Sex-Shop
Le temps gris et le vent frais mont fait abandonner lidée de déjeuner sur un banc du parc comme jen avais lintention en quittant lagence.
Accompagner mes collègues au café en bas du boulevard ne me tentait guère non plus et jai décliné dun geste leur invitation en méloignant dans la direction opposée.
Hasard ? Pas vraiment. En mangeant mon sandwich préparé le matin, je me dirigeais résolument, sans décision réfléchie, vers la rue du Dahomey.
Le sex-shop ne ferme pas pendant lheure du déjeuner et il est plus fréquenté que le matin ou laprès-midi ; je préfère être anonyme au milieu dautres visiteurs de la boutique que me retrouver seule à déambuler entre les présentoirs.
Je navais aucune intention dachat, aucun but réel, sinon comme souvent assouvir ma curiosité et me livrer à mon jeu favori, imaginer une histoire à ceux que je rencontrerai.
un couple au rayon lingerie, jimaginais leur fantasme, elle en tenue dinfirmière, lui jouant au malade
un homme penché sur les godemichets, comparant leurs dimensions, indécis, je limaginais mal pourvu, voulant offrir à sa compagne des sensations fortes quil ne pouvait lui procurer
une dame seule, qui semblait gênée, regardait autour delle, hésitait à sarrêter devant tel ou tel rayon, qui souvent revenait dans lallée juste à gauche, enfin sarrêtait, je limaginait vivre seule, divorcée, en manque, recherchant comment agrémenter des soirées trop longues où sa solitude criait de désir, que peut-être, ces plugs quelle manipulait en jetant autour delle des regards inquiets
Des bêtises. Des histoires de vie inventée. Mes fantasmes à moi que je plaquais sur dautres, peut-être.
Un homme tenait la caisse ; trois autres déambulaient entre les rayons, la quarantaine pour deux dentre eux, le troisième plus âgé ; un jeune couple chuchotait et riait en se tenant le bras ; une très jeune-fille accompagnée dune dame aux cheveux gris fouillaient des yeux les étagères des films ; une femme seule se tenait accroupie devant une vitrine où je savais exposés des bijoux intimes destinés aux hommes.
Jai choisi celles dont la présence me paraissait ici le plus improbable, cette dame âgée au visage fermé et la jeune-fille qui se tenait à ses côtés, dix-huit ans ? à peine, sans doute moins.
La jeune-fille se tenait légèrement en retrait, les bras pendants, ses mains noués devant elle sur sa robe droite col Claudine qui masquait ses genoux, socquettes blanches et souliers vernis à talons plats. Ses cheveux blonds étaient tirés en arrière, relevés sur la nuque et attachés dun élastique en une courte queue de cheval. Elles parcouraient des yeux les étagères des CD sans jamais se fixer, comme indifférentes.
La dame âgée, la soixantaine sans doute, plus petite que la jeune fille, ne semblait pas non plus très intéressée par le rayon. Elle tenait sur son bras replié un manteau gris et un sac à main noir dont les anses étaient passées autour de son poignet, son autre main levée à son visage, index barrant ses lèvres. Elle portait un chemisier blanc boutonné jusquau col et une jupe plissée grise.
Ce sont elles que jai décidé dobserver.
Sans doute trop décart dâge pour être mère et fille. Sa grand-mère ? Elle aurait accompagné ici sa petite-fille, pour laider à démêler les questions de son âge sur la sexualité, choisir avec elle lun de ces films exposé sur le rayon ...
Sa gouvernante ? Une jeune-fille de bonne famille, élevée dans lignorance des choses de la vie, que des parents trop occupés aurait confié à une duègne chargée de faire son éducation
Elles ne ressemblaient ni lune ni lautre à ceux ou celles quon voit habituellement dans ce genre dendroit. Des couples souvent joyeux, des hommes au regard fuyant ou dautres cherchant là une rencontre, des femmes seules, souvent la trentaine passée, sachant ce quelles cherchaient et focalisé sur le rayon, se décidant vite là où les hommes hésitaient plus longtemps.
Elles, navaient ni le profil ni lattitude des personnes que je rencontrais habituellement ici.
Et moi ? Visiteuse atypique sans doute. Moi je venais imaginer des histoires en observant.
Le couple était à la caisse pour régler ses achats, deux hommes venaient de quitter le sex-shop les mains vides, la dame sétait redressée, attendait derrière le couple que lhomme à la caisse se libère et vienne ouvrir la vitrine fermée à clé où elle avait choisi ce quelle cherchait.
Jétais tenté de me poster dans lallée pour voir ce quelle avait lintention dacheter quand jai remarqué le geste de la dame âgée : elle sest avancée vers les rayonnages et a pris un film de sa main libre, puis sest dirigée vers le rayon au fond de la boutique, poussant devant elle la jeune-fille dune main dans son dos.
Ah ! Ni grand-mère, ni tante, ni duègne ! Ce rayon là où elles se dirigeaient maintenant que lhomme qui y était avait quitté la boutique était celui des accessoires SM.
Un frisson, un sourire. Lhistoire trouvait son cadre. Ces deux-là constituaient peut-être un de ses couples improbables associés par une sexualité compliquée, faite dordres et dobéissance, dexigences et de soumission ?
Mais comment construire une histoire sur des choses mal connues ? Continuer à observer, rester discrète.
Un trop long moment, je me suis absorbée dans la lecture des étiquettes de flacons de produits prétendument aphrodisiaques, des ingrédients aux noms ronflants, des effets extraordinaires vantés. Celles que jobservais disparaissaient derrière le rideau rouge tout au fond de la boutique. Je les avais perdues.
Elles partaient vers ces cabines de visionnage que je navais moi-même jamais eu lenvie de voir lors de précédentes visites, les imaginant tristes et glauques.
Jétais déçue, privée dune bonne histoire à imaginer, quand lhomme qui tenait la caisse ma adressé un signe de la main linvitant à le rejoindre.
Il a contourné le comptoir à mon approche et en me montrant le rideau rouge dun mouvement du menton, un sourire aux lèvres en croisant mon regard, il ma dit : « Vous êtes invitée, si vous le souhaitez .
Etonnée ? Cest un euphémisme ! Javais du mal à comprendre. Lhomme ma quittée sur un haussement dépaules : « A vous de voir ! », et ma tourné le dos, me laissant plantée là.
Sans doute navais-je pas été aussi discrète que je le croyais ! sinon à quoi rimait cette
invitation ?
Mais les rejoindre ? Ces deux femmes
quest-ce que je risquais ! Et bien sûr, jai toujours été curieuse
Il restait encore 30 minutes avant que je ne doive retourner au travail !
Ma main tremblait malgré tout un peu quand jai écarté le rideau ! Un couloir sombre au-delà, deux rideaux ouverts à ma gauche, de petites pièces, comme des cellules. Je me surprenais à marcher sur la pointe des pieds, à retenir ma respiration. Pourtant jétais invitée
mais à quoi ?
Par lentrebâillement du troisième et dernier rideau, je voyais un rai de lumière qui barrait la moquette du couloir. Jai écarté le rideau dune main. La plus âgée des deux me regardait, ma adressé un signe de tête, a fait un pas pour refermer le rideau dans mon dos quand je suis entrée.
La jeune-fille se tenait comme dans la boutique derrière elle, visage baissé et ses mains nouées très bas.
La cellule était étroite, une sorte de bat-flanc étroit sur un côté, au fond un écran où une femme nue se caressait allongée sur un lit, certainement le film quelles avaient pris sur une étagère du sex-shop. La petite pièce nétait éclairée que dune mauvaise ampoule nue située au-dessus du rideau et jetait une lumière froide dans la pièce.
La plus âgée des deux sest mise en retrait dans un coin de la pièce, poussant de la main la jeune-fille dans lespace entre le mur et la banquette.
Pas un mot, pas un sourire, et le seul regard que jai croisé était celui de la dame qui se tenait dans lombre près de lentrée. Elle avait posé son manteau et son sac à main au pied de la banquette.
« Marie ». Une voix sèche, rauque, sans intonation.
Marie devait être la jeune-fille, qui dénouait ses doigts et levait les bras pour abaisser sur sa nuque la fermeture éclair de sa robe, sapprochait de moi ensuite et me tournait le dos.
Elle a fait glisser la robe à ses pieds et la soigneusement pliée avant de la poser sur la banquette.
Elle portait une culotte blanche de coton qui paraissait trop grande pour elle, remontée haut sur sa taille et emboîtait ses fesses où elle formait des plis. Son dos était barré dune large bande de tissu grossier blanc.
Elle sest à nouveau approchée de moi, les yeux baissés. La large bande de tissu senroulait autour de son buste, suffisamment serrée pour ne laisser apparaître aucun volume, si ce nest les bourrelets de chair sous ses bras et sous ses côtes. Elle a dressé ses bras au-dessus de sa tête et ma une nouvelle fois tourné le dos, révélant lépingle à nourrice qui maintenait la bande de toile qui enserrait son torse.
Inutile cette fois de demander quelque permission que ce soit à la dame dans mon dos, qui sans doute naurait pas été plus explicite que la première fois.
Jai ouvert lépingle et pris dans mes main le pan de toile libéré, que jai enroulé dans mes mains au fur et à mesure que Marie tournait sur elle-même.
Je nai pas compté. Une dizaine de tours je crois, avant que Marie ne soit libérée.
Jétais sidérée de voir apparaître des seins plutôt volumineux, marqués comme son dos de profondes stries rouges laissées par la bande qui les avait maintenus écrasés.
En réflexe, javais envie de prendre mes propres seins dans mes mains comme pour les soulager dune pression trop forte et trop longue. Les siens, je nosais pas y toucher.
Très haut sur ses seins, elle avait de grandes aréoles rose pâle, un petit téton au milieu tout fripé davoir été comprimé sous la grosse toile.
Marie sest écartée dun pas et après un coup dil vers
son amie ? sa compagne ? sa maîtresse ? elle ma tourné le dos et a abaissé sa grande culotte, quelle aussi elle a soigneusement pliée avant de la poser sur sa robe.
Elle sest ensuite agenouillée sur la banquette face à lécran ou une blonde sans charme ouvrait son sexe à deux mains, exposait les replis de son intimité sur laquelle la caméra zoomait lentement.
Ces images obscènes étaient dérangeantes de crudité.
Quand jai détourné les yeux de lécran, la jeune-fille sétait mise à quatre pattes sur le bat-flanc étroit, genoux ouverts, et se penchait pour poser sa joue, regard tourné vers le mur, sur ses bras repliés.
Quelle vision ! Ses fesses blanches sous la lumière blafarde levées vers nous, ses cuisses ouvertes sur son sexe.
Jaime les femmes plus que les hommes. Des sexes, celles de compagnes ou de partenaires doccasion, jai eu de nombreuses occasions den voir, den admirer parfois, mais jamais un sexe découvert pour la première fois dans un moment dintimité na eu un tel effet immédiat sur moi.
Lindécence de la vision quelle offrait, la situation sont très certainement pour beaucoup sur ma réaction.
Est-ce quil était beau ? Je nen sais rien. Cette question a-t-elle réellement un sens ? Oui, certains sexes sont beaux, esthétiquement beaux comme un visage ou un corps peut lêtre, sans doute. Le sexe de cette fille je ne sais pas.
Mais offert dans cette lumière crue entre les cuisses blanches et ses fesses en écrin, ces lèvres gonflées et charnues, épaisses, entrouvertes sur de fins voiles roses brillants, comme vernis, et ouvert dans lombre jusquà ce timide bouton rose sombre dégagé, la beauté était secondaire. Il était attirant, incroyablement attirant pour une femme qui aime ses semblables. Je me sentais honteusement aussi humide que je devinais quil létait à sa brillance, et jaurai juré que le parfum de femme qui envahissait la pièce et masquait lodeur fade de désinfectant et de parfum bon marché de la petite pièce venait de mon propre sexe.
Jamais auparavant bien sûr je ne métais trouvé dans une telle situation, et jamais non plus je navais trouvé que lindécence pût être érotique. Je nai pas de goût pour la pornographie qui au contraire me dérange. La situation ici était pourtant bien de la pure pornographie : une jeune-fille soumise et crument exposée, ce film porno dont les images défilaient sur lécran, la présence muette et pesante de la femme dans mon dos, tout concourait à ce que jaurais juré fuir quelques minutes plus tôt.
Pourtant je les avais suivies dans cet endroit sordide, poussée par une curiosité malsaine, pourtant je restais là à contempler cette fille, pourtant je sentais mes seins lourds et tendus, pourtant je sentais mon ventre crispé dexcitation et je me balançais dun pied sur lautre terriblement consciente de la tension accrue entre mes jambes des élastique de ma petite culotte et de lhumidité de mon sexe. Et je ne partais pas.
Combien de temps ? Je nen ai aucune idée. Jétais figée, le regard fixé sur le sexe de la jeune-fille, incapable de le quitter des yeux, respiration retenue, la bouche et les lèvres sèches.
La femme dans mon dos a bougé, sest approché de la banquette pour fouiller dans son sac. Elle en a sorti un gode, quelle a posé dans mes mains.
Mes doigts ce sont fermés en réflexe sur lobjet et jai baissé les yeux sur mes doigts, et ceux de la femme qui fermait ses mains sur la mienne, changeait la prise de mes doigts sur le gode, les refermant sur la base.
Jai baissé les yeux pour vérifier ce que je savais déjà du contact de mes doigts : cétait un gode long, épais, veiné, avec à son extrémité un gland plus gros que le diamètre du membre, et mes doigts se serraient sur la base faite dun simulacre de testicules qui en assurait la prise. Un gode effrayant, dune taille qui donne le frisson, dont jamais je navais usé de pareil.
Je crois me souvenir que je tremblais. Je crois. Je nai pas gardé un souvenir précis de mes émotions et de mes pensées à cet instant.
Je me souviens des mains dans mon dos qui déboutonnaient ma jupe à ma taille et en baissait la fermeture éclair, de ma jupe à mes pieds que jenjambais, de la main qui me poussais au creux des reins et du contact de mes genoux sur la surface dure de la banquette, de la main sur mon poignet qui soulevait le gode vers les reins de la jeune-fille.
Je me souviens aussi davoir vu son torse se gonfler de profondes respirations puis sa respiration se bloquer quand le gland énorme sest posé sur ses lèvres, des contractions des fesses et des froncements cadencés de son anus.
Je sais avoir gémi, jai peur que ce soit de soulagement, en sentant la femme abaisser ma petite culotte à mes genoux ; je sais navoir pas eu besoin de la moindre sollicitation pour écarter les cuisses.
De la gêne, de la honte ? Oui. Mais après. Après. En me rappelant ces instants. Et pas seulement, parce que souvent, ces souvenirs saccompagnent dune violente excitation, et la honte me vient autant de ce que jai fait, laissé faire, que de cette excitation que toujours jassouvis et de lorgasme qui vient.
Pourquoi je tremblais ? Sans doute de la taille excessive du gode que je tenais à lentrée du vagin de la jeune-fille
jai du mal à penser à elle comme étant « Marie » après ce que jai fait, ce serait trop personnel
Sans doute aussi parce que cuisses ouvertes jattendais un contact, je voulais que la femme derrière moi me touche, apaise cette tension de mon ventre de sa main sur moi.
Debout à côté de la banquette, la femme a posé sa main droite à la base du gode, la un peu redressé, et de sa main gauche dans mon dos sur mes reins elle ma faite me pencher, jusquà ce que mon ventre appuie sur le dos de sa main droite, prête à pousser sur le gode.
Pour la première fois je lai regardée, et jai gardé les yeux fixés aux siens pendant tout le temps où lentement sa main gauche descendait sur mes reins, frôlait mon anus et glissait entre mes cuisses, ses doigts durs ouvrant les lèvres de mon sexe, prenant leur place à lentrée de mon vagin.
Elle a haussé les sourcils, interrogation muette, et restait immobile, ses yeux fixés aux miens. Elle attendait.
Jai compris ? Je ne sais pas. Je ne sais plus.
Je sais seulement que jai fermé les yeux, le signe dacceptation, de reddition que sans doute elle attendait.
Elle a planté ses doigts en moi, dune seule poussée, me faisant basculer en avant, poussant de mon poids et de sa main contre mon ventre le gode entre les cuisses de la jeune-fille.
Pas un cri. Mais comme elle tremblait ! Ses fesses et ses cuisses contre mes cuisses agitées de tremblements incoercibles, son dos tendu vers moi résistant à mon poids, tout mon poids porté vers elle de mon déséquilibre penchée sur mes genoux, le corps arqué, mon ventre poussant sur la base du gode que je plantais toujours plus profond dans son ventre aux acoups des doigts qui me fouillaient, aux contractions dun orgasme violent presque immédiat, orgasme né de la violence de la situation, orgasme douloureux des doigts qui envahissaient mon vagin dune poussée constante.
Je crois, je ne sais pas, que cest sa main toute entière quelle poussait en moi tant la douleur était violente
et lorgasme pulsait, nen finissait plus, continuait à me secouer même quand elle a arraché sa main de mon ventre, que je me suis affalée sur le dos de la jeune-fille. Mes tremblements, les siens, mêlés, mon souffle hâché et ses plaintes, mes soubresauts qui continuaient à planter en elle le membre monstrueux.
Nous étions seules quand je me suis redressée.
Marie ne bougeait pas, toujours dans la même position et tremblait, tremblait tellement, en gardant sa position, le gode toujours planté en elle, les chairs roses dilatées quand les yeux noyés de larmes je lai retiré de son ventre dune lente traction, ne bougeait pas quand jai essuyé avec la bande qui écrasait ses seins plus tôt le filet de sang qui sourdait sur son périnée.
Je voulais lembrasser, effacer de baisers les larmes sur ses joues, je nai pas osé. Je me suis rhabillée, sans un mot, elle sest rhabillée, toujours muette, ma présenté son dos pour que je remonte la fermeture éclair de sa robe.
Elle a récupéré le CD et la remis dans son boîtier, la laissé sur la banquette en partant, sans un regard vers moi, à côté du gode.
Lhomme à la caisse ma appelée avant que je ne sorte, ma tendu une carte de visite : un prénom, un numéro de téléphone, pas dadresse.
Jai gardé la carte. Parfois je la sors de mon sac. Je nai pas appelé.
Pas encore.
Misa - 02/2015
Comments:
No comments!
Please sign up or log in to post a comment!