Le Bandomètre

Il disait cela, mon papa, elles sont toutes belles belles comme le jour
Mon papa écrivait des chansons pour Cloclo, pour Sheila, pour France Gall. Il disait des choses simples que les gens comprenaient. C’était son métier, chansonneur, auteur compositeur…

Il me disait toujours, à moi, fiston pour les filles ne te fie qu’à une chose, le bandomètre.

Et pour le reste, c’est pareil.
A l’école, si l’exercice que l’instit te propose ne te fait pas rêver courir chanter, alors tourne casaque et casse-toi.
Au collège si le quizz de géométrie ne déclenche pas sarabande dans tes neurones, refuse et terre-toi dans tes pensées à toi perso dans ta tête.
Au lycée, si la question philosophique ne te plonge pas profond dans un labyrinthe de bonheur jouissif à chercher la sortie de partout, alors c’est que le prof ne vaut rien, du moins pour toi, et là encore, va … t’en va.
A table, si la bouffe ne te fait pas saliver alors laisse tomber, n’y touche pas, t’aurais la chiasse le lendemain.

Pour les filles, c’est facile !
T’as entre les cuisses l’outil de mesure, le testeur infaillible.
Dans ta culotte, le papier tournesol qui vire pour te dire.

Moi, mon papa, j’écoutais toujours tout ce qu’il disait.

Il avait une expression que j’aimais bien. Il disait parfois devant une belle fille saine avec du nibar de la fesse et un teint de pêche, il disait, à la cravate.
Cela signifiait que l’aiguille du bandomètre était dressée à midi, midi pile. En ce temps-là les hommes portaient des cravates. Et celles-ci montraient de façon claire la position requise du bandomètre.
Le monde d’aujourd’hui manque dramatiquement de repères, de références.

Les filles tu sais, méfie-toi, c’est pas c’que tu crois…
Elles sont toutes belles belles comme le jour
Belles belles comme l’amour

Des filles j’en ai vu
Des jolies, des belles, des causantes, des taiseuses, des avec auto, des juste rien qu’à vélo, des princesses papa roi du paté du Gers en bocal stérilisé, des Manons de barrières que l’on culbute dans les fossés, des filles de toute espèce de toute sorte.


Les filles, c’est varié.

Je vais vous dire, il est rare qu’on ne bande moment venu. La bandaison, ça ne se commande pas mais c’est un truc sur quoi on peut compter, toujours. Même devant le pire tromblon, quand l’affaire se présente avec les poils autour et l’odeur qui va avec, nous les mecs on bande. C’est un peu comme si on était formatés pour ça. Hard. Les lecteurs informaticiens comprendront.

Mais en préambule, ce n’est pas même topo.
Les filles qui te préemptent ne sont pas pléthore.
Quand une fille, à sec, te fait cet effet, c’est que t’es pris, mounzami. C’est que le test est positif.

Positif, à fond droit devant.

Alors les héritières un peu concon qui jouent tennis en jupette blanche et que l’on comprend en recherche de gênes neufs pour enrichir leur lignée, ces filles-là on ne les sent pas. On se dit, qu’elles sont en quête et qu’il faut se garer.
Pourtant elles ont l’artillerie lourde en position de tir tendu.
On est invité le weekend suivant au manoir des parents, Rambouillet chevaux pelouse, et chambre d’ami contiguë…
Faut savoir résister…

Mais ne pas croire que parce que toi tu es pris tu auras droit.

C’est là un des paradoxes de la bandaison préliminaire. Souvent tu détectes de ton outil de mesure une proie qui ensalive ta bouche d’appétence. Et puis, malgré ton ouverture d’esprit les choses ne se font pas, ta bandette ne rencontre pas mouille réciproque. Et rien n’est, rien ne se fait.
Triste tropisme…

*

Trève de philosophie, je vais vous conter ce qui est arrivé, ce qui s’est passé.

On était au Galibier.
Les vélos montaients, mecs en danseuse, dans la chaleur de leurs efforts.
Les gars portaient comme toujours des habits de coureurs.
Le vélo ça pousse les mecs qui s’y adonnent au déguisement, se croient, s’y croient et se parent en coureurs.

Le maillot moulant les pectoraux jaune fluo à bandes noires marqué de trucs de clubs locaux, les chaussures de cuir noir fines lassées plantées dans les cale-pieds, le casque à boudins ridicule…
Le pied c’est le cycliste noir à petites jambes en polyamide tricoté serré qui empaquette couilles et bite en présentation truculente.
On comprend que la selle de cuir longue effilée passe repasse entre les fesses largement ouvertes et masse à chaque tour de pédalier un coup à droite un coup à gauche, le périnée.


La fille dans le baquet de droite, au lieu de me regarder de m’admirer, matait les fesses musclées des grimpeurs.
Moi je râlais, chicanes mobiles ces cons-là, feraient mieux de monter le Ventoux dans leur salon devant the Voice à la télé, programmée sur leur coaching google system.

Moi je pensais, attend que le mec sorte son portable pour téléphoner et je te le pousse au fossé direct. S’il y a enquête, après, on verra bien que c’est normal qu’il se soit pété la gueule tout seul…

Enfin, j’avais des pensées non chaleureuses vis à vis de ces gars là à vélo.

Quand tout à coup le cycliste devant mon nez, noir itou, m’a paru plus large plus plein plus lourd qu’habituellement.
Immédiatement j’ai compris qu’il était, ce cycliste, du genre que je préfère.

Sa taille fine, moulée par le teeshirt jaune restait immobile au dessus de cette croupe callipyge qui dansait droite gauche prolongée des cuisses puissantes bronzées lisses glabres et nappées de transpiration.

La bandaison est venue instantanément et a éclairé, au fond de moi, mes sentiments. Le vélo trantaillait, les bras de la fille étaient tendus et ses mains crispées sur le guidon.
Mon pantalon gonflé de bite dure tirait.
Ma passagère ne voyait rien, était indifférente.
Je pensais, va me falloir habileté.

Et je matais ce cul somptueux habillé de noir comme peinture sur peau ne cachant rien, ce cul dont je voyais détaillé chaque rondeur chaque repli.

Le cycliste noir remontait à la taille en un large ceinturon de stretch. La taille était fine et l’on était étonné que la maille puisse suivre ainsi les courbes de ce corps tellement contrasté.

Sur le haut des cuisses, les jambettes du short collaient à la chair et s’agitaient en cadence des efforts.


Les deux globes puissants gonflaient la maille à craquer et l’on espérait, à chaque tour de roue, l’accident qui déchirerait le shorty selon le pointillé.

Dans les sombres plis, entre deux, on voyait la vallée profonde et noire s’ouvrir en villosités chavirant l’imagination.

*

Il me fallait dépasser et ne rien dire qui put alerter ma compagne.
Je pensais malgré tout, n’a-t-elle pas elle aussi été submergée par l‘émotion ? Je cherchais complicité.
Etonnamment, cette complicité je l’ai trouvée.

Elle a posé sa main sur mon short gonflé.

Elle a dit, ne vous emballez point, c’est juste empathie. Je vois que vous aussi…
Et ça fait chaud au ventre de comprendre qu’on n’est pas seule dans la vie à ressentir des fulgurances pareilles.

Cette fille à coté de moi dans l’auto, je ne la connaissais pas ou presque. C’était la femme, ou l’amie, d’un copain de balade qui au hasard d’un échange de volant s’était retrouvée là, copilote.
Ses yeux bleus et son casque d’or m’étaient sympathiques. Son geste d’amitié encore plus et ma bite sous sa paume scandait mes émois à travers les tissus épais du short et du slip.
Comment penser que la chaleur d’une main pût ainsi pareillement traverser les cotonnades et se ressentir si fort sur mon gland glabre en réceptivité ?
Elle a dit, cette fille, vous me mettriez la main vous aussi, vous seriez épaté. Mais restez donc bien les mains sur votre volant, la route vire et tourne.
Soyez-sage.

J’aurais bien maté son visage sous les cheveux blonds et son nez retroussé mais ma concentration était pour la bicyclette et surtout pour la selle et ce qui dansait au dessus.
Et j’avais la bite tendue sous la main chaude.

Je n’osais pas effec le dépassement.
J’avais peur de casser l’équilibre du miracle.
Ma main a poussé le levier de vitesse pour passer la seconde et dans le même instant est tombée sur la jupe de laine, troussant à la culotte pour trouver le nid noir frisé trempé ouvert à la caresse.


Je savais que l’émoi venait d’ailleurs que de moi mais qu’il était, cet émoi, sans discrimination et prêt à accepter un hommage apaisant quel qu’il soit.

Je n’ai pas effectué le dépassement mais me suis engouffré dans une aire de repos judicieusement placée.
L’ami qui m’avait confié sa copine n’avait pas averti qu’elle pouvait si promptement s’émouvoir…
L’aurait du, le con.

*

On était deux avec dans la tête, en scope, le cul de la fille au vélo, ce cul qui dansait en chanteuse sur la route escarpée qui monte au Galibier.
Ce cul noir profond habillé de deux globes musclés qui dansent en harmonie cycliste.

Elle a enjambé le volant, à peine eu-je coupé le contact, et s’est posée jupe relevée sur ma bandaison.
Le zip a été facile à descendre et la bite a jailli par l’ouvrant du caleçon. La culotte écartée d’un index précis, elle m’a happé en ses entrailles presque glabres de sa blondeur.

Je savais que sa douce moiteur était due, bien plus qu’à ma séduction, aux pulsions homophiles inspirées par la fille au vélo.
Je n’allais pas faire fine bouche alors que moi aussi j’attribuais ma farouche bandaison à la dite bicyclette…

Ses fesses posées sur le volant, ses genoux sur le siège, ses seins dans mon visage, ses ardeurs à vouloir me traire, tout nous a mené rapidement à explosion synchrone, ma bite arquée giclant au fond d’elle et elle, en contractions saccadées prenant tout ce qu’elle pouvait de moi.

*

En arrivant, bien plus tard, au col du Galibier, nous l’avons vue dans les bras d’un homme, amoureusement serrée.
Elle nous a regardés, a souri et nous a fait, complice, un petit signe d’amitié.


Jpj, au col du Galibier, juin 2014

Comments:

No comments!

Please sign up or log in to post a comment!