Gay Pride 2012 (Histoire Vraie)
La gay pride cuvée 2012 avait une saveur particulière, celle de cet espoir un peu fou qui électrise la foule au point de la faire baigner dans une atmosphère particulière chargée dhormones. La promesse du mariage pour tous allait-elle être tenue ? Cest dans ce contexte singulier que je me joignis au cortège, appelée à sillonner le parcours sur un char couleur arc-en-ciel. Le choix de la musique nétant pas de mon ressors, ma participation se résumait à la distribution de tracts entre deux coupes de champagne. Jétais bien au milieu de ces filles libérées, heureuses de pouvoir lespace dun après-midi accorder leur destinée de lesbienne avec leur conscience.
Car lhomosexualité ne sapparente ni à une tare ni à une gloire. La genèse obscure de mon attirance jen connais le principe actif, moins le fondement ne me fera pas oublier le primordial : je mépanouie pleinement ainsi.
Quand tout fut terminé, le défilé comme les bouteilles, les groupes se scindèrent par catégories. Les garçons avec les garçons, les filles avec les filles, tout ce joli petit monde se fondit dans lassistance de son choix. Puis les groupes éclatèrent en sous catégories afin de prolonger la soirée.
Installée à une terrasse avec une douzaine de copines, jallais plonger le nez dans un verre de whisky ambré quand une jeunette attira mon attention. Ne vous méprenez pas avec le terme de jeunette ; elle affichait tout de même une vingtaine dannées. Et jose espérer que je faisais moins que mes 33 ans de lépoque.
« Tu peux me dédicacer ton livre sil te plait ? »
Les copines samusèrent de ma notoriété dans le milieu de la littérature en général, de la littérature lesbienne en particulier. Perso, davantage que les compliments, je préférais mattarder sur la silhouette de linconnue sortie de nulle part, dune foule bruyante et passionnée.
Un jean taille basse ultra léger gainait deux longues jambes, rehaussant le galbe des cuisses.
Ce quil y a de bien dans un moment comme celui-ci, cest quil autorise certaines questions permettant de gagner un temps fou dans létude des perspectives.
« Quel est ton prénom ? La dédicace est pour toi ou pour ta copine ? Comment ça, tu nen as pas ! Jolie comme tu es, tu ne resteras pas seule bien longtemps. Assieds-toi, prends un verre. »
Les copines ont vite compris, et bientôt toutes se trouvèrent un chat à nourrir ou un chien à sortir, une visite urgent à faire chez papa et maman ou un rencard à lautre bout de Paris. Ariane accepta une invitation à dîner
chez moi.
La belle prit les devants dune façon juvénile à peine dans lascenseur.
« Cest dingue de tavoir croisée comme ça. Quand mes copines liront ta dédicace
Je naurais pas cru que tu sois aussi accessible. Tu écris encore ? Tu me feras lire ? »
Et sitôt dans lappartement :
« Jadore le style dépouillé, presque pas de meubles. »
Oui, euh
ça en fait cest parce que jai horreur de faire la poussière. Et puis les meubles, je me cogne toujours dedans. Je gardai évidemment ma pensée secrète.
Très tactile (je suis certaine que vous emploierez dautres qualificatifs), je profitai de chaque occasion pour cajoler une main, toucher un bras, enlacer la taille, esquisser une caresse vers la paire de fesses moulées dans le jean ou effleurer les seins sous le tee-shirt.
Loin de se défiler, Ariane joua le jeu. Á bien y réfléchir, cest elle qui me draguait par des questions intimes savamment placées. On me dit jolie femme. Peut-être est-ce la vérité ; il est cependant difficile de se juger soi-même. Ce qui est certain, cest que jai appris à jouer de certains atouts. Je peux manger et boire nimporte quoi sans prendre de poids. Youpi ! Á plus de trente ans je nai pas peur de la balance. Je suis passée experte dans lart de susciter lintérêt et de distiller les compliments. Mais beaucoup de mes réussites, je les dois à létonnant contraste entre mes cheveux noirs et mes yeux bleus, le tout du plus naturel qui soit. Jarbore toujours pour cette raison une frange sur le front.
Donc, comme par politesse on ne refuse rien à une invitée quon désire mettre dans son lit, je me suis laissée faire quand elle balaya ma frange dun doigt. Son regard dans le mien dénonçait sa fébrilité.
Le baiser me surprit par sa profondeur, sa langue fouilla ma bouche avec passion. Ariane ne maccordait pas un baiser amoureux, elle membrassait par pur désir sexuel. Ses mains trahirent limpatience, encourageant les miennes à la dévêtir autant quelles me débarrassèrent de mes propres vêtements. Linstant du déshabillage revêt dhabitude une importance particulière dans le processus de mon excitation, il passa cette fois inaperçu, et on se retrouva nues en quelques secondes. Tant pis, jallai répondre à la sollicition pour enfin me régaler de son corps jeune et ferme.
Prenant linitiative, je glissai une main sur ses petites fesses dures et lautre sur ses seins tendus tandis que ma bouche butinait son cou. Son parfum léger mêlé à lodeur naturelle de nos cyprines menivrait. Rarement javais atteint aussi vite un tel degré dexcitation. Une envie impérieuse me tenaillait dembrasser et de lécher son corps souple, de glisser ma langue dans son intimité, de me régaler de sa sève. Adepte du cunnilingus, je voulais lui offrir ce plaisir indéfinissable pas si égoïste quon aimerait le laisser croire.
Attends, dit-elle en sallongeant les bras contre son corps, les cuisses fermées. Caresse-moi en me regardant.
Le rauque de sa voix mémut. Pourquoi ne pas lui offrir ce plaisir particulier ? Je massis sur le sofa à hauteur de sa hanche, et fit rouler un téton qui durcit encore entre mon pouce et mon index. Ariane stoppa de nouveau mon élan.
Pas comme ça, branle-moi.
Ce mot me surprit, même sil navait rien dordurier dans sa bouche, il témoignait du désir puissant de me voir accomplir un geste particulier. Curieusement, lidée de jouer à touche-pipi comme une gamine à la recherche de ses premiers émois me troubla davantage que je ne laurais cru. Aussi je mappliquai à la satisfaire sans attendre.
Un doigt caressant sa vulve brûlante, le pouce sur son clito, japprochai mon visage du sien, les yeux dans son regard brillant. Ses nymphes délicates souvrirent, appelant une caresse plus intime encore. Son vagin vorace happa mon doigt tandis que son bouton durci vibrait sous la stimulation.
La bouche ouverte, le corps tendu, Ariane ne chercha rien dautre. Elle se laissa aller sans retenue. Le clapotis de mon doigt dans son antre trempé provoquait ma propre excitation, il me fallut me retenir pour ne pas me toucher en même temps que je la masturbai copieusement désormais. Je lisais sur ses traits la montée dun plaisir rapide, animal, et je me surpris à aimer.
Rien dautre quune caresse, un doigt en elle et un autre sur son bouton damour, la brûlure sur mes lèvres de son souffle précipité, une simple branlette me ramenait à la source, je redécouvrais le berceau de la sexualité pure. Cen était déconcertant.
Soudain, sans prévenir, Ariane arrondit la bouche, ses narines se pincèrent, ses yeux se révulsèrent. Une plainte accompagna les contractions de son intimité sur mon index. La belle jouit intensément, sans tricher, dans un feulement rauque instinctif.
Contre toute attente, son attitude resta la même pendant le dîner froid prit dans le salon. Sa jouissance navait en rien altéré son innocence, jen fus ravie. Aucune de nous ne songea à se rhabiller, comme deux copines adeptes du naturisme décomplexées par nos corps, sans équivoque. Psychologie féminine oblige, le processus de séduction (particulièrement chez les femmes entre elles) devait être repris depuis le début pour aboutir de nouveau au désir. Notre libido est ainsi faite.
Regards, effleurements, caresses éthérées, baisers, on prit le temps de faire monter la température.
On fit lamour ensuite, dans la position des « ciseaux verticaux », le bassin emprisonné dans les jambes écartées de lautre, intimité contre intimité. Chacune appuyée sur une main, il nous en restait une pour caresser les seins et toucher le bouton de son amante. Jaime beaucoup cette position car elle permet de lire les émotions dans le regard de sa partenaire. Notre plaisir monta ainsi lentement, pleinement.
Plaisir oui, mais pas dorgasme.
On se retrouva tête-bêche, Ariane sur moi léchant mon intimité avec avidité tandis que je me régalais de la sienne. Notre cunni partagé fut très long et très doux. On se repaissait lune de lautre en prenant garde de ne rien précipiter, de ne rien perdre de la magie de linstant. On se guida mutuellement afin de soffrir un plaisir maximum. Malgré son jeune âge, mon amante semblait apprécier de fouiller ma vulve avec sa langue, ce que javais de plus secret, son souffle chaud sur mon anus comme la caresse dun vent dété.
Quand elle arriva enfin au point de non-retour, Ariane pinça mon clito. Mon orgasme accompagna le sien, que je sentis plus profond que son premier, même sil fut moins animal. Cette fois son offrande régala mes papilles, mon amante sappliqua à ne rien perdre de ma propre jouissance.
Bien sûr, nous les femmes néjaculons pas au sens propre du terme, mais jaime sentir dans la bouche la cyprine de mes amantes, que je reçois comme un hommage particulier. Nous cessâmes vite de stimuler nos clitoris pour éviter de les rendre douloureux, on resta un long moment cependant sans bouger, le souffle court, la bouche collée à lintimité de lautre.
Plus tard dans la nuit, ce fut à moi de lui demander une branlette rapide et brusque. Javais envie de ressentir cet émoi qui lavait bouleversée littéralement. Elle sappliqua à me masturber sans fioritures, heureuse de maccorder ce plaisir. Mon orgasme vint vite, presque trop, dune violence à laquelle je ne mattendais pas.
Puis on sendormit dans les bras lune de lautre.
La gay pride 2012 devait me laisser un souvenir particulier, qui mémeut encore aujourdhui.
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