Poème À Une Belle

Voilà, je pense à toi
Ma belle et fine mouche
J'imagine mes doigts
Te caresser la bouche


Tu me montres les dents
Mais c'est pour me sourire
Ton émail éclatant
M'émeut sans coup férir


J'approche un peu mes lèvres
Je goûte le charnu
Ton odeur de genièvre
Ne m'est pas inconnue


Je te prends par le cou
M'approche de ta tête
Doucement sur ta joue
Pose bise désuète


Tu demandes un peu plus
Tu veux sentir mes mains
Alors comme un crocus
Je cueille un de tes seins


Je l'empaume, et surgit
Un téton tout pointu
Que j'effleure, attendri
Puis le pince, impromptu


La petite douleur
Te fait gémir un peu
Je freine mes ardeurs
Et reprends mon doux jeu


Mais déjà il réclame
Ton abricot joli
Que tel un brise-lame
Je calme tes envies


Alors je te dénude
T'allonge sur le dos
Et avec gratitude
Te lèche le clito


Tu te tends, te tortilles,
Sous ma langue acérée
Je sens sous mes papilles
De toi le goût sucré


J'écarte le sillon
De tes lèvres offertes
Et insinue au fond
de toi ma main experte


Dans ton antre excité
Je vais, viens, m'enhardis
Et dans un cri de fée
Tu exultes, tu jouis


Ô suprême expérience
De voir ainsi la femme
Qui donnant sa confiance
Nous donne aussi son âme


Beauté du plaisir cru
Qui vient du fond des âges
Et qui sans retenue
Donne à voir le voyage


De ses sens en fusion
De son corps submergé
D'une lame de fond
Qui a tout emporté


Alors, enfin repue
Du plaisir animal
Tu t'enfouis, ingénue
Dans un sommeil royal


Je te regarde, et pense
Au plaisir partagé
Même si ma semence
Ne t'a pas arrosée


Car donner du plaisir
C'est en prendre soi-même
Pour demain découvrir
Des revanches bohêmes


Ou à ton tour, coquine
Soucieuse de me plaire
Tu te feras féline
Et comme une écuyère


Tu me chevaucheras
De ta croupe incendiaire
Engloutissant en toi
Ma flèche flibustière


Bientôt comme un soudard
Par ton assaut sublime
Jaillira de mon dard
La liqueur de l'intime


Alors, enfin soumis,
Vaincu par ta hardiesse
A tes désirs me plie
Ô ma belle déesse