Mangouste Contre L'Organisation 2 - Banco À Bangkok
Je suis Chloé Maurecourt, 34 ans, artiste peintre, côté face. Je suis aussi Mangouste, tueuse à gages, côté pile. Deux faces d'une même personne ? Non, pour moi, c'est la même.
Tueuse à gage : oui, je tue.
Cest mon métier.
Je suppose que vous vous dites que je devrais avoir honte de faire un métier aussi méprisable, abject même. Vous pensez que je devrais ressentir du dégoût de faire ce genre dignominies, dabominations. Pour de largent surtout
Détrompez-vous !
Je nen éprouve aucune honte. Jai rarement des regrets ou des remords après avoir exécuté un contrat.
Car voyez-vous, contrairement aux rois, souverains ou chefs dEtats qui se sont succédés au fil des siècles, qui ont déclenché des guerres sanglantes, des massacres, des génocides, qui ont détruit, intrigué et utilisé des personnes comme moi, qui ont entraîné la mort de millions de gens, hommes, femmes et s, mon action à moi est ciblée, ajustée, adaptée, chirurgicale, spécifique.
Mon action est choisie même. Après mon passage, le monde sen porte généralement mieux.
Mes victimes sont la lie de la société. Souvent ce sont des criminels, des trafiquants, des exploiteurs, des personnes qui ont échangé leur âme et leur honnêteté contre un pouvoir, contre de largent. En clair, des personnes qui causent du tort à la communauté.
Vous mattendiez au tournant. Vous allez me dire que les commanditaires de mes assassinats sont du même acabit que mes victimes. Que je suis payée avec de largent sale. Préjugés !
Vous ne savez rien de ces gens, ni de leurs motivations, tout comme vous ne savez rien de moi et de mon métier.
Dailleurs, puisquon en parle ! Vous ? Que savez-vous de largent que vous gagnez ? Que connaissez-vous des pratiques éthiques de vos employeurs ? Vous êtes fonctionnaire ? Encore pire, si vous connaissiez les motivations de ceux qui se font appeler « nos dirigeants », vous savez, ceux que vous avez élus !
Votre argent est-il propre ? Jen doute.
Alors, sil vous plait, pas de jugements hâtifs sur mon métier.
Parce que voyez-vous, je désinfecte, j'assainis, je cautérise, jaseptise en éliminant la mauvaise graine de ce monde. Un peu comme les antibiotiques qui protègent vos organismes de linfection en détruisant les bactéries néfastes ou les vaccins qui vous immunisent des virus. Un peu comme les corbeaux et les pies qui nettoient les carcasses des animaux morts sur le bord des routes. Ceux que vos voitures ont écrasés.
En clair, je fais partie de ceux qui se sont dévoués pour rendre votre, notre monde meilleur. Je suis en quelque sorte, lincarnation de votre face sombre. Parce que nallez pas me faire croire que vous navez jamais rêvé de faire disparaître quelquun.
Alors, bien sûr, vous navez jamais franchi le pas, cest évident. Pour vous, ce ne sont que des mots. Vous êtes policé, vous êtes civilisés, vous êtes
humains.
Ma raison dêtre cest que certains osent franchir le pas et vont au-delà du fantasme et de lenvie.
Ils sont peu nombreux, mais suffisants pour assurer un bon revenu aux personnes dans mon genre.
Je suis très bien payée pour ce que je fais. Mais attention, je choisis toujours mes cibles. Je ne tue que ceux qui selon mes critères, le méritent. Il marrive même de des personnes sans contrat. Juge et partie ? Oui ! Si la justice existait, je ne serais surement pas obligée den arriver là. Le crime nest plus puni de nos jours. Plutôt, la notion de crime, de bien, de mal a évolué.
Jai tué des trafiquants, des maris violents, des femmes et des hommes qui lont mérité, qui ont abusé du pouvoir qui leur a été donné.
Mais je digresse
Mon avion va atterrir dici quelques minutes
Bangkok.
Bangkok, la deuxième étape dans la mission que sest confié Mangouste, détruire lOrganisation.
Lorsque les portes coulissantes de laéroport se sont ouvertes et quelle a quitté laérogare climatisée pour saventurer à lextérieur, la chaleur lourde et humide lui est montée au visage. Elle a eu un mouvement de recul. La mousson venait tout juste de se terminer dans cette partie du continent, et le taux dhumidité dans lair était très élevé.
Il allait lui falloir un ou deux jours pour sy habi. Elle a toutefois marché rapidement vers la rangée de taxis qui attendaient le client. Vite, retrouver de lair climatisé.
Sur le siège arrière du taxi qui lemmenait vers le centre de Bangkok et son hôtel, traînait un journal. LHerald Tribune de lavant-veille :
« John Jones, lhomme d'affaires a été retrouvé mort, pendu dans sa villa de Palm Springs. Daprès les informations que nous avons pu recueillir, la thèse du suicide, préalablement retenue, a été écartée par les enquêteurs. Jones a été retrouvé nu. De plus, son index droit a été tranché. Serial er ? Jeux sadomasochistes qui auraient mal tourné ? Crime de rôdeur ? Lenquête devra le déterminer ».
Ce journaliste était plutôt bien informé. Jeux SM ? Pas loin !
Entrer chez Jones, dans sa villa hyper protégée, quasiment transformée en forteresse, avec vidéosurveillance et une armée de garde du corps sest révélé quasi impossible. Le bougre se méfiait. La mort de Sergueï, puis dAnge-Battistu lui a mis la puce à loreille. Mangouste a préféré une méthode détournée pour pénétrer chez Jones. Elle a hacké son ordinateur personnel. Elle a ensuite attendu le moment propice, ce qui ne sest pas fait attendre.
Jones sest connecté à un service de call girls et à réservé Maîtresse Déborah pour la soirée.
Il ne lui restait plus quà se faire passer pour Maîtresse Déborah qui était blonde comme elle. Elle avait un peu de temps avant lheure du rendez-vous pour sacheter la tenue adéquate et le matériel qui va avec. Ainsi, elle néveillerait pas les soupçons de Jones ni même de la sécurité. Elle pourrait alors pénétrer sans problème dans la villa.
En effet, quand Jones a vu débarquer dans son salon, une femme blonde vêtue de cuir et une cravache à la main, il a juste dit « Superbe ! ». Quand pour toute réponse Maîtresse Déborah la giflé et lui a ordonné de se déshabiller, il a obtempéré, ravi. Quand Maîtresse Déborah lui a attaché les mains dans le dos, puis lui a passé une lanière de cuir autour du cou, après lavoir fait monter sur une chaise, il a aimé. Quand il sest rendu compte que la lanière avait au préalable été passée dans une des poutres du plafond, il a continué à se délecter de la situation. Le simulacre de pendaison a dû lui plaire. Surement devait-il apprécier de se sentir totalement à la merci de Maîtresse Déborah. Par contre, quand Maîtresse Déborah a donné un coup de pied dans la chaise et quil sest retrouvé pendu au plafond, il a beaucoup moins apprécié. La circulation et de loxygène a été coupée et la suffocation fut rapide. La pression sur la jugulaire a provoqué un arrêt cardio-respiratoire rapidement.
Les derniers soubresauts ont secoué le corps de Jones. Mangouste lui a tranché l'index droit. Non pas quelle soit particulièrement sadique. Non, elle voulait juste faire passer un message à lorganisation. Jones, membre de la « main », la cellule qui dirige l'Organisation, en était l'index. Un chef par continent, cinq continents, cinq doigts. Ne sachant que faire du doigt tranché, elle l'a enfoncé dans lanus de Jones, afin que le message soit encore plus clair.
Il a suffi à Mangouste dattendre une heure avant de ressortir, afin de ne pas éveiller la méfiance des gardes du corps. Elle a mis à profit cette heure pour fouiller le bureau. Un tiroir secret dans un secrétaire ancien lui a révélé la présence dun disque dur externe. Il contenait pas mal de renseignements sur lOrganisation. Le nom des quatre autres dirigeants nétait pas porté. Les comptes rendus de réunions à distance, les échanges ne comportaient que des lettres pour désigner les autres chefs de lOrganisation. AS pour Asie surement, AF pour Afrique, AM devait correspondre à Jones, OC à Océanie, enfin, EU pour Europe.
Par contre un nom revenait dans de nombreuses copies de mails, Madame Boon, et un lieu, Bangkok.
Voilà pourquoi Mangouste débarquait aujourdhui à Bangkok. Celle qui se faisait appeler Madame Boon était-elle la cheffe du continent asiatique pour lOrganisation ?
Y-avait-il quelquun au-dessus de Madame Boon ? Comment la trouver ? Chaque chose en son temps. Déjà, se remettre du décalage horaire. En 48 heures, Mangouste est revenue de la côte ouest des Etats-Unis en France, puis passée de Paris à Bangkok.
Madame Boon déjà, surement un surnom. Les Thaïlandais nutilisent jamais, sauf dans les démarches strictement administratives, le nom de famille mais systématiquement le prénom. Ils préfèrent la simplicité. Tous les Thaïs ont depuis lenfance un surnom et cest ainsi quils sont appelés au quotidien par leur entourage.
Chloé allait vite apprendre que Madame Boon était en fait Boon Mee Rattanapong. Boon Mee, son prénom signifie chance en thaï.
Mangouste a un contact à Bangkok, Pawin Kantawong. Pawin est bookmaker. Il prend les paris sur tout. Courses de chevaux et de lévriers partout dans le monde, matchs de football
Il sest surtout spécialisé dans les combats officiels de boxe thaïlandaise, mais aussi dans les clandestins, ceux organisés dans les bas-fonds de Bangkok.
Pawin lui servait dappui logistique lorsquelle avait un contrat à exécuter en Asie.
Elle trouva Pawin dans un entrepôt où avait lieu des combats plus ou moins légaux. Pawin était dans son bureau en train de compter une pile de Bahts, la monnaie thaïlandaise. Depuis la paroi à miroir sans tain, il pouvait voir le ring et suivre les combats. Autour du ring, où s'affrontaient deux combattants, dont un mal en point, une vingtaine de parieurs poussaient des cris de joie ou de désespoir, selon sur quel combattant ils avaient parié :
- Mangouste ! Que fais-tu ici ?
- Je me promène Pawin, je vois que les affaires marchent pour toi.
- On survit Mangouste, on survit ! Dis-moi, tu ne voudrais pas monter sur le ring ? Je connais tes capacités au combat, étant une femme et une inconnue, en plus occidentale, peu de parieurs miseraient leurs bahts sur toi. On pourrait se faire pas mal dargent ! 50/50 ?
- 50/50 ? Tu plaisantes, cest moi qui monterais sur le ring et qui prendrait les coups. 80/20 !
- Tu es dure en affaires Mangouste !
- Et de toute façon, je déteste la violence, donc non. Et puis je nai pas le temps. Je veux rester le moins de temps possible à Bangkok. Je cherche quelquun et je sais que tu connais tout le monde ici, tu peux sûrement maider.
Sur le ring, un des deux combattants sest effondré. Son adversaire leva les poings vers le plafond en signe de victoire. Des cris variés accompagnèrent le KO.
- Parfait, celui qui vient de se faire mettre KO était favori du combat à 5 contre 1.
- Dis-moi Pawin, tes combats là, ne seraient pas un peu truqués sur les bords.
- Mais non voyons, lui répondit-il un sourire aux lèvres. Qui cherches-tu ?
- Madame Boon
Pawin pâlit et perdit de sa constance :
- Oublie ça Mangouste, mauvais plan !
- Pourquoi ? Qui est-ce ?
- Madame Boon de son vrai nom Boon Mee Rattanapong est la cheffe de la mafia locale. Elle a pris la suite de Khun Sa, le chef de guerre qui dominait le trafic dopium dans le triangle dor entre la Birmanie et la Thaïlande, après sa reddition dans les années 90 et la fin de la Mong Taï Army.
En plus dêtre la cheffe de la pègre locale, elle a des liens avec les Triades chinoises.
On dit que cest elle qui a fait enlever Sumalee Senamuang.
- Sumalee quoi ? Qui cest ?
- On prononce Soumali, ça signifie « belle fleur ». On ne parle que de ça ici depuis un mois ! Sumi, le surnom de Sumalee est une joueuse de léquipe de hockey sur gazon thaïlandaise, mais aussi la fille dun politicien qui lutte contre la corruption et est ainsi devenu la cible de la mafia.
- Pour les liens avec les Triades, je sais Pawin, avec les Triades et avec les Yakuzas aussi.
- Encore pire, cest dangereux Mangouste, même pour toi. Oublie !
- Je ne peux pas oublier. Et je suis déjà impliquée jusquau cou. Je nai pas le choix, ni lenvie.
- Inutile de discuter avec toi et de vouloir te raisonner. Je ne sais pas comment atteindre Madame Boon. Cest beaucoup trop haut pour moi. Mais je sais quune partie de mes bénéfices atterrit chez elle, par lintermédiaire de son représentant pour les jeux, Chayon Sriroj. Cest tout ce que je peux faire pour toi Mangouste. Tu trouveras Chayon Sriroj à Patpong, dans un salon de massage sur Patpong 1. Cest son QG. Le Lotus dOr.
- Cest déjà beaucoup Pawin. Jai pris mes précautions, en principe personne ne sait que jai cherché à te joindre. Garde ça pour toi.
- Bonne chance Mangouste. Et si tu veux monter sur le ring, reviens me voir, après ça.
Patpong est le quartier chaud de Bangkok, il est composé de deux rues perpendiculaires Patpong 1 et Patpong 2 où se succèdent les bars et les instituts de massages. « Il sera temps dy aller dans la soirée, se dit Chloé, pour être sûre dy trouver ce Chayon Sriroj ».
Elle était à peine arrivée dans la ruelle, donnant sur le canal, derrière son hôtel, afin dy entrer discrètement, plutôt que par lentrée principale, quand trois types, à priori thaïlandais, lentourèrent. A la position de combat que prirent les trois types, Mangouste vit rapidement à qui elle avait affaire, des petites frappes, des amateurs !
- Tiens, ils envoient le tout-venant pour sen prendre à moi maintenant ?
En moins de trente secondes, les trois types étaient hors de combat. Le premier tombé dans le canal jouxtant le quai où ils se trouvaient, le deuxième gisant au sol, assommé dun coup de pied en pleine tête et le troisième avait pris ses jambes à son cou (et ce nétait pas une simple expression, il avait vraiment ses jambes à son cou, dont une bien tordue au niveau de la rotule).
Est apparu au bout de la ruelle un quatrième larron. Celui-là était gratiné. Il portait un costume près du corps en latex noir et une cagoule de la même couleur et de la même matière:
- Tu es ?
- Quelle importance ! Répondit le gugusse dune voix aiguë.
- Dis-moi ! Jaime bien savoir qui je vais .
- Me , présomptueuse, je suis le Cobra Ssssssssnnnake, dit-il en agitant sa langue
- Cobra ! Jai entendu parler de toi ! Cest toi quils ont recruté pour me neutraliser ? Par contre, tu as lair dun con avec ta cagoule et ton costume à la noix, ça ne fait pas sérieux ! Cobra Ssssssssnnnake
Ahahahah
Pas trop chaud là-dessous ?
- Salope ! Tu vas prendre cher.
- On peut rester polis tout de même, dit Mangouste en prenant la position du dragon. Je suis sincèrement désolée si je tai blessé en te traitant de con. Je pensais que tu le savais déjà.
- Je vais te faire disparaître de la surface de la terre Mangouste.
- Waouh Cobra ! Cette tirade, tu las trouvée dans une série B des années 80 ? Cest beau comme du Jean Claude Van Damme !
- Salope !
Le style du dragon, quutilisait Mangouste est la seule pratique dart martial chinois calquée sur un animal mythique. A contrario de la boxe des cinq animaux et des cinq éléments du Shaolin Quan : le tigre, la grue, le léopard, le serpent et l'ours. Le style du dragon combine des actions rapides du corps, notamment des hanches et de la colonne vertébrale, et des frappes mimant les griffes du dragon. C'est un style très complet qui se caractérise par sa férocité, sa fluidité, sa prestance et sa puissance. Avant d'être maîtrisé, il demande beaucoup de pratique.
Cobra quant à lui a choisi la technique de la grue. Les mains frappent en imitant le bec de la grue. Ainsi monté sur ses ergots, dans son costume en latex, il avait encore plus lair dun abruti fini :
- Tiens jaurai pensé que tu choisirais le style du serpent.
- Arrête de parler et bats toi, viens affronter Cobra Ssssssssnnnake !
La boxe des cinq animaux combine deux styles, le Wushu du nord de la Chine utilise principalement les poings et les styles Choy-gar et Mok-gar du sud, utilisent largement les coups de pied.
Mangouste maîtrise parfaitement ces deux techniques. Cobra aussi apparemment. Il avait lair dun idiot, mais ça allait être un adversaire plutôt coriace.
Les deux combattants se tournaient autour, leurs regards rivés lun dans lautre. Régulièrement, lun des deux tentait de porter un coup que lautre esquivait aussitôt. Ils se jaugeaient seulement pour le moment.
Cest Cobra qui a touché le premier. Après que Mangouste eut lancé son poing vers son visage, Cobra a paré le coup. Son propre poing atteignit Mangouste au ventre. Elle accusa le cou et se plia en deux, le souffle légèrement coupé, elle recula aussitôt et se remit en position.
Cobra voulut profiter de ce moment de flottement chez son adversaire.
Il tendit sa jambe, afin d'atteindre Mangouste avec son pied, une nouvelle fois au ventre.
Lattaque était un peu téléphonée, Mangouste écarta le mollet dun revers de son avant-bras. Cobra a reculé de trois pas en sautillant sur une jambe et en essayant de maintenir son équilibre. Mangouste lança son pied et atteignit Cobra sous le menton. Cest le mur quil a percuté de dos qui a permis à Cobra de ne pas tomber. Mangouste pressée den finir donna un violent coup de poing au plexus solaire de Cobra.
Cette fois il tomba à genoux. Le pied de Mangouste partit pour porter le coup de grâce.
Cobra se coucha sur le sol et se releva aussitôt pour éviter le balayage du pied que venait de lancer Mangouste.
- Daccord, on arrête de la jouer fine, on y va franco, dit Mangouste.
Elle séleva dans les airs, pied en avant. Le dit pied a atteint Cobra au front. Cette fois, il sécroula au sol sur le dos. Après sêtre réceptionné au sol, Mangouste sauta à nouveau et atterrit le coude plié en avant au niveau de la carotide de son adversaire. Celui-ci perdit connaissance en lâchant un argghhhhh sssssssss
- Tu nétais pas si redoutable que ça, Cobra dit Mangouste après lui avoir arraché sa cagoule pour lui donner des claques et le réveiller. Je confirme, tu avais lair dun con avec ta cagoule, mais sans, ce nest pas mieux. Quelle chance avait un cobra contre une mangouste. Contre LA Mangouste dailleurs ! Aucune. La prochaine fois, jespère que tes employeurs trouveront mieux ! Alors mon petit Cobra ? Qui tas envoyé ? Madame Boon ?
- Tu plaisantes Mangouste. Tu crois vraiment que je vais parler ? Jespère que tu vas pourrir en enfer salope.
De la mousse blanche sortit de ses lèvres.
Il venait sûrement de croquer une capsule de cyanure.
Mangouste nétait pas plus avancée. Peut-être que sa petite virée à Patpong laiderait à trouver Madame Boon.
En ce début de soirée, Patpong était déjà animé. Chloé est entrée dans le salon de massage que lui a indiqué Pawin. Lhôtesse qui se trouvait à laccueil lui montra le catalogue de la maison. Les prestations décrites vantaient les bienfaits des massages.
Le massage thaïlandais ! La plénitude des sens est une chose difficile à appréhender pour les occidentaux, car il faut les ressentir. Les occidentaux sont plus réceptifs à dautres sens, comme la vue notamment. Ils sont parfois un peu hermétiques au ressenti, aux choses quon observe les yeux fermés, à la méditation en quelque sorte. Cest pourquoi on parle dArt du Toucher, pour les techniques du massage. Lobjectif est de débloquer les flux énergétiques et déquilibrer les sens pour soulager les maux.
Les points d'acupuncture sont stimulés par pression des doigts, des coudes ou encore des genoux... Au besoin, le masseur peut même vous monter sur le dos. Le massage thaï s'inspire également du yoga.
Bon enfin là, on est à Patpong. Pour le massage traditionnel et médical, il vaut mieux aller voir ailleurs. Les masseuses de cet établissement devaient proposer dautres types de prestations.
« Puisque je suis là, je vais maccorder une pause détente, je nai pas arrêté depuis que je suis arrivée à Bangkok »
- Je prends le massage à 4 mains avec les deux masseuses là, dit Mangouste en feuilletant les pages du catalogue.
On lui indiqua une pièce où elle pouvait s'installer au 1er étage. La pièce était occupée par un banc de massage. Mangouste sest déshabillée et a cherché la serviette blanche utilisée dans les instituts de massages. La serviette doit couvrir la partie du corps quon ne masse pas, en général les fesses. Là, pas de serviette. Encore un indice sur le genre de massages proposés.
Les deux masseuses sont entrées, elles portaient des kimonos fleuris de style japonais. « Quelle faute de goût» se dit Mangouste.
Une musique, composée de sons tibétains (enfin supposés tibétains) à base de gong, a envahi la pièce.
« Quel cirque » ajouta Mangouste pour elle-même.
Une odeur dhuiles essentielles emplit lair et sest mélangée à celles des bougies parfumées que venait dallumer les deux masseuses.
Tout cela se voulait langoureux et martial. « Un ramassis de clichés bas de gamme pour touristes, mais les masseuses sont jolies »
Le massage débuta. Les filles se sont enduit les mains dhuiles de massage, puis ont commencé le ballet de leurs doigts et de leurs paumes sur le dos et les mollets de Chloé. Chaque centimètre carré de peau y eu droit. « Au moins, elles savent y faire ! ».
La première a attaqué les épaules, la base du cou, la seconde est remontée sur les cuisses. Chloé se détendait.
Les paumes de la première descendaient le long de la colonne vertébrale, alors que celle de la seconde remontait sur le haut des cuisses.
Leurs mains se rejoignirent sur les fesses. Chloé poussa un soupir daise, puis retint son souffle quand des mains écartèrent les deux globes. Un doigt sest égaré entre. Chloé, les yeux fermés, lâchait prise. Ce passage furtif et aérien lui arracha un soupir plus prononcé. Les effleurements intimes se multiplièrent pendant quelques minutes, alors que deux paumes lui malaxaient les fesses. De lhuile glissa entre les fesses de Chloé, un doigt fureteur massa lillet un moment, puis une phalange y pénétra doucement mais sûrement, sans aucune difficulté. Chloé lâcha un petit « Oooohhhh ».
Les deux mains de l'autre masseuse sactivaient à faire pénétrer lexcédent dhuiles essentielles dans la peau de ses fesses.
Chloé fut presque déçue quand le doigt se retira et que les paumes arrêtèrent leur massage.
Les filles linvitèrent à se retourner et à sallonger sur le dos.
Côté face, le massage a commencé comme côté pile. Les mollets et les cuisses en bas, les épaules en haut. Puis les quatre mains saventurèrent vers des zones plus érogènes, seins, ventres, pubis, mais tout en effleurement seulement. Cétait très agréable tout de même. La peau de Chloé frissonnait au contact des paumes et des doigts.
Quand les masseuses ont arrêté leur action, Chloé rouvrit les yeux surprise. « Cest déjà terminé ? » Elle vit que les deux filles sétaient écartées de la table Lune couvrait le corps de lautre dhuile. Chloé, redressée sur ses coudes, observait la scène dun érotisme certain. Alors que la première tartinait dhuile les seins et le ventre de sa copine, lautre jetait des regards lubriques de côté à Chloé. « Ça promet ! ».
La « huilée » est montée sur la table de massage et sest mise à califourchon sur le ventre de Chloé.
Elle sest penchée en avant et a commencé son jeu de frottement sur le corps de Chloé. Les seins se sont frottés les uns aux autres, les tétons sagaçant mutuellement. Chloé sentit d'ailleurs les siens se durcir. La jeune Thaïlandaise se frottait maintenant le ventre contre celui de Chloé.
La seconde, pas en reste, massait les cuisses de haut en bas, par de longs allers- retours qui se terminaient systématiquement sur les grandes lèvres de Chloé, maintenant humides.
Chloé fixait la peau luisante de la masseuse qui était sur elle et qui se frottait dans la lumière tamisée de la pièce.
Le contact de cette peau nue sur la sienne, lamenait doucement dans des zones proches de lorgasme. Dautant plus que la seconde masseuse lui titillait le bouton de rose maintenant. Le doigt fureteur sest écarté. La masseuse sur Chloé sest redressée, et a glissé sa cuisse entre celles de Chloé, et la fit monter et descendre avec des mouvements lents. Chloé poussa un petit cri de plaisir et ondula légèrement son corps au rythme de celui de sa masseuse.
Celle qui a abandonné son pubis il y a quelques secondes, était maintenant derrière la tête de Chloé et massait sa poitrine. La cuisse de la première a abandonné lentre cuisse de Chloé. Elle sest allongée en se plaçant en face à face. La fourche de ses cuisses vient sajuster contre celle de Chloé, en ciseaux. Ses lèvres se frottent à celle de Chloé. Elles se sont écrasées les unes contre les autres. Chloé ne cherchait plus à retenir ses gémissements. La seconde masseuse a abandonné les seins de Chloé et est venue se placer sur le côté. Elle vint caresser le petit bouton bien durci et rendu hypersensible. Elles sont douées les bougresses ! Les frottements des lèvres intimes contre les siennes dune part, le massage clitoridien entre pouce et index dautre part, ont eu rapidement raison de Chloé. Elle sentit le plaisir monter et sest laissé aller à la jouissance. Jolie manière de conclure ce massage très spécial.
Après sêtre rhabillée et avoir donné un joli pourboire aux deux masseuses, Chloé est sortie de la pièce.
Au lieu demprunter lescalier vers le bas et la sortie, elle est montée au second étage du bâtiment. Elle cherche le fameux Chayon Sriroj, le nom donné par Pawin. Apparemment un des bras-droits de Madame Boon.
Au second, elle a trouvé un couloir avec une série de portes, dont une marquée « Private ».
« Soit cest le bureau du boss, soit cest les chiottes », se dit Mangouste.
Elle a ouvert sans frapper. Un thaïlandais dune quarantaine dannées était en train de ranger des liasses de billets dans un coffre-fort :
- Salut Chayon, tu permets que je tappelle Chayon ?
- Tes qui toi ! C'est privé ici, on rentre pas.
- Privé, privé, on ne va pas se formaliser pour ce genre de broutilles mon petit Chayon.
- Dégage où il va-ten cuire !
- Tu nes pas très urbain toi. Dis-moi où je trouve Madame Boon.
Chayon Sriroj pâlit :
- Je ne connais pas de Madame Boon.
- Allons Chayon, apparemment, tu aimes les pépettes !
- Les pépettes ? Cest quoi.
- Largent ! Et tu as une bonne tête de traître. Tu me dis dans quelle monnaie tu veux être payé et surtout combien il faudra mettre pour tacheter. Ensuite, tu me diras où je trouve Madame Boon. Je pense que tu sais très bien qui je suis. Jai liquidé ton tueur, Cobra Snake et sa bande de clampins en deux minutes. Tu nas aucune chance avec moi. Je vais finir par te faire parler, dune manière ou dune autre. Pour gagner du temps, et pour que ça soit moins salissant, dis-moi ce que je veux savoir. Madame Boon, ne saura pas que ça vient de toi, je saurais garder le secret. Et tu seras riche.
Alors mon petit Chacha, tu préfères quoi ? Etre riche ou être torturé et mourir après ?
- Daccord, daccord Mangouste, mais tu ne me dénonces pas !
- Promis Chacha
- 100 000 $ !
- Cest daccord ! 100 000 sur le compte de ton choix, quand jaurais ce que je veux, dit Mangouste en exhibant son portable.
- Madame Boon est près de Bangkok. Cest à Ron Pradu Village, une maison bleue au bord du canal
- Adossée à la colline ? On y vient à pied ? On ne frappe pas?
- Quoi ?
- Non, rien, laisse tomber. Bon, ce nest pas tout ça, je vais y aller moi, jai du boulot.
- Et mon argent ?
- Quoi ? Tu as vraiment cru que jallais te payer ? lui dit Mangouste en se levant et en lattrapant par le col.
Elle la trainé jusquà la fenêtre (fermée) et la précipité, tête la première à travers. Le corps de Chayon Sriroj atterrit à plat au milieu de la ruelle en contrebas, deux étages plus bas. Vu langle bizarre que prenait le cou de Chayon, ses vertèbres étaient en miettes :
- Lappât du gain fait vraiment perdre la tête, se dit Mangouste. Une affaire rondement menée en tout cas. Et une vermine de moins.
Chloé ne tarda pas à trouver la seule maison bleue près du canal à Ron Pradu Village. La maison était entourée de hauts murs. Elle en fit le tour en longeant le canal. Elle aperçut une femme dune cinquantaine dannée sur le quai à larrière de la maison, près dun hangar à bateaux. Trois hommes de mains autour delle. Elle les houspillait en montant à bord dune vedette qui séloigna sur le canal :
- Elle a lair vachement sympa ! Bon, elle sen va. Ça va me laisser le temps de fouiller un peu chez elle, avant son retour.
Après avoir éliminé les trois ou quatre gorilles encore présents autour et dans la maison, Mangouste se mit à arpenter les pièces :
- Cest coquet ici. Le crime rapporte, même en Thaïlande !
Elle sarrêtait régulièrement pour admirer, en connaisseuse, divers uvres dart primitif Thaï, des estampes et des peintures sur papier ou sur soie, une tête de Bouddha du 17ème, une collection de statuettes venant des ethnies des montagnes du nord, Hmong, Karen, Akkha, Lisu. Elle aurait bien emporté avec elle une bonne partie de ces uvres.
Elle trouva rapidement le bureau de Madame Boon. Lordinateur ne résista pas longtemps à ses manipulations. Elle réussit à accéder rapidement à son contenu. A part une comptabilité détaillée des petites affaires de madame Boon, quelle fit suivre en pièce jointe vers les adresses dInterpol et du FBI avec un petit mot explicatif, elle a trouvé en explorant la boîte mail de Boon un message qui lintéressait tout particulièrement :
Chère Boon,
Jones est mort. Une guerre de succession sest déclenchée pour lui succéder. Nous ne pouvons plus compter sur nos frères américains. Dautant plus que tout ce ramdam a attiré lattention du FBI, de la NSA et même de la CIA.
Apparemment Mangouste est sur notre dos. Prenez vos précautions, chère Boon. Protégez vos arrières.
Votre dévoué Colonel Mombassa.
- Ce Colonel, sûrement le représentant africain de lOrganisation se dit Mangouste.
Mangouste continua sa fouille du reste de la maison, et notamment du sous-sol.
Elle y trouva une cellule. Une jeune fille y était enfermée. Quand Mangouste crocheta la serrure, la jeune fille eut un mouvement de recul :
- Ne me faites pas de mal !!
- Je ne vais pas te faire de mal, je suis une gentille. Tu es qui ?
- Sumalee Senamuang, jai été enlevée.
- La fille du politicien ? La joueuse de hockey sur gazon ? Sumi ?
- Oui.
Elle était vraiment jolie. Chloé fut aussitôt sous le charme. Les filles asiatiques cest son péché mignon. Elle la prit dans ses bras pour la rassurer. Bon, cétait aussi un peu intéressé :
- Il ne faut plus avoir peur, tu es libre maintenant, lui dit-elle en lui caressant le dos.
- Oh merci ! Comment je peux vous remercier ?
- Jai bien une petite idée, nous en reparlerons dans ma chambre dhôtel, quand nous aurons quitté cet endroit. Jadore le hockey sur gazon. Jadore tout ce qui touche au gazon dailleurs et aux pelouses en général. Il faut dabord que je moccupe de Madame Boon, ta geôlière. En attendant va te cacher. Je lentends qui revient.
La police thaïlandaise a trouvé plusieurs heures plus tard, les cadavres de Madame Boon et de trois de ses sbires flottant sur le canal. Il manquait à madame Boon son majeur droit. Encore un coup porté à lOrganisation. La main venait de perdre un doigt de plus.
Chloé, de son côté, après avoir consolé convenablement et longuement Sumi dans sa chambre dhôtel afin de lui expliquer sa conception de lentretien du gazon, et après lavoir déposée chez son père, elle a pris la direction de laéroport international Suvarnabhumi de Bangkok, pour attr le premier vol vers Paris.
« Il faut filer dici, avant quInterpol et le FBI ne débarque. Jai fichu un sacré bazar dans les affaires de lOrganisation en Asie. Quelques têtes vont tomber, grâce à la comptabilité de Boon. Pour ma part, je mintéresse plus aux doigts quaux têtes pour le moment. Encore trois doigts et la main sera un moignon, jai le nom du suivant, Mangouste arrive Mombassa, elle va te donner un petit coup de pouce ! »
A suivre : Prochain épisode, Mangouste contre lOrganisation - Lordre règne à Bujumbura
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