Mangouste Contre L'Organisation 2 - Banco À Bangkok

Je suis Chloé Maurecourt, 34 ans, artiste peintre, côté face. Je suis aussi Mangouste, tueuse à gages, côté pile. Deux faces d'une même personne ? Non, pour moi, c'est la même.

Tueuse à gage : oui, je tue.

C’est mon métier.

Je suppose que vous vous dites que je devrais avoir honte de faire un métier aussi méprisable, abject même. Vous pensez que je devrais ressentir du dégoût de faire ce genre d’ignominies, d’abominations. Pour de l’argent surtout …

Détrompez-vous !

Je n’en éprouve aucune honte. J’ai rarement des regrets ou des remords après avoir exécuté un contrat.

Car voyez-vous, contrairement aux rois, souverains ou chefs d’Etats qui se sont succédés au fil des siècles, qui ont déclenché des guerres sanglantes, des massacres, des génocides, qui ont détruit, intrigué et utilisé des personnes comme moi, qui ont entraîné la mort de millions de gens, hommes, femmes et s, mon action à moi est ciblée, ajustée, adaptée, chirurgicale, spécifique.

Mon action est choisie même. Après mon passage, le monde s’en porte généralement mieux.

Mes victimes sont la lie de la société. Souvent ce sont des criminels, des trafiquants, des exploiteurs, des personnes qui ont échangé leur âme et leur honnêteté contre un pouvoir, contre de l’argent. En clair, des personnes qui causent du tort à la communauté.

Vous m’attendiez au tournant. Vous allez me dire que les commanditaires de mes assassinats sont du même acabit que mes victimes. Que je suis payée avec de l’argent sale. Préjugés !

Vous ne savez rien de ces gens, ni de leurs motivations, tout comme vous ne savez rien de moi et de mon métier.

D’ailleurs, puisqu’on en parle ! Vous ? Que savez-vous de l’argent que vous gagnez ? Que connaissez-vous des pratiques éthiques de vos employeurs ? Vous êtes fonctionnaire ? Encore pire, si vous connaissiez les motivations de ceux qui se font appeler « nos dirigeants », vous savez, ceux que vous avez élus !

Votre argent est-il propre ? J’en doute.

De toute manière, votre façon d’en profiter ne l'est pas ment. Que savez-vous des conditions de fabrication du téléphone à 800 € que vous utilisez ou tien, exemple plus simple, du t-shirt que vous portez, là tout de suite, en ce moment ? Oui, celui-là ! A quel prix a-t-il été fabriqué ? A quel prix humain surtout ! Cherchez- vous à le savoir ? Non, vous continuez à l’acheter à 50 fois le coût de sa fabrication, sans vous poser de questions.

Alors, s’il vous plait, pas de jugements hâtifs sur mon métier.

Parce que voyez-vous, je désinfecte, j'assainis, je cautérise, j’aseptise en éliminant la mauvaise graine de ce monde. Un peu comme les antibiotiques qui protègent vos organismes de l’infection en détruisant les bactéries néfastes ou les vaccins qui vous immunisent des virus. Un peu comme les corbeaux et les pies qui nettoient les carcasses des animaux morts sur le bord des routes. Ceux que vos voitures ont écrasés.

En clair, je fais partie de ceux qui se sont dévoués pour rendre votre, notre monde meilleur. Je suis en quelque sorte, l’incarnation de votre face sombre. Parce que n’allez pas me faire croire que vous n’avez jamais rêvé de faire disparaître quelqu’un.

Alors, bien sûr, vous n’avez jamais franchi le pas, c’est évident. Pour vous, ce ne sont que des mots. Vous êtes policé, vous êtes civilisés, vous êtes … humains.

Ma raison d’être c’est que certains osent franchir le pas et vont au-delà du fantasme et de l’envie.

Ils sont peu nombreux, mais suffisants pour assurer un bon revenu aux personnes dans mon genre.

Je suis très bien payée pour ce que je fais. Mais attention, je choisis toujours mes cibles. Je ne tue que ceux qui selon mes critères, le méritent. Il m’arrive même de des personnes sans contrat. Juge et partie ? Oui ! Si la justice existait, je ne serais surement pas obligée d’en arriver là. Le crime n’est plus puni de nos jours. Plutôt, la notion de crime, de bien, de mal a évolué.


J’ai tué des trafiquants, des maris violents, des femmes et des hommes qui l’ont mérité, qui ont abusé du pouvoir qui leur a été donné.

Mais je digresse … Mon avion va atterrir d’ici quelques minutes … Bangkok.


Bangkok, la deuxième étape dans la mission que s’est confié Mangouste, détruire l’Organisation.

Lorsque les portes coulissantes de l’aéroport se sont ouvertes et qu’elle a quitté l’aérogare climatisée pour s’aventurer à l’extérieur, la chaleur lourde et humide lui est montée au visage. Elle a eu un mouvement de recul. La mousson venait tout juste de se terminer dans cette partie du continent, et le taux d’humidité dans l’air était très élevé.
Il allait lui falloir un ou deux jours pour s’y habi. Elle a toutefois marché rapidement vers la rangée de taxis qui attendaient le client. Vite, retrouver de l’air climatisé.

Sur le siège arrière du taxi qui l’emmenait vers le centre de Bangkok et son hôtel, traînait un journal. L’Herald Tribune de l’avant-veille :

« John Jones, l’homme d'affaires a été retrouvé mort, pendu dans sa villa de Palm Springs. D’après les informations que nous avons pu recueillir, la thèse du suicide, préalablement retenue, a été écartée par les enquêteurs. Jones a été retrouvé nu. De plus, son index droit a été tranché. Serial er ? Jeux sadomasochistes qui auraient mal tourné ? Crime de rôdeur ? L’enquête devra le déterminer ».

Ce journaliste était plutôt bien informé. Jeux SM ? Pas loin !

Entrer chez Jones, dans sa villa hyper protégée, quasiment transformée en forteresse, avec vidéosurveillance et une armée de garde du corps s’est révélé quasi impossible. Le bougre se méfiait. La mort de Sergueï, puis d’Ange-Battistu lui a mis la puce à l’oreille. Mangouste a préféré une méthode détournée pour pénétrer chez Jones. Elle a hacké son ordinateur personnel. Elle a ensuite attendu le moment propice, ce qui ne s’est pas fait attendre.
Jones s’est connecté à un service de call girls et à réservé Maîtresse Déborah pour la soirée.
Mangouste a suivi à distance la transaction. Une fois qu’elle a été réalisée, elle s’est reconnectée sur le site avec les identifiants piratés de Jones et a demandé l’annulation de la prestation.
Il ne lui restait plus qu’à se faire passer pour Maîtresse Déborah qui était blonde comme elle. Elle avait un peu de temps avant l’heure du rendez-vous pour s’acheter la tenue adéquate et le matériel qui va avec. Ainsi, elle n’éveillerait pas les soupçons de Jones ni même de la sécurité. Elle pourrait alors pénétrer sans problème dans la villa.
En effet, quand Jones a vu débarquer dans son salon, une femme blonde vêtue de cuir et une cravache à la main, il a juste dit « Superbe ! ». Quand pour toute réponse Maîtresse Déborah l’a giflé et lui a ordonné de se déshabiller, il a obtempéré, ravi. Quand Maîtresse Déborah lui a attaché les mains dans le dos, puis lui a passé une lanière de cuir autour du cou, après l’avoir fait monter sur une chaise, il a aimé. Quand il s’est rendu compte que la lanière avait au préalable été passée dans une des poutres du plafond, il a continué à se délecter de la situation. Le simulacre de pendaison a dû lui plaire. Surement devait-il apprécier de se sentir totalement à la merci de Maîtresse Déborah. Par contre, quand Maîtresse Déborah a donné un coup de pied dans la chaise et qu’il s’est retrouvé pendu au plafond, il a beaucoup moins apprécié. La circulation et de l’oxygène a été coupée et la suffocation fut rapide. La pression sur la jugulaire a provoqué un arrêt cardio-respiratoire rapidement.
Les derniers soubresauts ont secoué le corps de Jones. Mangouste lui a tranché l'index droit. Non pas qu’elle soit particulièrement sadique. Non, elle voulait juste faire passer un message à l’organisation. Jones, membre de la « main », la cellule qui dirige l'Organisation, en était l'index. Un chef par continent, cinq continents, cinq doigts. Ne sachant que faire du doigt tranché, elle l'a enfoncé dans l’anus de Jones, afin que le message soit encore plus clair.
ça l’Herald Tribune n’en parlait pas.

Il a suffi à Mangouste d’attendre une heure avant de ressortir, afin de ne pas éveiller la méfiance des gardes du corps. Elle a mis à profit cette heure pour fouiller le bureau. Un tiroir secret dans un secrétaire ancien lui a révélé la présence d’un disque dur externe. Il contenait pas mal de renseignements sur l’Organisation. Le nom des quatre autres dirigeants n’était pas porté. Les comptes rendus de réunions à distance, les échanges ne comportaient que des lettres pour désigner les autres chefs de l’Organisation. AS pour Asie surement, AF pour Afrique, AM devait correspondre à Jones, OC à Océanie, enfin, EU pour Europe.

Par contre un nom revenait dans de nombreuses copies de mails, Madame Boon, et un lieu, Bangkok.

Voilà pourquoi Mangouste débarquait aujourd’hui à Bangkok. Celle qui se faisait appeler Madame Boon était-elle la cheffe du continent asiatique pour l’Organisation ?

Y-avait-il quelqu’un au-dessus de Madame Boon ? Comment la trouver ? Chaque chose en son temps. Déjà, se remettre du décalage horaire. En 48 heures, Mangouste est revenue de la côte ouest des Etats-Unis en France, puis passée de Paris à Bangkok.

Madame Boon déjà, surement un surnom. Les Thaïlandais n’utilisent jamais, sauf dans les démarches strictement administratives, le nom de famille mais systématiquement le prénom. Ils préfèrent la simplicité. Tous les Thaïs ont depuis l’enfance un surnom et c’est ainsi qu’ils sont appelés au quotidien par leur entourage.

Chloé allait vite apprendre que Madame Boon était en fait Boon Mee Rattanapong. Boon Mee, son prénom signifie chance en thaï.

Mangouste a un contact à Bangkok, Pawin Kantawong. Pawin est bookmaker. Il prend les paris sur tout. Courses de chevaux et de lévriers partout dans le monde, matchs de football … Il s’est surtout spécialisé dans les combats officiels de boxe thaïlandaise, mais aussi dans les clandestins, ceux organisés dans les bas-fonds de Bangkok.

Pawin lui servait d’appui logistique lorsqu’elle avait un contrat à exécuter en Asie.

Elle trouva Pawin dans un entrepôt où avait lieu des combats plus ou moins légaux. Pawin était dans son bureau en train de compter une pile de Bahts, la monnaie thaïlandaise. Depuis la paroi à miroir sans tain, il pouvait voir le ring et suivre les combats. Autour du ring, où s'affrontaient deux combattants, dont un mal en point, une vingtaine de parieurs poussaient des cris de joie ou de désespoir, selon sur quel combattant ils avaient parié :

- Mangouste ! Que fais-tu ici ?
- Je me promène Pawin, je vois que les affaires marchent pour toi.
- On survit Mangouste, on survit ! Dis-moi, tu ne voudrais pas monter sur le ring ? Je connais tes capacités au combat, étant une femme et une inconnue, en plus occidentale, peu de parieurs miseraient leurs bahts sur toi. On pourrait se faire pas mal d’argent ! 50/50 ?
- 50/50 ? Tu plaisantes, c’est moi qui monterais sur le ring et qui prendrait les coups. 80/20 !
- Tu es dure en affaires Mangouste !
- Et de toute façon, je déteste la violence, donc non. Et puis je n’ai pas le temps. Je veux rester le moins de temps possible à Bangkok. Je cherche quelqu’un et je sais que tu connais tout le monde ici, tu peux sûrement m’aider.

Sur le ring, un des deux combattants s’est effondré. Son adversaire leva les poings vers le plafond en signe de victoire. Des cris variés accompagnèrent le KO.

- Parfait, celui qui vient de se faire mettre KO était favori du combat à 5 contre 1.
- Dis-moi Pawin, tes combats là, ne seraient pas un peu truqués sur les bords.
- Mais non voyons, lui répondit-il un sourire aux lèvres. Qui cherches-tu ?
- Madame Boon …


Pawin pâlit et perdit de sa constance :

- Oublie ça Mangouste, mauvais plan !
- Pourquoi ? Qui est-ce ?
- Madame Boon de son vrai nom Boon Mee Rattanapong est la cheffe de la mafia locale. Elle a pris la suite de Khun Sa, le chef de guerre qui dominait le trafic d’opium dans le triangle d’or entre la Birmanie et la Thaïlande, après sa reddition dans les années 90 et la fin de la Mong Taï Army.

En plus d’être la cheffe de la pègre locale, elle a des liens avec les Triades chinoises.

On dit que c’est elle qui a fait enlever Sumalee Senamuang.

- Sumalee quoi ? Qui c’est ?
- On prononce Soumali, ça signifie « belle fleur ». On ne parle que de ça ici depuis un mois ! Sumi, le surnom de Sumalee est une joueuse de l’équipe de hockey sur gazon thaïlandaise, mais aussi la fille d’un politicien qui lutte contre la corruption et est ainsi devenu la cible de la mafia.
- Pour les liens avec les Triades, je sais Pawin, avec les Triades et avec les Yakuzas aussi.
- Encore pire, c‘est dangereux Mangouste, même pour toi. Oublie !
- Je ne peux pas oublier. Et je suis déjà impliquée jusqu’au cou. Je n’ai pas le choix, ni l’envie.
- Inutile de discuter avec toi et de vouloir te raisonner. Je ne sais pas comment atteindre Madame Boon. C’est beaucoup trop haut pour moi. Mais je sais qu’une partie de mes bénéfices atterrit chez elle, par l’intermédiaire de son représentant pour les jeux, Chayon Sriroj. C’est tout ce que je peux faire pour toi Mangouste. Tu trouveras Chayon Sriroj à Patpong, dans un salon de massage sur Patpong 1. C’est son QG. Le Lotus d’Or.
- C’est déjà beaucoup Pawin. J’ai pris mes précautions, en principe personne ne sait que j’ai cherché à te joindre. Garde ça pour toi.
- Bonne chance Mangouste. Et si tu veux monter sur le ring, reviens me voir, après ça.

Patpong est le quartier chaud de Bangkok, il est composé de deux rues perpendiculaires Patpong 1 et Patpong 2 où se succèdent les bars et les instituts de massages. « Il sera temps d’y aller dans la soirée, se dit Chloé, pour être sûre d’y trouver ce Chayon Sriroj ».

Elle était à peine arrivée dans la ruelle, donnant sur le canal, derrière son hôtel, afin d’y entrer discrètement, plutôt que par l’entrée principale, quand trois types, à priori thaïlandais, l’entourèrent. A la position de combat que prirent les trois types, Mangouste vit rapidement à qui elle avait affaire, des petites frappes, des amateurs !

- Tiens, ils envoient le tout-venant pour s’en prendre à moi maintenant ?

En moins de trente secondes, les trois types étaient hors de combat. Le premier tombé dans le canal jouxtant le quai où ils se trouvaient, le deuxième gisant au sol, assommé d’un coup de pied en pleine tête et le troisième avait pris ses jambes à son cou (et ce n’était pas une simple expression, il avait vraiment ses jambes à son cou, dont une bien tordue au niveau de la rotule).

Est apparu au bout de la ruelle un quatrième larron. Celui-là était gratiné. Il portait un costume près du corps en latex noir et une cagoule de la même couleur et de la même matière:

- Tu es ?
- Quelle importance ! Répondit le gugusse d’une voix aiguë.
- Dis-moi ! J’aime bien savoir qui je vais .
- Me , présomptueuse, je suis le Cobra Ssssssssnnnake, dit-il en agitant sa langue
- Cobra ! J’ai entendu parler de toi ! C’est toi qu’ils ont recruté pour me neutraliser ? Par contre, tu as l’air d’un con avec ta cagoule et ton costume à la noix, ça ne fait pas sérieux ! Cobra Ssssssssnnnake … Ahahahah … Pas trop chaud là-dessous ?
- Salope ! Tu vas prendre cher.
- On peut rester polis tout de même, dit Mangouste en prenant la position du dragon. Je suis sincèrement désolée si je t’ai blessé en te traitant de con. Je pensais que tu le savais déjà.
- Je vais te faire disparaître de la surface de la terre Mangouste.
- Waouh Cobra ! Cette tirade, tu l’as trouvée dans une série B des années 80 ? C’est beau comme du Jean Claude Van Damme !
- Salope !

Le style du dragon, qu’utilisait Mangouste est la seule pratique d’art martial chinois calquée sur un animal mythique. A contrario de la boxe des cinq animaux et des cinq éléments du Shaolin Quan : le tigre, la grue, le léopard, le serpent et l'ours. Le style du dragon combine des actions rapides du corps, notamment des hanches et de la colonne vertébrale, et des frappes mimant les griffes du dragon. C'est un style très complet qui se caractérise par sa férocité, sa fluidité, sa prestance et sa puissance. Avant d'être maîtrisé, il demande beaucoup de pratique.


Cobra quant à lui a choisi la technique de la grue. Les mains frappent en imitant le bec de la grue. Ainsi monté sur ses ergots, dans son costume en latex, il avait encore plus l’air d’un abruti fini :

- Tiens j’aurai pensé que tu choisirais le style du serpent.
- Arrête de parler et bats toi, viens affronter Cobra Ssssssssnnnake !

La boxe des cinq animaux combine deux styles, le Wushu du nord de la Chine utilise principalement les poings et les styles Choy-gar et Mok-gar du sud, utilisent largement les coups de pied.

Mangouste maîtrise parfaitement ces deux techniques. Cobra aussi apparemment. Il avait l’air d’un idiot, mais ça allait être un adversaire plutôt coriace.

Les deux combattants se tournaient autour, leurs regards rivés l’un dans l’autre. Régulièrement, l’un des deux tentait de porter un coup que l’autre esquivait aussitôt. Ils se jaugeaient seulement pour le moment.

C’est Cobra qui a touché le premier. Après que Mangouste eut lancé son poing vers son visage, Cobra a paré le coup. Son propre poing atteignit Mangouste au ventre. Elle accusa le cou et se plia en deux, le souffle légèrement coupé, elle recula aussitôt et se remit en position.

Cobra voulut profiter de ce moment de flottement chez son adversaire.

Il tendit sa jambe, afin d'atteindre Mangouste avec son pied, une nouvelle fois au ventre.

L’attaque était un peu téléphonée, Mangouste écarta le mollet d’un revers de son avant-bras. Cobra a reculé de trois pas en sautillant sur une jambe et en essayant de maintenir son équilibre. Mangouste lança son pied et atteignit Cobra sous le menton. C’est le mur qu’il a percuté de dos qui a permis à Cobra de ne pas tomber. Mangouste pressée d’en finir donna un violent coup de poing au plexus solaire de Cobra.

Cette fois il tomba à genoux. Le pied de Mangouste partit pour porter le coup de grâce.

Cobra se coucha sur le sol et se releva aussitôt pour éviter le balayage du pied que venait de lancer Mangouste.

- D’accord, on arrête de la jouer fine, on y va franco, dit Mangouste.

Elle s’éleva dans les airs, pied en avant. Le dit pied a atteint Cobra au front. Cette fois, il s’écroula au sol sur le dos. Après s’être réceptionné au sol, Mangouste sauta à nouveau et atterrit le coude plié en avant au niveau de la carotide de son adversaire. Celui-ci perdit connaissance en lâchant un argghhhhh sssssssss …

- Tu n’étais pas si redoutable que ça, Cobra dit Mangouste après lui avoir arraché sa cagoule pour lui donner des claques et le réveiller. Je confirme, tu avais l’air d’un con avec ta cagoule, mais sans, ce n’est pas mieux. Quelle chance avait un cobra contre une mangouste. Contre LA Mangouste d’ailleurs ! Aucune. La prochaine fois, j’espère que tes employeurs trouveront mieux ! Alors mon petit Cobra ? Qui t’as envoyé ? Madame Boon ?
- Tu plaisantes Mangouste. Tu crois vraiment que je vais parler ? J’espère que tu vas pourrir en enfer salope.

De la mousse blanche sortit de ses lèvres.

Il venait sûrement de croquer une capsule de cyanure.

Mangouste n’était pas plus avancée. Peut-être que sa petite virée à Patpong l’aiderait à trouver Madame Boon.


En ce début de soirée, Patpong était déjà animé. Chloé est entrée dans le salon de massage que lui a indiqué Pawin. L’hôtesse qui se trouvait à l’accueil lui montra le catalogue de la maison. Les prestations décrites vantaient les bienfaits des massages.

Le massage thaïlandais ! La plénitude des sens est une chose difficile à appréhender pour les occidentaux, car il faut les ressentir. Les occidentaux sont plus réceptifs à d’autres sens, comme la vue notamment. Ils sont parfois un peu hermétiques au ressenti, aux choses qu’on observe les yeux fermés, à la méditation en quelque sorte. C’est pourquoi on parle d’Art du Toucher, pour les techniques du massage. L’objectif est de débloquer les flux énergétiques et d’équilibrer les sens pour soulager les maux.

Les points d'acupuncture sont stimulés par pression des doigts, des coudes ou encore des genoux... Au besoin, le masseur peut même vous monter sur le dos. Le massage thaï s'inspire également du yoga.

Bon enfin là, on est à Patpong. Pour le massage traditionnel et médical, il vaut mieux aller voir ailleurs. Les masseuses de cet établissement devaient proposer d’autres types de prestations.

« Puisque je suis là, je vais m’accorder une pause détente, je n’ai pas arrêté depuis que je suis arrivée à Bangkok »

- Je prends le massage à 4 mains avec les deux masseuses là, dit Mangouste en feuilletant les pages du catalogue.

On lui indiqua une pièce où elle pouvait s'installer au 1er étage. La pièce était occupée par un banc de massage. Mangouste s’est déshabillée et a cherché la serviette blanche utilisée dans les instituts de massages. La serviette doit couvrir la partie du corps qu’on ne masse pas, en général les fesses. Là, pas de serviette. Encore un indice sur le genre de massages proposés.

Les deux masseuses sont entrées, elles portaient des kimonos fleuris de style japonais. « Quelle faute de goût» se dit Mangouste.
Une musique, composée de sons tibétains (enfin supposés tibétains) à base de gong, a envahi la pièce.

« Quel cirque » ajouta Mangouste pour elle-même.

Une odeur d’huiles essentielles emplit l’air et s’est mélangée à celles des bougies parfumées que venait d’allumer les deux masseuses.
Tout cela se voulait langoureux et martial. « Un ramassis de clichés bas de gamme pour touristes, mais les masseuses sont jolies »
Le massage débuta. Les filles se sont enduit les mains d’huiles de massage, puis ont commencé le ballet de leurs doigts et de leurs paumes sur le dos et les mollets de Chloé. Chaque centimètre carré de peau y eu droit. « Au moins, elles savent y faire ! ».
La première a attaqué les épaules, la base du cou, la seconde est remontée sur les cuisses. Chloé se détendait.
Les paumes de la première descendaient le long de la colonne vertébrale, alors que celle de la seconde remontait sur le haut des cuisses.
Leurs mains se rejoignirent sur les fesses. Chloé poussa un soupir d’aise, puis retint son souffle quand des mains écartèrent les deux globes. Un doigt s’est égaré entre. Chloé, les yeux fermés, lâchait prise. Ce passage furtif et aérien lui arracha un soupir plus prononcé. Les effleurements intimes se multiplièrent pendant quelques minutes, alors que deux paumes lui malaxaient les fesses. De l’huile glissa entre les fesses de Chloé, un doigt fureteur massa l’œillet un moment, puis une phalange y pénétra doucement mais sûrement, sans aucune difficulté. Chloé lâcha un petit « Oooohhhh ».
Les deux mains de l'autre masseuse s’activaient à faire pénétrer l’excédent d’huiles essentielles dans la peau de ses fesses.
Chloé fut presque déçue quand le doigt se retira et que les paumes arrêtèrent leur massage.
Les filles l’invitèrent à se retourner et à s’allonger sur le dos.

Côté face, le massage a commencé comme côté pile. Les mollets et les cuisses en bas, les épaules en haut. Puis les quatre mains s’aventurèrent vers des zones plus érogènes, seins, ventres, pubis, mais tout en effleurement seulement. C’était très agréable tout de même. La peau de Chloé frissonnait au contact des paumes et des doigts.
Quand les masseuses ont arrêté leur action, Chloé rouvrit les yeux surprise. « C’est déjà terminé ? » Elle vit que les deux filles s’étaient écartées de la table L’une couvrait le corps de l’autre d’huile. Chloé, redressée sur ses coudes, observait la scène d’un érotisme certain. Alors que la première tartinait d’huile les seins et le ventre de sa copine, l’autre jetait des regards lubriques de côté à Chloé. « Ça promet ! ».
La « huilée » est montée sur la table de massage et s’est mise à califourchon sur le ventre de Chloé.
Elle s’est penchée en avant et a commencé son jeu de frottement sur le corps de Chloé. Les seins se sont frottés les uns aux autres, les tétons s’agaçant mutuellement. Chloé sentit d'ailleurs les siens se durcir. La jeune Thaïlandaise se frottait maintenant le ventre contre celui de Chloé.
La seconde, pas en reste, massait les cuisses de haut en bas, par de longs allers- retours qui se terminaient systématiquement sur les grandes lèvres de Chloé, maintenant humides.
Chloé fixait la peau luisante de la masseuse qui était sur elle et qui se frottait dans la lumière tamisée de la pièce.
Le contact de cette peau nue sur la sienne, l’amenait doucement dans des zones proches de l’orgasme. D’autant plus que la seconde masseuse lui titillait le bouton de rose maintenant. Le doigt fureteur s’est écarté. La masseuse sur Chloé s’est redressée, et a glissé sa cuisse entre celles de Chloé, et la fit monter et descendre avec des mouvements lents. Chloé poussa un petit cri de plaisir et ondula légèrement son corps au rythme de celui de sa masseuse.
Celle qui a abandonné son pubis il y a quelques secondes, était maintenant derrière la tête de Chloé et massait sa poitrine. La cuisse de la première a abandonné l’entre cuisse de Chloé. Elle s’est allongée en se plaçant en face à face. La fourche de ses cuisses vient s’ajuster contre celle de Chloé, en ciseaux. Ses lèvres se frottent à celle de Chloé. Elles se sont écrasées les unes contre les autres. Chloé ne cherchait plus à retenir ses gémissements. La seconde masseuse a abandonné les seins de Chloé et est venue se placer sur le côté. Elle vint caresser le petit bouton bien durci et rendu hypersensible. Elles sont douées les bougresses ! Les frottements des lèvres intimes contre les siennes d’une part, le massage clitoridien entre pouce et index d’autre part, ont eu rapidement raison de Chloé. Elle sentit le plaisir monter et s’est laissé aller à la jouissance. Jolie manière de conclure ce massage très spécial.

Après s’être rhabillée et avoir donné un joli pourboire aux deux masseuses, Chloé est sortie de la pièce.
Au lieu d’emprunter l’escalier vers le bas et la sortie, elle est montée au second étage du bâtiment. Elle cherche le fameux Chayon Sriroj, le nom donné par Pawin. Apparemment un des bras-droits de Madame Boon.
Au second, elle a trouvé un couloir avec une série de portes, dont une marquée « Private ».

« Soit c’est le bureau du boss, soit c’est les chiottes », se dit Mangouste.

Elle a ouvert sans frapper. Un thaïlandais d’une quarantaine d’années était en train de ranger des liasses de billets dans un coffre-fort :

- Salut Chayon, tu permets que je t’appelle Chayon ?
- T’es qui toi ! C'est privé ici, on rentre pas.
- Privé, privé, on ne va pas se formaliser pour ce genre de broutilles mon petit Chayon.
- Dégage où il va-t’en cuire !
- Tu n’es pas très urbain toi. Dis-moi où je trouve Madame Boon.

Chayon Sriroj pâlit :

- Je ne connais pas de Madame Boon.
- Allons Chayon, apparemment, tu aimes les pépettes !
- Les pépettes ? C’est quoi.
- L’argent ! Et tu as une bonne tête de traître. Tu me dis dans quelle monnaie tu veux être payé et surtout combien il faudra mettre pour t’acheter. Ensuite, tu me diras où je trouve Madame Boon. Je pense que tu sais très bien qui je suis. J’ai liquidé ton tueur, Cobra Snake et sa bande de clampins en deux minutes. Tu n’as aucune chance avec moi. Je vais finir par te faire parler, d’une manière ou d’une autre. Pour gagner du temps, et pour que ça soit moins salissant, dis-moi ce que je veux savoir. Madame Boon, ne saura pas que ça vient de toi, je saurais garder le secret. Et tu seras riche.
Alors mon petit Chacha, tu préfères quoi ? Etre riche ou être torturé et mourir après ?
- D’accord, d’accord Mangouste, mais tu ne me dénonces pas !
- Promis Chacha …
- 100 000 $ !
- C’est d’accord ! 100 000 sur le compte de ton choix, quand j’aurais ce que je veux, dit Mangouste en exhibant son portable.
- Madame Boon est près de Bangkok. C’est à Ron Pradu Village, une maison bleue au bord du canal …
- Adossée à la colline ? On y vient à pied ? On ne frappe pas?
- Quoi ?
- Non, rien, laisse tomber. Bon, ce n’est pas tout ça, je vais y aller moi, j’ai du boulot.
- Et mon argent ?
- Quoi ? Tu as vraiment cru que j’allais te payer ? lui dit Mangouste en se levant et en l’attrapant par le col.

Elle l’a trainé jusqu’à la fenêtre (fermée) et l’a précipité, tête la première à travers. Le corps de Chayon Sriroj atterrit à plat au milieu de la ruelle en contrebas, deux étages plus bas. Vu l’angle bizarre que prenait le cou de Chayon, ses vertèbres étaient en miettes :

- L’appât du gain fait vraiment perdre la tête, se dit Mangouste. Une affaire rondement menée en tout cas. Et une vermine de moins.


Chloé ne tarda pas à trouver la seule maison bleue près du canal à Ron Pradu Village. La maison était entourée de hauts murs. Elle en fit le tour en longeant le canal. Elle aperçut une femme d’une cinquantaine d’année sur le quai à l’arrière de la maison, près d’un hangar à bateaux. Trois hommes de mains autour d’elle. Elle les houspillait en montant à bord d’une vedette qui s’éloigna sur le canal :

- Elle a l’air vachement sympa ! Bon, elle s’en va. Ça va me laisser le temps de fouiller un peu chez elle, avant son retour.

Après avoir éliminé les trois ou quatre gorilles encore présents autour et dans la maison, Mangouste se mit à arpenter les pièces :

- C’est coquet ici. Le crime rapporte, même en Thaïlande !

Elle s’arrêtait régulièrement pour admirer, en connaisseuse, divers œuvres d’art primitif Thaï, des estampes et des peintures sur papier ou sur soie, une tête de Bouddha du 17ème, une collection de statuettes venant des ethnies des montagnes du nord, Hmong, Karen, Akkha, Lisu. Elle aurait bien emporté avec elle une bonne partie de ces œuvres.
Elle trouva rapidement le bureau de Madame Boon. L’ordinateur ne résista pas longtemps à ses manipulations. Elle réussit à accéder rapidement à son contenu. A part une comptabilité détaillée des petites affaires de madame Boon, qu’elle fit suivre en pièce jointe vers les adresses d’Interpol et du FBI avec un petit mot explicatif, elle a trouvé en explorant la boîte mail de Boon un message qui l’intéressait tout particulièrement :

Chère Boon,
Jones est mort. Une guerre de succession s’est déclenchée pour lui succéder. Nous ne pouvons plus compter sur nos frères américains. D’autant plus que tout ce ramdam a attiré l’attention du FBI, de la NSA et même de la CIA.
Apparemment Mangouste est sur notre dos. Prenez vos précautions, chère Boon. Protégez vos arrières.
Votre dévoué Colonel Mombassa.

- Ce Colonel, sûrement le représentant africain de l’Organisation se dit Mangouste.

Mangouste continua sa fouille du reste de la maison, et notamment du sous-sol.
Elle y trouva une cellule. Une jeune fille y était enfermée. Quand Mangouste crocheta la serrure, la jeune fille eut un mouvement de recul :

- Ne me faites pas de mal !!
- Je ne vais pas te faire de mal, je suis une gentille. Tu es qui ?
- Sumalee Senamuang, j’ai été enlevée.
- La fille du politicien ? La joueuse de hockey sur gazon ? Sumi ?
- Oui.

Elle était vraiment jolie. Chloé fut aussitôt sous le charme. Les filles asiatiques c’est son péché mignon. Elle la prit dans ses bras pour la rassurer. Bon, c’était aussi un peu intéressé :

- Il ne faut plus avoir peur, tu es libre maintenant, lui dit-elle en lui caressant le dos.
- Oh merci ! Comment je peux vous remercier ?
- J’ai bien une petite idée, nous en reparlerons dans ma chambre d’hôtel, quand nous aurons quitté cet endroit. J’adore le hockey sur gazon. J’adore tout ce qui touche au gazon d’ailleurs et aux pelouses en général. Il faut d’abord que je m’occupe de Madame Boon, ta geôlière. En attendant va te cacher. Je l’entends qui revient.


La police thaïlandaise a trouvé plusieurs heures plus tard, les cadavres de Madame Boon et de trois de ses sbires flottant sur le canal. Il manquait à madame Boon son majeur droit. Encore un coup porté à l’Organisation. La main venait de perdre un doigt de plus.

Chloé, de son côté, après avoir consolé convenablement et longuement Sumi dans sa chambre d’hôtel afin de lui expliquer sa conception de l’entretien du gazon, et après l’avoir déposée chez son père, elle a pris la direction de l’aéroport international Suvarnabhumi de Bangkok, pour attr le premier vol vers Paris.

« Il faut filer d’ici, avant qu’Interpol et le FBI ne débarque. J’ai fichu un sacré bazar dans les affaires de l’Organisation en Asie. Quelques têtes vont tomber, grâce à la comptabilité de Boon. Pour ma part, je m’intéresse plus aux doigts qu’aux têtes pour le moment. Encore trois doigts et la main sera un moignon, j’ai le nom du suivant, Mangouste arrive Mombassa, elle va te donner un petit coup de pouce ! »



A suivre : Prochain épisode, Mangouste contre l’Organisation - L’ordre règne à Bujumbura

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