Folle De Danse 2
Entre mes phalanges écartées, je suis leur cheminement résolu vers lextrémité opposée de la piste. Cette fois le séducteur joue son va-tout. Il ne met plus de gants pour affermir sa main droite dans le dos de ma femme. Le mouvement de son bras gauche entraîne buste et seins contre sa poitrine. Je ne distingue pas lavancée de son genou, mais la rougeur du visage de Marie affiche clairement des pressions quelle ne repousse pas. Est-ce leffet de lalcool ou est-elle tombée sous le charme? Jusquoù se laissera-t-elle transporter? Au retour, Richard lui propose daller prendre lair pendant que je me repose. Quel culot! La naïve, elle doit savoir ce quil mijote! Comme par inadvertance ma main droite, sous la table, agrippe le bas de sa robe, limmobilise au moment de se lever. Elle décline loffre parce que mon attitude inhabituelle commence à linquiéter ou parce quelle se rend compte que je suis éveillé. Pour le paso doble suivant Richard insiste lourdement, elle cède, me laisse à mon sommeil et le suit.
La tête posée sur la table, jai vu Marie glisser un rectangle blanc dans son sac. Le sac, fermé à la hâte, baille. Jen extirpe la carte de visite de Richard: un nom, une adresse et un numéro de portable. Jempoche le carton et relève la tête, prudemment, juste pour apercevoir à lopposé de la piste de danse la main de Marie enfouie dans les bouclettes brunes. Elle déborde daffection, cest sympathique en diable, pour lui. Jenrage. Elle sourit, samuse, danse, insouciante, heureuse à nen pas douter. Je suis jaloux! Peu après Elle ramène son danseur à notre table en piteux état. Je me redresse. Elle assied le malheureux, aussitôt sa tête saffale sur la table. Marie saffole.
-Calme-toi. Quand jai fait semblant de dormir, tu tes beaucoup moins inquiétée, tu ne tes guère intéressée à mon malaise qui ne ta pas empêchée daller frotter en piste avec ce bellâtre. Alors de grâce, nen fais pas trop pour cet inconnu.
-On ne peut pas le laisser comme ça.
-Est-il venu avec nous? Il a deux copains à sa table. Dailleurs, tiens-tu absolument à danser avec le blond qui vient tinviter?
Ils ont un pacte, en cas de défaillance de lun, lautre a carte blanche pour prendre la relève auprès de la femme chauffée. Le blond invite, mais ma main tire Marie vers la sortie.
-Il y a un quart dheure tu mas retenue quand jallais prendre lair avec Richard. Et maintenant cest toi qui me sors. Tu ne sais pas ce que tu veux.
-Je suis ton mari, Richard ne lest pas encore, voilà ce que je sais. Descendons les marches du perron, allons à droite. Zut, la place est occupée.
Dans un coin, à la faveur de la pénombre, une masse noire sagite sur un corps collé au mur, dont on distingue la tache blanche de deux bras serrés en haut et celle de deux jambes encerclant un bassin en mouvement. La fille troussée respire fortement sous les poussées vives de lamant déchaîné. Marie ébahie reste plantée, bouche ouverte. Je la tire vers lautre côté du perron-
-En voilà une qui prend lair. CEst-ce que tu espérais de Richard?
La place symétrique est également occupée, différemment certes. Appuyée des deux mains au mur, une fille cachée par sa robe retroussée offre à son pourfendeur en transe le blanc secoué dun fessier énorme. Comme dans lautre recoin, les soupirs sont fort éloquents. Le gars arrive en bout de course, grogne, simmobilise au fond du sexe, vide sa charge en éructant ;
-Tiens, prends ça, tu ne seras pas sortie pour rien.
Il essuie son sexe entre les fesses, referme son pantalon, envoie une grande claque sur le cul majestueux pour signifier la fin de lacte:
-Allez, viens ma grosse. Il faut céder la place, il y a du monde qui attend.
-En voilà une autre qui a respiré à pleins poumons. As-tu compris, le sens de lexpression consacrée « prendre lair »? Saisis-tu les intentions de ton merveilleux Richard? Il me croyait profondément endormi et voulait te faire connaître un bonheur semblable à celui de ces deux filles.
-Oh! Tu crois que je me serais laissé faire?
-Ton comportement en piste, ton indifférence pour ton mari endormi, la préférence pour valser avec ton bel instituteur, ont dû lui laisser des espoirs, puisquil ta offert de sortir. Dailleurs ses deux acolytes prendront la relève si tu es toujours aussi engageante que tu las été avec le beau Richard. Avais-tu vu sortir ses deux amis au moment où il voulait te faire prendre lair? A trois contre toi, tu les aurais repoussés? Rentrons.
-Tu danses avec moi désormais?
-Non. Richard dort, tu nas plus honte de ton mari! Va veiller sur le beau au bois dormant. Ah! Je le soupçonne davoir jeté un somnifère dans mon mousseux.
-Oui, mais cest lui qui dort. Tu racontes nimporte quoi.
- Ecoute bien. Jai échangé ma flûte avec la sienne, puis jai fait semblant de dormir en le voyant attendre le résultat de sa bonne action. Espère pour lui quil a bien dosé son poison: tel est pris qui croyait prendre. Si javais vidé la flûte quil me destinait, tu serais sortie prendre lair avec cet engageant jeunot, il aurait repris ses tripotages, comme sur la piste, encouragé par ton silence bienveillant. Ses copains seraient venus à la rescousse. Tu aurais bénéficié des caresses et intrusions de six mains. Ils tauraient bouleversé les sens, fait tourner la tête. Bien chauffée à blanc, ils tauraient prise, tu aurais joui contre un mur ou dans lherbe du pré voisin.
-Jaurais crié.
-Dans la salle lorchestre couvre les bruits et ceux qui sont dehors seraient venus se réjouir du spectacle. En peu de temps tu aurais expérimenté les positions les plus variées. Tu aurais pu comparer les assauts amoureux de tes trois gaillards, savoir lequel baisait le mieux ou le plus souvent. Tu aurais eu la chance de te faire bourrer simultanément par devant, par derrière et dans la bouche et tu serais en train de chercher un moyen dessuyer les fuites de sperme de tes trois orifices.
Cette fois elle est furieuse et va sasseoir. Au moins elle aura compris mon mécontentement.
Je vais inviter une jolie rousse, qui maccueille avec un sourire satisfait. Je suis surpris quand elle déploie son mètre quatre-vingt cinq.
-Excuse-moi dêtre aussi grande. Les garçons se sauvent souvent. Merci de ton invitation. Je mappelle Caroline. Appelle-moi Caro. Et toi
-Etienne. Essayons de danser; cela devrait aller.
-La brune qui part danser avec Gino, le grand blond, cest ta femme? Regarde là-bas.
-Oui, cest Marie, ma femme. Elle nen a que pour ces gaillards. Je ne comprends pas ce quelle leur trouve. Et ils ne dansent quavec elle.
-Le torchon brûle? Elle a plus dansé avec Richard et Gino quavec toi. Méfie-toi si tu tiens à elle. Ce sont des vautours. Ils sacharnent sur une proie, la sortent, se lenvoient, se la refilent et la baisent jusquà plus soif à tour de rôle. Ensuite ils disparaissent. Ils sen prennent aux nouvelles, les filles de la ville refusent de danser avec eux. Ils ont mauvaise réputation. Tu devrais aller la tirer de leurs bras.
-Pourtant Richard est instituteur, tu métonnes.
Lui, instituteur! Et moi je suis le pape. Cest un fils à papa qui dilapide son héritage. Peut-être travaillera-t-il un jour, en attendant il chasse les femmes mariées capables de lentretenir. Cest son sport quotidien. La tienne travaille? Oui, alors elle lintéresse à double titre: elle est belle et elle gagne sa vie.
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