Ma Première Fois, Souvenir Impérissable
La toute première fois nest pas la plus facile à raconter. Bien sûr les souvenirs restent vivaces parfois pour toujours, mais la somme des impressions (parfois contradictoires) est tellement énorme que la relater relève dun exercice de haute voltige.
Aussi, quand la nature commande que votre attirance se porte sur les personnes du même sexe que vous, trouver les mots savère compliqué afin de ne froisser aucune susceptibilité.
Quelques éclaircissements sur mon histoire personnelle simposent. Je suis née dans un village de 3000 habitants de la campagne orléanaise. Jai très tôt compris que jétais attirée par les filles, mais lhomosexualité à la campagne reste synonyme de rejet social. Chez nous les mots « gouine » et « pédé » étaient une insulte suprême. Alors que jétais en seconde, la famille déménagea à Paris pour raisons professionnelles (la mutation de mon père). Bien sûr, personne au lycée ne connaissait mon orientation. Mais je compris de suite que la capitale allait me permettre de mexprimer sentimentalement.
Jai rencontré Aline dans un bar-tabac proche de lHôtel de ville à Paris, non loin du Marais. Je fréquentais à lâge de 16 ans ce quartier réputé pour ses lieux de rencontre homosexuels, dans le but dobserver les couples lesbiens, trop timide pour draguer et trop peureuse pour me laisser approcher. Mon physique me donnait plus que mon âge, je pouvais donc mimmiscer dans ce milieu festif sans provoquer de remous. Mais jappris très vite à commander autre chose quun Orangina, sous peine dêtre tout de suite repérée et cataloguée comme une gamine.
On fit connaissance tandis quun groupe de buveurs invétérés avait intégré notre présence passive, nous servant à chaque tournée comme on arroserait une plante, sans rien lui demander que dêtre là. Un des soiffards se retournaient parfois sur nous : « Ça va, les filles ? » Un simple sourire suffisait et le gars se retournait vers ses copains. Pendant ce temps, seules à une table, Aline et moi discutions.
Bientôt la porte de son appartement se referma sur nous. Elle avait mon âge, lycéenne aussi, jolie fille aux longs cheveux châtain clair. Ses parents étaient absents pour le week-end, comme les miens. Pourtant, notre liberté commune avait un goût amer. Sa tristesse venait dune dispute avec son copain, la mienne de ne pas avoir de copine. Lébriété délia nos langues, abrutit nos esprits, laissa nos corps alanguis, en attente. En attente de quoi ?
Après un dernier verre, prolongement logique du début de soirée, notre étreinte amicale se transforma en étreinte amoureuse. Mais une première fois reste une première fois. Nana attirée par les nanas, je nen restais pas moins vierge. Aline, du genre hétéro, se jetait dans mes bras à cause de lalcool. Quelle situation irréaliste !
On se déshabilla mutuellement, maladroitement. Combien de fois avais-je imaginé cet instant ? Ses formes légères dadolescente tiraient vers larrondi subtil. Je me souviens de ses seins pas très gros, tendus, aux petites aréoles claires. Mes doigts agacèrent les tétons sages qui trahirent vite leur sensibilité féminine. Je les embrassai timidement, les sentant durcir sous ma langue.
Puis je descendis le sillon dun duvet très fin jusquau nombril, au milieu du ventre musclé. La tonicité à travers sa peau ressemblait à la mienne lors de mes séances de masturbation. Le dessin dun ventre joue un rôle dans mon processus personnel dexcitation.
Enfin, mon regard se focalisa sur son mont de Vénus recouvert de fins poils châtains. Heureuse quAline ne soit pas épilée, que son intimité ressemble à celle dune femme et non dune gamine pré pubère, ma joue tomba sur son bas-ventre. Mes doigts tremblants fouillèrent la toison douce. Son sexe était proche maintenant, trempé sans doute car une odeur particulière de cyprine menivra. Il me manqua le courage de lembrasser.
Le souffle court prouvait lémoi de ma belle alanguie. Cependant, la peur de décevoir métreignait au moment daller de lavant. Aline le devina, elle se redressa sur un coude et me sourit.
« Viens. »
Ayant attrapé ma main, elle mentraîna dans sa chambre comme deux copines prêtes à faire une bêtise en labsence des parents. Nétait-ce pas la réalité ? Avec un mec je me serais allongée, jaurai ouvert les cuisses et attendu. Oui, mais je nétais pas avec un garçon. Je sentais au plus profond de moi que je devais agir, ne pas rester spectatrice de mon désir.
Aline sagenouilla sur son lit dans une position aguicheuse, une main enveloppant ses seins, lautre relevant ses cheveux en chignon. Je minstallai face à elle dans la même position. Nous avions davantage lair de deux gamines en train de samuser que de deux filles prêtes à faire lamour. Mon imitation de sa posture lamusa, la tension retomba un peu. Nous en serions sans doute restées là si son sourire ne sétait effacé. Rattrapée par la morosité due à la dispute avec son copain, Aline se colla contre moi.
« Laisse-moi faire. » me souffla-t-elle à loreille. Rien dautre ne pouvait débloquer la situation.
Ses mains batifolèrent sur mon corps, comme je lavais fait dans le salon, à la différence que ses attouchements se transformèrent vite en quelque chose de plus concret. Javais câliné sa poitrine, elle caressait la mienne. Javais embrassé ses seins, elle téta les miens de façon appuyée. Le désir revint aussitôt, avec la certitude daller au bout cette fois. Une de ses mains sur mon sexe me tira un hoquet. Javais percé mon hymen lors dune masturbation un peu brusque, Aline allait prendre ma virginité.
Mon amante ouvrit mes grandes lèvres avec ses doigts et les maintint écartées, la sensation me troubla. Lindex de son autre main longea mon sillon intime sans y pénétrer jusquau capuchon quelle sollicita dun coup unique.
On se masturba mutuellement ainsi, agenouillées face à face, en se regardant dans les yeux, jusquà la montée dun plaisir diffus semblable à celui obtenu lors de mes jeux en solitaire. Cétait bon, mais cela faisait-il de moi une femme à part entière ? Certainement pas.
« Tu as déjà léché un minou ? » Dans mon esprit de jeune campagnarde ignorante, le cunnilingus était la caresse obligée des lesbiennes.
Sans répondre, Aline mallongea sur le lit pas encore froissé. Mon corps se liquéfia, jallais connaître le grand moment.
Une main suivie dune langue agile glissa dans mon cou. Mes petits seins sanimèrent sous les caresses et les baisers. Mon corps réagissait, apprenait. La bouche badina sur mon ventre durci, le provoqua tandis quun doigt jouait dans ma toison. Mon souffle court traduisait le désir de lhommage qui allait suivre. Aline joua de la langue dans mon nombril puis encore sur mes seins avant de membrasser à pleine bouche. Mon bassin se soulevait comme une invite, mes plaintes dimpatience se perdaient dans sa gorge.
Sa bouche de nouveau à laventure, jallais hurler au supplice quand une main couvrit mon minou. La douce brûlure marracha un petit cri.
« Han ! »
Mon amante, comprenant mon désir, se glissa entre mes jambes écartées. Sa langue joua dans mes poils pubiens puis traça un sillon humide le long de mes cuisses tremblantes de longues seconde encore. Elle nosait pas. Mais je savais que de son audace dépendait la mienne.
Enfin mon sexe souvrit, et Aline se perdit dans mon jardin secret. Elle fouilla ma vulve avec lenteur, lucide de son pouvoir. Sa bouche vorace ou humble me guidait sur les écueils de la déraison. Sa langue agaça chacune des terminaisons nerveuses de ma grotte trempée qui soffrait pour la première fois.
Ses doigts sactivèrent, lun dans ma vulve, un autre à découvrir mon bouton damour. Mon corps acceptait la soumission, secoué de spasmes. La bouche me quitta une seconde
« Tu veux mon doigt plus profond ? »
« Non, continue comme ça. »
Aline ne se fit pas prier. Elle avait hésité, je la sentais maintenant heureuse de me prodiguer cette caresse buccale synonyme pour moi dacte sexuel lesbien à proprement parler. Combien de temps dura ce manège ? Je ne saurai le dire. Le plaisir monta. Pas un soulagement incertain comme dans mes séances de masturbation, mais quelque chose de plus profond. Jen avais envie, pourtant je souhaitais retarder léchéance pour mieux profiter du bonheur de cette langue dans mes replis intimes.
Jinterrompis Aline et me glissai tête-bêche sous elle, les yeux ouverts. Si javais joui avant, je naurai certainement pas osé lui rendre cette caresse. La vision de la nacre rose de son minou si semblable au mien mémut. Pour moi, cet instant était crucial. Mais il y avait loin de la coupe aux lèvres, aussi je me contentai de timides baisers sur le pourtour de ses grandes lèvres. Son odeur menivrait, pourtant je nosais toujours pas.
Mon amante se redressa en position assise sur mon visage, sans cesser de me caresser dune main. De son autre sur son sexe, elle entreprit de me conseiller.
« Passe ta langue là, doucement
Ta langue plus haut, oui
Cest bon
Lèche-moi là
Comme ça
Mets un doigt
»
Surprise de mon pouvoir, je découvris le plaisir doffrir. Aline cessa de parler, les réactions de son corps suffirent à me guider. Jaccélérai le mouvement de mon doigt en elle, ma langue débusqua son clito à peine saillant de sa membrane, ses halètements me survoltaient, son jus âcre me saoulait. Sans jamais avoir couché avec un garçon, je compris que toujours jaimerai lécher le sexe dune fille, parcourir de ma langue les pétales de sa fleur damour.
Certaine que je nallais pas marrêter avant de lui avoir donné son plaisir, Aline se concentra de nouveau sur le mien. Elle aspira mon bouton, alternant la force de la succion et la douceur du coup de langue pour ne pas me faire mal.
Une boule de feu naquit dans mon ventre, se propagea à tout mon être, rien naurait su me retenir. Remplaçant sa langue par son pouce sur mon clito, son index toujours en moi, Aline colla sa bouche ouverte à mon sexe béant.
« Ho ! »
La boule de feu explosa. Un orgasme puissant irradia mon être. Mon corps se livrait davantage aux caresses prodiguées par une autre, il se libérait maintenant. Le concept du plaisir tendait vers une dimension parallèle, hors du temps et de lespace. Lenivrement justifiait un abandon total, jusquà aimer la douleur de me mordre la lèvre inférieure afin de retenir un cri. Mon amante continua de fouiller ma vulve jusquà ce que mes mains tremblantes la supplient darrêter.
Je repris mes caresses sur le corps dAline, cette fois mon doigt sur son bouton et ma langue dans sa grotte. Sa jouissance me surprit, aussi puissante que silencieuse, juste exprimée par un feulement.
Je ne pus mempêcher de réfléchir dans la douceur qui suivit ce moment de passion balbutiante. Ce ressenti navait rien du banal contentement de « lavoir fait », il apparaissait comme le chaînon manquant, le rituel à accomplir qui me permettait denvisager lavenir. Je devinai cette première fois comme le prélude à un opéra quil me restait à écrire.
Le fait quAline retourna le lendemain vers son copain navait aucune importance. Pas de coup de foudre entre nous, ni malentendu ni malaise, moins encore de mensonge. Elle cherchait la libération, moi la révélation. Toutes les deux avions obtenu satisfaction.
Jignorais encore ce quétait la gay pride ; pourtant, je marchais le long des quais la tête haute ce matin de mai, fière, avec rivée à lâme cette arrogance légèrement teintée de fatalisme devant linéluctable. Ma conscience pouvait se réveiller : jétais lesbienne.
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