Pompéi, Une Fille Une Rencontre
Jpj, Capri, août 2014
Je navais pas bien compris ce quelle faisait là.
On aurait dit quelle me regardait avec un outil magique qui permet de voir lâme des gens.
Voyait-elle la noirceur de la mienne ou bien, son appareil étant quelque peu détraqué, croyait-elle que jétais lange quelle attendait ?
Faut dire que les filles, cest bien connu, sont un peu cruches
coté coeur.
Moi, je matais cette robe quelle portait qui montrait ses bras et son cou et ses cuisses comme merveilles
Moi je pensais, si sa lentille est magique et quelle voit mes sentiments, alors laisse aller les élans de ton coeur et montre lui leffet quelle te fait.
Faut dire que si sa lunette permettait de voir à travers les vêtements, en particulier à travers les pantalons et les slips de garçons, alors elle devait être sacrément édifiée : je bandais tout mon saoul et dans ma plénitude épanouie, je souriais, ravi.
Loutil optique navait probablement aucune acuité particulière mais, les filles elles sont comme ça, celle-là a tout compris et son coeur a chaviré à voir comme je la regardais.
A croire quelle mattendait comme Anne du haut de sa tour.
La robe, sombre à petits motifs géométriques noirs sur blanc, comme des mosaïques, sentendait à dessiner ses seins qui jaillissaient en courbes de niveau détoffe vrappée. Des seins petits mignons ronds. Des seins, je le saurai aussi plus tard, moelleux avec aréoles roses et téton gouteux.
Vu quelle parlait italien et moi pas, jai juste tendu ma main et elle la saisie.
Vous ne pouvez pas savoir comme cest bon quand, sans vraiment lavoir cherché, on tend sa main et que celle-ci est saisie comme connivence comme accord comme amour tendre déclaré.
Non je nétais pas en drague
Cétait, ce fut, juste une rencontre.
Elle ma tendu la lunette
Je lai portée à mon oeil et jai regardé les maisons de Pompéi.
Jai pensé, sa lunette na rien de rare, cest juste un accroche-coeur, un truc de fille pour la drague.
Elle est partie en discourade dans son langage dont il ressortait que nous allions marcher ensemble sur la plage tyrrhénienne admirer le couchant.
Sa main était chaude dans la mienne et nous avons, étonnamment, tout au bonheur dêtre ensemble, parcouru des kilomètres de grève sans avoir conscience de la nuit qui tombait.
Pieds nus, nos chaussures à la main.
Moi mes espadrilles de toutou, elle des escarpins noirs de ville.
Le sable était fin et la mer calme. Je pensais, vais-je oser lembrasser ?
Elle a dit, vois nous arrivons au port, lhydrofoil nous attend pour Capri. Cétait une vedette bleue au cockpit dessiné comme celui dun avion, le pilote russe nous a fait les honneurs du « vol » en guttural dans le texte.
Javais encore sa main dans la mienne.
Lhôtesse de lair napolitaine brune sexy accorte nous a servi en complicité des tapas grecs, houmos, tomates & féta, tzatziki, feuilles de vigne farcies aux oignons arrosés de Lacryma Christi, vin blanc très trop sucré del Vesuvio servi au verre.
La vedette filait à toute allure en glissant au milieu des vagues, sur une trajectoire parfaitement régulière et stable. Les foils dans leau portaient la coque sur de longues pattes dinsecte, hors des flots et de la houle. Les moteurs sifflaient comme des moteurs davion.
A peine avions nous avalé le dessert de yaourt au miel que le fin bateau sétait posé léger dans leau et était entré dans la crique de Capri, calmé, voguant maintenant normalement tranquillement pour accoster.
Une navette autobus nous attendait et je me suis laissé faire, embarqués tous deux pour un hôtel à touristes au sommet de lîle avec vue sur la Méditerranée.
Avant daller nous couler dans le grand lit matrimonial aux draps de lin jaunes qui nous avait été dévolu, nous avons déambulé en amoureux parcourant les chemins, les rues plutôt, de crête de lîle.
A chaque embranchement, sur chaque murette, je lai prise dans mes bras, chastement, et je lai serrée et je lai bisée.
La lune était haute et illuminait la mer tout du tour.
Je nai pas touché ses seins, pas tripoté ses hanches, ses fesses, rien.
Je savais que dans quelques minutes nous serions nus dans les bras lun de lautre, la grande baie ouverte sur la nuit et sur la mer et sur le silence.
Je savais que jaurai ses cuisses à mon cou et, sans parler, son odeur forte dans ma bouche sur mes lèvres dans mon nez
Je savais tout, en français, et je savais aussi quelle aussi pensait pareil dans sa langue à elle.
Alors je profitais doucement tendrement de ces moments de lavant, de cette balade sous largent de la lune entre les murettes des chemins muletiers.
Muletiers, mules ? Ne doit-on pas plutôt dire chemins à chèvres, chemins capresi ?
Comment démonyme-t-on les habitants de Capri ?
Au matin, jai compris que Capri, ça avait été bien, mais que maintenant, cétait fini.
La fille était languissante au soleil, elle avait eu son compte et ne cherchait rien de plus.
Peut être navais-je pas été à la hauteur de ses rêves, ou plus simplement, probablement, nétions nous pas faits lun pour lautre, elle lItalienne et moi le Français.
Jai pensé, il y a une vanité à Capri quHervé Vilard a su rendre dans sa chanson.
Fulgurante intuition du poète.
Ou alors, cest linverse et cest ce salaud de Vilard qui a cassé ma bonne aventure avec sa putain de chanson
Qui ma pourri la tête.
Va savoir.
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