La Tentation Du Velours 4
La tentation du velours 4
Ma chère Lola,
Jai été heureuse davoir de tes nouvelles, de savoir que tout va bien dans ta vie détudiante à lécole dinfirmières dOrléans. Jespère que nous aurons loccasion de passer du temps ensemble aux vacances.
Lattitude de Sarah au réveil au lendemain de ma nuit dans son canapé me laissa un goût amer. Elle était redevenue la gentille copine un peu trop vieille pour chahuter avec une gamine comme moi. Daccord, elle a 27 ans et moi 18, mais en quoi cette différence pose-t-elle problème.
Dès le petit déjeuner pris dans la cuisine, jai eu limpression dêtre à lécole. Elle avait établi le programme de la journée avec minutie. Sarah voulait mapprendre à choisir les vêtements pour mettre ma silhouette en valeur, à me maquiller, à mépiler, à marcher, même à sourire. Des cours de maintien du matin au soir. On croirait quelle joue à la poupée et que je suis sa Barbie. Cest sympa mais frustrant.
Je lui signifiai en fin de journée mon intention de sortir. Sarah proposa une soirée au cinéma. Mais je désirais autre chose. Lola, tu connais mon entêtement, elle accepta de me guider à travers les établissements lesbiens du Marais.
On atterrit au Nix Café vers 21 heures. Laffluence du vendredi ne se compare pas à celle de la semaine, et trouver une table fut un exercice de patience.
Je toffre le champagne pour fêter notre future collaboration, balançai-je, heureuse de faire un geste.
En effet, Sarah avait pris la décision de me proposer un contrat le lundi suivant. Javais accepté à la condition que ça ne mempêche pas de reprendre mes études. Mon oncle Alain ne mérite pas dêtre trahi. De plus, jen ai réellement envie.
Nous ne restâmes pas seules longtemps. Les places assises en nombre limité par rapport à la foule présente, notre table se trouva envahie par des connaissances de Sarah. Lappréhension de la première sortie en public passée, je me sentais bien parmi ces jeunes femmes, entre 20 et 30 ans, à la conversation enrichissante.
La butch est le type parfait de la lesbienne masculine, telle que les hétéros la représentent. Elle arbore sans complexe les attributs vestimentaires masculins, de la casquette au costume cravate, et assume sa sexualité comme une appartenance politique.
La fem, abréviation de féminine, donne une image totalement contraire. Elle en général de maquillage, des talons démesurés, et dénature la mode féminine en la poussant à son extrême, par esprit de revendication.
La lipstick se distingue par la confusion quelle sème. Elle adopte le code vestimentaire et le comportement des femmes hétéros, et ne revendique sa sexualité par aucune marque visible. Les mecs la draguent dans la rue ou dans les bars, et sétonnent de prendre des râteaux. Á linverse, on la laisse tranquille dans les lieux de drague lesbiens, croyant quelle sest trompée dadresse.
Ainsi, sans le savoir, je suis une lipstick, une image policée de la lesbienne bien intégrée dans la société. Cette représentation me convient. Dabord je trouve honteux un amalgame trop facile dans le comportement sociétal. On dit larabe, le noir, la lesbienne, le pauvre, et bientôt le malade à différencier du bien-portant ? Personne ne choisit sa couleur de peau, il nest pas plus permis de choisir son orientation, cest comme ça.
Pour lheure, jétais davantage tourmentée par le besoin de passer à lacte que par lavis de la société à mon sujet.
Sarah me présenta comme son nouveau model officiel. Son attitude à mon égard se voulait un savant dosage de protection, damitié, et dun intérêt plus inavouable. Ce dernier point incitait ses copines à épier un mot ou un geste, le signe évident dune liaison amoureuse en devenir. Jaurais voulu les contenter, mais je nen avais pas le droit.
Ces nanas formaient une représentation assez juste de la société avec trois travailleuses et deux étudiantes, la sixième en recherche demploi. Sarah faisait le lien, elles mintégraient donc à leur groupe avec bonhomie, et jacceptais avec beaucoup de plaisir de suivre le mouvement. Il était facile de trouver des points communs à nos parcours respectifs. Je reconnaissais sans honte être novice dans le milieu lesbien, malgré la certitude de mon identité sexuelle ancrée depuis toujours en moi. Cette franchise provoquait des remarques compatissantes.
Lalcool me rendait euphorique, mes inhibitions tombaient les unes après les autres, et le sexe cessa dêtre un sujet tabou. Ma niaiserie avouée ne provoqua aucune moquerie. Les fringues ne sont pas lunique sujet de discussion entre nanas. Dabord la franchise du vocabulaire. Un cul est un cul, on parle de coucher pour une aventure sans lendemain, de faire lamour pour un couple établi. Cest sans doute là, ma chère Lola, que la différence se fait entre le monde des adultes et celui de ladolescence, le fait de ne pas être passée à lacte nest pas un prétexte à lexclusion, mais plutôt à la compréhension.
Pour en revenir à la soirée, larrivée dune jeune femme brune, environ 25 ans, provoqua un remous dans notre assistance. Elle toisa chacune dentre nous, puis simposa sur la banquette à ma droite. Je me retrouvai donc coincée entre la nouvelle venue et Sarah, qui parut soudain moins à son aise. Malgré la gentillesse affectée, le malaise entre elles se devinait.
Muriel était en fait lex de Sarah, et la rupture remontait à moins dun mois. Aucun doute, elles avaient éprouvé des sentiments lune pour lautre. Ne restait quune rancur inavouable, comme une impression de gâchis.
Le débat reprit sur le sujet brûlant de la croisière annuelle organisée par un voyagiste, réservée aux lesbiennes. Certaines y voyaient loccasion de samuser entre nanas, dautres saisissaient un message politique.
Une situation, dont jétais le centre dintérêt, devint pour le moins ambiguë : une main de Muriel se fit insistante sur ma cuisse. Sidérée par un tel comportement, je nosais pas bouger, de peur que les autres ne se rendent compte du manège. Peut-être était-ce le geste amical dune de ces personnes qui éprouvent le besoin détablir un contact physique afin dattirer lattention, tout le monde connaît au moins un individu incapable de parler sans toucher le bras de son interlocuteur.
Attendre et voir venir, telle était mon intention. En fait, je nai pas eu à attendre longtemps pour la voir venir. Ses regards sur moi devinrent vite embarrassants, de véritables appels à une débauche charnelle, sa main glissa vers mon entrejambe. Muriel se moquait de mettre toute la tablée dans lembarras. Dépassant ma timidité, je mécartai delle. Le sursaut me projeta contre Sarah. Celle-ci posa un bras protecteur sur mon épaule, son regard soutenu investit le mien. Je devinai mon univers étroit sur le point de voler en éclats.
Elle se pencha, effleura ma bouche dun doigt, comme on caresse un fruit avant de le goûter, pour enfin répondre à mes attentes. Ses lèvres humides se pressèrent contre les miennes, avides, tremblantes, chaudes. Je lui rendis son baiser, oubliant ma niaiserie, savourant la passion de cet instant magique.
Vexée de me voir préférer son ex, Muriel nous abandonna avant même davoir bu un verre. Personne ne sembla la regretter. Un doute sinsinua dans mon esprit : Sarah mavait peut-être embrassée par esprit de compétition, pour ne pas laisser lautre gagner la partie. Sa main droite toujours sur mon épaule, la gauche enserra mes doigts sous la table, dans un geste dune exquise douceur. La magie perdurait.
Le fil de la soirée reprit là où il avait été abandonné au moment de linterruption, comme le déroulement logique dun film après un intermède publicitaire.
La raccompagner chez elle simposa sans un mot à notre sortie du Nix Café, une entente tacite incluant tout ce qui pouvait, ou devait, arriver pendant la nuit. Notre démarche lente permit à mon âme de simprégner de ce moment particulier, une parenthèse avant le grand saut dans linconnu, un silence qui nen était pas vraiment un, une acceptation de linéluctable. Et Sarah, à quoi devait-elle penser sur les sept cents mètres environ nous séparant de son nid. La clé dans la serrure brisa le silence, la porte se refermant sur nous claqua comme un avertissement.
On ne se jeta pas lune sur lautre, pressées den venir à lessentiel. Nous demeurâmes un long moment dans lentrée, entre la cuisine et le salon, les yeux dans les yeux, à nous laisser porter par nos émotions. On avait chacune les nôtres, il nous fallait les mettre à lunisson avant daller plus loin, de passer le cap.
Je glissai dans ses bras, à la recherche dun second baiser. De nouveau son odeur, ses mains sur mon visage, ses lèvres, sa bouche, sa langue lovée autour de la mienne. Jignorais par manque de pratique si je my prenais bien, ça me plaisait, naturellement. Je me régalais de sa salive. Je portai dans livresse de linconscience mes bras autour de son cou.
On se retrouva assises sur le canapé, à sembrasser encore, un peu plus collées lune à lautre, nos jambes se cherchèrent, se frôlèrent, se trouvèrent. Rien de sexuel encore, juste un contact à travers nos vêtements, un flirt à peine poussé. Je caressai son visage tandis que ma langue fouillait sa bouche, japprenais à le reconnaître. Les bras passés sous les miens, Sarah saccrochait à mes épaules, maintenait nos bustes soudés.
Quand le souffle nous manqua, chacune retira ses vêtements en silence, sans regarder lautre. Puis, me tenant par la main, elle mentraîna dans la chambre dun pas redevenu lent.
Sarah assise à la tête du lit, moi lovée contre elle, nos corps firent enfin connaissance. Son sein gauche écrasé par mon sein droit, je caressai lautre aussitôt. Sa réaction me ravit. Mon amante se prit au jeu et massa mon globe à pleine main. Mon premier soupir se perdit dans sa bouche.
Abandonnant mes lèvres, Sarah embrassa ce sein quelle câlinait si bien et goba mon téton qui sallongea sous sa langue. La merveilleuse sensation me transporta. Á force de contorsion, je finis par lui rendre la pareille. Nous étions littéralement enchevêtrées comme des lianes, chacune un sein dans la bouche de lautre.
Ma main libre partit à laventure sur son ventre, Sarah mimita. Je jouai un instant les doigts dans sa toison, elle en fit autant. Puis, ny tenant plus, jinvestis son intimité. Je lentendis déglutir de surprise, sa bouche collée à mon sein, et elle me rendit la politesse. On resta un moment ainsi à se masturber lune lautre, à amadouer nos chairs.
Prise dune nouvelle appétence, Sarah se dégagea de mon emprise. Elle minstalla à sa place à la tête du lit et me régala dun nouveau baiser. Puis, caressant mon corps de la pointe de ses seins, sa bouche dessina des arabesques sur ma peau. Après avoir honoré encore ma poitrine, elle ondula à reculons, son regard langoureux fixé au mien, jusquà se glisser entre mes cuisses écartées.
Ouvrant mes grandes lèvres avec ses doigts, Sarah plongea dans ma moiteur. Je ne pus retenir un feulement rauque. Elle investit ma grotte à la recherche du trésor tapi dans lombre. Une femme me léchait pour la première fois, rien navait dimportance que cette bouche ouverte sur ma fente, cette langue fouillant ma vulve avec avidité, limpression dêtre aspirée. Concentrée, je voyais son nez disparaître dans ma toison, et imaginais sa langue sur mes chairs révoltées.
Sarah ne me lâchait pas du regard, sans doute mavait-elle installée en position assise afin den profiter, de lire la progression du plaisir dans mes yeux. Moi aussi je lobservais. Elle aimait me fouiller ainsi, savourer ma liqueur, jouer dans mes nymphes.
Mon amante maîtrisa la montée de ma jouissance, sa science amoureuse me laissait pantoise. Elle investit ma grotte dun doigt jusquà lentrée de mon vagin, et aspira mon clitoris entre ses lèvres. Ma vue se brouilla, mon ventre se comprima. Une sensation intense, inconnue, se répandit dans mon être. Sa langue sur mon bouton, ses doigts dans ma vulve, tout se mélangea dans mon esprit embrouillé. Je jouissais de mon premier orgasme.
La retombée fut lente, dune exquise douceur, prolongée par une myriade de baisers éthérés, presque chastes, que Sarah distribua de mon ventre à mes seins. Je goûtai ses lèvres, ma langue se faufila entre ses dents, investit sa bouche, la fouilla comme elle venait de faire avec mon intimité. Je savourai sa salive pleine de ma cyprine.
Dans un mouvement tournant, je me retrouvai au dessus de Sarah, la position assise devenait inconfortable de toute façon. Son regard dans le mien lut mon désir de lui donner du plaisir, mais aussi une certaine hésitation. Peut-être, si nous avions été vierges toutes les deux, cela aurait rendu la chose plus facile.
Ce nest pas la peine, trésor, articula-t-elle dune voix enrouée, tu nes pas obligée.
Obligée non, désireuse oui. Cétait à moi de jouer maintenant, de mener le bal. Je navais pas sa science amoureuse, cependant je voulais la toucher, lui rendre au moins en partie ce trop plein de bonheur quelle venait de me donner.
Penchée au dessus delle, le visage tout près du sien, mes longs cheveux encadrant nos deux visages dans un même écrin, je caressai ses seins dune main, ils réagirent aussitôt. Le temps de butiner ses lèvres, ma main descendit sur son ventre. Sarah mencouragea dun sourire.
Après une dernière hésitation, les doigts perdus dans sa toison, je frottai ma paume contre ses grandes lèvres qui shumidifièrent aussitôt. Son regard brilla dune étrange lueur quand jentrepris décarter les nymphes. Mon index et mon majeur fouillèrent sa grotte sans attendre. Sa moiteur me surprit.
Tendue, Sarah ouvrit de grands yeux devant mon audace, incapable de réprimer un soupir de volupté. Je caressais chaque recoin de sa vulve comme je le faisais à la mienne dans mes jeux en solitaire. Le fait de sentir des chairs inconnues sanimer sous mes doigts emplit mon cur dune joie indicible.
Mon amante referma une main sur mon poignet, je compris ce quelle attendait, mes phalanges se déplièrent. Sarah entama un mouvement de va-et-vient, se servant de mes doigts comme dun jouet intime, elle se masturba sur ma main. Je titillai son clitoris de mon pouce.
Vite, bien trop vite, sa bouche sarrondit, ses yeux se révulsèrent. Béate, jassistai à la montée de son plaisir. Pressée den finir, elle accéléra encore le mouvement. Le clapotis de mes doigts dans son antre résonna dans la chambre.
Jouis, mon amour, ne pus-je mempêcher de murmurer.
Sarah expulsa une longue plainte à peine audible, son vagin se contracta. Elle se laissa aller à un orgasme rapide dont lintensité me surprit. Les yeux béants sans me voir, la bouche ouverte, mon amante stoppa le mouvement de mes doigts, mais les conserva en elle jusquà reprendre son souffle. Le plaisir la rendait plus belle encore.
Enfin elle me regarda, un merci sous forme dun sourire gravé sur ses lèvres tremblantes. Le regard planté dans le sien pour lui prouver mon envie, je portai mes doigts à mes lèvres, et léchai soigneusement mes phalanges mouillées de ses sécrétions. Ce nétait pas pour lui faire plaisir, je désirais vraiment connaître son goût.
Le moment de tendresse qui suivit ne pouvait pas être silencieux, il me fallait mettre des mots sur mes émotions. Toucher ainsi une femme, surprendre dans ses yeux la félicité chambouler son être, jen rêvais depuis longtemps. Ce soir javais osé, avec des gestes maladroits, sans aller aussi loin que je laurais souhaité, mais ce premier pas mouvrait des perspectives infinies.
Cétait parfait, trésor, me répondit Sarah dune voix tendre, vraiment intense. Tu tes donnée sans retenue et tu mas donné mon plaisir, je ne voulais pas quil en soit autrement. Quel pied ! ajouta-t-elle afin de dédramatiser. Pour une première, tu mas filé un sacré orgasme.
Elle posa la joue sur mon sein droit, puis caressa lautre dune main distraite, comme on touche la joue dune amie dun geste tendre. Jaurais voulu lui dire « Je taime » mais je nosais pas.
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