Fait Main 3

Fait main 3

- Dans le fond, en deux ans, je n’ai pas vu Aloïs une seule fois dans cette demeure. Je l’ai juste aperçu dans le jardin deux soirs de suite. C’est toi qui le recevais en tout bien et tout honneur: ne m’as-tu pas juré que tu ne m’avais pas trompé? Alors reprends tous ces cadeaux et à l’avenir accepte ceux que ce cher ami te présentera. Je n’en prendrai plus ombrage, c’est promis. Et surtout garde lui ouverts ton cœur et ta porte.

C’est déjà beaucoup. J’arrête volontairement l’énumération. Il serait inconvenant et insultant d’ajouter « ton sexe ». Pourtant j’en ai envie.

- Tu as de la fièvre? Mais que t’arrive-t-il, mon chéri ?

- Rien sinon que je reconnais mes erreurs. Ton père m’a ouvert les yeux. Tiens je me réjouis de savoir que tu penseras à moi en écoutant les chansons d’amour que ton aimable visiteur te donne pour nourrir ta sentimentalité et entretenir ton envie d’aimer. Et tu trouveras dans ce livre une inspiration très utile pour ton épanouissement sexuel:« Kâma-Sûtra. » Me prêteras-tu ce cadeau que je n’aurais pas osé te propose, moi ton mari. Ton ami est plus libéré que moi. Il faudra que je change, que je devienne moins prude, si je veux l’égaler. Que serait notre vie sans amour , sans l‘imitation de positions variées?

- Oui, et tu sais combien je t’aime.

- Et comme il n’y a pas d’amour sans confiance, je pense, comme ton père, que je dois te donner une grande preuve de confiance, pour me faire pardonner mes soupçons indignes. Alors je te prie d’accepter d’accompagner Aloïs chez ton grand-père. C’est entendu, prépare tes bagages et va montrer ton fils à son arrière-grand-père. Qu’as-tu contre cette coccinelle où finalement il ne s’est rien passé, puisque tu étais vierge quand je t’ai connue ? Dimanche je te souhaiterai bon voyage et agréable séjour avec ton fils et le gardien auquel je vous confierai.

Marie n’en croit pas ses oreilles.

Elle ne trouve pas de réplique tant je la surprends,

- Je refuse de te laisser seul, tente-t-elle enfin

- Je suis un grand garçon, je peux vivre seul quelques jours. Si tu n’acceptes pas, je penserai que vos intentions n’étaient pas pures. Toi aussi tu dois apprendre à être cool. Comme moi, jette tes œillères et va de l’avant, tu me feras plaisir. Ne veux tu pas le bonheur de ton mari ? Ce bonheur devrait-il te couper de tes amis? Donc je veux que tu accompagnes Aloïs, fin de la discussion

- Dans ce cas je t’obéirai, par amour.

- Ton père a raison: nous aurons une vie plus facile si tu ramènes un salaire. Notre projet de construction demandera des fonds. Alors si Aloïs te déniche un emploi en attendant que tu trouves mieux, accepte cette opportunité. N’hésite pas à le relancer, si besoin, montre-toi persuasive. Car, si tu avais voulu te rouler dans son lit, il y a longtemps que tu aurais pu le faire, même sans cette offre d’emploi.

Enfin je pense que tu devrais conserver pieusement, le bristol qui m’avait alerté: Aloïs, t’aime comme un grand frère, d’un amour platonique, il n’y a pas à s’en effrayer. Il est seul, a besoin d’affection et tu en as à revendre, comme tu le lui as prouvé depuis des années. Tu aurais dû me dire depuis longtemps qu’il se plaisait en ta compagnie et qu’il te considérait comme sa meilleure amie, qui sait comme sa sœur, que sa présence t’équilibrait et qu’il était ton confident depuis toujours. Pourquoi cela devrait-il me rendre inquiet ou jaloux. Il suffit que les choses soient claires, pour que les gens soient heureux. C’est le silence, le goût du secret qui détruit l’amitié et l’amour. La vérité ne fait pas peur aux cœurs purs.

Elle plisse ses jolis yeux, porte une main au menton, incrédule,
- Tu ironises encore une fois!
- Ah! Non. Mais puisque tu t’es si honnêtement confessée, je vais t’infliger une pénitence.

- C’est vrai, tu vas me faire l’amour ?

- Pour pénitence, pendant ton séjour avec Aloïs, tu porteras chaque jour de façon visible, un de ses cadeaux: les bas ou le foulard, ou ces sous-vêtements sexy, en pensant à moi et à la confiance que je te fais parce que je t’aime.
Va récupérer le bristol, je le mettrai sous verre demain et nous l’accrocherons bien en évidence pour nous souvenir que c’est une chance d’avoir cet ami si fidèle et généreux.

- Voilà la fameuse carte de visite. Allez, viens au lit.

- Il est tard, toutes ces émotions m’ont fatigué, je vais m’endormir dès que je m’allongerai. Bonne nuit ma chérie.

J’ai pratiqué la restriction mentale. Marie a tenté de me garder éveillé, sans succès. Le ressort est brisé, je suis encore plus furieux!. J’ai feint de dormir. Tout ce que je venais de lui dire était à l’opposé de mes convictions. La ruse qui consistait à décaler l’heure de départ de l « ’autre » pour que je ne le voie plus, montrait assez combien elle tenait à le voir et revoir, avec une préférence évidente pour des rencontres à deux. Donc elle avait conclu avec son père qu’Aloïs viendrait toujours mais partirait avant mon retour : foutage de gueule ! Elle a admis qu’il était son confident : que suis-je alors, moi, son mari? Donc je ne crois plus être celui qu’elle aime malgré ses protestations d’amour. A quoi bon lutter contre les faits, à quoi bon exiger la dose de vérité qui aurait dû stopper définitivement cette relation malsaine, si elle n’en a pas compris la nécessité.

Aussi longtemps qu’elle l’ avait pu, Marie m’avait caché ces rencontres, l’origine des cadeaux. L’apparent rejet de ces cadeaux devait dissimuler les retrouvailles futures pendant mes heures de travail. Contrarier ces visites à domicile conduirait inévitablement, à en accroître l’envie, à les rendre indispensables, voir à les déplacer. Alors, autant abonder dans son sens et lui donner l’occasion de mettre sa fidélité à l’épreuve. Elle s’est exposée, qu’elle apprenne ses limites. Voilà ce qui a motivé mon discours. Et si ses sentiments pour Aloïs l’emportent, si elle finit dans son lit, il faudra en tirer les conséquences et permettre à mon beau-père de changer de gendre. Alors, oui, qu’elle aille avec lui !

L’amour d’Aloïs est tout sauf platonique.
Si Marie fait semblant de gober ma fable, elle est comme moi persuadée que c’est contraire à la vérité. Quant à penser à moi, au bras d’Aloïs, en promenade dans les bois, revêtue des sous-vêtements payés par lui: il faut vouloir y croire pour ne pas trouver l’idée parfaitement farfelue. Aussi absurde est l’idée d’une amitié sincère, sans arrière-pensée avec un type qui a essayé d’r d’elle, avec un célibataire en bonne santé qui va se retrouver seul avec elle pendant quinze jours, hampe au garde-à-vous. D’autant plus qu’il a provoqué ce tête à tête dans le but évident de donner à leurs sentiments une nouvelle tournure, ou à conforter une liaison non déclarée mais peut-être en train d‘éclore. . Il va l’éblouir par des cadeaux de toutes sortes, se montrer omniprésent, attentif à ses moindres désirs, toujours disponible et prêt à satisfaire ses caprices. Ainsi flattée, elle cédera fatalement sauf si elle est une sainte. Que celui qui n’a jamais péché lui lance la première pierre.

Moi, Pierre je viens de prendre une sacrée pierre sur le crâne. Après deux ans de mensonge par omission, ma femme vient de me tromper gratuitement en m’annonçant que je ne verrais plus l’autre, sans préciser que ce ne serait qu’un aménagement d’horaire. Quelle fourberie !

Alors que Marie, comblée dans ses projets s’endort baignée dans sa bonne conscience, je me à imaginer sa capitulation. Le plus facile à imaginer et le plus difficile à encaisser, c’est le don spontané, immédiat parce que désiré depuis des mois par les deux complices. Oui, j’imagine .

Dimanche, dans le premier sous-bois, l’ à peine endormi par le ronronnement du moteur, Aloïs fait une halte, sort de son coffre le plaid qui ne quitte jamais la voiture d’un célibataire bien intentionné. Qui a pris la décision de cette halte? L’audacieux a-t-il posé sa main sur le genou et constaté qu’il était attendu, que les jambes s’écartaient comme par enchantement; sa main est-elle remontée comme happée vers la dentelle du string porté en son honneur, celui qu’il lui a choisi pour le jour où… a-t-il réussi à passer un ou deux doigts sur une fente déjà ruisselante de désir ? Pas étonnant alors qu’il juge le moment propice à posséder enfin cette femme qu’un autre lui avait volée.


Mais Marie a pu faire semblant de résister un peu à l’attouchement insidieux, d’un :

- Allons, Aloïs, sois sage. Tu sais que je suis mariée.

Juste de quoi émoustiller le séducteur, de quoi lui donner une envie encore plus intense de profiter d’une femme mariée. Et il a insisté, il a atteint, en séparant les cuisses, contre une pseudo résistance, ces contrées à la peau de soie. Quand on est arrivé aussi loin, on sait que la bataille est gagnée, qu’il n’y a plus de mari qui vaille, que les remparts vont tomber parce qu’une petite flamme va déclencher l’incendie. La place se rend, il suffit de ramasser le butin en s’arrêtant à l’abri des indiscrets.

Ou pire encore, Marie impatiente, touche enfin du doigt l’accomplissement annoncé dans ses chansons d’amour. Pendant que son pilote se demande par quel bout l’attr, mains sur le volant, louchant d’un œil sur une cuisse exposée avec audace, elle attaque innocemment la braguette du conducteur occupé, tire le zip, glisse sa main et découvre un pénis raidi de désir, des bourses gonflées de sperme, extirpe le sexe massif sans entendre de protestation et le masturbe gentiment, découvre le gland couronné d’une perle transparente

- Oh! La belle verge. J’avais oublié. Roule, je vais te sucer si ma bouche est assez grande.

Elle qui n’aime pas trop les pipes, osera-t-elle dimanche, se forcera-t-elle pour englober le morceau de chair à la saveur oubliée depuis si longtemps. En fait qui me prouve qu’elle n’y a pas goûté hier ou aujourd’hui avant que son vainqueur ne fume ses cigarettes après l’amour. L’odeur du tabac dans notre séjour peut camoufler le fumet d’une vulve savamment sucée. Deux ans de fréquentation secrète donnent des occasions ou des habitudes. Le mari ignorant se voit accorder avec parcimonies les caresses dispensées à l’amant avec largesse.

Je devrais dormir, mais mon imagination travaille, me refuse la paix du sommeil.

Et dire qu’elle repose si tranquillement à côté de moi. Si j’avais confiance en elle, l’aurais-je encouragée à prendre ses vacances avec ce type qui, selon elle, l’avait harcelée. En réalité elle avait fort bien supporté ce harcèlement, avait attendu aujourd’hui pour s’en plaindre, contrainte et e, prise pratiquement en flagrant délit avec ces roses et leur bristol dénonciateur. Elle avait peut-être aimé ce harcèlement, l’avait-elle encouragé par des promesses ou en accordant des privautés? Je suis prêt à parier que l’amoureux souhaitait que je trouve sa déclaration d‘amour, pour casser ma résistance à son entreprise. Il a réussi. Je les imagine :

Ils sont à l’ombre d’un grand chêne, sur la plus haute branche un rossignol chante l’amour de Marie et d’Aloïs. Il est penché sur cette femme bien plus petite que lui, il embrasse avidement la bouche tendue. Voilà enfin l’aboutissement du long siège. Pas de mère, de père ou de mari qui pourraient les déranger. Ils sont partis tout de suite après le repas: une cène où ils ont entendu la bonne parole des deux parents. Mon absence à table aura surpris le veinard et ses hôtes, absence expliquée mensongèrement par un appel de mes parents. Mais il va en profiter. Les absents ont toujours tort !

Sous le grand chêne un grand buveur de bière bedonnant s’agenouille devant une petite femme, encercle ses cuisses de ses longs bras et pose sa tête sur son ventre moelleux. De ses deux mains elle le maintient dans cette attitude de soumission, lui passe les doigts dans les cheveux et attend que « cela » arrive enfin. « Cela » n’a pas encore de nom pour la femme adultère. Elle cache son impatience. Deux grosses paluches sont passées sous la jupe, elle tressaille, l’homme lève les yeux pour demander une permission acquise par avance et ses doigts escaladent crânement les jambes puis les hanches pour saisir l’élastique du string. Le tissu glisse, se décolle de la fente, tombe vers les genoux. aboutit sur les pieds.

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