Gay Pride 2012 (Histoire Vraie)

La gay pride cuvée 2012 avait une saveur particulière, celle de cet espoir un peu fou qui électrise la foule au point de la faire baigner dans une atmosphère particulière chargée d’hormones. La promesse du mariage pour tous allait-elle être tenue ? C’est dans ce contexte singulier que je me joignis au cortège, appelée à sillonner le parcours sur un char couleur arc-en-ciel. Le choix de la musique n’étant pas de mon ressors, ma participation se résumait à la distribution de tracts entre deux coupes de champagne. J’étais bien au milieu de ces filles libérées, heureuses de pouvoir l’espace d’un après-midi accorder leur destinée de lesbienne avec leur conscience.
Car l’homosexualité ne s’apparente ni à une tare ni à une gloire. La genèse obscure de mon attirance – j’en connais le principe actif, moins le fondement – ne me fera pas oublier le primordial : je m’épanouie pleinement ainsi.
Quand tout fut terminé, le défilé comme les bouteilles, les groupes se scindèrent par catégories. Les garçons avec les garçons, les filles avec les filles, tout ce joli petit monde se fondit dans l’assistance de son choix. Puis les groupes éclatèrent en sous catégories afin de prolonger la soirée.
Installée à une terrasse avec une douzaine de copines, j’allais plonger le nez dans un verre de whisky ambré quand une jeunette attira mon attention. Ne vous méprenez pas avec le terme de jeunette ; elle affichait tout de même une vingtaine d’années. Et j’ose espérer que je faisais moins que mes 33 ans de l’époque.
« Tu peux me dédicacer ton livre s’il te plait ? »
Les copines s’amusèrent de ma notoriété dans le milieu de la littérature en général, de la littérature lesbienne en particulier. Perso, davantage que les compliments, je préférais m’attarder sur la silhouette de l’inconnue sortie de nulle part, d’une foule bruyante et passionnée.
Un jean taille basse ultra léger gainait deux longues jambes, rehaussant le galbe des cuisses.

L’arrondi subtil des hanches soulignait la taille fine. Un tee-shirt bariolé dévoilait le nombril profond. La poitrine se tenait droite sans l’aide de soutien-gorge, et les tétons donnaient l’impression de passer à travers le coton imprimé. Le visage ovale encadré par un court coiffé-décoiffé châtain clair accapara enfin mon attention. Deux grands yeux marron-vert capturaient la lumière, les narines palpitaient à la base du nez fin sur une petit bouche à la lèvre inférieure légèrement asymétrique. Cette fille n’aurait sans doute pas pu prétendre à être mannequin, elle était cependant assez jolie pour qu’on se retournât sur son passage. Tandis qu’une de ses mains, fébrile, me tendait l’exemplaire à signer de ce bouquin que j’avais écrit en 2008, l’autre jouait innocemment (?) avec un médaillon double Vénus aux symboles féminins entrelacés.
Ce qu’il y a de bien dans un moment comme celui-ci, c’est qu’il autorise certaines questions permettant de gagner un temps fou dans l’étude des perspectives.
« Quel est ton prénom ? La dédicace est pour toi ou pour ta copine ? Comment ça, tu n’en as pas ! Jolie comme tu es, tu ne resteras pas seule bien longtemps. Assieds-toi, prends un verre. »
Les copines ont vite compris, et bientôt toutes se trouvèrent un chat à nourrir ou un chien à sortir, une visite urgent à faire chez papa et maman ou un rencard à l’autre bout de Paris. Ariane accepta une invitation à dîner… chez moi.

La belle prit les devants d’une façon juvénile à peine dans l’ascenseur.
« C’est dingue de t’avoir croisée comme ça. Quand mes copines liront ta dédicace… Je n’aurais pas cru que tu sois aussi accessible. Tu écris encore ? Tu me feras lire ? »
Et sitôt dans l’appartement :
« J’adore le style dépouillé, presque pas de meubles. »
Oui, euh… ça en fait c’est parce que j’ai horreur de faire la poussière. Et puis les meubles, je me cogne toujours dedans. Je gardai évidemment ma pensée secrète.
Très tactile (je suis certaine que vous emploierez d’autres qualificatifs), je profitai de chaque occasion pour cajoler une main, toucher un bras, enlacer la taille, esquisser une caresse vers la paire de fesses moulées dans le jean ou effleurer les seins sous le tee-shirt.

Loin de se défiler, Ariane joua le jeu. Á bien y réfléchir, c’est elle qui me draguait par des questions intimes savamment placées. On me dit jolie femme. Peut-être est-ce la vérité ; il est cependant difficile de se juger soi-même. Ce qui est certain, c’est que j’ai appris à jouer de certains atouts. Je peux manger et boire n’importe quoi sans prendre de poids. Youpi ! Á plus de trente ans je n’ai pas peur de la balance. Je suis passée experte dans l’art de susciter l’intérêt et de distiller les compliments. Mais beaucoup de mes réussites, je les dois à l’étonnant contraste entre mes cheveux noirs et mes yeux bleus, le tout du plus naturel qui soit. J’arbore toujours pour cette raison une frange sur le front.
Donc, comme par politesse on ne refuse rien à une invitée qu’on désire mettre dans son lit, je me suis laissée faire quand elle balaya ma frange d’un doigt. Son regard dans le mien dénonçait sa fébrilité.

Le baiser me surprit par sa profondeur, sa langue fouilla ma bouche avec passion. Ariane ne m’accordait pas un baiser amoureux, elle m’embrassait par pur désir sexuel. Ses mains trahirent l’impatience, encourageant les miennes à la dévêtir autant qu’elles me débarrassèrent de mes propres vêtements. L’instant du déshabillage revêt d’habitude une importance particulière dans le processus de mon excitation, il passa cette fois inaperçu, et on se retrouva nues en quelques secondes. Tant pis, j’allai répondre à la sollicition pour enfin me régaler de son corps jeune et ferme.
Prenant l’initiative, je glissai une main sur ses petites fesses dures et l’autre sur ses seins tendus tandis que ma bouche butinait son cou. Son parfum léger mêlé à l’odeur naturelle de nos cyprines m’enivrait. Rarement j’avais atteint aussi vite un tel degré d’excitation. Une envie impérieuse me tenaillait d’embrasser et de lécher son corps souple, de glisser ma langue dans son intimité, de me régaler de sa sève. Adepte du cunnilingus, je voulais lui offrir ce plaisir indéfinissable pas si égoïste qu’on aimerait le laisser croire.
Je repoussai doucement Ariane sur le canapé. J’allai m’agenouiller entre ses jambes quand la belle m’arrêta.
– Attends, dit-elle en s’allongeant les bras contre son corps, les cuisses fermées. Caresse-moi en me regardant.
Le rauque de sa voix m’émut. Pourquoi ne pas lui offrir ce plaisir particulier ? Je m’assis sur le sofa à hauteur de sa hanche, et fit rouler un téton qui durcit encore entre mon pouce et mon index. Ariane stoppa de nouveau mon élan.
– Pas comme ça, branle-moi.
Ce mot me surprit, même s’il n’avait rien d’ordurier dans sa bouche, il témoignait du désir puissant de me voir accomplir un geste particulier. Curieusement, l’idée de jouer à touche-pipi comme une gamine à la recherche de ses premiers émois me troubla davantage que je ne l’aurais cru. Aussi je m’appliquai à la satisfaire sans attendre.
Un doigt caressant sa vulve brûlante, le pouce sur son clito, j’approchai mon visage du sien, les yeux dans son regard brillant. Ses nymphes délicates s’ouvrirent, appelant une caresse plus intime encore. Son vagin vorace happa mon doigt tandis que son bouton durci vibrait sous la stimulation.
La bouche ouverte, le corps tendu, Ariane ne chercha rien d’autre. Elle se laissa aller sans retenue. Le clapotis de mon doigt dans son antre trempé provoquait ma propre excitation, il me fallut me retenir pour ne pas me toucher en même temps que je la masturbai copieusement désormais. Je lisais sur ses traits la montée d’un plaisir rapide, animal, et je me surpris à aimer.
Rien d’autre qu’une caresse, un doigt en elle et un autre sur son bouton d’amour, la brûlure sur mes lèvres de son souffle précipité, une simple branlette me ramenait à la source, je redécouvrais le berceau de la sexualité pure. C’en était déconcertant.
Soudain, sans prévenir, Ariane arrondit la bouche, ses narines se pincèrent, ses yeux se révulsèrent. Une plainte accompagna les contractions de son intimité sur mon index. La belle jouit intensément, sans tricher, dans un feulement rauque instinctif.
Chacun de ses pores expulsa son orgasme comme un cadeau qu’elle tenait à m’offrir.

Contre toute attente, son attitude resta la même pendant le dîner froid prit dans le salon. Sa jouissance n’avait en rien altéré son innocence, j’en fus ravie. Aucune de nous ne songea à se rhabiller, comme deux copines adeptes du naturisme décomplexées par nos corps, sans équivoque. Psychologie féminine oblige, le processus de séduction (particulièrement chez les femmes entre elles) devait être repris depuis le début pour aboutir de nouveau au désir. Notre libido est ainsi faite.
Regards, effleurements, caresses éthérées, baisers, on prit le temps de faire monter la température.

On fit l’amour ensuite, dans la position des « ciseaux verticaux », le bassin emprisonné dans les jambes écartées de l’autre, intimité contre intimité. Chacune appuyée sur une main, il nous en restait une pour caresser les seins et toucher le bouton de son amante. J’aime beaucoup cette position car elle permet de lire les émotions dans le regard de sa partenaire. Notre plaisir monta ainsi lentement, pleinement.
Plaisir oui, mais pas d’orgasme.
On se retrouva tête-bêche, Ariane sur moi léchant mon intimité avec avidité tandis que je me régalais de la sienne. Notre cunni partagé fut très long et très doux. On se repaissait l’une de l’autre en prenant garde de ne rien précipiter, de ne rien perdre de la magie de l’instant. On se guida mutuellement afin de s’offrir un plaisir maximum. Malgré son jeune âge, mon amante semblait apprécier de fouiller ma vulve avec sa langue, ce que j’avais de plus secret, son souffle chaud sur mon anus comme la caresse d’un vent d’été.
Quand elle arriva enfin au point de non-retour, Ariane pinça mon clito. Mon orgasme accompagna le sien, que je sentis plus profond que son premier, même s’il fut moins animal. Cette fois son offrande régala mes papilles, mon amante s’appliqua à ne rien perdre de ma propre jouissance.
Bien sûr, nous les femmes n’éjaculons pas au sens propre du terme, mais j’aime sentir dans la bouche la cyprine de mes amantes, que je reçois comme un hommage particulier. Nous cessâmes vite de stimuler nos clitoris pour éviter de les rendre douloureux, on resta un long moment cependant sans bouger, le souffle court, la bouche collée à l’intimité de l’autre.

Plus tard dans la nuit, ce fut à moi de lui demander une branlette rapide et brusque. J’avais envie de ressentir cet émoi qui l’avait bouleversée littéralement. Elle s’appliqua à me masturber sans fioritures, heureuse de m’accorder ce plaisir. Mon orgasme vint vite, presque trop, d’une violence à laquelle je ne m’attendais pas.
Puis on s’endormit dans les bras l’une de l’autre.

La gay pride 2012 devait me laisser un souvenir particulier, qui m’émeut encore aujourd’hui.

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