Pot De Colle 15 Je Veux Mourir
Ouf ! Cest fait, ils sont partis. Louis sest assis sur le siège passager, satisfait ? Va savoir, il fronce les sourcils. Quelque chose le chagrine. Il y a des gens difficiles à contenter : il emporte ma femme gratuitement après lavoir essayée plutôt plusieurs fois quune, dans les positions les plus variées, sur le canapé et jusque dans la douche. Je me suis montré conciliant au possible. Il a testé Myriam sous toutes les coutures (si on peut employer lexpression à propos dune femme entièrement nue) . Comme convenu a lissue du test et dun supplément matinal, je ne lui demande aucune compensation. Myriam a sérieusement collaboré, le jeune homme la séduite et elle a choisi de le reconduire et de demeurer avec lui. Tout neuf, tout beau, il a nécessairement plus de charme que moi. Il découvre avec beaucoup denthousiasme un corps inconnu auquel jétais habitué depuis longtemps. Il promet un avenir différent alors que je noffre plus une surprise.
Elle sest mise au volant, a fixé la route devant elle, a démarré. Pas un mot pour moi, ni méchant ni gentil. Ce nest pas elle qui écrira « Merci pour ce moment ». Combien de fois ai-je entendu des femmes justifier leur divorce et leur adultère en énonçant les innombrables qualités du nouvel amour opposées à la litanie des manques, des oublis, des petites indélicatesses et des plus grosses de lancien mari, Tous ces griefs, à lorigine de ladultère vendu comme solution aux chaussettes abandonnées, à lincapacité de passer laspirateur ou de cuire un uf, mavaient fait sourire!
Je suis le passé. Je nai pas eu droit à ce traitement de faveur. Elle ne sest pas fatiguée à mabaisser davantage. Je ne me suis pas traîné à ses genoux pour la retenir. Je lui ai laissé lentière liberté de choix. Mais contrairement à Louis je lui ai déplu en refusant de la partager avec lui ou avec dautres, je nai pas adhéré aux idées modernes, au dogme de lélargissement de mon couple à dautres partenaires.
Combien de fois ai-je entendu des femmes justifier leur divorce et leur adultère par l énoncé des innombrables qualités du nouvel amour opposées à la litanie des manques, des oublis, des petites indélicatesses et des plus grosses de « mon ex » Tous ces griefs, à lorigine de ladultère vendu comme solution aux chaussettes abandonnées, à lincapacité de passer laspirateur ou de cuire un uf, mavaient fait sourire! Moi, je ne vaux pas de défilé de mes petites misères. Le silence, le mépris du silence: cest mon salaire Jai le cur brisé. Elle ma quitté, oublié, effacé de sa vie.
Louis, monsieur « Il nest rien pour moi » est devenu son tout. Besoin de rien, besoin de personne chantait véronique à la radio au moment du départ. Louis: il est beau, il danse bien, il baise bien, mieux sans doute. Ma vie na plus de sens. Le cur a ses raisons que la raison ne connaît pas. Quel cur? En a-t-elle un ?Javais peur de sa pitié. La pitié, elle ne connaît pas, cest une chance
Dimanche, lundi, mardi, mercredi matin encore, jamais elle ne mavait fait autant de déclarations damour, de protestations de sincérité. Je ne devais pas douter, amour toujours, elle madorait. Elle a bien caché son jeu
Elle est partie
avec un type qui la tripatouillée, caressée, embrassée, pénétrée avec un plaisir décuplé par ma présence.
Tout sest écroulé autour de moi. Effondré mon univers. Moi, je suis en mille morceaux, laminé, pilonné, un moins que rien. Je suis triste à mourir. Et les deux autres sont partis sans laisser dautre adresse que le septième ciel. Ce qui me reste ce sont des images répugnantes de ladultère. Je veux oublier. Boire pour oublier, noyer mon chagrin ou mourir ? Myriam, pourquoi? Pourquoi mas-tu abandonné?
Jai fanfaronné, jai cru pouvoir dire :
« Je laime assez pour la laisser partir si son bonheur est ailleurs »
Ah! Les grands sentiments : Cest beau, cest sublime, mais quest-ce que cest con ! Con à en mourir.
Contre la déprime je connais un moyen: le travail, lactivité. Je remets la maison en état. Je fais disparaître toutes les traces de Myriam ou de Louis. Les roses rouges à la poubelle, idem pour les cadres, photos, albums où elle figure près de moi. Et je remplis des sacs poubelles de linge, vêtements, produits de beauté, brosses, peignes, dentifrice, chaussures et accessoires . Ces sacs sont entassés près de la porte du garage pour hâter le chargement. Les bouteilles vides vont à la poubelle à verre. Je lave et range la vaisselle. Voilà, jinspecte, tout est propre. Je rédige mon testament, je déshérite la femme adultère. Jécris une lettre à un cousin lointain que je désigne comme légataire universel. Le brave garçon est aussi cocu que moi . Cest peut-être une maladie familiale sexuellement transmissible; mais Joseph sait en tirer parti en changeant régulièrement de compagne.
Je fais une photocopie de mon testament. Je vais poster ma lettre et loriginal du testament. Jachète toutes les roses jaunes de la fleuriste qui se frotte les mains et me fera livrer dans le quart dheure.
Les deux vases ne suffisent pas. Entre ces vases je dépose le caméscope et lenveloppe de mon testament. Le premier qui les trouvera saura pourquoi je pars pour le grand voyage. Jenfile ma plus belle tenue, je tourne la clé de la porte pour quon puisse entrer si on le veut. Il est midi, je me couche avec ma bouteille de whisky pleine et le dernier souvenir de Myriam, un flacon de somnifères. Sur les bords du lit, à ma droite et à ma gauche jaligne une colonne de roses jaunes, de la couleur de la trahison. Un cachet, une gorgée de whisky pour avaler facilement. Un cachet pour Myriam, une gorgée de whisky pour moi; un cachet à lamour, une gorgée au bonheur; un cachet pour oublier, une gorgée pour dormir ; un cachet pour
maudit téléphone,
Myriam danse aérienne, gracieuse, avec un inconnu. Danse, au revoir peut-être. Tourne légère dans ces bras, ris, danse, sois heureuse, Myriam
- Cest bon avec le merveilleux Louis ? Il te baise bien ? Tu es heureuse, tu as bien joui ?
Tu viens prendre tes affaires et tu pars ? Il ta bourrée, il ta donné du bonheur ?
.Tu laimeeu heu heus ! Tu nous aimes tous les deux et tu te donnes en partage ? Heu
Tu es généreuse. Alors, vive lamour. Vivent Myriam et Louis !
Moi, je ne veux pas partager, na ! Vive le mari cocu ! Trinque avec moi à tes amours, à tes amants, au concubinage et au cocuage. Buvons, fais entrer ton amoureux, quil boive à mon dernier voyage ! Cest si beau lamour ! Je suis Jean rangé, rangé au placard, cocu magnifique, roi des cocus. Appelle- moi « chéri » une dernière fois; jaimais bien quand tu mappelais « chéri », tu sais. Mais, puisque tu es heureuse comme ça, vive le bonheur ! Allez, va chercher une autre bouteille et buvons à ton bonheur nouveau. Vive Louis qui aime ma femme et la saute.
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