Seule
« « Vous parler de Joëlle
au fil du récit ou tout à la fin ? Maintenant : vous pourriez en avoir une fausse image.
Elle est douce, discrète, timide et même peureuse, de tout, de tous. Elle est de celles dont on pense en la voyant : « je veux la consoler » parce quelle a les traits tirés, cet air effarouché tout le temps.
La consoler ? Mais de quoi ? Elle ne vous aiderait pas à le découvrir.
Elle ne connaît pas la cause, ne sait que les effets : ce quelle cache, qui gouverne sa vie.
Elle a construit autour, accepté, peut-être renoncé
» »
Simon dormait déjà quand Maryse est partie pour son dernier après-midi de travail avant les quelques jours de vacances quelle a pris.
Joëlle avait attendu son départ pour éteindre la lumière du salon et recharger le feu de cheminée. Un long moment elle est restée derrière le canapé à regarder Simon dormir, les mains posées sur le dossier. Le rouge à ses joues ne devait rien à la chaleur du feu de bois. Elle hésitait en se mordillant les lèvres, ses bras fermés autour delle, les mains serrées sur la laine de son pull. Lenvie était là, la taraudait depuis quil sétait endormi et que Maryse était partie. Loccasion était trop belle maintenant. Il dormait. Ils étaient seuls.
Les mains sous son pull, elle a légèrement soulevé la taille de sa jupe et la faite tourner, ramenant lagrafe et la fermeture éclair sur son ventre. Sans un instant quitter Simon des yeux, rassurée par sa respiration régulière, elle a enjambé la jupe et par provocation, comme pour se piéger elle-même, la abandonnée sur le dossier du canapé.
Sil ouvrait les yeux ? Cette idée seule, quelle avait présente à lesprit tout le temps, lui nouait le ventre et durcissait sa poitrine ; laisser sa jupe sur le canapé hors de sa portée faisait partie de lexcitation quelle ressentait.
Vêtue de son seul petit pull de laine et dun min-slip de nylon noir quelle avait choisi le matin après sa douche, trop petit dune taille comme la plupart de ses sous-vêtements et qui dénudait autant ses fesses quil les couvrait, elle a contourné sur la pointe des pieds la petite table où refroidissait la tasse de café que Simon avait oublié de boire et sest penchée vers lui, souriant du petit bruit, comme un claquement de lèvres, qui ponctuait sa respiration.
Lui tournant le dos, elle a traversé le salon pour remettre une bûche sur les braises et les a tisonnées doucement pour que les flammes reprennent, se retenant de jeter le moindre coup dil derrière elle, préférant imaginer le regard de Simon sur ses cuisses nues et sur ses reins découverts par son pull.
Au pied du fauteuil, elle a abandonné ses chaussons et sest assise en repliant ses jambes à côté delle ; une main prisonnière au creux de ses cuisses, au contact de son petit slip de nylon noir tout gonflé de son épaisse toison pubienne, elle sest tenue immobile longtemps avant de se couvrir dun plaid et denfermer ses bras dessous.
Ses yeux allaient des flammes à Simon. Elle rêvait, se berçait de lintimité de la scène, lui endormi après une nuit damour et elle surveillant son sommeil en tenue légère.
Elle oserait ? Ici, dans ce fauteuil, alors quil pouvait à tout moment la surprendre ?
Ce nétait pas une vraie question, elle se leurrait elle-même, faisait semblant dhésiter, alors quelle avait déjà décidé en abandonnant sa jupe et en traversant le salon presque nue devant lui.
sil navait pas dormi aussi profondément, sil avait entrouvert les yeux
il se serait amusé à la voir de déplacer sur la pointe des pieds en tenue légère dans le salon à la seule lueur dansante du feu de cheminée
il aurait souri à la voir se pencher pour tisonner le feu en retenant dune main la cascade de ses cheveux châtains derrière une oreille, puis en se redressant étirer dun doigt sous lélastique son slip trop petit pour tenter de le remettre en place sur ses fesses généreuses
il ne serait pas resté indifférent en voyant le pull gris chiné de noir remonter dans son dos, découvrir la taille fine et lévasement des hanches larges et rondes, les deux fossettes creusées sur les reins barrés du nylon noir qui tranchait sur la blancheur de la peau et soulignait les courbes douces et généreuses
il aurait
mais il dormait.
Et cétait parce quil dormait quelle était presque nue dans le salon.
Il nétait quun élément du scénario de Joëlle, pour linstant et pour plus tard, pour nourrir ses fantasmes, pour lexcitation et les frissons qui venaient avec la peur dêtre surprise.
Joëlle est arrivée tard la veille pour passer quelques jours avec eux, la première fois quils linvitent depuis leur mariage quelques mois plus tôt.
Elle leur en avait un peu voulu, à tous les deux. A Simon qui lui volait sa seule amie et confidente, à Maryse qui la laissait toute seule en partant vivre loin delle.
Il y a eu des jours difficiles pour Joëlle
elle avait de grands cernes sous les yeux
mais tout le monde au bureau sétait habitué à lui voir ses yeux-là.
Des yeux bordés de sombre, des yeux qui disent la fatigue sans en dire la cause, une cause que Maryse connaissait bien.
Elles étaient voisines, fréquentaient le même collège, sans se connaître vraiment, puis à 15 ans se sont retrouvées dans la même classe de 2nde au Lycée et se sont rapprochées. Elles se retrouvaient souvent chez Joëlle pour faire leurs devoirs ensemble certains soirs ou samedis, et étaient devenues dinséparables amies.
Ce nétait pas si évident
Les premiers temps, Maryse sinquiétait sans rien oser dire, des joues rouges de Joëlle et de son regard brillant, de ses gestes nerveux, de la voir quitter très souvent la table où elles travaillaient.
Quand elle linterrogeait « Tes malade ? », Joëlle baissait les yeux et se remettait au travail sans un mot dexplication.
Elle continuait à sabsenter, 5 à 10 minutes, souvent plusieurs fois dans laprès-midi. Un jour, quand Joëlle sest à nouveau levée en fin daprès-midi et a quitté la chambre où elles travaillaient, elle a attendu un peu et sest levée à son tour pour la suivre discrètement.
En poussant la porte de la salle de bains, elle a vu son amie assise au bord de la baignoire, la jupe retroussée sur son ventre nu, bouche ouverte et les yeux clos, le visage levé vers le plafond.
Elle aurait pu éclater de rire, partir et ne rien dire. Elle est restée immobile sur le pas de la porte, trop surprise sur linstant, et était toujours figée là quand quelques secondes plus tard, sentant sans doute une présence, Joëlle a soudain ouvert les yeux.
Elle sest levée, lentement, en se cachant sous sa jupe quelle lissait de ses paumes sur ses cuisses, et a tourné le dos à Maryse en se cachant le visage dans les mains. Elle tremblait. Maryse sest approchée et la prise par les épaules, murmurant «
cest rien
», puis la prise par la main pour la ramener dans la chambre et à leurs exercices de maths. Elles nont pas dit un mot, néchangeaient que de rapides coups dil gênés.
Une amitié, cest parfois aussi simple quune main que lon tient et les mots quon ne dit pas.
Joëlle continuait à sabsenter fréquemment quand elles travaillaient.
Elles ont pris leur temps avant den parler vraiment.
Maryse ne comprenait pas très bien. Joëlle ? Comment aurait-elle expliqué ? Elle ne comprenait pas non plus.
Pendant leurs années Lycée, Maryse faisait parfois le guet devant une porte des toilettes des filles au Lycée.
De ce secret entre elles, de ces choses dont on ne parle à personne, un peu honteuses, venaient souvent des sourires un peu tristes, des rires quelques fois, des colères aussi, parce quen grandissant on se pose les questions autrement.
Maryse ne sest jamais moquée delle, ne lui a jamais tourné le dos.
Elles en parlaient comme dune maladie. Et quand elles parlaient de vice, cétait plus par jeu, pour en rire, pour évacuer lidée. Ensuite elles ont parlé daddiction.
Ce nest pas bien, les addictions ? Non, mais parfois on ne sait pas bien sen sortir, parce quon ne sait pas doù elles viennent.
Elle avait 12 ans quand elle a commencé.
Joëlle se masturbe depuis 14 ans.
Et alors ? direz-vous ? Elle nest pas la seule
Oui, mais
couramment 5 ou 6 fois par jour, tous les jours, ou presque, parfois moins, et parfois plus
Se masturber. Cest pas très joli, comme mot ! Dautant que pour elle, on pourrait dire quelle se caresse, quelle se donne du plaisir. Parce que ça marche comme ça, avec elle. A chaque fois elle a du plaisir.
Etre contents pour elle ? Oui et non
Cest fatigant. Il faut se cacher. Ça rend le quotidien invivable.
Dun autre côté, un orgasme chaque fois
ça fait rêver !
Elles ne se sont pas quittées après le Lycée. Etudiantes, elles ont partagé un deux pièces mansardé à Paris, une pièce à vivre où elles mangeaient et travaillaient, et la petite chambre quelles partageaient. Maryse collectionnait les flirts. Joëlle, pourtant plus jolie que son amie, restait toujours seule. Elle plaisait aux garçons, mais elle na jamais eu de vrai petit-ami, ne dépassait jamais le stade du baiser, à cause de ce besoin quelle narrivait pas à contrôler.
Elle sétait construit un personnage qui tenait les garçons à distance. A leurs amis qui sétonnaient quand elle repoussait une nouvelle fois leurs avances, elle laissait croire que les rumeurs qui couraient sur son homosexualité étaient fondées ; cétait plus facile. Ça agaçait un peu Maryse, mais elle laissait dire.
Pendant 6 ans, elles ont presque toujours dormi dans la même chambre. Le plus souvent Joëlle sisolait quand son envie de se masturber la réveillait dans la nuit, mais parfois, parce quelle croyait que Maryse dormait, elle restait dans son lit.
Maryse pensait quune sexualité partagée pourrait résoudre son problème, alors il y a eu des nuits où Maryse caressait Joëlle. Des accidents. Ni lune ni lautre ny attachaient dimportance et ny trouvaient de vraie satisfaction.
Parfois aussi, Joëlle quittait leur chambre parce que Maryse recevait un garçon, amant dun soir ou dune semaine. Ces nuits-là, elles repoussaient leur table de travail et installaient pour Joëlle un matelas dans la grande pièce.
Plusieurs fois pendant ces 6 années, Maryse était venue la retrouver dans le canapé la nuit, parce quelles en avaient parlé bien souvent : « tu veux ? », et le garçon dun soir quittait le lit de Maryse pour finir la nuit sur le matelas avec Joëlle.
A ces étreintes dans le noir, Joëlle na jamais pris aucun plaisir, et elles ne lui ont jamais donné le goût de nouer une relation avec un garçon.
Une seule fois, parce que Maryse len avait convaincue et laccompagnait, elle en a parlé à un médecin. Il a écouté. Il a compati. Le premier traitement, à base dantidépresseurs la rendait apathique, elle navait plus goût à rien et ses études en pâtissaient : elle la arrêté. Le second traitement quil lui a prescrit bloquait ses sécrétions vaginales ; elle la arrêté aussi ; elle a dit à Maryse : « la seule chose de changée, cest que je me fais mal », et a refusé ensuite de retourner voir ce médecin ou un autre, comme elle a toujours refusé daller voir un psy.
Son plaisir ? Ses orgasmes ?
Ce nest pas de la simple mécanique
ça létait au début et ça lest toujours, bien sûr, mais au fil des années, elle se nourrit de plus en plus de rêves et de fantasmes patiemment et consciemment construits. Certains sont très romantiques et « fleur bleue », dautres moins ; certains sont récurrents, nés de lecture ou de films où elle sidentifie à lhéroïne et vit par procuration ce quelle imagine pour elles. Dautres sont construits sur linstant, dune rencontre, de quelquun croisé dans la rue. Ce sont des supports à ses besoins, ses envies, son désir de sexe, immédiat, qui simpose dans linstant et quelle assouvit sans savoir sen défendre, et depuis trop longtemps sans même vouloir sen défendre.
Une addiction. Une addiction à lassouvissement sexuel.
Ce dont Joëlle na jamais parlé, cest que les dernières années, elle « utilisait » Maryse pour créer ses scénarios et que souvent dans ses fantasmes cest à elle quelle sidentifiait, à elle témoin de ses gestes, à elle avec ses petits amis. Elle aurait voulu être elle
Et Maryse sest mariée il y a quelques mois ; à 26 ans Joëlle sest retrouvée seule.
Cest la première fois quils linvitent depuis leur mariage, et Simon dort dans le canapé. Elle nattend et ne veut rien de lui, juste sa présence. Sil se réveillait ? Elle aimerait le savoir, et faire semblant de ne pas sen apercevoir, continuer, en voulant quil soit spectateur passif.
Il y a eu le matin
Elle sétait levée tôt ce matin. Elle avait préparé le café et grillé du pain, préparé un plateau comme elle le faisait avant pour Maryse, quelle sasseyait sur son lit et la réveillait doucement.
Elle avait oublié. Elle était mariée maintenant.
Joëlle en a ri
et a senti les larmes lui monter aux yeux en regardant le plateau avec les deux bols de café, les tartines beurrées et la confiture.
Quelle était bête ! Elle nétait plus lamie qui pouvait entrer dans sa chambre pour la réveiller et sinstaller auprès delle dans le lit. Il y avait Simon, maintenant.
Elle avait laissé le plateau sur la table de la cuisine et sétait approchée en silence de la porte de leur chambre. Elle allait frapper. Elle avait entendu la voix de Maryse. Par lentrebâillement de la porte, elle les avaient vus, et sétait reculée très vite. Ils faisaient lamour, à la lumière du jour qui inondait la chambre.
Elle sétait adossée au mur du couloir, le cur battant fort, les deux mains et la tête plaquées au mur, écoutant les murmures et les souffles, les bruits humides qui venaient de la chambre, limage des corps enlacés entrevus gravée sous ses paupières closes.
Elle aurait dû partir. Elle était restée.
deux jambes dhomme ouvertes en travers du lit, les pieds dans la ruelle, les fesses de son amie tournées vers la porte, qui chevauchait une tige de chair, brillante, dressée
ce nétait plus Maryse, cétait encore Simon, cétait elle, là, qui allait et venait sur le sexe dressé et dur, épais et long, cétait elle qui gémissait en écartant grand les jambes autour des hanches de Simon et son sexe à elle qui coulait et déposait sa liqueur brillante sur le sexe qui envahissait son ventre, ses lèvres qui sétiraient et blanchissaient
Une fois ? Plus ? Elle sétait penchée, avait regardé par la porte entrouverte, sétait cachée aussitôt, emmenant les images et les bruits, crispant les poings et mordant ses lèvres.
Le râle de plaisir, cétait le sien aussi, elle en tremblait en regagnant la cuisine, le souffle court et chancelante.
Elle sétait cachée dans sa chambre quand elle les avait entendus se lever, avait entendu les rires, les bruits dans la salle de bains. Assise sur son lit, les mains crispées entre ses cuisses, elle avait attendu longtemps, sétait réfugiée dans la salle de bains quand ils lavaient libérée, avait lavé sur ses jambes sous la douche les traces abondantes de son envie de sexe, lavé sous leau brûlante les images dans sa tête, lavé la honte davoir regardé Maryse
baiser, lavoir regardée baiser comme de temps en temps avant avec ses petits-amis, et davoir voulu être elle, davoir été elle.
Sous le plaid sur sa taille, Joëlle regardait les flammes qui dansaient sur la bûche, se laissait bercer et emporter vers le souvenir du matin. Elle ne se pressait pas. Une jambe étendue, lautre soulevée du talon en appui sur lassise du fauteuil pour soulever le plaid du genou et masquer les gestes quelle voulait pour elle maintenant, quelle navait pas eus sous la douche malgré lenvie quelle en avait, elle sest laissée lentement glisser dans le rêve où elle était une autre, où elle était chez elle, où un homme, son homme, lui avait fait lamour le matin et la regarderait se donner du plaisir.
Une main à plat sur la cuisse, elle a frôlé du pouce tendu le nylon du slip noir quelle sétait choisi ce matin. Elle pensait déjà à cet instant ? Pas aussi nettement ; la réalité dépassait ses espoirs. Tout doucement de son pouce elle suivait la ligne plus souple de louverture entre ses lèvres sur le nylon qui crissait sous son ongle. A chaque passage elle creusait un peu plus en réveillant la chaleur humide au creux de son ventre. Sa main plongeait lentement, ses doigts souvrant et se fermant pour froisser le nylon, sécartait vers la cuisse et descendait pour agacer dun doigt les poils au creux de la cuisse sous le tendon durci de sa jambe levée, là où elle ne rase pas, passait du doux de la cuisse à la peau plus grenue sous le pli de la fesse, et remontait lentement jusquà serrer très fort les doigts sur son sexe et louvrir.
Les yeux fermés, les images du matin revenaient, ce sexe exposé si pareil au sien, indécent entre les jambes ouvertes
la fine membrane étirée dessous qui gainait la verge et la fine couture sur la peau jusquà lanneau brun qui gonflait à chaque fois que la tige de chair plongeait au profond du ventre
un craquement sec, elle a ouvert les yeux, ce nétait que le feu, Simon dormait toujours à quelques mètres delle
Joëlle a écarté le plaid et des deux mains sur ses hanches, a enlevé son slip et la enfoui entre laccoudoir et le coussin, a plaqué la main sur son sexe et plié le majeur, se pénétrant du doigt jambes ouvertes pour chercher le mouillé de son sexe, plusieurs fois, pour étaler sa mouille épaisse sous ses lèvres et sur le bouton quelle sentait tendu, étiré, avant de sallonger contre le dossier et de se recouvrir à nouveau du plaid. Rester découverte aurait décuplé le plaisir quelle allait se donner, mais elle na pas osé.
Elle sest caressée de la main droite en soulevant le plaid de la gauche, allongée dans le fauteuil les jambes étendues devant elle, paume de la main massant très fort son clito, deux doigts plongés dans son sexe qui pressaient la muqueuse plus dure. Elle a joui très vite, le dos arqué, le visage tourné sur un côté, a plaqué le dos dune main contre sa bouche pour y sa respiration oppressée, et sest détendue lentement, agitée de brusques frissons qui la faisaient se cambrer. Trois fois elle a joui, perdue dans son monde de rêve éveillé.
Elle a attendu de reprendre son calme, que sa respiration sapaise et que les battements de son cur redeviennent réguliers, et a tourné le visage vers Simon, un doux sourire aux lèvres, attendrie de son sommeil
il aurait pu se réveiller
la regarder et venir à elle, rester à ses pieds, à genoux entre ses jambes ouvertes, les yeux fixés sur son sexe, elle était si mouillée
juste un rêve
des images à garder
Elle sest levée et a récupéré son slip entre laccoudoir et le coussin du fauteuil, est restée nue un instant immobile et a quitté le salon sur la pointe des pieds récupérant sa jupe au passage sur le dossier du canapé.
Cest le sourire aux lèvres quelle est entrée dans la salle de bains pour y faire sa toilette. Honte ? Davoir « utilisé » Simon pour nourrir son fantasme ? Un peu
mais après tout il dormait !
Et elle imaginait déjà les multiples scénarios qui laccompagneraient dans ses futures caresses.
Elle finissait sa toilette quand elle a entendu du bruit dans la cuisine, la porte du four micro-ondes quon claquait et son ronronnement : Simon devait réchauffer le café quil avait oublié de boire. Elle sest dépêchée de remettre son petit slip, a hésité, la main posée sur sa jupe, et la finalement renfilée aussi
sil était venu dans la salle de bains au lieu de réchauffer son café ? Il laurait trouvée nue
comme elle létait en quittant le salon
elle en frissonnait
encore, vite
Elle a rejoint Simon dans le salon et a repris sa place dans le fauteuil au coin du feu, un roman dans les mains. Simon avait allumé la télé et baissé le son.
Joëlle ne lisait pas. Elle croisait et décroisait les jambes, provoquait intentionnellement les sensations nées du frottement de ses cuisses. Elle ne sétait pas lavée la deuxième fois, avait gardé sur elle lhumidité de son plaisir, comme souvent en cours de journée quand elle oubliait dapporter des sous-vêtements de rechange dans son sac.
Elle était encore plongée dans son scénario dintimité partagée, autant dimages et de sensations quelle emporterait avec elle après cette semaine de vacances quand Maryse est rentrée du travail.
Maryse a embrassé Simon puis est venue sasseoir sur laccoudoir du fauteuil de Joëlle pour poser ses mains glacées sur ses joues et poser une bise sur le bout de son nez.
Elle sest reculée un instant, les sourcils froncés, et plissait le nez en se redressant, soulevant le menton de Joëlle dun doigt pour croiser son regard : « Tu peux pas tempêcher
» elle tapotait son nez de petits coups de son index en réponse au regard étonné de Joëlle, qui a tout de suite compris et a brusquement rougi en se mordant la lèvre inférieure. « Il dormait, tu sais ! ». Maryse levait les yeux au ciel en soupirant. Elle a posé une main sur la joue de Joëlle, lissé un sourcil du pouce « Jespère bien !... tas fait ça où ? ». Joëlle baissait les yeux pour échapper à ceux de son amie et sest réfugiée dans un demi-mensonge : «
salle de bains
», et un fou-rire les a prises, aggravé par les sourcils froncés de Simon.
Cest une drôle de fille, ta copine
Je tavais prévenu !
Et sacrément bien fichue, en plus.
Eh ! dis-donc, toi !
Cest vrai, non ? Et jai été exemplaire, jai pas bougé dun cil !
Elle a rien vu ? Tes sûr ?
Certain. Jy croyais pas
elle serait allée dans sa chambre, ok
mais
Je tavais dit ! Cest plus fort quelle ! Et comme elle nous avait vus le matin
jaurais dû parier !
Et maintenant ?
Déjà, tu mets ton pyjama, et on se couche, je gère.
Je te laisse faire !
Tu métonnes !
Quoi ? cest ton idée
Ouais
mais tu serais vachement déçu si je voulais plus, non ?
Euh
Ben voyons ! Allez
Joëlle les a entendus sortir de la salle de bains. Elle avait fait sa toilette du soir avant eux et sétait déjà couchée.
Maryse a poussé la porte de sa chambre et lui a fait coucou de la main en guise de bonne nuit.
Leur lit grinçait un peu et elle entendait rire Maryse. Elle savait : ils faisaient lamour ce soir aussi. Joëlle voyait par lentrebâillement de la porte que Maryse navait pas complètement refermée le rai de lumière qui venait de leur chambre.
Maryse avait gardé ses habitudes. Comme dans leurs 2 pièces à Paris quand un garçon passait la nuit avec elle, elle gardait toujours la lumière allumée.
Joëlle na pas résisté bien longtemps. Elle a repoussé sa couverture et sest levée, a marché sur la pointe des pieds dans le noir jusquà la porte, guidée par le seul mince rai de lumière.
Maryse était assise sur le torse de Simon et lui tournait le dos. Elle le caressait lentement tenant sa verge droite dune main et, se caressait elle-même de lautre, les cheveux masquant son visage.
Dans le couloir, Joëlle aussi se caressait
suivait le rythme de Maryse.
Elle était adossée au mur quand la porte sest ouverte, sest immobilisée.
Maryse, nue devant elle, lui a caressé la joue :
Je savais
et je sais aussi que tu préfères le noir
Joëlle la bouche sèche, na pas dit un mot, regardait Maryse les yeux écarquillés dans la pénombre du couloir. Elle na pas esquissé un seul geste quand Maryse a noué un foulard sur ses yeux, la embrassée sur la joue et la prise par la main.
Elle a eu un petit sanglot dappréhension et a résisté à la traction sur son bras, puis a fait un pas, un autre
elle était dans la chambre, deux mains soulevaient sa chemise de nuit, la passait au-dessus de sa tête, une main dans la sienne la guidait, la poussait sur le lit, soulevait ses jambes pour les poser sur les draps, la poussait dune main au-dessus des seins quelle cachait dun bras, ladossait au mur dans son dos.
Que se passe-t-il dans un lit quand deux femmes et un homme sy retrouvent ?
Est-il besoin de regarder par la porte entrebâillée ?
Peut-être
Parfois quand elles étaient étudiantes, elles ont fait lamour avec le même amant de passage la même nuit. Maryse le conduisait à elle et les abandonnait. De ces amants dun soir elle navait pas de plaisir. Elle écartait les jambes et attendait quils jouissent delle, attendait quils se relèvent et labandonnent pour rejoindre Maryse, se caressait et jouissait après, la main trempée de leur sperme, écoutant les chuchotements dans la chambre à côté et les bruits de sommiers.
Simon jamais. Simon elle ne la rencontré quune seule fois, le jour du mariage de son amie, et ce week-end. Et cette fois Maryse est restée, beaucoup de mains sur elle
des mains qui repoussent le bras dont elle couvre ses seins, dautres mains qui écartent la main quelle a posé sur son sexe
pas un mot dans la chambre
le noir sous le foulard qui lui masque les yeux
les mouvements à sa droite et à sa gauche, le matelas quelle sent déformé du poids de Maryse, de Simon, chacun dun côté
ses bras écartés et la morsure sur ses poignets, un baiser sur ses lèvres et des mains à ses chevilles qui la tirent vers le pied du lit, ses bras étirés écartés grands ouverts au-dessus de sa tête, dautres morsures sur ses chevilles et ses jambes ouvertes, des lèvres sur ses yeux qui boivent ses larmes, écartelée, les reins cambrés des oreillers glissés sous son dos.
Elle plie les genoux, sans pouvoir les serrer à cause des liens qui blessent ses chevilles, elle ferme les poings et tire sur ses bras, éprouvent la résistance plus quelle ne se débat et renonce :
arrêtez
arrêtez
mais quest-ce que vous faites
les premiers mots de Joëlle, presque des sanglots, sans réponse, seulement une bouche sur ses lèvres, des mains sur ses seins, une main sur son sexe douloureuse à prendre son épaisse toison à pleins doigts qui serrent, étirent, relâchent et fouillent son sexe
Viens voir comme elle mouille, viens !
les premiers mots de Maryse, chuchotés.
Pour la première fois elle a joui du sexe dun homme en elle. Pas la première fois où il sest glissé entre ses jambes et la pénétrée. La première fois lorgasme tenait aux mains de Joëlle qui pinçaient son clitoris et ses tétons.
Plus tard, plus tard dans la nuit, Maryse allongée contre elle, sa joue contre la sienne, une main légère sur ses seins, Simon une autre fois entre ses cuisses écartelées, lavait baisée, très fort, son sexe brûlant dêtre sec davoir trop mouillé avant aux caresses de Maryse, et pour la première fois elle a crié, dabord de douleur, et après de plaisir du sexe dun homme au fond de son ventre.
Joëlle a partagé leur lit dautres nuits pendant cette semaine de vacances, sans foulard sur les yeux, sans les liens à ses poignets et ses chevilles, sauf le soir où elle le leur a demandé.
Une semaine. Sa semaine de vacances et celle de Maryse finie, Joëlle a regagné Paris.
Joëlle a repris sa vie solitaire de plaisirs solitaires avec des souvenirs qui nourriront les rêves qui feront ses yeux bordés de sombres et fatigués qui donneront envie à ceux qui la côtoient de la consoler, mais de quoi ? elle ne dirait rien, nexpliquerait rien, et jamais ils ne sauraient ce quelle cache et ce qui gouverne sa vie, qui lui donne cet air égaré effarouché de tout.
Il faudrait ne rien dire, juste la prendre par la main.
Misa 06/2014
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