La Tentation Du Velours 13
Ma chère Lola,
On maccusera dopposer les classes ou de caricaturer, ce nest pas mon intention. Mais il faut reconnaître que je suis plus à laise dans le Marais que dans ces soirées trop guindées, entourée de gens qui se croient tellement supérieurs quils en deviennent ridicules. Bien sûr, on trouve des personnes sincères dans les galas de bienfaisance, intéressées par des causes à défendre, mais les parvenus profitent trop souvent de loccasion.
Paris a retrouvé ses couleurs avec septembre, les touristes sont encore présents mais le retour des Parisiens rétablit léquilibre. Je nai même pas eu loccasion de profiter de Paris Plages avec les contrats qui senchaînent. Tu te rends compte, Lola, pour la première fois de ma vie jaurai une raison de remplir ma déclaration de revenus.
Des milliers de gens le font depuis des années, traverser pour la première fois la Manche par le Tunnel reste pourtant une expérience excitante. Mon oncle mattendait à la gare comme prévu. Le bus est sans doute la meilleure option pour visiter Londres, on en a abusé. Le bureau dAlain dans la City, le quartier commerçant de West End, la Tour de Londres, je voulais tout voir, le temps a manqué bien évidemment.
Un déjeuner tardif autour dune salade fut loccasion pour moi dune mise au point. Je gagnais beaucoup dargent dans une profession qui me plaisait, cependant avec la contrainte dune carrière courte. La nécessité de reprendre mes études ne simposait peut-être pas. Si javais été un garçon doué pour le foot, on ne maurait certainement pas demandé de sacrifier un contrat dans un club prestigieux afin dintégrer les rangs de la Sorbonne.
Alain se rangea à mon avis, soulagé que je lui demande de placer lui-même mon argent sur des investissements sans risque. Il avait ses relations à la City.
Robe de soirée, maquillage léger, jignorais pourquoi Alain souhaitait me voir ainsi jusquà ce que, le soir venu, un taxi nous dépose devant un hôtel près de Piccadilly Circus.
Á Londres ou à Paris, une réception reste une réception, jarrive désormais à me sentir à laise dans ces melting-pots brassés au rythme des évènements culturels. Jamais les différences ne sont aussi criantes que dans ces rassemblements où tout le monde veut ressembler à tout le monde.
Le silence soudain de lassemblée mavertit de larrivée dun personnage important. Non Lola, il ne sagissait pas du Prince William et de son épouse Kate. Poursuivie par une petite troupe de journalistes au comportement dune meute de chiens coureurs, Katia Amaliev se dirigea droit sur moi, au grand désappointement de certains notables amers de se faire voler la vedette. Elle serra la main dAlain avant de moffrir un baiser à la Russe un peu appuyé.
Anaïs, ma chérie, sexclama-t-elle en forçant son bel accent slave. Le soleil de Paris brille sur Londres ce soir.
Sa main se referma sur la mienne, et elle mentraîna dans son sillage.
Ainsi, le vernissage dune exposition de Katia était la raison de linvitation surprise lancée par Alain quelques jours plus tôt. On sarrêta devant une photo en noir et blanc. Les murmures se firent insistants dans notre dos, la foule avait suivi.
La chevelure claire indomptée, le front obstiné barré par les sourcils plus foncés, les pommettes hautes saillantes, de rares taches de rousseur sur le nez court à peine épaté, la bouche charnue à la lèvre inférieure ourlée, le menton délicat marqué dune petite fossette
jamais je naurais pensé me trouver si belle. Et, dans les yeux des autres, je me sentais plus radieuse encore ce soir. Alain sourit de mon incapacité à ne pas rougir devant ce portrait aussi flatteur. Lui préférait le terme de cliché révélateur.
Je me souvenais des quelques photos réalisées après le démaquillage. Léquipe de la pub pour le parfum volatilisée, Katia mavait demandé de rester au studio une petite heure. Cette séance avait permis de faire retomber la pression du travail.
Et les autres, lui glissai-je à loreille, un peu angoissée.
Fais le tour, ma chérie, tu les trouveras. Je te revois tout à lheure.
Elle séclipsa au bras dun homme ventripotent.
La majeure partie du travail de Katia visait la représentation de la femme, et la moitié de cette partie en offrait une vision érotique. Rien de décalé, rien de choquant, son style était marqué par la suggestion, empreint de douceur, de tendresse.
En dehors du portrait qui ne laissait planer aucun doute sur lidentité du modèle, je reconnus deux clichés aussi en noir et blanc. Lun montrait un sein en gros plan, rond, galbé, la pointe sage dans laréole piquetée comme lécorce dune orange. Lautre, suggestif, immortalisait ma main dans ma toison pubienne.
Au moment de la prise de cette photo, javais glissé les doigts sur mon sexe par provocation, il sétait montré ouvert, humide, impatient. Mais Katia avait ri, de ce rire sans moquerie qui prouve lhésitation, et avait refusé mes avances avec une gentillesse affectée.
Jentraînai Alain loin de cette image et de son souvenir avant quil ne saperçoive de mon émoi grandissant. Lartiste délaissa une seconde ses courtisans, le temps de me faire un clin dil.
On se retrouva une petite heure plus tard devant le buffet. Eau plate pour moi, champagne pour Alain, Katia trinqua avec un jus de fruit.
Je suis tellement heureuse que tu sois là, souffla-t-elle en prenant ma main.
Le costume de lin beige au col mao, la blondeur naturelle de ses cheveux courts, la finesse de sa bouche, sa classe naturelle, rien navait changé si ce nétait la profondeur de son regard sur moi. Jeus aussitôt envie delle.
On ne se quitta plus de la soirée, au grand dam de quelques notables à la vision très « british » dun évènement important, quil soit artistique ou autre.
Une voiture était passée me prendre tôt au domicile dAlain, jentrai dans le hall de lhôtel près de Piccadilly à 8 heures. Katia mattendait, entre la réception et le salon, engoncée dans un épais peignoir de coton jaune, un journal à la main. Ses lèvres sur ma bouche neurent rien dun baiser à la Russe. On monta dans sa chambre au 1er étage par lescalier.
Elle se libéra de son peignoir comme si nous étions en couple depuis des lustres, sans se cacher ni jouer de ses formes, et elle se dirigea vers une porte que je devinai être celle de la salle de bains. Le triangle du dos bien dessiné, les épaules à peine tombantes, la cambrure provocante mettant en valeur un fessier somptueux, la vision de ce corps mince, souple et nerveux, réveilla un désir pas très sage en moi. Je la rejoignis à linstant où elle sallongea dans une eau rose nacrée.
Ania chérie, quas-tu à faire dimportant à Paris demain ?
Charmée dentendre laccent slave déclamer ainsi le prénom dAnna à la si jolie manière russe, je commençai à la laver avec la grosse éponge. Katia se détendit, heureuse de mon initiative.
Rien, répondis-je en masquant mal mon excitation de petite fille. Je nai aucun rendez-vous avant lundi.
On est vendredi, je te garde avec moi si tu veux. Londres est une ville pleine de surprises.
Katia avait aussi les siennes de surprises, charmantes à souhait. Mon regard séternisa sur deux petits seins en poire aux larges aréoles, un ventre plat que je devinai dur sous léponge, et la toison pubienne dun blond doré.
Daccord, lui octroyai-je dun sourire entendu.
On naurait pas à faire lamour comme des amantes coupables, pressées dassouvir leur désir entre deux trains, même sil sagissait dun Eurostar.
Doucement, ma belle Ania. Je vois une compatriote à la réception dans moins dune heure.
Absorbée par mes pensées, javais abandonné léponge, mes doigts avaient par automatisme trouvé leur place dans la toison blonde. Le rire communicatif de Katia minterrompit dans la caresse que javais amorcée sans men rendre compte.
Les cheveux blonds tirés en queue de cheval dégageaient le front haut, volontaire. Les sourcils plus sombres surlignaient deux beaux yeux verts dans lovale du visage à la peau veloutée. Le nez droit tombait sur une petite bouche souriante aux lèvres fines. Une veste saharienne sans manches gris-perle à léchancrure profonde laissait deviner par instants les seins pointus affranchis de tout soutien-gorge. Le short court assorti permettait dadmirer le galbe musclé des longues jambes. Un seul mot me vint à lidée : parfaite.
Maria Sharapova embrassa Katia sur la joue avant de me tendre la main. Son regard me jaugea de la tête aux pieds, sans condescendance.
Je sais maintenant à quoi est dû le succès de votre portrait sous lobjectif de mon amie Katia. Enchantée de vous connaître, Anaïs.
Le timbre aigu teinté de laccent slave dans la langue de Shakespeare du meilleur effet, je me contentai dun « Moi de même » timide.
Les deux amies discutèrent une petite heure en anglais, sans jamais négliger ma présence, au sujet de la nouvelle collection de vêtements de tennis de Maria. Un shooting photo prévu au début du mois de novembre à New York, la sportive souhaitait confier ce travail à Katia. Une véritable négociation sengagea alors dans le salon de lhôtel, sous les regards ébahis des clients anonymes.
Je ten conjure, jai besoin de toi sur ce coup. Viens avec Anaïs ! sexclama Maria comme si lidée du siècle venait de germer dans son esprit. Elle saura mettre ma collection en valeur. Je vais marranger avec son agence.
Sous la table, la main de Katia se tendit sur ma cuisse dévoilée par ma longue jupe fendue sur le devant. Je me sentis soudain considérée en égérie de lartiste. Cette situation navait rien pour me déplaire. De plus, passer du temps avec Melle Sharapova ne se refusait pas, même si la belle jouait dans la cour des hétéros.
Jen serais enchantée, Maria. Jaime beaucoup votre style.
Katia accepta enfin. Á léclat de son regard, je me demandai jusquà quel point elle navait pas fait durer la tractation par pur plaisir. Maria prit congé. Une bise en guise dau revoir, sa bouche se colla à mon oreille.
Merci de ton aide, Anaïs. On se verra à New York.
Jai limpression de tavoir un peu la main, reconnus-je de retour dans la suite de Katia, je suis désolée.
Moi pas, samusa-t-elle en me prenant dans ses bras. Tu me plais quand tu restes toi-même. Et jaurais accepté de toutes façons.
Je trouvai ses lèvres aussitôt. Katia me régala dun baiser profond. Sans délaisser ma bouche, elle me plaqua le long de la cloison. Ses mains batifolèrent sur les fermetures éclair et les boutons de mes vêtements jusquà men libérer totalement. Des doigts investirent mon intimité tandis que je parvenais tant bien que mal à la dévêtir. Mes sécrétions lubrifièrent aussitôt le passage.
Encouragée ainsi dans son audace, Katia titilla mon bouton et effleura lentrée de mon vagin. Mon corps, qui refusait dhabitude cette caresse, laccepta cette fois. Toute appréhension disparue, je me laissai aller à la pénétration sans violence.
Emprisonnant un sein dans sa main droite, Katia explora mon antre mystérieux de la gauche. Á la masturbation savante sajoutait la nouveauté de me sentir investie. Je ne parvins pas à réprimer limpérieuse montée de mon plaisir. Je hoquetai dans sa bouche, trop vite à mon goût.
Oh zut ! Pas déjà !
Ignorante de mes supplications, mon amante poussa son avantage jusquà me faire jouir dun orgasme bref, violent.
On sécroula sur le lit, les bouches encore collées lune à lautre. Libérée de la tension, je navais quune envie : poser mes lèvres sur son puits damour.
Par pression sur ses fesses fermes entre mes mains, je lamenai à écarter les cuisses au-dessus de mon visage. Katia me laissa mener la danse, heureuse de mon initiative. Elle écarta ses grandes lèvres et décapuchonna son clito. Ma langue se faufila sans attendre entre ses chairs, mon amante mouillait déjà, excitée par la situation.
Je la léchai ainsi, alternant les mouvements pour ne pas précipiter son plaisir. Ses râles tantôt agacés, tantôt dencouragement, me ravissaient. Sa liqueur dans ma bouche avait le suave dun nectar fruité.
Mets un doigt dans mon cul, me souffla Katia au bord de la crise de nerfs.
De ma main libre, lautre jubilait sur son bouton, jenfonçai mon majeur entre ses fesses après lavoir humidifié dans sa grotte bouillante. Lubrifié, il entra facilement dans ses entrailles.
Katia se masturba littéralement sur mon doigt en elle, comme si cette seule caresse pouvait la faire venir. Pourquoi pas, après tout ? Je mappliquai à lécher sa vulve en maltraitant son clito. La vue de sa toison blonde fournie mélectrisait. Je regrettai de ne pas avoir une troisième main pour me masturber, tant le désir sinsinuait de nouveau en moi.
Les yeux ouverts sur mon regard, mon amante y lut ma volonté de la mener à son terme. Elle se laissa aller à des gémissements sourds.
Oh oui ! Encule-moi bien.
Après un dernier appel dair, je la sentis suffoquer. Katia jouit avec force, penchée en avant, les mains crispées dans mes cheveux, les cuisses contractées autour de mes joues, le minou écrasant ma bouche. Les spasmes de son sexe se propagèrent à mon doigt planté entre ses fesses.
Le Candy est à Londres ce que le Nix est à Paris, réservé aux femmes, personnel féminin sexy, un bar tout de noir et de rose au rez-de-chaussée, une salle de billard au 1er étage et le sous-sol transformé en discothèque. On sengouffra dans une ambiance chaude, au délicieux parfum sucré salé de filles entreprenantes dans un décor cosy. Les strip-teases du samedi soir attiraient du monde, dommage que les spectacles érotiques soient réservés au mardi et au jeudi.
Katia navait pas cessé de me photographier dans la rue, dans les magasins et les restos, dans un sex-shop interdit aux hommes (on ne peut le trouver quà Londres), dans sa chambre aussi où je déambulai nue, heureuse de sentir la caresse de son regard. Il ne fallait donc pas mattendre à la voir changer ses habitudes dans ce lieu consacré aux plaisirs de la femme. Javais confiance, je la savais capable de distinguer les photos intimes de celles dordre public. Certains clichés devaient être cachés, surtout à la presse.
On sinstalla dans un salon réservé, une petite pièce sobrement meublée dun canapé profond et dune table basse. Jen étais à me demander la raison de cet isolement quand un grattement furtif se fit entendre à la porte. Une jolie brune dâge indéfinissable sous la lumière tamisée sinvita, le sourire enjôleur et le regard franc.
Mary, son prénom, déboucha une bouteille de champagne, en servit trois coupes puis sinstalla face à nous sur un pouf moelleux. On se lança vite dans une comparaison de la vie des lesbiennes à Londres et à Paris, leur mode et leurs habitudes. La jeune femme se révéla une interlocutrice des plus agréables, au point que je cessai bientôt de minterroger sur la raison qui avait poussé Katia à linviter dans ce salon.
Mary amena la discussion sur son travail ici, la possibilité en une soirée le samedi de gagner de quoi tenir la semaine comme étudiante. Lopportunité de faire du strip-tease pour femmes lavait séduite. Elle proposa de nous montrer létendue de son talent.
Entraînée par un air de « The Pussicat Dolls », Mary défit un à un les boutons de son haut. Elle samusa un moment avec les pans de sa chemise ouverte, voilant et dévoilant la peau hâlée sous le tissu blanc. Le dessin de son ventre me séduisit. Puis elle fit glisser le vêtement sur ses épaules à la rondeur exquise. La belle apparut en soutien-gorge à dentelle.
Katia glissa une main dans mon entrejambe sous ma longue jupe fendue. Un coup dil furtif me permit de voir quelle concentrait son regard sur le spectacle.
Mary dégrafa son pantalon de cuir, et le fit tomber à mi-cuisses. Ainsi de profil, elle nous offrit le spectacle dune cambrure de reins provocante sur un fessier de rêve, se déhanchant lascivement au rythme de la musique.
Katia abandonna le canapé, sagenouilla face à moi, puis dévoila mes jambes écartées sous la jupe. Je la laissai faire, trop surprise pour réagir. Elle jeta un regard à la brune, comme un signal, et enfouit son visage entre mes cuisses.
Mary défit son soutien-gorge et fit glisser le string jusquà son pantalon toujours à mi-cuisses avant de me faire face de nouveau. Une main sur ses seins pointus, un peu lourds, elle commença à se caresser de lautre.
Katia écarta ma culotte dun doigt, sa langue vint aussitôt à la rencontre de mon intimité. Elle me lécha avec avidité. Tenant ma culotte écartée dune main, elle me masturba de lautre. Mary de son côté se branlait sans gêne, le minou à hauteur de mon regard. Je la trouvai belle, sensuelle au point den oublier la situation scabreuse.
Jignore combien de temps dura ce petit jeu. Katia moctroya un orgasme démentiel, dune rare intensité. Mary me rejoignit dans la jouissance, presque discrète, agitée par des petits hoquets qui me tinrent longtemps en état de transe. Mon plaisir séternisa comme jamais.
Je peinai à reprendre mes esprits alors que la brune avait déjà débouché une seconde bouteille. Elle sassit face à nous après avoir pris la peine de se rhabiller.
Mes spectacles sont plus soft dhabitude, rit Mary de nouveau sage dans sa tenue. Cest la première fois, mais jai vraiment joui.
Réelle ou pas, cette révélation était charmante.
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