Sylvie Et Paul 6 : Fin
Nous avons eu raison de boucler la maison : deux portières de voiture claquent. On sonne, on sonne encore. Le doigt appuie longuement. On appelle :
- Sylvie, tu es là? Montre-toi. Paul, allo, Paul.
Ils sont deux, commencent le tour de la maison, cognent sur chaque volet et Roger appelle. Je reconnais sa voix exécrable. Ils reviennent devant le sas et passent leurs nerfs sur la malheureuse sonnette. Un individu peste
-Bon dieu, elle nest pas là. Comment as-tu fait pour la laisser filer; tu tes absenté?
- Je suis allé au PMU, mais pas plus de cinq à dix minutes. Le temps de déposer ma grille, je nai même pas bu une bière.
Sylvie me souffle : cest André.
- Fallait pas, tu devais les surveiller. Que va dire Gilles ? Ça va barder. Tiens, le voilà, il simpatiente. Merde, va à la voiture, attends-moi.
- André les a laissé filer ? Quel con.Alors, ils ne sont pas là ?
- Non, personne ne répond, tout est bouclé. Veux-tu que je force une porte ?
- Pas question. Rien dillégal, je ne cherche pas demmerde. Cest con, on avait loccasion de dégoûter le cocu de ma femme. Avec le programme de Juliette, bien épicé, elle serait passée pour la reine des salopes et il laurait plaquée vite fait.
- On pourrait reporter la séance à demain ou après-demain.
- Non, on va aller samuser. Mais ce crétin dAndré va payer. On va le ligoter, il ne pourra rien faire et devra regarder. Et toi, pour payer ce ratage, tu devras tenvoyer publiquement sa grosse Marthe, pendant que je gâterai ta Juliette. Tu me la prêtes, oui, je ne peux pas me passer de femme. Maintenant il va falloir sortir la grosse artillerie pour empêcher ce foutu mariage Il faut que cette fille de pute paie notre divorce.
- Quand je pense à tous les efforts que jai faits pour les séparer. Sylvie est follement amoureuse. A plusieurs reprises je lui ai proposé la botte sans succès; elle ne veut pas coucher.
Une moto passe au ralenti, nous nentendons pas la suite. Sylvie broie ma main. Roger reprend la défense de son travail dévoué :
- Cet abruti de Paul ne bouge pas, ne se fâche pas, il est mou comme une chiffe. Quest-ce quelle peut lui trouver ? Serait-elle devenue frigide ? Une si belle femme.
- Bon, on ne va pas continuer à se les geler dehors, cest fichu pour aujourdhui. La vache a senti que ça se passerait mal pour elle. Ce nest que partie remise. Faute de la baiser, je lui baiserai la gueule. Allez, à la fête, je sens que nos femmes auront du plaisir. Je veux les voir pisser de bonheur. Et si tu refilais une gamine à ce cocu, un tendron appétissant,ça marcherait peut-être mieux dans ce sens ?
- Juliette lui en a mis une dans les pattes hier; au bal : une sacrée rapide pourtant. Ce cocu na pas marché. Ce sont deux amoureux fous. La gamine sest ouvertement offerte, la flatté, lui a proposé une virginité supposée mais perdue depuis belle lurette. Il na même pas relevé. La fille en a pleuré de rage. Cette idiote se prétendait irrésistible. Jai dû la consoler après le bal, avec la bénédiction de ma femme. Crois moi, Paul ne sait pas ce quil a perdu. Tu aurais vu frétiller la sauterelle quand je lai prise. Une chaude de partout, qui sait remuer autre chose que les sentiments. Dailleurs jai son adresse, si tu veux
Ils séloignent.
Sylvie nen croit pas ses oreilles et le dit :
- Ciel ! Il est beau, lami sincère. Il ma manipulée depuis des mois Par touches successives, il a rendu ta vie difficile. Il a fait le nécessaire pour te décourager. Quand jadditionne tous ces détails, je me rends compte de ma stupidité. Je marchais dans ses plans et tu encaissais les coups, sans te plaindre ou presque. Pauvre chéri pardonne-moi. Tu as eu une patience incroyable.
-Plus dune fois jai failli te quitter. Il me devenait insupportable de te voir soumise à leurs désirs. Je lai dailleurs manifesté par ma mauvaise humeur. Finalement ce Roger travaille pour Gilles et un peu pour lui
-Gilles est mû par un esprit de vengeance et non par amour. Tu as entendu, il veut me faire payer le divorce. Me salir à tes yeux, te forcer à désespérer et à mabandonner. Cétait lenjeu de leur fête. Jai eu chaud.
-Et la semaine risque dêtre dure. Ils vont « sortir la grosse artillerie ».Il va falloir saccrocher. Faisons ce que nous avons prévu, mais nous devons refuser toute décision nouvelle. Je ne tiendrai aucun compte de leurs provocations, je ne dévierai pas du but.
-Je serai plus attentive pour éviter leurs pièges. Nous avons un avantage sur eux désormais, nous connaissons leurs intentions et nous savons quils sont prêts à tout pour réussir. Ils ne savent pas que nous les avons entendus. Je te jure que je ferai attention. Au moindre doute, je viendrai tembrasser pour talerter.
-Cest un excellent signal. Jen ferai autant. Oublions les incidents passés. Je te fais confiance, fais-moi confiance et noublie jamais que je taime. Mais tu nes pas obligée dattendre des embûches pour membrasser.
A trop vouloir nous séparer, ils nous ont rapprochés, moralement et physiquement. Dommage pour eux, ils nassisteront pas aux manifestations de tendresse et damour de cet après-midi. Je ne me lasse pas de faire lamour à Sylvie.
Lundi 26/10
Je suis en congé. Sylvie assure ses derniers cours avant les vacances de Toussaint. Elle assistera à un pot danniversaire de 17 à 18 heures.
A lagence de voyage, on me félicite pour notre mariage et on me tend des billets. Nos amis Juliette et Roger ont retenu deux places pour nous. Il ne me reste plus quà payer le voyage et le séjour au Maroc. Qui les avait chargé de cette commande. Sylvie ? Elle aurait pu men informer. Je nen sortirai jamais. Cette fois ma révolte prend le dessus. Je ne voyagerai pas avec ces deux personnages mal intentionnés.
Je mévertue à faire comprendre au personnel de lagence de voyage que cela ne me convient pas : je nai rien demandé, on ne menverra pas à droite ou à gauche contre ma volonté, je ne paierai pas. A bout darguments je menace de madresser à un concurrent. Le directeur de lagence me trouve un vol pour Alexandrie, mais avec 24 heures de décalage. Jobtiens même de conserver jusquà samedi les billets à destination du Maroc, pour les montrer à la mariée. Si elle sest laissé manipuler par Roger ou si elle tenait absolument à la compagnie de ce couple, je lui réserve une surprise de taille. Ses complices seront déçus.
En fin de matinée arrive le courrier. Ma première enveloppe contient des photos et une posthite signée : « un ami qui te veut du bien. », dans le contexte actuel, je devine qui est lanonyme. La première photo, prise devant la grille du lycée, a surpris une accolade de Sylvie et Roger. Sur la seconde, les deux mêmes pénètrent à lHôtel central. La troisième montre un chiffre 7 sur une porte dans lenfilade dun couloir dhôtel. Sur la dernière, vue de dos, une blonde nue chevauche un homme nu, couché sur le lit, on distingue le visage de Roger. Lintention de lexpéditeur est claire : Roger serait allé faire le petit à Sylvie dans une chambre dhôtel, sans attendre aujourdhui. La chevauchée naurait pas déplu à ma future épouse, infidèle avant le mariage.
La deuxième lettre vient de Bruxelles, elle est destinée à Sylvie, lenveloppe est froissée, a été mouillée par la pluie ; la date dexpédition est illisible. Le cachet de lexpéditeur désigne un laboratoire danalyse médicale. Me revient à lesprit le mot de Roger: « létat de Sylvie. » qui mérite quon la ménage.
Aurait-elle un problème de santé à me cacher ? Délicatement je commets une indélicatesse. Mais le souci de la santé de ma fiancée lemporte sur les autres considérations.
Le papier, à lentête du laboratoire, doit être une copie effectuée avec une imprimante en mauvais état de fonctionnement. Je découvre avec stupeur la confirmation de la grossesse de deux mois de madame Sylvie
la recherche de paternité, sur les prélèvements présentés, exclut le donneur B+; à 99,99% le père est le donneur O+.
Suivent les compliments et vux pour la mère et l et les remerciements pour le père qui a signé le chèque. Le formulaire ne veut pas entrer dans lenveloppe, un petit carton blanc fait obstacle. Je le tire, cest une carte de groupe sanguin O+ au nom de Roger. Ma première sueur froide se transforme en grosses gouttes de transpiration qui dévalent de mon front et de ma nuque. La terre se dérobe sous mes pieds, je maffale dans mon fauteuil. Et je pleure.
Ce nest pas possible, à quel jeu cruel Sylvie joue-t-elle depuis des mois? Quand va-t-elle mannoncer quelle ne veut pas se marier avec moi ? Samedi? Pourquoi fait-elle procéder à une recherche de paternité. Le père de l à naître serait donc Roger, doù sa sollicitude. Mais avec qui a-t-elle encore couché, qui est lindividu de groupe B+, envisagé comme possible géniteur et recalé par le labo ? Serait-ce Gilles ? Elle na même pas supposé que je pourrais être le père. Je suis doublement cocu. Sylvie continue à coucher avec Gilles,son ex mari, et me trompe avec Roger ce protecteur omniprésent. Elle fréquente deux autres hommes. Voilà le pourquoi de la multiplication des retours tardifs. Je nai rien vérifié, je lui faisais confiance, elle en a profité. Que faire, laisser la lettre refermée sur son bureau et attendre ? Aura-t-elle leffronterie de mépouser dans cet état et avec la bénédiction du si prévenant Roger ? Je comprends mieux « lami qui me veut du bien. »
Je ne suis pas au bout de mes surprises. Vers seize heures je reçois la visite de Juliette. Elle manquait dans le tableau.
- Bonjour, Paul. Félicitations, petit cachottier.
- Bonjour, Juliette. Quest-ce que je cache ?
-Alors on va être papa et on ne dit rien à ses amis. Félicitations. Tu en fais une tête ! Ça ne te fait donc pas plaisir ?
Autant faire comme si je savais; jaurai lair moins bête. Jentre dans son jeu.
- Mais qui a commis une indiscrétion ? Sylvie et moi avions pourtant résolu de ne pas en parler avant le mariage.
- Sylvie est tellement heureuse dêtre enceinte. Elle na pas pu sempêcher de le dire à Roger, samedi, au bal. Tu te souviens des deux séries de danses: elle était en train de lui faire des confidences. Par chance jai photographié cet instant merveilleux pour elle. Vois ces clichés : Là, elle regarde Roger avec un air heureux comme si cétait lui le père; je pourrais en être jalouse, si Roger était coureur. Ici, il lui passe la main sur le ventre, on dirait quil veut sentir son bébé. Cest bizarre, hein.
- Oui, je me souviens des flash. En effet Roger se conduit bizarrement. Il y a de quoi éveiller ta jalousie ma pauvre Juliette. Es-tu vraiment sure de la fidélité du père de tes s ?
- Je te fais cadeau de ces deux photos, tu pourras les coller au début de lalbum de ton petit. Alors, vous êtes toujours daccord pour venir avec nous au Maroc ? Dans son état Sylvie naura pas trop de deux hommes en cas de malaise.
- Oui, attends, je te montre nos billets. Merci davoir passé la commande. Sylvie gardait le secret.
- Cest parfait. A bientôt. Je suis contente pour toi, il faut que je tembrasse..
Un gros baiser, à la Russe conclut lentretien aussi lascif quinattendu. Je naurais pas besoin de pousser bien fort pour lallonger sur mon lit cette femelle en chaleur. . Ses yeux my invitent. Gilles la féliciterait. Et Sylvie ? Elle fait peut-être partie du complot et attend une preuve dun faux pas pour rompre.
Elle mavait assuré que je serais le premier informé. dune possible grossesse. Avant la réception du certificat médical, elle sest confiée à lautre. Roger a été le premier averti, il est confirmé dans son statut de père par le labo. Et moi, le futur mari, je le sais, mais uniquement à la suite dindiscrétions. Retards, fatigue, choix du tailleur, projet de voyage, plus ces photos: tout porte à croire que je suis le dindon de la farce.
Sauf une faille dans la construction : je me souviens des propos de Roger le 14 de ce mois, quand il proposait à ma fiancée de lui faire le petit : ça ne colle pas avec une grossesse de deux mois. Et ses déclarations déchec faites à Gilles, hier, de lautre côté du volet.. Quelque chose nest pas cohérent dans le montage ; quelque un cherche à menfumer. Jai peut-être tort de soupçonner Sylvie de duplicité.
Je me suis tu trop longtemps. Il faut que je sache. Je bondis dans ma voiture. Jattends devant les grilles la sortie du lycée. Voilà un groupe de profs. Sylvie est au milieu. Au passage de la grille, je lappelle, elle se retourne, me fait un signe de la main et continue son chemin. Il a été convenu quelle assisterait au pot d anniversaire de sa collègue. Elle ne juge pas utile de venir me parler. Je perds mon sang froid, je fends la troupe et je saisis sa manche
- Mais Paul, que fais-tu là ? Tu sais bien que je vais au pot offert par Gilberte. Quest-ce qui tarrive ? Ce ne sera pas long. Oh ! Ne me dis pas que tu crains que jaille en chambre avec Roger !
On parle du loup, il se manifeste ! Roger intervient, amant protecteur dans le rôle que sattribue le fort reconnaissable « ami qui me veut du bien ». La lecture du courrier et la visite de Juliette doivent mavoir éclairé. Il se paie ma tête :
- Voilà un futur marié bien impatient. Elle sera à toi dans une heure, ne bouscule pas une femme dans cet état !
- Quel état, à la fin ? Chérie, cest précisément « ton état « qui minquiète et qui me pousse à te parler.
Tout le groupe sest arrêté. La plus étonnée cest Sylvie :
- Mais je vais très bien et je te demande juste une heure pour fêter avec mes collègues. Ça ne peut vraiment pas attendre ?
Ces abrutis applaudissent et scandent en riant ::
« Allez Sylvie, allez Sylvie »
Je lembrasse. Elle ne réagit pas au signal . Jinsiste :
- Viens, cest trop grave pour en parler en public
- Bon dis-moi vite de quoi il sagit. Hé! Marchez, je vous rejoins tout de suite.
Ils avancent, à lexception de Roger. Une fois de plus il simmisce dans nos affaires :
- Sylvie, ne te laisse pas réduire en esclavage, nobéis pas au chantage. Un mari ne doit pas être un tyran.
Cette fois je marche sur lui, les poings serrés, rouge de fureur, il recule et Sylvie saccroche à mon bras. Que craint-elle ? Que je casse la figure à son amant ? Un scandale devant le rassemblement de profs et délèves. Alors elle supplie :
- Paul, je ten prie, garde ton calme.
-Tant pis pour toi. Tu lauras voulu. Jai compris cette fois. Tu ne changeras pas. Va avec lui et oublie-moi pour de bon.
Je rejoins ma voiture. Sylvie me ratt:
-Tu as intérêt à avoir une bonne raison de mhumilier devant tout ce monde. Sinon, cest moi qui
- Lâche ma portière. Maintenant je sais ce qui compte pour toi. Pourquoi as-tu attendu aussi longtemps pour me lannoncer ? Il aura suffi que je te prive dune heure de présence de ton amant pour que tu te décides à tirer les choses au clair. Et dire que je me souciais de ton état, « ton état connu de Roger » évidemment et pas de moi . Je tattendrai dans une heure, chez moi, pour une dernière explication. Tu me dois bien ça , une dernière explication avant de me quitter ?
-Mais tu divagues. Tu meffrayes. Va.
En route, la voiture de Sylvie me dépasse. Nous arrivons ensemble, entrons. Elle scrute mon visage. Jexplose :
- La situation est grave. Je tai embrassée comme convenu, en cas de problème. Nas-tu pas voulu comprendre ? Depuis ce matin, je cours dennui en ennui. Jattends la réponse à une seule question, pour rompre si nécessaire.
- Donc tu cherches un prétexte pour rompre. Que me reproches-tu. Je taime.
- Es-tu enceinte ?
- Pas plus aujourdhui que samedi, mon chéri. Pourquoi insistes-tu ?
- Jai reçu la visite de ton amie Juliette. Elle est venue me féliciter de ta grossesse.
Sylvie rit. Pourquoi ?
- Jaurais aimé apprendre la nouvelle de toi et surtout avant Roger qui le sait depuis samedi et le raconte urbi et orbi. Ces deux photos illustrent le moment où tu lui annonces lheureux événement. En principe, le père est le premier averti. Cest donc lui le père ? Ça ne vaut pas une explication sincère, ce nest pas plus important quun verre jus dorange ou une coupe de mousseux à lanniversaire de Gilberte ou Yvette ou qui sais-je?
- Pardon Paul, je vais texpliquer et te rendre la paix. Le sujet est grave en effet. Mais je ne pouvais pas deviner. Pardon, jaurais dû técouter après ton baiser.
- Pourras-tu aussi mexpliquer le contenu de cette lettre ? Lis
Juliette ma ouvert les yeux, jai cru bon de minquiéter de ta santé et jai ouvert ton courrier parce quil venait dun laboratoire belge Ce courrier désigne Roger comme père de ton .
- Cest quoi, cette histoire ?
- Lis ta lettre. Tout est clair.
Elle lit, tourne et retourne le papier, me regarde :
- Je ne comprends pas, je nai rien demandé à ce laboratoire.
-Nie, cest de bonne guerre. Voilà un laboratoire qui fait des analyses au hasard. Comme par hasard, cela tombe sur toi : cest drôle, non ! Jen saute de joie et tu joues lignorante. Dans lenveloppe, il y a la carte de groupe sanguin du père qui accompagnait léchantillon. Tu as hésité entre Roger et un autre amant de groupe sanguin B+. Tu aurais pu maccorder une chance, mais tu savais que le père biologique de ton devait être un autre homme que moi. Je suis donc doublement cocu.
- Ne saute pas trop vite aux conclusions.
- Il te faut dautres preuves pour admettre ta trahison ? Ceci est le courrier dun ami qui me veut du bien. Cest une preuve par limage : tu embrasses ton amant, tu lentraînes au Central, dans la chambre 7 et vous vous faites photographier en pleine action, pour garder un souvenir de vos ébats amoureux. Que faut-il de plus? On reconnaît parfaitement le visage de lhomme, cest bien lineffable Roger ! Tu nies encore, je navais pas une bonne raison de troubler tes festivités ?
Sylvie est blanche, désolée. Elle remue les preuves accumulées :
- Tu as bien fait de minterpeller. Jaurais dû comprendre dès que tu mas embrassée. Mais je nie tout ça, en bloc et en détail.. Ma conscience est tranquille. Je vais te donner des preuves de ma bonne foi et de mon amour; sois patient. Nous sommes sous les coups de la grosse artillerie de Gilles et Roger : un ensemble accablant pour me déconsidérer. Tu maimes ? Fais-moi confiance.
- Je souhaite de tout cur te croire. Je viens de vivre lenfer. Jai honte de douter de toi, mais lomniprésence du couple de Roger me fait perdre la tête.
- Regarde mon dos. Y vois-tu un tatouage? Non! Regarde le dos de la fille assise sur Roger, que vois-tu ?
- Eh ! Oui, un papillon tatoué. Ce nest pas toi. Pardon. jaurais dû le remarquer .
- Bien, plus sérieusement, je ne suis pas enceinte et je le prouve. Direction la pharmacie. Tu mattendras dans lauto. Cétait tout ?
- Il y a encore ces billets pour notre voyage de noces avec le « papa » au Maroc, que tu as fait commander et quil ne me restait plus quà payer .
- Je navais rien commandé. Roger nest pas le père de mon . Tu as reçu une bonne dose de nouvelles alarmantes, mon pauvre amour. Je vais éclaircir tout ça. Et maintenant, cest tout ?
-Tu oublies le comportement de Roger, son insistance à parler de ton état et de ma brutalité, ses allusions à un chantage, ses incitations à refuser lesclavage: tu acceptes facilement sa conduite, alors que tu me menaces de rupture en labsence dun motif assez grave. Pourtant hier tu aurais dû apprendre qui est vraiment le servant de Gilles.
-Toi je taime, lui mest indifférent, il peut raconter ce quil veut, la bave du crapaud natteint pas la semelle de mes escarpins ! Est-ce que je pouvais deviner tout ce que tu mas révélé ce soir ?
Elle sort de la pharmacie avec un paquet
- Cest un test de grossesse analysis, dans quelques minutes tu sauras tout. Tu vas lire le mode demploi et assister au test.
- Qui est-ce deuxième homme, B+ ?
- Je crois que cest toi, mon chéri.
-Mon groupe sanguin nest pas B+ mais A-
- Cest la clé de toute la mise en scène. Le test dabord. Regarde, jurine sur la plaquette. En lecture directe, tu constates ici que le test est négatif. Pas d, donc pas de père. Nous répéterons le test, pour éviter toute erreur. Ça va mieux? Leur construction sécroule. Je ne peux pas ten vouloir. Roger mavait demandé si je connaissais ton groupe sanguin, je lui ai dit B+ au hasard ! Ils ont trafiqué un test de Juliette. Gilles devait être de groupe B+. Samedi, Roger voulait que je te quitte. Pour quil me fiche la paix, je lui ai dit que jétais enceinte de toi, que nous devions nous marier.
- Tu aurais pu me le dire.
- As-tu remarqué le mauvais état du courrier du labo ? Ça sent le trucage. Quand nous laisseront-ils en paix ?
-Jai eu peur de tavoir perdue. Jai imaginé, jen ai honte, que
-Que jétais leur complice? Ce est pas étonnant. Rassure-toi, je taime. Je suis embêtée pour notre voyage de noces. Ne pourrions-nous pas annuler ?
- Je tadore, regarde, je déchire les billets pour le Maroc. Annulé !
Sylvie proteste, je brandis les billets pour lÉgypte. Nous pouvons nous aimer.
Marie, notre fille est née en fin juillet.
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