La Fille D'En Face
La fille de la fenêtre d'en face, ça faisait longtemps que je la reluquais. Depuis l'été dernier. Depuis juillet je crois.
L'été dernier elle passait toutes ses soirées sur son balcon à téléphoner.
Et moi j'étais en face, tapis derrière ma fenêtre ouverte, à la mater.
Accroupi dans l'ombre
La main sur la bite, pour tenir au chaud et ainsi laisser mes pensées mieux vagabonder.
Avez-vous remarqué que les pensées vagabondent plus fort, plus libres, plus heureuses quand on a la bite au chaud ?
Enfin, surtout ce genre de pensées-là.
Drôle, non, cet effet que fait le geste sur l'esprit !
On aurait pu croire que ce fût le contraire, effet d'esprit en action sur le corps. Lieu d'action du corps sur les pensées...
Ben non ... c'est très exactement cela qui se produisait, mon bien-être de couilles épanouies favorisait mes songes, mes divagations oniriques à mater la silhouette fine de cette fille qui téléphonait, qui rien faisait que téléphoner longuement languissamment dans la nuit
Qui téléphonait téléphonait toujours téléphonait
En me présentant tour à tour ses seins de face de profil l'un puis l'autre puis enfin les deux, ensemble.
Et ses fesses aussi, cambrée, le pied sur l'acier forgé du balcon, deux fesses pleines qui gonflaient le slip blanc.
En fait, je ne voyais que le slip, clair dans l'obscure clarté de la nuit urbaine.
Mais le slip me suffisait, suffisait à nourrir mes fantasmes.
Blanc sur fond noir de façade
Je savais plus que je ne voyais les deux galbés et le creux entre eux deux
Le creux, sombre lui le creux, profond
Parfois elle se tournait vers moi, se retournait et j'avais devant les yeux le triangle.
Imaginez un instant ce triangle blanc clair lumineux qui faisait tache blason dau étendard face à moi dans le noir.
Je savais, enfin je croyais, le gonflé de la touffe ombre et lumière mi-clair mi-obscur tache d'aquarelle de gris sombre posée furtive sur le vergé du Canson, gonflée d'humidité, légère cloque sur le papier épais.
Ses cheveux clairs volaient sans relâche de multiples indignations, dénégations au téléphone.
Je croyais l'entendre tant elle s'agitait, mais je ne faisais que voir : lumière sans sons... J'étais déconnecté ou alors trop ailleurs.
Chez moi j'entendais le transistor qui jouait doucement Jazz dans la nuit, Frank Tenot et Daniel Filipacchi... Il m'est resté du Gershwin, Summertime ... c'était de saison et aussi du Ray Charles Georgia on my Mind.
Le soir, après dîner, quand tous dans le quartier allaient se vautrer devant leur télé, nous venions tous deux nous retrouver, elle sur son balcon, moi derrière ma fenêtre, pour nous aimer.
Elle dans ses pantomimes silencieuses le portable à la main et moi accroupi dans l'ombre tenant ma bite. L'un matant, l'autre tournant se retournant se montrant, pour être bien convenablement matée. L'un pétri de jazz, la tête pleine d'images mieux que Woody Allen au cinéma. L'autre grande légère Pierrot lunaire dansant au paradis.
Il a fallu qu'un jour un voisin ami nous présente, en toute amitié, et casse la magie.
Et vrai cela a suffit pour que le rêve s'évanouisse.
Le soir même déjà elle n'était plus au balcon et moi je n'étais pas non plus à la fenêtre pour le constater.
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