Des Lionnes Dans La Nuit

Fulgurantes amazones mures que vous fûtes mesdames.
Même si l'hommage est long, vous le méritez bien.
Vous étiez les premières, les pionnières du tourisme sexuel en ces années soixante treize.
Personne jusque la, n'avait ose vos indécences dans nos contrées d'Afrique, ou si peu.
Vos hommes avaient cent cinquante ans d'avance, et vous comptiez bien vous rattr.
Les victoriennes Anglaises du siècle précédent, si elles avaient votre vice, n'avaient pas vos vertus.
Dans cette France grise et idéologique ou l'on brulait les soutiens gorge, leur oubli total vous semblait bien plus judicieux dans la découverte du soi, et de l'autre.

Alors, vous aviez suivi l'appel du large, des caravelles, de Pierre Loti;
Suprêmes Visions d'Orient, Les Derniers Jours de Pékin, L'Inde sans les Anglais, et puis bien sur Raymond Roussel, Impressions d'Afrique.
Etrange contraste avec l'ère du jet, des décollages ronflants, vers nos soleils rouges.
Un si jeune président avait déclare a l'époque que le soleil ne se couchait jamais sur l'armée Française.
Et c'était vrai. De Dakar a Kinshasa, en passant par les Comores, et jusqu'en Nouvelle Calédonie, le kaki allait de paire avec le dau tricolore. Poussières d'empire dont nous étions la jeune relève.

Vous étiez, comme on dit a Abidjan: " Venues de France ", comme ces 504 d'occasion, au port.
Vous nous appreniez la culture, la langue, les bonnes manières. Et surtout, le savoir faire a la Française.
Jeunes éphèbes de couleur, nous étions nous aussi, les premiers a vous accueillir.
D'autres viendraient plus tard, avec le déshonneur de l'argent. Nous acheter, comme autrefois.
Mais en cette époque divine, personne ne parlait d'argent, ou de commerce. Nous étions dans l'échange, dans la découverte de l'autre. Vos immenses lunettes de soleil nous fascinaient, tout comme vos nudités enivrantes sur nos plages désertes.



Vous étiez les premières, les toutes premières. Courageuses exploratrices, indépendantes financièrement, ou suffisamment fines pour tricher sur vos maris métropolitains, vous étiez nos reines. Vous saviez tout.
Nous, nous n'avions que la musique en échange. Fabuleux rythmes du Congo, du Zaïre, le Soukous, le coupe-décale, la biguine, la rumba, le kwassa kwassa. Insolentes guitares qui remplissaient nos nuits.
Si la musique occidentale se définit par l'harmonie ou la mélodie, la notre, le faisait par le rythme.
Oh nuits impérissables au tambour syncope! L'appel du solo, et la réponse du chœur.
Chansons d'amour, percussions endiablées, colles serres, suintant sous ces lumières colorées.
Interminables saccades nocturnes, ponctuées de ces cris de joie. Mouvements rapides du bassin, rapprochements, éloignements, souvenirs sulfureux de vous mesdames. Ces feux aujourd'hui éteints me poursuivront toute ma vie.

Autour de ce brasier grandiose tout au bord de la plage, nous avions abandonne, pour le diner tout au moins, notre petite clairière secrète. Le rasage collectif de l'après-midi nous avait permis de faire un peu plus connaissance.
Des couples s'étaient formes. La naissance des sentiments. Troubles eux aussi, comme des aurores Africaines mauves et nuancées, a l'approche des grands fauves. Vous étiez des lionnes, pas des gazelles.
Des lionnes solitaires qui s'étaient retrouvées pour former une bande joyeuse de copines.
Vos crinières magnifiques, sauvages et belles, dansaient dans la nuit pour le plaisir de nos yeux.

Seule Marjolaine avait échappé au rituel annuel de Patricia. J'avais respecte son souhait.
Elle dansait donc pubis intact et heureuse de vivre dans la lumière rougeoyante du feu de bois.
Vivianne s'était laissée faire par Jean-Charles, son noir vicieux, et arborait a présent une touffe rousse étroite, généreuse, mais protectrice de sa fente, réservée.
...Les deux autres étaient allées jusqu'au bout.
Brunes toutes les deux, Solange et Patricia avaient suffisamment d'atouts pour allécher toute la tribu.
Nous étions huit au total, et il était l'heure de manger.

Patricia avait été intraitable sur ce point: Une nuit longue s'annonçait, et il nous fallait prendre des forces.
Pendant que les langoustes, les poissons, et les crabes grillaient, elle s'était mise sur le cote, nue sur une natte.
Tout en regardant le festin cuire, elle avait indécemment levé la cuisse gauche, offrant au regard de Jean-Charles le vicieux, l'épaisseur généreuse de ses lèvres. Sentant le piège de l'allumeuse mure et avertie, il sut calmer son serpent noir, rendant a la vieille le même sourire salace. Il lui faisait comprendre qu'elle ne perdait rien pour attendre.
Piquée par le self control du jeune black, et profitant de l'absence d'Isidore, elle voulut aller plus loin.
Coquine, elle cadra encore plus sa chatte dans la lumière du feu, puis introduisit son index dans sa bouche.

Jean-Charles ne bronchait pas. Son idylle nouvelle avec Viviane, ne datait après tout que de la veille, lorsque nous avions détermine le partage des femmes pour les motos. Vicieuse elle aussi, et toute proche de lui, elle avait bien remarque le petit manège de Patricia. Mimant la vieille, Viviane commença a sucer l'index de son homme. Ses yeux noisette, grand ouverts, plongeant dans ceux de la sexagénaire.
Gourmande, excitée sans doute par les effluves du grill, elle montait et descendait, sa crinière rousse ondulant au rythme de la musique du radio cassette. Lui, se contentait en maitre, de garder son index dresse a la verticale.

Solange et Marjolaine continuaient a danser. Isidore, de retour du village avec des boissons fraiches, était un peu estomaque de voir sa belle s'offrir ainsi visuellement. Même si il s'était accoutume a cette nudité collective en compagnie des blanches, la, il trouvait qu'elle allait un peu loin.

L'ignorant, Patricia s'était retournée, déterminée a battre Viviane a plate couture.
Sur les coudes, fesses a l'air surélevées, elle commença a se déhancher a la manière de nos femmes noires.
Elle avait appris ces mouvements dans sa jeunesse, et connaissait leur vertus.

La musique s'accélérait, et ses doux rebonds ne perdaient rien a la cadence de plus en plus rapide.
Fascinante amazone brune, son fessier vibrait vite, comme celui d'une black, chienne et fauve a la fois.
Haletante, transpirante, célibataire endurcie...qui aurait pu deviner en cet instant magique, qu'elle était deux fois grand-mère a Paris ?

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