Ca Me Turlupine
La fille, là, légère dansante frêle presque qui court en ligne brisée sans que je comprenne bien où elle va où elle voulait aller ici ou ailleurs
Autour de moi
Moi, je reste sur mon quant à soi.
Moi j'attends.
Zavatta, ce n'est pas une marque, ce n'est pas rien que le nom d'un cirque
C'est bien plus que ça, Zavatta
Zavatta c'est le nom d'un mec
Le nom du gars que j'attends, qui va me recevoir, moi et mon CV
Mon CV entre les dents, j'attends Zavatta
Je l'attends
De pied ferme.
Achille
Je rigole en douce, Achille...
Prénom ridicule, en plus pour un gars qui se prétend clown, whahh...
Je pense mythologie grecque et voyages méditerranéens au travers des mers de la mer immense et bleue.
Je me dis, s'il me demande mon nom, je lui dirai, moi c'est Ulysse, mais soyez simple appelez-moi U
Comme dans les James Bond, Q ou M...
La fille repasse
Elle danse elle sautille
Ce doit être une danseuse
Je la regarde je la mate
Elle vient à moi, avise ma mallette et elle me dit, qu'est-ce ?
Ses cheveux font un casque blond rond hirsute
Moi je regarde son devant
Son devant est rigolo, rigolo c'est bien le mot
Son devant est fait de centaines de confettis brillants de toutes couleurs
Tout couleur, comme on dit en Casamance
Rouges surtout, bleus, verts, jaunes, métalliques
Ce sont des pastilles articulées les unes aux autres qui brillent
Mais moi je vois bien que ces punaises miroirs ne cachent rien.
Je comprends que sous lumière violente incidente ils pourront, confettis réfléchissants, occulter la peau qu'ils prétendent couvrir
Mais ici en coulisse, en vision proxime, sous éclairage diffus
On est en intimité du sein de son volume des surfaces développées qui l'habillent le forment et disent qui il est
On voit le saillant du téton qui bouleverse les confettis en point de désordre singularité étonnante
On sait on voit on comprend tout de son devant
Pas besoin d'y tendre le bras d'y poser la main on sait tout d'elle rien que d'il regardant
Enfin, moi, humblement, je sais tout de cette fille dansante au casque blond
Qui me fait sourire, enfin, juste soyons honnête, bander
Solidement.
Zavatta est entré et m'a fait un signe de bienvenue
Il a bien vu que je matais la fille et que celle-ci n'était pas indifférente
Il a dit, nous ici ce qu'on cherche ce qu'on aime c'est justement ça ce chose que vous avez capté
Juste ça
Z'êtes embauché.
La vie chez nous baladins est claire
Vous direz plus tard ce que vous savez faire, vous nous montrerez
Je ne doute pas que ce sera bon et plaira à notre public
Notre public, il est comme nous, en symbiose, il aime ce que nous sommes, on ne sait pas pourquoi mais ça marche ainsi.
Voyez Lyudmila là qui est belle et déjà vous aime
Je sais j'ai vu vous serez en bonnes mains et elle vous donnera succès dans notre équipe dans notre bande dans la famille que nous sommes.
Lyudmila avait un haut chatoyant de mille resplendissances mais portait sous la ceinture un informe pantalon de clown Patate Pantoufle Pantaloune
Ses hanches larges habillées de rien qui vaille ondulaient en dansant et moi je regardais ces mouvements et je pensais comment fait-elle de rien pour m'émoustiller.
Hanches larges je le voyais mais jambes longues cuisses fines musclées, elle sautait, haut, haut, bondissante.
Ses ballerines volaient sur le parquet de planches de la scène et Lyudmila lançait ses bras au ciel du côté des trapèzes et je l'ai vue subitement emportée par fulgurance vers le ciel, des bras acrobates oscillant sous les mats du chapiteau.
Son rire a éclaté et m'a moqué.
Elle était emportée vers les cymaises
Et moi je restai comme un con à la sciure de la piste.
Le trapéziste qui l'avait emportée me raillait lui aussi pieds coincés dans les cordes de son agrès figure tournée vers moi comme un anonymous de caricature grimaçant. Ses bras pendus tendus suspendant Lyudmila en oscillations interminables.
J'en voulais, Othello jalousace, à ce gars cochon pendu qui balançait ma Lyudmila à moi déjà et je regardais les cordes qui montaient crochées au mat jusqu'au faîte en cherchant laquelle dénouer pour le détacher le faire descendre, redescendre.
Malgré-ce, ma valise alu brillant en main, j'ai filé indifférent vers les coulisses, tête haute cou roide.
Bien entendu, comme de juste, miracle attendu bienvenu, j'y ai trouvé compensation consolation et j'ai pu au creux des tendresses accueillantes de deux jumelles organiser mon affaire, mes tours de magie élémentaires mais néanmoins spectaculaires qui feraient, à coup sûr, impression, grosse épate sur le public du cirque.
Ces jumelles étaient pareilles et cela, déjà, était épatant.
Moi je me disais, les seins, vu qu'il y en a deux, quand t'en connais un tu connais l'autre. Mais là c'était bien pire... T'en connaissais un et tu pouvais mettre ta main au feu, les trois autres étaient pareils semblables et tu te régalais de vérifier bien convenablement pour être bien sûr et confirmer l'homogamètosité à deux mains.
Et je pensais, me faut inventer un tour pour les embaucher dans mes magies, il y a des mystifications à trouver qui te feront tourner les spectateurs en mayonnaise de subterfuges et l'autre Lyudmila en sera baba et son con de trapéziste pourra retourner queue basse au Prytanée revoir ses cours d'équilibriste pendouillard des pieds.
Les petits seins aiguës des jumelles me donnaient des ailes et, tout en rêvant de Lyudmila, je les ai recrutées pour participation au sketch épatant de multiplicité qui est un truc infaisable si l'on n'a pas deux filles rigoureusement pareilles à faire apparaître disparaître à tour de rôle des deux côtés de la scène.
Combinaison fabuleuse de prestidigitation normale hollandaise quasiment et de duplicité jumelle et résultat subjuguant à coup sûr.
J'étais certain de faire succès éclatant là sur la piste du cirque et d'arracher ainsi le coeur de Lyudmila des griffes de l'autre trapéziste benêt faraud.
Bien entendu, vu que je n'avais pas d'habitation, les jumelles ont voulu m'héberger dans leur caravane blanche en me disant chez nous tu pourras prendre grande douche chaude et puis tu seras bien avec nous on a un grand lit queensize de la largeur de la roulotte.
Moi je pensais si tu veux Lyudmila, faut pas te compromettre.
J'ai su résister.
Pas facile car ces deux filles me plaisaient bien. Et puis deux filles comme ça dans un lit queensize je pensais, ça va pas mal, euphémisme par litote si l'on veut
Et moi je voulais bien
Enfin je pensais à la Queen des Anglais et je me disais qu'à trois on serait bien serrés les unes contre l'autre et que j'allais me régaler.
Ces deux filles m'ont raconté leur numéro et puis elles ont répété.
Elles portaient des body clairs fins, avec jupette de raphia pour cacher leurs fesses, genre tahitien, vahinés.
Elles couraient sur des boules aussi grandes qu'elles en sautant de l'une à l'autre et les faisant rouler à toute allure dans toutes les directions.
C'était superbe de légèreté et d'agilité de les voir ainsi danser et sauter d'une boule à l'autre se croisant et s'inter-croisant sur la piste ronde au milieu du cirque.
Les jupettes de raphia ne cachaient rien des cuisses des fesses des devants finement moulés par la légère étoffe du body tendu tiré étiré collé à chaque mouvement gymnaste de boule en boule bondissant.
Bien entendu nous avons convenu qu'elles feraient d'abord avec moi le numéro de prestidigitation et ne révéleraient qu'ensuite au public leur gémellité.
Je pensais même que les spectateurs, découvrant ainsi plus tard qu'elles étaient deux comprendraient alors un peu mon truc de magie et seraient amusés d'avoir été ainsi un peu abusés...
Sympa, comme une connivence...
Alors on a répété l'après-midi entière mon tour extrapolé adapté à la duplicité de partenaires, devant toute la troupe du cirque petit à petit venue en spectateurs curieux. De trois ou quatre au début, ils étaient maintenant une cinquantaine assis discrets sur les gradins attentifs à mes gestes et aux directives que je donnais aux deux filles. J'avais le trac devant tous ces gens et je ne pensais absolument pas à Lyudmila, je m'appliquais à réussir ma mise en scène avec les jumelles et à réussir le spectaculaire du tour.
Au soir, tous trois exténués nous avons quitté le cercle en passant le double rideau sous les regards de la petite assistance. Ils n'ont pas applaudi, ils sont restés silencieux mais je savais, moi, qu'il en est toujours ainsi, entre soi, chez nous gens du cirque.
Les filles m'ont entraîné dans leur roulotte et j'ai vu Lyudmila qui me regardait, dans l'ombre de la loge des musiciens, au dessus de l'entrée. Mais j'étais trop ému fatigué pour résister...
Et puis le chlang est venu brusquement et je me suis retourné et j'ai marché vers elle et elle est venue vers moi et on s'est compris.
Je ne l'ai pas prise dans mes bras et elle non plus ne m'a pas embrassé
Juste on s'est regardés et juste on s'est compris, d'un regard d'un sourire.
On savait
Tout.
Elle avait une toute petite baraque mais j'ai tout de suite compris que j'y serai bien. Elle a dit, viens, tu mettras tes frusques sur ces étagères là et tu peux partager mon petit lit, il sera à ton goût, il a toujours été bien fréquenté.
Les jumelles avaient compris et m'ont fait un sourire entendu
Contrit.
Lyudmila souriait et j'étais en concordance
Elle a appuyé un bouton et Johnny a attaqué Laura
Le temps passé me remplit de toi
Des rêves déjà presque oubliés
Évaporés dans le bleu de ton regard
Elle m'a dit, tu m'inventes un avenir
Elle a pris ma main et l'a portée à son sein
Elle a dit, viens tu es chez toi
Moi je pensais demain soir sera révélation
Et je serai alors peut être adoubé
Ou bien chassé, rejeté, refusé
Mon tour prestigiditateur aura ou non le succès
Le public sera mon juge et Zavatta acquiescera
Ou non
Et moi alors, j'aurai Lyudmila, sûr.
Alors ce soir, ma Mie, juste tu dors dans mes bras
C'est demain soir que tu seras à moi
A moi
A moi
Mie.
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