La Tentation Du Velours 14
Chère Lola,
Inutile de te dire que je suis retournée à Londres avec Sandrine pour un week-end fabuleux. Á croire que le shoping a été inventé ici. La soirée au Candy Bar a été sage, même si javais pris le luxe de réserver un salon avec Mary comme hôtesse. Coûteux, ce moment sest avéré délicieux, et nous avons eu droit à un cours privé sur leffeuillage érotique. Je trouve ce terme bien plus joli que strip-tease. Sandrine et moi, nous navons sans doute pas retenu grand-chose, mais au moins nous avons ri comme des folles.
Je passe du temps avec lavocat daffaires, ami dAlain. Il mexplique la teneur des contrats à signer, surtout les clauses dexclusivité. Je devrai bientôt me résoudre à le payer, vu la quantité de travail imposée. Lentrée à la fac se fait sans moi, mes journées sont déjà bien remplies. Le temps me manque au point que je rogne parfois sur mes nuits pour técrire.
Ne pense pas que je sois obsédée par ce voyage à New York. Néanmoins, daprès la quantité et la difficulté des démarches afin dobtenir le visa, il est logique dy consacrer du temps. Jai obtenu le précieux sésame hier à lambassade américaine. Enfin ! Katia passera me prendre à Paris, on fera le voyage ensemble. Une fois sur place, Sarah soccupera de moi.
Son image simposait moins à mes pensées ces derniers temps, la voici de nouveau au premier plan. Lidée de nos retrouvailles me fait un peu peur, jamais je naurais cru dire ces mots un jour.
Larrivée de lautomne donne une autre dimension au métier. Faire des photos en extérieur par temps froid et humide na rien de drôle. Si un fabricant de chandails ou de cardigans fait appel à moi, je signe le contrat de suite.
En parlant de contrat, Maria Sharapova a mis le paquet pour sattacher mes services. Lagence naura même pas à engager les frais de déplacement et dhébergement. Les représentants de Nike France ont réagi aussitôt, mais leur proposition ne me satisfaisait pas.
Un coup de fil de Katia me surprit, trois semaines avant son arrivée prévue à Paris, donc avant notre départ pour New York.
Jai besoin de toi, martela laccent slave avec gravité, un projet dexposition que je refuse de faire avec quelquun dautre.
Au souvenir de notre dernière sortie londonienne, une certaine appréhension sempara de moi. Néanmoins, son amitié mimportait.
Explique-moi.
Katia prit le temps de mexposer son dessein, nommé « du Quartier Latin à la Tour Eiffel ». Le choix des mots, lintonation de voix, elle mit tout en uvre afin de me rallier à sa cause. Lidée affichée dans ses grandes lignes me parut sympathique. Après, ce nétait quune question de talent, lartiste nen manquait pas.
Cest daccord, finis-je par accepter.
Merci, Ania chérie. Je passe te prendre chez toi samedi matin, disons à 8 heures.
Dans trois jours
et je pouvais dire adieu à la grasse matinée.
Daccord pour déménager, petite Lola, si on me laisse habiter là où Katia mamena ce samedi matin : un magnifique immeuble au Champ de Mars dans le VIIème arrondissement. Au dernier des six étages, je pénétrai dans un grand appartement cossu tout de blanc vêtu. On pouvait toucher la Tour Eiffel en tendant le bras par-dessus le balcon du salon. La cuisine américaine entièrement équipée, je remarquai trois chambres, avec balcon bien entendu, équipées dune salle de bains.
Pour lheure, le logement nabritait aucune famille, il avait été reconverti en studio photos. Une dizaine de jeunes filles déambulaient entre le salon et la cuisine, passant du petit déjeuner aux mains des maquilleuses avec bonne humeur. Les éclairagistes réglaient les projecteurs, lassistant de Katia préparait les appareils numériques et argentiques, comme dhabitude. Un homme dune soixantaine dannées nous accueillit dans un anglais bon ton.
Anaïs, voici mon ami Vivian Thomas, réalisateur de cinéma.
Enchanté de faire votre connaissance, balança linconnu en acceptant ma main tendue. Son regard sur moi ressemblait à un véritable examen de passage.
Quels films ? demandai-je par pure politesse, histoire de calmer un peu le personnage.
Viv est considéré comme lun des meilleurs réalisateurs de pornos lesbiens, précisa Katia du plus naturel qui soit, il sait mettre les femmes en valeur dans ses uvres.
Cest quoi ce délire ! Javais haussé le ton en français, par réflexe. Je croyais que tu préparais une exposition.
Plusieurs regards se tournèrent dans notre direction. Le doute sinsinua de savoir jusquà quel point la scène avec la strip-teaseuse de Londres avait été ou non préméditée. Katia prit mes mains dans les siennes afin de désamorcer la crise. Elle me retint ainsi de ficher le camp.
Ne tinquiète pas, ma chérie, Viv souhaite seulement assister à mon travail. Tu ne vois pas de caméras, alors détends-toi.
Une des filles nous rejoignit sur un signe de Katia. De ma taille, de longs cheveux ondulés dun blond tirant sur le châtain clair, des yeux verts rieurs, le menton saillant, elle ressemblait à une gamine prête à jouer la pièce de théâtre de son école.
Jessie vient spécialement des Etats-Unis, mexpliqua Katia. Va discuter un peu avec elle, tu comprendras quil ny a aucun piège.
Rarement javais rencontré une personne avec autant de charisme. Jessie Andrews, son nom de scène, donnait limpression de sourire à nimporte qui dans nimporte quelle situation.
« Toi aussi tu es dans le
» furent mes premiers mots quand on sinstalla sur deux tabourets dans la cuisine.
Dans le porno ? Oui, reconnut-elle sans honte ni pudeur avec un fort accent. Jai commencé en 2010 sur le conseil dune copine qui avait obtenu une belle somme pour tourner une scène.
Tu donnes limpression dêtre toute jeune, tu avais quel âge ?
Julie Helmcamp, son véritable nom, née à Miami en 1992, avait donc participé à son premier tournage à 18 ans.
Rien que pour ça, jaimerais me réveiller en France chaque matin.
Intéressée par la jeune femme, attirée était le mot juste, les questions se bousculaient dans mon cerveau en ébullition. Ses réponses arrivaient du tac au tac, franches, sans volonté de satisfaire ou de déplaire.
Je navais jamais couché avec une fille avant de faire ce job. On mavait avertie que cétait incontournable. Maintenant, je ne tourne que des scènes avec des femmes.
Julie alias Jessie samusa de ma surprise.
Je ne suis pas un cas unique dans le métier. Certaines sont devenues de véritables lesbiennes. Tu imagines, des mecs se masturbent devant leurs films, mais plus un ne les touchera. Ça doit te sembler un peu provocateur.
Oui et non, reconnus-je après réflexion. Je ne savais pas que cétait possible.
Des producteurs sont spécialisés dans ce genre de films, il suffit de travailler avec eux. Cest moins bien payé, mais on ne peut pas tout avoir. Je suis à Paris pour la promotion dun film de Viv dans lequel jai tourné : « Girls Kissing Girls ». Katia a eu lidée de minclure dans son projet par bravade, jai accepté de jouer le jeu. Jai vu ses photos de toi, cest du grand art. Parle-moi un peu delle.
Rassurée sur les intentions de mon amie photographe, je racontai notre rencontre, ce premier contrat réalisé sous son objectif, en omettant un détail dordre privé, le vernissage de lexposition à Londres, la rencontre avec Maria Sharapova, toujours en éludant le côté sexuel de notre relation. Jessie semballait au fur et à mesure.
Le détail du travail du jour était simple : des étudiantes (Jessie et moi) dirigeaient le bizutage des huit autres. Katia nous prit lune et lautre par le bras, comme de vieilles complices.
On va le faire comme un roman-photo, les filles.
Katia obtint ce quelle voulait. Viv Thomas linvita ensuite à dîner, tandis que Jessie demandait à me suivre dans le Marais. Débarquer au Nix Café avec une star du X reconvertie dans le porno lesbien pouvait paraître osé, voir provocateur. Mais beaucoup moins de filles que de mecs matent ce genre de films, on ne craignait pas dêtre dérangées. Lune et lautre, nous savions comment la nuit allait finir, restait à accomplir le rituel de la séduction si cher à lesprit féminin, même si notre désir ne faisait aucun doute.
Jessie mavait invitée à son hôtel, la proximité de mon domicile en avait décidé autrement. On sinstalla, à peine arrivées, devant lordinateur.
Ça texcite ce genre de films ? demanda-t-elle, surprise, en suivant le ballet de mes doigts sur le clavier à la recherche dune vidéo à son nom.
Je ne sais pas, répondis-je honnêtement, je nen ai jamais vu.
Jessie tourna mon visage dans sa direction, une étrange lueur dans son beau regard émeraude. Ce doigt sous mon menton était le premier geste physique entre nous.
Tu plaisantes ! Tous les lycéens en voient au moins un.
Jhésitai un instant entre répondre et prendre sa bouche si proche de la mienne.
Pas moi. Á lécole à la campagne, je ne pouvais pas reconnaître mon attirance pour les filles sans risquer dêtre rejetée. Maintenant cest différent, regarder une de tes vidéos en ta compagnie aura une saveur particulière.
Son rire rebondit sur les murs de la chambre, sincère, touchant comme celui dun , mais dans ses yeux brillait une volonté de femme accomplie, certaine de ses choix. Elle posa un baiser sur mes lèvres avant de me prévenir.
Si tu te moques, je tétrangle.
La découverte des corps fut une nouvelle fois un instant privilégié, riche en émotions diverses. On se déshabilla réciproquement, pressées dadmirer nos nudités, de les comparer, de connaître la beauté du cadeau quon sapprêtait à recevoir. La scène tenait autant du gentil chahut que du préliminaire amoureux. Une fois les vêtements retirés, la lenteur redevint de mise, une tendresse exacerbée qui allait se transformer peu à peu en passion torride.
Jessie, agenouillée face à moi au milieu du lit, saisit ses petits seins, une poitrine dadolescente à laube de la puberté, et les colla aux miens. Nos tétons ainsi frottés réagirent. Sa mimique me disait son plaisir de découvrir cette partie de mon anatomie différente de la sienne.
Ils sont magnifiques, sextasia-t-elle en les caressant, ronds sans être gros, fermes. Le grain de ta peau est
Je linterrompis dun baiser, le timbre de sa voix était trop chaud. Sa langue fouilla ma bouche avec la douceur dune brise de printemps. Rien à voir avec le baiser échangé par elle avec la fille sur la vidéo. Je men voulus presque de revenir à cette image.
Jessie butina mon cou dans un désordre parfait, remonta sur mes joues, mon nez, mon oreille et encore mes lèvres. Ma poitrine dans ses mains devinait son impatience. Elle fit durer pourtant, à la limite de la décence, jusquà ce que je la supplie.
Prends mes seins dans ta bouche, embrasse les.
Comme si elle attendait ma permission, mon amante les couvrit aussitôt dattention. Sa salive brûla ma peau. Il ny avait plus dans la chambre que bruits de succion, halètements, nos souffles saccadés mesurant la montée de notre excitation.
Je la repoussai, désireuse de lobserver à mon tour, de la toucher des doigts et de la langue. Sa joue tomba sur son épaule. Elle mobserva ainsi tandis que ma bouche couvrait sa petite poitrine de baisers chastes, puis audacieux. Ses tétons sallongèrent délicieusement entre mes lèvres.
Combien de temps dura ce jeu ? Impossible à dire. On inversa les rôles plusieurs fois, à chaque fois nos mains se firent plus audacieuses sur nos ventres, sur nos fesses, dans nos pubis. Comme moi, Jessie gardait un triangle de poils assez large juste au-dessus de son sexe entièrement épilé.
Prise dune nouvelle appétence, jentamai un mouvement de va-et-vient, mon entrejambe collé à sa cuisse, nos bustes soudés, nos langues emmêlées. Tout en me masturbant ainsi, jinvestis sa grotte dun doigt fouineur. Mon amante lâcha un hoquet dans ma bouche. Histoire de participer, elle empoigna ma poitrine pour la frotter contre ses seins. On arriva, moi la première, à un petit plaisir mitigé.
Jessie réclama un moment de tendresse, aussitôt accordé. Allongée dans mes bras, la joue sur mon épaule, la main baladeuse sur mon ventre, sa voix chanta à mon oreille.
On a pris lapéritif, maintenant on va passer à table.
Sans doute cette expression maurait paru glauque dans une autre circonstance, mais là, bercée par ce timbre un peu haut chargé démotion, son sein écrasé contre mon cur pour lempêcher de sévader, sa phrase était tout simplement belle.
On se retrouva sur le côté, tête-bêche, à lobservation de nos intimités. Le désir sinsinua une nouvelle fois de sentir les mains dans les toisons, les souffles encore sages, de caresser lextérieur puis lintérieur des cuisses en prélude, de ressentir par anticipation le bonheur dune bouche sur nos nymphes moites de notre premier élan.
Jabdiquai la première, attirée par les effluves charnels de mon amante. Ma langue se nicha au chaud dans sa conque ouverte par mes doigts. Jessie mimita aussitôt. Cette position me permettait de fouiller sa vulve en profondeur, je ne men privai pas. Son goût ravit mes papilles, affola mes sens, bouleversa toute trace de rationalité en moi. Je la mangeais et la buvais à la fois, rien dautre navait dimportance.
Sentir sa langue en moi, imaginer son plaisir semblable au mien en cet instant, me maintint au comble de lexcitation. Je ne la léchais pas pour lamener à lorgasme, mais parce que percevoir ses chairs offertes à ma bouche mamenait à une jouissance cérébrale. Jaurais pu, jaurais voulu passer la nuit ainsi, le nez entre ses fesses et la langue dans sa grotte, sans jamais me sevrer de son amertume. Oui, jaurais pu passer la nuit, bercée par les bruits intempestifs de ma déglutition de sa cyprine comme le ressac dune mer de plus en plus violente.
Jessie, de son côté, prenait son temps. Sa langue jouait de mes terminaisons nerveuses avec un art consommé, une soif inextinguible. Mon intimité se dilatait sur sa bouche en ventouse, doù la langue séchappait pour ne rien perdre de ce que javais à lui donner.
Nos corps rendirent les armes avant nos volontés. Mon amante dabord réclama laide de mes doigts, et moffrit instantanément les siens en retour. Nos bouches se décalèrent ensemble vers les clitoris gorgés tandis que les phalanges investissaient nos chairs. Le clapotis de nos masturbations réciproques se fit lécho de nos gémissements.
On aurait pu retarder léchéance, mais ceut été transformer la félicité en douleur. Cet écueil ne signifiait en rien la fin du superbe voyage, nous le savions lune et lautre. Alors on se laissa aller sans remords.
Jessie se raidit contre moi, pinçant involontairement mon clitoris entre ses lèvres. Sa jouissance explosa en silence, la mienne suivit. Sans doute son orgasme avait déclanché le mien, qui refusa de sapaiser tant que celui de mon amante refusa de décliner. Nos plaisirs mêlés se répondirent en écho dans la chambre.
Lovée dans ses bras, le souffle encore court, je mimprégnai du difficile retour au calme dans sa poitrine. Les yeux ouverts afin de ne rien perdre du spectacle de son corps étendu, je laissai une main vagabonder de ses petits seins aux pointes de nouveau sages jusquà sa toison claire, dun blond sombre tirant presque sur le roux. Aucune de nous néprouvait le besoin de demander à son amante si cétait bien, si elle avait joui. On le savait, on lavait senti sans tricherie possible.
Jai sans doute mal vu, tu nétais pas comme ça sur la vidéo.
Le rire de Jessie réchauffa mon cur.
Non, tu as bien vu. Même en fermant les yeux tu sais quun cadreur est à trente centimètres de ton anatomie quil filme en gros plan. Ce nest pas top pour les orgasmes en direct. Et si je me laissais aller à crier comme dans les films, les voisins appelleraient la police.
Ça doit être frustrant, dis-je, sincèrement désolée.
Ne ten fais pas, on se ratt dès que léquipe a le dos tourné, ou une bonne masturbation y met de lordre.
Jessie moffrit un nouveau baiser interminable, dune profondeur inouïe, puis elle me glissa à loreille, comme si quelquun risquait de surprendre notre conversation :
Tu embrasses bien. Cest aussi ce qui me manque sur les tournages pour me laisser aller. Je suis tombée sur une fille qui embrassait vraiment bien une fois. Je nen pouvais plus de jouer avec sa langue dans ma bouche. Le producteur nous a dit au bout dun moment : « cest bon, les filles, passez à autre chose. » Une fois le tournage terminé, je me suis masturbée pour relâcher la pression, elle en a fait autant. Aucune de nous ne toucha lautre, mais on sembrassa à nen plus finir. Ça reste un excellent souvenir.
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