De Vos Yeux Sur Moi.
Ce sont vos yeux qui comptent. Un regard. Anonyme, inconnu, un regard que je ne croise pas, un regard qui me brûle et pique ma peau de le savoir sur moi, me fait fondre.
Vos gestes, après, les miens, peu importe, sont parfois attendus, parfois inutiles, superflus. Vos yeux sur moi suffisent.
Vous dire plus ? Je vais vous dire la découverte du pouvoir dun regard. Un peu laprès.
Regardez-moi.
Je nai pas fait exprès.
Pas la première fois.
Jétais une fille sage. Très sage. 16 ans et quelques flirts sans lendemain.
Je connaissais le plaisir qui vient aux filles à découvrir leur corps et je ny goûtais pas si souvent. Je savais à quoi ressemblent les garçons, ce quon fait et comment avec eux, sans aucune hâte à expérimenter, sans envie ou désir de plus loin que des baisers et des frôlements qui venaient avec.
Un samedi de mars.
Je croyais que cétait ma mère qui revenait, parfois elle oublie ses clés, alors en entendant le carillon de la porte dentrée, je suis allée ouvrir.
Je ne peux même pas dire que je nétais pas au courant, parce que je me souviens avoir croisé mon reflet dans le grand miroir en pied de lentrée, davoir redressé le crayon que javais planté dans mes cheveux pour les retenir. Alors oui, je savais
La grande fille brune croisée dans le miroir de lentrée, en courte nuisette de satin blanc à fine bretelles gentiment soulevée par les seins nus, juste assez courte pour laisser bien visible le petit triangle blanc entre les jambes obscurci de boucles noires, cétait moi, pas de doute, encore en tenue de nuit bien quil soir 10 heures passées
jai ouvert la porte
cétait Maxime !
Dabord jétais surprise que ce soit lui et pas ma mère, jai vu ensuite son regard qui de mon visage descendait vers mes seins et mes cuisses, remontait très vite et sans arrêt redescendait.
Il ne disait rien, moi non plus, mes joues sans doute aussi rouges que les siennes, lui qui dansait dun pied sur lautre, moi qui crispais la main sur la poignée de la porte.
Il nosait pas trop sapprocher, se penchait vers moi et moi vers lui. Cétait volontaire de sa part ? Je ne crois pas. Mais il a dû avoir une excellente vision sur mes seins dans léchancrure de la nuisette ! Il était encore plus rouge et bégayant en se redressant !
Il regardait en lair, regardait ses chaussures, le décor de lentrée, continuait à danser dun pied sur lautre en serrant dans ses mains un cahier, faisait visiblement des efforts pour ne plus poser les yeux sur moi.
Maxime, cest un copain de classe. Un petit blond plutôt timide avec qui je faisais souvent à pied le trajet jusquau lycée depuis quil habitait juste en face de chez moi, de lautre côté de la rue, lui au troisième, moi au second.
De ses mots bredouillés jai compris quil navait pas noté quels exercices il fallait faire pour le devoir de maths à rendre le lundi, quil navait rien compris de toute façon aux dernières leçons.
Le devoir de maths
cétait justement parce que je my étais attelée toute de suite après le petit déjeuner pris avec ma mère que jétais encore en tenue de nuit.
Ce qui me passait par la tête exactement à ce moment-là, je ne men souviens pas très exactement, mais la honte immédiate que javais ressentie au début avait disparue, remplacée par une sensation bizarre. Je sentais mes seins pointer sous la nuisette et une douce chaleur envahir mon ventre. A un autre peut-être jaurais claqué la porte au nez,
Maxime, je lai invité à me suivre et jai refermé la porte derrière lui. Non seulement je navais aucune crainte, mais la surprise passée, je me sentais
excitée, sexuellement excitée comme jamais auparavant. Du désir brut. Pas de lui, il nétait que prétexte. Le désir qui venait à montrer, être vue.
Dès linstant où jai fermé la porte derrière lui, je savais très précisément ce que je faisais, en toute conscience. En le précédant jusquà ma chambre je savais parfaitement la vision quil avait de mes fesses à moitié découvertes par la nuisette, je savais les élastiques qui mordaient une fesse, je savais le mince empiècement blanc sur mon ventre et ma toison visible en transparence dans laine, la transparence sur mes fesses de la culotte en fine maille de tulle.
Ce samedi de mars, par accident, jai découvert un plaisir trouble, finalement ma première véritable aventure sexuelle.
Jai joué la comédie, faisant semblant dêtre naturelle, comme si ma tenue navait rien de particulier entre deux ados. Pas un instant je nai imaginé le laisser seul pour aller me vêtir « correctement », cacher ce quen général on ne montre pas à ses camarades de classe. Au contraire, je voulais que ça dure, je voulais que dure mon trouble, sans penser au sien.
Comédie encore, dans ma chambre, jai libéré pour quil puisse sasseoir avec moi devant le bureau la chaise où étaient empilées mes affaires de la veille. Je les ai suspendues à la patère fixée au mur, levant haut les bras pour sentir la nuisette remonter bien au-dessus de la taille de ma petite culotte, consciente de mes fesses quasiment nues, et ensuite encore, je me suis agenouillée sur mon lit pour tirer la couette jusquen haut, comme si les draps froissés de ma nuit démontrait trop dintimité.
Je sentais ses yeux sur moi, je brûlais.
Quand je me suis enfin assise à côté de lui devant le bureau, lui aussi brûlait ! Il nosait pas me regarder, se tenait les mains nouées devant lui coincées entre ses genoux, ses joues cramoisies.
Les signes dexcitation des garçons, je savais les reconnaître, pour avoir vu le slip de bain dun petit ami se déformer après un baiser sur la plage, et entendu au lycée les garçons, quelques filles aussi, en plaisanter en mots suffisamment crus, et lérection de Maxime ne ma pas échappée.
Pauvre Maxime ! Ce jour-là il a dû être au supplice, et je comprends mieux maintenant que jai un peu plus dexpérience pourquoi il a disparu aux toilettes un petit peu plus longtemps quil naurait dû pour un simple besoin naturel.
Ce jour-là, je ny ai pas vraiment fait attention. Je me souviens que jétais seulement préoccupée de moi, de mes seins qui pointaient sous la nuisette et de la chaleur dans mon ventre, mesurée en son absence dune main glissée entre mes cuisses pour y sentir combien jétais mouillée dexcitation. Je venais de retirer ma main quand il est revenu, et tout le temps où nous avons travaillé jai gardé sur mes doigts mon odeur de fille sans les essuyer.
La trace humide sur ma culotte, je crois quil ne la remarquée quen partant, avant que je me lève de ma chaise pivotante.
Je ne sais pas sil avait tout compris à mes explications, sil avait réussi à se concentrer sur le devoir, mais il ma remerciée plusieurs fois en quittant la maison, et il était tout content quand je lui ai dit quil pouvait compter sur moi une autre fois sil voulait.
Après son départ
rarement mes caresses navaient abouties aussi vite
Vous nimaginez pas combien de scénarios jai construit dans les jours qui ont suivi pour que se reproduise ce qui nétait quun heureux, très heureux, accident.
De ce premier samedi, il na jamais rien dit pendant longtemps, restait toujours aussi timide, presque distant, tous les matins où nous partions ensemble au lycée, jusquà un dimanche, deux semaines plus tard où je lai vu accoudé à sa fenêtre.
Parce que cétait avec Maxime que javais découvert ce plaisir, le soir, je guettais la lumière dans sa chambre de lautre côté de la rue, regrettant quelle soit plus haute et un peu sur la droite, parce quà mes scénarios où je mexposais en intimité il fallait un témoin, il fallait des yeux sur moi, et pour témoin javais choisi Maxime
jai oublié de vous dire
peut-être pensez-vous à des immeubles, des distances où les choses seraient devinées de loin ? Ce nest pas ça du tout ! Jhabite Aix-en Provence, et notre appartement est dans une de ces rues très étroites du centre-ville, des maisons hautes aux murs ocre clair et aux volets verts.
lui à sa fenêtre. Lun de mes scénarios. Javais passé des heures dans le noir de ma chambre à guetter la lumière dans sa chambre, espérant voir son ombre se découper derrière les voilages des rideaux.
Je guettais la fenêtre de Maxime, oubliant toutes les autres fenêtres.
Dans la pénombre de ma chambre je métais déshabillée pour la nuit dos tourné à la fenêtre devant les rideaux qui volaient dans la brise, et javais vu les volets de Maxime se fermer.
Au moment où moi aussi jallais fermer mes volets, la lumière sest allumée dans lappartement en face du mien. Au milieu de ce qui semblait être un salon, une jeune femme, un homme à ses côtés, ma envoyé un baiser de la main, et sest retournée pour éteindre la lumière dans la pièce : sa manière, franche, ouverte, de me faire comprendre quils mavaient vue, épiée peut-être. Jen ai ri dabord en me cachant derrière mes rideaux, puis je me suis, un peu tard, inquiétée des autres fenêtres, tout en ressentant une pointe dexcitation à mêtre offerte à eux en spectacle et peut-être à dautres. Inquiétée
mais comme cétait bon dimaginer dautres témoins de mon intimité !
Malsain ? Un peu sans doute. La honte ressentie, après, ne mempêchait pas de recommencer souvent. Jentrebâillais les rideaux, la chambre éclairée de ma lampe de bureau, et je travaillais, parfois en nuisette, parfois en sous-vêtements, de temps en temps les seins nus. Vue ou pas, par qui, impossible de savoir, et je nessayais surtout pas de savoir. Imaginer quelquun, en face ou dans un appartement au-dessus, caché derrière un rideau me suffisait.
Une fois ou deux, en entrant dans ma chambre ma mère sest étonnée que je travaille dans cette tenue, et toujours elle tirait les rideaux, en riant parce que je risquais affoler nos voisins.
Quaurait-elle pensé si elle avait su ? Les mots associés à ma nouvelle manie, les mots les plus durs, venaient de ceux que jimaginais dans la bouche de ma mère.
Maxime na jamais fait la moindre allusion à sa première visite. Première, parce quil y en a eu dautres. Jamais je naurais cru au début de lannée attendre avec autant dimpatience les devoirs de maths à faire à la maison ! Cétait le prétexte quil avait trouvé à ses visites du samedi matin, mon prétexte aussi. Jy étais toujours prête, comme à un rendez-vous, souvent dans la même tenue que la toute première fois.
Jai fini par comprendre pourquoi il sattardait aux toilettes à chaque visite, à la fois attendrie et amusée quil ne soit pas « seulement victime » de mon jeu alors que je ne pensais que peu à lui.
Avant les vacances de printemps, il est venu un samedi matin avec un cahier de dessin, quil a posé sur mon bureau sans rien expliquer, et on sest mis au travail. Si je navais pas été curieuse pendant quil peinait à faire lexercice que je venais de terminer, je crois quil serait reparti avec son cahier de dessin sans rien dire.
Il retenait son souffle, je voyais son crayon trembler dans sa main pendant que je feuilletais le cahier. Sur toutes les pages, moi ! Des dessins me représentant moi !
tenant ouverte la porte dentrée le premier jour où il était venu
penchée sur mon lit
debout à la fenêtre, habillée comme je me présentais à lui.
Sur la dernière page, en traits à peine esquissés, il mavait représentée allongée de dos dans ma tenue habituelle quand il venait, une jambe repliée, la culotte dévoilant en partie mes fesses, le fond de la culotte entre mes jambes étirée, un doigt dépassant de lélastique de la culotte sur la cuisse. Il mavait représentée en train de me caresser, ce que bien sûr je navais jamais fait devant lui !
Il baissait la tête, sa jambe gigotait de nervosité. Jai posé le cahier sur le bureau et je me suis levée. Jai ouvert le lit en repoussant la couette au pied et je me suis allongée face au mur, à peu près dans la position où il mavait dessinée. A peu près
Jamais encore, sauf sa joue contre la mienne pour les trois bises pour nous dire bonjour le matin ou quand il venait à la maison, il ne mavait touchée, ni même effleurée de ses mains. Dautres garçons en arrivant au lycée me prenaient par le cou où glissaient un bras sous le mien, lui jamais. Ce jour-là, si.
Il a déplacé lélastique de la culotte sur une fesse et la abaissée un peu dans mon dos, à arrangé les plis de la nuisette soulevée, ramené sur mes épaules une mèche de cheveu et sest arrêté là, nosant pas, hésitant au dernier détail qui rougissait mes joues et faisait battre mon cur plus vite.
Jai glissé la main dans ma culotte, posé lindex sur le pli de la fesse entre mes jambes en soulevant lélastique.
Je nai plus bougé, il na rien dit. Jentendais le léger grattement de son crayon sur le papier. Je sentais sous mes doigts la chaleur de mon sexe. Je crois quun orgasme maurait saisie si javais ne serait-ce quà peine bougé mes doigts, incapable cependant de rester totalement immobile, incapable de contrôler les petits spasmes qui contractaient mon ventre, répandant sur mes doigts des coulées chaudes dont le parfum montait jusquà moi.
Depuis sa première visite, je jouais à me montrer à lui, pour le plaisir de montrer, et cette longue séance de pose me comblait au-delà de mes jeux habituels. Jétais offerte à son regard, totalement, exposée, objet.
Il ma enfin libérée, me disant dune toute petite voix quil en avait terminé.
Je me suis redressée puis assise au bord du lit. Sans croiser mon regard, les joues cramoisies et le sourire tremblant.
Je crois bien que cette fois-là, jétais aussi rouge que lui. Depuis quelques temps javais compris quel effet nos « rendez-vous » avaient sur lui, et je savais de ce jour quil nétait pas dupe lui non plus du plaisir physique que jy trouvais.
Il a beaucoup dessiné pendant ces vacances. Et sur aucun des dessins de son cahier on ne voit mon visage, toujours il me cachait, sous un bras levé, sous mes cheveux, sous un pan de drap. Le seul portrait quil ait fait, il a découpé la page et me la donné.
Pour toutes ces séances de pose, cest lui qui choisissait les positions que je devais prendre, me guidait de gestes timides et retenus, rarement de la voix. Je nai jamais posé entièrement nue pour lui. Je laurai fait sans doute, mais il ne me la jamais demandé.
Le dernier jour des vacances, en fin de matinée, jai feuilleté les deux cahiers de dessin, certains à lencre de chine, la plupart au fusain, noir ou ocre. Il était devant le bureau, me tournait le dos, comme inquiet de ma réaction parce que toujours après la première fois javais refusé de regarder ses dessins.
Je navais rien prémédité, et je crois bien que je ny avais jamais pensé avant : jai glissé mes bras sous les siens et jai posé les mains sur son pantalon, où souvent quand on travaillait ensemble je voyais sa réaction de garçon à mon exposition, cette érection dont javais deviné quil se soulageait discrètement aux toilettes en prétextant un besoin naturel.
Jai ouvert son pantalon et jai écarté la taille de son slip pour le prendre dans ma main. Il était chaud, dur, et jétais maladroite à tenir dans ma main pour la première fois un sexe de garçon. On est restés longtemps comme ça, moi appuyée contre son dos et lui les doigts crispés au bord du bureau, respiration tantôt bloquée tantôt relâchée en soupir quand je bougeais doucement mes mains sur sa verge et plus bas entre ses jambes.
Je lai entraîné vers le lit où je me suis allongée sur le dos en lattirant sur moi. Cétait la première fois pour moi, la première fois pour lui. A 16 ans jai perdu ma virginité sans regret, sans douleur, sans plaisir non plus cette première fois, et cest la seule fois où Maxime et moi avons fait lamour.
Lhistoire est finie ? Presque. Je vous ai dit comment les choses ont commencé, pourquoi ce sont vos yeux qui comptent, vos regards, anonymes, des regards que je ne croise pas, qui brûlent et piquent ma peau de les savoir sur moi.
Les gestes après, peu importe, sont parfois attendus, parfois inutiles, vos yeux sur moi suffisent.
Ils me suffisent à moi, suffisent à mes plaisirs solitaires. Maxime était un garçon très spécial, lui na jamais exprimé ouvertement de désir pour moi, ne ma jamais demandé daccompagner son assouvissement. Un garçon à part.
Maxime a quitté Aix au début de lété. Avant de quitter Aix, il a voulu que je laccompagne un soir de semaine à latelier où il prenait des cours de dessin.
Son professeur, une dame dune quarantaine dannée, commentait, parfois critiquait, très souvent se tournait vers moi. Ma présence auprès de Maxime était explicite : jamais sur ses dessins on ne voyait mon visage, mais elle savait.
Je dirige cet atelier, je mappelle Marianne. Quel âge as-tu ?
18 ans.
Jai menti sans hésitation. A son sourire et sa moue, jai compris quelle nétait pas dupe :
Bien. Aimerais-tu poser pour moi ? pour notre atelier ?
A mon haussement dépaules, elle a décrit les conditions financières, la difficulté, parfois les courbatures aux longues séances de poses :
Et puis, tu dois bien te rendre compte que cest très différent que de poser pour ton petit ami.
Cest juste un copain de classe, cest tout !
Peu importe. Quen penses-tu ? Tu veux essayer ?
Jétais seule le lendemain en fin daprès-midi en me présentant à latelier, la peur au ventre depuis le rendez-vous pris la veille, mais jétais venue, sans savoir à quoi mattendre.
Marianne ma conduite dans une sorte de bureau encombré de matériel en désordre et ma demandé de me préparer. Elle attendait bras croisés adossée à une armoire, un peignoir en éponge sur les bras, à mon regard indécis, a précisé « nue ».
Ces mains sur mes épaules, elle me faisait tourner devant elle, comme on manipule un objet pour en apprécier laspect, la forme, examen impersonnel. Elle ma sentie trembler, a vu sans doute ma peau se piquer, sest inquiétée que jaie froid mais je savais à son sourire un peu moqueur quelle nen croyait rien.
Elle ma poussée dans le couloir dune main dans le dos sans me donner le peignoir, échangeant quelques mots au passage dans lentrée avec une secrétaire et deux jeunes qui ouvraient de grands yeux ébahis en me regardant, puis vers une salle où les discussions se sont tues à notre entrée.
Je nai regardé personne, je nai vu personne, je ne voulais rien voir.
Elle ma installée sur lestrade, de profil, assise à genoux les fesses sur mes talons, a appuyé sur mes épaules pour que je me penche et mécrase sur mes cuisses bras tendus, elle a étalé mes cheveux autour de ma tête, appuyé encore plus fort sur mon dos pour que je creuse les reins, genoux ouverts autour de mon torse, les bras étirés loin devant moi, a relevé mes épaules et plié mon cou vers le sol, ma dit de ne plus bouger.
Je suis restée une demi-heure immobile, le silence dans la salle nétant troublé que de quelques conversations murmurées que je nécoutais pas, de bruits de chaises, de grincements de la porte derrière moi et de craquements du plancher aux allers-venues dans la salle.
Maxime mavait habitué à ces longues séances de poses et la position nétait pas très difficile à conserver. Après un brouhaha suivant lannonce dune pause, Marianne ma dit de me redresser. La salle était vide.
Ça va ?
Oui.
Tiens, essuies-toi ! Jai déjà vu des garçons réagir comme ça, cest plus démonstratif, mais jamais encore de fille ! Eux vont sisoler aux toilettes, cest au fond du couloir, si tu veux !
Après un bref instant dincompréhension, brusquement, jai compris ce quelle voulait dire. Tout le temps où javais posé, à chaque bruit de pas sur le plancher, à chaque claquement de la porte dans mon dos, jétais parfaitement consciente de mes fesses et de mon sexe exposé, et comme parfois en posant pour Maxime, je sentais mon ventre se contracter et lhumidité venir entre mes cuisses.
Les dames quon a aujourdhui, ça les amuse plutôt, mais si tu mouilles comme ça devant mes étudiants, jaurai du mal à les tenir ! Ce sont les dames qui te mettent dans un état pareil ?
Cette question-là, je ne me létais jamais posée, et elle navait pas grand sens pour moi. Jétais pétrifiée, incapable de prononcer le moindre mot, et je sentais mes yeux se remplir de larmes et mes mains trembler sur mes genoux
Eh
pardon, je voulais pas me moquer ! Attends
calme-toi !
Cest elle qui a essuyé mon sexe dune main entre mes jambes, une main sur mon épaule. Le geste navait rien déquivoque, rien dun attouchement, pourtant jai joui comme je jouissais du premier geste de mes mains sur moi dès que Maxime partait après une séance de pose.
Marianne était tellement surprise quelle sest reculée très vite.
Du brusque orgasme qui pulsait, de la honte immédiate, je brûlais, me cachais le visage des mains, le buste plié en avant.
on arrête, si tu veux
Elle a posé le peignoir sur mes épaules.
Tiens, fais-le toi
et sur ta cuisse aussi
Jai eu un rire nerveux en la voyant me tendre un second mouchoir :
Une demi-heure encore. Ça va aller ?
Jai enlevé le peignoir de mes épaules et jai repris place sur lestrade, essayant de retrouver la position. Marianne me corrigeait, dune main ferme :
Cest bon ? Je peux les appeler ?
Je les entendues revenir, entendu les chuchotements, quelques rires échangés, je savais leurs regards
la chaleur revenait.
Bien sûr jy suis retournée. Le plus souvent je posais seule, parfois avec dautres filles, dautres fois, plus rarement, des garçons. Quelques-unes, et un garçon une fois, ont remarqué comme Marianne la première fois leffet que produisaient ces séances sur moi.
A des garçons jai cédé, dans la pièce où on se déshabillait, dans les toilettes une fois, et jamais je nai voulu les rencontrer en dehors du cours, mon plaisir ne venait pas vraiment deux, ça naurait eu aucun sens. Seule Marianne lavait compris.
Ce que jaimais aussi, que jaime encore, en plus du poids des regards, cest avant, quand elle fixe la pose, du geste plus que de la voix, quand ses mains sur moi me plient à lexigence dune position, manipulent et forcent, comme un objet de cire quelle tordrait, forcerait, objet entre ses mains sous ses yeux, réduite aux sensations, toute pudeur abandonnée, juste un corps objet, offert pour des regards étrangers.
Certains soirs, Marianne me garde après le cours, cache mon visage sous mes cheveux, sous un coin de drap, sous un bandeau parfois. Elle me plie, elle mouvre, elle pince mes seins pour les faire durcir et se dresser les tétons, forcent mes doigts en moi. Je sais lindécence quelle moffre. Elle dessine.
Ensuite, ensuite seulement je prends le plaisir quelle maccorde, quelle veut de mes mains, quelle donne des siennes plus rarement, dun garçon qui me fait lamour quelques fois, ensuite seulement elle libère mes yeux. Amours anonymes, sexe sans amour, plaisir.
Elle na jamais dit. Ne dira jamais peut-être. Son regard quand jarrive, son regard quand je pars. Elle, je sais, depuis un an que je pose pour elle.
Jai 17 ans.
Ce sont les yeux qui comptent. Le regard. Anonyme, inconnu, un regard que je ne croise pas, un regard qui me brûle et pique ma peau de le savoir sur moi, me fait fondre.
Les gestes, après, les miens ou dautres, peu importe, sont parfois attendus, parfois inutiles, superflus. Les yeux sur moi suffisent.
Jai 17 ans. Et demain ? Et après ?
Je sais lanormalité. Je sais la différence.
Je sais le plaisir, je sais la honte, je sais limpudeur, je sais les corps, le mien, mais les autres ?
Jai 17 ans et je sais les questions.
Je sais le début, accident, je sais le présent, voulu, aimé.
Et demain ? Et après ?
Misa 02/2015
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