Branle-Bas De Combat
Branle-bas de combat au commissariat, Fanny, Fanny V., une petite-fille de 9 ans vient de disparaître. Personne nose dire quelle a été enlevée, mais tout le monde y pense, à cet âge ce ne peut pas être une fugue.
Pas une minute à perdre, les premières heures sont capitales. La mobilisation est immédiate, générale, les chiens, un hélico, des renforts, la nuit tombe dans 2 heures, il faut la retrouver rapidement.
Le procureur, informé dans sa maison de campagne, donne son feu vert pour lancer le plan Alerte-Enlèvement. Toutes les radios, toutes les télévisions diffusent la photo de Fanny, et le message despoir des parents.
Lenquête est confiée à la Crim, à la Commissaire Sarah Castaing qui, en dix ans de bons et loyaux services, a pu montrer à de nombreuses occasions, ses compétences, avec le tact, le professionnalisme et lhumanité quon lui connaît.
Ses supérieurs lui prédisent un brillant avenir au sein de la Police Nationale. Sortie en tête de sa promotion de lécole de Police de Saint-Cyr-au-Mont-d'Or, près de Lyon, la Crim avait tout fait pour sattacher cet élément de valeur.
Sans le dire, ses patrons pensent aussi quune femme sera plus à même de parler à la famille, si le corps de Fanny est retrouvé.
Son instinct, un sixième sens, a déjà permis à Sarah de résoudre bon nombre daffaires. Elle a constitué autour delle une petite équipe, une équipe de choc. Il faut de tout pour composer une bonne équipe, Sarah le sait.
La jeune Aïcha, une beurette fraîchement sortie de lécole, qui à plusieurs reprises a déjà fait preuve dinitiatives qui ont plu à Sarah, de plus cest une sportive accomplie, toujours prête en cas de coups durs. Il y a aussi son adjoint, Jérôme, la quarantaine, plus taciturne, mais ne manquant pas de qualités. Il na pas son pareil pour jongler sur internet avec les fichiers les plus confidentiels. Le système Judex na aucun secret pour lui.
Sa confiance est sans bornes.
Les télévisions et les radios, mises à contribution par le procureur pour diffuser le message faisant appel à déventuels témoins, devraient faire remonter les informations permettant de localiser Fanny et son agresseur. Jusquà présent, ce plan a toujours prouvé son efficacité, aucune fausse note.
Ce soir, Jérôme nira pas se coucher, il est au clavier, prêt à traiter la moindre information. Tout doit être vérifié, contrôlé, validé. Les équipes de police peuvent être sollicitées à toute heure, sur tout le territoire. La nuit sera longue.
Aussi étonnant que cela puisse paraître, le numéro de téléphone mis en place et largement diffusé, ne suscite pas les appels des rigolos qui habituellement encombrent la téléphonie sociale. Les appels sont ciblés, sérieux.
Le lendemain, à six heures du matin, Sarah qui nest pas couchée depuis très longtemps, est tirée de son sommeil par un appel dAïcha, elle ne dort donc jamais. Un témoin vient de se manifester sur le numéro diffusé sur toutes les ondes, un homme, une fillette, une voiture, un numéro.
Les premières recherches de Jérôme permettent de localiser lhomme grâce à son véhicule. Linformation est dimportance, elle justifie pleinement que lon réveille la commissaire. Ladresse correspond à celle dun homme fiché au FIGAIS, le fichier des délinquants sexuels. Lespoir renaît.
Sarah et Aïcha sautent dans leur voiture. Il faut agir, vite, dans quelques heures il sera peut-être trop tard. Il est peut-être déjà trop tard.
Jérôme qui a du mal à garder les yeux ouverts après cette nuit blanche, reste au bureau pour assurer la liaison avec les équipes dintervention.
Le soleil vient à peine de se lever quand la voiture de Sarah arrive silencieusement devant la maison du suspect. Sans états dâme, la porte est enfoncée.
Sarah découvre Fanny ligotée sur un lit toute habillée, elle dort encore. Elle na pas lair davoir été brutalisée, mais tremble de peur quand une main sur son épaule la réveille. Sarah la prend dans ses bras pour la rassurer :
- Fanny, tu es en sécurité maintenant. Le vilain monsieur ne pourra pas te faire de mal.
Lémotion est trop forte, Sarah a du mal à retenir ses larmes. La petite se blottit contre elle
Bercée par Sarah, un pâle sourire illumine son visage.
Fanny sèche ses pleurs, tandis que Sarah entend les sirènes des voitures qui arrivent pour embarquer leur colis resté sous la surveillance dAïcha.
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Par un heureux hasard, les journalistes sont prévenus rapidement. Fuites officielles de la hiérarchie en mal de publicité ? Va savoir.
A peine le fourgon emmenant le prisonnier avait-il quitté les lieux, quune nuée de photographes et de journaleux en tout genre se ruent sur Sarah, quand elle sort de la maison, tenant Fanny dans ses bras. Les flashs crépitent.
Aïcha avait pris soin de prévenir les parents de Fanny dès quelle a su que leur fille était saine et sauve. Il fallait éviter à tout prix quils ne soient informés en allumant leur poste ce matin.
Aïcha sentretient avec les parents de Fanny pour les rassurer. Tandis que les caméras de BFMTV et de TF1 se disputent le scoop du jour, pour être celui qui diffusera les premiers mots de la commissaire.
Tous les journaux télévisés ouvrent leur édition de midi sur le visage de lhéroïne du jour, celle qui a sauvé Fanny.
Interview de 30 secondes. Sarah, encore sous le choc, explique que grâce au plan Alerte-Enlèvement une information capitale est parvenue à leur PC durant la nuit.
La caméra sattarde longuement sur Fanny dont le visage plein de larmes devrait faire monter laudience de quelques points. Hypocrisie des médias, ses yeux floutés nempêchent pas de la reconnaître.
Toute la journée, ces images passent en boucle sur les chaînes dinformation. Demain tout le monde aura oublié, une info chasse lautre.
Nous nen sommes pas encore là. Au retour Quai des Orfèvres, Sarah et son équipe sont fêtés comme il se doit. Les bouteilles interdites dans les bureaux sortent de leur cachette, même le grand chef a fait le déplacement pour la féliciter. Un bel avenir souvre devant elle.
Dans laprès-midi, le même grand chef la convoque dans son bureau. Intriguée, Sarah apprend que la perquisition de ce matin a permis la découverte de coupures de presse anciennes, faisant référence à une affaire vieille de 22 ans.
Le de Camille, une jeune fille de 16 ans, dont lauteur na jamais été découvert. Elle est connue des médias sous le terme de la Joggeuse dAvignon, ayant disparu alors quelle était partie faire du sport un matin.
Sarah connaît bien ce dossier, elle habitait la région à lépoque. Laffaire est complexe, elle sait que tout a déjà été fait, mais elle aime les challenges, les énigmes, cest dans ses gènes, elle veut savoir.
La justice compte sur elle. Sur injonction du Procureur, après un coup de fil de la Chancellerie, le juge dinstruction doit rouvrir ce dossier clos beaucoup trop tôt.
La mission est claire. Sarah prendra le train demain matin avec ses fidèles équipiers. Ils devront découvrir sur place si un lien existe entre le de Camille et lenlèvement de Fanny, dont lagresseur a séjourné un temps dans la région.
Ils ont carte blanche pour mener à bien de nouvelles investigations, et résoudre ce cold case qui régulièrement attire lattention des médias.
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Sarah est flic, elle nen est pas moins femme. Depuis sa sortie de lécole de Police, elle a multiplié les aventures, les coups dun soir, sans jamais sattacher, elle tient trop à sa liberté. Jusquà ce quelle rencontre Nicolas, par hasard. Le hasard est grand, il fait bien les choses.
Hasard ou destin, leur amour est sincère, partagé. Ils vivent ensemble depuis trois ans, aux dernières vacances, ils ont décidé de vieillir ensemble.
Fiancés officiellement lors dune soirée avec tous leurs amis, le mariage est prévu au printemps, avec le projet secret de fonder une famille.
Nicolas est cadre dans lentreprise Duchemin et fils qui cherche à sétendre à linternational. Il a rencontré lors du pot de fin dannée, la fille du patron, Eugénie Duchemin, petite fille du fondateur de lentreprise.
Eugénie lui a fait les yeux doux. Son père ne serait pas opposé à lunion de sa fille avec ce cadre promis à lui succéder un jour. Mais Nicolas la à peine regardée, il na dyeux que pour Sarah, sa commissaire de police. Surpris quelle ait choisi cette voie, pas banal pour une femme.
Au lit, ils se sont accordés dès la première nuit, et depuis ils savent toujours répondre aux envies de lautre, sans avoir à dire le moindre mot. Cette complicité scelle leur amour. Comme beaucoup de couples, ils ont découvert ensemble des petits jeux érotiques. Il leur arrive même parfois dutiliser des menottes, des vrais.
Ce soir, Nicolas est heureux en regardant la télévision. Sarah, sa Sarah, est la vedette du jour.
En rentrant, elle lui annonce quelle doit partir en mission le lendemain, son enquête lenvoie loin de Paris. Le lot de tous les flics, quand faut y aller, faut y aller. Nicolas sait que son métier lexige, il laccepte
Sarah ne sait pas combien de temps durera son enquête, un jour, un mois. Elle saccrochera tant que le coupable ne sera pas sous les verrous.
Comme à chaque départ, ils veulent profiter au maximum de leur soirée :
- Tu ne vas pas tennuyer sans moi ?
- Si bien sûr. Mais jai de quoi faire, jirais à la mairie pour publier les bans, et je testerais quelques traiteurs pour notre réception.
- Ben voyons, toi aussi tu vas en profiter alors. Dit-elle en lui souriant.
- Quand tu reviendras tout sera prêt, tu nauras plus quà dire « oui ».
- Tu es un amour, que ferais-je sans toi.
- Tu connais encore beaucoup de monde là-bas ?
- Oui, des amies denfance, je serais contente de savoir ce quelles sont devenues. Je nai plus revu personne depuis que nous avons déménagé pour Paris. Et puis, je serais heureuse de pouvoir porter des fleurs sur la tombe des parents, je ny suis pas retournée depuis leur décès. Dire que ma sur Rachel habite là-bas et que nous ne sommes jamais allés la voir, jamais le temps.
- Tas jamais le temps pour rien ma chérie, toujours à courir.
- Sauf pour toi mon amour,
- Ouais ! Jaimerais bien.
- Mon pauvre chéri, qui se sent seul quand je ne suis pas là. Viens, je suis là ce soir. Dit-elle en le taquinant.
Du canapé au lit, les quelques mètres sont vite franchis.
Nus sur leur lit, ils sembrassent, se caressent. Comme dans tout ce quelle entreprend, Sarah est une passionnée, en amour aussi, elle se livre totalement, sans aucune fausse pudeur. Cest une amoureuse née. Elle aime lamour. Elle aime le sexe, elle aime avoir la queue de Nicolas dans sa bouche, elle aime le sucer, le sentir grossir entre ses lèvres. Elle aime les mains de Nicolas, ses caresses, elle aime quand il la prend violemment, quil lui tire des râles, quil la fasse jouir.
Cette nuit, pour la première fois, elle accepte quil la sodomise. Non pas quelle était contre avant, bien au contraire, mais jusque-là Nicolas ne le lui avait jamais demandé. Cette fois non plus il na pas demandé. Après une fellation faite avec conviction, Nicolas lui a rempli la bouche. Ça, elle aime, il lui semble que cest le don le plus total entre eux. Après avoir avalé, dégluti, ils se sont embrassés, il la retournée. Elle sest laissé faire, prise en levrette elle aime bien aussi, ça fait un peu salope, son imaginaire. Après quelques va-et-vient dans sa chatte, il a posé son gland contre son petit trou, instinctivement elle sest cambrée pour linviter, lui faire comprendre, il a vite compris. Il sest enfoncé en elle avec précaution pour ne pas lui faire mal, elle a aimé sa délicatesse. Ils ont joui ensemble comme toujours, et se sont écroulés sur leur lit, repus, le sourire aux lèvres.
Sarah sent le sperme de son fiancé couler le long de ses cuisses, cette sensation lui plaît, toujours son imaginaire. Elle sétire, se love contre lui. Elle apprécie ce moment de plénitude, avant daller sous la douche, avant de sendormir.
Sous leau, il la prend de façon plus traditionnelle. Des images se bousculent dans sa tête, en sentant sa bite coulisser dans sa chatte, cogner au plus profond de son intimité. Elle veut donner le maximum de plaisir à son chéri, elle est amoureuse.
Sarah et Nicolas se sont endormis rapidement, dans les bras lun de lautre. La nuit a été courte.
Quand Nicolas se réveille la place est vide à côté de lui, lodeur du café arrive jusque dans la chambre.
A moitié réveillé, il rejoint Sarah dans la cuisine. Elle est habillée, elle est prête. Il nest que 7 heures, mais ce nest plus lamoureuse de la veille, cest la flic qui part au combat.
Nicolas aurait bien voulu plus quun simple bisou avant quelle ne parte, mais pas le temps, le devoir lappelle.
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Trois heures de train pour Avignon. Le service avait bien fait les choses, voyage en première pour toute léquipe, Sarah va pouvoir se reposer. Elle commence par relire les dossiers, puis somnole pour retrouver des forces.
Le de la Joggeuse, Sarah na pas oublié.
Cela fait plus de 18 ans quelle a quitté Avignon, lorsque son père a été muté en Région Parisienne. A la mort de ses parents il y a quelques années, sa sur est revenue sinstaller dans la maison familiale.
Dailleurs, cest chez elle que Sarah va loger, préférant se retrouver en famille, plutôt que dans un hôtel minable.
Toute sa jeunesse, Sarah se rappelle avec émotion ses jeux ds, ses amies de collège, que sont-elles devenues ? Mariées, installées, les reconnaîtra-t-elle ? Elle se jure bien dessayer den revoir si elles sont toujours dans la région. Elle repense aussi à ses petits amis quand elle était ado.
Elle se souvient de son premier baiser, cétait avec Tony un garçon de son âge, dans le jardin derrière leur maison. Elle avait un peu honte, mais très excitée quun garçon sintéresse à elle. Ils avaient recommencé plusieurs fois. Il lui pelotait souvent les seins en la coinçant contre un arbre, cétait agréable, mais elle refusait catégoriquement quil passe ses mains sous sa robe. Elle nétait pas prête, « Nous étions encore des s » se dit-elle avec nostalgie.
Sarah était sage, comme on disait à lépoque. Ce qui ne lempêchait pas de se caresser régulièrement dans son lit le soir en cherchant le sommeil, imaginant Tony ou un de ses chanteurs préférés nus à côté delle, le sexe bien raide, comme ceux aperçus sur les revues que tout le monde se passait au collège.
Tony était donc comme sur ces photos. Elle avait senti sa queue quand en lembrassant il se collait à elle. Ça lavait effrayée et excitée.
Tony sétait vite lassé de cette fille, trop prude. Cétait un tombeur, il cherchait des filles, nimporte laquelle.
Il sétait alors tourné vers Sylvie, une amie qui navait pas froid aux yeux. Elle avait couché avec lui le premier soir, et nen était pas à son coup dessai.
Cest vrai quil était beau et avait du charme, en plus il savait y faire, à ce quon disait dans la cour du collège. Tony multipliait les conquêtes, sous les yeux amoureux de Sarah qui nosait pas franchir le pas. Elle na jamais voulu savouer être amoureuse de lui, ni avoir envie quil soit son premier.
Il parait même que Tony a eu des relations avec Camille, la Joggeuse dAvignon, dont le corps sans vie avait été retrouvé par un promeneur un matin en forêt. Mais elle nest plus là pour le dire.
Tony avait été interrogé comme tous les jeunes du quartier, comme Sarah, comme tous leurs amis, mais jamais lenquête navait abouti. Tous les détraqués sexuels connus avaient été mis en garde à vue sans aucun résultat. Le mystère restait entier. Sarah arrivait pour le résoudre, elle comptait bien y arriver.
A elle, de faire toute la lumière et pouvoir apporter un peu de sérénité aux parents de Camille. Elle, enfin la police, la société, leur devait au moins ça, au moins connaître la vérité sur la mort de leur fille.
Le train va arriver en gare dAvignon dans quelques minutes. Le téléphone de Sarah vibre, cest Nicolas qui veut lui faire un petit bonjour, il se sent déjà seul. Mais Sarah nest pas dhumeur, elle a tellement de choses à penser.
- Merci mon chéri, à plus tard, je nai pas le temps. Le train va arriver.
- ..
- Oui moi aussi. Je tembrasse.
Un policier les attend à la gare avec une voiture de service. Direction le commissariat pour faire connaissance avec les équipes locales pas très heureuses de ce renfort dont elles se seraient bien passées. Encore une planquée, une vedette du petit écran qui vient leur expliquer leur métier.
Enfin, un bureau a été prévu pour léquipe, surtout pour Jérôme qui à peine arrivé, déploie ses ordinateurs. Il doit assurer, comme à son habitude, le lien avec les équipes sur le terrain, et consultera les données indispensables dans ce genre denquête. Ni Aïcha, ni Sarah navaient envie de moisir dans ce bureau.
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Au milieu de la dizaine de cartons remontés des archives, Sarah ne sait pas par quel bout commencer. Les PV des enquêteurs de lépoque, les expertises, les témoignages.
Tandis quAïcha se plonge dans les premiers dossiers, Sarah décide daller rencontrer la famille de Camille, étonnée que la police sintéresse encore à leur affaire.
Elle leur explique sa démarche. Le contact est assez froid, les parents ne se font guère dillusions, ils ont tellement été ballottés par de belles paroles durant toutes ces années.
En rentrant, Sarah traîne un peu en ville, retrouvant les lieux de sa jeunesse, tout a tellement changé. Perdue dans ses pensées, elle entend son nom, quelquun lappelle la ramenant à la réalité. Elle ne reconnaît pas de suite son ami Tony, cest devenu un homme. Après quelques mots, elle est obligée de rejoindre son équipe. Cette rencontre la renvoie plus de 20 ans en arrière. Sans savoir pourquoi, elle est troublée.
Arrivée au commissariat, Jérôme lattend pour faire un point rapide. Il faut faire un plan daction, se coordonner. Cest le moment choisi par Nicolas pour rappeler sa fiancée :
- Oui, quoi ? Dit-elle un peu énervé
-
- Excuse-moi mon chéri, je suis submergée
Oui, oui ça va
non je ne sais pas encore combien de temps
oui cest ça, moi aussi, moi aussi.
Et elle raccroche nerveusement.
Durant toute la semaine, les dossiers saccumulent, les interrogatoires sont lus et relus, les expertises analysées, quelques notes de synthèse des enquêteurs naboutissent quà des impasses.
Le travail ne manque pas. Sarah na même pas vu passer le dimanche, pas de repos possible. Elle aurait voulu rappeler Nicolas, entendre sa voix si rassurante, passer un peu de temps avec lui, lui expliquer, lentendre dire quil laime. Mais jamais le temps. Cest lui qui a rappelé, bien sûr au mauvais moment, comme toujours. Sarah na pas été très gentille avec lui, elle sen veut, elle se jure de le rappeler
plus tard. Mais quand ?
Jérôme a retrouvé plusieurs témoins de lépoque, enfin ceux encore vivants, ceux habitant toujours la région. Il les a confrontés aux fichiers de police mis en place depuis les faits, on ne sait jamais, avec un peu de chance.
Une urgence pour Sarah, faire parler les indices. Elle a retrouvé dans une armoire du tribunal un sac poubelle contenant les vêtements portés par Camille quand elle a été découverte. Enfin son chemisier, ses chaussures et une chaussette. Personne ne peut dire ce que sont devenus ses sous-vêtements ni son pantalon, encore moins la seconde chaussette. Ça fait tellement longtemps, parfois il faut faire de la place dans les armoires.
En faisant bien attention à ne pas les polluer, Sarah envoie au laboratoire de la police scientifique les vêtements de Camille. Bien sûr les empreintes ADN ont déjà été prélevées, mais la technique a évolué en 20 ans, on peut aujourdhui trouver des microtraces tout aussi intéressantes. Il est même possible détablir un portrait-robot génétique, connaitre lâge, le sexe, la couleur des yeux et des cheveux, et surtout la race, mais ça personne ne le dit, ce nest pas politiquement correct. De nombreuses affaires sont maintenant résolues grâce ces nouvelles techniques, alors pourquoi pas pour Camille
Dans un carton, Sarah retrouve la liste des prélèvements effectués à lépoque parmi la population masculine, les empreintes sont toujours stockées dans le FNAEG, le fichier des empreintes génétiques. La comparaison pourra se faire. Avec un peu de chance une empreinte matchera, et là bingo
enfin rien nest moins sûr. Lagresseur est peut-être juste passé ce jour-là, être loin maintenant.
Les journaux locaux, à laffût des moindres ragots pour alimenter leur feuille de chou, sont intéressés par la reprise de lenquête par la policière que tout le monde a vu à la télé. Dautant plus que, ça se sait maintenant, elle est originaire du pays.
Sarah est sollicitée pour une interview quelle accorde de mauvaise grâce. Elle en profite pour lancer un appel à témoin, on ne sait jamais, il ne faut rien négliger.
Malgré ses réticences de voir débarquer des parisiens, la police locale sest mise à la disposition de Sarah. Deux inspecteurs font le tour des témoins de lépoque. Il est essentiel de confronter tous les témoignages, on ne sait jamais parfois un élément na pas été dit la première fois et revient au détour dune phrase. Avec un peu de chance, le détail le plus insignifiant peut-être le chaînon manquant, lélément indispensable.
Sarah y croit, comme elle croit à sa bonne étoile. Avec Aïcha, elle part faire le tour de la ville, pour essayer de retrouver lambiance dil y a 22 ans.
Elle a une intuition, son fameux flair. Direction le lieu où le corps de Camille a été découvert, à dix kilomètres de là. Dans la voiture, elle est dérangée dans ses réflexions par la sonnerie de son téléphone. Un coup dil rapide, cest encore Nicolas. Elle na pas la force de lui parler, elle coupe sans décrocher, elle lira son message plus tard, sil en laisse un.
La chance nest pas encore au rendez-vous. La journée a été décevante, rien de neuf, rien dimportant. Enfin il faut refermer toutes les portes, ne laisser aucun doute, pour se focaliser sur lessentiel. Mais, cest quoi lessentiel ?
Le soir, Sarah rentre de plus en plus tard chez sa sur qui a compris quil était inutile de lattendre pour dîner. Mais aujourdhui, Sarah est fatiguée, elle a besoin de lépaule accueillante de Rachel. Devant un verre dalcool fort, elles discutent de leurs boulots, de leurs parents, de leurs souvenirs communs quand elles vivaient ici. Sarah évoque sa rencontre avec Tony :
- Comme il a changé. Cest un homme maintenant.
- Toi aussi tu as changé, on a tous 20 ans de plus.
Rachel a une vie sentimentale tumultueuse, son dernier petit copain est parti il y a 2 mois. Elle pousse sa sur à lui faire des confidences. Après avoir énuméré les quelques liaisons quelle a pu avoir, Sarah parle de Nicolas, du soutien quil lui apporte, de leur prochain mariage. La date nest pas encore fixée, certainement fin juin :
- Nicolas doit passer à la mairie pour arrêter la date.
- Heureusement quil est là, tu as tiré le bon numéro.
- Oui, il soccupe de tout. Il a déjà prévu notre voyage de noces aux Seychelles en septembre. Jespère que je pourrais me libérer.
- Eh ! tu as intérêt, sinon je te remplacerais, lui dit sa sur en riant.
- Ben voyons !
Pas touche, il est à moi.
- Garde le bien. Tu nen trouveras pas deux comme lui.
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Déjà deux semaines, le weekend approche. Nicolas lappelle le jeudi soir au téléphone, elle est encore dans son bureau avec Jérôme, en train dessayer de reconsti un dossier qui manifestement est tombé un jour par terre et a été remis en vrac dans son carton :
- Ma chérie
- Quoi encore ?
Dérangé dans son travail, Sarah répond dun ton sec, Nicolas a lhabitude :
- Je te dérange ?
- Non, non, mais fait vite.
- Tu nas pas lu mes messages ? Je ten ai laissé plusieurs.
- Oui, bon, je suis débordée. Tappelles pour quoi ?
- Jai reçu ce matin les papiers de la mairie, pour publier les bans, il reste juste deux samedis disponibles fin juin, nous devons choisir.
- Quoi ? Cest pas déjà fait ?
- Eh ! Je nai pas que ça à faire. Occupe ten si tu es si pressée.
Sarah se rend compte de son énervement :
- Excuse-moi mon chéri, je suis à cran en ce moment, cette enquête nous rend tous nerveux.
- Ça navance pas ?
- Difficilement. Alors quoi la mairie ? Choisi le jour que tu veux.
- Daccord, jai rendez-vous lundi prochain.
- Bon, ben cest parfait. Fais au mieux, tu me diras, je te fais confiance. Au revoir, je dois y aller.
- Non attend, y a un problème.
- Quoi encore ?
- Nous devons signer les papiers tous les deux, il me faut ta signature.
- Zut !
- Il y a une solution. Je pourrais venir te voir ce week-end, nous pourrions tranquillement décider ensemble
. Je peux être là samedi matin, je repartirais dimanche soir.
- Ça va te faire une sacrée route, et tu sais vu le boulot ici, je bosse aussi le dimanche.
- Je te laisserais travailler. Mais on pourra au moins manger ensemble, et passer une nuit ensemble, jai envie de toi, tu me manques.
- Moi aussi tu me manques
bon daccord, à samedi.
- Je tembrasse ma chérie.
Mais Sarah a déjà raccroché.
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Le lendemain, Sarah a rendez-vous avec la Juge dInstruction, une jeune femme nommée il y a un an. Que connaît-elle de ce dossier ?
Elle fait pourtant bonne impression à Sarah, « Vous avez carte blanche, allez-y, et si vous avez besoin de moi, nhésitez pas ». Elle aussi aimerait voir cette affaire aboutir, rapidement, pas question de laisser un dossier de 20 ans prendre le pas sur la pile qui augmente tous les jours.
Sarah allait prendre congé, lorsque la porte souvre sur le Procureur, un homme sûr de lui, il va toujours à lessentiel, pas détat dâme déplacé. Sans même lui dire bonjour, il clame trop fort :
- Une semaine, je vous donne une semaine, pas un jour de plus. Après je clos le dossier. Je nai pas que ça à faire.
Et il repart, comme il était arrivé, en coup de vent.
La juge tout aussi secouée que Sarah, la raccompagne :
- Vous avez entendu le Procureur. Faites le maximum, dans une semaine je ne pourrais plus rien faire.
Sarah est consternée, elle retrouve Aïcha devant le Palais de Justice. Pour se remettre, elles décident de soctroyer une petite pause. Déjeuner rapide à midi.
En sortant du restaurant, elles tombent nez à nez avec Tony. Ils sont pressés, Aïcha va chercher la voiture tandis que Sarah discute quelques minutes avec son ami :
- Je dois y aller, excuse-moi, contente de tavoir revu.
- Passe me voir un soir chez moi, prendre un verre. On aura plus de temps.
- Je ne te promets rien, on finit toujours tard. Mais daccord, si je peux.
Sarah ne voit pas le temps passer. La journée est éprouvante. A 20 heures, tous les policiers sont partis, ils ont une famille. Il ne reste plus que Sarah et ses équipiers. Celle-ci leur conseille daller se reposer, la journée du lendemain risque aussi dêtre très longue.
Aïcha et Jérôme décident daller dîner ensemble, en partant Aïcha se permet :
- Toi aussi tu devrais te reposer. On reprendra demain, tous ensemble.
Sarah est nerveuse, elle veut comprendre, mais devant la pile de dossiers, dun coup la fatigue lui dicte de ne pas insister. En rangeant ses affaires, elle se souvient de linvitation de Tony, « pourquoi pas » se dit-elle, elle na pas envie de dîner seule, et évoquer le passé, leur jeunesse, lui changera les idées.
Sur la route, elle passe rapidement au traiteur asiatique du coin et débarque chez Tony heureux de revoir son amie.
Le repas est convivial, Tony a sorti une bonne bouteille. Ils discutent de tout et de rien, du passé. Ils se rappellent des amis dalors, quest devenu untel ou untel ?
Sarah, policière qui laurait cru. Elle raconte son installation à Paris quand elle a quitté la région, comment elle est entrée dans la police, un peu par hasard suite à une conférence au lycée, elle passe le concours, elle réussit et tout senchaîne. Mais elle aime son métier, cest sa vie
Tony est un manuel, il a arrêté assez tôt les études. Il travaille dans un garage à la sortie de la ville, il est devenu associé il y a deux ans.
Tony toujours célibataire toujours dragueur. Il papillonne, multiplie les conquêtes. Sarah, de son côté, névoque pas son prochain mariage. Nicolas est loin ce soir.
Inévitablement, à force de souvenirs, ils se rappellent leur premier baiser dans la forêt, les moments passés derrière la maison en espérant que ses parents ne les voient pas.
Sarah se souvient de tout, Tony aussi :
- Nous étions insouciants.
- Tu étais sage, trop sage pour moi.
- Oui très sage, toi par contre
Je savais que tu sortais avec Sylvie et aussi avec Marie-Claire. Et quand je dis sortir. Dit Sarah avec un sourire complice.
- Cest vrai, elles nétaient pas farouches. Jen ai profité, surtout Sylvie, une marie couche toi là. Ça ne la pas empêché de se marier, elle a deux s.
- Tu sais, jétais jalouse.
- Pourtant, si tu avais voulu.
- Voilà, si javais voulu. Mais jétais trop jeune.
- Elles avaient le même âge que toi.
- Peut-être mon éducation, javais peur. Nous étions encore des s.
- Cest le passé, dit-il en haussant les épaules.
La bouteille devant eux est vide. Sarah devrait rentrer, elle doit se reposer, la journée sera difficile demain. Mais elle se sent bien avec son ami, elle retarde encore un peu le moment du départ :
- Tu es bien installé, tu me fais visiter ta maison ?
Tony lui sert de guide, le salon, la cuisine, une cave au sous-sol et à létage son bureau qui sert de chambre damis et sa chambre, une grande pièce avec dressing et salle de bain. La décoration est simple, intérieur de célibataire.
Sarah entre dans la chambre, en fait le tour, se plante devant la gravure dune femme nue, la reproduction dun tableau célèbre, et se retourne vers Tony :
- Cest ton antre ?
- Comme tu vois.
- Alors, cest là que tu amènes tes conquêtes ? dit-elle en le fixant dans les yeux.
Et sans lui laisser le temps de réagir, elle sassied sur le bord du lit en souriant. Soutenant son regard, lentement elle déboutonne son chemiser :
- Nous ne sommes plus des s maintenant. Nous savons ce que nous voulons.
Le chemiser tombe sur le lit. Elle passe ses mains derrière le dos pour dégrafer son soutien-gorge quelle enlève sans quitter Tony des yeux. Seins nus face à lui, elle lui tend la main :
- Viens.
Il ne se fait pas prier. Assis à côté delle, il prend Sarah dans ses bras et pose ses lèvres sur les siennes. Elle frémit, le moment quelle attendait, quelle redoutait. Un baiser long, profond les uni.
Elle se laisse aller quand il la fait sallonger. Leur bouche se colle à nouveau, une main sur ses seins.
Sarah ferme les yeux. Elle est adolescente
elle ose enfin. Elle veut lui faire oublier Sylvie.
Lui sest déshabillé. En caleçon, il fait glisser sa jupe découvrant une petite culotte en dentelle.
Sarah ne pense plus à rien, elle sabandonne aux mains de Tony qui la caressent. Elle nentend pas la sonnerie de son téléphone quelle a posé sur la table du salon, ni quelques secondes après le bip annonçant larrivée dun SMS.
Tony détaille Sarah en faisant glisser sa culotte, elle écarte ses jambes pour mieux se montrer. Il se love contre elle, lui embrasse les seins, suce les bouts tandis quil frotte sa queue contre sa cuisse. Sarah voit son rêve se réaliser. Sa bouche descend le long du corps de Tony, petites bises sur son torse, son ventre, son pubis. Elle saisit sa queue, lèche le gland et lenfourne dans sa bouche, sappliquant pour la fellation dont elle avait si souvent rêvé, seule dans son lit.
Nouvelle sonnerie en bas, au salon. Mais Sarah est trop occupée pour lentendre. Quand Tony la pénètre, elle le regarde droit dans les yeux, elle veut voir sa jouissance, elle veut lui montrer combien il la fait jouir. Quand lorgasme fait vibrer tout son corps, instinctivement elle ferme les yeux. Son cri couvre la sonnerie du téléphone, qui résonne pour la troisième fois.
Se caressant tendrement, après être passés ensemble sous la douche où elle a accepté quil lui remplisse la bouche, ils sendorment nus, lun contre lautre.
Ce que Sarah ne sait pas, cest quAïcha cherche à la joindre depuis le début de la soirée. Elle a reçu un rapport du labo de la police scientifique. Lempreinte génétique relevée sur le chemisier de Camille assassinée il y a 22 ans, est celui de Tony, son amant depuis quelques heures. Il devient le principal suspect, pour ne pas dire le coupable.
Il est prévu daller larrêter chez lui le lendemain matin au petit jour. Aïcha lui demande dêtre au commissariat à 5 heures 30.
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Au petit matin, Sarah entend son téléphone sonner, quelle heure peut-il être ? Six heures, à cette heure cest le boulot, Nicolas nest jamais aussi matinal. Elle va pour se lever, mais Tony la retient, lembrasse. Elle se laisse aller dans ses bras. Laisse les mains de Tony prendre possession de son corps. Fermant les yeux, elle se laisse emporter par le plaisir qui la gagne.
Un bruit sourd les fait sursauter. La porte est enfoncée à coups de bélier. Des policiers arme aux poings font irruption dans la maison.
Qui est le plus surpris ? Sarah de voir ses collègues débouler dans la chambre, ou les policiers de découvrir leur chef, nue dans le lit du suspect numéro un.
Elle a juste le temps de remonter le drap pour cacher sa poitrine. Tony est empoigné brutalement, menotté sous ses yeux incrédules.
Les policiers lemmènent. Sarah se rhabille rapidement, seule Aïcha est restée dans la chambre pour lui donner les explications quelle attend.
Les policiers fouillent la maison de fond en comble à la recherche du moindre indice, tandis que Sarah rentre chez sa sur, la mine défaite. Sa nuit damour se lit sur son visage.
Rachel laccueille en buvant son café.
- Cest à cette heure que tu rentres ?
- Eh ! Tu me surveilles maintenant.
- Cest ta vie
tu veux un café.
A ce moment-là, apparaît Nicolas dans lencadrement de la porte. Sarah blêmit.
- Bonjour Sarah. Tu te souviens de moi ? Je tavais dit que je venais ce matin. Où étais-tu ?
Sarah se trouble :
- En
En planque toute la nuit
Excuse-moi mon chéri, jai complètement oublié de te prévenir. Je suis fatiguée.
- Moi aussi je suis fatigué. Jai roulé toute la nuit pour être là à ton réveil. Je suis fatigué et déçu.
Nicolas prend son sac quil na pas encore défait, enfile sa veste et se dirige vers la porte :
- Tu me feras signe quand tu te souviendras que jexiste... Repose-toi, tu as lair den avoir besoin. Salut.
- Mon chéri attend
Ne ten vas pas
Je ne devais pas signer des papiers pour la mairie ?
- Nous verrons plus tard. Quand tu rentreras à Paris
Si ça tintéresse encore.
Sarah est accablée, « Tu ne membrasses pas ? »
Mais Nicolas est déjà dans sa voiture, il démarre direction Paris.
Rachel sapproche de sa sur :
- Bravo, tu en fais de belle. Il est arrivé, il y a au moins deux heures, il tattendait. Bel accueil, vraiment.
- Le boulot, je suis crevée, tu ne peux pas comprendre.
- Pas à moi, ton boulot a bon dos. Si Nicolas te croit, tant mieux pour toi, tant pis pour lui. Je ne suis pas aussi naïve, alors ta planque cette nuit, cétait qui ? Tony ?
- Si tu le sais, pourquoi le demander.
- Tu nas pas pu ten empêcher. Tu vas te marier. Pauvre Nicolas, cocu avant son mariage.
- Mais non voyons, ça na rien à voir avec lui. Il le fallait.
- Comment ça il le fallait ? Tavais le feu au cul hier soir ?
- Tony, une histoire inachevée, il le fallait pour mettre un point final.
- Tu te moques de moi. Il ny a jamais rien eu entre vous, juste un petit flirt à 16 ans, quelques baisers. Mais tu étais jalouse de Sylvie, elle couchait avec lui, tu le savais. A lépoque tu ne voulais pas, tu tes rattrapée, pour montrer que tu es la plus forte. Lamentable.
- Peut-être, mais il le fallait.
- Et Nicolas ? Tu las oublié ? Je te rappelle que tu vas te marier, enfin aux dernières nouvelles.
- Ça na rien à voir. Il comprendra.
- Parce que tu vas lui dire ?
- Je devrais, mais non, jespère quil ne le saura jamais.
- Cest ça ton dhonnêteté.
- Pourquoi le faire souffrir. Je compte sur ta discrétion.
- Bien sûr, tu me prends pour qui. Mais quant à la Mairie, le maire te demandera « Mademoiselle Sarah Castaing voulez-vous prendre pour époux monsieur Nicolas Robic ici présent » et que tu lui répondras « oui », sous les flashes de toute la famille. Nous saurons toutes les deux quil est cocu, que tu las trahi. Bon début dans la vie.
- Non, tu noircis tout. Je ne lai pas trompé.
- Comment appelles-tu ça alors ? Tu te dédouanes bien vite. Le pauvre, si chaque fois que tu rencontres un de tes ex, tu couches avec, il va avoir de sacrées paires de cornes
Enfin ce nest pas mon problème.
-
Sarah na pas de temps à perdre. Son enquête avant tout. Le temps de se changer, elle retourne au commissariat.
Grosses effervescences. Tony est placé en garde à vue, il va être inculpé pour et présenté à un juge dinstruction. Sarah ne peut pas croire à la culpabilité de son ami, surtout après la nuit quelle vient de passer avec lui.
Elle est convoquée par le commissaire principal.
Sa hiérarchie a été alertée, la faute professionnelle est flagrante. Sur décision du Procureur, Sarah est relevée de ses fonctions avec ordre de rentrer immédiatement à Paris. La poursuite de lenquête est confiée à léquipe locale, dailleurs ils nont pas eu besoin delle pour arrêter lassassin de la Joggeuse dAvignon.
Sarah se sent humiliée. Elle redoute surtout le regard de Jérôme et dAïcha, elle vient de perdre leur confiance.
Rendez-vous lundi matin à Paris avec la police des polices, les bufs carottes dans le jardon de la police.
Sarah na dautre choix que de rentrer chez sa sur préparer sa valise. Il va falloir à nouveau laffronter, elle ne sen sent pas la force.
Assises lune en face de lautre, elles déjeunent en silence devant la télévision qui diffuse ses inepties habituelles.
Ouverture du Journal télévisé, elles lèvent la tête en entendant le présentateur :
« Ce matin, au petit jour, Tony L. a été arrêté pour le de Camille, la Joggeuse dAvignon. Il a été mis en examen par le juge dInstruction chargé de lenquête ».
Le journaliste continue : « Coup de théâtre, tout le monde se souvient des liens étroits qui unissent la commissaire Sarah Castaing avec Tony. Elle a été surprise ce matin dans le lit du principal suspect, par les policiers venus lappréhender.
Les yeux fixés sur lécran, Sarah nen croit pas ses oreilles. Le journaliste poursuit, un petit sourire en coin, content de son effet :
« La commissaire Sarah Castaing a été relevée immédiatement de ses fonctions. Des sanctions disciplinaires ont été demandées par le parquet. La police des polices doit lentendre à son retour dans la capitale. Il lui est reproché davoir couvert les agissements de Tony. Elle serait, si cela savérait exact, accusé de complicité ».
Sarah est consternée.
Sa première pensée va vers Nicolas, il a ment entendu la nouvelle, reprise par toutes les radios, impossible de lui cacher la vérité. Comment va-t-il réagir ?
Laissant sa sur, elle va dans sa chambre pour lui parler sans témoins. Son téléphone est sur répondeur, il doit encore être en voiture. Elle hésite et dune voix étranglée « Appelle-moi vite mon amour, Il faut que je te parle ».
Elle attend. Sans réponse, elle envoie un SMS :
« Mon chéri. Ce nest pas ce que tu crois. Appelle-moi vite, je taime »
En revenant, sa sur ne lui dit rien, mais son regard est lourd de reproche.
Sarah se recroqueville dans le fauteuil, en proie à une grande agitation, tout se bouscule dans sa tête.
Un message arrive, elle nose regarder son téléphone, un coup dil cest bien Nicolas.
Anéantie, elle le laisse tomber à ses pieds. Sa sur sapproche, le ramasse et lit le message que Nicolas vient denvoyer :
« On sest tout dit. Cétait ça ta planque la nuit dernière. Merci pour ta confiance, tu tes bien foutue de moi ».
Un autre message arrive « Adieu ».
- Eh bien ! Perdre le même jour son boulot et son fiancé, faut que tu laies dans la peau le beau Tony.
- Mais non, tu nas rien compris, je ne laime pas. Cétait juste pour finir cette histoire vieille de 20 ans.
- Va expliquer ça à Nicolas. Bonne chance !
---oOo---
Le lendemain, Sarah rentre à Paris. Dans le train, elle a du mal à mettre ses idées en place, tout est allé si vite. Lenquête, sa nuit avec Tony, son arrestation, le départ de Nicolas, que va-t-elle devenir ?
Leur appartement est vide. La penderie, les portes grandes ouvertes, vide. Les tiroirs de la commode vides. Nicolas a emmené toutes ses affaires. Les larmes lui montent aux yeux.
Sur la table du salon, une enveloppe. Les papiers de la mairie portant la seule signature de Nicolas, déchirés en quatre, et les billets de leur voyage aux Seychelles, la réservation de la suite nuptiale.
Un simple mot : « Cadeau. Profites-en avec ton amant »
Sarah sécroule « Non mon chéri ! ».
Lorsquelle se présente à son bureau Quai des Orfèvres, au second étage, à la Crim, Sarah a les yeux rouges de navoir pas dormi.
Ses collègues lui tournent le dos, pas un na un simple geste damitié.
---oOo---
Malgré les appels de Rachel pour expliquer lattitude de sa sur, Nicolas ne pouvait pardonner à Sarah sa conduite, sa trahison, mais surtout son mensonge lorsquelle est rentrée de sa nuit damour avec Tony.
Sarah espérait toujours recevoir des nouvelles de Nicolas, avec le temps il devait avoir réfléchi, avoir pardonné, avoir oublié. Après quelques SMS, car il ne décrochait jamais quand elle appelait, elle sest lassée de ne pas recevoir de réponse.
Lappartement quelle occupait était le sien. Où logeait-il ? A lhôtel ? Chez un ami ? Il allait sûrement lui donner signe de vie.
Au courrier, elle reçut enfin une lettre de Nicolas, il préférait écrire, plus facile que de parler. Fébrilement Sarah ouvrit lenveloppe, mais déchanta rapidement.
Le ton était sec, administratif « Mademoiselle, veuillez libérer au plus vite le logement que vous occupez, son propriétaire désirant le récupérer pour son usage personnel.
Bien à vous
Nicolas Robic »
Sarah se sentit humiliée, cétait plus quune gifle que lui assénait Nicolas.
Elle comprit que cet ultimatum était la fin de leur amour. Mais avant, elle voulait lui dire, lui expliquer, elle espérait toujours quil la comprendrait. Elle essayait de se persuader quun espoir excitait encore. Elle lui envoya un SMS gentil, tendre, lui demandant de passer la voir.
Ce quil fit dès le lendemain dans la soirée.
En revoyant Nicolas, son cur se mis à battre très fort, elle avait envie de lui sauter au cou, de lembrasser, de lui demander pardon. Son regard froid la paralysa.
Elle essaya de lui expliquer, comme elle lavait fait avec sa sur, « il le fallait
Juste une vieille histoire inachevée
il ny a aucun sentiment entre nous
je ne pouvais rien te dire
». Mais comme sa sur lavait prédit, Nicolas nest pas prêt à accepter ses explications, « Cest trop tard
Je ne pourrais plus jamais te faire confiance... Tu as brisé notre complicité ».
Elle la trahi, il se pose trop de questions :
- Tu as dû passer toutes tes nuits avec ce type. Chaque fois que je te téléphonais, javais limpression de te déranger, tu étais avec lui ?
- Mais non, mon chéri, cétait la première fois, la seule fois.
- Tu te moques de moi ? Tu aurais choisi le jour où je viens te voir, pour me tromper ? Pourquoi ? Pour me faire comprendre que tu ne voulais plus de moi ?
- Non, que vas-tu chercher. Cest le hasard, ça na rien à voir avec toi.
- Alors ?
Sarah se trouble, elle bafouille :
- Je
je ne savais plus quel jour on était
jai oublié que tu venais le lendemain.
- Cest bien ça, tu mavais oublié. Tu avais oublié quon devait se marier.
- Non ! Et puis
- Et puis quoi ?
Sarah baisse la tête :
- Je croyais que tu devais arriver dans la matinée.
- Donc, si je comprends bien. Si Tony navait pas été arrêté, je naurais jamais rien su. Jarrivais dans la matinée, tu maurais accueilli en me souriant, tu maurais embrassé, comme Juda. Le soir nous aurions dîné dans un petit restaurant en amoureux, nous aurions fait lamour toute la nuit. Tu passais dun lit à lautre, sans aucun remords. Et la semaine suivante, tu retrouvais Tony.
- Non voyons !
- Tu as tué lamour que javais pour toi.
- Je regrette mon chéri
Mais on ne peut pas revenir en arrière.
- Moi, je peux.
A bout dargument, elle a cette parole maladroite :
- Mon chéri
Depuis, jai compris combien je taime.
- Moi, pour savoir combien je taime, je nai pas eu besoin de baiser avec une autre
ni de te mentir.
-
Sarah compris que cétait fini, quil ny avait plus despoir. Nicolas prit quelques affaires et dit en partant « Dès que tu auras vidé les lieux, préviens-moi et laisse les clés à la gardienne ».
Restée seule, Sarah navait plus la force de pleurer. Cest vrai, avec tout son travail, elle avait oublié quil devait venir la voir. Pour elle, ce nétait quune parenthèse sans conséquence. Avec un peu dhonnêteté, elle osa savouer à elle-même, que Nicolas navait malheureusement pas tout à fait tort.
Comme il lui avait dit, si
Sans aucun remords davoir fait lamour avec Tony. Elle aurait vraiment été heureuse de le voir, heureuse de se blottir dans ses bras, de lembrasser, heureuse de passer une nuit avec lui, de baiser avec lui, elle en avait envie. Mais peut-être, enfin sûrement, elle aurait retrouvé Tony la semaine suivante. Pourtant, cétait Nicolas son amour, celui avec qui elle voulait fonder une famille.
Cette prise de conscience la bouleversa.
Quelques jours plus tard, elle libéra lappartement, laissa les clés chez la gardienne et envoya un SMS à Nicolas.
Il ne lui répondit pas.
---oOo---
Apprenant la décision de Nicolas, mademoiselle Eugénie Duchemin héritière de lentreprise Duchemin et fils pensait avoir toutes ses chances. Cétait mal connaître Nicolas. Il a quitté lentreprise pour partir sur un chantier à létranger, espérant oublier Sarah quil aimait toujours malgré sa trahison.
Lenquête interne menée par la police des polices conclu à la faute grave. La commissaire Sarah Castaing est obligée de démissionner afin de ne pas être mise à pied et jeter lopprobre sur tout son service.
La lieutenant Aïcha est mutée au RAID heureux de récupérer un élément de cette valeur. Tandis que Jérôme est appelé au ministère de lintérieur, il fera merveille devant son ordinateur.
En prison, Tony ne reçoit aucune visite. Même pas Sarah qui néprouve aucun sentiment pour lui, seule la nostalgie de sa jeunesse lavait poussée à commettre cette folie. Leur nuit devait marquer le point final dune aventure qui navait jamais vraiment commencé, « Si personne navait rien su ».
En attendant son jugement, Tony a été mis à lisolement
Il ne pouvait se rendre aux douches ou à la promenade sans se faire tabasser ou violer par les autres détenus. Les pointeurs ne sont pas bien vus en milieu carcéral.
Deux années après, lenquête touche à sa fin. Mis en examen pour viol et homicide volontaire, Tony clame toujours son innocence, malgré les preuves qui saccumulent. Le Juge dinstruction a renvoyé son dossier devant la cour dassises du Vaucluse. Le procès doit avoir lieu dans trois mois.
Coupable ou innocent ? Tony risque 30 ans dincarcération.
Sarah a peur pour son ami denfance. Elle ne peut toujours pas croire en sa culpabilité.
Après avoir quitté la Police, Sarah a rapidement trouvé une place comme responsable sécurité dune grosse entreprise. Ce nest pas lavenir quelle espérait, mais faut bien vivre. Elle revoit souvent sa sur Rachel. Avec elle, elle peut encore sépancher sur ce quelle a perdu, sur son bonheur passé.
Sarah vit seule. Tous les jours, elle pense à Nicolas avec tristesse « Où est-il maintenant ? », « Me pardonnera-t-il un jour ? ».
Elle regrette, mais que regrette-t-elle exactement ?
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