignes discipliner sa toison d'ébène en apparat accueillant des mâles en rut. Athènes, Sparte, Nauplie étaient cités civilisées.

Mais il est vrai pensait-elle, que pour musette, la colline eût été, assurément préférable, mieux venue bien dégagée.
Pierre ponce ?
Deux pierres ponce en mouvement meunier, pour lisser sans abîmer les chairs tendres qui s'y cachent.
Elle manda son esclave préférée, une Noire fine comme liane de baobab, avec odeur de femelle à vous tremper en sympathie sa propre intimité.

Longtemps la fille d'Abyssinie a rabotté la motte de tous les poils longs et frisés noirs épais. De deux pierres, galets volcaniques râpeux qui écrasaient la toison, elle a lentement fait réapparaître l'abricot d'avant puberté. Caché.

Lia voyait que la fille fatiguée d'avoir tant moulu de ses deux pierres sur l'oigne méritait récompense lui dit, viens et maintenant, avant d'oindre d'onguents mes plis et replis, pose ta tête entre mes cuisses et goûte ce que tu as si méticuleusement dégagé. Sois la première à en profiter.
Lia Princesse offrait à l'esclave ce qu'elle allait demain durement négocier au Roi qu'il lui faudrait choisir, sacrer.

Lia, princesse d'iCloud
Elle avait l'abricot fin doux ruisselant et sa main dessus le gardait précieusement
Trois Abyssiennes derrière elle, marmoréennes, regardaient l'horizon
Leurs traits fins inspiraient poèmes Heminway ou Livingstone
Le bateau tirait des bords pour rejoindre Tíra
Peut être accosterait-il au couchant.
..

Lia savait que le prétendant à son bord la prendrait au soir même
Sans préambule
Sans préliminaire
Direct à peine le plat bord de la galère enjambé, il la prendrait
Troussée telle Circée contre le bois mouillé du navire

Mais Lia avait préparé l'abricot de l'entre-cuisse et voulait le faire cher payer
Se savait princesse
Princesses d'iCloud
Savaient même pas les cons de l'époque où c'était iCloud
Entre Atlantide et Candie

Adieu jolie Candie...

Méditerranée tu es pleine d'îles, d'îles habitées
Habitées de filles brunes à peau mate et yeux noirs
Aux seins lourds
Filles des îles, des caroubes, des hamacs crochés aux arbres, jujubiers
Sirènes aux chants de charme

Lia attendait l'homme qu'elle ferait roi
Si
Parce que
Pas si facile mec de se faire une princesse nubile
Vierge de verges mais accoutumée aux plaisirs d'Aphrodite
Musette, mec, rompue à musette

Savez pas, musette ?
Musette c'est affaire d'Antiquité.

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