33.1 Sexy Sans Sexe : Le Bac Philo.
Jérém est tellement proche de moi que je sens son épaule frôler mon dos, je sens son souffle chaud sur mon cou, comme de la braise, comme pendant la baise ; je sens son déo, mélangé à sa transpiration légère
tellement proche que ses lèvres effleurent mon oreille pour y glisser :
Chez moi, maintenant
Putain de putain de mec
cette voix basse, tendue par lexcitation, ce ton autoritaire qui nadmet dautre possibilité que lobéissance
et que faire devant lurgence absolue de sa jouissance de mec ? Obtempérer mon capitaine, obtempérer
Je vibre
je tremble
je frissonne
javais espéré quil le fasse mais je navais pas osé espérer que cela arrive vraiment
par ailleurs, jaurai vraiment été déçu que ça ne se passe pas exactement comme ça
On est à quelques minutes à pied de la rue de la Colombette. On fait la route en silence, pas après pas, rue, après rue, il marche vite devant moi, sans maccorder le moindre regard
je le suis, je cours après lui, je suis comme tenu en laisse
cest une chaîne qui me lie à lui, une chaîne faite de beauté, dassurance virile, de désir, de testostérone, de puissance, de déo de mec
denvie pure
La porte dentrée de limmeuble est ouverte à cette heure-ci
je monte les escaliers derrière lui, envoûté par son déo qui traîne derrière son passage et qui me donne une trique denfer
je ne sais même pas comment je résiste à la tentation de me jeter sur ce putain de petit cul bien serré dans son short, sur ces fesses rebondies, comment je résiste au bonheur de lui arracher le short et le boxer et de fourrer ma langue dans son ti trou
Retour en arrière de quelques heures.
Lundi 11 juin 2001, 8h00, devant lentrée du lycée. Nous voilà, nous y sommes. Bac philo. Cest toujours un bon paquet de stress un exam. Cest assez solennel, une sorte de grande messe et je le vis comme une espèce de passage important dans la vie, une sorte de transition de lenfance à lage adulte.
Je voyais bien que nombre de mes collègues de classe le vivaient de façon bien plus détendue
ils y allaient presque en touristes
peut-être avaient-t-il raison de ne pas se prendre le bourrichon
quand on sait ce quest devenu le bac depuis
un bout de papier quon donne à tout le monde, avec nimporte quel niveau
Hélas jétais ainsi câblé
perso le bac me faisait angoisser. Le stress mavait cueilli dès le réveil ; il mavait accompagné sous la douche, pendant que je mhabillais ; tenace, il mavait suivi au petit déjeuner et perturbé pendant que javalais mon bol de café au lait ; entêté, il mavait poursuivi durant tout le trajet à pied vers le lycée.
Non, le stress pour le bac ne semblait pas destiné à me quitter ce jour là : jétais un jeune homme très sensible au stress. Heureusement pour moi, il y avait quelque chose pour laquelle jétais bien plus sensible encore: cétait la beauté masculine, cette perfection virile qui avait pour moi le visage, le corps et lallure de Jérémie T.
Certes, en repensant à mon départ de chez lui la veille, je flippais grave à lidée de le retrouver au bac
javais beau avoir construit dans ma tête le Dimanche Matin 2.0 pour essayer de me convaincre que son changement dattitude entre la nuit et le matin, que son agressivité nétaient que la conséquence de son malaise vis-à-vis de cette relation qui le chamboulait, de son impossibilité à sassumer, lui qui était tellement installé dans son rôle de mâle à femmes ; javais beau essayer de me convaincre que sa tendresse de la nuit était le plus bel aperçu du vrai Jérém, de ce quil était en réalité au plus profond de lui, un garçon marqué par les blessures du passé ; un garçon qui, lespace dune nuit, avait trouvé la force de laisser tomber la carapace
; oui, javais beau avoir conçu le Dimanche Matin 2.0 pour me persuader que, en prenant sur moi et en laissant du temps au temps, Jérém se rendrait compte des sentiments quil éprouvait pour moi et que notre relation pourrait évoluer ; il nen demeurait pas moins vrai que ce matin là au réveil jappréhendais grave de croiser son regard, de crainte de le voir toujours si noir envers moi, si haineux
ou, pire, distant, indifférent
Mais au delà de tout, au delà des toutes mes craintes, tout ce dont javais envie ce matin là en arrivant au lycée, cétait de le voir débarquer.
Je laperçois arriver de loin, en baillant ; je ne peux pas le quitter des yeux, le regard caché derrière de grandes lunettes de soleil noires, avec sa démarche de mec assuré et bien dans ses baskets
il est sex, mon Dieu quil sent le sexe même à 50 mètres ou plus de distance
je le regarde avancer, grand, beau, sa silhouette parée avec des vêtements dété, un t-shirt bleu ciel estampillé Airness qui a lair une fois de plus cousu main et sur mesure
un short clair bien taillé, ses jambes musclées non pas coupées par des chaussettes qui bien souvent cassent la beauté de ces lignes mais se terminant direct dans les baskets blanc et rouge
Oui, une tenue dété dévoilant toute la perfection de sa morphologie
cest une des raisons pour lesquelles jaime lété
si ce nest pas la véritable raison
voir les mecs se découvrir, dévoiler leur beauté, des bouts de leur anatomie
de la sensualité se dégageant à travers ces tissus de coton fin qui laissent deviner des atouts qui ne demandent quà être mis à jour et admirés
Ainsi, dès que Jérém pointa son nez devant lentrée du lycée, le bac devint soudainement à mes yeux un sujet dune importance tout à fait relative. Il sarrête un peu à lécart de lattroupement de 4 ou 5 garçons de notre classe qui constituent sa meute
il soulève enfin ses lunettes de soleil quil appuie sur le haut de sa tête et commence à dire bonjour à ses potes avec des bonnes poignées de main de mec, tout en approchant la joue et en leur claquant le genre de bise bien virile que jamais il ne me ferait à moi et que moi non plus je noserais jamais lui faire
quest-ce quelle est mal foutue la vie !
Jai toujours été « troublé » par le fait que certains mecs, bien hétéros, ces petits cons surs de leur virilité, se font parfois la bise entre potes.
Le voilà, ce petit con dans toute sa splendeur : toujours à la bourre, toujours à la dernière minute
le voilà, sentant la douche fraîchement prise, ses cheveux bruns bien coiffés, plus courts autour de la tête, un peu plus longs sur le haut, réunis par un gel à leffet mouillé en une espèce de crête djeunz, ses pattes bien taillées descendant le long de ses oreilles droites et fines
finissant par aller rejoindre sa petite barbe de trois jours, sexy à en pleurer
la gueule enfarinée dune nuit trop courte
oui, une nuit trop courte qui laisse tout imaginer
est ce quil a révisé ? Peu probable
Est-ce quil a baisé une nana ? Déjà plus réaliste
Il a fini sa tournée de poignée de main, arborant son sacré sourire charmant, il sort son paquet de cigarettes, il nen allume une ; il tire une taffe, et tout en gardant un instant la fumée avant de lexpirer, il a ce geste qui doit être certainement à moitié inconscient
il lève les bras, il plie les avant bras faisant gonfler ses biceps en boule dans les manchettes du t-shirt ; il ferme les yeux, il sétire et son t-shirt commence à remonter sur sa braguette ; cest tellement agréable cet étirement du matin quil continue, augmentant la tension de son torse, cherchant à dégourdir tous ses muscles
et alors, au delà dun certain seuil, voilà la zone rouge approcher
son t-shirt bleu ciel se soulève encore un peu
putain
dans sa recherche du bien être, sans se soucier ni même peut être se douter de leffet que son geste va avoir sur bon nombre de sujets féminins et au moins un sujet masculin à proximité, il sétire un peu plus encore
là on approche vraiment de cette vision magique que je me retrouve à attendre avec des frissons dans tout le corps
vas y, vas y, vas y encore Jérém
à peine un peu plus
ouiiiii, comme ça !... et là je vois bien apparaître le chemin de poils qui relient son nombril à son sexe
cest un outrage, cest de la provoc, cest beau et infernal à la fois
surtout à mon égard
moi qui sais à quel endroit paradisiaque ce chemin amène, surtout quand on lemprunte en direction du sud
Une fois terminé son étirement plutôt spectaculaire et remarqué, Jérém repart pour un petit tour de bonjour à quelques autres copains attroupés un peu plus loin ; il fait la bise à quelques nénettes, je suis un peu plus loin en train de discuter avec dautres copains, le clan des loosers, il ne nous calcule même pas.
Putain de petit con ! Même pas un regard
pas un regard, après ce qui sest passé samedi soir, après ce moment si magique ; pas un regard qui exprimerait le moindre regret pour son comportement brutal et à lapparence incompréhensible le dimanche matin, pour cette pipe quil mavait arrachée à grands coups de reins comme sil voulait me défoncer la gueule et dont mon palais endolori se souvenait encore si bien 24 heures plus tard
non, son attitude était énervante de normalité
comme si tout allait bien
comme si tout était normal
Mais Jérém était beauuuu ce matin là, beau, beau, beau, et le soleil le rendait encore plus beau
javais envie de lui et javais envie de le cogner, de lui faire mal, autant de mal quil men faisait
ces deux sentiments là, lenvie de lui faire lamour et lenvie de le cogner, seront souvent présents en moi pendant les années durant lesquelles on se côtoiera
et tout particulièrement ce matin là
heureusement, je choisirai presque toujours la solution « bonobo » pour apaiser les tensions entre nous
Non, rien dans lattitude de Jérém ce matin là aurait pu laisser penser quil regrettait quoi que ce soit de ce fameux dimanche matin, de cette sorte de festival de lhumiliation et de la déception quil mavait fait vivre, où javais cru toucher le fond de ce que je pouvais endurer
hélas je ne le savais pas encore, mais jétais loin du compte
Mais ça cest un autre sujet et lheure de rentrer dans la salle dexam était bien arrivée. On nous appelle et nous franchissons la porte du lycée. Nous traversons le grand couloir et je sens le stress me rattr
oui, dès que je détourne le regard de Jérém, je sens cette putain dangoisse pour lexamen refaire surface en moi et me prendre aux tripes
Jérém était ça pour moi, la seule personne au monde capable de tout me faire oublier
il était là et il ny avait plus rien ni personne qui existait
on maurait dit que la fin du monde approchait à quelques secondes, je men serais fichu, si seulement il avait été là, si seulement la dernière image que jaurais pu emporter avec moi était celle de sa beauté et de lémotion débordante dont sa simple présence remplissait mon coeur
Cest intimidant de se retrouver devant des surveillants à lair mauvais, agacés dêtre là alors que dehors il fait beau, face à des copies du Ministère, devant les épreuves qui vont nous donner accès à la suite de notre vie. Avec le recul, il me faut admettre que je stressais pour rien, car franchement, le bac de philo ne me faisait pas peur. Sil y avait un truc que javais pigé au lycée, cest quon ne peut pas rater une disserte de philo. Dans la pensée humaine, le vrai et le faux ne sont que des partis pris : dans labsolu il ny a pas de vrai, ni de faux ; il ny a que des points de vue.
Dès quon a intégré cela voilà que la disserte de philo est dans la poche : pour peu quon lise lintitulé, quon surveille lortho, quon sache trouver deux arguments pour ou contre, quon glisse ensuite nimporte quelle citation de grand penseur (à condition bien sur de la citer dans le bon sens et de la caser au bon endroit), le bac philo est inratable. Un pur exercice de style.
Encore faut-il disposer dun minimum de calme et de concentration pour écrire des phrases avec un minimum de sens : hélas, ce matin là, je nallais disposer ni de calme, ni de concentration. La faute à qui ? Je vous le donne en mille
Ce matin là, assis à mon petit banc de lycéen, ce banc que jallais bientôt devoir abandonner, je me fis une réflexion qui ressemblait un peu à ceci : dans la vie il ny a pas de bon ou de mauvais, il ny a que la beauté qui soit vraie. Aussi vraie quand elle est devant nos yeux que quand elle en est loin. Dans les deux cas elle nous hante. Dans la vie, il ny a que des beaux mecs et des moches. Cest linjustice de lexistence.
Côté beaux mecs, ce qui se résumait pour moi à la seule présence de Jérém, ce matin là jétais encore servi. Les initiales de nos noms de famille étant proches, nous nous retrouvons ainsi placés sur le même alignement de bancs, de sorte que juste en tournant le regard de quelques degrés sur ma gauche, je peux le voir. Il est là, à tout juste deux bancs de moi. Le hasard a fait superbement les choses, car son banc nest pas parfaitement sur lalignement, il est à peine un peu plus avancé
ce qui fait que, sans même tourner la tête, sa silhouette est pleinement dans mon champ visuel
Putain de Jérémie
ce petit t-shirt bleu ciel de lAirness
aaaahhhh quest ce que ça fait jeune mec sexy cette marque
ce coton qui moule ses biceps, qui épouse à la perfection les lignes de son dos puissant et musclé, de ses épaules, et qui a le culot dêtre dune longueur tout juste parfaite, comme étudiée, pour se relever dès que le bassin est un peu avancé, dès que le dos est légèrement penché en avant, pour remonter et montrer la beauté extrême de ses reins, pour laisse entrevoir lélastique de son boxer Athena blanc qui dépasse du haut de son short
putain de bassin posé vers lavant de la chaise, laissant bailler le short dune façon si outrageusement provocatrice et érotique
je crève denvie daller poser mon nez dans lespace béant ainsi crée entre sa peau tiède et ce beau short
putain de position, enfin, qui me donne toute la vue sur son tatouage de mec
Il est là, assis à tout juste deux bancs de moi
alors, dites moi, en étant normalement constitué, quoi faire dautre mis à part le mater ? Pendant que le surveillant donne les consignes pour le bon déroulement de lépreuve, je ne peux détacher mes yeux de lui
Je le mate comme un malade mais Jérém regarde ailleurs
le regard fixé dans le vide, les paupières lourdes, toute lallure du mec qui manque sérieusement de sommeil
putain de Jérém, même la veille du bac il lui faut faire la fête
et baiser ? avec qui, putain, avec qui ? ces questions, surtout la dernière, vont me rendre fou
Il me plait ce mec, il me plait plus que de raison, je me sens attiré vers lui avec une violence inouïe
et à chaque fois je me heurte violemment à cette putain de barrière, je mépuise avec cette putain de distance quil met entre nous
je laime, je laime plus que tout mais par moments je le déteste
ce sont des moment comme celui là où je me rends compte que je ne comprends vraiment pas son comportement du matin davant
jy pense et jy repense, et même si je peux admettre quil ne voulait pas de câlins à ce moment là, je ne comprends toujours pas pourquoi il a été aussi brutal avec moi, alors que je suis depuis longtemps complètement soumis à sa queue
je ne demande quà lui faire plaisir
sans déconner
je ne comprends pas ce quil veut de plus
vraiment je ne comprends pas comment on peut être si beau et si con à la fois
Quoi quil en soit, je ne peux pas marrêter de le mater
cest même pas que je ne le veux pas, cest que je ne PEUX pas
dès que jessaie de regarder ailleurs, dès que jessaie de détourner mes yeux ou ma tête, voilà quils reviennent aussitôt vers lui, mus par un réflexe incontrôlable, comme montés sur ressort, aimantés
je ne peux rien y faire
il me semble de lentendre, notre reine Gloria « cant take my eyes out of you ».
Et quand on mate à ce point, ce qui doit arriver, finit par arriver. A un moment il tourne la tête et nos regards se croisent
putain de regard de beau brun, il frappe le mien comme une claque assénée pour faire mal, il méblouit comme le choc dun éclair
jen suis surpris, déboussolé, comme un lapin pris dans les phares dune voiture
croiser son regard
lire son attitude à mon égard après ce qui sest passé ce week-end
jai peur de voir comment va réagir mon regard au contact du sien
jai la hantise de me taper la honte dans cette confrontation
peur de rencontrer son mépris, sa froideur
peur dy voir le reflet de mon malaise, de mon humiliation
Et maintenant que nos regards sont accrochés, je suis aussi mal à laise que je lavais imaginé
non, peut-être davantage : lénergie de son regard est si forte, jai limpression de fixer le soleil par une belle journée dété
il ne lâche rien, et pendant un instant qui me semble se dilater à linfini
non, il nen démord pas ce petit con
non seulement rien dans son regard semble revenir sur son attitude du dimanche matin, mais jai la nette impression quil me fusille avec ses yeux bruns implacables, plantés dans les miens, il me fixe sans lombre dun sourire, sans le moindre soupçon démotion
est-ce quil men veut encore pour hier matin ? Est-ce quil me méprise ? Quest-ce que jai fait de si mal à la fin ? Pourquoi les mecs hétéro ont-t-ils si peur dassumer leurs sentiments ?
Son regard est si puissant, si intense que ça en devient intimidant, insoutenable
au bout dun moment je me sens trop mal à laise et je suis obligé de baisser les yeux
putain il a encore gagné
Tel Icare au contact du Soleil, je me suis brûlé non pas les ailes, mais bien les yeux ; pourtant, la vision troublante de sa beauté me manque déjà
ainsi, le moment daveuglement passé, mes yeux sennuient déjà de celui qui est lobjet de leur plaisir le plus grand
et le plus dangereux
je narrive pas à soutenir son regard mais lorsque le contact est rompu, il me manque instantanément
Alors jy reviens un instant plus tard, juste avec le coin de lil, pour ne pas prendre son regard de plein fouet
je me protége car je suis encore convalescent suite à la brûlure de notre premier contact. Je cherche son regard mais je dois constater quil est perdu ailleurs.
Frustré mais apaisé de ne pas avoir pu établir ce contact, je laisse mes yeux divaguer dans lespace clos de la salle. Tiens, jy repense enfin
mais oui, cest ça : on passe le bac aujourdhui. Cest vraiment la fin du lycée. Quelques épreuves de plus et ce sera vraiment fini. Cette semaine. Finis les cours, finie la vie de lycéen, finies les révisions avec Jérémie. La fenêtre est ouverte et le beau temps persistant me rend triste.
Interrogez nimporte qui et la plupart du temps vous vous entendrez dire que le soleil amène la bonne humeur. Pas pour moi, pas ce jour là. Pas pour moi, car le soleil de ce jour là annonce la venue de lété qui va me séparer de Jérémie. Oui, la fin du lycée me fait peur : comment se revoir après ? Est-ce que Jérém pense à cela ? Ou alors est ce quil sen fout totalement ? Est-ce quil réalise quon na désormais plus aucune raison de se revoir ? Est-ce que sa bite va pouvoir se passer de moi ? Oh, que oui, aisément oui. Est-ce que je vais pouvoir me passer de sa queue ? Est-ce que je vais pouvoir me passer de lui ?
Quand je pense comment il a été dur avec moi hier matin
belle façon de terminer nos révisions
et maintenant il est là, à deux mètres de moi, et il me manque horriblement
jai envie de coucher avec lui, jai envie de le serrer dans mes bras, de toucher son torse, de le caresser, de lembrasser de la tête aux pieds
une légère brise rentre par les fenêtres ouvertes, elle caresse la peau de mon visage, de mon cou, de mes bras, je sens une sensation de déchirure dans mon ventre
jentends un oiseau chanter le Printemps caché dans un arbre devant le lycée
cest le seul son quon entend dans le silence qui domine dans la classe, à part la voix du surveillant
Cest beau et cest touchant ce chant, cest la voix de la belle saison qui arrive, du bonheur quelle est censée amener dans lesprit de chacun
hélas, ce beau temps, cette annonce dété était pour moi lannonce dune séparation annoncée et inévitable
alors non, cette année là le printemps navait pas pour moi le son insouciant des violons de Vivaldi, il ressemblait plutôt à langoissante gravité dune Toccata de Bach
larrivée de ce printemps, larrivée du bac, symbolisait à mes yeux le passage du temps, le temps qui avance et qui change tout, qui balaie tout sur son passage, le temps qui passe et qui nous enlève parfois ceux quon aime, de la vie qui tourne, qui apporte des choses, des rencontres et qui tourne toujours et finit par nous les enlever
je me rends soudainement compte dun truc qui me déchire les tripes
putain que cest dur de réaliser et dadmettre que nos révisions appartiennent déjà au passé
Un assistant passe entre les bancs pour distribuer les sujets. Le fait de voir la copie retournée posée sur mon banc a le pouvoir de me ramener à la réalité imminente, et mes soucis sont momentanément effacés par la tension de lexam. Certes lexam minquiète un peu
mais quest ce bien cette tension face à lémotion provoquée par la vision de Jérém ? Et je replonge
Son regard est toujours perdu ailleurs
alors je laisse mes yeux affamés de lui se rassasier de la vision de son torse moulé par ce bout de coton qui caresse sa peau
si ça ce nest pas juste un mec jeune et sexy avec un petit physique né pour lamour
un petit physique en demande damour
un petit physique aux muscles bien fermes, à la peau douce et soyeuse, avec une putain de queue raide et délicieuse
un corps avec les hormones à fleur de peau
un corps de rêve rempli de testostérone et qui ne semble aspirer quà ça
jouir
et franchement, dès que je le vois, drapé de sa jeunesse et de sa fraîcheur, je ne pense quà ça, je nai envie que de ça : le faire jouir
le voir jouir, et le voir repu juste après
Ainsi perdu dans mes réflexions, comme en état dhypnose, jai un sursaut quand jentends la voix du surveillant toute proche de moi : il se balade entre les bancs pendant quil finit de donner les consignes pour lexamen. Jai un autre sursaut, de bien autre ampleur lorsque, ainsi tiré de mon état second, je me rends compte que Jérém est en train de me mater à son tour
Son regard semble avoir soudainement changé
exit la noirceur et lhostilité, la rancoeur à mon égard
alors que tout à lheure, en arrivant devant le lycée il semblait me faire la tête, à ce moment précis jai limpression que Jérém nest pas seulement en train de me mater
non, il est carrément en train de me défoncer avec ce regard canaille que je lui connais bien, avec ce petit sourire narquois, charmeur, impuni, odieux, irrésistible collé au coins des lèvres et rayonnant de ses yeux
jai du mal à respirer, je sens ma gorge se nouer
je me sens tout retourné
je me sens troublé par cette attitude inattendue, je suis trop mal à laise, je me sens humilié par ce sourire qui nest à mes yeux ni plus ni moins que le spectacle de son triomphe viril sur moi
Je crève denvie de lui, mais là, devant son attitude désinvolte, je sens monter en moi un étrange sentiment, je le sens arriver avec violence, avec puissance, au triple galop
cest un sentiment plutôt noir, qui arrive à me faire oublier le désir même
putain
je sens que je lui en veux
je sens que jai envie de lui faire mal
Quelques heures plus tôt, seul dans mon lit, jétais si mal au fond de moi que mon désespoir ma conduit à imaginer le Dimanche Matin 2.0, un état desprit grâce auquel je pensais pouvoir lui pardonner ses sauts dhumeur en me disant que ça doit être dur pour lui dassumer ce quon fait ensemble ; jétais de bonne foi, je me disais que ce nétais pas simple pour lui, quau fond il doit souffrir autant que moi
oui, jétais prêt à prendre sur moi autant quil le fallait
je crois que jétais prêt à tout, à tout, sauf à ça
sauf au retour du Jérém sûr de lui et arrogant, se pavanant comme sil avait tout droit sur moi, comme si jétais sa marionnette, sa poupée gonflable et
jetable
Et là, devant son sourire sans remords, sans scrupules, je suis vraiment en colère, jai vraiment envie de me lever et daller le gifler pour lui arracher cet air supérieur, cette arrogance dans le regard, ce naturel avec lequel il semble balayer dun revers de main à la fois la nuit de tendresse quon a vécu, cette nuit quil a largement voulue, et son comportement ignoble le matin suivant
Le tout
sans transition
sans la moindre explication, son regard semblant mannoncer sans détour la reprise de notre relation de baise, de domination et de soumission là où on lavait laissé à la fin de notre semaine de révisions avant le bac
comme si de rien nétait
je sens une profonde exaspération monter en moi, je sens mes joues sempourprer, un sentiment de raz le bol, dinjustice et dhumiliation qui tape dans mon bas ventre
je crois que pour la première fois ce jour là je lai vraiment détesté
Je me sens bouillir à lintérieur
et puis il a ce truc
un truc contre lequel je ne peux pas lutter
la lutte nest possible quavec des armes égales
on ne peut pas se battre avec un couteau en plastique contre lavancée dun blindé
Jérém se lance dans lutilisation dune arme largement non conventionnelle
le voilà quil fronce légèrement les sourcils, le voilà quil donne un peu plus déclat à son sourire (ce mec est un chef dans lart de la maîtrise du sourire charmeur)
et voilà quil machève en me balançant un putain de clin dil qui a failli de me faire tomber à la renverse sur ma chaise...
Une seconde plus tôt javais encore envie de le cogner
là je ne comprends plus rien, en moi cest le black-out, je déconnecte, je me sens dériver
devant ce sourire et à ce clin dil inattendu et magnifique je suis à lui, entièrement à lui, avec ce sourire et ce clin dil il peut faire de moi tout ce quil veut, son pouvoir sur moi est infini
Oui, à linstant où ce sourire menvahit, je sens que mon regard devient chancelant : jessaie de tenir, la colère aidant
mais quest-ce la colère la plus noire devant ce désir à côté duquel rien ne compte plus? Si épaisse et gluante la seconde davant, je sens dun coup ma colère fondre, sévaporer. Tout offensé, tout humilié que je suis, tout désireux de lui faire payer son assurance et son arrogance, de latteindre ne serait-ce que par mon indifférence, je sais que je ne vais pas résister longtemps devant ce séducteur avec licence de
du regard !
Il le fait exprès, il veut ma mort ce petit con
non, mais Jérém
tes quand même bien conscient de ce que tu fais, la, avec ce regard, hein ? Tes conscient que tes à la limite de me rendre hystérique, dingue de chez dingue, le loup de Tex Avery tu vois ? Tu le sais que tes un grand malade ? Avec ce regard tu touches ma corde sensible, celle qui éveille tout mes sens et qui me met dans un état indescriptible dexcitation
AHHHHHHH, putain, tu veux ma mort ?
Tu crois vraiment que cest le moment ? Tu ne te rends pas compte
ou alors si, tu ten rends bien compte et tu fais exprès de minfliger cela
est-ce que tu tas idée de comment ton regard me renvoie à tous ces coups de bélier que tu mas mis pendant nos baises
? Est-ce que tu te rends compte de comment ton goût de mec a rarement quitté ma bouche, en vrai ou en souvenir, depuis des semaines
? Est-ce que tu timagines toutes les images que tu fais remonter en moi avec ce regard ? Le souvenir de cette semaine de révisions de dingue
le souvenir de ton odeur de mec
de ta présence olfactive
Oui, sa présence olfactive
elle remonte à mon esprit avec la puissance inattendue dun coup de fouet
jen suis tellement secoué que je ferme les yeux pour la retenir à moi
et là jai la surprise non pas de la voir se disperser, mais de la sentir devenir plus intense
jai limpression que ce nest pas vraiment un souvenir, mais plutôt une sensation bien présente
jai limpression que le petit vent qui rentre des fenêtres ouvertes, ce petit vent qui caresse sa peau avant darriver à moi, mapporte son parfum
Envahi par son sourire brun et rayonnant à craquer, submergé par son odeur de mec, je perds définitivement pied
je dépose mes armes ridicules et une fois de plus je sors perdant de ce duel de regards
oui, il a encore gagné ce petit con
certes, sil a gagné cette fois ci, cest bien à la déloyale
on avait dit un duel de regards
le sourire à tomber et lattaque olfactive rentrent dans la catégorie des armes non conventionnelles
Naaan mais la cest mort
je ne vais pas pouvoir tenir pendant quatre heures
je sens la trique gagner mon bas ventre
comment vais-je pouvoir philosopher dans cet état dexcitation ? Cest mal barré
Je ne peux éloigner ma vue de lui que pendant quelques secondes
des longues secondes pendant lesquels je suis alors un garçon en apnée visuelle
rien nintéresse mes yeux que sa présence, rien ne leur donne raison dêtre que son existence. Alors jy reviens : et cest pas possible, il regarde encore vers moi
il me défie, il me provoque
il savoure la vision du désir et du trouble quil sait minspirer
putain de petit con libidineux et limite sadique !
Me revoilà reparti dans un jeu de soumission à lui
dans une obéissance à ses envies obtenue par son simple regard
un jeu quil a lancé lui-même, avec un simple sourire. Je déteste quil ait autant de pouvoir sur moi et en même temps jadore ce jeu, cette complicité entre nous. Un jeu dont il a la main depuis le début. Et dont il tient tous les atouts. Tous ou presque. En tant que soumis, jai un atout majeur dans mon jeu : cest la carte de linsoumission. La mutinerie. Le défi soudain de lautorité que jai si souvent acceptée et célébrée. Cest un atout qui se joue par surprise et qui, je ne vais pas tarder à men rendre compte, peut chambouler tout le jeu en table. Il faut juste oser le faire.
Je sais que cest un atout dont lutilisation peut se révéler extrêmement dangereuse et entraîner des représailles pas toujours faciles à assumer
au même temps, je me rends compte que je trouve extrêmement excitante lidée de défier ce petit con, de le provoquer et dattendre ensuite sa réaction
il faut dire que ce matin là jen avais quand même gros sur la patate
son attitude de faire comme sil ne sétait rien passé de spécial entre nous depuis le week-end me rendait fou
alors, je me dit : fonce, fais le chier !
Cest ainsi que, juste au moment où le surveillant démarre le chronomètre, je sens monter en moi lenvie de tenter de renverser le déroulement sans encombres de son jeu, en me servant de mon atout « Insoumission ». Je décide dès lors de soutenir son regard, coûte qui coûte
cest un défi de taille que je lui lance, que je me lance, mais je le fais avec la ferme conviction davoir toutes mes chances pour que cela marche : mon défi va se dérouler dans une situation complètement insolite, une situation où nous ne sommes pas seuls et où il na pas vraiment de prise sur moi, si ce nest par le regard
dans cette situation, sa voix et son attitude corporelle, sa nudité, lexhibition de sa virilité, si importantes pour installer sur moi le harnais de sa domination, ne peuvent pas lui venir en aide : mon petit Jérémie, là tes dépouillé dune bonne partie de ton arsenal de dominant
est ce que ton regard seul suffira à massujettir ?
Oui, je soutiens son regard. Pendant un long instant. Au bout dun moment, mes yeux tremblants semblent se stabiliser. Mon regard charmé semble retrouver un équilibre et prendre de lassise pour résister aux assauts puissants de son esprit. On se fait face, et il ne me fait plus peur. Jessaie de résister à son charme, jessaie de ne plus me sentir humilié, jessaie de tenir debout
et curieusement, dès que jai lidée de le faire, tout cela me semble facile. Où est-il écrit que je lui serai soumis à jamais ? Où est-il écrit que je dois tout accepter de lui ? Certes, parfois jai envie de tout accepter
mais il est également bon de savoir que dans dautres occasions, il y a un bouton rouge devant moi avec marqué « Insoumission », un bouton sur lequel je peux appuyer pour arrêter le jeu et le faire redémarrer avec mes règles
quitte à en assumer les conséquences plus tard. Ou pas. Cest mon choix. Du moins ce matin là. Le choix de me dégager de sa domination. Un choix que je peux faire mais qui peut entraîner la fin de notre relation. Un choix implique toujours des conséquences quil faut savoir assumer.
Bonjour à tous, merci pour lattention que vous portez à mon histoire. Dans quelques semaines, la saison 1 de lhistoire de Jérém et Nico va prendre fin et lauteur va prendre quelques semaines de pause pour avancer dans la saison 2 et dans sa vie.
Avant de lire la suite de lépisode du bac (plus tard dans la journée ou demain matin), je lance un appel à tous les lecteurs qui aiment cette histoire pour savoir si quelquun maîtrisant lart du dessein, aimerait de se lancer dans lillustration de certaines scènes clés de mon histoire. Peut-être il y a parmi vous un artiste capable de cela, ou connaissant un artiste apte à cela.
Jaimerais que ce soit un dessin sensuel, esthétique, sans les excès de la plupart des représentation graphiques des anatomies et des scènes de rencontres gay quon voit sur internet. Quelques images dabord, et pourquoi pas une bd ensuite ? On peut toujours rêver
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