La Tentation Du Velours 9
La tentation du velours 9
Ma très chère Lola,
Tu veux des détails sur mon premier14 juillet parisien ? Jai de vagues souvenirs des cris dune foule en délire, de quelques pétards dans le quartier. Le feu dartifice a été tiré chez moi. Sandrine a répondu à mes attentes, sans doute davantage. Le sommeil nous a fauchées bien après le lever du jour, mortes de fatigue, comblées lune et lautre. Comment décrire un déluge de caresses et de baisers, une avalanche dorgasmes. Je ne pensais pas quun tel débordement soit possible.
Le 14 en fin daprès-midi, mon amante rentrait chez elle. Le 15 ne me voyait quitter le lit que pour manger ou aller aux toilettes. Le 16, pressée de me rendre à lagence, le maquillage savérait indispensable pour masquer des cernes encore visibles.
Je repris le cours de mon existence, lesprit libéré, décidée à croquer la pomme sans moccuper du reste. Le temps perdu ne peut se rattr, ça donne envie de ne pas en gaspiller davantage. Les occasions à saisir sont nombreuses, je ne men prive pas.
Un appel de Viviane a retenu mon attention. Elle paraissait au téléphone si perdue et si excitée à la fois, je souhaitais lui accorder du temps. Lengagement fut pris de nous retrouver à la terrasse de la Place Verte, incontournable dans le XIème arrondissement, quartier des boîtes de production et des graphistes. Elle aurait voulu me voir à son domicile ou au mien, mais un rendez-vous pour un contrat photo restait une priorité.
Larrivée de Viviane coïncida avec le réveil de mon estomac. La grande terrasse attirant du monde, je lui fis signe de me rejoindre. Une minute dinattention, ne serait-ce que pour laccueillir, et la table aurait été prise dassaut. Je prenais mes marques dans la capitale, japprenais à jouer du coude si nécessaire.
Mon imitation préférée dEmma Watson resta dans le flou le temps du déjeuner composé dune salade pour moi, dun burger pour elle, le tout arrosé dune bouteille deau.
Tu ne veux pas quon aille chez toi ? plaça ma copine au moment du café.
Lémotion inhabituelle dans sa voix malerta. Lamitié commandait daccepter malgré le désir de profiter du soleil. On senfonça sous terre pour une balade dans le métro.
Pénétrer dans mon immeuble se faisait avec le sourire dhabitude, la mamie au rez-de-chaussée se tenait à sa porte entrebâillée après avoir reconnu nos pas et nos rires, elle nous saluait dun mot gentil. Pas aujourdhui. Pourquoi un air empreint de mélancolie, de gravité, marquait son visage de rides dexpression, au point de faire passer son maigre sourire pour une grimace.
Viviane sinstalla sur un tabouret, fit rouler distraitement sur le comptoir un stylo que javais oublié de ranger. Ses épaules voûtées portaient une misère bien lourde.
Luc est partit pour Barcelone hier.
Cest ce qui était prévu, non ? balançai-je en posant deux verres et une bouteille deau sur la table. Tu le rejoins en fin de semaine au début de tes vacances.
Maintes fois elle avait évoqué le programme, heureuse de visiter lEspagne, de changer dair. Et là, à linstant de toucher son rêve, ma copine semblait aussi perdue quau téléphone ce matin, mais lénervement avait disparu.
Je ne sais pas.
Sa réponse instinctive alourdit lair ambiant déjà chaud. Je patientai, les explications allaient suivre, conséquence logique à sa déclaration première. Les nanas prennent leur temps au lit, aussi dans une discussion sérieuse.
Tu as autre chose à boire que de leau ?
Là, je tombai des nues une seconde fois en moins dune minute.
De la bière si tu veux (quelques unes traînaient dans le réfrigérateur pour Sandrine) ou de la vodka lemon. Du vin aussi et du whisky (un souvenir du passage de mon oncle).
Un whisky, oui, murmura-t-elle sans me regarder.
Patiente, jextirpai un joli verre du placard, je remplis un bol de glaçons, et posai le tout avec une bouteille de Jack Daniels sous son nez. Linquiétude faisait des nuds dans mon ventre.
Une dispute entre vous ? osai-je après lui avoir laissé le temps davaler deux rasades dalcool. Ce nest peut-être rien.
Non. En fait
je nai pas envie de le rejoindre
Je suis amoureuse de toi.
La catastrophe ! Car son amitié métait précieuse, couper les ponts maurait fait mal. Bien sûr on prenait le risque avec Sandrine, mais cétait différent, Sandrine avait bien plus de maturité. Et puis Sarah, elle nallait pas rester indéfiniment à New York. Pour le coup, jéprouvai moi aussi un pathétique besoin de boire autre chose que de leau.
Tu sais
jhésitai car le « ma chérie » amical habituel risquait dêtre mal interprété, je tiens à toi aussi, mais pas comme ça. Tu nes pas lesbienne, moi si. Ça ne peut pas marcher entre nous. Et puis la fidélité, rentrer chaque soir avec la même nana, ce nest pas mon truc. Enfin, peut-être plus tard ça le deviendra, mais je suis trop jeune pour mengager. Tu mérites mieux. Je suis sûre que tu aimes encore ton mec. Il te manque alors tu fantasmes sur moi, demain on samusera de cette connerie
Dis-moi que ce nest pas sérieux !
En temps normal, un minimum de réflexion maurait poussée à mettre de lordre dans ma tête avant de balancer ces mots à la volée, juste par réflexe défensif. Oui mais en temps normal, celle que je considérais comme ma meilleure amie ne mannonçait pas son amour avec un air de chien battu après deux verres dalcool. Je lui en servis un troisième tandis que je moffrais le premier. La brûlure du malt dans ma gorge ne calma pas langoisse dans ma poitrine.
Amoureuse à la fois des belles lettres et dune entière liberté de penser, Céline, Hugo, Simone de Beauvoir dont je me revendiquais de lenseignement, comment pouvais-je en arriver à formuler des pensées bourgeoises dans un langage aussi vulgaire.
Je ne sais pas le faire avec une fille, lança Viviane sur un ton élevé, alors tu mapprendras. Je veux devenir une vraie lesbienne moi aussi. Et puis je ne tempêcherai pas den voir dautres, tu es libre. Avec Luc, ça ne marche plus depuis que je tai rencontrée. On a déjà couché ensemble, toi et moi. Jai été nulle, mais tu me diras comment faire. Je me rattrai, cest promis.
Par esprit de mimétisme ou emportée par un trop plein démotions, la pauvre mélangeait tout, comme je lavais fait dans ma tirade précédente. Loin de me consoler, cette démarche mettait nos faiblesses en avant, les siennes comme les miennes. Un autre verre simposa.
Deux personnes tombent amoureuses parfois, sans considération du sexe de chacune. Alors une histoire est possible, il suffit de faire confiance à la force des sentiments, et les corps se mettent en concordance. Dautres fois, on peut réagir au bien-être du moment, passer indifféremment de lun à lautre pour un plaisir purement charnel, cest la bisexualité. Ou alors, comme moi, une femme ne peut concevoir son existence quavec des femmes, sur le plan sentimental et physique, refuser jusquà lidée dune éventuelle mutation.
Pourquoi une lipstick nattire-t-elle pas les regards dans les lieux de drague lesbiens ? La peur de souffrir retient les autres femmes de simpliquer avec des filles qui pourraient les abandonner pour un homme sans prévenir. Nous sommes soumises aussi aux lois de la nature humaine, on ne peut pas savoir si un couple va tenir sur la durée. Sengager avec une nana à lorientation sexuelle indéterminée représente une menace supplémentaire de rupture que beaucoup préfèrent éviter.
Si Viviane avait exprimé le souhait dun câlin, je me serais fait un malin plaisir de la déniaiser, de lui montrer létendue des possibilités du sexe au féminin pluriel. Mais en loccurrence, elle ne demandait pas un aller simple pour un voyage orgasmique. Son sentiment singulier meffrayait au point de perdre pied.
Voici ce que jaurais voulu lui dire, une construction logique didées sages, une démonstration sereine et imparable, quasi mathématique, de mes arguments. Mais la spontanéité amenée par une troisième rasade de whisky joua en ma défaveur.
Écoute, ma chérie, lui murmurai-je en lenlaçant, le mois dernier tétais déjà comme ça après tes règles. Oui, jai bonne mémoire. Mais au moins tu étais rigolote. Là, tu ne fais pas rire du tout avec ton histoire damour. Alors oublie ça. On va se saouler si tu veux, tu peux même dormir ici car tu nes déjà plus en état de rentrer chez toi, et demain on se marrera comme avant.
Viviane décolla sa joue de la mienne, son regard brillant plongea dans le mien.
Daccord.
Latmosphère se détendit un peu, sans vraiment retomber dans linsouciance habituelle. Notre audace nous poussa à finir la bouteille de whisky. Je me souviens aussi dun vague coup dil à la pendule murale, des 16 heures affichées. La fin daprès-midi et la soirée sont inscrites par bribes dans ma mémoire défaillante.
On a évoqué mon plaisir grandissant à exercer le métier de mannequin, la possibilité de lancer ma carrière, des enviables retombées financières en contrepartie. On a parlé des filles aussi, puis des filles avec les filles. Je me souviens dune question :
« Quest-ce que tu préfères, toi ? Quune nana te lèche le minou ou quelle te prenne avec une bite en plastique. »
Emportée par lalcool, jai reconnu être mal à laise avec le touché vaginal. Alors une insertion, non merci. Et puis si javais voulu me prendre un phallus entre les cuisses, je serais devenu hétéro. Le cunni oui, le faire et en bénéficier, les caresses, les baisers partout, une langue dans ma chatte et sur mon clito. Jaime tout en fait, sauf la pénétration.
Histoire de jouer le jeu, ou de ne pas paraître trop conne, je lui retournai la question :
« Toi, avec un mec, cest quoi ce qui te fait planer ? »
Viviane répondit quelle appréciait de sentir une queue (son terme) dans le vagin, la sensation dêtre remplie par un corps étranger, mais quelle avait besoin dune stimulation du clito pour se laisser aller à lorgasme. Elle regrettait aussi la rapidité des préliminaires, dêtre prise parfois sans aucune préparation.
On en conclut en riant que la masturbation restait un excellent moyen de jouir sans faire chier (une expression commune) personne. Dommage que ce ne soit pas top pour la tendresse.
Jenfilai ensuite un pyjama, et en prêtai un à Viviane. Ils étaient déjà grands pour moi, alors la pauvre nageait dedans, ou plutôt sy noyait. Enfin un premier rire sincère partagé, sans équivoque, limpression de retrouver la complicité magique de notre relation.
On se coucha lune à côté de lautre, sans aucun contact entre nous, et on sendormit avant la tombée de la nuit.
Merde !
Le juron étouffé me tira de ma léthargie sans rêve. Je réussis à force de tâtonnement à trouver linterrupteur de la lampe de chevet. La scène valait le détour.
Viviane semblait tétanisée au centre de la chambre par la lumière soudaine, incapable de faire un geste comme un petit animal surpris par les phares dune voiture sur une route de campagne la nuit. Le cheveu hirsute, le verre deau suspendu à ses lèvres, elle me fixait du regard, incertaine de ma réaction.
La veste trop grande du pyjama blanc baillait, léchancrure laissait voir presque entièrement un sein tendu, lautre restait sous le tissu. Le pan droit sur le haut de la cuisse, le gauche était soulevé dans sa main au niveau de la hanche. Le cordon mal serré sans doute, le pantalon avait glissé en un mont difforme à ses pieds. Droite sur ses jambes, elle moffrait involontairement la vision de son bassin, de son intimité, et de ses cuisses légèrement écartées, dans une position plus comique quérotique.
Pourquoi tu nas pas allumé la lumière ?
Ma question noyée dans un rire lui rendit son sourire.
Je ne voulais pas te réveiller
Javais soif, balbutia ma copine sans même baisser la main, le verre semblait collé à sa bouche. Mon pantalon a glissé dun coup, jai failli me casser la gueule.
Ne bouge pas ! ordonnai-je en memparant de mon téléphone portable, toujours à portée sur la table de chevet.
Sélection rapide dans le menu, le téléphone se transforma en appareil photo.
Quest-ce que tu fous ? réagit Viviane dans la fraîcheur dun rire.
Jimmortalise la scène.
Après sêtre prêtée au jeu, elle se retourna en direction du comptoir. Le fait que nous soyons réveillées toutes les deux lincitait sans doute à boire dans la cuisine avant de revenir se coucher. Le verre tendu avec précaution pour ne pas le renverser, incapable de remonter le pantalon sans prendre le risque de mettre de leau sur le parquet, elle savança à petits pas glissés sur le sol, les pieds enchevêtrés dans le tissu.
Soulève la veste, intimai-je sur le ton dune gamine en train de samuser.
Viviane sexécuta, heureuse de se comporter aussi en adolescente attardée, et continua sa lente progression. Je métais levée pour la suivre, lappareil en action, prenant photos sur photos de son petit cul ainsi balancé.
Enfin arrivée au comptoir, elle avala le contenu du verre dune traite, le reposa puis se retourna. Ma présence à un mètre lui donna une idée.
Tu peux photographier ça aussi, lança-t-elle dans un rire, le bassin projeté en avant. Le geste moffrit la vision du petit triangle de poils sur son abricot lisse.
Je la voulais ainsi, chahuteuse, jeune et fraîche, libre, sans arrière-pensées. Elle comprit sans doute le message muet.
Excuse-moi pour hier, on nen parle plus.
Deux heures du matin, lenvie de dormir évaporée, le lit transformé en véritable terrain de jeux, on séclatait à en perdre haleine. Chacune retournait lautre, essayait de prendre le dessus comme des gamines à la lutte, chatouillait à loccasion ou mordillait ladversaire. Les pyjamas cédèrent dans la confusion. Les boutons détachés, les vestes largement ouvertes, les pantalons baillaient ou glissaient sur des cuisses, au point quon finit par ne plus les remonter.
Alors que je venais de prendre le dessus, immobilisant ma proie, mon regard se trouva juste à la hauteur de sa poitrine. Les petits seins droits, fermes comme à ladolescence, tendaient vers moi comme une provocation. Davantage avec lesprit joueur que canaille, je gobai un téton, le faisant rouler sous la langue. Le rire de Viviane se transforma en soupir. Jembrassai lautre de la même manière, heureuse de le sentir grossir dans ma bouche.
Profitant de mon ramollissement éphémère, ma copine me retourna et se retrouva sur moi. Le regard lubrique, elle me gratifia dun sourire coquin. Notre chahut dadolescentes se transformait sans intention préalable en jeu pour adultes, les rires sévaporèrent.
Viviane caressa mes seins avec franchise, en maîtresse avertie, puis les embrassa. Sa bouche sur ma peau provoqua la réaction attendue, mes tétons se développèrent. Elle les aspira tour à tour, et joua de la langue sur les aréoles. Jétais aux anges.
Encouragée par cette victoire, elle glissa sur mon ventre, le couvrit dune myriade de baisers à la tendresse savoureuse, et joua de la langue dans mon nombril. Toute envie de résistance envolée, jattendais la suite sans impatience. Car suite il devait y avoir, la spontanéité de ses gestes en était la promesse.
Á la découverte de mon corps, Viviane sattarda sur mon pubis, les poils navaient pas retrouvé leur longueur initiale mais repoussaient. Sa bouche perdue dans ma toison, le regard accroché au mien, Elle toucha ma fente dun doigt. Lexcitation psychique déclencha aussitôt mes sécrétions. Mon amante sen aperçut sans doute, car elle me toisa dun sourire non plus coquin, mais dune tendresse désarmante avant de glisser son visage entre mes cuisses.
Elle écarta mes grandes lèvres et resta un moment à regarder mes chairs, hésitante. Ce nétait pas à moi de lui dire, de la forcer ou de la décourager. Je devais accepter son choix. Lattente était une délicieuse que jadmettais de prolonger. Si le courage lui manquait alors tant pis, je ne lui en voudrais pas.
Viviane senhardit, posant des baisers humides de chaque côté au niveau de laine. Son souffle sur ma peau me remplissait déjà de bonheur. Puis, relâchant mes pétales, elle embrassa ma fente avec délicatesse, comme un petit animal blessé. De savoir que jétais sa première mémoustillait. Enfin, elle osa toucher ma plaie intime de la pointe de sa langue. Elle releva son visage un court instant, me sourit comme si je venais de lui faire découvrir une saveur délicieuse. Et ce goût était le mien. Puis elle disparut de nouveau entre mes cuisses.
Sa langue senhardit cette fois, se fit plus pressante, sa bouche devint vorace.
Les yeux fermés, les narines pincées, je me laissai aller, une main sur mes seins et lautre dans les cheveux de mon amante. Dun soupir dencouragement ou dun mot tendre, je la guidai dans mes chairs dilatées, lui indiquai la caresse de la langue ou du doigt.
Viviane continua de me lécher, de fouiller ma grotte, de me masturber jusquà la montée dun plaisir décuplé par la situation. De savoir que jétais la première à bénéficier ainsi de sa générosité donna plus dintensité à mon orgasme. Je jouis presque sauvagement, plaquant sa tête contre moi dune main autoritaire, pour garder sa bouche ouverte sur ma fente jusquà la fin.
Elle sagenouilla sur le lit, retrouva son air dadolescente ravie dune bonne blague, et essuya ses lèvres brillantes de ma mouille sur son avant-bras.
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