Etudiantes -4/6

4ème partie (4/6)

« « Agnès, Marion … Marion égale à elle-même, provocante. Agnès ? Elle a changé, beaucoup, vous vous souvenez peut-être d’une jeune-fille prude, réservée, complexée … oubliez ! Mais pourquoi vous en dire plus : vous avez lu les épisodes précédents, non ? Non ? Eh bien tant pis pour vous ! Vous auriez dû …» »

… Agnès …
‘LE’ soir. Ce soir-là plus qu’un autre ? Ce soir-là je savais ce que je voulais d’elle. Une folle semaine. Pas vraiment une décision. C’était plutôt une évidence, un besoin. Et elle. Personne d’autre qu’elle.
Depuis que je lui avais dit d’enlever le foulard de ses yeux, ce jeu qu’elle avait inventé pour moi, c’était écrit.
Point d’orgue de la semaine, Laurence. Cette femme dont elle m’avait parlé, qui était partie en fin de soirée, après un moment complètement fou.
Je me rendais compte depuis quelques jours du changement. Plus de rêves. Mes rêves, je les vivais, vraiment. Des années de honte, de peurs, des années à mes envies, mes désirs.

J’allais trop vite, trop loin ? Oui, je le sais maintenant. Un coup de barre trop brutal pour trop d’années enfermée. Mais je ne regrette rien. Rien.

Pour Marion, c’était un jeu. Une façon d’être et de faire adoptée depuis longtemps. Elle m’avait dit « tu sais, j’ai que ça, je donne un peu, je prends un peu … je donne que ce que je veux, ça leur va et ça me va ». Je crois que cette liberté qu’elle avait, s’imposait aux hommes qu’elle fréquentait, à cette femme, Laurence, à moi, à moi aussi, bien sûr, et qu’elle ne s’en rendait pas vraiment compte. Elle ne savait pas le pouvoir qu’elle avait.

Je me trémoussais sur le canapé. Elle faisait semblant de ne rien voir, mais je voyais ces yeux qui se plissait, son rire qu’elle retenait. Elle jouait, je jouais.
J’allais me lever pour aller la chercher, mais avant que je ne me décide, elle a refermé ses livres et rangé ses feuilles de cours, m’a fait un clin d’œil en partant vers la salle de bains.


J’ai éteint les lumières dans le salon et je suis allée l’attendre dans la chambre, assise au milieu du lit, toute nue. Elle s’est arrêtée en travers de la porte, me regardait la tête penchée vers l’épaule comme elle se tient souvent. Elle a enlevé sa petite culotte avant de me rejoindre sur le lit, assise dans mon dos, ses jambes et ses bras autour de moi :
— On dirait que t’as pas sommeil tout de suite ? Un câlin ?
C’était son mot à elle pour nous. Pour les autres, les hommes avec qui elle sortait de temps en temps, elle disait « on baise », avec moi elle disait qu’on se câlinait.
Moi je voulais qu’elle sache, tout de suite ce que j’attendais d’elle, alors j’ai pris sa main pour la poser au creux de mon ventre, mes doigts sur les siens.
Ce que j’ai dit et ce qu’elle a dit, je ne sais plus. Mais elle avait compris, et elle a hésité, je l’ai vu dans ses yeux. Je crois que sur le moment, ça avait plus d’importance, ou de gravité, pour elle que pour moi.
J’avais un peu peur, et je crois elle aussi. On s’embrassait, elle me caressait, elle m’a fait jouir d’abord, avec sa bouche sur moi, en suçant mon clito, et après, les seuls mots dont je me souvienne c’est « t’es sûre ? ». Quand j’y repense parfois, je me souviens de ses yeux et de sa bouche qui tremblait un peu, de ses joues rouges, et surtout qu’elle ne riait pas ce soir-là.
Elle m’a repoussée pour que je m’allonge et à genoux entre mes jambes elle m’a caressée encore, jusqu’au plaisir … et j’étais plus vierge, je jouissais encore, pour la première fois ses doigts dans mon ventre. Je me souviens de la douleur et du plaisir en même temps, de sa main immobile qui m’étirait qu’elle a laissée longtemps, dessus quand elle l’a sortie de mon vagin.
Plaisir et douleur en même temps, une autre chose qu’elle m’a offerte, sans s’en douter.

… Marion …
Je l’ai faite attendre. Je savais, ou plutôt je m’en doutais. C’est vrai que depuis le début je l’avais charriée, bêtement je me moquais d’elle quand on se caressait, lui disais « toi, la pucelle, tu sais pas ce que tu perds », des bêtises dans ce goût-là.
Et là, tout d’un coup, ça me faisait tout drôle que ce soit à moi qu’elle le demande. Même si moi j’avais pas vraiment eu mal, si des filles disaient que c’était un sale moment il y avait sans doute un peu de vrai. Je ne voulais pas qu’elle ait mal, pas que ce soit ce sale moment dont certaines parlaient. Mais les mecs sont peut-être maladroits, après tout, et peut-être aussi que toutes les filles sont pas faites pareil. J’ai fait attention, qu’elle soit occupée à son plaisir quand je déchirerai son hymen et pas trop bouger après. Et puis je voulais pas faire ça à moitié, pas qu’un homme une autre fois lui fasse mal encore si je ne faisais pas bien.
Elle était tellement mouillée que c’était pas difficile, l’hymen a cédé tout seul, je l’ai senti s’ouvrir et j’ai poussé. J’ai des mains fines … les quatre doigts en même temps. Et elle jouissait parce que je caressais son clito, tout le temps que je poussais et elle s’ouvrait tout grand. Comme Laurence. Je pensais pas le faire autant. Elle était si mouillée que j’ai rentré mes doigts jusqu’au plat de la paume et elle se refermait sur ma main. J’ai pas bougé pendant longtemps, elle respirait fort, elle avait les tétons dressés, les yeux écarquillés, et après elle me souriait. Son sourire de madone qui tremblait.

Elle a eu mal quand j’ai retiré ma main, ses sourcils se fronçaient et elle se mordait la lèvre. J’avais sur les doigts et ça coulait un peu entre ses fesses, cyprine et sang mélangés, un petit filet rose qui a tâché le drap. Elle a posé une main à plat sur son ventre et m’a tirée vers elle de l’autre pour m’embrasser.

Je suis allée chercher une serviette de toilette dans la salle de bains, j’ai tiré la couette sur nous, et elle est venue contre moi. Elle s’est endormie une main sur mes seins ; bien avant moi.

Ce que ça a changé ? Au quotidien, rien. Elle était toujours aussi « affamée », mais ce n’était pas vraiment nouveau, et j’étais plus … libre de la caresser autrement.
Et elle aimait. Elle qui n’avait pas très bien pris le fait que j’achète un gode au tout début, maintenant appréciait. Je crois même qu’elle n’avait pas besoin de moi, parce que j’avais constaté qu’il changeait souvent de place … mais ce qu’elle faisait toute seule, on n’en parlait pas. Un jour, elle m’a demandé où je l’avais acheté et s’il y en avait des plus gros ! C’était plus du tout la fille timide et complexée du début ! Elle se lâchait drôlement !



Au boulot, pas d’embrouilles. Je craignais un peu que l’après-midi où Laurence était venue chez nous change quelque chose. En fait le seul changement la semaine qui a suivi et les suivantes, c’est qu’elle était moins distante, plus cool, il lui arrivait même de me sourire !
Maître D., je le voyais peu. Il partait souvent en province ou était au tribunal. Il était gentil avec moi quand on se croisait. Je ne sais pas vraiment à quoi ressemble un sourire paternel, mais ça doit être un peu ça. Etonnant ! Après tout, je lui avais tripoté les couilles et il m’avait payé de chouettes fringues ! Je m’attendais à des gestes, des remarques, mais non, rien, et lorsqu’il avait remarqué mes nouvelles tenues, ce qu’il avait dit était juste gentil, sans aucune allusion. C’est sans doute idiot, mais cette attitude me dérangeait presque, j’aurais compris qu’il soit différent.
Le plus bizarre, finalement, c’était les regards de son associé. Il avait souvent un petit sourire, ses yeux pétillaient d’une drôle de façon quand je lui amenais un dossier ou que je conduisais des clients dans son bureau, et j’avais parfois cette impression, ces picotements sur la nuque qu’on ressent quand on est observée. C’était juste intrigant, pas franchement gênant, d’autant que lui, physiquement, il était pas mal. Il ressemblait assez, en plus jeune, aux types que je draguais de temps en temps.

Tout était nouveau dans cette situation. Plus besoin au travail de mendier un renouvellement de contrat ou une adaptation d’horaire, plus d’incertitude sur comment survivre le mois suivant pour payer ma part de loyer ou la bouffe dans le frigo.

La belle vie ? Ça y ressemblait bien …

Agnès …
C’est une réflexion de Marion qui m’a fait réfléchir : elle m’a dit que j’avais beaucoup changé en peu de temps ; elle riait, mais je crois que je l’agaçais un peu.
Ce qui s’était passé avec Laurence, et après que j’aie voulu qu’elle me « dépucelle », ce n’étaient que des conséquences. Le vrai changement venait d’avant, du jour où je lui avais dit d’enlever le foulard de ses yeux, du jour où j’avais accepté son regard sur ma nudité. Cette contrainte, la honte que j’avais de mon corps au point de me cacher d’elle, avait disparu, et sans cette contrainte que je m’imposais jusque-là, toutes les barrières avaient volé en éclat. Un détail. Un simple détail. Un foulard de soie rouge et beige dénoué …
Dans le miroir de la salle de bains, je n’aimais toujours pas mes bourrelets, mes cuisses et mes fesses trop grosses, mais au lieu de me cacher comme avant, au contraire je les montrais. Je devenais exhibitionniste ? Un peu … mais seulement avec Marion.
A peine rentrée de la fac, je passais par la salle de bain pour me déshabiller. Marion se moquait un peu de ce changement radical.
Je prenais plaisir à me promener quasiment nue devant elle, vraiment plaisir. J’étais excitée en permanence. Il m’arrivait même de sécher des cours pour rentrer plus tôt, d’être excitée, physiquement excitée rien qu’à l’idée de me déshabiller en rentrant, d’être disponible, la nudité associée au sexe, au besoin de sexe suite à un long refoulement.
C’est ce besoin constant qui faisait froncer les sourcils à Marion, qui l’agaçait un peu.
Dans ma tête, dans mon corps, c’était comme si on avait tourné un interrupteur en position « ON », quasi nymphomane ! Au début elle n’osait pas me le dire franchement, mais je suis sûre que ce mot-là lui était venu avant moi.
Je me caressais en l’attendant quand je rentrais avant elle, et parfois je m’enfermais dans la salle de bains pour le faire quand elle était là.

Marion …
Au début c’était drôle. Et puis ça l’était moins. Et elle ne s’en rendait même pas compte. Elle rentrait à l’appartement presque toujours avant moi et elle m’attendait. Finis les jean’s ou son grand peignoir. Elle se promenait en t-shirt, parfois avec sa petite culotte dessous et souvent les fesses à l’air. Ses joues rouges, ses regards, ses petits gestes, elle attendait mes caresses. Le sexe, j’aime ça, c’est pas le problème, mais c’était trop, presque une injonction, une obligation.
Je me sentais coupable. Je m’inquiétais de cette soudaine boulimie de sexe. Je me disais « ça passera … » et non, rien ne changeait. Tous les jours elle m’attendait et me noyait de regards langoureux, se tordait les mains sur le canapé pendant que je travaillais, attendant que je lève les yeux sur elle.
Plusieurs fois je l’ai entendue se lever la nuit pour aller s’enfermer dans la salle de bains. Les premières fois j’ai cru qu’elle était malade … et elle l’était, mais pas du tout comme je le croyais.
Une nuit où elle se levait, je l’ai entendue fouiller dans le tiroir de la commode, je faisais semblant de dormir. Elle avait pris le gode.
Ça a duré deux ou trois mois, et puis elle s’est calmée. Peut-être parce qu’on en avait parlé, peut-être qu’elle avait épuisé ses réserves d’énergie. La vie à l’appartement est redevenue plus calme.
Au travail aussi les choses allaient bien. Maître D., toujours sympa et paternel, son associé qui me suivait toujours des yeux, et Laurence … accro !

Elle ne me demandait rien. Elle attendait, se contentait de me couver des yeux, un petit sourire tremblant aux lèvres, et quand je la surprenais à me regarder ainsi, elle pinçait les lèvres et redressait le dos comme on endosse un costume.
Une situation bizarre qui me mettait un peu mal à l’aise, bien différente de ce que je connaissais avant.
Pendant quelques temps, il ne s’est plus rien passé, ni avec Maître D., ni avec Laurence. Une semaine, deux, trois, je ne me souviens plus. Mais je me souviens que Laurence devenait nerveuse, mettait plus de temps à « rendosser son costume ». Elle attendait.
Elle m’attendait.

C’est venu de moi. Je ne sais pas très bien pourquoi. Je crois que je me sentais redevable.
Elle se lavait les mains et moi j’allais aux toilettes. Elle était encore là, appuyée des deux mains dans son dos au lavabo quand je suis sortie. Elle me faisait face et j’ai un bref instant croisé son regard avant qu’elle ne baisse la tête, les yeux cachés sous une épaisse mèche de cheveux. Je voyais ses doigts se crisper et blanchir sur le bord du plan de bois qui porte les deux lavabos pendant que je me lavais les mains.
Son petit sourire malheureux et les yeux à peine levés quand je me suis arrêtée face à elle, peut-être à cause de ça, peut-être parce que je me sentais en dette … je lui ai tourné le dos et me suis appuyée contre elle, ma joue contre ses cheveux et de mes deux mains j’ai refermé ses bras autour de ma taille.
Je la sentais trembler et respirer très vite dans mon cou. Elle ne bougeait pas. C’est moi qui ai attiré ses mains sur mon ventre. Moi aussi qui ai dégrafé ma jupe et qui l’ai jetée dans mon dos sur le plan des lavabos.
Elle a été très douce, presque timide. C’était la première fois qu’elle me caressait vraiment. Elle me tenait contre elle d’un bras autour de ma taille et gardait sa main où je l’avais attirée, posée sur ma culotte, bougeait à peine ses doigts, grattait tout doucement le coton de ses ongles.
J’ai mis longtemps à comprendre qu’elle attendait, qu’elle m’attendait moi, qu’elle ne ferait rien si je ne le lui demandais pas. Lui demander ? Lui imposer, même …
Je me suis souvenue qu’à part les tous premiers gestes sur le canapé le jour où ils m’avaient invitée au restaurant, elle n’avait jamais pris la moindre initiative avec moi, s’était toujours pliée à mes attentes : cette jupe relevée autour de sa taille dans la voiture le jour où on avait fait quelques achats ensemble, ce body ridicule qu’elle avait enfilé chez nous, la facilité avec laquelle elle avait accepté la présence d’Agnès et ses caresses.
Je me suis souvenue de ce qu’en disait Agnès : « T’en fais ce que tu veux ! ».
C’était sans doute un peu malsain, mais c’est de là qu’est venue mon excitation. Pas de sa main à plat sur ma culotte et des ongles qui grattaient doucement, mais de l’idée qu’elle ferait ce que je lui demanderais, rien de plus et … rien de moins ?
D’une main j’ai étiré la taille de ma culotte et de l’autre j’ai guidé la sienne dans l’ouverture. Je gardais les jambes serrées. Elle me caressait tout doucement d’un doigt qui plongeait entre mes lèvres, retroussait le capuchon du clito et tournait autour lentement, plongeait plus profond de temps en temps pour s’imprégner de l’humidité qui me venait, plus de la situation que de sa caresse.
— Déshabille-toi …
Son doigt sur moi s’est figé. Elle est restée immobile de longues secondes, puis m’a écartée d’elle des ses mains sur mes épaules. Pas un soupir, pas un froncement de sourcils, pas un mot. Elle me regardait, le visage figé, les yeux fixes, en déboutonnant son chemisier, qu’elle a posé à côté de ma jupe sur le plan des lavabos. Sa jupe, son soutien gorge, son petit slip assorti les ont rejoints. Elle se tenait face à moi, les bras le long du corps, ne portant plus que ses bas Dim-Up gris-fumée et ses chaussures à hauts talons, une chaîne en or à gros maillons autour du cou et ses boucles d’oreilles.
J’ai dit « un peu malsain » ? ça l’était. Je sentais mon sexe se contracter de spasmes incontrôlés et inondé comme rarement.
— Caresse-toi …
Un battement de paupières, sa salive avalée … elle s’est appuyée des fesses aux lavabos, ses jambes légèrement écartées et a commencé à se caresser en fermant les yeux.
— Regarde-moi …
Elle ne m’a plus quitté des yeux. Longtemps ? Je serais incapable de le dire. Le battement de ses cils s’accélérait en même temps que son geste, elle mordait parfois ses lèvres ou les mouillait de sa langue, crispait les mâchoires et ses narines se dilataient. Pas un mot. Il n’y avait que le bruit humide de ses doigts qui tournaient, tournaient sur son sexe. C’est seulement quand elle a ouvert la bouche, proche de la délivrance de l’orgasme, que sa respiration s’est accélérée et que ses jambes se sont mises à trembler que je me suis approchée d’elle, pour caresser sa joue d’une main et fermer l’autre sur un de ses seins, serrant fort mes doigts dessus quand elle a fermé les yeux et rejeté la tête en arrière en jouissant.
Je l’ai embrassée d’un baiser léger sur ses lèvres avant de me détourner pour renfiler ma jupe.
Elle restait appuyée des fesses et des deux mains aux lavabos, me regardait me rhabiller, la respiration hachée et les pommettes marquées de rouge. Elle n’a pas dit un mot en me voyant prendre son petit slip et son soutien-gorge, un simple battement de cil, un mince sourire étirant ses lèvres en me regardant quitter les toilettes des dames ses dessous serrés dans mes mains.

Je suis sortie et me suis adossée à la porte des toilettes. Je tremblais, les joues brûlantes.
J’étais … secouée. A la fois terriblement excitée et honteuse. Mais je savais aussi que je lui avais donné ce qu’elle attendait de moi.
Elle a repris son travail comme si de rien n’était et moi aussi. Rien dans son attitude ne trahissait quelque changement que ce soit. Elle m’a donné du classement à faire et des dossiers à enregistrer pour archivage. J’avais repris avec elle le vouvoiement habituel.
Je lui ai rendu ses dessous le soir avant de partir, en les posant sur son bureau. Elle les a rangés dans son sac sans aucun commentaire.
Ce jour-là en rentrant à l’appartement, j’étais bien contente qu’Agnès soit déjà rentrée et qu’elle soit aussi affamée que d’habitude. J’ai attendu la fin de la soirée pour lui raconter. Ce devait être un jour particulier … quelque chose dans l’air …

Agnès …
Quand Marion est rentrée de son travail au Cabinet, je venais à peine d’arriver à l’appartement. Il faisait beau et j’étais allée prendre un verre en terrasse avec des amis à la sortie des cours. Pour une fois j’avais accepté de les accompagner parce que depuis quelques jours, un d’entre eux semblait s’intéresser à moi. Je ne m’étais aperçue de rien, trop habituée aux moqueries des garçons, et c’est la remarque d’une copine qui m’avait alertée. Je les ai suivis après les cours au lieu de rentrer tout de suite, pour vérifier.
La drague, je n’y connais rien, mais j’avais bien vu que Jérémy s’était débrouillé pour s’asseoir à côté de moi, qu’il me souriait souvent et rougissait quand je le surprenais à me regarder à la dérobée. C’était pas le plus mignon de la bande et il avait l’air timide, mais comme c’était le premier à un peu s’intéresser à moi, ça me plaisait bien.
Cet intérêt d’un garçon pour moi aggravait mon état habituel d’excitation permanente.
J’étais en train de me changer dans la salle de bains, comme tous les jours en rentrant, quand Marion est arrivée et m’a rejointe. Elle s’est changée en même temps que moi.
Ou plutôt, elle s’est déshabillée en même temps que moi !
Je sentais bien que je l’agaçais depuis quelque temps … mais pas ce jour-là ! Elle était assise toute nue au bord de la baignoire et me regardait finir de me déshabiller.
Elle m’a prise par la main avant que j’ai le temps de prendre le t-shirt que j’enfilais le soir et en riant elle m’a entraînée vers la chambre et notre lit.
Elle s’est assise sur mes jambes pour me prendre par le cou et m’embrasser. Elle me pinçait les tétons.
— Occupe-toi de moi, Agnès !
Comment résister ?
C’est bien après, assez tard le soir qu’elle m’a raconté son après-midi au bureau, ce qui s’était passé avec Laurence, la secrétaire qu’elle avait amenée ici un jour. Bien sûr je me souvenais d’elle !
— Et elle l’a fait ?
— Oui !
— Je t’avais dit, tu te souviens ? que tu faisais ça aux gens … à moi tu m’as jamais dit de le faire …
— C’est pas pareil ! toi …
Elle s’est arrêtée. Elle me regardait en se mordant les joues. Ses yeux riaient.
— Tu fais toute seule. Je sais. Même que des fois tu te lèves la nuit et tu prends le gode dans le tiroir !
Gênée ? Un peu, oui. Elle, elle riait en me donnant de petits coups dans l’épaule.
— Montre-moi …
— … quoi ?
— Comment tu fais … comment tu fais toute seule …
Elle s’était assise sur le lit à côté de moi, elle me caressait la joue.
Me caresser devant elle … me masturber … pour elle … je trouvais la chose en même temps honteuse, humiliante … et terriblement excitante ! Et puis elle savait. Moi qui croyais être discrète. Deux ou trois fois je m’étais levée la nuit pour aller dans la salle de bains, des jours où j’avais bien compris que mes envies lui cassaient les pieds, que je l’agaçais à être toujours après elle. La vieille honte à se masturber …
Elle riait. Elle balayait un téton du bout d’un doigt, le pinçait doucement pour le faire durcir.
— Plus fort …
— Hein ?
— Serre plus fort.
Elle levait les sourcils mais elle l’a fait. Elle pinçait mon téton entre deux doigts et elle serrait. Je me suis caressée. Pour elle. Pour moi.
Elle soulevait mes seins en les tenant par le téton, les laissait retomber, serrait fort un sein entre ses deux mains, hésitait, et moi je l’encourageais à continuer. Elle s’est mordue la lèvre en haussant les sourcils quand elle m’a vue pincer mon clito comme elle pinçait mes tétons, a pris mes poils à pleines main pour m’ouvrir plus. Elle guettait ma réaction d’un air inquiet, mais je serrais les dents, lui faisait signe de la tête de continuer. La pointe de douleur … que c’est bon ! Plusieurs fois déjà j’avais essayé de lui dire, sans vraiment oser … tant de choses que je n’osais pas lui dire, pas lui demander, avant, parce que ce soir-là j’ai osé, guider sa main vers mon sexe en m’ouvrant grand pour elle, guider sa main entre mes fesses, cette caresse qu’elle avait faite à Laurence le jour où elle l’avait amenée chez nous et jamais avant à moi, que je voulais d’elle.
Moi, je savais déjà, j’avais mis des mots sur ce que je ressentais, ce que je voulais, avant elle, avant qu’on en parle. Masochisme. Plaisir et douleur mêlés. Plaisir et humiliation mêlés.
Et j’ai joui encore, à quatre pattes sur le lit les fesses levées vers elle, qu’elle fouillait de ses doigts raidis, ma main sur son poignet, pour plus, toujours plus.
Honte et orgasmes, si fort, et les larmes après à mes yeux qu’elle embrassait allongée sur moi.

Marion …
Une surprise ? Une révélation ? Oui et non.
Elle était dans un état d’excitation permanente depuis déjà quelque temps. C’était un peu gênant, et je m’en rendais responsable. Ses besoins tournaient à la nymphomanie depuis … depuis qu’elle n’était plus vierge, de ma main. Les jours où je la repoussais, où je ne répondais pas à ses regards alanguis, ses gestes, elle se levait la nuit. Une nuit elle s’était même caressée dans le lit, à côté de moi, et j’avais fait semblant de dormir.
Et ce soir, ce qu’elle voulait, peut-être à cause de ce que je venais de lui raconter de mon après-midi au bureau, dépassait largement nos caresses habituelles.
Je l’ai fait pour elle. Et j’y ai pris plaisir. Inutile de mentir, de raconter des histoires. Ni choquée, ni ennuyée … je savais que je lui faisais mal, je savais qu’elle jouissait de cette douleur, et j’aimais ça … Tout à la fin, pendant que plantais mes doigts entre ses fesses, je me suis à peine effleurée de l’autre main, à peine, et j’ai joui comme rarement.
Il faudrait qu’on en parle. Il faudrait. Tout ça n’était pas bien normal … mais c’est quoi la normalité ?
Ce qui se passait avec Laurence, maintenant avec Agnès … je ne me reconnaissais pas, j’étais mal à l’aise.

On a pris une douche, grignoté un peu avant de nous coucher. Je ne lui ai pas parlé de mes inquiétudes ce soir-là, parce qu’à peine allongées et lumière éteinte, serrée contre moi, elle m’a parlé de ce garçon de la fac qui lui faisait les yeux doux, dont elle se demandait si elle devait l’encourager et comment, ou l’éconduire et comment. Et puis encore une chose tellement inattendue :
— Si un jour … avec lui … tu resterais avec moi ? avec nous ?
— Tu rigoles ?
— Non ! C’est juste pour voir comment c’est avec un mec, mais je veux pas sans toi !
— T’es incroyable !
— T’es fâchée ?
— Non … mais on fait pas l’amour juste « pour voir comment c’est » ! On dirait que tu parles d’un TP de sciences nat ! … Il te plaît, au moins, ce garçon ?
— Bof … mais … et nous deux, alors … je … je te plais, alors ?
— Bien sûr ! Nous … on est copines … on …
— Tu dors pas dans le lit de toutes tes copines …
— Tu sais bien ce que je veux dire !
— Non, je sais pas.

Quoi lui dire ? Les mots, c’est compliqué. Depuis longtemps je savais. Elle était … amoureuse ? De moi ou de nos jeux, de nos caresses ? Bien sûr que c’était pas une copine comme n’importe quelle copine !
— T’es beaucoup de choses … ma sœur, mon amie, mon amie de cœur, ma jolie brune …
— Amie de cœur, je prends. Ça me va, Marion … mais si je t’embrasse quand j’en ai envie, même dans la rue, ou si on se tient la main en faisant des courses, quand je t’accompagne à la fac …
— Du moment que tu me mets pas la main aux fesses devant tout le monde !
— Ah … dommage … amie de cœur … ça va !
— Mais si tu veux faire l’amour avec un gars, tu fais toute seule ! Sans moi !
— T’es jalouse ?
— Mais non !
— Dommage …
— Et puis choisis-en un qui te plaise vraiment !
— C’est déjà bien si j’en trouve un à qui je plaise !
— T’es bête ! Je suis sûre qu’il y en plein, tu t’en aperçois pas, c’est tout !
— Aide-moi, alors …


(à suivre)
Misa – 09/2014

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