A Quoi Mènent Les Rêves !
Arrête de gigoter, je vais renverser mon café !
Cest ton peignoir, il ménerve. Pourquoi tu le gardes dans le lit ?
Jai froid.
Pose ta tasse, je vais te réchauffer !
Quest-ce que tu fous ?
Je me fais de la place
soulève-toi un peu
voilà !
Tas les mains froides
hey ! mon sein !
Oh ! ça va ! arrête de râler !
faut que je moccupe de toi, ça pique un peu, là !
Jai fait lundi
Tavais tout prévu, on dirait !
Ben
pas vraiment, non !
Cest ça, oui ! Rappelle-moi ? Tavais bien ton petit string noir et le porte-jarretelle que je tai acheté ? et tu tétais faite ta petite chatte toute lisse ? A part ça tavais rien prévu !
Hé ! Tu veux me faire mal, ou quoi ?
Tu mériterais. Je pars deux semaines en déplacement, et tu mets un mec dans ton lit !
Cétait pas dans le lit
Mouille tes doigts, au moins
Pas la peine
tu sens pas ?
Mmm
mais fais doucement, je suis fragile.
Après ce que tu mas dit, cest pas un doigt qui devrait te faire peur !
Un ?
Bon, daccord
il sennuyait, tout seul.
Doucement
Oui jolie toi
raconte-moi tout
depuis le début
on a le temps.
Si tu continues, ça va être dur !
Je bouge plus, raconte !
Lundi matin
« Comme tous les matins, le réveil a sonné trop tôt
ce nétait pas vraiment un rêve, juste un demi-sommeil, sans images rémanentes au réveil, des sensations, effacées
fichu réveil
cétait bien
un peu bizarre, inhabituel
y retourner ? trop tard
trop tard
je ne savais pas où jétais, avec qui, mais cétait plutôt « chaud »
Je savais que le moment était perdu, disparu, quil fallait me lever, dabord sortir le bras de sous la couette, au froid de la chambre, hors du cocon, couper le bip-bip insistant du réveil qui mavait volé
quoi ? je narrivais pas à me souvenir.
Je devais bouger, vite, me lever, ne pas fermer les yeux, surtout pas !
6h35. Un lundi comme les autres.
Ni bonne humeur ni mauvaise humeur, juste agacée des sensations de ce rêve qui traînait en arrière-plan dans ma tête, une impression persistante de perte. »
Et puis tu sais bien, les rituels du matin
«
les mêmes gestes tous les matins de semaine : salle de bain, peignoir, arranger mes cheveux, petit coup dil au miroir ; et puis dans la cuisine, la télé réglée sur une chaîne dinfos, préparer le café, regarder la température extérieure sur lafficheur digital, écarter le rideau
La pelouse était blanche de givre, la lumière du lampadaire de lautre côté de la rue était voilé dun halo de brume, et je distinguais à peine au-delà des arbres les lumières de la place et le clocher.
retour vers la salle de bain pendant que la cafetière crachotais, miroir encore, peignoir et t-shirt de nuit ôtés, et la douche, quelques repousses de poils sous mes doigts sur les jambes, en haut des cuisses et dans laine, les aisselles, rasées sous leau de la douche
»
Tu vois, cétait le matin que je me suis faite toute douce, et javais rien prévu du tout
et toujours en tête ce rêve, cétait bien, chaud
jétais collante sous mes doigts sous la douche
Et non, pas la peine de rigoler, jen ai pas profité pour me tripoter, pas le temps
« Emmitouflée dans mon peignoir, jai réveillé Lucie dun baiser sur la joue ; comme toujours, un câlin à plein bras, déjà un sourire et ses yeux grands ouverts aussitôt, et comme toujours son bavardage du matin qui couvre le son des infos à la télé.
Mes affaires étaient prêtes : body noir et jeans, mon pull en laine à col roulé rouge chiné de gris que taimes bien ; mes bottes en daim, foulard et blouson de cuir pour sortir. Jétais pas trop mal.
Pour Lucie un collant de laine et sa jupe écossaise, le sous-pull rouge et sa veste de laine, elle aussi des bottes en daim.
Et puis tout dun coup
Le rêve ! Le rêve est revenu ! Dans la voiture en roulant vers lécole pour déposer Lucie ! Je savais ! Cétait avec lui ! Je pensais :
« « Eh merde ! Quelle idée idiote ! Ne plus y penser ! Ne plus y penser ! Jaurai vraiment une drôle de tête si jy pense
» », et Lucie ma vue rire :
Pourquoi tu ris, maman ?
Pour rien ma chérie, pour rien !
Devant lécole, il nous regardait arriver
Il est grand , tu sais, vraiment grand, mince, des cheveux bruns très courts. Il attendait. Un duffle-coat à capuche rabattue dans le dos, le visage humide de la petite bruine froide du matin, il se tenait à côté du portail dentrée, accueillait les gamins, se baissait pour arranger une écharpe prête à tomber, brossait une tête de la main, disait bonjour à tous les s qui passaient devant lui, il a levé les yeux, plusieurs fois, il me regardait approcher.
Je pensais :
« «
souris
souris
il te regarde
pense à autre chose !
» »
Javais envie de marrêter là, sur le trottoir, dembrasser Lucie et de partir, fuir, à cause du rêve idiot.
Lundi cétait ma fille qui mamenait à lécole en serrant ma main et pas le contraire, me tirait à sa suite et moi qui navait pas envie dy aller. Elle se moquait de moi :
Tu ris encore !
Cest rien ma puce, des bêtises.
« « ouais, de grosses bêtises, arrête ça, vraiment stupide ! Fichu samedi, jamais jaurais dû accepter ! » »
Lucie me tirait derrière elle
»
Et cest là que tu vas me dire que cest la faute de Babeth ?
Non ! Un peu quand même, reconnais ! Bon, jaurais pas dû me laisser faire. Cétait idiot. Ridicule. Ces réunions de recalés de la vie en recherche dâme-sur ! Elle avait dit « Allez viens ! ça sera marrant ! me laisse pas toute seule ! ». et moi, idiote, jai cédé ! Tu la connais, tu sais comme elle insiste tout le temps !
Et comment tu cèdes à chaque fois !
Il ny a pas quà elle que je cède
à toi aussi !
Jai de bons arguments ?
Très bons
continue
continue
Et la suite de lhistoire ?
Après
tarrête pas, si tu tarrêtes je tétrangle
A ce point-là ?
Oui oui oui
Tu vas encore me faire pipi sur la main ?
Une fois
ça me la fait quune fois
continue
continue
Arrête !
A lui aussi tu lui as dit darrêter ? Cest pas ce que jai compris !
Pas le clito, arrête, ça brûle.
Et là ?
Tout doucement, sil te plaît
sinon je te raconte plus !
Le samedi précédent
« Babeth est arrivée de bonne heure, toute pomponnée, comme pour un concours de miss « comice agricole », petite robe à fleurs et châle, ses chaussures à talons, et des bagues, un collier ; toute sa quincaillerie de sortie ! Elle était toute fière « Tas vu ? jai mis des Dim-up ! ».
Ben oui, javais vu, avec sa robe trop courte, ses bas trop courts quelle navait pas réussis à remonter assez haut sur les cuisses. Difficile de ne pas voir les dentelles qui cachent lélastique de maintien, qui garrotaient ses cuisses quand elle sasseyait, sa robe qui la boudinait et remontait tout le temps.
Combien de fois on lui a dit ! Ces trucs moulants quelle adore, ça ne lui va pas du tout !
Elle avait mis ses talons hauts : « Ça affine les jambes, tu trouves pas ? »
Pauvre Babeth : cest pas ses talons de 10 centimètres qui peuvent affiner ses mollets randonnée . Elle tournait autour de la table du salon, javais peur quelle se torde une cheville. « Je mentraîne », quelle disait, jai pas insisté. Elle tenait pas en place, sinquiétait de la baby-sitter qui narrivait pas, que je nétais pas prête.
Elle ma suivie dans la salle de bain. »
Elle te suit partout tout le temps ! Tu sais comment on vous appelle, au bureau ! Laurel et Hardy !
Elle a toujours été comme ça. Au lycée, elle me suivait jusque dans les toilettes ! Pour garder la porte ! Sauf quelle la gardait de lintérieur. Je te dis pas la réputation quon avait !
Et elle continue ! Tu devrais lui dire que ça se fait pas.
Elle me suit plus aux toilettes !
Juste dans la salle de bain pendant que tu thabilles
Ouais
elle tripotait les dessous que javais préparés, étirait mon string devant sa robe « jen ai pas des comme ça », tu métonnes ! tu limagines en string ?
Je préfère pas ! et puis à sa taille, ça doit pas exister !
Cest méchant, ça.
Ça ?
Aussi, tu me fais mal.
Taime bien, dhabitude. Il tas fait mal à ton ptit trou, le monsieur ? cest lui le méchant !
et tu nies même pas !!!
Je devrais ?
Tu pourrais avoir un tout petit peu honte
le premier soir, quand même !
Cest aussi bon le premier soir quaprès ! Je vois pas le problème !
Tétais habillée comment, samedi ?
Le samedi soir
« Pantalon gris foncé à pinces, pull ras-de-cou beige chiné de noir, mon collier, mes brillants aux oreilles, jétais prête quand la baby-sitter est arrivée.
Jai enfilé mon blouson de cuir, elle son manteau, un baiser à Lucie et nous sommes parties : soirée « speed-dating » pour célibataires en mal de solitude
»
Moi, ces conneries, tu sais ce que jen pense ! Mais elle avait tellement insisté pour jy aille avec elle, javais cédé
«
et cest comme ça quà un moment de la soirée je me suis retrouvée assise en face de linstituteur de ma fille ! Jaurais dû Babeth, la pousser dans lescalier en partant dici, jaurais dû
et javais envie de menfuir, de me cacher « cest pas moi ! ya erreur ! ».
Avant lui, il y avait eu une dizaine de types qui me racontaient leur boulot, leur divorce, qui parlaient sport et vacances, qui voulaient savoir
Vraiment rien à faire ! « non non, jaccompagne juste une copine ! », cétait vrai mais cétait nul ! je pouvais pas dire ça.
Alors avec ceux davant, jai joué le jeu, en sirotant le kir au mousseux offert par les organisateurs, jattendais la cloche qui signalait le changement dinterlocuteur, je déclinais quand ils voulaient mes coordonnées, et avec impatience je guettais lheure de la fin des festivités.
Et puis la tuile ! Monsieur Joubert ! Linstit de Lucie
Un peu étonné, le gars, lui aussi ! Bon point pour lui, il ma tendu une main sèche et ferme, pas comme lescalope humide du type davant . « Jérôme ». « Julie ». »
Tas déjà eu envie de rentrer sous terre ? quun incendie se déclare ? de te pincer très fort en pensant « faut que je me réveille, cest un cauchemar ! » ?
« Lui il parlait, souriait
jentendais rien, un bourdonnement dans les oreilles.
A lui non plus, je nai pas dit que jétais là pour accompagner une copine, que sinon jamais
Muette.
Parce que bien sûr il mavait reconnue ! Agacée ! Mortifiée, en plus je voyais cette andouille de Babeth qui me faisait coucou de la main.
Muette. Et lui causait
les gamins, leurs bêtises, et Lucie, « une bien jolie petite-fille
tellement gentille
et bien élevée ! »
Ben voyons ! Il allait pas me dire « Votre fille, une vraie peste ! ». Et puis le soleil, il aimait le soleil et les vacances, ce temps pour soi, en liberté.
Comme cétait original ! Pffff
Il souriait
et moi je pensais « merde merde merde, pitié que ça finisse ! »
Javais fini mon kir, je jouais avec le verre pour moccuper les mains, je regardais les tables autour, je hochais la tête sans écouter les mots
et puis : quoi ? «
Montalivet
», quoi ? gonflé, le type !
soleil et liberté ? Montalivet ? mais quest-ce que jen avais à faire que linstit de ma fille se balade à poil lété ?
cétait destiné me charmer ? et en levant les yeux jai vu sa chemise ouverte, un peu trop, une épaisse toison noire qui sortait de la chemise sur son torse
je serrais le verre dans mes mains
à poil ! moi je voyais du poil ! du poil partout !
jessayais de regarder ailleurs « arrête ! pense à autre chose ! »
Et la cloche enfin. Fini ! Cétait le dernier !
Il souriait, avait lair content de lui, et moi je navais pas décroché un mot. Le brouillard. Il sest levé, ma laissée assise sur ma chaise, jattendais pour me lever à mon tour quil disparaisse, javais les jambes en coton. »
Tétais mûre !
Mais non ! Jétais pas mûre ! Nimporte quoi ! Jétais gênée, franchement ! Je fais ma BA pour une copine dans un speed-dating à la con et je me retrouve en face de linstit de Lucie ! Faut le faire !
Tétais mûre, je te dis.
Cest ce rêve débile
tu sais ce que je pense de ces mecs qui exhibe leur touffe de poils en oubliant de fermer la chemise, genre « visez le matos, chuis un vrai de vrai » !
Tu les aimes pas mes poils à moi ?
Ben tu les exposes pas ! Et puis ils sont blonds, et tout doux
Ils sont pas doux, les siens ?
Si
mais cest pas la question. Et puis je savais pas
« Les organisateurs semblaient contents deux, ils nous ont fait remplir un questionnaire. Il me tardait de partir.
Babeth saccrochait à mon bras, buvait, me mettait un verre dans la main, et elle jacassait : le second lui avait plu, le troisième un con, lavant dernier, elle lui avait donné son numéro de téléphone, « Et toi ? Jai vu que le dernier, tu lui plaisais, pas mal, non ?
oh si ! sûr ! il te mangeait des yeux
tu lui as dit ? ».
Jécoutais à moitié, «
que tu préfères les
» « BABETH !!! ». Jécoutais à moitié mais là, jai capté ce quelle allait dire ! Je crois que jai crié un peu fort pour la faire taire. Le type était juste derrière elle, il écoutait Babeth, mine de rien ! Et elle, elle insistait « Quoi ? Quest-ce quil y a ? Je disais juste que
» « RIEN !!! tu disais rien ! ».
Lui il se marrait. Babeth sest aperçu quil nous écoutait et elle a piqué un fard. Cest là quil a sorti un truc bizarre, dans le genre «
décidément, votre amie est très secrète, à moi elle na rien dit, et quand jallais apprendre quelque chose, elle vous interrompt ! Heureusement que sa fille est bavarde
».
Cest là que Babeth a décroché. Elle comprenait pas ce que Lucie venait faire là-dedans, tu sais comment elle est quand un truc lui échappe ! Elle fait le poisson rouge : les yeux fixes et la bouche ouverte.
Il a fallu que je lui dise quon se connaissait, que cétait linstit de Lucie. Et là cétait parti : lui, il riait, Babeth riait avec lui et minaudait, moi je plongeais le nez dans mon verre pour ne plus voir la touffe de poils qui sortait de sa chemise. Je ne voyais que ça.
Cétait pas la première fois que Babeth mentraînait dans une galère, mais je ne me souviens pas avoir eu autant envie de l que samedi !
Elle voulait quon aille prendre un verre « on va pas se quitter comme ça ! ».
Elle ma vue pâlir ? Elle sen foutait ! Complètement ! Elle continuait à battre des cils et lui avait lair tout content
Je les ai plantés là ! Je suis rentrée à la maison
Le lendemain au téléphone, elle ma engueulée dêtre partie comme ça, et ma dit quils avaient pris un verre dans un bar, quils avaient pas mal discuté, devine ! De moi ! Et elle faisait ses mystères
Sans doute à cause de ça que jai rêvé de lui.
Lundi matin les joues me brûlaient en approchant de la grille de lécole en serrant la main de Lucie, je me souvenais de mon rêve de la fin de nuit
Cétait avec lui, sur une plage, plein de monde autour et il me faisait lamour devant tout ce monde qui sattroupait autour de nous, lui allongé sur moi, qui chatouillait mes seins de son torse couvert de sa toison noire, moi accrochée des deux mains sur ses fesses poilues, et les gens autour qui applaudissaient à ses coups de reins, qui lencourageaient.
et moi toute mouillée au réveil sans me souvenir pourquoi !
Il me tendait la main en souriant, il embrassait Lucie et la poussait dans le dos vers le portail, il restait là sans bouger et ne lâchait pas ma main, et moi javais les images du rêve devant les yeux en surimpression ! »
Avec moi, tas jamais voulu.
Voulu quoi ?
Faire lamour sur la plage.
Eh ! Cétait un rêve !
Les rêves, ça dit plein de choses de nos envies.
Non mais, tu nous vois faire lamour en public, avec spectateurs et applaudissements ?
Ben
déjà, lété, on est en tenue pour ! Cest pas Montalivet, mais cest la même chose !
Bronzer et baiser, y a quand même une petite différence ! Dis, à propos de tenue, tu veux pas enlever ça ?
Oh oui, à tes ordres ! Tu veux voir si jai le poil aussi doux que le sien ?
Toi, ten as pas sur les fesses !
Ça ferait bizarre
Perds pas le fil, raconte !
« Dacc, je te fais le dialogue, pas les mots exacts, mais ça donnait à peu près ça :
Vous êtes partie bien vite, samedi. Votre amie était déçue et moi aussi. Elle est amusante, votre amie.
pas toujours
On a passé une bonne soirée, beaucoup discuté aussi, elle est presque aussi bavarde que votre fille.
Ah ?
Vous devez le savoir ! si vous tenez à garder un secret, ne confiez rien ni à lune ni à lautre !
Oh !
Ça se bousculait un peu dans ma tête. Quest-ce quelles avaient bien pu raconter ? Il gardait ma main dans la sienne, et comme une andouille je ne faisais rien pour la retirer, la laissait au chaud de sa grande main en cherchant un truc plus intelligent à dire que « oh » ou « ah » et incapable de penser à autre chose quà la plage de mon rêve du matin, à des fesses poilues sous mes doigts, et lui il continuait :
Vous ne mécoutez pas
Cest un peu vexant !
Vous disiez ?
Je disais « italien », je proposais de passer vous prendre à 20 heures.
Me prendre ? »
Et pour le coup, pour te prendre, il tas prise !!
Cest malin !
« Il a lâché ma main, a fait quelques pas en reculant, avant de se retourner pour franchir le portail, sest retourné encore en me souriant. Je navais pas bougé, les pieds coulés dans le goudron du trottoir
Javais dit oui ? Javais dit oui
Toute la journée au bureau, jai balancé entre morganiser ou me rétracter.
Comment faire garder Lucie ? Certainement pas Babeth ! Trouver une baby-sitter en semaine ?
Lui dire que javais réfléchi en allant chercher Lucie, que cétait pas possible.
Quest-ce que jallais me mettre ? Une jupe ? Ma robe noire, ce serait trop !
Que javais trouvé personne pour garder ma fille.
Un bain, je prendrai un bain avant.
... Que jaimais pas les restos italiens, que jirai pas dîner avec lui.
Je savais pas si jannulais ou pas, mais je savais déjà comment jallais mhabiller ! ma robe beige, celle qui sévase sous les seins et mon collier de pierres brunes avec le bracelet assorti, mes dessous noirs en dentelles avec le porte-jarretelles assorti que je nai porté quune fois, des chaussures à talons pour ne pas avoir lair trop petite à côté de lui.
Pas de baby-sitter
la jeune-fille qui me rendait ce service nétait pas disponible, navait pas de copine pour me dépanner. Jai appelé Babeth. Je lui ai dit que javais un problème, que je devais partir durgence en province, jinventais au fur et à mesure que je lui parlais.
Elle irait la chercher à lécole, lamènerait chez elle, et je la récupèrerai le lendemain soir.
Jétais prête à 19h30. En me voyant dans le miroir de lentrée, je me disais que cétait trop, que jaurais dû rester habillée comme jétais le matin. Il a sonné au moment où javais décidé de me changer.
Ce qui ma amusée, et rassurée, cest quil sétait changé lui aussi. Il avait son duffle-coat plié sur son bras, mais avait remplacé le pantalon de velours et le gros pull de ce matin par un pantalon de flanelle grise et une veste sur une chemise ouverte comme le samedi à la soirée.
Je lui ai proposé un verre avant de partir. Il ma suivie dans la cuisine, où dressée sur la pointe des pieds jessayais dattr un sachet de cacahuètes dans un placard, a tendu la main au-dessus de moi pour maider et je me suis retournée en le sentant si proche dans mon dos.
Il est grand. Mon front effleurait son menton. Mon front entre les pans de sa veste, mes yeux à hauteur du bouton ouvert de sa chemise, les poils drus de son torse à quelques centimètres de mon nez.
Tu sais bien, tous ces poils que les hommes ont parfois, sur le torse, parfois le dos
jai horreur de ça ! Je trouve ça moche, quasiment bestial. Jaime pas ! Les images du matin, de mon rêve de fin de nuit
il sest avancé plus près de moi, ou moi je me suis penchée, je nen sais rien, mais javais le nez noyé dans ses poils si noirs et fournis, et doux sur mon nez et ma joue.
Il sest reculé
»
Il sest reculé ? Merde, cest bête !
Bien obligé, jamais sinon il naurait pu se baisser suffisamment pour membrasser.
Ah ! Cest mieux ! Il a même pas hésité ?
Non
moi non plus, jai même pas fait semblant de résister !
Tétais mûre ! Il puis il avait dit quil passait te prendre, il a tenu sa promesse !
Oui
Tas dit « pas dans le lit »
Non. La cuisine dabord, le salon après
sur la moquette
«
ses mains ont glissé sur mes bras nus, je frissonnais, ses mains à ma taille, dans mon dos qui se creusait comme je me dressais sur la pointe des pieds pour prolonger le baiser, goûter ses lèvres ouvertes et caresser sa langue de la mienne, mes mains sous sa veste remontaient sur son torse, un doigt accrochait une ouverture entre deux boutons de sa chemise pour lisser la douceur soyeuse du bout du doigt.
Jy avais pensé ? Un peu. Un tout petit peu. Et puis javais décidé que non, quil nétait pas mon type, trop grand, trop brun, trop poilu, trop faune. Mais jy avais un peu pensé quand même, et jattendais de voir comment se passerait la soirée.
Il lissait du pouce mes sourcils levés, caressait mes lèvres brillantes du baiser. Ses mains sous mes bras il ma soulevée, a pivoté. Il a repoussé dun pied le tabouret de bar et ma assise sur le comptoir de la cuisine.
Ma robe sest soulevée entre ses mains, et cétait le froid de la faïence que je sentais sous mes cuisses entre les bas et le pan de robe coincé sous mes fesses.
Mon visage cette fois était à hauteur du sien, mes genoux à hauteur de sa taille, puis autour de sa taille quand il ma serrée contre lui pour un autre baiser, et jai fermé mes jambes autour de lui quand il ma attirée plus près, collée à lui, plutôt, les fesses au froid du carreau délivrées de ma robe quil soulevait à deux mains pour fermer ses bras dans mon dos, ses mains sur ma peau nue, mes mains à moi occupées à déboutonner sa chemise pour peigner de mes doigts les poils bruns sur ses pectoraux, sa langue douce et parfumée dans ma bouche où je lattendais, la caressait pour goûter sa douceur, la repoussait dans sa bouche pour y glisser la mienne. Il murmurait à mon oreille et ça me faisait plein de frissons :
Depuis la rentrée je rêve de toi, de te tenir dans mes bras, et puis je me désespérais de te voir inaccessible.
Inaccessible ?
Lucie est une bavarde.
De quoi te désespérer ?
Elle prétend que ce sont les femmes qui
te séduisent.
Elle a dit ça ?
Ton amie Babeth aussi.
Et tu mas invitée à dîner quand même ?
Pour te dire mon malheur, mon désespoir, mais là, je vais beaucoup mieux.
Jai rêvé de toi.
Cest vrai ?
Cétait ce matin.
Cétait bien ?
Surprenant.
Ça paraît court, ces quelques mots, sauf quil fallait du temps pour des baisers, pour ses lèvres sur mes yeux, pour sa bouche dans mon cou, quentre deux baisers et pendant il dégrafait mon soutien-gorge, et pressait mes seins dans ses grandes mains, que pour limiter, non pas limiter, parce que jen avais envie, jouvrais sa chemise et la tirait de son pantalon, que mes mains dans son dos caressait ses reins, et plongeaient sur ses fesses sous la ceinture de son pantalon, qui gênait au début dêtre trop serrée, au début seulement, parce que je lai ouverte, que jai déboutonné le pantalon pour me faire de la place, le serrer plus près en serrant ses fesses sous mes doigts, en les caressant aussi à peine effleurées, pour sentir la douceur là aussi comme dans mon rêve du matin des poils fins qui les recouvraient
»
Pourtant, jaime pas les poils chez les hommes.
Sur toi non plus, tas pas laissé grandchose.
Mais je crois que je vais my faire.
Moi aussi.
«
sa veste et sa chemise ? par terre, avec son pantalon, ma robe par-dessus, mon soutien-gorge, mon string. Il avait encore son boxer, mais javais les mains dessous, sur ses fesses. Cest pas que jhésitais à le caresser, mais jétais occupée, ses mains sur mes seins, ses baisers, ses mains sur mon ventre, cétait bon, il devenait presque timide, alors je lai aidé, jai relevé haut les cuisses autour de lui et dune main entre nous jai baissé son boxer, je lai pas touché, jai passé mes bras autour de son cou
Sans fioritures, sans caresses, son sexe au fond de mon ventre, tout au fond, dune poussée, sans à-coups, lentement
Eeeh ! à fond, oui, mais cest pas pareil
arrête
cest ta main, pas un sexe
doucement, doucement
Tes aussi mouillée que je létais pour lui
Oui, mais
Chhhht
tu sais, il avait le bout, le gland, tout gonflé, presque violet, gros
et des veines saillantes après, la verge plus fine sous le gland et qui grossit encore plus bas, et long
jappuyais le front contre son torse, je le regardais rentrer
notre gode, cest rien
lui, cest
waouh !
Chhhht, laisse-toi faire, laisse- toi faire
Et puis il sest mis à bouger, il sortait presque et se replantait à fond dans mon ventre, de plus en plus vite, plus fort
Pas toi !! Bouge pas !
bouge pas
tes folle
tu vas me déchirer
Ça va
ça va
Tu verras, tu verras ce soir
je vais bien te préparer
«
il a joui vite, sans soccuper de moi. Dhabitude, cest à cause de ça que jaime pas les mecs, mais cétait bien, cétait exactement ce dont javais envie, sa chaleur en moi, son plaisir à lui, le sentir couler chaud dans mon ventre, moi javais le temps.
Tu sais comment ils sont, quand ils arrivent pas à se retenir, ils sexcusent, un peu penauds, un peu faux-cul, pas lui. Lui il riait. Il riait et il membrassait, il me portait dans ses bras et tournait. Il est sorti de moi et je me suis mise à couler, couler ! Il ma portée jusquau salon comme ça et sans me lâcher il sest assis sur la moquette, sest allongé, moi sur lui, je le sentais tout dur contre mes fesses, il bandait encore ! Même pas besoin de le prendre dans ma main, je me suis glissée sur lui, et cette fois cétait pour moi, pas pour lui, mon plaisir à moi
Tu mécoutes plus ! Oh pardon
je toublie pas, je toublie pas
je finirai après
viens, viens
«
cest moi qui ai voulu. Jai repoussé sa queue entre mes fesses. Il se mordait la lèvre, ouvrait de grands yeux, il osait pas. Jai soulevé les genoux vers mes épaules, une main entre les jambes pour le tenir là, je le voulais comme ça
Toi aussi taime bien
mais il faut
Non ! Non, tu mas fait assez mal comme ça, Si jai envie, je verrai ! ne me prépare pas
Il va être surpris, non ?
Sûrement.
Taurais pu lui dire, cest un peu un piège
Lui dire quoi ? Dis-donc, Jérôme, ma copine aimerait bien se faire baiser, ça te dit ?
Tes bête ! Je sais pas
linviter à dîner, et puis
Et puis au dessert lui demander de choisir avec ou sans poil ?
Pfff
Tinquiète pas
tas déjà vu un mec refuser de faire lamour avec deux nanas ? Je te dis que tout va bien
tu sais quoi ? Jen ai rêvé ce matin ! Alors ment ça va lui plaire !
Faut vraiment vous le dire ?
Ça lui a plu ! Juste assez pour quil vienne souvent chez nous, très souvent.
Misa 02/2015
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