On Ne Choisit Pas Sa Famille_Partie 4
Partie 4
Ils étaient partis au milieu de la nuit pour parcourir les mille trente-trois kilomètres qui séparaient Catanzaro de Corniglia.
Il sétait installé à lavant près du chauffeur et ne desserra pas les dents de tout le voyage. Il sauta le repas, profitant de lheure de pause pour dormir un peu. Ils arrivèrent un peu avant seize heures et il demanda quon le laisse près de la Spaggia di Copanello. Il se mit à lentrée de la plage bondée de monde et la chercha du regard. Il la vit enfin, debout, le regard touné vers lui. Dès quil commença à aller vers son emplacement, elle se tourna vers Greg, lui prit la main et lentraina vers la mer. Il arriva aux serviettes. Une troisième avait été posée à côté des leurs. Il y avait une feuille de papier dessus, tenue par un galet et quelques mots écrits : « On est allé se baigner, attends-nous. »
Il se déchaussa, retira son veston, son pantalon puis sa chemise et enfin ses chaussettes. Il se releva et parti vers leau. Il ls aperçut. Elle était collée à lui et montait et descendait en rythme le long de son corps. Dès quelle le vit approcher, elle lui fit signe de rester à distance et accéléra le rythme. Ses yeux se révulsèrent.
« Ah, ouiiiiii, tu vas loin, tu es si gros, je vais jouir, fort ! »
Les baigneurs qui les entouraient détournèrent le regard, gênés par les cris de la jeune femme.
Ne pouvant en supporter plus, il fit demi-tour et retourna aux serviettes. Là, il sessuya rapidement les jambes puis se rhabilla. Il prit la feuille de papier, la retourna et griffonna : Rendez-vous au salon VIP à 17h00. Viens avec ton amant. »
Il sortit de la plage et appela un taxi. Un quart dheure plus tard, il prenait une douche dans leur suite parentale. Il se changea et descendit au salon VIP. Il restait dix minutes avant le rendez-vous, aussi en profita-t-il pour envoyer quelques textos.
A dix-sept heures pile, Kiara fit une entrée majestueuse dasn le salon, tenant par la main un Greg tout sourire.
« Comment vas-tu mon amour ? Le voyage na pas été trop fatiguant ? »
« Probablement moins que ton escapade dans leau. »
« Ah, tu sais, il ma tellement défoncée que je suis complétement dilatée, et pour un bon moment. Il va falloir que tu attendes un peu avant de pouvoir honorer ta petite femme, sinon, toi et moi, on risque de ne pas ressentir grand-chose. Tu sais, Greg est un grand cachotier, il cache un véritable gourdin dans son pantalon. Jen ai fait lheureuse expérience à trois reprises. Trois fois, ça ne te dis rien ? »
Elle haussa soudainement le ton.
« Trois, comme le nombre de tes tentations auxquelles tu as cédé. Car cest bien de cela dont il sagit, nest-ce pas ? Trois salopes que tu tes enfilées à tour de rôle tout au long de ces trois semaines. Espèce de salaud, tu croyais quoi ? Que jallais rester là comme la pauvre mariée cocue éplorée ? Et bien non mon cher mari. Jai ma personnalité moi aussi et mon honneur. Jai acheté trois pillules du lendemain vois-tu et, finalement, je nai fait que remettre les pendules à lheure ; un partout la balle au centre comme ça te plait de dire parfois.
On frappa et il se leva pour aller ouvrir la porte. Flavia, Cathel et Léandra entrèrent. Il leur désigna le canapé face à Kiara.
« Et en plus tu oses faire venir tes pouffes devant moi ? Ça ne tas pas suffi de me tromper, il faut encore que cherches à mhumilier ? »
« Bon, maintenant je crois que tu en as assez dit, cest à moi de parler. »
« Pas question ! Que je te laisse membobiner comme tu as dû le faire avec elles ? Tu vois Greg, il ma tout raconté. Je sais tout, tout ce que tu as fait, depuis le concours, en passant par les faveurs de mon père, jusquà ces escapades sexuelles avec tes trois putes. »
Etienne vit rouge. Il se leva le regard plein dun colère quelle ne lui avait jamais vu.
« Ferme-là ! Ferme-là je te dis. »
Elle fut tellement surprise de la détermination quelle lut dans son regard quelle se recula précipitamment et tomba assise dans le sofa.
Il sapprocha encore et pointa un doigt menaçant vers Greg et en levant le poing.
« Quant à toi connard, si tu bouges une oreille, tu vas faire connaissance avec un vrai gourdin. »
Kiara tourna la tête vers son ami et découvrit un visage rempli de terreur. Elle le senti pris de tremblements sur tout le corps.
« Tout dabord, je vais te parler de cet enculé qui te sert damant depuis trois jours. Je nai jamais profité de largesses du jury et ton père te le confirmera. Par contre ce que tu a lair dignorer, cest quil a été viré comme un malpropre du concours pour avoir tenté de soudoyer tout le jury. Ils ont tous porté plainte pour tentative de corruption, harcèlement moral et financier, fraude en bande organisée. Mais ce nest pas tout. »
Elle le regardait intensément, la bouche grande ouverte, comme si elle cherchait de lair.
« Il a soudoyé le chauffeur du Maître, celui qui devait nous transporter pour le remplacer par le sien, le fameux Georges. Pas de bol, je le connaissais et le Maître et moi avons commencé à le soupçonner de lui transmettre des extraits de vidéos enregistrées la journée et quil arrangeait le soir, après vos « sexcapades » en tout bien tout honneur. Le Maître nous a rejoint sur le parcours. Il lui a fait tout avouer et nous avons pu voir le film, truffé d trucages, quil tavait sans doute montré pour me discréditer définitivement. Le Maître et moi, et, cette fois-ci ton père, avons porté plainte pour faux, usage de faux, tentative de corruption, usage frauduleux dimages prohibées, tentative de porter atteinte à la réputation de personnes physiques et morales. Détournement dimages à caractère privé. Lavocat que nous avons en commun nous a parlé dun risque dune peine de prison ferme dau moins dix ans. »
Kiara nen croyait pas ses oreilles et pleurait abondamment.
« Je ne savais pas, je ne savais pas, non, je ne savais pas. »
La porte souvrit et trois carabiniers entrèrent lair décidés, suivis par le Maître qui arborait un visage sévère.
« Lequel de vous est Gregory Liveroy ? »
Tous les regards convergèrent vers lui.
Le brigadier sapprocha de lui.
« Levez-vous, tournez-vous. Mettez vos mains dans le dos. »
Le carabinier le menotta puis le retourna pour lui faire face.
« Monsieur Liveroy, je vous arrête pour les chefs dinculpations suivants : tentative de corruption, harcèlement moral et financier, fraude en bande organisée, faux, usage de faux, tentative de corruption, usage frauduleux dimages prohibées, tentative de porter atteinte à la réputation de personnes physiques et morales et, pour finir, détournement dimages à caractère privé. Avez-vous compris les raisons de votre arrestation ? »
« Mais je ne comprends pas. Vous savez qui je suis ? Je peux vous faire virer sur le champ si vous ne me libérez pas. »
« Oui je sais qui tu es espèce de petit escroc de fils à papa. Est-ce que tu as compris les chefs dinculpation espèce de petit escroc ? »
Greg baissa les yeux et marmonna un « oui ».
Le brigadier se tourna vers les deux carabiniers.
« Emmenez-moi cette petite frappe. »
Il se tourna vers Etienne.
« Y a-t-il madame berger parmi-vous ? »
Les regards se tournèrent vers Kiara qui se mit à trembler.
« Mais quest-ce que jai fait ? »
« Madame, vous êtes accusée de complicité sur la plupart des chefs dinculpation de monsieur Liveroy. Je vais vous demander de vous lever. »
Etienne mis sa main sur lavant-bras du brigadier.
« Je vous en prie, pourriez-vous nous laisser encore quelques instants avec elle ? »
Le chef de brigade se tourna vers le Maître qui hocha discrètement de la tête.
« Vous avez un quart dheure. »
Le policier et le Maître sortirent. Kiara était recroquevillée dans le canapé, le visage livide et décomposé.
« Maintenant, comme nous navons plus beaucoup de temps, je vais te parler de ces trois fameuses tentations. Tout dabord, sache quelles nont rien, mas absolument rien de sexuel. La première est celle de pouvoir enfin devenir mon propre patron. La seconde est celle de construire mon propre projet. Et la troisième, sans doute la plus importante, est celle de prendre un nouveau départ, ici, aux Cinque Terre. »
Kiara le fixait comme hypnotisée, la bouche grande ouverte ayant du mal à respirer.
« Et je vais aussi te présenter mes trois tentatrices. Tu te souviens quà la mort de ma mère, mon père a rencontré une jeune femme italienne et sest remarié. Cette femme, cest Flavia, ma chère belle-mère. Elle ma accepté comme membre de sa famille, cest ça le geste de la paume de la main sur la joue. Quelque part, elle est la mère qui ma manqué et je suis, en quelques sortes le fils quelle na pas eu. »
Il se tourna vers la plus jeune.
« Mon père et Flavia ont eu une fille, Cathel, ma demi-sur. Mais elle aussi ma admis comme un membre de sa famille et il ny a plus de demi, cest ma petite sur, celle que je nai jamais eu et je suis le grand frère qui lui a manqué dans sa jeunesse. »
Il sapprocha enfin de la dernière.
« Et voici la mère de mon projet, Léandra. Elle est la sur de Flavia et ma, elle aussi, accepté comme un ami, un neveu, un homme de sa famille. »
Il refit face à Kiara qui était complétement décomposée, le regard perdu.
« Comme tu le vois, alors que toi tu mabandonnais, jai trouvé un refuge, une famille, un nouveau départ. Je regrette profondément que tu aies préféré te jeter dans le lit de ce salopard au lieu de me parler franchement. Si tu avais des doutes, il fallait me les dire, nous nous serions expliqués comme des adultes responsables. Au lieu de ça, tu nas écouté que ta colère, tu tes laissé aveugler par lenvie de vengeance et voilà ; voilà maintenant où cela ta amenée. »
Kiara se mis à genou devant lui, limplorant.
« Je ten prie, je ne savais pas ce que je faisais. Jai voulu te punir de mavoir trompée, jai voulu que toi aussi tu souffres comme jai souffert de croire que tu couchais avec ces femmes. Je men veux tellement maintenant. Pourras-tu me pardonner ? »
Etienne fit signe à Léandra daller à la porte. Elle louvrit et le policier entra de nouveau.
« Tu mas abandonné au moment où javais le plus besoin de ton soutien. Je ne crois pas que je serai capable de te pardonner un jour. Brigadier, vous pouvez lemmener. »
Épilogue
Un an plus tard.
Etienne
La réunion du milieu daprès-midi commença. Autour de la table, et comme quasiment tous les jours, se trouvaient Etienne, Directeur F&B, Léandra, cheffe de cuisine, Javier son second, Flavia, Maîtresse dhôtel et Flavio le majordome, Cathel, la cheffe de rang et Alessio le sommelier. Etienne pris la parole.
« Combien de couverts ce midi ? »
Léandra lui répondit.
« Deux-cent dix, cest un bon chiffre. »
« Combien de réservations pour ce soir ? »
« Une trentaine de réservation en plus. »
« Au niveau des chambres, nous en sommes où ? »
Flavia prit la parole.
« Nous sommes complet jusquà la fin du mois. On va battre notre record. »
« Cathel, toujours personne pour la caisse et le bar ? »
« Non frérot, rien de sérieux. Je commence à me désespérer que nous trouvions la perle rare. »
Un voile troubla la vue dEtienne quelques secondes. Il se racla la gorge puis regarda son équipe.
« Ce nest pas si grave que ça. Je vais continuer à faire le job jusquà ce que lon trouve. »
On frappa à la porte de la salle de réunion. Une jeune fille passa la tête par lentrebâillement de la porte, sembla chercher quelquun du regard, le trouva et sadressa à lui.
« Monsieur Etienne, il y a quelquun pour vous à laccueil. »
« Cest pour le poste à la caisse ? »
« Je ne sais pas, elle ma dit que cétait personnel. »
Incrédule, il lui demanda daccompagner la personne jusquici.
La jeune fille referma la porte et disparut quelques instants, avant de frapper de nouveau et, cette fois, douvrir la porte en grand.
Tous se figèrent. Devant eux se tenait une Kiara, amaigrie, les cheveux emprisonnés dans un foulard et une valise à la main.
Etienne se leva et vint jusquà elle.
« Mais, quest-ce que tu fais ici ? »
Elle posa sa valise et défit son foulard. Elle sétait fait coupé les cheveux très court et avait le regard dun chien battu.
« Je suis sorti aujourdhui. Je voulais te revoir une dernière fois avant de rentrer en France et sortir définitivement de ta vie. »
Tous les regards étaient suspendus aux lèvres de la jeune femme qui paraissait au bord de lépuisement.
« Je voulais te parler une dernière fois, te dire tous les regrets que jai pour ma conduite inqualifiable. Jai été tellement aveuglée par mon désir de vengeance que jen ai oublié lessentiel. Que tu es et a toujours été un homme droit, honnête et fidèle, et que tu aurais été incapable dêtre lauteur de tous les forfaits dont on taccusait. Je sais que je tai perdu à jamais. Jai eu un an pour me faire à cette idée, et, en dépit des choses horribles que jai commises, jai essayé de croire que tu aurais peut-être encore un peu de compassion et dindulgence pour moi. Je nespère rien, il y a longtemps que jai compris que je ne méritais pas un homme comme toi et quil y avait bien pire comme punition que la prison, cest de perdre ton amour à jamais. Je me suis maudite, si tu savais combien de fois. »
Il lui pris les mains, les retourna et vit les pansements récents sur ces deux poignets.
« Quest-ce que cest que ça ? Tu peux me dire ? »
« Oh, jai bien essayé de partir pour ne plus pleurer, pour ne plus faire de cauchemars, pour ne plus me faire mal avec tout ce qui me tombait sous la main. Mais ma compagne de cellule ma sauvé la vie, enfin ce quil en reste. Jai été heureuse, et je nai pas su apprécier à quel point ton amour métait le bien le plus précieux sur terre. Je voulais juste que tu saches, avant de partir, que je ne suis pas une mauvaise femme, que je tai aimé plus que tout, plus que ma vie. »
Il la poussa doucement vers son fauteuil.
« Assied-toi. Moi aussi jai des choses à te dire. Je navais rien prémédité, mais le fait que tu aies eu le courage de venir me dire tout ça en face, ma décidé. Voici mon équipe. Chez nous, rien ne se décide seul. Tout se décide à lunanimité de la famille. Tu connais Léandra, voici Flavio, son compagnon qui fait désormais partie de la famille. Tu te souviens de Flavia, et bien voici Flavio, son mari. Enfin tu te rappelles ma petite sur Cathel, voici Alessio son fiancé. Le temps a passé Kiara, mes tentations sont devenues réalité et mon projet, notre projet a abouti et se porte très bien.
Je nai plus de tentations, cela fait un an maintenant que je vis avec. Non, maintenant, jai trois souhaits : »
Il se pencha vers elle et la regarda tendrement.
« Premier souhait, jai besoin de quelquun pour diriger le bar et la caisse et je tembauche à lessai. »
Il se tourna vers son équipe qui lui fit un sourire en signe dassentiment. Kiara éclata en sanglots et tomba à genou devant lui, les yeux ravagés par les larmes.
« Deuxième souhait, jai pas mal gambergé depuis un an et jai fait des examens médicaux ici. Eh bien, contrairement à ce que me disaient ceux que javais fait faire en France, il se trouve que mes spermatozoïdes ne sont pas très rapides et pourraient être la cause des difficultés à être un bon procréateur. On ma délivré un traitement qui devrait remettre les choses dans lordre. »
Il se mit lui aussi à genou et prit les deux mains de Kiara.
« Troisième souhait, mon plus cher désir serait de retrouver ma chère femme et de retrouver avec elle et ici, sur des bases solides et au sein de sa nouvelle famille, notre si bel amour. »
Il la pris dans ses bras et lembrassa passionnément. Il laida à se relever et se tourna vers son équipe. Flavia, Léandra et Cathel sapprochèrent de la jeune femme et, chacune leur tour, elle posèrent la paume de leur main sur sa joue.
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