Draps Froissés
nos draps froissés dans un rayon de soleil qui sinfiltre par une fente des volets, son parfum de nuit dans les draps, les petits crachotements de la cafetière dans la cuisine, la douceur dune mèche de cheveux que je tourne, tourne entre mes doigts en rêvant, le goût de son baiser confiture dabricot sur mes lèvres ; un matin de printemps
me lever, pieds nus sur le carrelage, un café très vite dans la cuisine et la tartine toute prête qui mattend, le chat qui vient se frotter sur mes jambes pour mendier une caresse, une douche senteur amande, effacer, tant pis, dommage, les parfums de la nuit sur ma peau, un coup dil dans le miroir, un autre, plus près, la main dans les cheveux, une grimace, un frisson ; la fraîcheur du matin
le miroir, témoin de ma nudité du matin, pour effacer une trace de dentifrice au coin de la bouche, arranger les mèches en désordre, essuyer un peu deau entre mes seins, lisser du doigt sous les yeux la mémoire de la nuit, un pas en arrière pour ébouriffer la toison sombre sur mon ventre, et autre témoin, le chat voyeur assis tout au bout du couloir qui me suit du regard jusquà la chambre, la commode aux sous-vêtements, ce sera blanc ce matin, pantalon gris en lin serré dun cordon sur les hanches, ma blouse blanche sans manche ; jour de printemps
Ce nétait pas prévu, pas imaginé.
Fantasmé ? un peu
images de rêves troubles aux caresses dun soir
nées dune main qui sétait attardée sur mon bras et dun regard croisé quelques semaines plus tôt au bord dun court de tennis, notre première rencontre. Sa main sur mon bras, mais aussi ses yeux clairs et ses jolies fesses moulées dans un petit short blanc, la goutte de transpiration entre ses seins au sortir du court, souvent nos regards se croisaient, au début elle et moi vite détournés, moins vite ensuite
seule depuis trop longtemps
elle me plaisait
ces images delle ont accompagnées le plaisir solitaire dun soir.
Je lai revue en début de semaine à la jardinerie, croisée à la pharmacie le lendemain, son regard clair, un sourire, sa lèvre mordue, une hésitation, et rien.
Je rentrai à peine hier en fin daprès-midi, je vidais ma boîte aux lettres, une voiture noire a ralenti, sest arrêtée, a fait marche arrière, la vitre passager baissée :
Bonjour !
Oh
bonjour !
On sest croisées au tennis, vous ne vous souvenez pas
Mais si !
Ah
je me demandais
on pourrait jouer ! Ensemble ! Oh, attendez
Elle sest garée pour laisser passer une voiture, est descendue.
hésitation, main tendue, un sourire gêné, ses mains pressées ensemble, un peu nerveuse
Javais mon sac dans une main, mon cartable sous le bras, mon courrier coincé sous le menton pour lui serrer la main
Oui, jouer
bien sûr
Je
Je me sentais très bête et embarrassée par mon sac, mon courrier, agacée dêtre empotée à ne savoir quoi lui dire.
A la jardinerie je lavais suivie des yeux, cherchant comment laborder, et puis me trouvant idiote de vouloir le faire. Le lendemain à la pharmacie, je lavais vue hésiter elle aussi, se retourner plusieurs fois et baisser les yeux.
Mais je vous dérange
je vous ai vue et
ça se fait pas !
Venez ! je suis un peu encombrée
venez !
Le portail repoussé du pied :
Vous habitez dans le coin ?
Depuis peu
le nouveau lotissement, à la sortie du village
un mois
jai pas fermé ma voiture, mon sac
Allez-y ! Je vous attends !
Mon courrier sous le menton encore pour fouiller mon sac et trouver les clés de la maison, la main pas très sûre, me débarrasser dans lentrée, redresser les coussins sur le canapé, ranger vite le bol laissé sur la table du salon le matin, je courais, ma veste sur le dos dune chaise, arranger mon t-shirt sous la taille du pantalon devant le miroir dans lentrée, et le rouge brusquement qui me monte aux joues en apercevant son reflet derrière moi dans le miroir
juste là, derrière moi, les yeux fixés aux miens dans le miroir, je ne lai pas entendue arriver
ses mains qui étirent mon t-shirt dans mon dos, le font blouser au-dessus de la ceinture et glissent sur mes hanches, séchappent, elle rougit :
Voilà, cest parfait
Je me suis retournée.
Je
asseyez-vous ! Vous voulez
jai du jus dorange, du coca
je peux faire du thé si vous voulez !
Oui
Je suis partie vers la cuisine, lâchant sa main, et je me suis arrêtée :
Oui quoi ?
Elle riait en haussant les épaules :
Comme vous
Je suis incapable de me souvenir de quoi on a parlé, ni à quel moment on a commencé a nous tutoyer. Je me souviens quil y avait souvent des silences. Quelle a rougi à un moment quand jai surpris ses yeux sur mes seins, quelle se mordait les lèvres en voyant mes yeux sur ses jambes bronzées.
Comment on a réussi à se dire quon vivait seules lune et lautre ? Aucune idée
Comment, elle ou moi, nos mains se sont retrouvées à un moment ? Je ne sais plus
Mais on ne parlait plus. Elle tournait le visage vers la terrasse, je faisais tourner mon verre sur mes genoux de lautre main et nos doigts se découvraient, se caressaient timidement.
Je ne sais pas ce que javais en tête, rien, je crois, juste ce temps suspendu où on se demande ce qui va se passer ensuite, juste ce grand point dinterrogation, et un état fébrile dattente, les frissons, les picotements sur la peau.
On sest tournées lune vers lautre en même temps, moi pour lui demander sil elle voulait un autre verre, je crois, une bêtise de ce genre, je ne sais plus, elle pour
mais on sest arrêtées avant même de dire un seul mot, penchées en même temps pour un baiser, du bout des lèvres, front contre front, je sais pas quelle tête je faisais, mais elle, ouvrait de grands yeux étonnés, lèvres étirées dun sourire nerveux, un autre baiser et nos doigts qui se serraient
et mon verre renversé sur mes genoux, mon sursaut, les rires, son bras sur mes épaules et ma main sur ses jambes, les rires qui nous libéraient de la tension
et ses yeux, ce que je voyais dans ses yeux, un peu du rire, et autre chose, plus lumineux et intense.
Jai posé mon verre sur la table basse, étiré mon pantalon sur mes jambes trempées de jus dorange :
Bon ! ben jai plus quà me changer !
Jai enlevé mon pantalon dans la salle de bain et jai lavé mes cuisses et mes genoux avec un gant. Jétais en train de messuyer
elle était là, bras croisés, appuyée de lépaule au chambranle de la porte et me regardait.
Tes toute dorée
Il a fait beau
la terrasse
Elle a fait un pas, un autre, a pris ma brosse à cheveux sur la tablette de verre au-dessus du lavabo. Dune main sur lépaule elle ma tournée dos à elle, face au miroir, a soulevé mes cheveux dans mon cou pour les peigner.
Cest la première chose que jai vu de toi, tes cheveux. Tu jouais
tu les avais noués en queue-de-cheval, ça te va bien.
Toi aussi tu jouais, non ?
Je faisais du mur, je connais personne, et je te regardais
Tu transpirais
on sest croisées après.
Dans le miroir face à moi, je voyais ses yeux sur mes cheveux quelle peignait doucement, sa lèvre mordue. Son regard glissait brièvement plus bas vers le miroir, sur mes cuisses nues ou mon petit slip noir, et jai vu ses joues rosir quand elle sest aperçue que javais surpris son regard.
Elle a posé la brosse et sest écartée, lair gêné brusquement que jaie surpris ses regards.
Tu travailles le samedi, demain ? On pourrait jouer
le matin il y a toujours des courts de libres.
Non , je travaille pas. Oui, ça serait bien !
Viens, je vais téléphoner au club.
Je lai prise par la main en sortant de la salle de bain pour retourner vers le salon. Elle riait :
Tu te rhabilles pas ? Remarque
Tu préfèrerais ?
Euh
non ! Et ça me va bien
Après tout, javais pas rêvé ? On sétait bien embrassées quelques minutes avant
Je ne cherchais pas à la provoquer. La retenir, oui. Je navais aucune envie de voir partir cette fille dont je ne connaissais que si peu de choses.
Mais tout ça, je ny ai pensé quaprès, comme pour justifier ma bêtise. En fait je navais même pas pensé à enfiler le jogging qui pendait au dos de la porte de la salle de bains. Javais la tête à lenvers.
Je me sentais fébrile, des picotements partout sur la peau. Jaurais voulu quelle me prenne dans ses bras dans la salle de bain
me rhabiller ? A vrai dire je ny avais même pas pensé, trop occupé delle, trop occupée de mon envie de ses bras, troublée de son regard sur moi, et il était trop tard.
Je me suis sentie un peu bête à sa remarque, et puis ses doigts se sont noués aux miens en me suivant dans le couloir.
Jai téléphoné au club, réservé un court pour 10 heures le lendemain. Elle était devant la baie vitrée, me faisait signe que oui de la tête, que ça lui convenait.
Elle avait écarté le voilage dun doigt et regardait sur la terrasse les bacs de géraniums que javais préparés :
Cest les fleurs que tu achetais dans la semaine ?
Oui
il me semblait bien tavoir croisée à la jardinerie.
Jen ai acheté aussi. Que des rouges. Je peux ?
Oui, ouvre ! Jai pas fini de les replanter
Jen ai profité pour méclipser et enfiler mon jogging.
Elle avait les mains plongées dans mes jardinières quand je suis revenue. Elle dépotait les plans et les repiquait dans mes jardinières.
Tu fais mon boulot ?
Jaime bien
On a travaillé ensemble autour de la petite table sur la terrasse, sans parler, quelques regards échangés, parfois chacune dun côté de la table où je posais les jardinières à préparer, parfois côte à côte, frôlement de mains, hanche contre hanche.
Cest elle qui a commencé : parce quon prenait le même pot en même temps, elle ma tapé sur la main, ma envoyé un peu de terre dune chiquenaude, et bien sûr jen ai fait autant, un peu de terre sur sa joue du bout dun doigt
des gamines !
Un prétexte.
Mon t-shirt et mon jogging ne risquaient pas grand-chose, elle, par contre, son chemisier blanc a souffert. Un morceau de terre humide sur le col, javais mal visé, un autre après qui a glissé entre ses seins et mon rire « un tir à 3 points ! », sa bouche grande ouverte sur un « oh ! », ses yeux plissés en me menaçant du petit arrosoir, elle me poursuivait autour de la table
Des prétextes.
Bien sûr elle ma rattrapée, bien sûr je lai suppliée en tenant ses mains, de petits mots, de bêtises, dune bise sur sa joue
et le rire éteint, les yeux dans les yeux, un baiser sur ses lèvres, tout doucement
tout ça pour en arriver là
pour nos joues rouges et nos doigts mêlés, les miens autour de ses doigts sur le petit arrosoir, les siens autour des miens qui tenaient un petit râteau, ses seins contre les miens soulevés de lessoufflement de nos jeux
larrosoir et le râteau lâchés, un baiser, un vrai, ses mains sur mes hanches et mes bras sur ses épaules, mes main sales ouvertes pour ne pas aggraver létat de son chemisier, son souffle sur mes lèvres :
On aurait pu commencer par ça
tas vu dans quel état tu mas mis ?
Toute la terre qui maculait mon t-shirt avait laissé des traces sur son chemiser. Jai pris ses joues entre mes mains noires en prenant un air désolé :
Pauvre chérie ! Cest vrai que tes bien sale ! Viens !
Je lai tirée jusquà la salle de bains. Jai déboutonné son chemisier.
Taurais pu te laver les mains avant !
Pour ce que ça changerait !
oh,zut ! ça a traversé !
Elle sest retournée face au miroir pour vérifier les dégâts. Elle faisait la moue en regardant les auréoles grises sur son soutien-gorge, et fronçait les sourcils en voyant les traces que javais laissées sur ses joues, croisait mon regard dans le miroir et se mordait les lèvres en sentant mes mains qui dans son dos dégrafaient son soutien-gorge.
Je lai simplement dégrafé, sans faire glisser les bretelles sur ses épaules que jembrassais en posant mes mains sales sur sa taille.
Et tu continues ! cest dune douche que jaurais besoin
Mmm mmm
Ses lèvres mordues sétiraient en sourire. Elle a penché la tête en arrière et fermé les yeux, ses boucles brunes contre mes boucles brunes.
Des mots ? Pourquoi
ils auraient tout gâché, ils étaient inutiles. Ses mains sur ma peau, mes mains sur sa peau, nos vêtements en vrac jetés au sol, sa jupe et mon jogging, son chemiser et mon t-shirt, son soutien-gorge par-dessus, ses joues barrées des traces noires de mes doigts et la terre sur mon nez, effeuillage réciproque entrecoupé de baisers et on sest arrêtées, elle dans un shorty de satin rouge et noir, moi et ma petite culotte noire, ses jolis seins blancs aux tétons bruns effleurant mes tétons durs et tendus, mes petits seins aux aréoles gonflées quelle regardait en souriant, longtemps immobiles, comme étonnées dêtre là presque nues, nous tenant les mains lune lautre du bout des doigts un peu tremblants.
Jai lâché ses mains et me suis retournée, jai enlevé ma culotte et ramassé notre linge au sol pour le mettre dans le panier dosier du linge à laver, accrochant sa jupe et mon pantalon au porte manteau derrière la porte.
Elle avait laissé son shorty sur le couvercle de la panière et déjà leau coulait dans la douche italienne isolée de carreaux de verre.
Elle me tournait le dos. Jai pris une noix de crème damandes au creux de la main, jen ai frotté ses épaules, son dos, son cou quand elle sest retournée vers moi :
Ferme les yeux
Mes deux mains sur son visage balafré de noir, balayant ses cheveux sur ses yeux en mèches mouillées. Yeux clos, elle se tenait à ma taille quand jai posé les mains sur ses seins, la pression de ses doigts sur mes hanches et ses tétons dressés, elle riait, sest penchée pour attr le flacon de gel douche sur létagère derrière moi et à son tour a lavé mon nez et mes joues, mon dos en me serrant contre elle.
Toute les deux brunes. Cécile garde sur son corps les traces dun maillot de bain sur ses fesses et ses seins, chair blanche qui tranche sur son bronzage doré. Je suis moi uniformément brune des premiers soleils de printemps sur ma terrasse. La même taille, les mêmes cheveux bruns, les siens plus courts, les miens plus fous. Sur son ventre blanc une mince ligne de poils bruns qui se perd entre ses jambes, de petites repousses piquantes sous mes doigts qui ségaraient en découverte, sur le mien un buisson qui monte haut, que je rase entièrement lété, quelle étirait pour en mesurer lépaisseur en riant entre deux baisers sous leau brûlante de la douche, jeux de filles qui se découvrent, des jeux qui me manquaient, depuis longtemps.
Enveloppées toutes les deux dans de grandes serviettes nouées au-dessus des seins, je lui ai séché les cheveux, une attente, je prenais le temps, ce temps précieux davant, et quand jai séché les miens, elle a pris sur létagère de la douche le petit rasoir rose que jy laisse. Un pied sur la corbeille à linge, elle a soigné ses jambes.
Laisse men un peu
je ferai doucement, promis !
Ses yeux plissés dincompréhension, puis ses joues rosies et ses lèvres pincées :
Oh
jai rendez-vous la semaine prochaine
Annule
je vais moccuper de toi.
Quest-ce que tas fait de mes affaires ?
la panière
je ferai une lessive toute à lheure.
Ah !
Pieds nus, enveloppées dans nos serviettes, je lai tirée par la main jusquau bout du couloir, ma chambre, la porte poussée du pied, la fenêtre, pour tirer les doubles rideaux de velours, au pied de mon lit. Elle ma prise dans ses bras, son front appuyé au mien, ses yeux clairs trop près des miens, elle toute floue, ses mots tout doucement :
Tu me gardes un peu, alors ?
Non
je te garde beaucoup.
Jeu de nos mains, presque en timidité, les premières caresses cachées sous nos baisers, nos joues rouges et nos yeux noyés, le plaisir de lautre cherché comme on aime pour soi, où les caresses montrent une attente autant quelles donnent en partage.
Elle a la peau douce et pousse des petits cris marrants quand elle jouit, elle a les mains douces qui savent après un orgasme en faire naître un autre, et elle craint les chatouilles, se recroqueville en riant en roulant dans les draps, elle ronronne aux baisers dans le cou, un regard si sérieux quand je murmure « tu peux, jaime aussi », moi je nai pas hésité à glisser un doigt au secret de ses reins, elle se cachait gênée pour enlever sur sa langue un poil quelle mavait volé et je lui promettais ma nudité dété qui viendrait bientôt.
On avait faim. Il était tard. Pendant quelle préparait une salade, jai mis mon linge et le sien à laver, et jai fait une omelette. Je lui avais donné un grand t-shirt, elle a réclamé une culotte, elle ne voulait pas manger les fesses à lair. On a mangé assises côte-à-côte sur le canapé du salon pour son épaule contre la mienne et ma cuisse qui réchauffait sa cuisse. Le début, les premiers moments, on veut se toucher tout le temps, ne pas couper le fil qui se noue, une main sur un bras, dans le dos, une épaule, une bise volée, un regard surpris et les yeux voilés, un sourire, la chaleur de lautre cherchée à chaque instant, des mots en banalité pour faire quotidien, des mots pour faire rire, détourner la seule vraie envie, la prendre dans ses bras, se mettre au chaud des siens et fermer les yeux.
Allongée la joue sur mes jambes, le nez contre mon ventre, elle ma raconté sa mutation, ses élèves de CP, soulevait mon t-shirt pour un baiser sur mon ventre et le remettait en place après.
Je lui ai dit quon aurait les mêmes vacances, lui ai dit mes élèves de lycée en mettant ma main au chaud sous le coton sur ses seins, la soirée avançait.
Jai mis notre linge au sèche-linge, éteint les lumières partout dans la maison et pris Cécile par la main jusquà la chambre. On sest glissées sous les draps.
Dans les bras lune de lautre. Sans vrais mots, des murmures, des bêtises, nos mains et nos lèvres, des soupirs et des rires, des attentes, des encouragements, non-dits, un bras qui se lève, une jambe qui sécarte, un « oui » gémi, une main qui guide, qui demande, quand lautre retient, nose pas. Les corps sapprennent. Les pudeurs seffacent, un peu, pas toutes, il faut quaprès la nuit restent des secrets, des surprises, il y aura dautres nuits.
Je voulais dautres nuits avant même que la première ne finisse.
Ses mains ses lèvres parlaient à mon corps, et mon corps exultait, ses yeux parlaient aussi, ajoutaient aux mots, les mots simples qui cachent les choses compliquées, donnent envie, donnent espoir, disent peut-être, peut-être
mes mains et mes lèvres, et mes yeux, elle voyait dans mes yeux ce que je ne disais pas ? Trop tôt, cétait trop tôt, bien sûr, trois rencontres, fugitives, quelques heures, et profond, qui serrait le ventre et le cur, lenvie du lendemain, en quelques heures à peine, et la peur, la peur de lautre, de ce que lautre ne dit pas, elle non plus. Les silences, nos silences disaient pourtant beaucoup. Demain, demain dans ses yeux, demain
nos draps froissés dans un rayon de soleil qui sinfiltre par une fente des volets, son parfum de nuit dans les draps, les petits crachotements de la cafetière dans la cuisine, la douceur dune mèche de cheveux que je tourne, tourne entre mes doigts en rêvant, le goût de son baiser confiture dabricot sur mes lèvres ; un matin de printemps
Avant ce matin, avant mon second réveil dans un rayon de soleil dans nos draps froissés et son parfum de nuit, il y a eu cette nuit.
la douceur dune mèche de cheveux que je tourne, tourne entre mes doigts en rêvant dans un rayon de soleil
Une nuit dans la chaleur de ses bras, presque rien. Les premiers gestes, les premiers cris, le plaisir aux mains étrangères, étaient venus avant, après la douche, en urgence à effacer la tension et lenvie, le désir brut de lautre. Le désir apaisé ? Non, pas complètement. Mais il y avait la nuit, il y avait le temps, temps de douceur, le temps de prendre le temps.
Des étreintes dun soir et des départs rapides, jen ai connus ; très peu, mais oui. Des rencontres de plaisir brut, de plaisirs simples, lautre et soi presque objets, sans lenvie du temps daprès, des nuits égoïstes. On se quitte amies ou étrangères et voilà tout, sans regrets parfois, et dautres fois avec un goût amer à la bouche. Pas cette fois. Pas Cécile.
Cécile ? Envie delle, cest certain, de ses bras autour de moi. Souvent les choses commencent comme ça, non ? Par le désir. Parce que ses yeux pétillaient, que je la trouvais belle et désirable, quelle aussi dès notre première rencontre posait sur moi ce regard particulier quon reconnaît, avait ces hésitations et ces attentes quon ressent sur sa peau sans vraiment les comprendre, par des regards échangés, de toutes petites choses, les corps parlent et disent, bien avant que les mots ne viennent.
Après
après ce sont les accidents de la vie, les hasards, les situations provoquées ou non, conscientes ou pas.
Après on regarde en arrière, on suit le fil, on additionne les détails
la croiser à la sortie dun court, dans une pharmacie, elle passait dans ma rue au moment où je rentrais, elle sest arrêtée, mon verre renversé et mes géraniums que je navais pas fini de repiquer la veille. Il faut une addition de détails pour
pour aller jusquoù, jusquoù avec elle ?
nos draps froissés dans un rayon de soleil, son parfum de nuit dans les draps
Des murmures, des mots doux, son quotidien et le mien, des caresses, en douceur. Et le plaisir tout simple à sentir son souffle dans mon cou et le poids de sa main sur mon bras, la douceur de sa peau sous ma main et la chatouille sur ma joue dune mèche de cheveu, avec le sommeil qui vient dans la nuit
avec à lesprit je suis bien, elle sera là demain et une pointe dinquiétude demain, dautres matins, ce serait bien.
Dans la nuit, javais chaud, elle aussi, et pourtant ni elle ni moi ne sécartait de lautre, réveillée par sa main sur mon sein, surprise à trouver ma main sur son ventre, un doigt tout en haut de sa petite toison, jai bougé, demi-sommeil, un sourire venu et mon doigt qui bouge, joue sur les petits poils frisés tout en haut et se posent sur le petit arrondi, comme un trou tout en haut des lèvres, son ventre barré comme dun point dexclamation à lenvers, et cherche dessous, doucement, sa main qui se serre, son ventre qui bouge, une invite ? elle dort, petit gémissement dans mon cou et ses jambes qui souvrent, ma main au chaud de son sexe, un doigt qui joue, tout doucement, un baiser dans mon cou, elle ne dort pas, son ventre se soulève, sa main quitte mon sein, bouscule mon bras et descend sur mon ventre, légère, sa caresse et la mienne, pareilles, les mêmes, pas pour aboutir, pour le chaud de lintimité, pour le petit frisson et lhumidité qui vient au creux de nos ventres assouvis plus tôt et lourds, au clito découvert et sensible à éviter, trop caressé au début de la nuit
et le sommeil qui vient encore, ma main sur son ventre et sa main au creux de mes cuisses, souvenir diffus au matin comme un rêve passé.
Elle ma réveillée dun baiser au matin, sa main dans mon dos qui arquait mon corps quand je métirais dans un rai de soleil infiltré dans une fente des volets, « ne bouge pas
je vais aller chercher mes affaires chez moi
je reviens
daccord ?
tes belle le matin
bouge pas ».
Le bruit de la douche de lautre côté du mur de la chambre, le crachotement du café qui se prépare, la porte dentrée, le penne qui claque, un voiture qui démarre.
me lever, pieds nus sur le carrelage, un café très vite dans la cuisine et la tartine toute prête qui mattend, le chat qui vient se frotter sur mes jambes pour mendier une caresse, une douche senteur amande, effacer, tant pis, dommage, les parfums de la nuit sur ma peau, un coup dil dans le miroir, un autre, plus près, la main dans les cheveux, une grimace, un frisson ; la fraîcheur du matin
Je guettais son retour derrière la fenêtre de la cuisine, dans ma main la page arrachée sur le carnet où je note la liste des courses qui mattendait sous le bol préparé pour moi
« Belle toi, je reviens, je reviens vite à toi. PS : Ton chat est un voyeur - on a parlé de toi
». Un jupe ample aux couleurs du printemps, un petite blouse aux manches bouffantes, Elle sest baissée pour caresser le chat qui était sorti plus tôt et la pris dans ses bras, lui parlait.
Tes prête ? Je temmène, jai laissé mon sac dans la voiture.
Elle a pausé le chat devant sa soucoupe pleine de croquettes, lui caressait la tête pendant quil mangeait. Les sourcils levés, ses yeux, un éclair dincertitude, comme inquiets.
Jai posé mes mains sur ses joues et je lai embrassée :
Tas fait vite, mais tu me manquais déjà !
Elle ma serrée contre elle très fort à pleins bras.
On sest changées dans les vestiaires du club. Un détail idiot, mais qui ma fait chaud, parce que moi aussi jétais inquiète du lendemain et du plein jour : elle était partie se changer chez elle, mais jai vu dans le vestaiaire quand on se mettait en tenue quelle portait encore ce matin sur elle la petite culotte que je lui avais prêtée la veille pendant quon mangeait, cest très bête, mais ça comptait.
On a joué. Et à la fin, on avait du public sur les bancs le long du court. Peut-être pour ses jambes et son petit short, peut-être pour ma jupette bleu-marine et mes jambes bronzées, mais surtout parce que les membres du club ne la connaissaient pas et quils étaient étonnés que je me fasse battre aussi nettement : après tout, cétait moi la vedette de léquipe féminine
jusquà ce matin-là ! Elle avait oublié de me dire quelle était classée 15/1 !
Après le match, les deux dames qui se changeaient, que je connaissais bien, ont un peu froncé les sourcils en faisant semblant de regarder ailleurs quand elles nous ont vues sortir de la même douche. Quelle importance pour moi, comme la plupart des gens du village, elles savaient, et Cécile, ça lamusait beaucoup.
On a fait des courses en rentrant. Jai acheté à manger pour le samedi et pour le dimanche, rajouté un poulet en plus. On navait pas parlé, pas fait de projets, pas discuté des lendemains, mais elle serrait très fort mon bras en sortant de la boucherie.
Cest dans la voiture sur le chemin du retour quelle a dit :
Tattends du monde ?
Jai une invitée.
Tas de quoi la nourrir quelques jours
Jaurais bien pris un peu plus, mais mon congélateur est petit, et puis je sais pas encore ce quelle aime
Tu me diras ?
Elle a tourné la tête vers le vent qui entrait par sa vitre ouverte, sest essuyé les yeux très vite dune main. Moi ? Pas mieux.
le miroir, témoin de sa nudité du matin, pour effacer une trace de dentifrice au coin de sa bouche, arranger les mèches en désordre, essuyer un peu deau entre ses seins, lisser du doigt sous ses yeux la mémoire de notre nuit, un pas en arrière pour ébouriffer la toison sombre sur mon ventre, et un autre témoin, le chat voyeur qui souvent nous rejoint depuis quon partage la salle de bain Cécile et moi.
Je lui avais promis, elle na plus besoin desthéticienne, je moccupe moi-même de faire toutes douces ses lèvres autour de la ligne noire qui descend jusquentre ses fesses, et elle ma interdit de raser mon ventre comme je le faisais lété, avant elle. Elle me veut toute poilue sous ses doigts et ses lèvres.
Elle na plus de marque de maillot sur sa peau : le printemps était généreux et on a pu profiter de la terrasse et nous dorer au soleil.
Elle a rendu les clés de son appartement la semaine dernière, tous ses cartons nétaient même pas déballés ! Elle les a ouverts chez nous : jai fait de la place dans mon dressing.
Un seul tiroir pour nos petites culottes, on met les mêmes. Et le tiroir des soutiens-gorge est tout à elle, moi je nen porte pas : à part au rayon 12 ans, il ny en a pas à ma taille.
Cécile, elle sen fiche. Mes petits seins avec leurs gros boutons au bout, elle aime bien jouer avec tels quils sont.
Quest-ce qui tas plu chez moi, au début ?
Tas un beau cul ! et toi ? En premier ?
Tu sentais bon !
Quoi ? Au tennis ? Mais je transpirais !
Ben ouais, tu sentais bon ! Et puis maintenant je sais que tas bon goût !
Tu te fous de moi !
Mais non, je tassure, tas bon goût ! Bon, tu perds un peu tes poils, mais je tassure, tes bonne !
Je tenais ses bras écartés au-dessus de sa tête, ses jambes emprisonnées sous les miennes. Elle riait et son ventre qui tressautait se collait au mien. Je me suis redressée et lai tirée jusquau milieu du lit
Quest-ce que tu fais ?
Tas dis que tu aimais, non ? Te prive pas !
Elle pousse toujours des petits cris marrants quand elle jouit et me claque les fesses après quand je me moque delle, et comme cest moi qui étais au-dessus, elle ne sest pas privée quand jai imité ses petits cris de me rougir les fesses
et je ne lui ai pas dit, pas encore, mais jaime ça
Misa 05/2014
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