Clorinde Revient (10)
Il sest passé près dune heure avant quelle ne fasse sa réapparition.
- Voilà. Je suis prête.
- Et ravissante. Comme toujours. On va où ?
- À lExcelsior.
- Cest pas la porte à côté, dis donc !
- Non, mais cest le grand luxe. Et ils ont des chaises en velours. De couleur claire. Roses, pour être précise.
- Ah !
- Je vais vous expliquer.
- Ce serait bien, oui.
Ce quelle a fait dans la voiture.
- Bon, alors ce quil y a, cest que jai pas mis de culotte. Et que, là-bas, je vais masseoir à cru, à même le tissu, ma robe en corolle autour de moi. Le jeu, ça va être quen parlant vous me fassiez mouiller un maximum. Quil y ait une super tache sur la chaise quand on sen ira. Elle est pas bonne, mon idée ?
- Tu es délicieusement tordue.
- Ben, tiens ! Vous en doutiez ?
On nous a installés près de la fenêtre.
Elle sest penchée par-dessus la table.
- Vous savez quoi ? Eh bien ça commence déjà, moi ! Rien quà me dire quon est là, quon est en train de faire un truc pareil et à me sentir le velours directement sous les fesses, ça perle. Et pas quun peu !
Un serveur, tout de noir vêtu, sest cérémonieusement incliné pour nous présenter les menus.
- Mademoiselle
Monsieur
Elle la regardé séloigner.
- Vous savez ce que je crois ? Cest quil en a une toute petite de queue, lui
- Quest-ce qui te fait dire ça ?
- Je sais pas, je le sens. Et cest rare que je me trompe là-dessus. Maintenant, si vous voulez confirmation, je peux lui demander, hein
- Jimagine sa tête.
- Oui, oh, ben moi, je vous parierais ce que vous voulez quil resterait complètement impassible. Quil rougirait même pas. Et quil me sortirait un truc du genre. « Mademoiselle a très probablement raison. »
On a passé commande. Croustades de ris de veau et sandre au beurre blanc.
- Comme dhabitude.
- Ben oui, cest tellement bon.
Elle la regardé séloigner.
- Il fait prétentieux. Je suis sûr quil lest. Et moi, des types comme ça, ça me donne systématiquement envie de les rabaisser. Et de me moquer de leur queue. Cest ce qui porte le plus chez un mec. Surtout sil la minuscule. Et lui, là, je peux vous dire que ce soir, quand je serai toute seule dans mon lit, il va falloir quil me montre ça. Que ça lui plaise ou pas. Et comment je vais en rigoler de son petit bout de machin. Tout ce quil va pas entendre !. Ah, je peux vous dire quaprès ça il fera moins le fier. Il le fera plus du tout, oui.
Elle a plissé les yeux.
- Vous retournez pas, faites semblant de rien, on la connaît pas, mais vlà Lucie.
- Lucie !
- Lucie, oui, cétait prévu. On sest mises daccord toutes les deux tout à lheure, au téléphone, pendant que je me préparais. Ce quelle va faire, cest espionner ce qui va se passer quand on sera partis. Sils vont sapercevoir tout de suite pour la chaise, comment ils vont réagir, tout ça.
Elle a jeté un long regard circulaire autour delle.
- Sils se doutaient, les gens !
Un autre.
Ses yeux se sont embrumés.
- Je suis une sacrée petite cochonne, hein, nempêche ! Pas tout le temps, mais alors quand je my mets, quest-ce que jen suis une ! Vous trouvez pas, vous ?
- Oh, que si ! Et ça fait partie de ton charme
- Vous savez à quoi je pense, là, tout de suite ? À quand vous venez me mettre la langue, ou les doigts, à un endroit où dhabitude on vient pas me rendre visite.
Je suis entré dans le jeu.
- Quel endroit ?
- Vous le savez très bien.
- Oui, mais dis-le
Elle ma fixé droit dans les yeux.
- Mon cul. Mon petit trou froncé. Mon petit trou du cul. Là. Vous êtes content ?
- Pas content, ravi. Tavais un air pour dire ça ! Un véritable enchantement. Et puis
Je me suis penché vers elle.
- Le type, derrière toi, le vieux, il ta entendue.
- Je vous crois pas
- Eh, si !
Elle a haussé les épaules.
- Je le reverrai pas nimporte comment.
- Lui aussi, il va alimenter tes rêveries câlines, non ?
Elle a brusquement tressailli. Sest mordu la lèvre inférieure.
- On y va ?
- Déjà !
- Oui, oui. On y va.
Elle sest précipitamment levée.
- Je réponds plus de rien sinon
Tout le temps quon a traversé la salle, elle a gardé son sac bien serré contre elle. À hauteur de son bas-ventre.
* * *
Aussitôt quon a été dans la voiture, elle a reculé le siège. La baissé. Sest laissé tomber en arrière.
- Roulez ! Roulez !
Sa main est allée fourrager entre ses cuisses.
Dans la lumière saccadée des lampadaires, la robe était relevée haut sur les hanches, les jambes ouvertes au large.
Elle a respiré plus vite. Plus fort.
- Sortez-vous-la ! Sortez-la ! Que je vous la sache dehors
Haleté.
- Deux doigts je menfile. Deux.
Doucement gémi.
- Derrière aussi. Le majeur de lautre main. Oh, comment cest bon ! Non, mais comme cest bon !
Un râle. Un autre. Et elle a lancé son bassin en avant. Explosé son plaisir à grands cris éperdus.
Avant de retomber. Dans un grand soupir satisfait.
Je lui ai posé la main sur le genou.
- Eh ben, dis donc !
- Oh, mais cétait , attendez ! Cétait trop fou là-bas. Dommage quon ait dû abréger, mais il fallait. Je maîtrisais plus rien du tout. Vous imaginez lesclandre si je métais mise à jouir au beau milieu de tous ces coincés ?
Elle a jeté un coup dil à son portable.
- Bon alors quest-ce quelle fabrique, Lucie ? Elle sest endormie ou quoi ? Nempêche
Nempêche comment ça me fait partir au quart de tour, moi, les mots. Vous avez vu ça ? Cest de plus en plus. Jétais pas comme ça avant. Ou du moins pas à ce point-là.
- Il y en a un surtout, de mot
- Oui, oh, ben celui-là, cest complètement de votre faute.
- Évidemment, faut un coupable !
- Oui, cest de votre faute, oui. Parce quavant vous, personne nétait jamais allé soccuper de moi avec sa langue à cet endroit-là. Ils osaient pas, les types. Ou bien ça les dégoûtait. Je sais pas. Et, de toute façon, sûrement que je les aurais pas laissés faire. En tout cas ce quil y a de sûr, cest que ça vous procure de ces sensations ! Ça ressemble à rien dautre en fait. Sans compter quil y a lidée quon est en train de te faire ça. En plus ! Alors men passer maintenant, ça, jaurais du mal.
- Tu sais bien que
- Que je peux compter sur vous, oui. Mais ce que je me demande aussi, cest ce que ça donne quand un mec, il ty met sa queue. Pour ça, par contre, jen ai eu des preneurs. Des quémandeurs, même. Jai jamais voulu. Cétait niet, niet et encore niet. Pour plein de raisons. Mais bon, je vais peut-être bien me laisser tenter maintenant, du coup. Sauf que cest pas le genre de truc que tu peux laisser faire à nimporte qui. Surtout que les types, il faut bien dire que, quand ils senfoncent en toi, en général ils le font carrément, ils peuvent pas sempêcher. Cest plus fort queux. Ils investissent la citadelle. Devant encore, bon, la plupart du temps ça pose pas trop de problème si tes bien mouillée, mais derrière, si tu tombes sur le gros sauvage de base
Comment ça me refroidit, ça ! Non, lidéal, en fait ce serait que ce soit vous qui me le fassiez. Parce que jaurais confiance. Je vous connais. Vous feriez attention. Seulement il y a ce quon a dit. Quil est hors de question quon couche tous les deux. À moins que
Peut-être que cest pas coucher, ça, finalement ! Du moins au sens strict. Ça se discute en tout cas. Oui, ça se discute vraiment
Elle sest tue. Un long moment.
- À quoi tu penses ?
- Je réfléchis.
- À quoi ?
- À tout ça.
- À tout quoi ?
- Vous lavez déjà fait ça à des femmes ? Vous la leur avez déjà mise derrière ?
- Tes bien curieuse
- Mais non, mais
À Lucie, vous lui avez fait ?
- Non.
- Cest pas une raison, ça pourrait. Avec vos doigts non plus ?
- Non plus.
- Ni la langue ?
- Ni la langue.
- Et vous avez pas intérêt. Cest réservé à moi, ça. Personne dautre a le droit.
Son portable a vibré.
- Ah, un message ! Cest Lucie. Elle peut pas venir. Encore son espèce de type, sûrement. Mais ça a donné la chaise. Elle nous racontera. Demain. Chez vous.
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