L'Affaire Laetitia - Chapitre 2 - La Revanche De L'Ex
Alors que je me lèche les sourcils avec gourmandise, Laetitia, quelque peu sidérée par mes dénégations faussement offusquées, part dans un formidable éclat de rire déversant de ce fait une douche glaciale qui me fait débander à vitesse supersonique.
Je suppose qu'on a tous connu ça un jour ou l'autre:
alors que je touche au Nirvana faisant face à la personne la plus merveilleuse qui soit, mon fantasme absolu, symbole ultime de mon idéal féminin, un événement sordide et inattendu vient briser le charme divin qui embrase tout mon être.
Et je n'aurais sans doute pas été plus désappointé si à ce moment là, Laetitia m'avait montré sa bite.
Évidemment, la blonde sublime n'a pas lâché une longue caisse sonore et nauséabonde. Mais bien pire, elle a ri à gorge déployée: un son long et strident entre ricanement de hyène lubrique et barrissement d'éléphant asthmatique.
Et une tristesse infinie m'envahit alors que le rire déprimant semble ne jamais vouloir cesser.
Je sais bien que femme qui rit est à moitié dans ton lit, mais moi je ne serais pas sûr d'y être si jamais ce bien hypothétique événement devait se produire un jour.
Lorsqu'enfin la furtive élue de mon coeur récupère sa jolie voix de cristal, elle ne me tient pas rigueur de ma tentative grossière d'abus de faiblesse financière et valide ma proposition de facturation m'assurant que son compte en banque est suffisamment bien garni pour régler le solde de ma prestation lorsqu'elle aura pris fin.
J'appelle donc Conchita, ma secrétaire et lui demande d'éditer à l'attention de madame Laetitia S., un contrat de prestation de service avec obligations de moyens au tarif journalier habituel avec remise exceptionnelle de 10%.
- Permettez-moi de vous accorder cette petite ristourne qui je l'espère vous conduira à me recommander à vos relations lorsque j'aurai brillamment résolu votre affaire.
- Je vous remercie pour ce geste commercial que j'apprécie mais je vous trouve plutôt optimiste déclare alors Laetitia avec une moue dubitative.
Les gens qui m'ont envoyé ce courrier ont fait preuve d'une grande prudence et je ne suis pas aussi sûre que vous que nous pourrons les identifier rapidement et facilement.
- Nous verrons bien. Dans un premier temps, je vous propose de réfléchir aux personnes qui pourraient vous en vouloir suffisamment pour vous adresser une lettre comme celle que vous venez de me montrer. Je suppose que vous n'avez pas l'habitude de communiquer vos coordonnées personnelles à n'importe qui.
- Pas plus que mon véritable patronyme d'ailleurs, me confirme Laetitia.
- Pourtant ce sont bien vos noms et prénoms qui apparaissent sur l'en-tête de la lettre que vous m'avez montrée.
- En effet.
- Ce qui devrait nous permettre de réduire significativement la liste des suspects si on exclut votre employeur, votre banquier, votre contrôleur des impôts, vos parents proches et vos amis...
Je me rétracte aussitôt:
- finalement exclure vos amis est peut être une mauvaise idée. Car comme disait Voltaire : "mon Dieu, gardez-moi de mes amis, mes ennemis, je m'en charge".
Vous pouvez bien sûr être victime d'un déséquilibré qui vous aurait reconnu et suivi discrètement jusqu'à votre domicile.
- Ce qui fait malgré tout pas mal d'auteurs potentiels même si je suis beaucoup moins connue que mon homonyme, la veuve de l'ex idole des jeunes admet Laetitia.
- Certes mais même si ces personnes ne goûtent guère votre mode de vie, je ne vois pas bien l'intérêt qu'ils pourraient avoir à vous harceler de la sorte. À moins que...
- À moins que quoi ??
- À moins que nous ayons à faire à un psychopathe pervers. Et là...
- Et là quoi ??? S'exclame Laetitia légèrement irritée.
Je me mets alors à gamberger avant de reprendre la parole:
- Pour vous qui êtes une fine linguiste, "psychopathe pervers", c'est un pléonasme ou une tautologie?
Laetitia me regarde les yeux ronds:
- Vous êtes sûr que vous allez bien ? Vous me filez la trouille en me disant que j'ai un psychopathe à mes basques et après vous me faites un cours de rhétorique.
- Ah c'est agaçant...
- Qu'est ce qui vous agace? S'énerve Laetitia.
- Peu importe. Revenons à nos moutons. Pensez-vous que certaines personnes aient pu être jalouses qu'on vous ait attribué le Gourdin d'argent ?
- Il y a sans doute quelques déçus mais de là à m'envoyer une lettre aussi agressive, je n'y crois pas trop.
- Même parmi le petit groupe de vos contempteurs du site HDS? Votre ami PP007, par exemple, il n'est peut être pas aussi franc du collier qu'il veut bien le laisser croire.
Laetitia lâche un rire amer:
- Vous parlez de Patrick là, la crème des hommes qui avec sa femme Martine forment le couple idéal et indestructible.
- Oui, enfin un type qui se présente comme non candauliste, ça me laisse quand même un peu perplexe. Vous imaginez, si je vous avais accueilli de la manière suivante :
Bonjour, Michel Marteau, non buveur, je vais vous raconter mes chroniques de dégustations de vins en Bourgogne.
Laetitia hausse les épaules.
- Et votre amie hyper sexuelle! Elle n'aurait pas une bonne raison de vous en vouloir ? Vous êtes une femme jeune et brillante, extrêmement séduisante de surcroît, de quoi agacer n'importe quelle rivale d'autant plus que d'après ce que j'ai compris, son permissif époux a énormément de relations.
- Et ce critique Jacques du Katanga, il me semble plutôt virulent et quelque peu psycho rigide. Il pourrait fort bien désapprouver votre mode de vie.
- je suppose que vous parlez de Jacques du Canada, répond Laetitia.
- Si vous voulez. Et le type au pseudonyme exotique, Abdel77, il a quand même l'air bien barré, limite inquiétant.
- Là, j'admets que vous marquez un point, lâche Laetitia. Mais pour les autres, c'est du domaine de l'élucubration pure.
- Très bien. Réfléchissons un peu: outre un jaloux, qui peut vous en vouloir suffisamment pour vous menacer ?
* un(e) amant(e) éconduit(e)
* la victime d'un événement que vous auriez involontairement provoqué.
* un psychopathe bien sûr.
Je fais une pause avant de reprendre mon exposé.
- Considérons la première catégorie. Avez-vous récemment mis fin à une relation intime?
Avant que Laetitia ait eu l'opportunité de me répondre, je lui fais part de mon inquiétude naissante:
- Franchement, je vous avoue que je serais plus rassuré si vous évitiez de rentrer chez vous dans les jours qui viennent. Votre corbeau connaît votre adresse et il est peut-être dangereux.
Ça m'ennuierait qu'il vous arrive quelque chose avant que vous m'ayez réglé le solde de ma prestation.
Vous avez peut être de la famille proche à Paris qui pourrait vous héberger. J'exclue vos amis car c'est peut être un d'eux qui est à l'origine de ce micmac.
- Malheureusement non, je n'ai pas de famille en île de France. Et puis vous pensez vraiment que je cours un risque ? Si quelqu'un avait voulu me faire du mal, je pense qu'il aurait déjà agi.
- Croyez moi, même chez les fêlés, il y a une certaine éthique. On vous a laissé 10 jours pour plier bagages. Il n'y a pas de raison que le marché soit dénoncé sauf...
- Sauf ? S'inquiète Laetitia.
- sauf si vous êtes suivi et que l'on a compris que vous êtes venu me voir.
- J'imagine que si c'est le cas, mon suiveur doit être complètement paniqué lâche Laetitia avec perfidie.
J'ignore le sourire narquois de la magnifique blonde et la laisse poursuivre sans ciller.
- Vous pensez que je devrais prendre une chambre à l'hôtel? Demande t-elle malgré tout.
- Dans votre situation, je vous déconseille de dépenser de l'argent inutilement. En revanche, je peux vous inviter à résider chez moi quelques jours et ce, bien sûr, sans vous facturer de supplément d honoraires.
- Ah bon ? vous disposez d'une chambre d'amis ?
- Non mais j'ai un très grand lit.
Laetitia éclate de rire. Ma mine fortement renfrognée m'évite de subir un nouveau hurlement de hyène castrée.
Laetitia redevient sérieuse en répondant à une de mes interrogations :
- Vous me demandiez plus tôt si je n'avais pas mis fin à une relation compliquée. En effet, il y a quelques semaines, peu avant la remise du Gourdin d'argent, j'ai rompu avec Sven. Je n'ai pas apprécié de le surprendre un soir en train de se faire sucer par un ami que je venais de lui présenter alors que je me trouvais dans ma cuisine en train de préparer un plateau apéritif.
- Avez-vous parlé de cette récente rupture à la police ?
- Non je n'ai pas voulu attirer davantage d'ennuis à Sven estimant que notre séparation était une punition suffisante pour ce pauvre type.
Je m'accorde un moment de réflexion avant de me préoccuper à nouveau de la sécurité de ma cliente.
- Avez vous déjà défini votre planning de la journée?
- J'ai en effet planifié quelques rendez-vous cet après-midi.
- Bien, comme je vous l'ai dit, il faut éviter à tout prix que vous puissiez vous retrouver isolée et consti ainsi une cible pour un éventuel agresseur.
Laetitia soulève un sourcil avant que je poursuive:
- voilà ce que je vous propose. Vous allez me communiquer une liste de contacts susceptibles de connaître votre adresse avec leur activité et les éléments d'information dont vous disposez sur ces gens: numéro de téléphone, adresse, etc.
Je transmettrai ces informations à mes correspondants bien placés qui pourront m'en apprendre un peu plus sur la personnalité et les activités des individus que vous m'aurez indiqués. Dans un second temps, vous allez me fournir un planning et un itinéraire détaillés de vos activités pendant les trois prochains jours. Ensuite je vous laisserai vaquer mais je resterai discrètement à proximité de vous pour m'assurer que personne ne vous suit à un moment ou un autre.
Enfin, ce soir, je vous raccompagnerai à votre domicile et vous vous claquemurerez chez vous jusqu'à demain matin en évitant bien sûr d'ouvrir votre porte à qui que ce soit.
- Rien que ça ? C'est Bon vous avez fini ? demande Laetitia quelque peu agacée.
Je reste calme et courtois avant de répondre :
- Vous m'avez engagé pour vous aider à identifier la personne ou le groupe qui vous menace. Je pense que la première chose est de vous protéger contre ce risque potentiel.
Laetitia me considère avec une légère lueur de reconnaissance qui m'encourage à poursuivre :
- il serait bon que vous contactiez votre ex petit ami et que nous lui rendions ensemble une petite visite.
Le plus tôt serait le mieux : dans la soirée si possible avant que je vous raccompagne. Nous verrons demain si nous avons de nouveaux éléments. Et je vous renouvelle ma proposition de venir vous installer chez moi si je pense que vous êtes en danger après nos investigations du jour.
La magnifique blonde me fixe de ses yeux azur et je ne peux réprimer l'érection qui en découle presque immédiatement.
Bon! pas de panique, je ne porte pas de jean moulant et mon caleçon fait une taille de trop ce qui devrait me permettre de conserver malgré tout un semblant de dignité.
Tout en faisant passer sensuellement sa langue sur ses lèvres pulpeuses, Laetitia retire alors sa veste, puis ouvre largement son chemisier me dévoilant impudemment son soutien-gorge délicat dont elle fait jaillir ses seins ronds en les saisissant à pleines mains avant de diriger leurs pointes orgueilleuses vers mon visage...
- Ohé! monsieur Marteau ! Revenez avec nous ! crie une voix qui m'oblige à rouvrir les yeux.
Ce n'est autre que Laetitia qui m'interpelle en me fixant d'un regard inquiet. Comment a-t-elle pu se rhabiller aussi vite ?
- Désolé dis-je alors. Je réfléchissais intensément.
++++
Finalement, Laetitia se laisse convaincre et accepte ma demande de reprendre contact avec Sven.
- Mettez le haut parleur s'il vous plaît que je puisse profiter de la conversation.
L'ex petit ami éconduit décroche à la troisième sonnerie.
- Bonsoir Laetitia, attaque le type sur un ton peu amical. Quel mauvais vent te pousse à m'appeler aujourd'hui après le coup pendable que tu m'as fait?
Je sens que ma cliente est sur le point de lâcher une répartie qui risque de mettre fin prématurément à l'échange et je pose ma main droite sur son bras en lui faisant un geste d'apaisement de la gauche. La belle blonde parvient à se maîtriser contrairement à moi dont le simple contact avec son bras délicat me file illico une trique embarrassante malgré l'épaisseur de la luxueuse étoffe de son tailleur Chanel.
La belle blonde salue son correspondant avant de lui exposer le motif de son appel:
- écoute ! Je suis désolée pour ce qui s'est passé et je voudrais me faire pardonner en t'invitant à prendre un verre au Petit Turfiste.
- Tu es sûre que tu te sens bien demande alors Sven? T'es quand même gonflée. Tu ne m'as plus donné de nouvelles depuis qu'on t'a attribué le gourdin d'argent alors que c'est quand même grâce à mon récit "les vacances terriennes d'un sodomite vénusien" que tu as été nomminée pour le prix. Et voilà que tu me rappelles comme une fleur comme si tu avais eu un comportement exemplaire avec moi. Qu'est ce qui t'arrive ? Tu es en panne d'inspiration ?
Cette révélation me fait débander aussi sec. Mais la suite de l'échange me redonne très vite de la vigueur.
- Tu oublies la petite pipe que t'a prodiguée Helmut dans mon salon, rétorque Laetitia.
- Désolé de ne pas t'avoir attendue pour lancer les festivités mais c'est ton copain qui m'a sauté dessus le premier et je me suis dit que ce serait mieux si j'avais la queue lubrifiée par sa salive avant de te sodomiser pendant que tu le suçais.
Laetitia est de moins en moins à l'aise et ce n'est pas mon air effaré qui la requinque. Néanmoins, elle fait preuve d'un aplomb exceptionnel:
- je pense qu'il est temps de passer à autre chose et d'oublier nos petites querelles. J'ai envie de te faire une proposition qui je l'espère t'aidera à me pardonner.
- Bon ok. Alors pour commencer, tu ne vas pas me payer un pot au "Petit Turfiste" mais un bon gueuleton au "Grand Vefour". Le premier chef de rang est un copain; il devrait nous trouver une table pour deux sans problème pour ce soir.
Lorsque Laetitia accepte le deal,
je commence à m'inquiéter pour le règlement de mes honoraires.
Alors qu'elle vient de mettre fin à l'échange, je ne me prive pas d'une remarque:
- je comprends mieux pourquoi vous avez omis de parler à la police de votre rupture récente avec Sven.
Laetitia se contente de hausser les épaules avant que je lui expose mon plan :
- vous irez au rendez-vous proposé par votre ami et vous essaierez de le cuisiner subtilement pour savoir s'il a quelque chose à voir avec la lettre anonyme. Je vous attendrai à la sortie et si vous n'apprenez rien de tangible ce soir, ce sera alors à mon tour d'intervenir.
Laetitia me fixe quelques secondes. Je soutiens son regard puis je me saisis de la feuille qu'elle m'a présentée avant d'appeler Conchita.
Lorsque ma Secrétaire entre dans mon salon-bureau, je lui tends le document et lui demande de consti un nouveau dossier au nom de madame S. et de l'accompagner dans son repère pour recueillir les informations sur ses contacts proches et son planning des jours à venir.
Avant de me préparer pour sortir et accompagner discrètement Laetitia pendant le reste de la journée, j'appelle rapidement mon contact à la PP pour l'informer que ma secrétaire lui transmettra prochainement par le canal habituel une liste d'individus que je souhaiterais voir passer au "criblage".
Eon, pseudonyme sous lequel le numéro de ce correspondant est enregistré dans mon téléphone me confirme que je pourrai récupérer les informations qui m'intéressent le lendemain matin et me rappelle de ne pas oublier ma petite contribution à l'association des Orphelins de la police.
Comments:
No comments!
Please sign up or log in to post a comment!