Redressement Productif

Jpj, Charly-Airport, septembre 2014

Moi, j’aime bien prendre l’avion. Tout me plait. Surtout les gens. Les gens, dans les aéroports vols internationaux, on dirait que ce sont tous des people. Sont bien sapés, sont beaux bronzés en pleine santé avec toutes leurs dents et un bagage chic du genre qu’on voit dans Elle, Lancel Longchamp Vuiton et autres Copacabana, je veux dire Dolce Gabbana.

Je pensais, est-ce que mon oeuf va passer au portique sans tout faire sonner ? Et j’étais inquiète … et aussi un peu excitée. Allaient-ils m’isoler dans un cabinet discret et m’imposer une palpation intime ?
La préposée serait-t-elle une jeune blonde timide en retenue devant ma culotte de dentelle ivoire ou bien une matrone rompue fouille à corps qui enfile son gant de latex en vous disant, indifférente, appuyez vous sur la table et toussez fort.
J’avoue que ces idées m’avaient déjà mise dans tous mes états. Et pour l’instant, c’était l’oeuf et lui seul qui profitait de mon émoi.

Le décor de l’aéroport aussi me plait. Surtout celui de Roissy 1. Les escalators croisés qui traversent le grand hall m’émeuvent comme autant de combinaisons possibles avec des hommes des femmes des inconnus venant des quatre coins du monde.
Exotisme de contrées lointaines et chiasmes multiples garants de richesses et de variétés génétiques. Tout ça inspiré d’évidence par les longs tuyaux diagonals qui relient entre eux les pays à travers l’espace.
Même les sons vont dans le sens de mes fantasmes. La voix sexy qui annonce les départs est comme émoustillée chaque fois qu’elle prononce une destination rare, Marrakech, Acapulco, Plaisance d’Ile Maurice, Maldives ou même Olbia de Sardaigne. On pense que la fille devant son micro dans son bureau s’y voit déjà débarquant de l’avion sous grand soleil pour une villégiature de rêve en rencontres multiples.
Moi, j’aime la voix chaude chaleureuse envoutante qui égrène les destinations comme autant de destins inouïs possibles, cette voix qui sature tout l’espace de l’aérogare en réverbérations de cathédrale.



L’oeuf, je l‘avais choisi petit, d’acier plutôt que de silicone et surtout sans ficelle. La ficelle c’est pas sympa pour un sextoy. Ca l’apparente à un tampax et là ça te fait immédiatement débander le garçon et j’avoue, moi itou. En plus la première concernée, c’est moi, non ?
La taille aussi a son importance. Le gros oeuf c’est pour les filles qui veulent faire des exercices de muscu. Moi c’est pas pas du tout ça mon truc. Moi, juste je cherche à me faire des souvenirs de transgression. Je vous raconterai le coup de la télécommande, vous verrez, c’est hype.

J’avais enregistré au comptoir Air France. La fille en bleu marine badgée aux armes de la Compagnie était brune avec de grands yeux bleus. Tout de suite je lui ai demandé si elle monterait avec nous pour Pointe-à-Pitre. Elle m’a dit, désolée, je suis hôtesse au sol, mais quand reviendrez-vous à Paris ? Vous arriverez surement par Charly, on pourra se faire un brunch toutes deux. Vous me raconterez. Tout, n’est-ce pas ?
C’est ça que j’aime dans les airports, c’est que tout vient tout seul.
Elle m’a dit, je vous fais un cadeau pour l’aller, je vous place bien. Moi, j’étais en expectative. J’ai glissé dans la poche de ma valise son portable qu’elle avait inscrit sur ma carte d’embarquement.

Bien entendu, au portique l’oeuf a sonné. Un sourire au boutonneux qui maniait l’appareil a suffit pour m’éviter le cabinet de palpation. Faut dire que j’avait mis tous les atouts de mon coté, quittant mon blazer, mes chaussures, mes bracelets, ma montre et même ma chaînette de cheville. J’étais toute nue sous ma robe d’été ou presque.
Quand le piut piut piut alerte a retenti, je lui ai dit, ce doit être l’armature du soutien-gorge. En reluquant mon 95D, il m’a fait signe, gentiment de passer.

Effectivement, la jolie hôtesse du comptoir Air France m’avait fait une fleur et m’avait bien placée. Je n’étais pas en éco dans la carlingue entassée sardine entre autres pauvres passagers, le nez dans le dossier du fauteuil de devant qui s’acharne à descendre et les coudes en guérilla avec les coudes d’à coté.

Non, elle m’avait donnée un fauteuil en partie haute du 747, dans un lounge réservé aux VIP. M’allait falloir la remercier à mon retour. Je pensais déjà à une virée parisienne dans un étoilé et peut être même lui faire rencontrer un homme de qualité.
Je pensais qu’Air France savait choisir son personnel et j’avais plaisir à penser que cette fille qui me plaisait serait probablement au goût de mon ami Victor, célibataire, qui est si plaisant en diners mondains. Sans arrière pensée aucune, juste pour le plaisir d’une bonne soirée partagée.

J’étais bien dans ma tête dans ces idées. Dans mon corps aussi sauf que j’avais totalement oublié l’oeuf qui nageait dans les turpitudes de mon ventre, doucement ballotté de ci de là par mes circulations dans les couloirs et l’escalier de l’avion.
En m’asseyant près du hublot sur le grand Pullman je l’ai parfaitement senti remonter jusqu’au col. J’ai pensé, où donc ai-je rangé la zapette ? Et j’ai paniqué de la penser oubliée dans la valise, en soute. Mais non, elle était là, petite mignonne dans mon sac à main.

Quand le gars est arrivé qui a prétendu s’assoir à coté de moi, j’ai vraiment mouillé. Je n’ai pas pensé à l’oeuf mais lui, l’oeuf, a du surement penser à moi inondé de mes sentiments, subitement, qu’il fut.
L’homme était un homme beau grand avec prestance et classe. il parlait Vieille France avec des rondeurs appuyées. On se serait cru invité en weekend chez la Comtesse.
Il m’a dit, ça vous ennuierait d’enlever vos lunettes ? Je ne supporte plus les lunettes surtout les très grandes à montures noires.
J’ai dit, mais mes lunettes sont petites et sans montures.
Il a répliqué, j’ai comme un noeud dans la tête de lunettes immenses à grosses montures noires. Un noeud qui me tiraille les neurones. Vous allez à Pointe-à-Pitre ?
Moi je pensais, et va donc, où crois-tu que l’on aille quand on est dans un 747 destination Guadeloupe ? En Première Air France, the Nec Plus Ultra in the World.


Le mec je le trouvais bien, au premier abord. Faisait bander ce mec-là.
Mais déjà les histoires de lunettes m’ont troublée. Avait-il un vieux zest reste d’histoire du passé qui lui collait aux mollets genre complexe freudien ?

On était assis, l’avion avait décollé, on avait débouclé les ceintures, il regardait par le hublot les plaines vertes d’Ile de France en se penchant au dessus de moi en toute intimité. La chaleur de son buste en chemise sans veste ni cravate irradiait et je comprenais les messages répétés, Mayday, de son aftershave et de son déodorant corporel pour nous les hommes.
La fille d’Air France, cette fine brune à yeux bleus, m’avait fait là un cadeau empoisonné. Devais-je lui en vouloir ? Ou bien faire contre mauvaise fortune bon coeur ? Et rire de cette opportunité de rabattre son caquet à un petit con de politicard en vadrouille en vacances aux iles ?
Et elle m’avait dit, tu me raconteras ! J’en étais toute émoustillée à l’idée de monter un plan fumeux à raconter pour rire du petit macho qui faisait gorge de paon assis à coté de moi avec ses histoires de phobie de grandes lunettes à la Pulsar.

J’ai ouvert mon sac à main. J’ai longuement fouillé. Normal, dans un sac à main de fille, faut drôlement s’accrocher pour trouver ce qu’on y cherche.
La zapette noire, avec marqué dessus Fun Factory, en relief et en blanc flamboyant, avait deux boutons. L’un pour on/off, l’autre pour la fréquence plus/moins. Le gars n’était pas bête et a tout de suite compris la manoeuvre. Cela m’a rassurée : au moins nous n’allions pas livrer la destinée du Pays à un petit con ignorant les manoeuvres des outils vibrants de Fun Factory.
N’empêche que le mec, tout people triomphant qu’il ait été, s’est trouvé bien coincé, zapette en main, à se demander quand il devait appuyer sur le bouton pour déclencher la fille assise à coté de lui un peu cruche et sans lunettes.

Moi je bichais. Moi je savais parfaitement comment décoincer l’homme.

J’ai fait signe à l’hôtesse, elle a apporté une couverture bleue grande comme une couette et a basculé nos sièges d’un contact électrique dans l’accoudoir. Ma main est venue à sa cuisse et il appuyé le bouton on.
J’ai compris dans mon ventre sa consentance et mes doigts sont remontés au zip. Sa bite dure a jailli dans ma paume. Il a voulu parler, je lui ai dit, à l’oreille, tais-toi. Vu qu’il était bien dans ma main, il s’est tu. C’est bien bon quand ils se taisent ces petits cons de Politiques.

Moi j’avais dégagé le gland mais sans plus. J’attendais. Il a compris et s’est mis à jouer du bouton des fréquences. Il n’a pas osé monter au maxi et déjà redescendait quand l’hôtesse est venue à nous tout sourire avec son chariot.
Lui a coupé le son, comme pour une pause en posant la télécommande devant lui. Moi, au contraire, j’ai serré la tige. A faire gonfler le gland comme une baudruche. Et je frottais sur la couverture bleue comme un mat sous un chapiteau, affolé.
Il voulait commander un breuvage mais n’arrivait plus à parler. La fille regardait la couette bleue qui s’agitait, comme si un chat s’était caché dessous. Elle m’a fait un sourire et a dit, bon, ce sera un whisky pour Monsieur et un thé pour Mademoiselle ? Et quelques snacks, je crois que ce sera nécessaire. Et elle regardait, posée sur la tablette, la zapette Fun Factory, avec un air complice.
J’ai acquiescé. Il n’a pas remis le contact à mon oeuf, tout concentré qu’il était sur lui-même et sur son méat qui n’en pouvait plus des frottements sous le tissu bleu. Il m’a dit, arrête, on a encore huit heures de vol, ne me fais pas gicler comme un ado là à peine décollés.
Je serrais fort et je sentais la bête rugir dans ma main. Je pensais, si je le lâche maintenant, il va tout donner. J’ai dit, à toi de jouer, et je suis restée douce et tendre à attendre qu’il soit calmé.
Il a pris la zapette et a mis le système en route, doucement. Je sentais la boule tout en haut de moi qui chantait une note grave. Je savais la faire monter, la faire descendre. Alors, à l’oreille, murmurante, je lui ai raconté les voyages, le long conduit aux parois luisantes onctueuses qui se contractaient progressivement pour amener l’oeuf de caille en glissade tout en haut, tout contre les lèvres dures du col. Et la boule vibrante, tout contre l’ouvert du col, ouvert trop étroit pour laisser le passage mais col tout béant du bien-être de la vibration.

Il a dit, voilà je pousse la fréquence, et sur la zapette il pressait le bouton. Au fond de moi, l’appareil coincé tout en haut par la contraction s’affolait en stridence aiguë épousant les lèvres circulaires de mon utérus.
Je lui racontais tout, chaque sensation, chaque impression chaque réaction de mon corps, en murmure à son oreille attentive, la main toujours en prise sur sa virilité tendue. Je sentais dans ma main l’émotion que mes mots lui causaient.
J’ai dit, je lâche tout, la boule va redescendre, je la laisserai sortir ou presque et puis je la ferai remonter. Coupe le contact ce sera mieux ainsi.
J’ai raconté la lente décontraction de mon intimité, comme un laisser-aller progressif. Le voyage de l’oeuf, de villosité en villosité, parcourant le chemin jusqu’aux lèvres, au portail d’accueil. J’ai raconté la languette qui marquait l’accès, dure turgescente, comme un petit zizi de fille avec une tête ronde et mouillée.

Bien entendu tous ces discours ont eu très exactement l’effet inverse de ce que j’espérais. Il s’est répandu dans ma main comme le gamin qu’il était encore. Je lui ai dit, et ça voudrait diriger la France… Il s’est tu mais son sourire de petit garçon me regardant était bien attendrissant.

L’hôtesse arrivait. Elle a relevé les dossiers électriques des sièges et a disposé les tapas sur les grandes tablettes devant nous. Elle a enlevé la zapette et l’a posée loin de nous sur une étagère moulée dans la carlingue de l’avion. Elle a dit, pour l’instant vous n’avez pas besoin de ça.
Elle avait apporté du champagne avec trois flutes et nous avons alors compris qu’elle s’invitait à la fête.
Elle a dit, les longs courriers sont propices… On n’a pas su à quoi ils étaient propices, les longs courriers, mais on a tout de suite compris où elle voulait en venir.
Elle a dit, chez Fun Factory ils se moquent de la clientèle ! Tous leurs systèmes fonctionnent avec la même télécommande. Résultat, quand vous êtes dans un espace confiné, comme ici dans cet avion, chaque fois que quelqu’un met en route son appareil, tout le monde en profite.
Je ne vous dis pas l’ambiance en classe affaire et en éco quand tout à l’heure vous êtes montés dans les tours jusqu’au rupteur. Heureusement mes collègues sont passées apporter les plateaux repas.

La fille était sympa mais son intervention n’est pas allée, heureusement, au delà de convivialité de bon aloi. Quand nous eûmes terminé les snacks et vidé les coupes, elle a restitué à mon partenaire la zapette en demandant de la retenue en particulier sur les fréquences hautes. Pour que le vol Air France Paris Pointe-à-Pitre ne subisse pas outre mesure tourmentes et trous d’air.
Nous avons repris la conversation là où elle s’était arrêtée. J’ai dit, avec tout ça l’oeuf s’est échappé. Heureusement il est là dans le gousset. Faudrait…
Il n’a pas hésité. Son bras, sa main sont partis en aventure sous la couette bleue, en aveugle. Ma cuisse était chaude, un peu mouillée, un peu visqueuse de ses épanchements. Ma main est venue à la rencontre de la sienne, elle aussi maculée de ses humeurs. Les deux mains de concert se sont retrouvées au serré entre hauts de cuisse. Ses doigts ont trouvé l’oeuf dans le mouillé du tissu épais.
Il a touché dessous, il a touché dessus. Il a compris en sentant les lèvres qui gonflaient de part et d’autre le gousset que l’oeuf était en place et qu’il suffirait de pousser. Il a poussé et ma main appuyait fort sur la sienne en confirmation.

J’ai dit, c’est bien beau tout ça mais faudrait peut être ne pas se contenter des effets d’annonce. Causer c’est bien joli mais agir c’est mieux.

Il s’est retourné, a pris son pouce et s’est endormi.

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