Rose 9
Au petit matin de ce mercredi, je me réveille tout habillé dans mon fauteuil. Rien ne bouge autour de moi. Des clapotis viennent de la salle de bain dont la porte est mal fermée. Je me dirige vers les bruits. Assise sur le bidet, une poire souple surmontée dune canule en main, Rose a repris la toilette, elle chasse limpureté, la souillure. Je me retire sur la pointe des pieds et retourne dans mon fauteuil.
Rose traverse le salon, fait semblant de ne pas me voir, retourne à la chambre. Quels conseils la nuit lui a-t-elle apportés ? Moi, après plusieurs lectures des enregistrements, jhésite à interpréter les affirmations de Rose. Quand elle dit : « javais le meilleur », le pense-t-elle ou ne cherche-t-elle quà vexer celui qui lhumilie ? Elle a dit aussi quelle se vengerait. Lépreuve barbare de lécoute des cassettes que je lui ai imposée la probablement encore plus humiliée que les insultes de Gilles.
Depuis un mois je lai vue séloigner de moi et se rapprocher de Gilles. Sil est clair désormais que leur couple ne pouvait pas sinscrire dans la durée, il est possible que mon intervention désespérée ait cassé le dernier fil qui nous reliait. Je me dirige vers notre chambre.
- Bonjour Rose.
Je cherche son regard fuyant.
- Bonjour Paul, répond-elle sèchement.
Le dialogue va être difficile à établir.
- Si ma présence test insupportable, je men irai. Tu ne maimes même plus un peu ?
- Pourquoi me suis-je si follement appliqué à te retenir, puisque ton cur ne maimait déjà plus. Tu as rempli avec Gilles un vide dans ton cur. Je ne sais ni pourquoi ni comment ce vide sest installé. Jai raté quelque chose, jai été aveugle, je ne comprends pas, mais cest arrivé ; je nai pas été le bon mari que tu attendais, sinon je naurais pas perdu ton amour. Je dois te dire que les événements mont fait perdre les pédales. Je ne sais plus où jen suis.
Paul, cest vrai. Jamais je ne taurais cru capable de tendre un piège aussi humiliant. Mais tu ne portes pas seul la responsabilité de ce malheur puisque cest moi qui ai été infidèle. Jétais heureuse avec toi : il a fallu que Gilles joue au serpent tentateur pour que je perde la tête de façon inattendue. Je me suis sentie prise dans un cyclone de curiosité, de vanité. Maintenant je sais que cétait stupide et moi aussi jai honte de ce que jai fait et du mal que je tai fait. Je suis impardonnable.
Quallons-nous devenir ? Au pire moment de ma folie, je nai jamais soupçonné que je te perdrais. Tu restais le rocher auquel je voulais maccrocher, quoi quil puisse arriver. Le reste me paraissait superficiel. Hier, dans le feu de laction, je me suis emportée, mais Gilles venait de me chauffer à blanc sur le chemin de la maison avec ses promesses, ses rêves. Je comprends que tu sois devenu furieux, jétais odieuse, infecte et inconsciente au point de ne pas me protéger et en plus, je me montrais prête à une grossesse que je tavais refusée. Mais ce refus raisonnable a soudain volé en éclats dans le feu de la passion.
Et cela, moi non plus je ne pourrai jamais le comprendre ni me le pardonner. Ce sale type ma embobinée dans le seul but de tirer un coup. Tous ses beaux discours répétés à un tas dautres filles ne tendaient quà minscrire à son tableau de chasse. Quest-ce que jai pu être bête ! Tu as entendu toutes les horreurs quil ma dites lorsque vous nous avez laissés seuls. Ça ma remis la tête sur les épaules, mais si tard, tellement trop tard. Il est normal que je te dégoûte.
Nous sommes là, désespérés, deux épaves de la vie à la dérive, présents mais séparés par un mur de honte. Une phrase ma bouleversé, je nétais pas sensé lentendre, à mes yeux ça vaut tout lor du monde, même si je sais que cest exagérée et je doute.
- Je crois que jai compris que tu étais une victime. Je suis déçu que tu ne maies pas appelé au secours.
Pendant que tu te reposais, jai écouté encore et encore la cassette enregistrée au moment où vous étiez seuls. Son contenu est totalement différent de ce que je croyais entendre. Jy ai trouvé une raison despérer que tout nest pas fini entre nous. Javais besoin de savoir si vous aviez des plans pour lavenir. Javais aussi besoin de preuves pour un probable divorce. Le divorce de Sylvie menaçait Gilles. Vous auriez pu envisager de vous établir ensemble et tu aurais annoncé que tu ne voyais plus lutilité de continuer à vivre avec moi, que tu me quittais. Un homme prévenu en vaut deux ! La lecture de cette deuxième cassette ma appris que Gilles ne taimait pas et quil méprise les femmes faciles qui ne sont à ses yeux que des objets de plaisir. Jai découvert à quel point il ta trompée et déçue. Jai appris que dautres moniteurs de latelier espéraient leur tour et quils allaient te soumettre à un chantage. Jai eu la joie de découvrir que tu avais résisté à ton patron et que Gilles était ta première aventure. Jai surtout remarqué une phrase qui ne mest pas adressée, mais qui me concerne et qui ma éclairé sur lestime que tu as eue pour moi. Tu as dit : « Javais le meilleur marià la maison ». Si ce nétait pas dit pour vexer Gilles, si tu le pensais et si tu me gardes encore un peu de cette estime, je suis prêt à renoncer au divorce et à continuer la route avec toi.
- Tu ne veux plus divorcer ? Et si moi, je veux divorcer, que feras-tu ?
- Ce sera ta décision. Je ne vois pas pourquoi je te forcerais à vivre avec moi contre ton gré. Si tu ne maimes plus comme je taime, jen serai malheureux, mais il ne servirait à rien dêtre malheureux ensemble.
- Je croyais que tu voulais me garder prisonnière pendant ton mois de congé. Si je te dis que je veux partir aujourdhui, me laisseras-tu men aller ?
- Avec regret, mais ce sera la dernière preuve de mon amour. Je voulais dire que pendant ce mois je voulais te soigner, te protéger, savoir si tu étais enceinte, non de moi, mais par ma faute et taider à affronter une telle situation, te donner loccasion de tenter une nouvelle expérience avec moi, te faire passer les examens médicaux nécessaires dautant plus maintenant que les nombreuses conquêtes de ton éphémère amant lont exposé à des maladies sexuelles transmissibles.
-Tu crois que
je pourrais être contaminée ? Et si je reste, me feras-tu confiance ?
- Javoue que tu me poses la question à un million deuros. Je tai toujours fait confiance, jusquau jour où jai constaté que tu devenais étrange, cest à dire le deuxième mardi où tu es revenue en retard. Je crois que je resterai vigilant, ne serait-ce que pour écarter les maîtres chanteurs. Notre confiance est à rebâtir avec patience. Donnons-nous un mois de réflexion, ne précipitons rien si tu le veux bien.
Quand coucheras-tu à côté de moi ? Et me feras-tu un si je te le demande ?
- Si tu madmets dans ton lit je mendormirai près de toi dès ce jour. Mais je ne te ferai lamour quaprès tes prochaines règles. Si tu me demandes de te faire un , ce sera parce que tu auras confiance en moi. Et si je te fais cet ce sera parce que ce sera le fruit de notre amour retrouvé.
- Veux-tu membrasser ?
Comment résister encore ? Cest un étrange baiser, plein de retenue.
- Détruiras-tu les preuves de mon infidélité ?
Ça sent le piège, mais comme je ne suis pas seul à en détenir, je réponds, prudent :
- Dans un mois, quand notre décision sera prise.
- Tu as lintention de les utiliser pendant ce mois ?
Non. Mais je vais te donner loccasion de ten servir. Tu as dit à Gilles que tu allais le dénoncer au directeur de latelier : tu pourras lui montrer toutes ces preuves. La conversation reprendra après le petit déjeuner si tu veux. Allons à la cuisine.
À chaque passage devant un miroir, les traits de Rose se durcissent, elle domine mal la fureur qui bout en elle. Les ongles de Sylvie ont creusé des sillons dans son visage. Elle a juré de se venger.
Remettons à plus tard notre discussion, je me sens si fatiguée. Cest peut-être leffet de la pilule que tu mas fait prendre, je vais garder le lit ce matin. Et toi, que vas-tu faire ?
Je vais mettre un peu dordre dans mes affaires et peut-être faire des courses. Moi aussi, je suis fatigué. Et il faut que je réfléchisse.
Elle sest couchée. Veut-elle retarder certaines décisions ou préparer un plan, des propositions ? Je range mes cassettes, mon appareil photo, les aveux signés et la cravache dans ma mallette. Rose sest endormie. Sans bruit, je quitte la maison, rejoins la voiture qui a passé la nuit à lécart. Le bruit du moteur ne la réveillera pas. Vers onze heures je reviens. Les photos seront à prélever demain, le photographe est averti de leur caractère particulier et me livrera trois tirages. Les aveux sont photocopiés en multiples exemplaires. Jai par chance réussi à faire dupliquer mes cassettes plus facilement que je ne pensais. Jai acheté un film pour lappareil photo, il y a remplacé celui qui est resté chez le photographe. Sous le tapis arrière du coffre, bien enveloppés, je cache les originaux des aveux et des cassettes.
Jabrite ma voiture au garage. Je rentre avec ma mallette et en prime une baguette de pain. Rose est toujours endormie. Mais lenveloppe blanche nest plus sur la chaise dans la chambre de ses amours ! Peu après mon retour elle apparaît, toujours en robe de chambre, déclare quelle a bien dormi mais quelle souffre de maux de tête que nous attribuons à la pilule.
- Tu es sorti ? Ah ! Tu as pensé au pain. Quest-ce quon mange à midi ? Je vais regarder dans le réfrigérateur. Je préparerais volontiers quelque chose de léger.
Je vais déposer ma mallette fermée à clé dans ma chambre. Ce nest pas habituel, mais cela me permet de remarquer sur la table de chevet une enveloppe blanche vide. Son contenu a disparu. Je vais tester la sincérité de Rose.
Après le repas, jai droit à une accolade avec baiser ravageur de Rose. Elle me tire vers le canapé pour un entretien. Je ne lui laisse pas le temps de prendre la parole.
- Ton mal de tête dure-t-il ? Est-ce que tu as réussi à dormir toute la matinée ?
- À peine allongée, je suis partie et je ne me suis réveillée que lorsque tu as mis la clé dans la serrure, comme si je te sentais revenir, chéri.
Ce chéri à la fin dune phrase, cest soudain la signature dun mensonge. Je décide de lui montrer que je ne suis pas dupe cette fois.
- Pourquoi me mens-tu, Rose ? Je sais que tu tes levée. Comment te faire confiance ? Ne moblige pas à te mettre une preuve sous le nez. Ne me raconte pas nimporte quoi, que tu es allée aux WC ou boire un coup ou te laver les mains. Sois honnête. Nous ne bâtirons rien ensemble si tu recommences à mentir.
Au début elle affiche un air étonné puis elle prend un air de chien battu. Je me lève et vais chercher ma mallette dans la chambre. Elle ma suivi, est passée de son côté du lit. Quand je me retourne lenveloppe blanche a disparu. Je retourne au salon, réinstalle le magnétophone, y glisse la cassette marquée dun 2 et jinvite Rose à prendre place dans un fauteuil pour marquer une distance. Jinsiste :
- Ce que tu mobliges à faire me rend malade, tu lauras voulu.
Le magnéto démarre, nous allons revivre un moment pénible. Je laisse couler le fiel jusquà la menace : « il me le paiera ». Je marque un temps de pause, sans commentaire et relance pour marrêter à lenveloppe blanche.
-Sais-tu où est cette enveloppe ? Rose, réponds.
Elle semble descendre des nues. Je me lève, me penche sur Rose, plonge la main dans la poche de la robe de chambre, en tire lenveloppe vide.
-Tu la vois ? Où est le contenu ? Tu as assez joué, est-ce le début de ta vengeance ? Peux-tu encore me demander de te faire confiance ?
- Pardon ! Mais cest tellement humiliant. Alors, si tu y tiens, lis.
Et elle me tend une feuille chiffonnée sortie de lautre poche. Je défroisse et lis :
Ma petite pute. Quand tu liras ce mot, nous aurons pris tous les deux notre plaisir. Tu mas cherché, je tai eue. Tu sais que ma femme menace de divorcer si on continue à se rencontrer. Alors merci pour le don de ton corps. Ne compte pas sur le mien ni sur mon cur à lavenir. Tu mas amusé, mais je ne tai jamais aimée, petite conne. Cesse de croire ceux qui ne pensent quà te sauter. Cest idiot. Si ton mari ne te suffit pas, dautres que moi pourront satisfaire tes flammes. Je me suis assez brûlé à ton feu dévorant. Oublie-moi.
- Cest encore pire que le contenu de la bande sonore. Cétait prémédité. Pourquoi nas-tu pas voulu partager cette peine avec moi ? Ce saligaud a profité de toi et te jette comme un kleenex. Viens sur mes genoux, ne te laisse pas influencer par ce dégoûtant. Moi je taime.
Comme aux plus beaux jours, elle sinstalle sur mes genoux. Nos corps se réapprennent.
-Tu voulais, je crois, me dire quelque chose. De quoi sagissait-il ?
Elle na pas perdu la mémoire ! Elle semble puiser du courage sur mes lèvres.
- Cest à propos de latelier. Je ne veux plus y retourner. Ne fais pas cette figure ! Non, jaurais trop honte de reparaître là-bas. Mais je me demandais sil ne serait pas préférable de ne rien dire : ça va me faire une mauvaise publicité dans tout le quartier.
- Tu me stupéfies, toi-même tu as menacé Gilles de le dénoncer. Tu ne vas pas le laisser continuer avec dautres. Ne me dis pas que tu veux protéger ce pourri et ses trois complices qui pourrissent toutes les femmes du quartier. De toute façon, si tu ne le fais pas, Sylvie et moi avons décidé dagir.
- Tu ne peux pas me faire ça. Je noserai plus mettre la tête dehors !
Toute marque daffection doit mattendrir et mamener à détruire le souvenir de laventure. Rose calcule tout dans ce but.
- Pourquoi ? Te sens-tu si coupable ? Tu es tombée dans leur piège, ce sont eux les coupables. Cest criminel de les laisser continuer. La dénonciation va renseigner le responsable de cet atelier, la police et la préfecture, quitte à imposer une fermeture administrative de ce lieu de débauche subventionné.
- Dans ce cas je raconterai que tu nes intervenu que lorsquil était trop tard, que tu as volontairement laissé Gilles me coincer . Tu passeras pour un mari vicieux qui prête sa femme et joue au voyeur, un vilain pervers
Elle na pas fini sa phrase que je lai repoussée vers son fauteuil.
Je constate que tu as choisi ton camp, celui des séducteurs, contre ton mari. Tu es libre de dire tout ce que tu voudras. Tu nauras pas à te déplacer, les enquêteurs passeront ici dans les prochains jours. Ce matin, jai déposé une plainte au commissariat. Je pense que demain un officier de police se déplacera pour avoir confirmation des faits. Tu pourras nier, mais il faudra expliquer létat de la pièce où tu as reçu ton ex amant car rien na été nettoyé, et rien ne sera nettoyé. Tu voudrais me faire chanter, létat de tes joues, tes aveux écrits et ceux de Gilles, le contenu des cassettes, et aussi ce torchon, plus les photos justifieront mes réactions.
Jassume dans ce cas ce que ma inspiré une jalousie normale de la part dun mari bafoué. Le témoignage de Sylvie corroborera mes accusations à propos dhier et des fois précédentes. Tu choisiras entre des accusations simples ou létalage complet et détaillé de tes exploits amoureux. Sil le faut, je ferai convoquer les filles et femmes de ta troupe et les victimes de lan passé. Je peux même convoquer un journaliste avec un photographe pour que la presse locale révèle le scandale et montre ton visage marqué par la femme à laquelle tu as voulu prendre son mari. Cela avancera mes positions en cas de procès en divorce.
Elle se lève déboussolée :
- Mais, je croyais que tu ne voulais plus divorcer. Tu mas menti !
- Ne veux-tu pas constater que tu viens de changer la donne en me menaçant ? Tu mas trompé et tu veux protéger la débauche de tes moniteurs. En choisissant cette conduite, tu me forces à révéler les plus petits détails, et ceux des bandes sont croustillants. Tu maffirmes que tu maimes, que tu veux un de moi, mais pour te réserver une chance de courir derrière Gilles et les autres voyous, tu cherches à me nuire. Il faudra assumer tes choix. Tu vois cette boîte, cest celle de la pilule, elle fera partie des pièces à conviction.
Je me lève, range mon attirail dans la mallette. Je vais fermer les chambres à clé, empoche les clés. Rose est médusée, se dirige vers la porte dentrée, sort en robe de chambre et dit :
-Si cest comme ça, je men vais.
-Bon vent.
Je la laisse partir. Cinq minutes plus tard, elle revient et sassied dans son fauteuil.
- Il faudrait que tu maides à me laver le dos, tu veux, chéri ?
Elle a décidé de changer de technique. Elle est toute gentille, toute douce et mexpose ce corps que jai aimé, que jai chanté mais quun autre a aimé, désiré, défoncé, obtenu et ensemencé.. Je vais la laver sans la convoiter, même si elle se déhanche comme un mannequin en balançant ses fesses tentatrices.
Sa menace a réveillé lamertume qui me serre la gorge depuis le début de cette histoire. Dans la douche, elle juge nécessaire de bien exposer à mes yeux tout son dos, mais aussi le sexe que Gilles na pas épargné. Tout autre que moi sy laisserait prendre. Paupières mi-closes, elle guette mes réactions. Hélas pour elle, devant mes yeux dansent les images de sa trahison.
-Chéri, si je dénonce Gilles, est-ce que tu montreras tout à la police ? Ce ne sera pas nécessaire ! Jai tellement honte. Oublie ce que je tai dit, cétait des paroles en lair, je ne les pensais pas. Réponds.
- Assieds-toi et montre ta joue.
Je reste infirmier et ne relève pas. Elle nabandonne jamais, utilise son pouvoir de séduction pour parvenir à ses fins.
- Si tu veux, je peux remettre la pièce en bon ordre.Ca moccupera .
- Quand, maintenant ? Nous avons quelque chose de plus important à faire cet après-midi. Je tattends à la table du séjour.
La curiosité la pousse à me suivre. Japporte du papier à lettre, une enveloppe et un crayon à bille.
- À toi décrire au directeur. Sur lenveloppe, tu mets son nom et son adresse si tu la connais.
Elle hésite, me supplie du regard, reprend un air malheureux, objecte :
- Mais que veux-tu que je lui écrive ?
- Commence par lenveloppe, on verra pour la suite.
Elle rédige lenveloppe. Cest déjà un bon début. Je lui tends le papier à lettre :
Tu remplis ton adresse, tu dates, tu mets le destinataire, et puis
Monsieur,
Par la présente, je veux dénoncer les activités honteuses de monsieur Gilles
Profitant de sa situation de moniteur, il ma séduite, ma proposé des leçons particulières à mon domicile et jai eu la faiblesse de lui céder.
Mardi soir, nous avons été surpris par mon époux et par son épouse en flagrant délit dadultère. Nous avons reconnu par écrit notre faute, comme en témoignent les photocopies ci-jointes de nos aveux écrits, datés et signés en présence de nos conjoints. Ces faits relèvent de la sphère privée.
Je joins à ce courrier la photocopie dune lettre quil mavait remise en me demandant de la lire après son départ. Jajoute quil ma menacée de me livrer à trois de ses collègues de latelier qui usent de chantage pour séduire les victimes de Gilles : il sagirait de Karim, Maurice et Alain.
Ce courrier a pour but dattirer votre attention sur les dangers courus par les autres jeunes femmes qui fréquentent le foyer. Gilles sest vanté davoir séduit 123 femmes avant moi. Nous tenons à votre disposition une cassette enregistrée par mon mari qui confirmera cet écrit, si besoin. Il vous appartient de prendre les mesures qui simposent dans limmédiat, notamment la suspension de lintéressé.
Copie de la présente est envoyée au commissariat de police, à monsieur le maire et à monsieur le préfet.
Veuillez agréer
Signature
-Tu crois vraiment que lon doit envoyer cette lettre ? Jai tellement honte.
- Si tu veux échapper au chantage des trois autres et de Gilles, il ny a que cette solution. Si tu leur montres que tu les crains, ils se croiront tout permis. Tu naccuses que celui qui ta abusée. Laisse les responsables mener leur enquête. Avant la fermeture des magasins, je vais faire des photocopies pour les poster ce soir. Ne tinquiète pas du quen-dira-t-on parce que, si tu laisses aux autres lavantage de lancer des rumeurs sur ton compte, tu seras bien plus salie dans lopinion publique. Sa lettre dadieu anonyme, mais accompagnée de ses aveux signés, va lui clouer le bec. Ça lui apprendra à traiter les femmes comme des esclaves. Ferme toutes les issues pendant mon absence. Je taime, ne loublie pas.
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