35 Jérémie, Ce Petit Con
Un silence gênant sinstalle entre nous. On se regarde dans les yeux, on sait tous les deux que si je monte avec lui ce ne sera pas que pour prendre un verre
je le trouve beau et charmant, je sens que ça me ferait vraiment du bien de prendre du bon temps avec lui
peut être que ce gars assume ses envies, peut-être que ça va être plus simple avec lui
oui, il a raison, jhésite
et, me connaissant, jaurais hésité longtemps
Cest le labranoir qui se chargera de débloquer la situation. Nen pouvant plus dattendre à lapproche de lheure de sa gamelle du soir, le gros toutou sengouffre dans lespace de la porte tout juste mi ouverte et commence à tirer fermement sur la laisse.
Tu vois, il te montre ce que tu dois faire
Il sourit, il est beau, je lui souris. Il me tend la main, je latt, javance dun pas, je suis dans le hall sombre. Le labra tire sur la laisse, le gars a besoin de ses deux bras pour le maîtriser
On traverse le hall, on passe une porte fenêtre qui donne sur un petit jardin intérieur. Il me devance, il tourne vers la droite en direction dune porte en pvc blanc dont il vient de sortir la clef de sa poche.
Attends Gabin, tu vas les avoir tes croquettes
La porte ouverte, le chien lâché court dans le petit séjour. Je rentre. Je suis chez lui. Il referme la porte derrière lui. Charmant garçon, ce Stéphane.
Précédemment dans « 50 nuances de (ce petit con de) Jérémie : à la faveur dun jeu de regards plutôt coquins, la température était montée durant lépreuve du bac philo; laprès-midi qui sen était suivi avait été un festival de jouissance où les ressources sexuelles du beau brun, ainsi que la capacité du physique de Nico à les endurer, avaient étés mises à rude épreuve.
La fin de laprès-midi venue, après avoir pris une longue douche, Nico avait trouvé son Jérém négligemment allongé en travers du lit, torse nu, juste en boxer, endormi. Tombé comme un lapin après lamour.
Après le t-shirt bleu ciel Airness du lundi, le mardi Jérém débarque au lycée avec un putain de t-shirt blanc Ox-Bow du genre super-moulant-cousu-direct-sur-son-torse-de-ouf
quand on sait à quel point, et cétait déjà le cas à lépoque, ce genre de tenue me laisse indifférent, on aurait pu prendre cela pour de la provoc ; ou, pire, pour une atteinte à ma santé mentale
En le voyant arriver ce matin là, lunettes de soleil noires, short marron, baskets vert électrique et t-shirt blanc
je crois tomber dans les pommes
heureusement il est à la bourre comme dhab et il est encore en train de faire la bise à ses potes lorsquon nous appelle pour prendre place dans la salle dexamen
oui, la bise à ses potes
ça ma toujours laissé rêveur cette complicité entre mecs bien hétéros, si virils, sa laissant aller à cette petite tendresse de la bise
Jen profite pour décrocher mon regard de lui et me faufiler dans le couloir du lycée parmi les premiers. Une fois dans la salle dexamen, une question sillumine alors dans ma tête. Comment vais-je pouvoir me tenir aujourdhui par rapport à mon beau brun ? Je repense à « laccident » de la veille, le surveillant mayant gaulé en train de chauffer Jérém pendant la philo
en rentrant dans la classe un instant plus tôt, javais croisé son regard ; et le « bonjour » quil mavait lancé était accompagné dun petit sourire malicieux, limite narquois, qui mavait fait sentir visé
comme sil mavait à lil et que javais vraiment intérêt de me tenir à carreau ce jour là
Je métais contenté de dire bonjour à mon tour, sans demander mon reste
mon humiliation de la veille était encore bien brûlante, et à vrai dire il y avait dautre brûlures physiques et morales qui accaparaient mon être tout entier sans avoir à chercher dautres émotions
il faut dire que tout un après midi de baise avec Jérém, terminé par laffichage de sa froideur légendaire, ça a de quoi laisser des séquelles
Je me vois déjà toute la journée en train dessayer déviter son regard de braise, de faire taire mon envie de baise
ça va me manquer ce contact, il me manque déjà, ça va me frustrer, ça me frustre déjà
quest ce que ça va être en fin de journée ? Son regard me trouble autant quand il est sur moi que quand il ne lest pas
Je frotte mes mains sur le visage pour me secouer lesprit de ces pensée : la perspective de passer toute la journée sans pouvoir le regarder, cette perspective me parait rude, dure, horriblement dure
enfin
jessaie de me motiver en me disant quil ne fallait surtout pas que ce matin là on recommence nos bêtises
Sacrés bêtises
à lorigine dun sacré après-midi
est-ce que je regrette ces bêtises ?
ah, bah, que non
si cétait à refaire, je le referais à coup sur, avec tous les risques que cela comporte
oui, le jeu en vaut bien la chandelle
De toute façon, que je cède à la tentation de recommencer le petit jeu de la veille, encore faudrait-t-il que Jérém le veuille aussi, et pour linstant il semble plutôt regarder ailleurs, ou bien que je me fasse violence pour éviter de le mater, quest-ce que cela changera sur ma concentration aux épreuves à venir ? Pour que je puisse me concentrer réellement, il aurait fallu que jarrête davoir envie de lui
et pour ce faire, il aurait fallu quil ne soit pas dans la même salle
Jérém en t-shirt blanc moulant, sentant bon le déo de mec, Jérém juste à coté moi pendant toute la matinée
Jérém dont je gardais bien vif en moi le souvenir de son passage, un souvenir si sensible que javais du mal à tenir longtemps ma position sur la chaise
Jérémie qui mavait carrément démonté la veille
Jérémie insatiable, déchaîné, bestial
il faut dire que je lavais bien cherché
pendant les quatre heures de lépreuve de philo je navais pas arrêté de le chauffer
à la fin de la matinée, Jérém avait une trique denfer, le regard rempli dune espèce durgence sexuelle débordante
ses yeux étaient tellement brûlants denvie masculine que javais déjà limpression de lavoir en moi, limpression de sentir son gourdin en train de coulisser dans mon ti trou, limpression quil avait commencé à me baiser bien avant la fin de lépreuve, bien avant de refermer la porte de sa chambre derrière nous
Je ne sais même pas combien de fois je me suis branlé par la suite en pensant à sa fougue de jeune étalon
jétais lessivé, endolori de partout
pourtant, les images de son corps prenant du plaisir dans le mien ne me quittaient jamais, des flash hantaient mon esprit
bien que javais moi même joui plusieurs fois cet après-midi là, jai le souvenir de mêtre branlé juste dans la foulée, illico en rentrant à la maison ; ensuite, deux fois le soir même en allant me coucher
et le matin suivant au réveil, avant de me lever pour repartir au bac
Le surveillant donne les consignes et lance lépreuve.
Je nai même pas envie de lire le sujet
jai envie de me lever et daller caresser le beau brun
se cheveux, ses oreilles fines, droites que je trouve si sexy, ses épaules, ses biceps serrés dans ces manchettes blanches, jai envie deffleurer sa peau
de passer ma main dans le col en V de son t-shirt
jai envie de le lécher de la tête aux pieds, comme hier après-midi, et plus encore
jai envie de le sucer
merde !!!
Jai mal à tous mes muscles, à toutes mes articulations, mais ma peau est hypersensible, la trique me gagne et jai limpression quelle ne va pas me quitter tant quil sera dans mon champ de vision
Je prends une grande inspiration et je me décide à lire le sujet. La techno, ça me barbe. Allez, je me mets à rédiger quelques lignes. Jarrive quand même à me concentrer un petit peu et à gratter une page et demie presque dun jet, presque sans lever les yeux de la copie
ça aurait pu continuer encore, si un élément perturbateur nétait pas venu me tirer de ma disserte
un bruit soudain, un bruit sec, venant dun thorax dont je connais chaque tonalité, chaque vibration
Ce petit con a éternué
fume, fume, ça arrange les allergies
Dès lors, cest reparti, la copie est oubliée, pour Nico cest la recrée
ce bruit venant de lui aura suffit pour me déconcentrer, et maintenant mes yeux sont à nouveau rivés sur son torse moulé dans le coton blanc, mes désirs refont violemment surface en faisant à nouveau disparaître toute motivation pour la techno
Et puis il fait pire
il relève son buste, il lâche son stylo, il pose son coude droit sur le bord du banc, il appuie son front dans la paume de sa main, lair du mec qui réfléchit
il nen est rien
je le vois discrètement faire pivoter son cou, et sa tête à lintérieur de lappui de sa main par la même occasion, jusquà que je puisse capter son regard, ses yeux
cest furtif, de biais, mais ça me fait trop trop plaisir
il sest retourné pour me voir
est-ce que nos échanges visuels lui manquent ? Jaime trop croire à cela
Ça ne dure quun court instant, mais jai limpression quil me mate avec son regard de tueur sexy qui me fait tant deffet
Trop vite, son cou fait le mouvement de rotation inverse, et au final cest sa tempe qui se trouve à lappui dans la paume de sa main, son pouce allant se caler juste en dessous de son oreille, le buste légèrement incliné, la mâchoire animée par le malaxage lent et sensuel dun chewing-gum que comme dhab je ne lai pas vu mettre en bouche
Jérém aussi est en mode récrée apparemment
il reste dans cette position pendant un bon moment
je suis sur quil bloque lui aussi, la techno ce nest pas son truc
javais souvent remarqué en cours lintérêt tout à fait relatif quil portait à cette matière, comme à peu près à toutes les autres
il doit se faire chier et lenvie de cigarette doit commencer à le démanger
Je le vois prendre une bonne inspiration, ses épaules remontent, son torse se bombe, ses muscles sétirent
et une fois cette aération du corps et de lesprit terminée, quand tout revient en place, voilà quil recommence son manège
son cou pivote, sa tête tourne avec
son regard rencontre le mien, prêt à laccueillir depuis le début de lépreuve, prêt à laccueillir depuis toujours
Cette fois ci il sest retourné davantage et la confrontation de nos regards est presque directe
ses yeux bruns sont brûlants
rien que dans ce regard je me sens sa chose, mon envie de lui devient insupportable
je lis dedans tout son triomphe viril sur moi
jai à la fois envie de my incliner, mais également de ne pas me laisser humilier encore
alors je me force à le soutenir, à ne pas céder, à ne pas baisser les yeux, à lui tenir tête, au plus profond de moi je me prends à imaginer que en me comportant de la sorte, en le défiant comme la veille, je vais lui donner envie dune nouvelle révision ce soir là
Je suis fou
jai envie de lui
jai une boule au ventre tellement cette envie est forte et déchirante
cest fou comme je peux lavoir dans la peau, ce petit con
en fait, jai carrément besoin de lui, toutes les fibres de mon corps semblent aimantées par sa beauté, ensorcelées par le souvenir de tout ce quil ma mis la veille, de cet après-midi de baise complètement dingue
Des flash de la folie de laprès-midi de la veille saffichent dans mon esprit, rapides, troublants
toutes ces images me rendent dingue
la sensation de nêtre quun objet de plaisir dans ses mains puissantes me fait tourner la tête
je me fais la réflexion que, en fait, plus je couche avec lui, plus jai envie de coucher avec lui
je lai dans la peau, et le simple fait de le voir devant moi me met dans tous mes états
je me dis que chaque goutte de son jus mérite quelle soit éjaculée en lui faisant prendre un max de plaisir
je suis avide de cela, et je me dis que chacun des orgasmes de Jérém dont je serai privé à lavenir serait un gâchis sans nom
Ça tourne à lobsession
je narrive pas à penser à autre chose quau plaisir de le voir nu, le plaisir de voir sa queue en érection, le plaisir de la prendre en bouche, de la sentir jouir, de la sentir coulisser entre mes fesses, de voir lexpression de son visage pendant quil se vide en moi, de sentir les jets chauds et puissants sabattre sur ma peau, de sentir lodeur de son jus, le goût de son jus
je me sens déchiré entre le besoin urgent daccéder à sa sexualité et le désespoir dune occasion qui ne viendrait peut-être plus jamais
En ce début de matinée, alors que le soleil remplit déjà la classe et la brise légère caresse ma peau hypersensible en lui donnant des frissons, jai cru pendant un instant que jirai voir le surveillant pour lui demander de changer de place tellement cétait une de lavoir à côté de moi
Evidemment je nose pas, dailleurs cest un truc qui ne se fait pas
alors je prends sur moi, me soumettant une fois de plus à la divine de lavoir dans mon champ visuel
oui, je prends sur moi
cest lhistoire de ma vie toute entière
je crois devenir fou
je transpire, jai du mal à respirer, le désir envahit mon cerveau
je chauffe, je crois que je vais disjoncter
ça chauffe encore, je vais disjoncter
ça brûle et
je disjoncte
Je me lève de ma chaise, je mapproche lentement de lui, je suis débout derrière lui, il est toujours assis sur sa chaise devant son banc
son parfum séduit mes narines avec toute sa puissance
jai une vue plongeante sur ses cheveux bruns, sur son t-shirt blanc moulant ses pectoraux, sur son torse que la position de son bassin sur la chaise autorise à être légèrement incliné
je regarde ses abdos onduler sous le coton blanc au rythme de sa respiration calme et régulière
jai une vue panoramique sur la jolie bosse que son équipement de mec fait derrière son short
Jérém sait que je suis derrière ses épaules et ça na pas lair de le déranger
au contraire, il sait bien que je me suis approché pour lui faire plaisir
jai envie de le surprendre, jai envie dun truc
Je me penche vers lui, je commence à agacer ses tétons pointant à travers le t-shirt blanc
dès que mes doigts se posent sur le coton doux, je vois son corps sexciter, frémir
je malaxe légèrement ses pectoraux, je le chauffe
il ne faudra pas longtemps pour quil soulève lavant du t-shirt pour le coincer derrière sa tête me donnant une vision magnifique et un accès sans entraves à la beauté de son torse
mes doigts se livrent alors à ce qui ressemble à un ballet plutôt sensuel sur sa peau mate et soyeuse
Jérém est déjà bien excité
preuve en est que dans la foulée il ouvre la ceinture de son short, il le fait glisser à ses pieds avec son boxer de façon à dégager sa queue désormais bien raide
il commence à se branler
Sans arrêter de caresser ses pectoraux, mes mains ravies par le contact avec la fermeté de sa musculature, je maccroupis derrière la chaise, je passe la main gauche vers lavant, je rencontre la sienne
cette dernière laisse la place sans opposer de résistance
et voilà, je tiens désormais son manche entre mes doigts, cest tendu, cest doux, cest chaud, cest puissant, ça me remplit la main et ça me fait un bien fou
jentreprends de le branler lentement, pendant que de lautre main jexcite ses tétons à tour de rôle
Mon menton appuyé pile dans langle entre la base de son cou et son épaule, à lendroit où son t-shirt est négligemment coincé
quest ce que cest doux et agréable le contact avec ce coton fin qui caresse sa peau en permanence
dans une prochaine vie je veux renaître t-shirt moulant, à condition de pouvoir choisir le torse sur lequel je vais tomber
où alors boxer
mais là aussi il faudrait que je puisse avoir le choix
Je sens son parfum de mec se dégager de la peau dénudée de son torse dessiné ; au fil des va-et-vient de ma main sur son manche, je sens sa respiration saccélérer, devenir bruyante
ma main gauche augmente alors le rythme de ses mouvements autour de sa queue
je délaisse brièvement ses tétons pour mouiller copieusement les doigts de ma main droite avec ma salive, avant quelle remplace la gauche autour de son sexe
au contact de mes doigts humides, Jérém a un sursaut dexcitation
Un instant plus tard, cest au tour des doigts de ma main gauche, également enduits de ma salive, de se poser sur son téton, de jouer avec, de divaguer sur le relief de ses pectoraux
à partir de là, à la faveur dun rythme de plus en plus cadencé des mouvements de ma main sur sa queue, je sens rapidement son corps se raidir sous la vague puissante de lorgasme
Jérém jouit en balançant plusieurs jets copieux et denses qui sabattent lourdement sur le sol devant lui
Lorsque je retire ma main de sa queue, mon pouce et mon index sont couverts dune bonne trace brillante de sa jouissance de mec
pendant quil remonte son boxer et son short, cest ainsi au tour de ma bouche de trouver le bonheur
Quelquun fait tomber un objet lourd et le bruit sec me tire de ma rêverie
fantasme de folie dans une situation impossible, fantasme que je regrette de ne jamais avoir eu lidée de mettre en pratique pendant une de nos révisions
un rêve coquin les yeux ouverts, fantasme qui procurera en moi une excitation et une érection accompagnées dune bonne mouille, presque une petite éjaculation, dont mon boxer se souviendra encore le soir en rentrant chez moi
putain quest-ce que jétais parti loin dans mon fantasme
Je ne sais pas combien de temps ce contact visuel et mon rêve éveillé ont duré
tout ce que je sais cest que à un moment jai vu le drame arriver et jai coupé direct
Jérém a compris que quelque chose se passait et il a retourné précipitamment son cou, redressé le buste, il a repris son stylo et il sest replongé dans sa copie
hélas, le mal est fait, et jai la troublante sensation quon ne pourra pas échapper aux conséquences
Pendant que Jérém était tourné vers moi, le surveillant, toujours le même, sétait levé du bureau doù il dominait la salle pensant que son collègue bouquinait
le bruit de sa chaise glissant sur le carrelage avait attiré mon regard dans sa direction et cest ainsi que javais brièvement croisé son regard, avant que la peur combinée à la honte me fasse revenir vers ma copie
ce qui ne mempêcha pas, avec ma vision périphérique, de le voir sengouffrer pile dans lallée qui amenait au banc de Jérém
Je sens la panique me gagner
il nous a vu
Jérém était carrément tourné vers larrière quand il nous avait captés
je suis super inquiet
je lève légèrement mon regard pour observer cette silhouette mobile, cette bombe à retardement divaguant dans notre direction
quest ce quil va faire ? Il me semble de déceler au coin de ses yeux une expression de détermination assez marquée, une intention punitive que je devine ou que jimagine, ce qui est la même chose dans ce genre de situation où la peur nous envahit
un pas après lautre il approche de moi ou
alors
du beau brun
je sens monter en moi un malaise grandissant
putain, il va faire chier Jérém
cest encore pire que sil venait vers moi
Il ne sait pas dans quoi il sengage, ce charmant surveillant à lunettes si propre sur lui
à mon avis, sil va voir Jérém et quil lui sert les mêmes mots quil ma servi à moi la veille, il va être reçu le gars, et surtout il ne va pas être déçu du voyage
le connaissant, Jérém ne supporterait jamais une humiliation de ce genre
je me dis que là on court à la catastrophe, au drame
je crains vraiment la réaction de Jérém
si jamais le surveillant le chatouille sur ce terrain là, son sang ne va faire quun tour, il ne va plus penser à lexam, ni au bac, ni à son futur, à mon avis il va se lever et le cogner
Il avance, jai limpression que son expression a quelque chose de mauvais, je me dis quil va faire chier le beau brun et que ça lui fait trop plaisir de le saquer de la sorte
peut-être une revanche inconsciente sur un amour impossible dans ses années lycée, sur son Jérémie à lui, ce mec dont on est tous tombé amoureux un jour au lycée et qui sest servi ou moqué de nous ? As-tu également vécu cela, charmant surveillant, quand tu avais à peu près mon age ?
Jai peur de la réaction de Jérém vis-à-vis du surveillant et jai peur aussi quil men veuille pour avoir attiré lattention sur lui
pourtant cest lui qui ma cherché
mais je savais que jétais en sursis et jaurais dû faire gaffe
je naurais jamais dû lui tenir tête dans cette configuration si exposée, si risquée
si jamais il y a un clash avec le surveillant, et que lon apprend doù cela est venu
Jérém ne va pas le supporter
il va me choper et me balancer une semi-remorque de méchancetés comme il sait si bien le faire et ensuite il va tout simplement meffacer de sa vie
tant pis, au point où lon en est
jaurais juste voulu quon ne séloigne pas en étant fâchés, que notre relation prenne fin sur une dispute
Pendant que je me fais ces réflexions, je remarque quil se passe quelque chose, quelque chose de bizarre, auquel je narrive par à croire tout de suite
je crois rêver
pourtant, cest exactement ce qui est en train de se produire
je regarde le surveillant et il me semble observer que si ses premiers pas en partant du bureau étaient cadencés dans une allure assurée, le derniers avant darriver au banc de Jérém perdaient petit à petit de leur aisance
et pour cause
Le voyant approcher, Jérém avait levé le buste et la tête, ses épaules en ressortant ainsi bien dégagées, sa musculature bien en évidence
son regard était droit devant lui, en direction du surveillant
je narrivais pas à la capter directement mais je me rendais compte que Jérém le regardait venir
ses yeux semblaient dégager ce regard brun avec tendance à tourner au noir, ce regard intense, un je-ne-sais-pas-quoi de fais-pas-chier-mec, une assurance virile, un regard que je ne lui connais que très bien
une attitude qui fait tomber toutes mes défenses
Il est malade
oser ça avec le surveillant au bac, quand même
est-ce que son attitude va lui sauver la mise dans cette situation? Je suis intrigué
je suis à la fois fasciné et troublé par son culot
Une partie de moi a envie de le voir se ramasser
de voir le surveillant démonter son arrogance et son assurance de petit con effronté
ce qui serait pour moi une petite revanche sur son attitude si dure et méprisante envers moi
alors quune autre partie de moi a envie de voir une fois de plus le triomphe de son impertinence et son assurance de petit con
ce qui est pour moi insupportablement excitant
Cest là que je me rends compte que, au fait, jaime ce mec et je le hais à la fois, et que ces deux sentiments sont alimentés par les mêmes raisons
son assurance, son attitude effrontée sont à la fois ce qui mattire vers lui et ce qui ménerve au plus haut point
Jérém na vraiment pas froid aux yeux, son regard semble afficher une attitude clairement et délibérément intimidante, on dirait un jeune coq se levant sur ses pattes et remontant sa crête rouge, cherchant à impressionner un autre coq approchant de son territoire et lui cherchant des noises
sa posture ressemble vraiment à un défi à lautorité du surveillant
leurs regards se font face, leurs esprits se jaugent comme deux mâles avant laffrontement
Jérém inspire, son corps tendu dans cette démonstration de force
je commence à craindre que sa conduite puisse lui causer des problèmes encore plus graves quune simple brimade si humiliante puisse-t-elle être
je me dis que en plus de lui reprocher notre petit jeu, le surveillant risque dêtre vexé de son comportement irrespectueux, et le sanctionner à ce titre
Le surveillant nest plus quà un pas du banc de Jérém : cest à ce moment là que je vois la situation basculer
je ny crois pas
je crois rêver
je regarde son visage et je vois son expression changer petit à petit, il est comme déstabilisé, son assurance semble sévaporer devant la puissance du regard du beau brun
en arrivant à hauteur du banc de Jérém, je le vois soudainement baisser ses yeux, accélérer son allure, passer son chemin et disparaître au fond de la classe.
Jérém baisse son regard une fraction de seconde plus tard
il a gagné ce petit con
sacré Jérém, la meilleure défense reste toujours lattaque
je recommence à respirer normalement, mon apnée prend fin
oui, ce petit con a encore gagné
décidemment rien ne lui fait peur
décidemment personne ne résiste à ce regard de charmeur, de charmeur de serpents
sa victoire magace et mémoustille à la fois
Devant un regard pareil, soit on est sous le charme, soit on est intimidé ; que lon soit sensible à lun ou à lautre volet, ou bien à un mélange des deux, le résultat est que son attitude est telle à faire passer bien des envies de confrontation avec le beau mâle
mais au fond de moi, jaime bien croire que ce nest pas lattitude arrogante qui a déstabilisé le surveillant, mais linsupportable sexytude de ce ptit con
Oui, du haut de ses 19 ans, de sa position détudiant au dossier franchement pas brillant, dans sa position de candidat au bac, et qui plus est sétant fait gauler en train de faire le con avec un pote au lieu de se concentrer sur lépreuve, Jérém tient tête au surveillant du bac, un mec de 35 ans, ayant le pouvoir de le mettre dehors illico, dannuler sa copie, de le saquer lors du rapprochement des notes, de le faire chier un peu plus pour obtenir un bac que déjà il aurait de justesse
Putain quil en a ce mec dans le caleçon (ou plutôt dans le boxer)
quelles sont bien fermes ses couilles
quand il le veut bien
Lémotion passée, je prends le temps de calmer ma respiration et de relâcher mes nerfs avant de me plonger dans la dernière ligne droite pour terminer ma copie. A ma grande surprise, Jérém rendra sa copie à 11h30 et il partira sans même madresser un regard. Je suis déstabilisé
je ne mattendais pas à ce quil parte si tôt
est-ce quil a fini ou alors ça sest mal passé et il a jeté léponge ? Pendant toute la durée de lépreuve de techno, javais espéré que Jérém viendrait me voir à la sortie et que le souvenir plaisant de la baise de la veille le poussera à envisager une petite séance de rattrapage
Je suis déçu quil soit parti si tôt
son banc vide est si triste
Midi arrive vite, et on nous informe quil faut rendre les copies.
Non, après la techno Jérém ne me proposa pas de révisions chez lui, chose que je considérais fort dommage : car, à défaut de pouvoir offrir mon intimité à ses envies de mâle, voilà que ma bouche, un peu délaissée la veille, se sentait tout à fait apte à lui procurer une jouissance certaine
une ou plusieurs
Il me manque déjà, il me manque trop
je nai pas envie de rentrer tout de suite, de tout façon personne ne mattend chez moi
tout le monde bosse
jai envie de marcher pour évacuer les tensions et les émotions cumulés pendant lépreuve, je vais chercher un sandwich, je trouve bien de marrêter au même comptoir où Jérém sest arrêté la veille
jai limpression dêtre un peu avec lui
je repense à son geste inattendu
mignon de sa part quand même de mavoir offert un sandwich
En quête dun endroit où me poser, mes pieds mamèneront place du Capitole
mon regard sera happé une fois de plus par la beauté architecturale de ces espace grandiose
en arrivant par la rue Gambetta, je la traverse en biais, je frotte mes semelles sur la croix Occitane dessinée au sol au croisement de ses diagonales
je me dirige ensuite vers le passage situé juste en dessous du fameux balcon de la Mairie où le Bouclier de Brennus a été tant de fois présenté aux toulousains ; je me retrouve ainsi dans la petite place du donjon de lOffice du Tourisme, cet espace ombragé par des arbres imposants
Je me pose sur un banc, je mange lentement mon sandwich
jai tout laprès-midi devant moi
je suis pratiquement en vacances. Il fait bon, un petit vent souffle sur ma peau
je suis bien, à part le fait que Jérém me manque tellement et que jai vraiment envie de lui
dautant plus que le mois de juin avance, quil fait déjà chaud et quen ville les garçons ont sorti leurs beaux t-shirts et les charmants shorts dété mettant en valeur leur morphologie
ce qui mémoustille au plus haut point en attisant encore un peu plus mes sens déjà bien enflammés par les assauts du beau brun
Jadore lété.. cest un pur régal pour les yeux que de regarder défiler de beaux jeunes hommes devant moi
un petit t-shirt noir porté avec aisance, un t-shirt rouge estampillé Umbro tombant à la perfection sur un torse que je devine plutôt convenable, un autre t-shirt rouge aux bords des manchettes et du col blancs portés par un beau petit brun
un autre encore, typé reubeu et plutôt mignon, les cheveux très courts, soigné, la peau basanée et lisse, on dirait un pain au chocolat sortant de la boulangerie tout chaud au petit matin, un truc à éveiller dun seul coup tous les sens assoupis
beau et sexy, lallure vigoureuse, le regard très masculin et autoritaire comme il savent lavoir ce genre de mec, il ose un débardeur vert qui tombe assez bas sur son short blanc au milieu duquel une jolie bosse semble se dessiner, un débardeur qui découvre une vaste portion de ses pectoraux bien dessinés, de ses épaules carrées et harmonieuses, laissant entrevoir, au gré de ses mouvements, la légère pilosité de ses aisselles
un petit bout de tissu vert qui ne donne quune envie, celle dêtre ôté pour découvrir les beautés anatomiques quil semble cacher
voilà un mec qui passe devant moi sans me daigner dun regard, un mec qui ne se doute pas un instant à quel point il ma fait bander et mouiller denvie de lavoir en moi
oui, un mec qui me donne vraiment envie, un beau mâle bien viril avec qui je nai pas de mal à imaginer le bonheur de me faire défoncer jusquà lui vider complètement les couilles
hélas, jamais un mec comme celui là ne sintéressera à moi, et si bien, je noserai pas franchir le pas, je serais bien trop intimidé par son regard, par sa façon dêtre « mec », bridé par mes sentiments pour Jérém, comme avec le débardeur blanc il y a quelques semaines dans les chiottes du KL
Certes, mon regard opère un tri dans la gente masculine, ne sattardant que sur des silhouettes plutôt attirantes
et cest vraiment le bonheur
je me sens comme devant un défilé de mode masculine ou plutôt un défilé de beauté masculine
lheure tourne et franchement je ne men lasse pas
mon regard est tellement lourd et intéressé que parfois jai limpression quil aimante celui de certains garçons
un contact fugace sétablit alors
ça me secoue et je suis immédiatement intimidé, je finis par baisser les yeux et renoncer à assumer mes envies
Je me surprends à imaginer que certains de ces garçons pourraient avoir envie de coucher avec moi
et puis je finis par me dire que je me fais des films, que je ne suis pas assez bien pour des garçons aussi beaux
certes, je couche avec le plus beau dentre eux
mais je ne sais même pas comment Jérém me trouve physiquement
est ce que je lui plais ne serait-ce quun peu ou alors cest juste ma soumission, ma bouche et mon cul qui lintéressent ? Est-ce quil me baise juste car il prend son pied comme jamais, parce que je ne my prends pas trop mal ou est-ce quil a une petite attirance pour moi ? Est-ce quil me baise moi juste parce que je suis à portée de queue ? Est-ce quil baiserait avec nimporte quel autre mec du moment quil le fasse jouir comme il en a envie ? Tu t'entêtes à te foutre de tout/Mais pourvu quelles soient douces, nest-ce pas mon beau Jérém
Le mardi après-midi et le soir encore, ce fut séance branlette multiple dans mon lit.
Le mercredi arrive, et Jérém se pointe au lycée avec un simple t-shirt noir fabriqué dans un coton stretch tout fin qui a pile lair dune seconde peau tendue sur son torse. Chacun de ses muscles de son dos, de ses pectoraux, de ses abdos, de ses épaules, chacun de ses mouvements sont épousés au poil par les fibres. Voilà la vision dun bonheur diabolique
Une fois dans la salle, devant la copie dhistoire-géo, je me demande comment se passe le bac pour lui
certes, nous nous croisions lors des épreuves du bac
mais jamais Jérém nengageait la conversation avec moi
depuis le lundi, il ne me disait même pas bonjour, il ignorait même les miens, au point que je cessai de le lui dire à mon tour, pour ne pas que les autres voient quil avait lair de me faire la tête
nos seuls contacts se limitaient désormais à des regards coquins
lun dentre eux, le mercredi midi à la sortie de la salle dexams, chargé de sensualité et de coquinerie, mavait semblé être sa façon de me rappeler une fois de plus que jétais, ou que javais été, son soumis, son vide-couilles, que jétais, ou que javais été, à sa disposition quand il avait (eu) envie de se soulager les couilles et la bite
Cependant, ce regard mavait fait espérer quil aurait envie de remettre ça ce soir là
je savais bien que jamais ça navait été en mon pouvoir de lui demander de réviser parce que jen avais envie
il ny avait que son envie qui comptait
son envie de mâle
la mienne nétait quun détail insignifiant de lhistoire, un détail dont il ne se souciait guère
cétait lui, et lui seul, qui décidait quand il en avait envie ou quand il nen avait pas
ce qui nallait pas mempêcher, pendant toute la durée le lépreuve de techno, de me faire des films dont le scénario prévoyait quil mapproche à la sortie du lycée pour mintimer de le suivre chez lui
maintenant
Pas difficile dimaginer ma déception lorsque le soir je le vois une fois de plus déposer sa copie de physique/chimie une demi heure avant lheure et partir en passant à coté de moi, en frôlant mon bras au passage avec le bas de son t-shirt moulant les muscles fermes de ses reins, en violant mes narines avec son parfum, sans un regard
oui, je suis déçu, dépité
jai tellement mal au plus profond de moi, je me sens tellement frustré que je me dis que là, après avoir passé la journée à me laisser brûler les yeux par sa tenue sexy, cen est vraiment trop
jai trop envie de lui
Je prends ma copie, pas tout à fait terminée, et je lamène au bureau des surveillants. Je sors de la classe avec un pas à lapparence calme. Je passe la porte, faisant bien attention à ne pas faire de bruit en la refermant derrière moi. Cest dans le couloir que mon allure change du tout au tout
jai limpression de jouer au chat et à la souris, de détaler en soulevant la poussière, dêtre dans un dessin animé de Tom et Jerry
jaccélère le pas jusquà pratiquement courir
il nest déjà plus dans le couloir, il doit être déjà dans la rue
je cours mais je stoppe net quand je le vois sortir des chiottes du rez-de-chaussée et se diriger rapidement vers la sortie
(là encore jentends le bruitage caractéristique des images de Hanna & Barbera)
Il ne ma pas vu
je ne peux pas le laisser partir comme ça
peut-être quon ne couchera plus jamais ensemble, alors autant tenter le tout pour tout
cest ainsi que, en prenant sur moi pour vaincre ma timidité maladive, en plus de leffet de dingue qui me fait ce mec, du vertige quil minspire depuis que jétais son soumis et quil était mon dominant, je lui cours quasiment après ; lorsque jarrive à lapprocher, il faut encore que je trouve la force de madresser à lui, la voix étranglée par la honte et la peur de me faire jeter
alors, affichant un sourire maladroit, bégayant à moitié, jarrive à lui lancer :
Salut
ça sest bien passé ?
Ça sest passé
- me lance-t-il froidement sans sarrêter de marcher, sans me regarder.
Je
je
je
- je suis essoufflé davoir presque couru pour le rattr, je suis intimidé par lui et par son attitude distante
jinspire alors un grand coup pour trouver un reste de courage et je maventure dans les dangers de linconnu.
Jérém
Quoi
- il ne me regarde toujours pas ; de plus, le ton agacé avec lequel il a lâché ce dernier mot, me laisse deviner que cest mort. Tant pis
tant quà en être arrivé jusquà là, autant me rendre ridicule jusquau bout.
Tu veux pas quon révise
On na plus rien à réviser
- il tourne enfin les yeux vers moi, le regard dur et fier du mec qui se sait désiré plus que son dû et qui goûte au plaisir ultime de dire non à une proposition pourtant alléchante, juste pour le plaisir de faire chier
de se sentir désiré plus que de raison
petit con !!!!!!!!!!!!
Tas pas envie
Non
Juste une pipe
Non !
Tas pas aimé lundi ?
Fous moi la paix
Et, ce disant, il baisse ses lunettes de soleil noires sur les yeux, il accélère un peu plus son allure et me laisse là, en plan avec mes envies. Cest clair. Clair et blessant. Je ne sais plus quoi dire, quoi faire. Je suis désarçonné. Pourquoi ce mec est aussi imprévisible ? Pourquoi est-il si con ? Refuser de coucher avec moi alors quil prend un pied de dingue ? Pourquoi ne puis-je rien lui demander alors que lui il peut tout me demander ?
Cétait bien là mon paradoxe à moi
accepter de me soumettre à son plaisir et ne pas accepter que son plaisir puisse être de pas en prendre avec moi
Abasourdi par son refus net et précis, je marrête pour reprendre mon souffle, pour laisser sévaporer lhumiliation cuisante que je viens de vivre
je reste ainsi planté là, devant la façade du lycée, le regardant tourner à gauche, et disparaître dans la rue Gambetta
Me retrouver comme un con, avec ma frustration, ma déception, énervé, impuissant
putain de putain de sale petit con à la noix
avoir envie de lui courir après, de le frapper, de le traiter de petit merdeux
faire sortir la rage qui monte en moi quand il se comporte ainsi
Au lieu de quoi, je me mets à marcher, tout sagement, en gardant ma colère à lintérieur, la blessure cuisante de son refus inexplicable si ce nest que par une arrogance de mâle si mal placée
jai besoin de marcher un peu pour évacuer tout ça
pas facile quand on imagine quà chaque pas je sens sa présence brûlante entre mes fesses, le souvenir encore bien vif de son passage de deux jours plus tôt
Jai mal dans mon corps, jai mal dans mon cur, je suis déboussolé, je marche dabord sans direction ; dans un deuxième temps, me retrouvant dans la rue de Metz, je la suis sur une bonne portion, pour tomber tout droit dans un quartier que jaime beaucoup, celui autour de la Cathédrale de St Etienne.
Cest lun des quartiers de Toulouse que je préfère, avec ses terrasses de café ou de restos, souvent animées à longueur de journée quand la belle saison est là; un quartier à la circulation très réduite, avec ces petits bouts de pelouse ombragés où, comme sur une plage, des toulousaines et de toulousains viennent flâner entre midi et deux, ou pour les plus chanceux, à un moment de la journée choisi pour lire un bon livre, pour écouter de la musique, pour partager des confidences avec une(e) ami(e), pour faire une petite sieste sur lherbe fraîchement tondue, à lombre des arbres qui entourent cet espace monumental, marqué par la présence de la Cathédrale, cette construction si atypique, si hétéroclite, si originale pourtant si esthétique, si imposante, magnifique Cathédrale inachevée
Oui, jai toujours aimé ce quartier car il respire la vie, la douceur de vivre du sud, la dolce vita à la sauce toulousaine
ça marche, ça discute, ça rigole, il y a une fontaine avec de leau
on se sent à laise, on a envie de se déchausser et de sallonger sur lherbe
Cest exactement ce que je fais ce jour là pour me détendre, pour respirer un bon coup et évacuer lamertume qui mécrase
je trouve un carré de pelouse à lombre à coté dun arbre, je pose mon sac à dos près de moi, je me déchausse jusquà que mes pieds nus soient en contact avec la végétation tendre
je mallonge avec les genoux pliés, la plante des pieds bien en contact avec la nature cultivée en ville
Le poids de mon corps confié à la portance du sol, mes énergies sont désormais libérées pour me concentrer à faire le vide dans ma tête
oui, il nen parait rien, mais il faut toute son énergie pour arriver à penser
à rien ! Je respire profondément une, deux, plusieurs fois, bercé par le piaillement de quelques petits oiseaux cachés quelques part dans les frondes des arbres qui offrent leur ombre gratuite aux passants
mon odorat est ravi par cette odeur dherbe et de terre, de sève darbres
je suis bien, je suis seul mais accompagné par le bruit de fond de lhumanité en mode pré-vacances qui voltige autour de la place
Je le sens sur la peau, ce mélange explosif de vent dautan et de soleil, cette douceur qui instille dans lesprit des toulousain linsouciance des beaux jours
cest lesprit des vacances, lenvie de profiter
jai limpression que en cette fin daprès-midi du mois de juin, dans la tête des gens autour de moi ça commence à sentir la plage chaude de Narbonne ou les vagues puissantes de Biarritz
ou, plus modestement, les longues soirées dété séternisant autour de lapéro et devant un barbac quon a du mal à allumer car la boisson fraîche et la compagnie des amis nous accaparent plus que la nourriture
Cest un parfum de petit bonheur de la vie, et cest bien cela lultime des savoir-vivre, celui de savoir profiter de la vie
cest beau et cest exactement ce qui me plait de cette ville, cette incorrigible envie de faire la fête dès que les beaux jours reviennent
Je reste allongé dans lherbe un bon bout de temps, arrivant même à massoupir légèrement
je fais un petit somme, mais il est vite interrompu par un événement imprévu
oui, imprévu comme un labrador noir au collier rouge échappé au contrôle de son propriétaire, venant me lécher les oreilles
je reviens à moi en sursaut
mais dès que je réalise ce qui se passe, je trouve la situation drôle
il est beau le chien, tout doux, et la spontanéité, la générosité, la puissance de ses câlins me vont droit au cur
cest de ça que javais besoin à ce moment là
un bon gros câlin
et tant pis si ça vient dun labrador
au moins cest sincère et débordant daffection
Oui, la situation me fait rire
je relève mon buste et je me mets à le caresser, cest trop bon à caresser un gros bébé modèle labra 40 kg
ça ne dure quune poignée de secondes, plus il me bouscule, plus je le caresse, plus je sens un étrange sentiment de calme gagner mon esprit
jaurai voulu que ça dure plus longtemps, mais une voix de mec bien portante se fait entendre et voilà que le toutou se ressaisit et repart en courant.
Je lève les yeux et je vois arriver un mec en courant avec une laisse à la main; le labranoir le rejoint quand il est encore à une dizaine de mètres de moi ; le mec sarrête et le reprend en laisse tout en le grondant
mais peut-t-on vraiment gronder un labrador quand il te regarde avec ses yeux qui semblent déclarer « quest ce quil y a papa ? jai rien fait, moi ! »
il faut bien admettre quun labra, ce nest pas quun chien
Linstant daprès je vois labra et maître sapprocher de moi. Le premier est beau, très beau. Je regarde le maître
il a quelques années de plus que moi, autour de 25 je dirais, il est brun lui aussi, habillé très simplement, avec un simple t-shirt entre le jaune foncé et le marron clair, un short noir très sobre, des claquettes
cool le mec
son visage est légèrement joufflu, en première analyse je me fais la réflexion que cest pas le genre de mec que je remarquerai du premier abord
le visage compte beaucoup pour moi
je le scanne un peu plus et je maperçois quil est assez grand, ses jambes sont finement poilues et plutôt musclées, il doit faire du sport
rugby ? foot ? vélo ? course ? Sous son t-shirt qui nest pas moulant mais à peu près à sa taille, qui nest pas non plus tout neuf, qui ne porte pas de marque, je devine une carrure dépaules assez correcte
il me semble quon peut également imaginer un torse agréable à regarder, peut-être moins dessiné que celui de mon beau Jérém mais pourtant convenable
Vous allez bien ?
Il sourit, et de suite ça ajoute du charme à lensemble de sa personne.
Oui, oui, ça va
ne vous inquiétez pas
Je suis désolé, je naurais pas du le lâcher
Jaime les chiens, ne vous inquiétez pas
Dhabitude il reste avec moi, cest la première fois que je le vois dételer comme un fou et aller embêter quelquun
Je le regarde mieux : quand même
il faut admettre que ce gars a un truc, ses yeux sont très charmants, son visage respire la gentillesse
il a lair dun gars très simple
son allure na rien à voir avec celles de mon Jérém, chez qui tout est en permanence ciblé pour en mettre plein la gueule
ce mec ne joue pas dans la catégorie « petit con à gifler à la Jérém »
mais quimporte, le charme est un tout, parfois un détail
le mec a lair dun garçon bien dans sa peau, et de ce fait il dégage un charme qui le rend très séduisant
son sourire est lumineux, attachant. Il me donne limpression dêtre un garçon qui aimerait recevoir et donner les câlins
il a un petit coté nounours tout doux
et là encore il marque des points
Cest un genre de beauté que je qualifierais d« apaisant » tout en se révélant tout aussi craquant que celle du petit con à gifler à la Jérémie; certes, le packaging, la carrosserie de ce dernier est telle quon achète sans jeter le moindre coup dil au contenu : le petit con est craquant, on a envie de baiser avec lui illico ; alors que le charmant se dévoile davantage pour nous plaire, même si cest inconsciemment ; et on finit par sinstaller confortablement dans le contact avec ce genre de mec.
Il continue sa tirade dexcuses, il est mignon :
je lai appelé, mais il na rien voulu entendre
excusez moi encore
Je trouve toujours émouvant de voir un charmant garçon se morfondre en excuses devant moi
ça mest arrivé quelques fois et à chaque fois ça me fait le même effet
lidée quil me soit quelque part redevable, me fait toujours rêver
Je nétais pas assez malin à lépoque, et jamais je ne le serai davantage dans ma vie, pour tourner ces petits avantages vis-à-vis dun charmant garçon, que le hasard rend parfois possibles, dans la direction que je voudrais ; mais quand je me retrouve dans cette position, je me prends toujours à rêver pendant un instant que pour sacquitter de sa dette, de son passif envers moi, il suffirait que le mec me laisse être son passif à lui
le règlement en nature est bien une grande invention du passé dont labandon est une connerie monumentale
Blagues à part, je lexcuse facilement, dailleurs sa courtoisie rendrait impossible toute brimade de ma part ; de plus, pour le gronder, encore faudrait-t-il que le geste de son chien mait dérangé
Il vous a sali ?
Ce nest rien
Encore, mes plus plates excuses
Ne vous en faites pas
Je vous propose un verre pour me faire pardonner, si vous voulez
Vous nêtes pas obligé
(Vraiment jétais très con à lépoque).
Disons que
ça me ferait
plaisir
Jétais un garçon de 18 ans plutôt timide et fermé à certains signes. Mais pas au point de ne pas remarquer la pointe de charmant malaise qui avait fuité sur le mot « plaisir », se traduisant par un sourire aussi beau que timide. Ce mec a un regard qui accroche le mien. A craquer.
Va pour le verre
Je suis content que vous acceptiez
Cest moi
on va où ?
Je vous propose chez moi, avec le chien ça va être compliqué de sinstaller dans un bar
Oui, cest vrai
Oui, cest vrai, javais pas calculé ça
le chien
il me propose donc daller
chez lui
je ne sais pas si jai envie daller chez lui
je commence à avoir limpression assez nette quil cherche à me draguer
je suis flatté et un brin inquiet à la fois
je nai pas lhabitude de cela
alors je me dis quaccepter daller chez lui, cest comme faire le premier pas vers son lit. Non pas que je ne le trouve pas à mon goût
bien au contraire
En plus, je suis tellement énervé contre Jérém que je trouve tentant et excitant que de me laisser draguer par un autre mec
je suis sur que ça me changerait les idées et que ça calmerait ma colère
ça ferait quoi que jaie une aventure
alors que pas plus tard que dimanche il en a eue une lui aussi
de plus, il me fait bien craquer ce gars
tout a lair facile avec lui, sil est vraiment gay et quil veut coucher avec moi, il ne ressemble en rien aux clichés que je me suis fait des homos
il a vraiment lair dun mec normal
gentil et simple, et cest tout ce qui me fallait à ce moment là
Moi cest Stéphane
et jaimerais bien quon commence par se tutoyer
Enchanté Stéphane, moi cest Nico
Enchanté Nico
et lui cest Gabin
profession labranoir.
Bonjour Gabin
Deux répliques et déjà le mec ressemble à un pote. Il a vraiment lair sympa. Quelquun qui a un gros labra noir affectueux ne peut pas être quelquun de mauvais.
Ok, jirai chez lui. Cest pas dit quil veuille coucher. Et puis je ne suis pas obligé de coucher. Enfin, on verra bien
Je nhabite pas loin, dans le quartier de la Halle aux Grains
Point supplémentaire marqué. Cest assez loin de chez Jérém. On ne risque pas de le croiser. Et ça ne méloigne pas vraiment de chez moi. Je suis quand même un peu gêné daccepter linvitation dun garçon à le suivre chez lui, alors que je viens tout juste de le croiser. Jessaie de poser les choses :
Ok, juste un verre, il faut que je rentre après
jai le bac encore demain
Ok, on y va
cest parti
arrête ça
au pied Gabin !
Le mec sourit et démarre. Je lui enjambe le pas, je marche à coté de lui. Pendant tout le trajet il me questionne sur mon bac, sur mes centres dintérêt, sur mes sorties. Je le trouve de plus en plus sympa. Du coup je le regarde autrement. Bah, au fait, où est-ce que javais vu quil était joufflu ?
Il est des beautés qui ne se révèlent pas entièrement au premier regard : elles ont besoin de luvre dun sourire, de quelques mots, de ce quon appelle le charme en somme, pour déployer toute leur intensité ; oui, il est des beautés qui ont besoin dun petit laps de temps pour nous apprivoiser ; pour faire que lil, enfin captivé, shabitue et sattache à ceux quon a dabord pris pour des petits défauts et qui se révèlent au final être des détails charmants qui font quon est conquis petit à petit et inexorablement.
Cest le cas des mecs qui ne sont pas forcement des canons mais dont le charme est redoutable, dautant plus quand il est exercé sans intention, quand ce charme est une nature, une attitude, une simple façon dêtre. Comme il est des très beaux garçons qui gagnent à ne jamais faire entendre leur voix, il est des garçons peu être un brin moins attirants au premier abord mais qui se révèlent attachants dès quils parlent. Ils sont avenants, ils ont un naturel joyeux, ils ont le contact facile, y compris envers les inconnus ; ils osent adresser la parole, sintéresser à lautre, parler deux, briser la glace, aller vers les gens, les mettre à laise et en confiance.
Cest le cas de Stéphane : il est avenant, il a lair sympa, ouvert, cest le genre de mec avec qui on se sent bien de suite parce quil est accessible, affable
en plus il a cet accent chantant des toulousains pur jus, cet accent qui sent bon le sud, les briques chaudes des immeubles de Toulouse en plein été, le vent dautan, le rugby.
Au bout de quelques minutes à peine, je le trouve beau et charmant, je sens que ça me ferait vraiment du bien de prendre du bon temps avec lui
peut-être que ça va être plus simple avec lui
oui, il a raison, jhésite
et, me connaissant, jaurais hésité longtemps
On arrive devant la porte dun immeuble en briques typiques.
Cest là
Je sens mon cur battre à tout rompre. Jai envie de monter, jai envie de partir. Je ne connais pas ce gars, et même sil a lair sympa, je suis tellement mal à laise que ça va se voir, je vais perdre tous mes moyens. Il doit sen rendre compte car il me lance, tout gentil :
Il ne faut pas avoir peur, je ne vais pas te manger
je toffre juste un verre pour mexcuser
Je nai pas peur
Mais si
tu hésites
- dit-t-il avec un petit sourire mignon.
Un silence gênant sinstalle entre nous. On se regarde dans les yeux, on sait tus les deux que si on monte ce ne sera pas que pour prendre un verre
Cest le labranoir qui se chargera de débloquer la situation. Nen pouvant plus dattendre à lapproche de lheure de sa gamelle du soir, le labra sengouffre dans le battant ouvert de la porte et commence à tirer fermement sur la laisse.
Tu vois, il te montre ce que tu dois faire
Il sourit, il est beau, je lui souris. Il me tend la main, je latt, javance dun pas, je suis dans le hall sombre. Le labra tire sur la laisse, le gars lâche ma main, il a besoin de ses deux bras pour le maîtriser
On traverse le hall, on passe une porte fenêtre qui donne sur un petit jardin intérieur. Stéphane me devance, il tourne vers la droite en direction dune porte en pvc blanc dont il vient de sortir la clef de sa poche.
Attends Gabin, tu vas les avoir tes croquettes
La porte ouverte, le chien lâché court dans le petit séjour. Je rentre. Je suis chez lui. Il referme la porte derrière lui. Charmant garçon, ce Stéphane.
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