Chloe, À Paris Et Avant - 3/3

3ème partie

— … Aide-le …
Elle m’a poussée vers lui, ses mains sur mes épaules pour me faire agenouiller devant lui.

« « Vous vous souvenez ? Lucie a invité Chloe chez elle, pour lui présenter son copain, Eduardo.
Sacrée présentation … Chloe ne s’attendait pas vraiment à ce qu’il se passe. » »

Obéir ? Oui, bien sûr. Très persuasive, Lucie ! Au point où j’en étais, et dans l’état où j’étais, il ne me serait même pas venu à l’idée de partir. Lucie était beaucoup moins tendre avec moi que l’après-midi, mais j’aimais bien. Petit fantasme que je n’avais jamais assouvi jusque-là : me laisser guider, obéir. La dureté de ses caresses me plaisait bien, finalement. J’avais un peu protesté parce qu’elle me faisait mal, une ou deux fois, mais ça m’excitait plutôt. D’un homme, je crois que je n’aurais pas accepté, mais d’elle, de la belle Lucie …
J’étais excitée aussi d’être nue devant ce garçon que je ne connaissais pas, exposée jambes ouvertes, fouillée des doigts par Lucie devant lui. Etre entravée par ma culotte que Lucie ne m’avait pas complètement enlevée, étirée à hauteur des genoux, ajoutait aussi à l’excitation que je ressentais. Je me sentais… indécente ! et c’était bon !

Sous la pression de ses mains sur mes épaules je me suis agenouillée devant le garçon qui s’était avancé vers moi sur le velours du canapé, les fesses à moitié dans le vide et les jambes grandes ouvertes.
Lucie a retenu la main que je tendais vers la verge couchée sur le ventre, frémissante d’un début d’érection qui étirait le prépuce, découvrant en partie le gland très foncé dont seules les lèvres au pourtour du méat où perlait une goutte transparente avait la teinte rosée que je connaissais de mes amants précédents, et poussait doucement ma tête d’une main sur mon cou.

Je me suis penchée pour prendre la verge entre mes lèvres :
— Attends, va doucement, lèche-le bien d’abord … voilà …
Elle a tiré mes bras dans mon dos.


— Descends … je t’ai dit … il aime bien qu’on s’occupe de ses couilles … aspire-les … et tu peux mordre, n’hésite pas …
Au début, j’osais pas … et puis … bon, je mordais pas très fort, assez malgré tout pour étirer la peau du scrotum entre mes dents quand Lucie tirait ma tête en arrière en riant. Quant à prendre ses testicules dans ma bouche, j’y mettais de la bonne volonté, mais elles étaient trop grosses … une par une, c’était plus facile ! Jamais avant j’avais fait ça à un garçon. Soit c’est moins fragile que je ne croyais, soit Eduardo avait des dispositions particulières.
Je n’ai pas tardé à savoir que les deux options étaient vraies …

Lucie s’était agenouillée dans mon dos et avait tiré mes cheveux au-dessus de mes oreilles. Son menton sur mon épaule, elle me murmurait ses encouragements, riait quand la peau glissait entre mes dents que je n’osais pas suffisamment serrer entre mes dents par la retenir.
— Regarde, ça marche !
Effectivement en levant les yeux, j’ai vu qu’Eduardo bandait maintenant, la peau du prépuce entièrement retroussée sous le gland brun et gonflé.
J’avais connu mieux que la dizaine de centimètres de la verge qu’il exhibait, taille très modeste compensée par un diamètre imposant dont je n’ai vraiment pris la mesure qu’en le prenant dans ma bouche.
Je me suis un peu redressée en sentant les mains de Lucie s’affairer au contact de mes lèvres sur la verge :
— Ne bouge pas, garde-le, surtout !
D’un coup d’œil, j’ai vu qu’elle était en train d’attacher un lacet de cuir à la base de la verge. Le gland a encore grossi dans ma bouche quand elle a serré, envahissant ma bouche, plaqué contre mon palais et appuyant sur ma langue.
— Etonnant, non ? Garde-le bien !
Elle continuait à s’affairer, passait les deux brins du lacet sous les testicules pour les attacher elles aussi. Je ne voyais pas le résultat de ce qu’elle faisait, mais j’ai senti Eduardo se raidir et geindre doucement, dos arqué.

— Ne le fais pas jouir, tiens-le juste au bord mais ne va pas au bout.
Facile à dire ! Comment savoir s’il allait exploser ou pas ?
Je le gardais dans ma bouche sans trop bouger, dents serrées très bas sur sa verge, incapable de bouger vraiment ma langue tant il envahissait ma bouche.
— A toi, maintenant … redresse-toi sur les genoux, sans le lâcher … ça va ? Continue à le ménager, hein ? C’est ta voix qui va le faire exploser !

Ma voix ? Alors que j’étais à genoux les mains dans le dos et la bouche pleine de lui ?
Je me savais bien incapable de prononcer le moindre mot !
Et d’une main glissée entre mes jambes, elle a commencé à me caresser. J’aurais préféré qu’elle soit plus douce … Elle prenait ma toison à pleine main et serrait, plantait ses doigts profond en moi, et tout d’un coup a planté son pouce entre mes fesses …
— MMMmm onnn !
— Chhhht ! pas tout de suite, attends.
Elle m’a abandonné. J’entendais ses talons claquer sur le parquet du salon. A son retour, elle s’est arrêtée derrière le dossier du canapé. Elle balançait un foulard de soie dans ses mains, m’en balayait le visage. Le sourire qu’elle avait ! Elle a fait un nœud sur le foulard, un autre, a disparu à nouveau à ma vue pour revenir dans mon dos. Eduardo ne bougeait pas, je ne bougeais pas.
Elle a recommencé à me caresser, tout doucement cette fois, ses doigt à plat sur mon clito, son pouce me pénétrant lentement.
Elle s’arrêtait souvent en sentant mon plaisir venir.
Elle avait de la suite dans les idées, me caressait entre les fesses de son autre main, m’ouvrait d’un doigt, étirait mon anus en tournant son doigt humide, et puis une autre sensation plus douce, une autre pénétration, et une autre, et une autre … le foulard ! elle poussait dans mes reins le foulard où elle avait fait des nœuds, l’un après l’autre … ses baisers sur mes fesses et ses doigts qui tournaient entre mes lèvres, encadrant mon clito, ne s’est plus arrêtée cette fois quand je ne pouvais m’empêcher de soulever mes reins au rythme de ses caresses et de gémir de plus en plus, la verge d’Eduardo toujours dans ma bouche.

Et j’ai joui, gémi mon plaisir sur le baillon de chair qui étirait mes lèvres, gémi puis crié mon plaisir quand un par un, d’un coup sec, elle arrachait de mes fesses contractées par l’orgasme les nœuds du foulard, un à un, décuplant les contractions et mon plaisir, m’arrachant à chaque fois un cri … et Eduardo a joui lui aussi à longs traits chauds au fond de ma gorge, sans que je le touche, des vibrations de mes cris et de mes dents sur sa verge.
Lucie riait. Elle accompagnait mes derniers soubresauts de plaisir de petites tapes sur mon sexe brûlant.
— Tu vois, je t’avais dit. C’est ta voix qui l’a fait jouir ! Je vais te libérer de lui, regarde …
Elle a passé une main sous mon cou, a pris dans sa main les testicules d’Eduardo toujours étranglées par le lacet de cuir et j’ai vu ses doigts blanchir de tension, la peau rouge violacée du scrotum veinée de rouge se tendre sous la pression de ses doigts et Eduardo a débandé très vite, libérant ma bouche de son étirement, soulageant mes mâchoires ankylosées de l’avoir gardé si longtemps dans ma bouche.
Je me suis redressée, assise sur mes talons pendant qu’elle dénouait le lacet.
Eduardo me regardait en souriant, Lucie riait en me voyant prendre le foulard dans mes mains qu’elle avait abandonné par terre.
Je comptais. Huit nœuds. Huits nœuds qui m’avaient arraché huit cris de plaisir, huit fois elle avait arraché le foulard de mes reins au moment précis où mon sphincter se resserrait d’une contraction de l’orgasme qu’ils déclenchaient.
Lucie est une diablesse !

Elle m’a aidée à me relever, m’a poussée sur le canapé à côté d’Eduardo, tous les deux nus et le souffle encore haché, elle toujours habillée de son pantalon de toile et de son chemisier, nous regardant en souriant les mains sur les hanches perchée sur ses hauts talons.
— Vous avez soif ? Alcool ? Jus de fruit ? Je te fais couler un bain ! d’accord ?
Elle est partie sans attendre ma réponse.


— T’es bien ? ça va ?
— Génial ! Super, ces bulles !
Un bain ! Moi, j’avais pensé baignoire, un truc normal. Mais c’était un vrai jacuzzi, triangulaire, installé dans un coin de sa grande salle de bain.
— Quand j’ai acheté l’appart, c’était une chambre. J’ai toujours rêvé d’une grande salle de bains.
Elle m’avait attirée entre ses bras, ma tête dans son cou, et avait refermé ses jambes autour de moi avant de déclencher les bouillons. Mes jambes reposait sur les genoux d’Eduardo assis en face de nous dans le bain.
— T’étais pas très douce, toute à l’heure …
— Pas très méchante non plus, et puis t’as aimé, dis pas le contraire.
— J’ai pas l’habitude qu’on martyrise mes seins.
— Je recommencerai, tu sais …
— Tu veux me faire mal ?
— Je veux te donner du plaisir.
— En fait t’aime ça, t’es une sadique !
— Et t’as encore rien vu …
— Euh … je suis pas sûre de …
— Parce que tu connais pas.
— Et si j’ai pas envie ?
— Alors tu dis stop, mais ce serait dommage.

J’ai fermé les yeux. J’étais bien. Une main effleurait mes seins, une autre mon ventre, Eduardo caressait mes mollets et mes genoux, les bulles s’infiltraient entre mes jambes. J’aurais pu m’endormir.
Elle jouait d’une main avec mes poils pubiens.
— Demain, je te ferai toute belle.
— Comme toi ?
— Non. Juste sur les cuisses et l’aine. Tu serais moins jolie avec juste une bande comme moi. Un sexe triangulaire et gonflé comme le tien, c’est soit tout enlever, soit laisser un triangle, en arrondissant un peu en montant, l’un ou l’autre. Et les fantaisies, un petit triangle et les lèvres rasées, j’aime pas trop. Même là, je laisserai tout …
… elle passait son doigt entre mes jambes sur le périnée et le creux de mes fesses …
— Au début de l’été, mon esthéticienne, avait épilé, depuis là où est ton doigt et entre les fesses, j’y suis pas retournée depuis … trois mois !
— On verra demain, c’est toi qui choisis, mais moi je te préfère comme ça, naturelle.
— Alors si tu préfères ! … Eh !
— Quoi ?
— Tu joues avec mon p’tit trou ! Tu l’as pas assez martyrisé ?
— Martyrisé ? C’était de la soie, Chloe ! Quand même !
— Mais là, tu me griffes !
— Je sais, pourtant j’ai les ongles courts. Tu les sens ?
— Arrête !
— Tu préfères comme ça ?
— T’es une obsédée, ma parole !
— Eduardo adore.
— Ouais ? occupe-toi de lui, alors ! Tu veux que je lui laisse la place ?
— Pas la peine … Eduardo ? Tu veux bien te retourner ?

Une petite moue, un sourire. Il a soulevé mes jambes pour se dégager, s’est agenouillé dans le bain en nous tournant le dos, ses genoux encadrant mes jambes serrées, et s’est appuyé des avant-bras sur le bord du jacuzzi, le front sur les bas. Quelle vision ! Ses fesses tendues vers nous, à cinquante centimètres de mon visage.
— T’as déjà joué avec les fesses d’un garçon ?
— Non. Aucun ne m’a demandé ça.
— T’aurais pu y penser toute seule ! En général ils hésitent à demander, trop machos. Et avec les fesses d’une fille ?
— Euh … ouais … un peu !
— Tu joueras avec les miennes ?
— T’aimes bien ?
— Ouuuuiiii !

Elle a avancé un bras en passant sous le mien et lui caressait les fesses du plat de la main, faisant glisser la mousse du bain pour les rendre plus nues, suivait le sillon du haut jusqu’à l’anneau très brun et plissé de son index tendu, descendait encore entre les jambes ouvertes et soupesait de la main ouverte les testicules d’Eduardo :
— Hein qu’elles sont belles !
— J’en avais jamais vu comme ça, elles sont …
— Grosses, et lourdes, regarde …
Elle a fermés son pouce et son index en anneau juste sous la verge, serré pour tendre la peau brune du scrotum, devenant toute fine de la tension et plus colorée de rouge, dessinant nettement les deux boules en-dessous qu’elle pinçait de son autre main, comme pour les aplatir.
— Eh ! ça doit lui faire mal, non ?
— Sans doute. Il nous le dira, t’inquiète pas. Il aime ça, tu sais. Regarde …
Elle tirait vers elle et soulevait, emmenant les testicules emprisonnées de ses doigts quasiment à hauteur de son anus, et de son autre main fermée en poing elle frappait comme elle l’aurait fait d’un punching-ball, d’abord de petits coups de poing légers, puis de plus en plus fort :
— Tu veux ? Allez, à toi !
— J’ose pas …
— Essaies … regarde, il commence à bander … ça va Eduardo ?
Il a tourné la tête vers nous. Il souriait et hochait la tête.
Je l’ai pris dans ma main gauche, comme Lucie le tenait avant, pinçait ses testicules à deux doigts de l’autre main, en éprouvant l’élasticité, sans oser serrer aussi fort que Lucie juste avant. Elle a pris le flacon de shampooing et en a fait couler entre les fesses d’Eduardo, a rentré un index entre ses fesses, tourné, étiré, à rajouté le majeur, puis l’annulaire, poussant sa main jusqu’à noyer complètement ses doigts.
— Eh ben !
— C’est rien, attends … continue, toi. Tu peux tirer vers toi, allez, … il serait déçu !
— Ça glisse …
… elle a replié le pouce au creux de sa main … et sa main a disparu dans l’anus d’Eduardo, enfoncée jusqu’au poignet !
— Waouh ! Impressionnant ! Mais … c’est pas … sale ?
— Ça arrive, pas souvent … il se fait des lavements.
— Eh ben !
— Tu prends ma place ?
— NON !!
Elle riait de mon refus.
— Tu sais, moi aussi j’aime ça … tu m’en priverais ?
… elle a vu que j’avais les joues cramoisies, brûlantes ? que je me mordais les lèvres ? Des images plein la tête … ma main entre ses fesses … mon ventre crispé … peut-être pour ça que j’ai fermé mes doigts plus fort ?
— Et toi, t’aimerais pas ? Imagine … ma main au creux de toi … ou dans ta petite chatte, si tu préfères …
… des frissons partout, la chair de poule sur tout le corps malgré la chaleur du bain … ma main crispée sur les couilles d’Eduardo, mes doigts serrés en rythme avec les poussées de Lucie, mes yeux écarquillés en voyant sa main plantée au-delà du poignet … la main d’Eduardo qui se branle, qui jouit, qui gémit de mes doigts serrés, trop serrés ! Je suis folle !
— Pardon ! Oh … pardon !
Il s’est redressé, souriant, quand Lucie a retiré sa main, il m’a caressé la joue :
— Merci, toi !
Merci ? Non mais ! Il est fait comment ce garçon ? Je lui écrase les couilles et il dit « merci » en rigolant !
— Lucie … me fais jamais ça, d’accord ?
— Et t’attacher, je peux ?
— Tu rigoles ?
— Noooon !
— J’y crois pas !
— Tant qu’on a pas essayé …

J’ai dormi avec elle, dans son lit, Eduardo dans le canapé.
— Je lui ai piqué sa place …
— Non. Il dort jamais avec moi. T’inquiète pas.
— C’est bizarre votre … relation. Quand tu m’as dit que t’avais un copain, je pensais …
— Un amant ? On n’a jamais fait l’amour. Je lui donne du plaisir, il m’en donne aussi, mais comme ça. Moi je préfère les filles, lui les garçons. On a des goûts en commun, voilà tout. Et il masse divinement bien ! Mieux même que notre spécialiste au salon qui fait les soins du corps. J’ai même pensé à l’embaucher !
Elle m’a caressée avant de s’endormir, tout doucement, tendrement, et je l’ai caressée aussi … elle attendait d’autres caresses ? Peut-être … elle n’a rien demandé.
J’étais à la fois soulagée et … ça vous arrive d’avoir peur de quelque chose et d’avoir quand même envie de le faire ? Pour voir ? Moi oui, ce soir-là j’y pensais.

Les gens qui me connaissent me trouvent « libérée » et ça c’est qu’ils disent quand ils sont gentils, d’autres me trouvent « olé-olé », et j’ai entendu pire, bien pire … parce que je passe très vite des bras d’un homme à ceux d’une femme ?
S’ils connaissaient Lucie ! Et Eduardo ! Et s’ils savaient toutes les idées de turpitudes qu’ils me mettaient en tête !
Et tout ça parce que j’avais rêvé de plonger mes doigts dans les cheveux d’une inconnue croisée dans un bus !
Je me suis endormie dans ses bras avec de drôles d’idées en tête ! J’ai rêvé ? Je ne me souviens pas. Je ne me souviens jamais de mes rêves. Je sais seulement s’ils étaient érotiques ou non, facile, quand je me réveille avec les seins douloureux de tension, le ventre crispé et le sexe humide de désir, c’est facile.
D’ailleurs c’est comme ça que je me suis réveillée le lendemain. D’habitude quand je suis dans cet état au réveil, ma main trouve tout naturellement le chemin au creux de mes cuisses … pas ce premier matin chez Lucie : il y avait déjà une main entre mes cuisses. Alors rêve ou pas, je sais pas, mais c’était bien, parce qu’après sa main il y a eu sa langue.

On est arrivées au Salon à 9h00. Les deux esthéticiennes étaient déjà là, en tenue, pantalon blanc et chasuble blanche sans manches, avec le logo du Salon brodé sur la poitrine. Très classe. Comme elle ne m’avait pas vue arriver au bras de Lucie, la fille à la caisse m’a prise pour une cliente « normale » et s’est inquiétée de ce que je voulais. Elle a vite été détrompée quand Lucie m’a prise par la taille et a posé un baiser sur mes lèvres en riant :
— Je m’occupe personnellement de Madame ! Il y a une cabine de libre, Sylvie ?
— Les deux jusqu’à 11 heures, c’est calme ce matin.
— Patricia sera libre vers 10 heures ?
— Euh … attendez … soins du visage à 10h30 !
— Bien, vous me l’enverrez à 10 heures, je prends la n°1 !
— Bien Madame, c’est noté.

— … Madame ! T’es vraiment la patronne, alors ! ça coûte plus cher quand c’est la patronne qui fait le travail ?
— Bien sûr ! Et je me fais payer en nature !
— Oh !
— Et c’est moi qui fixe les modalités …
— Aïe ! Je crains le pire …
— Tu peux !

Après les jambes et les aisselles, elle m’a fait un joli minou tout propre.
— D’habitude je coupe un peu … non ?
— Non, je te préfère comme ça. Et puis y a plus de prise !
— Hey ! t’es une brute ! Tu vas en arracher une poignée !
— Mais non, ça tient bien.
— Aïeu !
Et elle riait en me secouant à pleine main quand on a frappé à la porte :
— Entrez, Patricia ! … Je te laisse une petite demi-heure ! Elle masse très bien ! Tu vas voir !
Elle m’a arraché des mains la serviette que je tirais sur mon ventre pour me couvrir. Elle riait en quittant la cabine.
Elle avait raison. Patricia est une excellente masseuse. Et discrète. Ou enrhumée. Parce que moi je sentais le parfum de mon sexe après le traitement tout particulier de Lucie pendant qu’elle m’épilait. Et aveugle. Parce qu’en massant mes cuisses, ment elle a vu la liqueur brillante qui tapissait mon sexe et que Lucie n’avait pas essuyé. Discrète. Bon, elle se pinçait un peu les lèvres en souriant quand elle croisait mon regard …
Gênée, moi ? Ben … un peu quand même …
Elle m’a couverte de serviettes chaudes et parfumées en quittant la cabine après avoir baissé la lumière au minimum. Sa main qui pressait doucement mon bras et son sourire, c’était agréable et amical, certes, mais un peu perturbant aussi, parce que tout le monde devait savoir au Salon que j’étais la copine de la patronne et l’effet que ça me faisait.

On a grignoté ensemble au café du coin le midi et on s’est donné rendez-vous au Salon le soir à la fermeture. Elle voulait me garder près d’elle tout l’après-midi, mais j’ai préféré rentrer chez moi. Au moins pour me changer, ranger l’appartement qu’on avait laissé en vrac, peut-être aussi préparer mes 3 heures de cours du lundi, mais ça, même en y pensant, je doutais d’en avoir et le temps et l’envie. Et puis aussi pour me retrouver seule, au calme, quelques heures. Faire le point. Tout allait si vite.

Je me suis douchée pour effacer de ma peau l’huile de massage, je me suis assoupi dans mon canapé … trop d’images en tête, trop de sensations à fleur de peau.
Eh ! je suis pas une midinette, ne croyez pas ça ! C’était pas non plus une histoire de coup de foudre ou d’amour, ou je ne sais quoi !
Perturbée. J’étais perturbée. De trop d’envie et de délicieux frissons … je lui disais qu’elle me faisait mal et elle disait « je sais », elle riait, elle disait « tu aimeras », elle parlait de m’attacher … c’était ses cheveux noirs épais et brillants qui m’avaient attirée vers elle et c’était ses mots qui m’enchaînaient, sa voix douce à mon oreille et l’odeur sucrée de sa peau sur ma joue quand elle susurrait des horreurs à mon oreille, promesses de plaisirs inconnus, goût d’interdits sur ma peau grenue de peur à me livrer, de honte à céder à ses jeux, tremblements d’attente de tout mon corps qui voulait ce que mon esprit craignait, là devant mon armoire où je choisissais le vêtements que je porterai ce soir pour la retrouver, sans les voir vraiment et poings crispés sans les saisir, mon ventre dur des folles images qui défilaient en surimpression sur les jupes et les pantalons que ses mains feraient glisser sur mon corps avide de leur effleurement doux, de leur brusquerie soudaine, ses claques sur mes seins et les baisers après, ses doigts crochés dans ma toison à crier et son doigt léger sur mon bouton d’amour, pour mieux le griffer aussitôt en baisant mes paupières serrées de douleur, de douleur acceptée pour l’orgasme qui venait … Lucie, comment je m’habille pour toi ce soir ?
… pull cachemire bleu tendre, jupe longue noire, flottante et légère, dessous … rien dessous ? rien. Je ne mets rien. Telle que tu m’as faite ce matin et que je me vois dans les miroirs de l’armoire. Nue pour toi … et être à toi comme tu voudras de moi … les seins libres sous les peluches de laine, le sexe déjà humide que je garde ainsi, nu et brillant de désir transparent qui file et s’allonge au bout de mon doigt devant l’armoire où je veux les tiens pour me fouiller, je ne crierai pas, je serrerai les dents et les lèvres à m’ouvrir à toi, par toi …
Une grimace à mon reflet troublé de pensées folles. Jamais je me suis imaginée le jouet consentant de qui que ce soit. Et Lucie.

Elle était seule et finissait ses comptes au comptoir d’accueil quand je suis arrivée au Salon. Grand sourire tendre, visage penchée vers son épaule en attendant mes hauts talons claquer au sol, éclair de lumière dans les yeux à mes seins qui balancent au rythme de mes pas vers elle.
Elle m’a fait tourner d’un pas de danse, pour l’arrondi de ma robe en corolle qui découvre mes genoux, frais sur mes jambes et mes fesses, et mon sourire pour elle, parce qu’elle ne sait pas ; pas encore.

Je me tenais à la barre chromée dans le bus, elle se tenait à mes hanches et riait à rien sentir sous le tissu de ma jupe :
— Merci, Chloe sans « e » d’être sans rien. Je saurai habiller ce que tu as laissé nu. Tu me diras non ?

Je n’ai dit non à rien.

Je n’ai pas dit non quand elle s’est changée, s’est parfumée et habillée d’un body blanc transparent pour sa peau mate, avant de me pencher sur le bord du jacuzzi et a relevé ma jupe, a glissé entre mes fesses le bijou tiré d’un coffret de bois laqué qu’elle avait mouillé de salive à ma bouche, « retiens-le », quand elle me voyait bouger sur ma chaise au restaurant.
Je n’ai pas dit non à ses doigts serrés qu’elle poussait loin en moi en léchant les larmes à mes yeux.
Je n’ai pas dit non quand elle a arraché de mes reins le rosebud léger et brûlant entre mes seins où elle l’a posé pour boire à mon sexe la liqueur d’amour qui coulait entre mes fesses, qu’elle essuyait d’un doigt pour mouiller le plug noir effrayant qui remplacerait le rosebub qui roulait sur mon ventre et tombait sur le drap, qu’elle me montrait, en défi, sans un mot, sans question à ses yeux, sans sourire à mes jambes que je soulevais pour m’offrir à la douleur qui déchirait mes chairs et me privait de souffle.

Je n’ai dit non à rien. Il n’y avait pas de question.

Il n’y avait que mes tremblements et mes larmes et mes orgasmes, mon cœur affolé et ses baisers, mes baisers en sanglots, et mes bras pour elle, ma bouche pour son plaisir et ma main au creux d’elle qu’elle m’offrait en s’ouvrant à deux mains, là-même où palpitait en moi une douleur sourde et brûlante.

Où irais-je avec elle encore ? Je n’en sais rien. Vraiment.

Peut-être qu’un jour il me viendra l’idée de vous dire.

Si l’envie vous prend, dans un bus, un train, en faisant la queue dans un magasin de glisser vos doigts dans une chevelure soyeuse, de grandes boucles soyeuses, si vous ressentez l’irrésistible envie de les toucher, d’en prendre une mèche pour l’enrouler sur un index, le désir déraisonnable de lisser les enroulements successifs pour les caresser du pouce, les faire doucement crisser, en éprouver la souplesse, la douceur quasi hypnotique … pensez … non, ne pensez à rien, laissez-vous porter, parfois le chemin est surprenant, je vous assure. Laissez-vous porter …

Je me laisse porter … je n’y étais pas préparée, je vous ai dit au début ce que j’étais, alors vous savez bien.
Une rencontre, un chemin, des cheveux noirs et soyeux … il y a tant de chemins, il faut un peu d’abandon … se laisser porter.

Misa – 08/2014

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