Miami

Me faire oublier était le plus important.
J'avais pris la route de la Floride, en évitant soigneusement tous les aéroports domestiques.
Le coup était de taille: Une juteuse arnaque cyber avec des Russes et des potes Africains, et dont le jackpot s'élevait a plusieurs millions de dollars. De quoi être tranquille pour quelques temps.
Tranquille, façon de parler; Même si j'étais d'équerre avec mes comparses en ligne ( nous ne nous étions jamais rencontres pendant toute la durée du plan, et même après )
le FBI était loin d'être dupe. Avec une adresse ip, ils m'auraient retrouve dans New York sans problème.
Ils étaient patients ces fins limiers. Ils m'avaient deja ratt une fois, en Arizona, dans la chambre
d'un hôtel près de Monument Valley. 5 ans de trou. En Californie.

L'argent était en République Dominicaine, hors des sentiers battus.
Par un système de transfert avec la pègre locale, j'avais pu débloquer deux millions de dollars avec des Cubains de Miami. Une certaine " Dolores " était venue me remettre les deux mallettes dans ma chambre au Fontainebleau. Souriante, en short, avec des pechos bruns jaillissant de sa petite chemisette blanche.
Elle n'avait pas plus de 25 ans. Tentant. Mais fallait pas déconner avec ces gars la.
Dans la fraicheur de la chambre, elle avait tire les rideaux, pose le fric sur la table, ainsi qu'un 11.43 et deux cent cartouches, et puis s'était barrée sans me poser aucune question.
Le business, c'était comme ca. Et les latinos, fallait pas emmerder leurs gonzesses.

Epuise par trois jours de route en solitaire, je m'étais écroulé des que la fille était partie.
Il était bien deux heures de l'après-midi lorsque je me réveillai en sursaut, toujours dans le noir, les rideaux masquant la mer turquoise. Drôle de cauchemar: Je m'étais revu a Marseille, quartier noir, jeune black, dans la lunette de tir du GIGN. Comment le mec avait rate son coup, tuant Khaled, net.

Et puis tout s'était mélange dans ma tête. Ma fuite. Le bateau. Ma nouvelle vie.

Je voulais tout oublier. Me poser. Et puis surtout, pas de relations trop persos.
D'abord se refaire une santé. J'avais pris du poids, pendant toute cette cavale cyber, et a cinquante balais, c'était l'enfer pour retrouver l'athlète en moi. Le jeune coureur des quartiers nord.
A la piscine du Fontainebleau j'avais fondu dans la diversité touristique version 2015.
Des latins, des blacks, des blanches, des asiatiques, de tout.
J'avais l'habitude de changer d'hôtel souvent, discipline oblige, mais la vraiment, je voulais me poser, faire des longueurs, ne parler a personne.
Toute relation sentimentale était exclue. Le coup était bien trop récent.
J'avais d'ailleurs mis les mallettes en lieu sur avant de me diriger vers la piscine.

Apres trente longueurs, je n'avais qu'une envie, celle d'une Marlboro rouge.
Les abords de la piscine étaient blindes. Des gamins partout, beaucoup de familles.
Pas de fumeur. Sauf une brune assez mince, athlétique, cheveux courts, et lunettes noires façon Versace.
Elle aurait pu être Italienne, Espagnole, Vénézuélienne. Le corps mince et la poitrine hors normes.
Pas très grande d'ailleurs, 1m65 maxi, beaucoup plus petite que moi. Trente cinq ans environ.
Je voulais juste une clope, c'est tout.

" Excuse me miss, would you have a cigarette by any chance ? "
" Vous êtes Français ? " demanda-t-elle en ôtant ses lunettes. Très jolie femme. Les traits fins. De grands yeux.
" Euh, oui..." dis-je. Elle me tendit le paquet.
" Ah, super. J'ai reconnu votre accent Francais ! " dit-elle souriante.
" Et vous ? En vacances ? "
" Oui. C'est cela, en vacances. Je suis dans l'immobilier, a Paris. Et vous ? "
" Ben..Moi aussi. En vacances. De Marseille..." je n'avais jamais vraiment réussi me défaire de l'accent Phocéen.
Il nous identifiait comme la plaque d'immatriculation 13, celui la.

" Qu'est ce que vous faites dans la vie ? " poursuivi-t-elle toute curieuse.
" Ben...Dans les affaires, moi aussi. Dans la gestion de patrimoine. Actions, obligations, tout ca..."
Je m'y connaissais pas mal dans ce rayon d'escrocs. C'était une couverture que j'utilisais souvent.

" Seule ? "
" Oui seule. " affirma-t-elle, souriante.
" Une jolie femme comme vous ? Vous rigolez. "
Elle s'esclaffa. Un black qui parle avec l'accent Marseillais, a Miami, ca ne se rencontrait pas tous les jours.
Elle était la depuis une petite semaine apparemment. Un break. L'immobilier a Paris, ce n'était pas drôle tous les jours.
Elle avait beaucoup de mal a joindre les deux bouts, a vrai dire, alors ces vacances charter étaient un petit rêve réalisé.
Son enfance avait été difficile, elle n'en parlait pas beaucoup, mais elle avait su mener sa barque.
Elle était devenue une femme sexy, mystérieuse. Ses seins étaient un atout, elle le savait, mais n'en abusait pas.
D'ailleurs, elle s'était enveloppée dans l'immense serviette de bain blanche, lorsqu'elle surprit mon regard vers son entrecuisse, dont, chose curieuse, des petits poils assez ras couraient des deux cotes du string.

" Je vous invite a diner ? " demanda-t-elle joyeuse, se rhabillant dans la lumière du soir.
J'hésitais encore dans ma tête. Moi, ancien caïd, planque. Salopard de première. Voyou.
Elle, si pure, si honnête, si droite, dans sa quête de la vie. Jeune en plus.
" Bien. J'accepte. Au restaurant ce soir. Enfin, CE restaurant, ici, au bord de la plage. Il y en a six ! "
Elle rigola, détendue.

Nous nous séparâmes vers nos chambres respectives.
Le coffre de l'hôtel, en sous sol, était aussi sur que celui d'une banque centrale, vu la clientèle.
Mais méfiant, je pris tout de même le soin de bouger le magot dans Miami Beach,
hors de l'hôtel, entre 17 et 19 heures.

Au diner, elle m'avait séduit.
Avec ses mots, son regard, il y avait un cote hardi qui ne me déplaisait pas en elle.
Pas une violence, mais plutôt un certain gout du jeu. Sa réserve initiale de l'après-midi s'était estompée.
Elle me confia qu'elle n'avait pas mis de culotte. Elle continuait a me raconter sa vie, ses souffrances, son parcours.
En même temps, ses pieds nus et doux avait trouve les miens, sous la table. Je me sentais partir vers des possibilités,
une nouvelle vie, a deux, peut-être. Nous n'avions pas encore fait l'amour. Mais elle savait y faire.

Elle avait, par pudeur sans doute, attendu la nuit, sur la plage, pour me dévoiler ses formes.
Son pubis était invisible dans l'ombre. Elle s'était déshabillée pour un bain de minuit, et m'avait invite a la joindre, roulant dans l'eau scintillante de la pleine lune. Sa silhouette se détachait dans le bleu marine. Ondulante,
pesante poitrine de chienne libre au bout du monde. Elle avait commande au serveur une bouteille de champagne, et l'avait emmenée avec nous derrière les dunes. Elle s'était rapprochée, vulve luisante sur la serviette blanche.
Alléchante et magnifique petite salope. Comme je les avais aimées, jadis, a Marseille.

Et puis je m'étais réveille, ailleurs. Sonne par le champagne apparemment.
Les poignets bloques par des menottes, attache a un radiateur dans un motel abandonne, je ne sais ou.
Elle, pantalon camoufle a la mode, rangers noires, tee-shirt blanc, ayant retrouve ses lunettes.
Son accent d'origine aussi, gras, Marseillais, vulgaire, celui des quartiers.
Belle de Mai, Val Plan, Le Panier. La cagole dans toute sa splendeur.
Elle était assise, chaise retournée, a trois mètres de moi. Deux colosses au 11.43 l'encadraient.

" Putaing d'enculé. Ca fait deux ans qu'on te cherche." commença-t-elle

Où est-ce qu'il est ce putaing de pognon ? "

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